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[ Les Héros du samedi soir ]

2. Hercule, le Fils de Zeus
(page 2/3)

Hercule : Encyclopédie

 

Nous venons de succinctement examiner l'évolution du personnage d'Hercule sur les grands et petits écrans - y compris avec les dessins animés et la bande dessinée - et sa relation avec le héros du mythe grec de référence.
On a vu que des données ponctuelles (noms de lieux, du tyran etc.) avaient été sérieusement refondues pour obtenir des scénarios acceptables - le cinéma ne demeurant du reste pas imperméable à des influences contemporaines (SF, horreur gothique...) : ainsi la description des Enfers païens, laissent entrevoir des conceptions chrétiennes empruntées à la Divine comédie de Dante). Un peu comme la juxtaposition des données classiques avec la moisson ethnologique avait permis à J.G. Frazer de composer l'étonnant patchwork du Rameau d'Or !

Une chose curieuse à noter est que si l'Héraclès grec consultait volontiers la Pythie de Delphes, à Cinecittà Ercole se rend plus volontiers chez la Sibylle. Celle de Cûmes, évidemment. Car c'est non loin de Naples, dans les Marais Pontins que Virgile et, à sa suite V. Bérard, ont situé l'entrée de l'Hadès grec (l'Averne latin) ainsi que le repaire de la magicienne Circé dont parlait Homère. Marécage putride où bouillonnent des émanations soufrées, l'Averne est un lieu de maléfices que les oiseaux eux-mêmes se gardent de survoler (1).
Cette région de l'Italie réputée pour son activité volcanique, les cinéastes la connaissent bien, et pour cause : c'est à Sabaudia - dans ces Marais Pontins asséchés par Mussolini pour les rendre cultivables - que C. Gallone reconstitua la bataille de Zama (Scipion l'Africain). Et Riccardo Freda y filma, dans la Grotte du Monte Circeo, certains plans de l'épisode mettant en scène un doublet de Circé, la magicienne Gaia (Le Géant de Thessalie).

Les réminiscences de l'Enéide imprégnant le caractère italien de ces films, Hercule descend dans l'Averne (même si le nom d'Hadès est généralement conservé ou conjointement utilisé en même temps que "Averne"), après avoir tel le fils d'Anchise consulté la Sibylle (2). Récemment, lisant L'Etreinte de Némésis de Steven Saylor, où l'on voit l'enquêteur romain Gordien consulter la Sibylle de Cûmes, nous ne pûmes nous empêcher de revoir mentalement les images de cette même Sibylle consultée par Reg Park dans Hercule contre les Vampires. Superbes images de Mario Bava, constellant de paillettes argentées l'affrontement du bleu et du rouge !

 

amours hercule

"Les Amours d'Hercule"
(C.L. Bragaglia, 1960)
Affiche française

Il nous a paru judicieux de compléter le précédent chapitre axé sur le contenu narratif filmique par quelques éléments plus "encyclopédiques" relatifs au personnage antique d'Hercule... ou Héraclès.

***

fan club steve reeves

Fan Club Steve Reeves
(Naro, Agrigento)

 
 

HÉRACLÈS (agonisant sur le mont Œta, victime de la fameuse tunique de Nessus) :

- Mais de quel sang êtes-vous donc, vous ingrats entre tous les Grecs, vous dont je me suis tué à purger, malheureux, les mers et les forets, et dont aucun, quand maintenant je souffre, ne sait user pour moi d'un feu ni d'un fer secourables ?
SOPHOCLE, Les Trachiniennes, 1010 sqq.
(trad. P. Mazon)

Le héros dorien

Au début du premier millénaire av. n.E., jaillissants de leurs barques non-pontées, les Doriens aux épées de fer débarquent sur les rivages occidentaux du Péloponnèse. Lorsqu'ils mettent à sac, les unes après les autres, les orgueilleuses cités maritimes des Achéens - dont Pylos, la ville du vieux Nestor -, personne en Grèce ne doute que les temps sont accomplis et que les Héraclides (les descendants d'Héraclès (Hercule)) sont revenus... "trois générations après la première", revendiquer l'héritage de leur glorieux ancêtre. Le héros sans foyer, l'inlassable aventurier redresseur de torts a en effet été injustement spolié de la royauté de Tirynthe par son pâle et insignifiant cousin Eurysthée.

Derrière l'Achéen Eurysthée se profilait la volonté d'Héra, l'épouse de Zeus, - la toute puissante Déesse-Mère dont les pasteurs-conquérants Hellènes (indo-européens) ont emprunté le culte aux anciens occupants de la Grèce, aux Pélasges constructeurs des villes qu'ils ont soumis.
Eurysthée a persécuté la progéniture d'Héraclès, qui avait près de cent fils. Réfugié en Attique sous la protection des fils de Thésée, l'aîné, Hyllos, a dû arroser l'autel du sang de sa sœur Macaïra, consentante victime. Ainsi les Héraclides et leurs alliés athéniens ont triomphé des Argiens. Au terme d'un duel, Hyllos a vaincu son oncle Eurysthée et l'a décapité. Et inhumé son corps à Eleusis et sa tête à Marathon, c'est-à-dire les deux voies d'accès de l'Attique. Désormais son spectre maléfique gardera Athènes contre les armées d'invasion. De fait, les Doriens limiteront leurs conquêtes au Péloponnèse. Après avoir, par méprise, tué Codros, dernier roi d'Athènes, conformément à l'oracle, les fils de Doros renonceront à envahir l'Attique.

