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[ Les Héros du samedi soir ]

3. Maciste,
Celui-qui-est-Né-de-la-Pierre
(page 2/2)

Maciste en Technicolor et Dyaliscope

 

maciste fort

Avec "Maciste l'Uomo più Forti del Mondo"
(Antonio Leonviolà, 1961), le péplum quitte les
repères balisés de la mythologie grecque pour
regarder bers l'heroic fantasy et la tarzannerie…

 

Hors de rares rôles historico-mythologiques (Cabiria, Maciste aux Enfers, Judith et Holopherne) Maciste, au temps du cinéma muet, était un personnage contemporain, une sorte de détective amateur dont la saga s'inscrivait dans un genre bien précis, le "cinema acrobatico" italien : il était le plus prestigieux représentant d'une brochette de justiciers musclés qui se nommaient Galaor, Ajax, Atlas, Saetta, Ursus, Sansone, Sansonia etc. Le principal concurrent de Bartolomeo Pagano, Mario Guaita-Ausonia (Atlas) avait en deux rares occasions incarné des héros antiques : Spartacus dans la version de Giovanni Enrico Vidali, en 1913, et Mathô dans la Salambò de Luigi Maggi, en 1914.

Ressuscité au cours du Second Age d'Or du péplum (1957-1965), il se spécialisera désormais dans des rôles "en costumes" antiques ou médiévaux. Ses incarnations les plus tardives ne dépassant guère le cap des XVIe-XVIIe s. (Maciste contre Zorro; Maciste en Enfer).

 

B. MACISTE EN TECHNICOLOR ET DYALISCOPE


A la différence du Maciste solitaire des Sixties, celui du "muto" a parfois de la famille (1), une fille (M. et le neveu d'Amérique, 1924), ou une sœur dont il élève le fils Hans (Le Géant des Dolomites). Il semble même qu'il se marie (ou tout au moins ait formé un couple de fiancés) avec Fanny, à la fin de Maciste et le prisonnier 51 (1922).

Souvent le Maciste "muto" intervient dans des royaumes d'Europe centrale pour rétablir la justice : en "Sirdanie" (M. empereur, 1924), en Livonie (La trilogie de M., 1924) et même dans l'Empire russe (Les briseurs de chaînes / Gli ultimi Zar, 1928 [quoique ce film, l'avant-dernier de la saga de Bartolomeo Pagano, n'appartienne pas à la série des "Maciste" : le label colle à l'acteur]). Dans les Sixties, parallèlement aux remakes et autres séquelles italiens des films de cosaques (Taras Boulba; Hadji Mourad le Diable Blanc (2) ou les exploits du colonel cosaque Vladimir Dubrowsky, L'Aigle Noir (3); Les bateliers de la Volga...) ou d'aventures russo-mongoles (Les Mongols; Les Tartares; Michel Strogoff...), Maciste et ses séquelles vont en perpétuer la tradition, et ce parallèlement au registre des civilisations des Antiquité : Maciste contre les Mongols; Le Géant à la Cour de Kublaï Khan, Maciste et le trésor des Tsars, Ursus e la ragazza dei Tartari; Ursus il Terrore dei Kirghisi; Ivan le Conquérant).
Du reste, en dépit de la référence du "costume" antique, les "Maciste" des Sixties renverront régulièrement au muet : Maciste aux [en] Enfer[s] (1926, remake 1962), Maciste contre le Cheik (1926, remake 1962), Gli ultimi Zar (1928) / Maciste alla corte dello Zar (1963).

maciste val rois

"Le Géant de la Vallée des Rois" ("Maciste nella Valle del Re", C. Campogalliani, 1960) consacre le retour à l'écran du héros imaginé par Pastrone et D'Annunzio.
Vieilli ou rajeuni (c'est selon, comme le verre à moitié vide ou à moitié plein), il a subi un lifting de plus de 3.000 ans !

 

3.5. Le retour de Maciste

Le Géant de la Vallée des Rois
En 1960, Carlo Campogalliani ressuscite Maciste sous les traits de Mark Forest, dans Le Géant de la Vallée des Rois. Au juste, Maciste avait - très discrètement - fait sa réapparition à peu près en même temps dans Les conquérants de la vallée sauvage (La Strada dei giganti, 1960, de Guido Malatesta).
Clin d'œil à Maciste Alpin et au Géant des Dolomites, ce film racontait comment au siècle dernier (1859), un ingénieur américain, Clint Farrel (Don Megowan) doit construire dans les Alpes Apouanes une ligne de chemin de fer devant relier le Royaume de Piémont au Duché de Parme. Des saboteurs autrichiens s'opposent à ce projet. A un certain moment, suite à une explosion, quelques costauds sont appelés pour réparer les dégâts : interpellé, l'un d'eux répond au nom de Maciste.

