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COLLECTION PEPLUM
(First International Production)

(page 3/3)

 

A. La «Collection Péplum»

9. La Révolte des Prétoriens (A. Brescia, 1964) - Fiche technique
8. Constantin le Grand (L. De Felice, 1960) - Fiche technique
7. Le Voleur de Damas (M. Amendola, 1963) - Fiche technique
6. Persée l'Invincible (A. De Martino, 1962) - Fiche technique
5. Spartacus (R. Freda, 1952)
4. Ulysse contre Hercule (M. Caiano, 1961)
3. L'esclave de Rome (S. Grieco, 1960)
2. Seul contre Rome (H. Wise, 1962)
1. Les derniers jours d'un Empire (M. Margheriti, 1963)

B. Dessin animé

Ben Hur (B. Kowalchuk, 2003)

C. Une brève histoire du péplum (F.I.P.)

D. Les uns dans les autres (la trilogie de Marco Vicario)

Prolégomènes
La Schiava di Roma
Solo contro Roma
Il Crollo di Roma
La «Nuit» de Marco Vicario

B. Dessin animé

 

Ben Hur

USA, 2003
Prod. : Tundra Productions, Agamemnon Films, Goodtimes Entertainment / 75'

Réal. : Bill KOWALCHUK; Scénario : Abi ESTRIN; Musique : Keith HEFFNER, Michael LLOYD.

Voix en VO : Charlton HESTON - Duncan FRASER - Scott McNEIL - Gerard PLUNKETT - Tabitha St. GERMAIN - Kathleen BARR.

Synopsis
Au Ier s. de n.E., Judas Ben Hur est un jeune prince hébreu devenu esclave après un tragique accident. L'amour qu'il porte à une jeune et belle esclave est menacé par sa dispute avec le tribun romain Messala, mais qui reviendra chez lui et dans sa famille après une vie d'aventures et de découvertes...
Ayant pour toile de fond l'oppression d'un peuple écrasé par l'impérialisme romain et les événements qui ont émaillé la vie et la mort du Christ, cette aventure fera vivre aux petits comme aux grands d'innoubliables moments de suspense, comme l'hallucinante course de chars.

DVD : Éditeur : First International Production. Distributeur : Buena Vista Home Entertainment. Référence : BFF0008 / Sorti le 5 novembre 2004
Boîtier : Keep Case / Nombre de disques : 1 / Format : DVD-9 / Format : 16:9 Anamorphique (compatible 4:3) / PAL / Couleurs / Son Dolby Digital / Langue : français 5.1
Suppléments : Making of / Commentaire audio de Bill Kowalchuk / Bandes-annonces

ben hur ben hur

C. Une brève histoire du péplum
(F.I.P.)

Made in Hollywood
À Hollywood, après un Ben Hur daté 1925 et mettant en scène le latin lover Ramon Novarro, Cecil B. DeMille donne son impulsion au genre avec les bibliques et muets Roi des Rois et Signe de la Croix, suivi d'une Cléopâtre... l'aube du cinéma parlant. Cependant, l'échec commercial des Derniers Jours de Pompéi, luxueuse production R.K.O. n'incitent guère les producteurs à s'engager dans la direction de l'Antiquité sur pellicule. C'est de nouveau Cecil B. DeMille qui relance le genre via Samson et Dalila en 1949. Les années suivantes voient, à Hollywood, proliférer les péplums. Péplums bibliques comme La Tunique portée par Richard Burton, Les Gladiateurs, un nouveau Quo Vadis, Les Dix Commandements de l'inévitable Cecil B. De Mille... Péplums historiques à l'instar d'un Alexandre le Grand incarné par le même Richard Burton, de La Terre des Pharaons d'Howard Hawks... Péplum shakespearien même à l'occasion d'un Jules César auprès duquel Marlon Brando incarne Marc Antoine.
Tandis qu'en Italie, frémit le péplum mythologique avec un
Ulysse interprété par Kirk Douglas, le péplum purement hollywoodien installe le genre au sommet du box-office grâce à Ben Hur incarné par un Charlton Heston à peine débarrassé de la barbe blanche de Moïse.
Le succès mondial de
Ben Hur est si important que les producteurs investissent désormais des budgets pharaoniques dans la reconstitution de l'Antiquité. Des dizaines de millions de dollars pour le Spartacus d'Anthony Mann repris en main par Stanley Kubrick à la demande de Kirk Douglas, pour une Cléopâtre si dépensière qu'elle faillit ruiner la pourtant riche 20th Century Fox, La Chute de l'Empire romain, La bataille des Thermopyles et sa figuration puisée dans les rangs de l'armée grecque, les bibliques La plus grande Histoire jamais contée et Le Roi des Rois... L'engouement d'Hollywood ne dure cependant que deux ou trois ans; les lourdes pertes de la plupart des superproductions calment les ardeurs des plus téméraires.

