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[ Les Héros du samedi soir
]
2. Hercule, le Fils de Zeus
(page 2/3)
Hercule : Encyclopédie
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Nous venons de succinctement
examiner l'évolution du personnage d'Hercule sur les grands
et petits écrans - y compris avec les dessins animés
et la bande dessinée - et sa relation avec le héros
du mythe grec de référence.
On a vu que des données ponctuelles (noms de lieux, du
tyran etc.) avaient été sérieusement refondues
pour obtenir des scénarios acceptables - le cinéma
ne demeurant du reste pas imperméable à des influences
contemporaines (SF, horreur gothique...) : ainsi la description
des Enfers païens, laissent entrevoir des conceptions chrétiennes
empruntées à la Divine comédie de
Dante). Un peu comme la juxtaposition des données classiques
avec la moisson ethnologique avait permis à J.G. Frazer
de composer l'étonnant patchwork du Rameau d'Or
!
Une chose curieuse à noter est que si l'Héraclès
grec consultait volontiers la Pythie de Delphes, à Cinecittà
Ercole se rend plus volontiers chez la Sibylle. Celle de Cûmes,
évidemment. Car c'est non loin de Naples, dans les Marais
Pontins que Virgile et, à sa suite V. Bérard, ont
situé l'entrée de l'Hadès grec (l'Averne
latin) ainsi que le repaire de la magicienne Circé dont
parlait Homère. Marécage putride où bouillonnent
des émanations soufrées, l'Averne est un lieu de
maléfices que les oiseaux eux-mêmes se gardent de
survoler (1).
Cette région de l'Italie réputée pour son
activité volcanique, les cinéastes la connaissent
bien, et pour cause : c'est à Sabaudia - dans ces Marais
Pontins asséchés par Mussolini pour les rendre cultivables
- que C. Gallone reconstitua la bataille de Zama (Scipion l'Africain).
Et Riccardo Freda y filma, dans la Grotte du Monte Circeo, certains
plans de l'épisode mettant en scène un doublet de
Circé, la magicienne Gaia (Le Géant de Thessalie).
Les réminiscences de l'Enéide
imprégnant le caractère italien de ces films, Hercule
descend dans l'Averne (même si le nom d'Hadès est
généralement conservé ou conjointement utilisé
en même temps que "Averne"), après avoir tel le fils
d'Anchise consulté la Sibylle (2).
Récemment, lisant L'Etreinte de Némésis
de Steven Saylor, où l'on voit l'enquêteur romain
Gordien consulter la Sibylle de Cûmes, nous ne pûmes
nous empêcher de revoir mentalement les images de cette
même Sibylle consultée par Reg Park dans Hercule
contre les Vampires. Superbes images de Mario Bava, constellant
de paillettes argentées l'affrontement du bleu et du rouge
! |
"Les Amours d'Hercule"
(C.L. Bragaglia, 1960)
Affiche française
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Il nous a paru judicieux de compléter le précédent
chapitre axé sur le contenu narratif filmique par quelques éléments
plus "encyclopédiques" relatifs au personnage antique d'Hercule...
ou Héraclès.
***
Fan Club Steve Reeves
(Naro, Agrigento)
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HÉRACLÈS (agonisant sur le mont ta,
victime de la fameuse tunique de Nessus) :
- Mais de quel sang êtes-vous donc, vous ingrats
entre tous les Grecs, vous dont je me suis tué
à purger, malheureux, les mers et les forets,
et dont aucun, quand maintenant je souffre, ne sait
user pour moi d'un feu ni d'un fer secourables ?
SOPHOCLE, Les Trachiniennes, 1010 sqq.
(trad. P. Mazon)
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Le héros dorien
Au début du premier millénaire av. n.E.,
jaillissants de leurs barques non-pontées, les Doriens aux
épées de fer débarquent sur les rivages occidentaux
du Péloponnèse. Lorsqu'ils mettent à sac, les
unes après les autres, les orgueilleuses cités maritimes
des Achéens - dont Pylos, la ville du vieux Nestor -, personne
en Grèce ne doute que les temps sont accomplis et que les Héraclides
(les descendants d'Héraclès (Hercule)) sont revenus...
"trois générations après la première",
revendiquer l'héritage de leur glorieux ancêtre. Le héros
sans foyer, l'inlassable aventurier redresseur de torts a en effet
été injustement spolié de la royauté de
Tirynthe par son pâle et insignifiant cousin Eurysthée.
Derrière l'Achéen Eurysthée se
profilait la volonté d'Héra, l'épouse de Zeus,
- la toute puissante Déesse-Mère dont les pasteurs-conquérants
Hellènes (indo-européens) ont emprunté le culte
aux anciens occupants de la Grèce, aux Pélasges constructeurs
des villes qu'ils ont soumis.
Eurysthée a persécuté la progéniture d'Héraclès,
qui avait près de cent fils. Réfugié en Attique
sous la protection des fils de Thésée, l'aîné,
Hyllos, a dû arroser l'autel du sang de sa sur Macaïra,
consentante victime. Ainsi les Héraclides et leurs alliés
athéniens ont triomphé des Argiens. Au terme d'un duel,
Hyllos a vaincu son oncle Eurysthée et l'a décapité.