A l'Etolien Oxylos, allié et guide des Héraclides, échut l'Elide; pour avoir reçu amicalement les envahisseurs, les Arcadiens conserveront leur territoire. Les arrière-petits-fils d'Hyllos se partageront alors le restant du Péloponnèse : la Messénie pour Cresphontès, le tueur; l'Argolide (domaine des anciens suzerains : les Perséides de Tirynthe et les Atrides de Mycènes) à Téménos (3); la Laconie pour Aristodème, "le Meilleur peuple". "Le Meilleur peuple" ? Il s'agit des Spartiates, une aristocratie guerrière qui va réduire dans un servage féroce ceux des anciens occupants du pays qui lui résisteront (les Hilotes) et en "citoyens de seconde classe" ceux qui se soumettront (les Périèques). Plus tard, Sparte annexera la Messénie, où prédominait l'élément non-dorien. Au centre du Péloponnèse, les montagnes d'Arcadie avaient accueilli tous ceux des Pélasges qui fuyaient les Achéens. Fuyant les Doriens à leur tour, de nombreux Achéens se regrouperont dans le nord-ouest de la presqu'île : en Achaïe. Le mythe rend bien le nouveau profil politique du Péloponnèse post-mycénien dont le centre de gravité se déplace vers le sud : Sparte - Sparte la Guerrière - désormais va en arbitrer la Confédération, pour le plus vif dépit des Argiens. De là, les Doriens essaimeront en Crète, à Rhodes, en Asie Mineure, en Libye, en Italie méridionale (Tarente) et en Sicile.

A Sparte régneront conjointement deux familles royales héraclides, issues des fils d'Aristodème, Proclès et Eurysthénès : les Proclides (ou Eurypontides) et les Eurysthénides (ou Agides). Le fameux héros des Thermopyles, Léonidas, était un Proclide. Ce type de royauté dioscurique (un Roi gouverne pendant que l'autre guerroie), caractéristique d'un peuple semi-nomade, semble spécifiquement indo-européen, et trouve son équivalent, par exemple, dans les deux consuls de la République romaine.

Le serviteur d'Héra

Symbole de la force physique, Héraclès est donc particulièrement honoré des Doriens, lesquels ont donné leur nom à ce que l'architecture antique a créé de plus beau, de plus pur, de plus sobre : l'ordre dorique, "l'ordre grec par excellence" comme l'écrivait François Cali.

Faut-il, conséquemment, voir en Hercule un personnage - mythique ou historique - spécifiquement indo-européen ? Assurément, non. Nous avons vu qu'il était antérieur aux Grecs doriens, et sans doute était-il plus ancien encore que les premiers occupants de langue grecque, les Achéens. Héritier légitime de Persée roi d'Argolide, il s'était vu ravir son droit d'aînesse indiscutable par la naissance prématurée d'Eurysthée. Héra, la Reine des Dieux (4), déesse tutélaire d'Argos-la-Pélasge, l'avait ainsi voulu.
Par jalousie envers un bâtard de son infidèle époux Zeus, comme on l'admet communément ? De la part de la déesse de la fécondité, cela surprend !
Ne serait-ce pas plutôt pour que "Gloire à Héra" (Héra-kléos), comme se nommera désormais le jeune Alcée lorsqu'il prendra son service, soit son champion ?

L'image d'Héraclès ne concorde pas avec l'idéal classique du guerrier grec, qui combat armé en hoplite avec la lance et l'épée, le bouclier et l'armure. Il est - comme l'Ulysse de l'Odyssée - un vagabond, couvert d'une dépouille de fauve, qui manie l'arc et la massue. Les armes des corps francs, des milices populaires que les barons mycéniens laissaient accompagner leurs formations régulières et bien encadrées de "professionnels".
Il y a, en fait, à peu près autant d'Héraclès différents qu'il y aura d'étapes dans la civilisation grecque deux fois millénaire, conjuguées par autant de peuples grecs et de circonstances politiques - mais nous y arrivons...