RETOUR EN GRACE
Il faut attendre une quarantaine d'années afin que le cinéma épique retrouve les faveurs des grands prêtres de La Mecque du cinéma, non sans que, au milieu des années '80, le
Roi David personnifié par Richard Gere n'attire pas grand monde dans son temple et que le Caligula de Tinto Brass et Bob Guccione se vautre dans le stupre, la luxure et le gore.
Et ce n'est pas la tentative d'un nouvel
Hercule «high tech» affichant les muscles du culturiste Lou Ferrigno, Hulk reconverti sous l'influence de «Conan le Barbare», qui renflouent le galion du genre. Ni d'ailleurs le retour du magicien des effets spéciaux Ray Harryhausen avec un Choc des Titans loin des fastes de Jason et les Argonautes au milieu des années '60.
Alors que Michael Mann abandonne le projet d'une nouvelle
Bataille des Thermopyles, Ridley Scott triomphe avec Gladiator qui montre qu'une star naissante, en l'occurrence Russell Crowe, peut encore porter toge et sandales sans se couvrir de ridicule. Lui emboîtent le pas Troie, un Roi Arthur situé au crépuscule de l'Empire Romain, l'Alexandre le Grand d'Oliver Stone et même La Passion du Christ selon Mel Gibson...

Le berceau du genre
Comment les Italiens, de tout temps si sensibles aux soubresauts du box-office, répliquent-il face à la nouvelle déferlante du péplum ? Ils ne réagissent justement pas, désormais financièrement incapables de renvoyer la balle aux Américains, maîtres du marché. Leur reste la nostalgie du patrimoine. Patrimoine idéologiquement épineux lorsque Mussolini dévoyait le péplum pour en faire l'instrument de propagande du fascisme. Patrimoine d'un vibrant cinéma populaire dans l'immensité des cas, peuplé de Hercule, Maciste, Ursus, Goliath et autre Samson interprétés par les messieurs Muscles Steve Reeves, Reg Park, Brad Harris et Mark Forest. Autant de héros taillés en V qui, parfois, avaient à se battre contre des méchants aussi félons que Serge Gainsbourg, fourbe pour les besoins de
Hercule se déchaîne, Samson contre Hercule et de La révolte des esclaves.
Entre mythologie et histoire, les deux se mêlant parfois dans des scénarios aventureux, l'Italie produit jusqu'à trente péplums l'an, avant que, au milieu des sixties, le genre ne s'effondre sous les coups de butoir du western-spaghetti et de l'espionnage à la James Bond.
Une production abondante donc, constituée du tout-venant et de quelques chefs d'œuvre perpétrés par des artisans aussi talentueux que Mario Bava, Vittorio Cottafavi, Riccardo Freda et même Sergio Leone dans le cas de l'ironique
Colosse de Rhodes. Ce sont notamment Spartacus, Hercule et la reine de Lydie, Hercule contre les Vampires, Hercule à la conquête de l'Atlantide, Les Titans, Maciste aux Enfers, Les légions de Cléopâtre... C'était le bon vieux temps. Celui où dieux, demi-dieux et simples mortels se tiraient la bourre à l'ombre de l'Acropole et du Colisée. [F.I.P.]

D.Les uns dans les autres
(La trilogie de Marco Vicario)

La Schiava di Roma / Solo contro Roma / Il Crollo di Roma

Prolégomènes

Une heureuse surprise de la «Collection Péplum» proposée par First International Production est qu'elle nous permet de visionner l'un après l'autre les trois péplums produits par Marco Vicario (Atlantica Film), à l'époque et à la ville époux de Rossana Podestà : La Schiava di Roma (s/t : La Conquista delle Gallie) (1960), Solo contro Roma (1962) et Il Crollo di Roma (1963). D'emblée nous apparaît la symétrie des titres, qui nous révèlent l'attitude du producteur : il s'agit de sa relation avec Rome, la Rome antique. On verra qu'il ne s'agissait rien moins que d'en exalter les vertus ou la grandeur de l'empire - mais plutôt d'en illustrer le système oppressif, et le message salvateur du christianisme. Le discours sera donc celui d'un bon catholique italien. De sa part s'agissait-il de simple conformisme, d'opportunisme politiquement correct ou de la volonté d'illustrer une thèse ? Marco Vicario seul pourrait nous le dire, même si l'économie de ces trois films suggère de simples bandes commerciales, rien de plus - qui s'en étonnerait, du reste ?

