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DE MURENA À LOLLIA
PAULINA |
I. Murena
: un héros de papier
Murena, la BD de Jean Dufaux (scénariste)
et Philippe Delaby (dessinateur) fait actuellement "un malheur" aux
éditions Dargaud Benelux. De quoi s'agit-il ? D'une vie de Néron
vu par un de ses courtisans, Lucius Murena. Elle a fait l'objet d'une
première série de quatre albums - parus respectivement
en 1997, 1999, 2001 et 2002 - intitulée "Le Cycle de la Mère"
et dédiée à Agrippine. Un second cycle de quatre
albums est annoncé, "Le Cycle de l'Epouse", voué à
Poppée cette fois (le premier album est prévu en 2004).
Il convient de préciser que le scénariste Jean Dufaux
n'en était pas à son coup d'essai ayant, avec la complicité
du dessinateur Xavier Musquera, précédemment donné
le jour à un Sourire de la Murène (éd. des
Archers, 1986) dont le héros était déjà
Lucius Murena, et dont l'action se déroulait en 65. Une suite
annoncée, L'homme au masque d'or, ne parut pas.
Scénariste de grand talent, Dufaux avait déjà traité
de différentes tranches d'Histoire comme la dépression
liée au crach boursier dans les années 1930 aux Etats-Unis
(Dixie Road), l'époque de la Comedia à Venise (Giacomo
C.) ou la France de Napoléon III (Les Voleurs d'Empires)
1. Lucius Murena
Cette nouvelle saga raconte le règne de Néron
vu par les yeux d'un personnage de fiction, ami de l'empereur. Lucius
Murena nous est présenté comme étant le fils de
Lollia Paulina qui, elle, a réellement existé puisqu'elle
fut quelques mois mariée avec Caligula, puis - comme le rappelle
la BD - faillit épouser l'empereur Claude (nous y reviendrons).
La pourpre et l'or (1997) se passe en 54 et raconte
la mort de Claude et celle de Lollia Paulina ; De sable et de sang
(1999) introduit le personnage d'Acté et voit mourir Britannicus
; dans La meilleure des mères (2001), l'intrigante Agrippine
complote pour obtenir de Néron la condamnation à mort
de Domitia Lepida (qui l'a élevé tout petit, pendant l'exil
de sa mère sous Caligula), puis lui fait rencontrer Poppée
; Ceux qui vont mourir (2002), enfin, verra Néron ordonner
l'inévitable matricide (58-59).
Lucius Murena traverse ces intrigues un peu en spectateur,
à la manière d'un Corto Maltese, avec toutefois une idée
fixe : démasquer les assassins de sa mère (La pourpre
et l'or) et en tirer vengeance. Murena n'est donc pas un de ces
héros de BD sans peur et sans reproche, sauveur du monde romain
dans la manière d'Alix "première période" (1948-1968),
mais un témoin désabusé, comme le même Alix
"deuxième période" - la ressemblance s'arrêtant-là.
Jacques Martin fait de gros efforts de reconstitutions de différentes
civilisations, architectures spectaculaires, tout en concoctant des
scénarios à la limite du fantastique quand ce n'est de
la science-fiction; les personnages historiques - toujours délicats
à mettre en scène - n'intervenant que très peu.
Au contraire, chez Dufaux et Delaby la reconstitution de Rome, où
se confine l'action, est soignée et plausible. Toutefois, les
protagonistes de l'histoire y ont le premier rôle, et, sans cesse
en action, sont plus importants que les comparses fictifs. On est loin
de la distanciation brechtienne chère au cinéaste V. Cottafavi
(La rivolta dei gladiatori, 1958 ; Le legioni di Cleopatra,
1959 et Messalina, Venere Imperatrice, 1959), dont Martin a si
bien assimilé la leçon sans pour autant connaître
quoi que ce soit aux péplums de Cinecittà ! Il est toujours
plus difficile d'animer des personnages historiques, de les faire agir
et parler, de penser à leur place - au contraire des personnages
fictifs, à qui l'on peut faire dire ce que l'on veut et même
leur prêter des sentiments ou une sensibilité anachronique
puisque leur regard est toujours un peu le nôtre. Au contraire
de J. Martin, justement, les auteurs de "Murena" font grand cas des
péplums. En particulier Spartacus de Kubrick (dont le
générique inspire leurs couvertures) et Gladiator
de Ridley Scott auquel ils ont du reste consacré une superbe
lithographie. Chose agréable chez Dufaux & Delaby : leur
humilité
Des notes en fin d'album, un glossaire, des références
bibliographiques. Dans un dossier récent, publié en supplément
par le magazine des éditions Dargaud, Avant-Première
(n° 17, septembre 2002), à l'occasion de la sortie du quatrième
album, les auteurs expliquent leur façon de travailler, leurs
problèmes, les erreurs ou anachronismes qu'ils n'ont pu éviter,
comme la longueur des tuniques ou la nudité des gladiateurs.