Et inhumé son corps à Eleusis et sa tête à
Marathon, c'est-à-dire les deux voies d'accès de l'Attique.
Désormais son spectre maléfique gardera Athènes
contre les armées d'invasion. De fait, les Doriens limiteront
leurs conquêtes au Péloponnèse. Après avoir,
par méprise, tué Codros, dernier roi d'Athènes,
conformément à l'oracle, les fils de Doros renonceront
à envahir l'Attique.
A l'Etolien Oxylos, allié et guide des Héraclides,
échut l'Elide; pour avoir reçu amicalement les envahisseurs,
les Arcadiens conserveront leur territoire. Les arrière-petits-fils
d'Hyllos se partageront alors le restant du Péloponnèse
: la Messénie pour Cresphontès, le tueur; l'Argolide
(domaine des anciens suzerains : les Perséides de Tirynthe
et les Atrides de Mycènes) à Téménos (3);
la Laconie pour Aristodème, "le Meilleur peuple". "Le Meilleur
peuple" ? Il s'agit des Spartiates, une aristocratie guerrière
qui va réduire dans un servage féroce ceux des anciens
occupants du pays qui lui résisteront (les Hilotes) et en "citoyens
de seconde classe" ceux qui se soumettront (les Périèques).
Plus tard, Sparte annexera la Messénie, où prédominait
l'élément non-dorien. Au centre du Péloponnèse,
les montagnes d'Arcadie avaient accueilli tous ceux des Pélasges
qui fuyaient les Achéens. Fuyant les Doriens à leur
tour, de nombreux Achéens se regrouperont dans le nord-ouest
de la presqu'île : en Achaïe. Le mythe rend bien le nouveau
profil politique du Péloponnèse post-mycénien
dont le centre de gravité se déplace vers le sud : Sparte
- Sparte la Guerrière - désormais va en arbitrer la
Confédération, pour le plus vif dépit des Argiens.
De là, les Doriens essaimeront en Crète, à Rhodes,
en Asie Mineure, en Libye, en Italie méridionale (Tarente)
et en Sicile.
A Sparte régneront conjointement deux familles
royales héraclides, issues des fils d'Aristodème, Proclès
et Eurysthénès : les Proclides (ou Eurypontides) et
les Eurysthénides (ou Agides). Le fameux héros des Thermopyles,
Léonidas, était un Proclide. Ce type de royauté
dioscurique (un Roi gouverne pendant que l'autre guerroie), caractéristique
d'un peuple semi-nomade, semble spécifiquement indo-européen,
et trouve son équivalent, par exemple, dans les deux consuls
de la République romaine.
Le serviteur d'Héra
Symbole de la force physique, Héraclès
est donc particulièrement honoré des Doriens, lesquels
ont donné leur nom à ce que l'architecture antique a
créé de plus beau, de plus pur, de plus sobre : l'ordre
dorique, "l'ordre grec par excellence" comme l'écrivait
François Cali.
Faut-il, conséquemment, voir en Hercule un personnage
- mythique ou historique - spécifiquement indo-européen
? Assurément, non. Nous avons vu qu'il était antérieur
aux Grecs doriens, et sans doute était-il plus ancien encore
que les premiers occupants de langue grecque, les Achéens.
Héritier légitime de Persée roi d'Argolide, il
s'était vu ravir son droit d'aînesse indiscutable par
la naissance prématurée d'Eurysthée. Héra,
la Reine des Dieux (4),
déesse tutélaire d'Argos-la-Pélasge, l'avait
ainsi voulu.
Par jalousie envers un bâtard de son infidèle époux
Zeus, comme on l'admet communément ? De la part de la déesse
de la fécondité, cela surprend !
Ne serait-ce pas plutôt pour que "Gloire à Héra"
(Héra-kléos), comme se nommera désormais
le jeune Alcée lorsqu'il prendra son service, soit son champion
?
L'image d'Héraclès ne concorde pas avec
l'idéal classique du guerrier grec, qui combat armé
en hoplite avec la lance et l'épée, le bouclier et l'armure.
Il est - comme l'Ulysse de l'Odyssée - un vagabond,
couvert d'une dépouille de fauve, qui manie l'arc et la massue.
Les armes des corps francs, des milices populaires que les barons
mycéniens laissaient accompagner leurs formations régulières
et bien encadrées de "professionnels".
Il y a, en fait, à peu près autant d'Héraclès
différents qu'il y aura d'étapes dans la civilisation
grecque deux fois millénaire, conjuguées par autant
de peuples grecs et de circonstances politiques - mais nous y arrivons...
Bien avant que les Hellènes n'introduisent en
Grèce la religion de l'Olympe, les "Cyclopes" bâtissaient
des forteresses comme Mycènes. C'étaient les temps où
les "Titans" se distribuaient le panthéon divin. C'était
avant le règne de Zeus. Alors déjà, Héraclès
- Héraclès, le Dactyle Crétois (5)
- avait institué des Jeux sacrés sur le mont Cronion
à Olympie. Le mont Cronion était consacré au
vieux dieu Cronos (6),
le roi des Titans et l'époux de Rhéa, la Déesse-Mère
(pas un hasard si Rhéa est l'anagramme d'Héra)...