C'est surtout la comparaison interne des trois films qui est intéressante, car elle amène une réflexion sur les poncifs économiques du cinéma populaire italien, en l'occurrence l'art de réutiliser des stock shots - des plans, voire des séquences entières d'un film antérieur, tourné ou non par le même producteur.

La Schiava di Roma
La Schiava..., Solo... et Il Crollo... ont tellement de choses en commun (costumes, décors, lieu de tournage et séquences remontées) qu'on a un peu l'impression qu'ils ont été tournés ensemble. Il arrivait parfois que deux films tournés simultanément sortent à un an d'intervalle, ainsi Hercule se déchaîne et Samson contre Hercule, ou Goliath à la conquête de Bagdad et Hercule contre les tyrans de Babylone, ou Le colosse de Rome et La terreur des gladiateurs, ou encore Dans l'Enfer de Genghis Khan et Maciste contre les Mongols ! Pourtant les fiches techniques et artistiques sont ici bien différentes, et il nous faut admettre que La Schiava di Roma (visa de censure cinématographique italien n° 2.388) a bien été tournée en 1960, Solo contro Roma (visa de censure cinématographique italien n° 2.712) en 1962 et Il Crollo di Roma (visa de censure cinématographique italien n° 2.962) l'année suivante. Il n'empêche, nombre de scènes ou de plans isolés de la Schiava di Roma vont se retrouver dans ses séquelles. Ainsi les scènes d'orgie barbare réapparaîtront dans Il Crollo de même que l'embuscade finale dans le défilé de montagne. Parfois, il ne s'agit que d'un simple plan : par exemple lorsque, poursuivant les Romains, les barbares traversent une rivière, un cavalier se penche et récupère la preuve du passage des fuyards, un baudrier perdu par un légionnaire - ce plan figure et dans La Schiava et dans Il Crollo. Quand aux scènes d'embuscade dans la forêt (le cavalier qui reçoit une flèche dans le dos, les archers cachés au sommet des arbres, le chariot de ravitaillement etc.), elles figurent dans les trois films.

Solo... et Il Crollo..., par exemple, 1) commencent par les mêmes plans de population urbaine massacrée par les légionnaires (avec des plans d'incendie supplémentaires dans Il Crollo di Roma), 2) les plans de défilé de troupes sont identiques, tandis que 3) dans l'amphithéâtre deux équipes se mesurent dans une épreuve de traction de corde (chacune essayant d'attirer l'autre dans le brasier allumé entre elles), et, 4) dans l'amphithéâtre toujours, un vieillard chrétien est crucifié et criblé de flèches par les archers romains qui, se retournant brusquement, tirent au jugé, chacun à son tour. Bref, des scènes à grand spectacle dont la primeur revient à Solo contro Roma, voir à La Schiava... Quant aux plans d'Il Crollo di Roma où l'on voit la cavalerie romaine (1) se déployer dans la plaine et la riposte des archers «illyriens», ils sont - eux - tirés de Les Horaces et les Curiaces (1961), sauf que ces archers y étaient supposés étrusques.
Dans la séquelle Il Crollo di Roma, Antonio Margheriti, réalisateur apprécié pour ses talents de maquettiste et de directeur d'effets spéciaux - l'incendie de la ville et l'effondrement du «Colisée» portent sa griffe - fut chargé de mener à bien le troisième volet de la trilogie avec une nouvelle équipe avec pour objectif de ficeler un troisième film en puisant largement dans les stock shots et chutes des deux précédents.

Un autre point commun entre les deux films, Solo contro Roma et Il Crollo di Roma, est la collaboration - parmi d'autres scénaristes - de Gianni Astolfi (2) et une vision synthétique du monde romain sans repères précis dans le temps ou dans l'espace (ni non plus dans l'histoire des institutions : quelle scène douteuse que celle où un général romain invite le tribun chrétien à se mesurer aux gladiateurs dans un sorte de duel judiciaire, pour prouver son «innocence»).