Parlons en justement, de la nudité des gladiateurs. Les Romains
étaient beaucoup plus pudiques que les Grecs. Quelque part dans
son roman (dont fut tiré le film de Kubrick), Howard Fast écrit
que les gladiateurs combattaient nus. D'où sans doute les panoplies
réduites à l'extrême des gladiateurs dans le film
de Stanley Kubrick qui, tout de même, les affubla d'un pagne à
l'écran, décence oblige dans les '60 ! C'est peut-être
pour l'avoir lu que, dès les premières planches du premier
album, Delaby campa ses gladiateurs rigoureusement dans la simplicité
de leur naissance. Quel contraste avec Alix de J. Martin et la beauté
statuaire de ses gladiateurs (dans Les légions perdues,
p. ex.), que la rude virilté de ces bouchers aux trognes patibulaires,
qui d'entrée de jeu éclaboussent d'hémoglobine
le lecteur. Prix Staline, inscrit sur les listes noires du maccarthysme,
Howard Fast était un écrivain de science-fiction avant
d'être un auteur de romans historiques (1),
ce qui lui permettait des écarts surréalistes comme d'affirmer
que, dans leur rapacité, les Romains trouvèrent un ultime
moyen de tirer profit de ces esclaves que, perte sèche, ils avaient
été obligés de massacrer : ils utilisèrent
leur chair pour en faire des saucisses qu'ils revendirent en Gaule et
en Egypte ! Saisissante métaphore de l'écrivain communiste,
surtout si l'on veut bien se souvenir que le sang encore chaud d'un
gladiateur égorgé passait pour être un remède
à l'épilepsie (Pline).
2. La vie à la cour de Néron
Aucun archéologue n'oserait sérieusement
relever le défi que serait de reconstituer les monuments de telle
époque, à telle date précise. Il suffira, et c'est
assez, aux dessinateurs de BD de reconstituer un décor crédible.
Les auteurs de "Murena" vont louvoyer entre les pièges de l'archéologie
et ceux de l'historiographie, dont l'incontournable Suétone.
« (
) d'autres intrigues se greffent étroitement
à l'histoire de la famille impériale - note Danielle
De Clercq (2)
-, plongeant le lecteur dans le milieu des gladiateurs et dans les
bas-fonds de Rome, que Néron et Agrippine ne dédaignent
pas de hanter. Le dessin se concentre sur les personnages, souvent présentés
en buste, et surtout sur les visages, bien plus que sur le décor,
qui n'a pas la minutie d'une reconstitution. Un réalisme assez
cru(el) marque certaines images. Nudité, érotisme, sang
et mise à mort ne se font pas rares dans ce récit complexe
et rondement mené qui tient facilement le lecteur, même
non initié, en haleine.
« Les auteurs s'appuient sur une documentation fournie et
éprouvée dont Suétone et Tacite, J. Carcopino,
P. Grimal, Demat/Laloup - qu'ils citent à la fin de chaque chapitre.
Ceux-ci comportent chacun un glossaire (présentation de certains
personnages historiques, expressions latines, etc.). La page arrière
de couverture résume l'intrigue par des citations : pour les
deux premiers chapitres, les auteurs citent Suétone pour évoquer
le sadisme de Claude et l'apparition des vices de Néron. Par
contre, le troisième décrit la personnalité d'un
Néron qui se cherche par un extrait des Mémoires d'Agrippine
de P. Grimal, ouvrage qui n'est pas cité dans la bibliographie,
et un lecteur non averti peut croire à une citation tirée
d'une uvre antique. D'autre part, l'attention du lecteur n'est
pas attirée par la reconstitution, qui, sans avoir l'importance
et la minutie de celles de J. Martin, est, dans l'ensemble, plausible,
sans plus. On remarquera en passant que le Canope de la villa d'Hadrien
a inspiré la représentation de la demeure de Pétrone
et que certaines fontaines de jardin sont plutôt baroques.