Avec la conquête de l'Elide par les Doriens, ces Jeux passent
sous la tutelle des dieux olympiens : Zeus et Héra (fils et
fille de Cronos et Rhéa) et deviennent les Jeux olympiques.
Mais longtemps encore le temple d'Héra restera le principal
sanctuaire d'Olympie - on n'évacue pas "ainsi" une divinité
-, et il faudra attendre le Ve s. pour voir un temple de Zeus éclipser
par ses dimensions et sa majesté l'antique Héraion.
Relié aux mythes astraux (à
chacun de ses travaux correspond un signe du zodiaque),
le cycle d'Hercule est chargé de connotations ésotériques.
Il intervient dans plusieurs lames du Tarot de Mademoiselle
Lenormand [fin XVIIIe-début XIXe s.]
(Grimaud Cartomancie éd. 1977) |
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Plusieurs Hercule
On ne prête qu'aux riches. Héraclès
- écrira Robert Graves - est "une patère sur laquelle
on a accroché un grand nombre de mythes contradictoires et
mêlés" (R.G., Mythes grecs, 118 : 2).
Déjà Hérodote (7)
distinguait deux Hercule (le Grec et le Tyrien (Melqart)); Diodore
(8) en comptait trois
(le Grec, le Dactyle Crétois et l'Egyptien Som (Khonsou) qui
vivait 10.000 ans avant la guerre de Troie, conquit une grande partie
de l'Afrique, et érigea une colonne); Cicéron (9)
en dénombrait six :
... le plus ancien est le fils de Lysitè et
du plus ancien de tous les Jupiter (10);
il se battit contre Apollon, parce que la prêtresse avait
refusé de répondre, et dans sa colère, mit
en pièces le trépied sacré;
- le second est l'Egyptien, cru fils du Nil;
- le troisième est un des Dactyles de l'Ida;
- le quatrième, fils de Jupiter et d'Astérie, sur
de Latone, est honoré par les Tyriens, qui prétendent
que Carthage est sa fille;
- le cinquième, nommé Bel est adoré dans les
Indes;
- le sixième est le nôtre, fils d'Alcmène et
de Jupiter troisième.
Hérodoros (11)
en recensait sept et, enfin, Varron (12)...
quarante-quatre. Nul doute qu'un tel personnage drainait dans ses
veines mythologémiques tous les sangs, toutes les traditions
de la Méditerranée. Au IIIe s. de n.E., Lucien de Samosate
signalait de sensibles ressemblances entre Héraclès
et le dieu gaulois Ogmios; cela surprendrait-il, lorsqu'on se souvient
que, de retour du Xe des Travaux, Héraclès promena les
bufs rouges de Géryon à travers toute la Provence,
fondant même quelques établissements ? Et n'omettons
pas le sumérien Gilgamesh, l'égyptien Khonsou, le cilicien
Sandon, le phénicien Melqart, etc. En Grèce (13)
comme aux quatre coins du monde antique, des villes se flattaient
d'avoir été fondées par lui : Solous et Motyé,
en Sicile; Bauli, Livourne (Hercules Liburni Portus), Pompéi,
Herculanum et Crotone, en Italie; Alésia, en Gaule; Monaco
(Hercules Monci Portus), en Ligurie; Sagonte et, peut-être,
Gadès, en Espagne; Hécatompyle (Capsa), en Libye; Kios,
en Propontide; Nicée, en Bithynie; Héraclée et
Callatis, dans le Pont; Nacoléia, en Phrygie; Daphné,
en Syrie; Aké, en Phénicie; et même en Inde :
Héracléa chez les Sibes et Palibothra (Patna) sur le
Gange.
A Rome, le culte d'Hercule remonte à la nuit
des temps : Virgile (14)
raconte comment le héros tua le brigand Cacus sur l'Aventin
- une des Sept collines de Rome. En un lieu qui s'appellera désormais
le Forum Boarium (le Marché aux Bufs), entre le
Palatin et l'Aventin, Hercule - avec l'aide d'Evandre -, édifia
un autel où il sacrifia un taureau à Zeus. A cette époque,
Rome n'avait pas encore été fondée. Les sept
collines n'étaient occupées que par quelques rares hameaux
de bergers latins. La seule bourgade digne de ce nom était
Pallantée, sur le Palatin - la colonie d'exilés arcadiens
du roi Evandre.
Ayant tué le roi de ces pâtres, Faunus (et fait, à
sa fille ou à sa veuve, un fils : Latinus), Hercule intervint
dans un certain nombre de coutumes des Latins. Notamment, il abolit
les sacrifices humains en l'honneur de Cronos : tous les ans, à
la pleine lune de mai, deux hommes étaient noyés dans
le Tibre à la hauteur du pont Sublicius. Il les fit remplacer
par des mannequins en jonc, représentant des vieillards, appelés
"les Argiens".
C'est ce roi Evandre
qui, bien des années plus tard, aidera Enée et
les Troyens à vaincre les Etrusques et à fonder
Albe-la-Longue. Alors Enée épousera Lavinia, fille
de Latinus, fondant la lignée dont - quinze générations
plus tard - seront issus Romulus et Rémus.
Le culte d'Hercule ne cessera de prospérer
sur le Forum aux Bufs, à Rome, où le héros
avait édifié le Grand Autel, l'Ara Maxima.