Bien avant que les Hellènes n'introduisent en Grèce la religion de l'Olympe, les "Cyclopes" bâtissaient des forteresses comme Mycènes. C'étaient les temps où les "Titans" se distribuaient le panthéon divin. C'était avant le règne de Zeus. Alors déjà, Héraclès - Héraclès, le Dactyle Crétois (5) - avait institué des Jeux sacrés sur le mont Cronion à Olympie. Le mont Cronion était consacré au vieux dieu Cronos (6), le roi des Titans et l'époux de Rhéa, la Déesse-Mère (pas un hasard si Rhéa est l'anagramme d'Héra)...
Avec la conquête de l'Elide par les Doriens, ces Jeux passent sous la tutelle des dieux olympiens : Zeus et Héra (fils et fille de Cronos et Rhéa) et deviennent les Jeux olympiques. Mais longtemps encore le temple d'Héra restera le principal sanctuaire d'Olympie - on n'évacue pas "ainsi" une divinité -, et il faudra attendre le Ve s. pour voir un temple de Zeus éclipser par ses dimensions et sa majesté l'antique Héraion.

hercule tarot

Relié aux mythes astraux (à chacun de ses travaux correspond un signe du zodiaque), le cycle d'Hercule est chargé de connotations ésotériques. Il intervient dans plusieurs lames du Tarot de Mademoiselle Lenormand [fin XVIIIe-début XIXe s.]
(Grimaud Cartomancie éd. 1977)

 

Plusieurs Hercule

On ne prête qu'aux riches. Héraclès - écrira Robert Graves - est "une patère sur laquelle on a accroché un grand nombre de mythes contradictoires et mêlés" (R.G., Mythes grecs, 118 : 2).
Déjà Hérodote (7) distinguait deux Hercule (le Grec et le Tyrien (Melqart)); Diodore (8) en comptait trois (le Grec, le Dactyle Crétois et l'Egyptien Som (Khonsou) qui vivait 10.000 ans avant la guerre de Troie, conquit une grande partie de l'Afrique, et érigea une colonne); Cicéron (9) en dénombrait six :

... le plus ancien est le fils de Lysitè et du plus ancien de tous les Jupiter (10); il se battit contre Apollon, parce que la prêtresse avait refusé de répondre, et dans sa colère, mit en pièces le trépied sacré;
- le second est l'Egyptien, cru fils du Nil;
- le troisième est un des Dactyles de l'Ida;
- le quatrième, fils de Jupiter et d'Astérie, sœur de Latone, est honoré par les Tyriens, qui prétendent que Carthage est sa fille;
- le cinquième, nommé Bel est adoré dans les Indes;
- le sixième est le nôtre, fils d'Alcmène et de Jupiter troisième.

Hérodoros (11) en recensait sept et, enfin, Varron (12)... quarante-quatre. Nul doute qu'un tel personnage drainait dans ses veines mythologémiques tous les sangs, toutes les traditions de la Méditerranée. Au IIIe s. de n.E., Lucien de Samosate signalait de sensibles ressemblances entre Héraclès et le dieu gaulois Ogmios; cela surprendrait-il, lorsqu'on se souvient que, de retour du Xe des Travaux, Héraclès promena les bœufs rouges de Géryon à travers toute la Provence, fondant même quelques établissements ? Et n'omettons pas le sumérien Gilgamesh, l'égyptien Khonsou, le cilicien Sandon, le phénicien Melqart, etc. En Grèce (13) comme aux quatre coins du monde antique, des villes se flattaient d'avoir été fondées par lui : Solous et Motyé, en Sicile; Bauli, Livourne (Hercules Liburni Portus), Pompéi, Herculanum et Crotone, en Italie; Alésia, en Gaule; Monaco (Hercules Monœci Portus), en Ligurie; Sagonte et, peut-être, Gadès, en Espagne; Hécatompyle (Capsa), en Libye; Kios, en Propontide; Nicée, en Bithynie; Héraclée et Callatis, dans le Pont; Nacoléia, en Phrygie; Daphné, en Syrie; Aké, en Phénicie; et même en Inde : Héracléa chez les Sibes et Palibothra (Patna) sur le Gange.


Hercule, à Rome

A Rome, le culte d'Hercule remonte à la nuit des temps : Virgile (14) raconte comment le héros tua le brigand Cacus sur l'Aventin - une des Sept collines de Rome. En un lieu qui s'appellera désormais le Forum Boarium (le Marché aux Bœufs), entre le Palatin et l'Aventin, Hercule - avec l'aide d'Evandre -, édifia un autel où il sacrifia un taureau à Zeus. A cette époque, Rome n'avait pas encore été fondée. Les sept collines n'étaient occupées que par quelques rares hameaux de bergers latins. La seule bourgade digne de ce nom était Pallantée, sur le Palatin - la colonie d'exilés arcadiens du roi Evandre.
Ayant tué le roi de ces pâtres, Faunus (et fait, à sa fille ou à sa veuve, un fils : Latinus), Hercule intervint dans un certain nombre de coutumes des Latins. Notamment, il abolit les sacrifices humains en l'honneur de Cronos : tous les ans, à la pleine lune de mai, deux hommes étaient noyés dans le Tibre à la hauteur du pont Sublicius. Il les fit remplacer par des mannequins en jonc, représentant des vieillards, appelés "les Argiens".

C'est ce roi Evandre qui, bien des années plus tard, aidera Enée et les Troyens à vaincre les Etrusques et à fonder Albe-la-Longue. Alors Enée épousera Lavinia, fille de Latinus, fondant la lignée dont - quinze générations plus tard - seront issus Romulus et Rémus.