Respect de l'histoire et
lois de la BD
« Un certain souci de respecter la vérité
historique est présent et les auteurs reconnaissent à
l'occasion l'une ou l'autre erreur (p. ex. la confusion, au Chap. 2,
de Vespasien et de Titus) ou signalent une liberté qu'ils prennent
avec la réalité (p. ex. le meurtre de Locuste par Agrippine).
Toutefois d'autres événements reçoivent un éclairage
assez particulier, comme l'attribution à Agrippine de l'empoisonnement
de Britannicus.
D'autre part, pour accroître
la tension dramatique, des faits, éloignés dans le temps
sont présentés comme concomitants : l'assassinat de Lollia
Paulina, commandité par Agrippine en 49 P.C., coïncide ici
avec l'agonie de Claude. Pallas est encore assez jeune et devient en
amour le rival de Néron, qui lui a ravi Acté. Le défi
que lance Britannicus à Néron lors des Saturnales est
repris dans le festin au cours duquel le poison est administré
au jeune prince. Quant à Murena, il veut venger à tout
prix sa mère assassinée, Lollia Paulina. Or celle-ci n'eut
jamais d'enfant
« Les personnages historiques, pris dans les inévitables
schématisations inhérentes au genre, sont conformes à
leur réputation, mauvaise pour la plupart : Claude aime les "arènes
sanglantes" tout en se montrant aussi un père (tardivement) inquiet
pour l'avenir de Britannicus. Au départ un adolescent contrarié
dans ses affections, Néron devient peu à peu le jeune
empereur qui s'affranchit difficilement mais inéluctablement
d'Agrippine et assume, parfois à contrecur, les noires
réalités et contraintes du règne. Belle, intelligente
et retorse, Agrippine, très présente dans le récit,
est dévorée par le goût du pouvoir et étale
sans complexe cynisme et cruauté, ses charmes aussi. Pallas est
veule et sans scrupules. Acté aime Néron sans détours.
Jeune et riche, Pétrone est un ami dévoué qui prend
avec détachement la laideur morale ambiante. L'athlétique
Burrhus, renonce à Agrippine, comme d'autres à Satan,
et choisit de suivre fidèlement Néron. Sénèque
est un barbon donneur de leçons et plutôt ennuyeux. Locuste
devrait être effrayante comme une Gorgone, mais est surtout caricaturale.
L'ensorcelante Poppée est aussi ambitieuse que ses yeux sont
langoureux. Finalement on retrouve des personnages assez typés
qu'on pourrait facilement rencontrer dans d'autres récits, pas
nécessairement historiques, racontés en BD.
« C'est aussi le cas pour les personnages fictifs,
parmi lesquels Murena, tenace et courageux redresseur de torts, et Balba,
le gladiateur nubien qui reste humain dans la bestialité de son
milieu, apportent une note positive. »
3. La saga, album par album
A. Le Cycle de la Mère
1. La Pourpre et l'or,
« Murena » /1, Dargaud Benelux, 1997,
48 pl.
DUFAUX, Jean (sc.) & DELABY, Philippe (d.)
(coul. : Béatrice Delpire); 3e éd. 2001 (couleurs
entièrement refaites par Dina Kathelyn).
4e plat de couverture : "Il [Claude] était
d'un naturel féroce et sanguinaire qui se trahissait
dans les moindres choses comme dans les grandes
Dans tous les combats de gladiateurs donnés par
lui ou quelqu'un d'autre, il faisait égorger même
ceux qui tombaient par hasard pour observer leur visage
quand ils expiraient." (SUÉTONE, Claude,
XXXIV.)
Mai 54. L'empereur Claude commence à penser qu'il
a eu tort de négliger son fils Britannicus au profit
de son "demi-frère" Lucius Domitius Nero, fils de
sa dernière épouse Agrippine. Pour être
agréable à Britannicus, il gracie un gladiateur
numide [Balba], puis se rend chez sa maîtresse
Lollia Paulina, mère de Lucius Murena.
Néron, qui s'est teint les cheveux en roux, emmène
le jeune Britannicus dans une de ses virées nocturnes
dans les quartiers mal famés de Rome. Par hasard,
ce dernier aperçoit Agrippine entrant chez l'empoisonneuse
Locuste (qui pour elle teste un poison sur l'esclave Asper).