On ne tardera pas à lui élever, en face, un temple
qui sera le premier édifice de ce genre dans la future
Rome : le Temple d'Hercules Victor (plus tard, il aura
encore Hercules Invictus et Hercules Pompeianus).
Son culte est, en fait, le privilège d'une vieille famille
romaine, les Potitii; on considère généralement
qu'il a été introduit dans la région par
les commerçants grecs. Ceux-ci, en effet, partagent avec
le héros la vocation des expéditions lointaines.
Une thèse plus récente, mais qui resterait à
démontrer, voudrait que son culte ait été
introduit par les Phéniciens (lesquels entretenaient
avec les Etrusques des liens si étroits, que les Grecs
les croyaient un seul et même peuple). Remontant le Tibre,
ceux-ci auraient installé leur sanctuaire à Melqart
entre le Palatin et l'Aventin. Les Romains et leurs alliés
grecs ayant refoulé les Etrusques, Melqart aurait alors
été rebaptisé Hercule (déjà
connu des Etrusques comme Herclé).
Ni Homère, ni Hésiode ne citent
les "Douze Travaux" d'Hercule, dont la définition semble
"récente". Les Expéditions vers le lointain Occident
du héros grec seraient-elles décalquées
sur celles du dieu tyrien (voire de Gilgamesh) ? Mais on n'a
pas manqué de rapprocher du sacrifice MLK ["Moloch"]
voué par les Phéniciens à leurs dieux,
l'épisode où Héraclès, frappé
de folie après sa victoire sur Lycos, brûle ses
enfants sur un foyer sacrificiel (15).
(A Corinthe, d'autres épisodes du cycle de Melqart ont
été intégrés aux cultes locaux,
à travers le héros Mélicerte.)
En 312, la famille des Potitii s'éteignit
mystérieusement, et l'Etat romain prit officiellement
en charge le culte d'Hercule qui, de privé, devint public.
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A la mesure des simples mortels
Hercule est un dieu populaire, qui a souffert, mais
qui a aussi - et surtout - combattu l'injustice. Il protège
les voyageurs et les marchands. A Thèbes, où il est
adoré comme Héraclès Mêlon (Héraclès
aux Pommes (16)),
il dispense la pluie. On lui sacrifie des brebis (mêla),
mais il ne dédaigne pas l'offrande des pauvres qui y substituent
des pommes (mêla, synonyme), avec une mèche de
laine pour toison et quatre bâtonnets en guise de pattes. A
Rome, il protège les agriculteurs et leurs produits : les marchands
d'huile le vénèrent comme Hercules Olivarius.
Hercule n'est pas de ces dieux austères, tels Zeus ou Apollon,
que nul, malgré les bonnes fortunes amoureuses qu'on leur prête,
ne s'aviserait de moquer ou ridiculiser.
Alors que sur le mont ta s'embrase son bûcher dans un
tourbillon de flamme, Athéna l'enlève sur son char pour
le conduire dans l'Olympe. Là, devenu un dieu à part
entière - il épouse Hébé, déesse
de la jeunesse - il occupera désormais la fonction de portier
(de concierge, comme qui dirait !). Alexis, un poète d'Alexandrie,
conte comment, devant choisir un livre pour parfaire son éducation,
Héraclès s'était précipité sur
un traité... de cuisine ! Et il faut se rappeler le rabelaisien
portrait qu'ont de lui tracé Epicharme - "un goinfre qui
s'empiffre en claquant des mâchoires" - et, surtout, le
bouffon Aristophane (Guêpes, 60; Paix, 741; Grenouilles,
...). Héraclès est, aussi, la sombre et émouvante
brute de la tragédie classique. Celui qui festoyait bruyamment
chez un hôte en deuil, mais qui n'hésita pas à
affronter à mains nues Thanatos (la Mort) en personne (EURIPIDE,
Alceste). Ou la lamentable loque humaine qu'"à la remorque"
Thésée emmenait à Athènes pour y trouver
l'apaisement (EURIPIDE, Héraclès furieux). Il
est encore le ridicule colosse enchaîné par l'amour,
déguisé en femme et filant la laine aux pieds d'Omphale;
l'amant infatigable qui engrossa en une seule nuit les cinquante filles
de Thespios; l'ignoble sacrilège qui suppliciait les hérauts
ambassadeurs du roi d'Orchomène, coupant nez et oreilles; l'impie
qui, à Delphes, força la Pythie à travailler
pendant le week-end; le sordide assassin d'Iphitos, son hôte
et ami; le prétendant éconduit qui, pour posséder
la belle Iole, n'hésita pas à massacrer ses frères
et père, et incendier sa patrie. Jamais Vittorio Cottafavi
ne rata une occasion de rappeler combien, quand il porta Hercule à
l'écran, il avait présent à l'esprit le Sixième
des Travaux : les Ecuries d'Augias, où, tel un vulgaire valet
d'écurie, le demi-dieu se vit contraint de charrier le fumier
accumulé là depuis des années (17).