Le culte d'Hercule ne cessera de prospérer sur le Forum aux Bœufs, à Rome, où le héros avait édifié le Grand Autel, l'Ara Maxima. On ne tardera pas à lui élever, en face, un temple qui sera le premier édifice de ce genre dans la future Rome : le Temple d'Hercules Victor (plus tard, il aura encore Hercules Invictus et Hercules Pompeianus). Son culte est, en fait, le privilège d'une vieille famille romaine, les Potitii; on considère généralement qu'il a été introduit dans la région par les commerçants grecs. Ceux-ci, en effet, partagent avec le héros la vocation des expéditions lointaines. Une thèse plus récente, mais qui resterait à démontrer, voudrait que son culte ait été introduit par les Phéniciens (lesquels entretenaient avec les Etrusques des liens si étroits, que les Grecs les croyaient un seul et même peuple). Remontant le Tibre, ceux-ci auraient installé leur sanctuaire à Melqart entre le Palatin et l'Aventin. Les Romains et leurs alliés grecs ayant refoulé les Etrusques, Melqart aurait alors été rebaptisé Hercule (déjà connu des Etrusques comme Herclé).

Ni Homère, ni Hésiode ne citent les "Douze Travaux" d'Hercule, dont la définition semble "récente". Les Expéditions vers le lointain Occident du héros grec seraient-elles décalquées sur celles du dieu tyrien (voire de Gilgamesh) ? Mais on n'a pas manqué de rapprocher du sacrifice MLK ["Moloch"] voué par les Phéniciens à leurs dieux, l'épisode où Héraclès, frappé de folie après sa victoire sur Lycos, brûle ses enfants sur un foyer sacrificiel (15). (A Corinthe, d'autres épisodes du cycle de Melqart ont été intégrés aux cultes locaux, à travers le héros Mélicerte.)

En 312, la famille des Potitii s'éteignit mystérieusement, et l'Etat romain prit officiellement en charge le culte d'Hercule qui, de privé, devint public.

hercule vs Moloch

Hercule contre Moloch
(Giorgio Ferroni, 1963)


A la mesure des simples mortels

Hercule est un dieu populaire, qui a souffert, mais qui a aussi - et surtout - combattu l'injustice. Il protège les voyageurs et les marchands. A Thèbes, où il est adoré comme Héraclès Mêlon (Héraclès aux Pommes (16)), il dispense la pluie. On lui sacrifie des brebis (mêla), mais il ne dédaigne pas l'offrande des pauvres qui y substituent des pommes (mêla, synonyme), avec une mèche de laine pour toison et quatre bâtonnets en guise de pattes. A Rome, il protège les agriculteurs et leurs produits : les marchands d'huile le vénèrent comme Hercules Olivarius. Hercule n'est pas de ces dieux austères, tels Zeus ou Apollon, que nul, malgré les bonnes fortunes amoureuses qu'on leur prête, ne s'aviserait de moquer ou ridiculiser.
Alors que sur le mont Œta s'embrase son bûcher dans un tourbillon de flamme, Athéna l'enlève sur son char pour le conduire dans l'Olympe. Là, devenu un dieu à part entière - il épouse Hébé, déesse de la jeunesse - il occupera désormais la fonction de portier (de concierge, comme qui dirait !). Alexis, un poète d'Alexandrie, conte comment, devant choisir un livre pour parfaire son éducation, Héraclès s'était précipité sur un traité... de cuisine ! Et il faut se rappeler le rabelaisien portrait qu'ont de lui tracé Epicharme - "un goinfre qui s'empiffre en claquant des mâchoires" - et, surtout, le bouffon Aristophane (Guêpes, 60; Paix, 741; Grenouilles, ...). Héraclès est, aussi, la sombre et émouvante brute de la tragédie classique. Celui qui festoyait bruyamment chez un hôte en deuil, mais qui n'hésita pas à affronter à mains nues Thanatos (la Mort) en personne (EURIPIDE, Alceste). Ou la lamentable loque humaine qu'"à la remorque" Thésée emmenait à Athènes pour y trouver l'apaisement (EURIPIDE, Héraclès furieux). Il est encore le ridicule colosse enchaîné par l'amour, déguisé en femme et filant la laine aux pieds d'Omphale; l'amant infatigable qui engrossa en une seule nuit les cinquante filles de Thespios; l'ignoble sacrilège qui suppliciait les hérauts ambassadeurs du roi d'Orchomène, coupant nez et oreilles; l'impie qui, à Delphes, força la Pythie à travailler pendant le week-end; le sordide assassin d'Iphitos, son hôte et ami; le prétendant éconduit qui, pour posséder la belle Iole, n'hésita pas à massacrer ses frères et père, et incendier sa patrie. Jamais Vittorio Cottafavi ne rata une occasion de rappeler combien, quand il porta Hercule à l'écran, il avait présent à l'esprit le Sixième des Travaux : les Ecuries d'Augias, où, tel un vulgaire valet d'écurie, le demi-dieu se vit contraint de charrier le fumier accumulé là depuis des années (17).