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Néron réside volontiers dans la villa des Ahenobarbi
sur la via Flaminia, chez sa tante Domitia Lepida qui l'a élevé
en l'absence de sa mère Julia Agrippina. Mais sa mère
exige son retour à Rome, en lui rappelant que, de par son
adoption par l'empereur Claude, il est entré dans la gens
Claudii et ne se nomme plus Lucius Domitius Nero mais Tiberius
Claudius Nero.
La nuit de Britannicus est agitée par un cauchemar concernant
les poisons de Locuste; il s'en ouvre à son père
l'empereur Claude.
Au cours de sa virée dans Suburre, Néron et ses
amis ont dû faire le coup de poing contre les gardes d'une
certaine prostituée de grand talent : l'esclave Acté
"protégée" d'un notable de la cour, Pallas. C'est
Murena qui, d'un coup de fronde bien placé entre les deux
yeux d'un de ces nervis, a tiré d'affaire le fils d'Agrippine
Claude annonce à ses conseillers son intention de prendre
ses distances d'avec l'ambitieuse Agrippine et son fils Néron,
pour en revenir à la chair de sa chair, son fils Britannicus.
Sentant tourner le vent, Agrippine prend les devants et offre
à Afranius Burrhus, préfet du prétoire, 15.000
sesterces pour chacun de ses hommes et d'autres avantages encore.
Claude annonce à Lollia Paulina son intention de l'épouser,
mais un esclave à la solde de Pallas (l'affranchi et homme
de confiance d'Agrippine) surprend cette conversation - avant
d'être lui-même surpris par Lucius Murena, qui n'apprécie
guère la relation de sa mère avec Claude.
Inquiet des réactions d'Agrippine qui a été
informée, Murena se rend chez son ami Néron occupé
à s'exercer à la conduite de son char, sa grande
passion. Murena demande à son ami d'intercéder auprès
d'Agrippine : il interdira à sa mère de revoir l'empereur
sous son toit. Pour le convaincre d'entrer dans son jeu, il révèle
à Néron que l'esclave Acté, à la beauté
androgyne, est prostituée par Pallas, l'affranchi de sa
mère - et qu'il sait la manière de la rencontrer
en son lieu de baignade favori.
Agrippine continue à nouer ses intrigues. Assistant à
un combat de gladiateur privé, elle offre à Sénèque
500.000 sesterces de rente annuelle à ceux des sénateurs
désargentés qui consentiraient à la soutenir
contre Claude. A Sénèque, elle offre l'éducation
de Néron.
Agrippine convoque son gladiateur Draxius, qu'elle oblige à
se mettre nu devant elle pour tester sa soumission. Elle lui offre
la liberté s'il exécute Lollia Paulina. A Néron
qui proteste en faveur de la mère de son ami Murena, elle
propose un autre marché : qu'il la laisse régler
comme elle l'entend ses comptes avec sa rivale et elle arrangera
avec Pallas la question d'Acté.
Le 12 octobre, Lollia est assassinée par Draxius et deux
prétoriens qu'il a recrutés, tandis que Claude annonce
à ses conseillers son intention de répudier Agrippine
et de l'exiler, ainsi que Néron. Cette même nuit
où un banquet les réunit avec Xénophon de
Cos, Lucius Murena, etc., Agrippine empoisonne Claude avec un
plat de champignons fournis par Locuste. Comme l'empereur tarde
à mourir, elle l'achève en lui présentant
la tête tranchée de Lollia Paulina.
Exit Claude. Ainsi Néron, à 17 ans, est présenté
aux cohortes prétoriennes et acclamé comme empereur.
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2. De Sable et de sang,
« Murena » /2, Dargaud Benelux, 1999,
48 pl.
DUFAUX, Jean (sc.) & DELABY, Philippe (d.)
(couleurs : Philippe Delaby & André Benn).
4e plat de couverture : "Son libertinage, sa lubricité,
sa profusion, sa cupidité et sa cruauté
se manifestèrent d'abord graduellement et d'une
façon clandestine, comme dans l'égarement
de la jeunesse, et pourtant, même alors, personne
ne put douter que ces vices n'appartinssent à son
caractère plutôt qu'à son âge."
(SUÉTONE, Néron, XXVI.)
3e jour avant les Ides d'octobre 54 [13 octobre].