Fondateur de villes, exterminateur de brigands et de
monstres - il avait ouvert des voies nouvelles aux marins, asséché
des zones marécageuses ravagées par la malaria (l'Hydre
de Lerne) (les Mycéniens étaient capables d'étonnants
travaux de drainage, tels ceux du lac Copaïs), délivré
sa patrie du joug des Orchoméniens, conduit des expéditions
militaires tant vers le lointain Occident (Géryon) que vers
l'Inde, l'Afrique (les Hespérides) ou le Grenier à
blé de la Grèce, le Pont-Euxin (les Amazones).
Héraclès ne lisait pas que des livres
de cuisine. Le sophiste Prodicos raconte comment, alors qu'adolescent
il gardait les troupeaux paternels sur le Cithéron, il eut
à choisir entre deux chemins que lui montraient deux femmes
superbes : Tryphè (le Plaisir) et Arétè
(la Vertu), et choisit cette dernière. Comme symbole du bien
luttant contre le mal, il fut même "récupéré"
par le christianisme. Et la littérature française, qui
eut toujours un faible pour l'Hercule gaulois, n'a jamais cessé
de nous le montrer en chevalier courtois. Jean Lemaire de Belges,
citant l'autorité de Bérose de Chaldée (18)
(ce Bérose est en réalité un faux, inventé
de toutes pièces au Moyen Age), rapporte comment le grand Hercule
de Lybie (qu'il convient de distinguer du petit Hercule grec, usurpateur
de ses prouesses) est tout à la fois l'ancêtre des Gaulois,
des Francs et des Troyens. Des Gaulois par Galathée, qui lui
donna Galathas; des Troyens par une princesse scythe, Araxa, qui lui
donna Tuscus (éponyme des Toscans, descendants des Troyens);
et des Francs par... Omphale reine de Lydie (!), mère d'Atho
l'Ancien, de qui descend Pépin Prisque, etc.
C'est le privilège des Héros d'être
immortels. Issu de la Nuit des Temps (l'Hercule Egyptien vivait 10.000
ans avant la Guerre de Troie), il brigue la nourricière mamelle
d'Héra et dans le Cosmos trace la Voie Lactée. Héros
pélasge, héros dorien, Hercule a survécu au bimillénaire
de la civilisation grecque, qu'il a jalonnée de ses Douze Travaux.
Récupéré par le christianisme, il traverse le
Moyen Age au fronton des cathédrales, salué par Jean
Lemaire de Belges qui en lui reconnaît "le Grand Hercules de
Lybie", l'ancêtre des Français (19).
Protecteur de peuples, fondateur de cités, destructeur de monstres
et de brigands, amant comblé et néanmoins malheureux
- il inspire la Renaissance, le Siècle des Lumières
(20) et, au XIXe
s., le Romantisme. Il sera un héros privilégié
de la peinture et de l'opéra, avant d'être célébré
par le cinéma et la bande dessinée.
Superhéroïne masquée,
impacts de tirs d'armes modernes : dans les BD américaines,
Hercule abandonne la Grèce antique pour évoluer
dans un présent particulièrement glauque
(Bob Layton [d], "Hercules Princ e of Power, Marvel, octobre
1982) |
BIBLIOGRAPHIE
1. ANTIQUITÉ
- Pierre GRIMAL, Dictionnaire de la Mythologie, P.U.F.,
1951 (rééd. 1969), s.v.
- Robert GRAVES, Les Mythes grecs, Fayard, 1967.
- Georges DUMÉZIL, La Religion romaine archaïque,
Payot, 1974, cf. pp. 433-439.
- Léon LACROIX, "Héraclès, héros voyageur
et civilisateur", Acad. roy. de Belgique, Bull. Lettres,
LX, 2-3, 1974, pp. 34-60, 5 pl.
2. APRÈS L'ANTIQUITÉ
- Jean LEMAIRE DE BELGES (1473-v. 1525), Les Illustrations
de Gaule et singularitez de Troye (publiées par J.
Stecher, Louvain, impr. J. Lefever), Bruxelles, Acad. roy. de
Belgique, 3 vols., 1882.
- Jean SEZNEC, La survivance des dieux antiques (1940),
rééd. Flammarion, 1980, 338 p.
[La mythologie vue par l'Antiquité tardive, le Moyen
Age, la Renaissance.]
- Marc-René JUNG, Hercule dans la littérature
française du XVIe s. - De l'Hercule courtois à l'Hercule
baroque, Genève, Droz, 1966, 220 p.
- J.-B. GAIGNEBET, "Essai sur le cheminement d'Hercule au cours
de l'Histoire de France", Institut historique de Provence, n° 99,
LXXV, 1975.
- rééd. in Maurice PEZET, Le Dieu aux Pommes
d'or, ou Héraklès en Occident (Provence-Languedoc,
Espagne méditerranéenne, Maroc), Seghers, 1978,
230 p.
3. ROMANS HISTORIQUES
- André DUBOIS LA CHARTRE, Journal intime d'Hercule,
éd. Gallimard-NRF, 1957, 343 p.
- Guy RACHET, Les 12 travaux d'Hercule, éd. du Rocher,
1989, 300 p.
Et pour le "fun" :
- Agatha CHRISTIE, Les travaux d'Hercule (The Labours of
Hercules, 1966) (trad. Monique Thies), éd. Lib. des Champs-Elysées,
coll. "Agatha Christie", vol. 15, 1973, pp. 187 à 412.