Fondateur de villes, exterminateur de brigands et de monstres - il avait ouvert des voies nouvelles aux marins, asséché des zones marécageuses ravagées par la malaria (l'Hydre de Lerne) (les Mycéniens étaient capables d'étonnants travaux de drainage, tels ceux du lac Copaïs), délivré sa patrie du joug des Orchoméniens, conduit des expéditions militaires tant vers le lointain Occident (Géryon) que vers l'Inde, l'Afrique (les Hespérides) ou le Grenier à blé de la Grèce, le Pont-Euxin (les Amazones).

Héraclès ne lisait pas que des livres de cuisine. Le sophiste Prodicos raconte comment, alors qu'adolescent il gardait les troupeaux paternels sur le Cithéron, il eut à choisir entre deux chemins que lui montraient deux femmes superbes : Tryphè (le Plaisir) et Arétè (la Vertu), et choisit cette dernière. Comme symbole du bien luttant contre le mal, il fut même "récupéré" par le christianisme. Et la littérature française, qui eut toujours un faible pour l'Hercule gaulois, n'a jamais cessé de nous le montrer en chevalier courtois. Jean Lemaire de Belges, citant l'autorité de Bérose de Chaldée (18) (ce Bérose est en réalité un faux, inventé de toutes pièces au Moyen Age), rapporte comment le grand Hercule de Lybie (qu'il convient de distinguer du petit Hercule grec, usurpateur de ses prouesses) est tout à la fois l'ancêtre des Gaulois, des Francs et des Troyens. Des Gaulois par Galathée, qui lui donna Galathas; des Troyens par une princesse scythe, Araxa, qui lui donna Tuscus (éponyme des Toscans, descendants des Troyens); et des Francs par... Omphale reine de Lydie (!), mère d'Atho l'Ancien, de qui descend Pépin Prisque, etc.

C'est le privilège des Héros d'être immortels. Issu de la Nuit des Temps (l'Hercule Egyptien vivait 10.000 ans avant la Guerre de Troie), il brigue la nourricière mamelle d'Héra et dans le Cosmos trace la Voie Lactée. Héros pélasge, héros dorien, Hercule a survécu au bimillénaire de la civilisation grecque, qu'il a jalonnée de ses Douze Travaux. Récupéré par le christianisme, il traverse le Moyen Age au fronton des cathédrales, salué par Jean Lemaire de Belges qui en lui reconnaît "le Grand Hercules de Lybie", l'ancêtre des Français (19). Protecteur de peuples, fondateur de cités, destructeur de monstres et de brigands, amant comblé et néanmoins malheureux - il inspire la Renaissance, le Siècle des Lumières (20) et, au XIXe s., le Romantisme. Il sera un héros privilégié de la peinture et de l'opéra, avant d'être célébré par le cinéma et la bande dessinée.

hercule comics

Superhéroïne masquée, impacts de tirs d'armes modernes : dans les BD américaines, Hercule abandonne la Grèce antique pour évoluer dans un présent particulièrement glauque
(Bob Layton [d], "Hercules Princ e of Power, Marvel, octobre 1982)

 

BIBLIOGRAPHIE

 1. ANTIQUITÉ

  • Pierre GRIMAL, Dictionnaire de la Mythologie, P.U.F., 1951 (rééd. 1969), s.v.
  • Robert GRAVES, Les Mythes grecs, Fayard, 1967.
  • Georges DUMÉZIL, La Religion romaine archaïque, Payot, 1974, cf. pp. 433-439.
  • Léon LACROIX, "Héraclès, héros voyageur et civilisateur", Acad. roy. de Belgique, Bull. Lettres, LX, 2-3, 1974, pp. 34-60, 5 pl.

2. APRÈS L'ANTIQUITÉ

  • Jean LEMAIRE DE BELGES (1473-v. 1525), Les Illustrations de Gaule et singularitez de Troye (publiées par J. Stecher, Louvain, impr. J. Lefever), Bruxelles, Acad. roy. de Belgique, 3 vols., 1882.
  • Jean SEZNEC, La survivance des dieux antiques (1940), rééd. Flammarion, 1980, 338 p.
    [La mythologie vue par l'Antiquité tardive, le Moyen Age, la Renaissance.]
  • Marc-René JUNG, Hercule dans la littérature française du XVIe s. - De l'Hercule courtois à l'Hercule baroque, Genève, Droz, 1966, 220 p.
  • J.-B. GAIGNEBET, "Essai sur le cheminement d'Hercule au cours de l'Histoire de France", Institut historique de Provence, n° 99, LXXV, 1975.
    - rééd. in Maurice PEZET, Le Dieu aux Pommes d'or, ou Héraklès en Occident (Provence-Languedoc, Espagne méditerranéenne, Maroc), Seghers, 1978, 230 p.

3. ROMANS HISTORIQUES

  • André DUBOIS LA CHARTRE, Journal intime d'Hercule, éd. Gallimard-NRF, 1957, 343 p.
  • Guy RACHET, Les 12 travaux d'Hercule, éd. du Rocher, 1989, 300 p.