Néron prend le pouvoir au Castra Prætoria,
sur la rive gauche du Tibre. Au Sénat, il est acclamé
comme Princeps Juventutis (Prince de la Jeunesse).
La mort de Lollia - officiellement massacrée par
des pillards - est annoncée pendant la fête
célébrant l'avènement du jeune empereur
: Agrippine traite l'affaire d'"incident", et demande à
son gladiateur Draxius d'aller un peu "bousculer" le jeune
Britannicus qui malgré son deuil s'est mêlé
aux convives. Mais le jeune fils de Claude est défendu
par son gladiateur numide, et fait même montre d'autorité
et de dignité.
Néron, Othon et leurs amis organisent une expédition
"punitive" pour arracher Acté à l'emprise
de son maquereau Pallas.
Lorsque vient s'en plaindre l'affranchi, Agrippine le remet
vertement à sa place.
De son côté Lucius Murena éteint le
feu domestique de sa maison où sa mère fut
assassinée, et se réfugie chez son ami Petronius
Arbiter. Pour sa part, Néron a ramené chez
Domitia Lepida sa captive Acté dont, par sa gentillesse,
il fait sa maîtresse. Mais aux ordres d'Agrippine,
Sénèque vient vite l'y rechercher. |
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La vie continue. A la caserne de Bacchus Soroctos, un nouveau
gladiateur nommé Massam se distingue par sa cruauté
et sa fougue homicide. Enquêtant de son côté
sur les responsables de l'assassinat de Lollia Paulina, Pétrone
présente à Murena un centurion prétorien,
Marcus Brutus, qui a remarqué quelques anomalies dans l'emploi
du temps de ses subordonnés. Pour sa part, Pallas se venge
de sa peu reconnaissante patronne en remettant à Britannicus
l'acte de répudiation d'Agrippine, signé par l'empereur
Claude, qui le désigne ipso facto comme héritier
de l'Empire - l'empereur légitime.
Fort des renseignements fournis par Marcus Brutus, Murena demande
justice à Néron. Mais celui-ci fait disparaître
tous les témoins qui pourraient accuser sa mère,
à commencer par le centurion prétorien. Agrippine
se rend chez Locuste pour obtenir : 1) un philtre d'amour pour
consolider la liaison de Néron et Acté, dont les
embrassements, en détournant son fils des affaires publiques,
arrangent bien les siennes ; 2) un poison pour Britannicus. Or,
informé par Pallas, ce dernier a assisté à
la transaction, dissimulé dans la maison voisine !
Pendant les Sigillaires, Britannicus décide de faire valoir
ses droits. Au cours du banquet, il exhibe le testament paternel
que lui a remis Pallas
et ce faisant, tombe raide mort.
Poison ou pas ? Ce ne fut peut-être qu'une rupture d'anévrisme,
mais Agrippine se divertit très fort de l'embarras de son
rejeton, soupçonné d'avoir ainsi éliminé
son rival
2b. Murena. Chapitres I & II, JEM Diffusion
(Bruxelles), s.d. (2000).
DUFAUX, Jean (sc.) & DELABY, Philippe (d.).
Edition de luxe (brochée - cv. coul. inédite
- planches N&B - 1.000 ex. numérotés) des
deux premiers albums, suivis de La Mort Blanche (sc.
et d. Ph. Delaby, 8 pl.) précédemment publié
sous le titre "Présages" dans Hello Bédé
BE n°s 44-45 / FR
n°s 163-164, 3 et 10
novembre 1992.
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3. La Meilleure des mères,
« Murena » /3, Dargaud Benelux, 2001,
46 pl.
DUFAUX, Jean (sc.) & DELABY, Philippe (d.)
(couleurs : Dina Kathelyn (pl. 1-36) & Philippe Delaby
(pll. 37-46)),
4e plat de couverture : "Lorsque Néron fait
le mal, il le fait parce qu'il est lui-même malheureux.
Qu'il se sent ou se croit méprisé. Alors
il se venge, et, plus encore, éprouve le besoin
de s'affirmer
Et c'est pour cela qu'il se déguise
et commet toutes ces vilenies dans la ville
Il aspire
à être aimé, ou craint, pour lui-même.
Il veut exister, sous les vêtements du Prince, et
ne pas simplement incarner une idée, un fantôme,
celui de l'Imperator." (Lettre de JULIA AGRIPPINA
à L. ANNÆUS SENECA.)