[Parallèle entre Hercule Poirot, le célèbre
détective belge "une fois", et un illustre devancier du
IVe s. av. n.E. dont les aventures ne seront publiées qu'en
2002 après Jésus-Christ. ("Allô la Patrouille
du Temps ? Colonel Craigh ? Mais qu'est-ce que vous foutez, Bon
Dieu ? - Rien de grave, Bob, juste remettre le fil bleu sur la
borne rouge et le fil rouge sur la borne bl...")]
- Michael BORGIA [= Loup DURAND], Les Jeux d'Hercule
(série : T.N.T.), Fleuve Noir.
[Roman d'espionnage olé-olé, dont l'action
se passe en Albanie aux bienheureux temps du socialisme, quand
on tirait à vue sur les G.O. du Club Med égarés
sur les plages sacrées de la sacrée patrie (je vous
rassure tout de suite, aucun G.O. n'a été fusillé
au cours de cette aventure. Il n'y en a d'ailleurs pas dans le
bouquin et il n'y en a jamais eu. Ni de Club Med non plus).]
- José Carlos SOMOZA, La Caverne des Idées
(La Caverna de las Ideas), Actes Sud, 2002, 348 p.
[Héraclès Pontor, le "déchiffreur d'énigmes"
athénien et aïeul du fils spirituel d'A. Christie,
va apprendre à son détriment qu'ainsi que l'enseignait
fort sagement Platon, il ne faut pas se fier aux apparences de
la raison. Le côté glauque d'Euripide, façon
thriller en péplum !]
"Mickey et les Travaux
d'Hercule", Hachette.
Cette BD dessinée par Pierre Nicolas sur scénario
de Pierre Fallot fut, sous le titre "Avance, Hercule", prépubliée
dans Le Journal de Mickey, nŠs 424-438, de septembre à
octobre 1960
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ANNEXE : LES 12 TRAVAUX
Les Travaux imposés à Hercule par Eurysthée
sont au nombre de douze; néanmoins certains auteurs
affirment qu'Eurysthée n'en avait exigé que dix
: l'Hydre de Lerne (où Hercule s'était fait aider par
Iolaos) et les Ecuries d'Augias (pour lesquelles Hercule avait réclamé
un salaire) étant rayés de la liste.
On divise la geste d'Hercule en trois catégories d'exploits
: les Ergaï ou Travaux proprement dits; les Parergaï
ou travaux secondaires accomplis parallèlement aux Grands Travaux
(21) et, enfin,
les Praxeia ("Exécutions") : les expéditions
punitives qu'il accomplit contre ses ennemis après avoir quitté
le service d'Eurysthée. Ainsi extermina-t-il Augias d'Elis,
Nélée de Pylos et Hippocoon de Sparte. La toute dernière
praxeia fut dirigée contre Eurytos d'chalie, et
fut la cause directe de sa mort et de son apothéose sur le
mont ta.
Les mythographes ne sont pas d'accord sur l'ordre, voir même
l'objet des Douze Travaux (la liste qu'en donne Albricus (22)
est tout-à-fait divergente de celle généralement
prise en considération). En voici la liste, telle que l'a dressée
Apollodore d'Athènes. Dans les colonnes à côté,
nous indiquons la classification selon Diodore et Hyginus.
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APOLLODORE D'ATHÈNES |
DIODORE DE SICILE |
HYGINUS |
Le Lion de Némée |
1 |
1 |
1 |
L'Hydre de Lerne |
2 |
2 |
2 |
La Biche de Cérynithe |
3 |
4 |
4 |
Le Sanglier d'Erymanthe |
4 |
3 |
3 |
Les écuries d'Augias |
5 |
6 |
6 |
Les Oiseaux de Stymphale |
6 |
5 |
5 |
Le Taureau de Crète |
7 |
7 |
7 |
Les Juments de Diomède |
8 |
8 |
8 |
La ceinture d'Hippolyte |
9 |
9 |
9 |
Les Bufs rouges de Géryon |
10 |
10 |
10 |
Les Pommes d'or des Hespérides |
11 |
12 |
11 |
La capture de Cerbère aux Enfers |
12 |
11 |
12 |
Principaux "parergaï"
La série des exploits d'Héraclès varie
considérablement. Diodore de Sicile et Hygin placent les Douze
Travaux dans le même ordre qu'Apollodore, excepté qu'ils
placent tous deux le Quatrième avant le Troisième et
le Sixième avant le Cinquième; et que Diodore place
le Douzième avant le Onzième. Presque tous les mythographes
s'accordent à faire de la mise à mort du lion de Némée
le Premier des Travaux, mais la série, selon Hygin, de Douze
Travaux imposés par Eurysthée (Fables, 30), est
précédée de l'étouffement des serpents.