Et pour le "fun" :

  • Agatha CHRISTIE, Les travaux d'Hercule (The Labours of Hercules, 1966) (trad. Monique Thies), éd. Lib. des Champs-Elysées, coll. "Agatha Christie", vol. 15, 1973, pp. 187 à 412.
    [Parallèle entre Hercule Poirot, le célèbre détective belge "une fois", et un illustre devancier du IVe s. av. n.E. dont les aventures ne seront publiées qu'en 2002 après Jésus-Christ. ("Allô la Patrouille du Temps ? Colonel Craigh ? Mais qu'est-ce que vous foutez, Bon Dieu ? - Rien de grave, Bob, juste remettre le fil bleu sur la borne rouge et le fil rouge sur la borne bl...")]
  • Michael BORGIA [= Loup DURAND], Les Jeux d'Hercule (série : T.N.T.), Fleuve Noir.
    [Roman d'espionnage olé-olé, dont l'action se passe en Albanie aux bienheureux temps du socialisme, quand on tirait à vue sur les G.O. du Club Med égarés sur les plages sacrées de la sacrée patrie (je vous rassure tout de suite, aucun G.O. n'a été fusillé au cours de cette aventure. Il n'y en a d'ailleurs pas dans le bouquin et il n'y en a jamais eu. Ni de Club Med non plus).]
  • José Carlos SOMOZA, La Caverne des Idées (La Caverna de las Ideas), Actes Sud, 2002, 348 p.
    [Héraclès Pontor, le "déchiffreur d'énigmes" athénien et aïeul du fils spirituel d'A. Christie, va apprendre à son détriment qu'ainsi que l'enseignait fort sagement Platon, il ne faut pas se fier aux apparences de la raison. Le côté glauque d'Euripide, façon thriller en péplum !]

hercule mickey

"Mickey et les Travaux d'Hercule", Hachette.
Cette BD dessinée par Pierre Nicolas sur scénario de Pierre Fallot fut, sous le titre "Avance, Hercule", prépubliée dans Le Journal de Mickey, nŠs 424-438, de septembre à octobre 1960

 

ANNEXE : LES 12 TRAVAUX

Les Travaux imposés à Hercule par Eurysthée sont au nombre de douze; néanmoins certains auteurs affirment qu'Eurysthée n'en avait exigé que dix : l'Hydre de Lerne (où Hercule s'était fait aider par Iolaos) et les Ecuries d'Augias (pour lesquelles Hercule avait réclamé un salaire) étant rayés de la liste.
On divise la geste d'Hercule en trois catégories d'exploits : les Ergaï ou Travaux proprement dits; les Parergaï ou travaux secondaires accomplis parallèlement aux Grands Travaux (21) et, enfin, les Praxeia ("Exécutions") : les expéditions punitives qu'il accomplit contre ses ennemis après avoir quitté le service d'Eurysthée. Ainsi extermina-t-il Augias d'Elis, Nélée de Pylos et Hippocoon de Sparte. La toute dernière praxeia fut dirigée contre Eurytos d'Œchalie, et fut la cause directe de sa mort et de son apothéose sur le mont Œta.
Les mythographes ne sont pas d'accord sur l'ordre, voir même l'objet des Douze Travaux (la liste qu'en donne Albricus (22) est tout-à-fait divergente de celle généralement prise en considération). En voici la liste, telle que l'a dressée Apollodore d'Athènes. Dans les colonnes à côté, nous indiquons la classification selon Diodore et Hyginus.

 