Les funérailles de Britannicus ont lieu sous
la pluie, qui délaie le plâtre dont son corps
a été enduit, révélant les chairs
boursouflées et noirâtres
La pluie éteint
les torches des prétoriens : c'est son fidèle
Numide Balba qui réussira à enflammer le bûcher
du maître qu'il a juré de venger. Au ludus,
où il a trouvé à s'engager pour perfectionner
son art de tueur, le Numide fait la connaissance de Massam
qui le reconnaît pour un rival potentiel. Pour le
provoquer, Massam n'hésite pas à massacrer
le jeune Proyas avec qui Balba s'était pris d'amitié.
Néron évite désormais Agrippine et
exile Pallas en le consignant dans sa maison de l'Esquilin.
Il veut effacer l'infâme passé d'Acté.
Draxius, dont les oreilles traînent partout, informe
Agrippine de ce que Néron - qui a décidé
de s'affranchir de la tutelle maternelle - la soupçonne
d'avoir empoisonné Britannicus. Des témoins
ne n'ont-ils pas vue sortir de chez Locuste ? |
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Interrogée par Néron, Locuste avoue avoir préparé
le poison qui tua Claude - ce qui lui permit, à lui Néron,
de monter sur le trône avant la majorité de Britannicus
-, et Britannicus eut dû être le suivant. Néron
décide de prendre Locuste à son service, l'installe
dans les caves du palais, et commence par lui demander, pour leur
lier la langue, d'empoisonner les deux bourreaux qui en ont déjà
trop entendu.
Dans sa villa, Pétrone entreprend de changer les idées
de Lucius Murena, qu'il pousse dans les bras de son esclave Arsilia
très douées pour les choses de l'amour. Arsilia
est une ancienne esclave de Poppée Sabine, ex épouse
du préfet des cohortes prétoriennes Rufus Crispinus,
maintenant femme d'Othon.
Habillement "cuisiné" sur l'oreiller par Agrippine, le
jeune Titus Flavius Sabinus Vespasianus (le futur empereur(3)),
ami de Néron qui avait assisté à la mort
de Britannicus, lui confirme les soupçons de l'empereur
à son sujet.
Informé de la mort de son informateur, le centurion Marcus
Brutus, et de celle du prétorien "suicidé" en prison,
Lucius Murena se met en quête du second soldat, celui qui
avait été relaxé. Mais ce Quintus Arenus
a également péri au cours de manuvres, dans
un "stupide accident". Néron "avoue" à Murena que
le responsable de l'assassinat de sa mère - qu'il s'obstine
à vouloir protéger - est l'affranchi Pallas. Celui-ci
aurait fait de l'excès de zèle, pensant être
agréable à sa mère qui n'avait donné
aucun ordre. Lucius Murena ayant haussé le ton, Néron
le chasse de sa cour
mais lui abandonne Pallas !
Ayant assisté à un combat du Numide de Britannicus,
Murena le prend à son service. Balba et lui se rendent
chez Pallas pour en tirer vengeance, mais constatent que les tueurs
de Néron sont passés avant eux, laissant sur le
carreau l'affranchi mal en point. Murena commence à entrevoir
le rôle trouble de Néron en cette affaire.
Comme le jeune empereur a décidé de faire venir
au palais sa tante Domitia Lepida, qu'il considère comme
sa véritable mère, Agrippine - jalouse de son influence
- organise un nouveau complot : au Sénat, Néron
est invité à condamner à mort, sans le connaître,
un riche personnage qui entretiendrait une véritable milice
privée de gladiateurs qui se seraient livrés à
des déprédations. Il s'avère que celui-ci
n'est autre que Domitia Lepida, sur les terre en Calabre de laquelle
des gladiateurs se seraient révoltés. "Comme
j'aimerais ne jamais avoir appris à écrire",
soupire-t-il en signant le décret la condamnant. Ulcéré
d'avoir ainsi été manuvré par "la meilleure
des mère", Néron décide la mort d'Agrippine.
Entre-temps, celle-ci a localisé le nouveau laboratoire
de Locuste, dans les caves du palais impérial, et oblige
celle qui a parlé à avaler de son propre poison.
Néron est maintenant au faîte de sa popularité.
Mais dans la foule, l'ambitieuse Poppée Sabine attend son
tour
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4. Ceux qui vont mourir,
« Murena » /4, Dargaud Benelux, 2002,
46 pl.