A un certain endroit, Diodore de Sicile introduit le meurtre d'Antée
et de Busiris dans le Sixième des Travaux (IV, 17-18); à
un autre endroit, dans le Onzième (IV, 27); par ailleurs, certains
auteurs font partir Héraclès avec les Argonautes dans
sa jeunesse (Silius Italicus, I, 5. 12); d'autres situent cette aventure
après le Quatrième de ses Travaux (Apollonios de Rhodes,
I, 122); d'autres encore la situent après le Huitième
(Diodore de Sicile, IV, 15). Mais certains lui font accomplir le Neuvième
(Valérius Flaccus, Argonautiques, V, 91) et le Douzième
(Ibid., II, 382) de ses Travaux et briser les cornes des deux
taureaux (Ibid., I, 36) avant son embarquement avec les Argonautes;
et d'autres disent qu'il ne partit pas du tout, en se fondant sur
le fait qu'il était, à ce moment-là, au service
de la reine Omphale dont il était l'esclave (Hérodote,
cité par Apollodore, I, 9. 19).
Selon Lycophron (v. 1328), Héraclès fut initié
aux Mystères d'Eleusis avant d'entreprendre le Neuvième
de ses Travaux; mais Philochoros (cité par Plutarque, Thésée,
26) dit que Thésée le fit initier pendant qu'il était
en train de l'accomplir (Ibid., 30) et qu'il fut délivré
par lui du Tartare au cours du Douzième de ses Travaux (Apollodore,
II, 5. 12). Selon Pausanias (I, 27. 7), Thésée n'avait
que sept ans lorsque Héraclès vint à Trézène,
revêtu de sa peau de lion; et il débarrassa l'isthme
de ses brigands pendant son voyage à Athènes, au moment
où Héraclès était au service d'Omphale
(Apollodore, II, 6. 3). Euripide estimait qu'Héraclès
avait combattu contre Cycnos, fils d'Arès, avant d'entreprendre
le Huitième de ses Travaux (Alceste, 501 sqq.);
Properce (IV, 19. 41), que c'est après être descendu
au Tartare qu'il tua Cacus; et Ovide (Sur les Fêtes,
V, 388) que Chiron mourut accidentellement alors qu'Héraclès
avait presque achevé ses Travaux, et non pas au cours du Quatrième.
Albricus (22) établit la série des Douze Travaux dans
l'ordre suivant en les accompagnant de commentaires allégoriques
: [1] il défait les Centaures au cours d'un mariage;
[2] il tue le lion; [3] il sauve Alceste du Tartare
et enchaîne Cerbère; [4] il conquiert les pommes
des Hespérides; [5] il détruit l'Hydre; [6]
il lutte avec Achéloos; [7] il tue Cacus; [8]
il obtient les cavales de Diomède; [9] il l'emporte
sur Antée; [10] il capture le sanglier; [11]
il vole le troupeau de Géryon; [12] il supporte le
ciel.
(Robert GRAVES, Les mythes grecs, Fayard, 1967, p. 407)
Suite...
NOTES :
(1) Averne vient
du grec aornos : "sans oiseaux". - Retour
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(2) Dans le mythe
grec Héraclès ne consulte aucune pythonisse pour
se rendre dans le séjour des morts. Qui plus est, dans
la conception grecque, les Enfers sont plutôt un lieu
d'incorruptibilité, en particulier les fleuves infernaux.
C'est plutôt dans la vision chrétienne qu'il est
question d'eaux fangeuses et de flammes éternelles. -
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(3) En grec, téménos
désigne le territoire sacré d'un sanctuaire; chez
Homère, il a également le sens de territoire attribué
par le roi à un guerrier (baron). - Retour
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(4) Héra présidait
aux accouchements à travers sa fille Eilithyie. - Retour
texte
(5) Les cinq Dactyles
(ou "Doigts") étaient les serviteurs de Rhéa.
L'épisode de la fondation des Jeux Olympiques par Héraclès
le Dactyle idéen a été habillement intégré
dans la saga d 'Hercule de Thèbes : le fils d'Alcmène,
parti à la poursuite de la biche de Cérynée,
la traquait jusque chez les Hyperboréens, d'où
il ramenait une nouvelle variété d'oliviers sauvages,
qu'il plantait à Olympie.
Une autre tradition attribuait la fondation des Jeux Olympiques
à un autre héros pélage récupéré
par les Grecs : Jason et ses compagnons, les Argonautes. Jason
(ou Jasion, Jasios, etc.) est un des cinq Cabires (équivalents
des Dactyles, dans d'autres régions de Grèce,
soit, en gros, le pays éolien). Pour avoir aimé
Déméter (Dea Mater) dans une jachère
fraîchement ensemencée, Zeus jaloux le tuait de
son foudre. Jasion était aussi l'initiateur des Mystères
de Samothrace. Aussi le cycle des Argonautes nous montre-t-il
Jason protégé par Héra (au lieu d'être
persécuté comme Héraclès) ce qui
s'explique par le substrat éolien, différent du
dorien.