APOLLODORE D'ATHÈNES
DIODORE DE SICILE
HYGINUS

Le Lion de Némée

1
1
1

L'Hydre de Lerne

2
2
2

La Biche de Cérynithe

3
4
4

Le Sanglier d'Erymanthe

4
3
3

Les écuries d'Augias

5
6
6

Les Oiseaux de Stymphale

6
5
5

Le Taureau de Crète

7
7
7

Les Juments de Diomède

8
8
8

La ceinture d'Hippolyte

9
9
9

Les Bœufs rouges de Géryon

10
10
10

Les Pommes d'or des Hespérides

11
12
11

La capture de Cerbère aux Enfers

12
11
12

 Principaux "parergaï"
La série des exploits d'Héraclès varie considérablement. Diodore de Sicile et Hygin placent les Douze Travaux dans le même ordre qu'Apollodore, excepté qu'ils placent tous deux le Quatrième avant le Troisième et le Sixième avant le Cinquième; et que Diodore place le Douzième avant le Onzième. Presque tous les mythographes s'accordent à faire de la mise à mort du lion de Némée le Premier des Travaux, mais la série, selon Hygin, de Douze Travaux imposés par Eurysthée (Fables, 30), est précédée de l'étouffement des serpents. A un certain endroit, Diodore de Sicile introduit le meurtre d'Antée et de Busiris dans le Sixième des Travaux (IV, 17-18); à un autre endroit, dans le Onzième (IV, 27); par ailleurs, certains auteurs font partir Héraclès avec les Argonautes dans sa jeunesse (Silius Italicus, I, 5. 12); d'autres situent cette aventure après le Quatrième de ses Travaux (Apollonios de Rhodes, I, 122); d'autres encore la situent après le Huitième (Diodore de Sicile, IV, 15). Mais certains lui font accomplir le Neuvième (Valérius Flaccus, Argonautiques, V, 91) et le Douzième (Ibid., II, 382) de ses Travaux et briser les cornes des deux taureaux (Ibid., I, 36) avant son embarquement avec les Argonautes; et d'autres disent qu'il ne partit pas du tout, en se fondant sur le fait qu'il était, à ce moment-là, au service de la reine Omphale dont il était l'esclave (Hérodote, cité par Apollodore, I, 9. 19).
Selon Lycophron (v. 1328), Héraclès fut initié aux Mystères d'Eleusis avant d'entreprendre le Neuvième de ses Travaux; mais Philochoros (cité par Plutarque,
Thésée, 26) dit que Thésée le fit initier pendant qu'il était en train de l'accomplir (Ibid., 30) et qu'il fut délivré par lui du Tartare au cours du Douzième de ses Travaux (Apollodore, II, 5. 12). Selon Pausanias (I, 27. 7), Thésée n'avait que sept ans lorsque Héraclès vint à Trézène, revêtu de sa peau de lion; et il débarrassa l'isthme de ses brigands pendant son voyage à Athènes, au moment où Héraclès était au service d'Omphale (Apollodore, II, 6. 3). Euripide estimait qu'Héraclès avait combattu contre Cycnos, fils d'Arès, avant d'entreprendre le Huitième de ses Travaux (Alceste, 501 sqq.); Properce (IV, 19. 41), que c'est après être descendu au Tartare qu'il tua Cacus; et Ovide (Sur les Fêtes, V, 388) que Chiron mourut accidentellement alors qu'Héraclès avait presque achevé ses Travaux, et non pas au cours du Quatrième.
Albricus (22) établit la série des Douze Travaux dans l'ordre suivant en les accompagnant de commentaires allégoriques : [1] il défait les Centaures au cours d'un mariage; [2] il tue le lion; [3] il sauve Alceste du Tartare et enchaîne Cerbère; [4] il conquiert les pommes des Hespérides; [5] il détruit l'Hydre; [6] il lutte avec Achéloos; [7] il tue Cacus; [8] il obtient les cavales de Diomède; [9] il l'emporte sur Antée; [10] il capture le sanglier; [11] il vole le troupeau de Géryon; [12] il supporte le ciel.
(Robert GRAVES, Les mythes grecs, Fayard, 1967, p. 407)

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NOTES :

(1) Averne vient du grec aornos : "sans oiseaux". - Retour texte

(2) Dans le mythe grec Héraclès ne consulte aucune pythonisse pour se rendre dans le séjour des morts. Qui plus est, dans la conception grecque, les Enfers sont plutôt un lieu d'incorruptibilité, en particulier les fleuves infernaux. C'est plutôt dans la vision chrétienne qu'il est question d'eaux fangeuses et de flammes éternelles. - Retour texte

(3) En grec, téménos désigne le territoire sacré d'un sanctuaire; chez Homère, il a également le sens de territoire attribué par le roi à un guerrier (baron). - Retour texte

(4) Héra présidait aux accouchements à travers sa fille Eilithyie. - Retour texte

(5) Les cinq Dactyles (ou "Doigts") étaient les serviteurs de Rhéa. L'épisode de la fondation des Jeux Olympiques par Héraclès le Dactyle idéen a été habillement intégré dans la saga d 'Hercule de Thèbes : le fils d'Alcmène, parti à la poursuite de la biche de Cérynée, la traquait jusque chez les Hyperboréens, d'où il ramenait une nouvelle variété d'oliviers sauvages, qu'il plantait à Olympie.
Une autre tradition attribuait la fondation des Jeux Olympiques à un autre héros pélage récupéré par les Grecs : Jason et ses compagnons, les Argonautes. Jason (ou Jasion, Jasios, etc.) est un des cinq Cabires (équivalents des Dactyles, dans d'autres régions de Grèce, soit, en gros, le pays éolien). Pour avoir aimé Déméter (Dea Mater) dans une jachère fraîchement ensemencée, Zeus jaloux le tuait de son foudre. Jasion était aussi l'initiateur des Mystères de Samothrace. Aussi le cycle des Argonautes nous montre-t-il Jason protégé par Héra (au lieu d'être persécuté comme Héraclès) ce qui s'explique par le substrat éolien, différent du dorien.
[Les Eoliens (aiolos, "bigarré") étaient beaucoup plus "mixés" avec les Pélages que les Doriens. Chez les Doriens la femme n'était libre que dans son corps; chez les Eoliens, elles jouissaient d'une grande liberté intellectuelle (Sapho de Lesbos, la poétesse, était éolienne); chez les Ioniens, les plus orientalisés des Grecs, elles n'avaient aucune liberté, physique ou intellectuelle.] - Retour texte

(6) Cronos est le père de Zeus, qui le détrôna après lui avoir tranché les testicules au moyen d'une faucille. - Retour texte