DUFAUX, Jean (sc.) & DELABY, Philippe (d.)
(couleurs : Dina Kathelyn).
4e plat de couverture : "La vie n'est qu'une pièce
de théâtre : ce qui compte ce n'est pas qu'elle
dure longtemps mais qu'elle soit bien jouée. L'endroit
où tu t'arrêtes, peu importe. Arrête-toi
où tu voudras pourvu que tu te ménages une
bonne sortie." (SÉNÈQUE, lettre à
LUCILIUS, LXXVII.)
An 58. Lucius, qui a été chassé de
la cour de Néron, rencontre son ami Titus Vespasianus
devant la porte Tiburtina où agonise un crucifié
à qui il fera donner un peu d'eau. Geste charitable
qui en rappelle un autre (4),
ainsi que le lui apprend un certain Pierre, qui passait
par là ! Le jeune officier, emmène ses troupes
pour une expédition lointaine [en Palestine -
N.d.M.E.].
Chez Pétrone, Murena continue de filer le parfait
amour avec la voluptueuse Arsilia. Agrippine tente de séduire
son fils Néron, qu'elle reçoit nue dans ses
appartements. Mais celui-ci ne jure que par Acté,
dont le sulfureux passé a été effacé
par ses soins. Acté, du reste, négocie le
retour en grâce de Lucius Murena ; à défaut
d'obtenir de Néron la "tête" (l'impératrice),
Murena consent à se contenter de la "main" qui frappa
sa mère - le gladiateur Draxius, l'homme de confiance
et de main d'Agrippine. Pour ce faire, Néron organise
dans l'amphithéâtre un combat à quatre
sur des passerelles surplombant un lit de braises. Un seul
survivra : le Numide Balba qui, en tuant Draxius venge la
mère de son allié Lucius Murena, lequel en
retour l'aidera à venger son maître Britannicus.
A la suite d'un pari relatif à ce combat, Néron
profite de la circonstance pour retirer à sa mère
sa garde de prétoriens. Néron et Murena se
réconcilient. |
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Son influence définitivement sapée, Agrippine sent
venir la fin. Aussi ourdit-elle un ultime complot en poussant
dans les bras de Néron l'insatiable et ambitieuse Poppée
Sabine, munie d'un philtre d'amour jadis concocté par Locuste.
19 mars 59, à Baies. Anicetus organise pour Néron
le naufrage de la trirème qui porte sa mère. Comme
celle-ci survit au naufrage, l'amiral romain se rend à
son domicile et plonge son glaive dans le ventre qui jadis porta
Néron. Au Sénat, Sénèque fait approuver
l'exécution d'Agrippine convaincue de haute trahison contre
la personne de Néron, du Sénat et du peuple romain.
Néron fait la connaissance de Poppée, entre les
bras de laquelle il ne va pas tarder à oublier Acté.
Le poète Pétrone lui est présenté
par Murena. Et aussi : l'empereur prend à son service un
nouveau champion gladiateur, le cruel Massam et sa panthère
noire
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(Il existe en outre deux albums de croquis préparatoires,
Dargaud, ainsi qu'un tirage de tête du tome 4, BD First, 2002
[hors format, N&B].)
B. Le Cycle de l'Epouse
(En préparation.)
Suite...
NOTES :
(1) Il en commit un autre, My Glorious
Brothers (1950) - la révolte des frères Macchabées,
en Judée - Retour texte
(2) Danielle DE CLERCQ (Bull. FPGL,
nŽ 132, novembre-décembre 2001)- Retour
texte
(3) Dans le tome 2, pl. 48 (avec un
renvoi à la note 12), Titus Flavius Vespasianus a bu dans
la coupe de Britannicus et s'est senti mal. Poison ? La note précise
qu'il s'agit du futur empereur Vespasien, alors âgé
de 14 ans.
Dans le tome 3, pl. 19, Agrippine tente de séduire le jeune
Vespasien pour lui tirer des vers du nez au sujet des symptômes
de son indisposition. La note 4 nous précise qu'il s'agit
en réalité de Titus Flavius Sabinus Vespasianus,
le fils du futur empereur Vespasien, et que cette erreur sera
corrigée à l'occasion d'une réédition
de l'album (tome 2). Ce jeune Vespasien, le futur empereur Titus,
réapparaît quatre ans plus tard dans les premières
pages du tome 4. - Retour texte
(4) La crucifixion du Christ - Retour
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