Solo contro Roma
Dans Solo contro Roma, le consul Suetonius a confié au tribun Sylla le soin d'occuper la ville d'Alésia qu'il vient de conquérir, cependant que lui-même avec le gros de ses forces continue dans la vallée de l'Oserain les opérations contre les Mandubiens. Un plan du film montre clairement une carte romaine - façon «table de Peutinger» - où apparaît bien lisiblement le nom d'Alésia. Ces trois noms font évidemment référence aux opérations de Jules César en -52, pendant la Guerre des Gaules : la ville d'Alésia (l'actuelle Alise-Sainte-Reine) était l'oppidum des Mandubiens, et l'une des rivières qui l'entouraient était l'Oserain (3)... pourtant, en dépit du nom celtique du fiancé de l'héroïne - Brenno - on aurait du mal à reconnaître des Gaulois du Ier s. av. n.E. dans ce peuple occupé, dont les chefs habitent de superbes maisons de style gréco-romain avec péristyle et atrium, et ornées de magnifiques fresques d'inspiration hellénistiques. Pas davantage on ne s'expliquerait la présence - à l'époque - d'un superbe amphithéâtre romain, à Alésia ni, du reste, dans n'importe quelle autre ville de la Gaule chevelue ! L'intrusion dans l'intrigue d'un vieillard chrétien nommé Siron, qui se dit originaire d'une ville nommée Gésio (?) et affirme avoir connu le Christ serait tout autant anachronique. C'est sans doute pour ces raisons que certains synopsis font référence non plus à Alésia, mais à une ville d'Illyrie nommée Antigone, l'action étant alors resituée fin du Ier s. de n.E. (4). Le sujet du film pourrait être alors - avec un zeste de bonne volonté - relié aux opérations contre les Illyriens menées sous le règne d'Auguste par le futur empereur Tibère : toutefois en 15 av. n.E., la mention de «chrétiens» resterait... tangente !

Il Crollo di Roma
Dans Il Crollo di Roma, le général Suetonius - toujours lui ? - n'est plus que le commandant de cavalerie soumis à l'autorité d'un supérieur bizarrement nommé «Caius» (un simple prénom : il n'a donc pas de nom de famille ?), qui est aussi le supérieur hiérarchique du méchant proconsul Junius. Il est clair que les grades comme les noms ont été plaqués sur les personnages au petit bonheur la chance, mais qu'importe ? La ville où est censée se passer l'action n'est pas nommée; mais la maquette de l'amphithéâtre qui va s'effondrer semble faire référence à Rome elle-même, ce que suggèrent d'ailleurs les titres Il Crollo di Roma et Les derniers jours d'un Empire. Mais les données même de l'intrigue, qui montre les «Barbares» alliés aux Illyriens semble déplacer l'action de l'Italie vers les Balkans ! Le film fait expressément allusion, et à deux reprises, aux édits de Constantin proclamant la licéité du culte chrétien; mais que sont alors ces persécutions musclées perpétrées par les païens, que prétend évoquer le film, et qui n'eurent jamais lieu dans cette tranche chronologique - pas même sous le règne de Julien l'Apostat (361-363), lequel employa contre eux des méthodes bien plus subtiles comme leur écartement de la fonction publique ou la restitution à leur culte d'origine des temples accaparés par les chrétiens.
De fait, le film pourrait bien, cependant, faire référence au règne de Julien dans la mesure où l'effondrement du Colisée paraît être une allusion cinéphilique à L'Apocalypse (1945-1949) de G.M. Scotese. Mettant en parallèle le restaurateur du paganisme et l'ascension du fascisme, Scotese dénonçait la négation des valeurs chrétiennes. Et l'incendie du Colisée de Rome - symbole de la persécution - dont la ménagerie de fauves et d'éléphants se répandait dans les rues et y semait la terreur, était mis en parallèle avec la bombe atomique d'Hiroshima et la défaite du totalitarisme.

La «Nuit» de Marco Vicario

Invitez quelques copains, amateurs de cinéma-bis confirmés, pour une soirée spaghetti et passez-vous les trois films d'affilée. N'abusez pas du chianti car, le cerveau embrumé, vous ne pourriez apprécier avec virtuosité les trois films furent montés, les stock shots s'insérant parfaitement à la place ad hoc, sans la moindre solution de continuité. Pour quelques sesterces, invitez aussi une strip-teaseuse sosie de Rossana Podestà pour meubler les entractes, et organisez un concours pour celui qui aura reconnu le plus grand nombre de plans repris; le perdant réglera le cachet de l'artiste invitée...
La lutte promet d'être serrée.

 

 

NOTES :

(1) Une figuration de la cavalerie yougoslave du Maréchal Tito. - Retour texte

(2) Selon nos fiches, Gianni Astolfi n'a toutefois pas collaboré au premier film, La Schiava di Roma. - Retour texte

(3) Longeant au sud le mont Auxois et l'oppidum celtique, l'Oserain coule parallèle à l'Ose sur le versant nord. Ces deux rivières rejoignent la Brenne dans la fameuse plaine de Laumes, qui fut le théâtre des affrontements entre l'armée de secours gauloise et les légions de César. - Retour texte

(4) En réalité, on est ici dans le flou artistique le plus complet. Une source recueillie par Hervé Dumont (in Cinémaction, n° 89, p. 175) situe même l'action sous le règne de l'empereur Hadrien (117-138) ! - Retour texte