(7) HÉRODOTE, II, 42-44. - Retour texte

(8) DIODORE, III, 73 & 74, 4; cf. aussi I, 17.- Retour texte

(9) CICÉRON, De la nature des dieux, III, 16, 42. - Retour texte

(10) Cicéron estime également qu'il y eut plusieurs dieux qui portèrent le nom de Jupiter. - Retour texte

(11) HÉRODOROS : Frag. 31 F 14 (Jacoby). - Retour texte

(12) Cité par SERVIUS in VIRG., En., VIII, 564. Si Varron en dénombre autant, c'était parce que - dit-il -, plusieurs personnages se sont fait honneur de porter un nom si illustre, ou plutôt parce qu'Hercule était moins un nom propre qu'un nom appellatif, donné aux célèbres négociants qui allaient découvrir de nouveaux pays, et y conduire des colonies. - Retour texte

(13) En Grèce, Héraclès fonda Gythion (Laconie); Trachis et Eloné (Thessalie); Abdère et Périnthe (Thrace), et Thébé (Mysie). Nous avons emprunté la plupart de ces précisions géographiques à Léon LACROIX, "Héraclès, héros voyageur et civilisateur", Bull. Lettres, IX, 2-3, Acad. Royale de Belgique, 1974. - Retour texte

(14) VIRGILE, Enéide, VIII, 102, 172, 271; TITE LIVE, X, 23, 3. - Retour texte

(15) Cf. Michel ÉLOY, "Moloch-le-Brûlant. Un poncif de la barbarie orientale - De Gustave Flaubert à Jacques Martin", in Actes du 2e colloque international des paralittératures (Chaudfontaine, 11-13 novembre 1988), Liège, éd. C.L.P.C.F., 1993. - Retour texte

(16) Notons au passage que l'identification des Pommes d'or des Hespérides avec les oranges est fausse. Ces aurantiacées ne seront introduites dans le bassin méditerranéen que beaucoup plus tard, par les Arabes au VIIe s. de n.E. Il ne faut rien voir d'autre en ces Pommes, qu'un symbole mystique, non de la "mythologie botanique". - Retour texte

(17) A ce jour, seul Luigi Cozzi a osé porter cet épisode à l'écran (Hercules, 1983). Au premier degré, cet épisode peut sembler ridicule et peu héroïque; mais Robert Graves, s'appuyant sur Frazer, a expliqué cet épisode par un rite de mariage, comme il s'en pratiquait dans l'ancienne société agricole matriarcale (le mari entre dans la famille de sa femme, et non l'inverse). Bien que cet épisode, tel qu'il nous a été transmis par les mythographes grecs, ne mentionne pas de fille d'Augias, dans le film de Cozzi, Hercule obtient une promesse de mariage d'Andromède, s'il réussit cette épreuve. Regrettons un peu son traitement space opera; mais les aspects peu flatteurs de la saga herculéenne ont toujours été ainsi "arrangés" par les cinéastes (p. ex. Iphitos, dans Les Travaux d'Hercule, ou Omphale dans Hercule et la reine de Lydie; ou encore son homosexualité soigneusement éludée). - Retour texte

(18) Jean LEMAIRE DE BELGES (1473-après 1520), Les Illustrations et singularitez de Troye (1511-1512), Louvain, impr. J. Lefever (II/2, pp. 261-262). - Retour texte

(19) Cette tradition médiévale fabriquée de toutes pièces, exprime le peuple français (descendant des Gaulois), l'aristocratie française (issue des conquérants francs), et le génie de la France, héritière de Rome (les Troyens) - ainsi que le rejet catégorique par l'Occident catholique du monde grec orthodoxe - de l'Empire romain d'Orient - de Byzance. - Retour texte

(20) Cf. e.a. J.-P. NÉRAUDAU, L'Olympe du Roi-Soleil, Les Belles-Lettres, coll. "Nouveaux Confluents", 1986, p. 67 sqq. - Retour texte

(21) Par exemple, il extermina les Centaures alors qu'il chassait le Sanglier d'Erymanthe; il défit Antée, puis les Pygmées, porta le ciel sur ses épaules et tua l'aigle qui torturait Prométhée pendant la quête des Pommes d'or des Hespérides; il lutta contre les Ligures, tua les brigands Cacus, Eryx, etc. en revenant de chez Géryon. Le Dixième des Travaux est particulièrement riche en parergaï, car on y a raccroché la collection à peu près complète des mythes étiologiques héracléens relatifs à la colonisation grecque en Occident, de l'Espagne à la mer Adriatique, en passant par la Gaule, la Sicile, l'Italie méridionale - sans compter les interpolations romaines (Cacus, etc.). - Retour texte

(22) Albéric de Londres, le "Troisième mythographe du Vatican", vécut au XIIe s. et était chanoine de Saint-Paul. Entre cet érudit chrétien du moyen âge et l'Antiquité, il y a eu, bien sûr, discontinuité. Nombre d'auteurs aujourd'hui parfaitement connus ont dû lui faire défaut. - Retour texte