[Les Eoliens (aiolos, "bigarré") étaient
beaucoup plus "mixés" avec les Pélages que les
Doriens. Chez les Doriens la femme n'était libre que
dans son corps; chez les Eoliens, elles jouissaient d'une grande
liberté intellectuelle (Sapho de Lesbos, la poétesse,
était éolienne); chez les Ioniens, les plus orientalisés
des Grecs, elles n'avaient aucune liberté, physique ou
intellectuelle.] - Retour texte
(6) Cronos est le père
de Zeus, qui le détrôna après lui avoir
tranché les testicules au moyen d'une faucille. - Retour
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(7) HÉRODOTE,
II, 42-44. - Retour texte
(8) DIODORE, III, 73
& 74, 4; cf. aussi I, 17.- Retour
texte
(9) CICÉRON, De
la nature des dieux, III, 16, 42. - Retour
texte
(10) Cicéron
estime également qu'il y eut plusieurs dieux qui portèrent
le nom de Jupiter. - Retour texte
(11) HÉRODOROS
: Frag. 31 F 14 (Jacoby). - Retour texte
(12) Cité par
SERVIUS in VIRG., En., VIII, 564. Si Varron en dénombre
autant, c'était parce que - dit-il -, plusieurs personnages
se sont fait honneur de porter un nom si illustre, ou plutôt
parce qu'Hercule était moins un nom propre qu'un nom
appellatif, donné aux célèbres négociants
qui allaient découvrir de nouveaux pays, et y conduire
des colonies. - Retour texte
(13) En Grèce,
Héraclès fonda Gythion (Laconie); Trachis et Eloné
(Thessalie); Abdère et Périnthe (Thrace), et Thébé
(Mysie). Nous avons emprunté la plupart de ces précisions
géographiques à Léon LACROIX, "Héraclès,
héros voyageur et civilisateur", Bull. Lettres,
IX, 2-3, Acad. Royale de Belgique, 1974. - Retour
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(14) VIRGILE, Enéide,
VIII, 102, 172, 271; TITE LIVE, X, 23, 3. - Retour
texte
(15) Cf. Michel
ÉLOY, "Moloch-le-Brûlant. Un poncif de la barbarie
orientale - De Gustave Flaubert à Jacques Martin", in
Actes du 2e colloque international des paralittératures
(Chaudfontaine, 11-13 novembre 1988), Liège, éd.
C.L.P.C.F., 1993. - Retour texte
(16) Notons au passage
que l'identification des Pommes d'or des Hespérides avec
les oranges est fausse. Ces aurantiacées ne seront introduites
dans le bassin méditerranéen que beaucoup plus
tard, par les Arabes au VIIe s. de n.E. Il ne faut rien voir
d'autre en ces Pommes, qu'un symbole mystique, non de la "mythologie
botanique". - Retour texte
(17) A ce jour, seul
Luigi Cozzi a osé porter cet épisode à
l'écran (Hercules, 1983). Au premier degré,
cet épisode peut sembler ridicule et peu héroïque;
mais Robert Graves, s'appuyant sur Frazer, a expliqué
cet épisode par un rite de mariage, comme il s'en pratiquait
dans l'ancienne société agricole matriarcale (le
mari entre dans la famille de sa femme, et non l'inverse). Bien
que cet épisode, tel qu'il nous a été transmis
par les mythographes grecs, ne mentionne pas de fille d'Augias,
dans le film de Cozzi, Hercule obtient une promesse de mariage
d'Andromède, s'il réussit cette épreuve.
Regrettons un peu son traitement space opera; mais les
aspects peu flatteurs de la saga herculéenne ont toujours
été ainsi "arrangés" par les cinéastes
(p. ex. Iphitos, dans Les Travaux d'Hercule, ou Omphale
dans Hercule et la reine de Lydie; ou encore son homosexualité
soigneusement éludée). - Retour
texte
(18) Jean LEMAIRE DE
BELGES (1473-après 1520), Les Illustrations et singularitez
de Troye (1511-1512), Louvain, impr. J. Lefever (II/2, pp.
261-262). - Retour texte
(19) Cette tradition
médiévale fabriquée de toutes pièces,
exprime le peuple français (descendant des Gaulois),
l'aristocratie française (issue des conquérants
francs), et le génie de la France, héritière
de Rome (les Troyens) - ainsi que le rejet catégorique
par l'Occident catholique du monde grec orthodoxe - de l'Empire
romain d'Orient - de Byzance. - Retour
texte
(20) Cf. e.a.
J.-P. NÉRAUDAU, L'Olympe du Roi-Soleil, Les Belles-Lettres,
coll. "Nouveaux Confluents", 1986, p. 67 sqq. - Retour
texte
(21) Par exemple, il
extermina les Centaures alors qu'il chassait le Sanglier d'Erymanthe;
il défit Antée, puis les Pygmées, porta
le ciel sur ses épaules et tua l'aigle qui torturait
Prométhée pendant la quête des Pommes d'or
des Hespérides; il lutta contre les Ligures, tua les
brigands Cacus, Eryx, etc. en revenant de chez Géryon.
Le Dixième des Travaux est particulièrement riche
en parergaï, car on y a raccroché la collection
à peu près complète des mythes étiologiques
héracléens relatifs à la colonisation grecque
en Occident, de l'Espagne à la mer Adriatique, en passant
par la Gaule, la Sicile, l'Italie méridionale - sans
compter les interpolations romaines (Cacus, etc.). - Retour
texte
(22) Albéric
de Londres, le "Troisième mythographe du Vatican", vécut
au XIIe s. et était chanoine de Saint-Paul. Entre cet
érudit chrétien du moyen âge et l'Antiquité,
il y a eu, bien sûr, discontinuité. Nombre d'auteurs
aujourd'hui parfaitement connus ont dû lui faire défaut.
- Retour texte
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