Avec Maciste nella Valle dei Re, Campogalliani ressuscite le Maciste de Cabiria. D'esclave nègre, le "bon géant" - le film a conservé cette épithète du muet - est cette fois promu antique héros égyptien, un fellah à la force herculéenne. Dans chacun de ses films, Maciste est un héros d'extraction populaire, jamais un prince de sang ou un demi-dieu (4). Car il faut bien rappeler qu'au long de sa carrière muto, nonobstant sa force surhumaine - le conduisant parfois à vivre des aventures résolument fantastiques (le dantesque Maciste aux Enfers, 1926) -, Maciste tenait davantage du détective en complet-veston, du Judex supermusclé (dans Maciste et le prisonnier 51, il raccrochait à la force du poignet les wagons d'une rame de train !). Le même Campogalliani avait déjà, en 1919, mis en scène quelque cinq épisodes de Maciste en habit bourgeois. Dans la foulée du succès des Hercule de la Lux-Galatea (5), plusieurs maisons de production s'étaient attelées, en 1960, à donner des suites aux aventures du géant mythologique : la Grandi Schermi Italiani-Contact Organisation, avec Les amours d'Hercule (1960), et surtout Achille Piazzi (La vengeance d'Hercule, 1960) (6), le véritable continuateur du personnage créé par Pietro Francisci. A côté du "label" Ercole, les maisons de production italiennes cherchent à mettre au point de nouveaux héros de séries "mythologiques". Steve Reeves, las d'incarner Hercule - comme le prétend la petite histoire (ou parce qu'il tenait à conserver Pietro Francisci comme metteur en scène, ainsi que l'intéressé l'a déclaré récemment [mai 1989] à Carlo Piazza) - avait, en 1959, fait démarrer une nouvelle "série" : le cycle d'Emiliano (ou Emilio) avec La terreur des barbares, également de... Carlo Campogalliani (7). Cette même année 1960, Campogalliani - décidément toujours lui -, avec la complicité de Giuseppe Mangione, pour Cine Italia (Rome) et Atenea Films (Madrid) ressuscitait d'ailleurs le colosse lygien de Quo Vadis ?, avec Ursus (abusivement rebaptisé chez nous par des distributeurs moins novateurs : La fureur d'Hercule).

Le procédé se répète avec d'autres personnages, bibliques cette fois. Séquelle du David et Goliath (1959) de R. Pottier et F. Baldi (et de toutes les versions précédentes), Goliath est réinventé par Guido Malatesta en 1961 (Goliath contre les Géants). Avatar de Samson et Dalila (C.B. De Mille, 1944), Samson se trouve une nouvelle carrière sous la direction de Gianfranco Parolini, la même année '61 (Sansone - Samson contre Hercule).
En Grèce, Roger Corman réalise une production qui sera l'unique "muscle-opera" strictement américain : Atlas. Deux "Maciste" italiens, seront aux Etats-Unis rebaptisés "Atlas". Quant au héros de Corman, s'il conserve bien son nom en Europe, il atterrira dans les cinémas de Beyrouth sous l'identité de "Samson" !


3.6. Le gènere mitologico
ou la mythologie grecque revue par Cinecittà

A la différence d'Hercule, encore associé (plus pour longtemps !) au contexte gréco-latin, ces nouveaux personnages : Maciste, Ursus, Goliath, Samson évoluent dans une "antiquité" à la limite de la fantaisie orientale ou de l'heroic fantasy. L'homme le plus fort du monde (A. Leonviolà) appartient résolument à cette dernière catégorie; il en va de même pour M. et les Hommes de pierre, M. et les filles de la vallée, M. le vengeur du dieu Maya, M. et les coupeurs de têtes, etc. Mais Le Géant de la Vallée des Rois a pour cadre l'Egypte décadente de l'époque perse, et Maciste contre le Cyclope, solidement raccroché à la mythologie grecque, est très proche des "Hercule". De même Les Deux Corniauds contre Hercule, où deux paumés milanais, Mario et Raimondo, voyageurs du temps devenus les ministres du méchant Eurysthée, dressent Maciste (Kirk Morris) contre Hercule (Frank Gordon), lequel, assisté par les "Deux Corniauds", Franco Franchi et Ciccio Ingrassia - un tandem de comiques très populaires dans la Péninsule -, vient d'accomplir le douzième et dernier de ses Travaux : vaincre le Cyclope (sic).
Maciste contre le Cyclope - et le parodique "Deux Corniauds" qu'il a généré - est d'ailleurs l'unique épisode de la série à réellement mériter cette classification de mitologico dont la critique italienne a fait si bon marché.


3.7. Une mythologie syncrétique

Mythologie syncrétique - l'expression est de Jacques Goimard, pour distinguer le seul héros de péplum strictement cinématographique, par opposition au gréco-romain Hercule, aux bibliques Samson et Goliath, à Antar, héros d'une l'épopée pré-islamique, ou à Ursus des temps néroniens, en l'occurrence emprunté à la littérature polonaise.

Est-ce dire que ce personnage est totalement inconnu de l'Antiquité ?

Absolument pas, car Gabriele d'Annunzio, considéré au moins comme l'auteur des noms attribués aux protagonistes de Cabiria, était un homme d'une grande culture classique. Dans le scénario orignal de Pastrone, l'esclave nègre était désigné sous le nom d'Ercole (= Hercule). Maciste, son nouveau nom d'annunzien, il ne faut pas chercher plus loin, c'est tout simplement, en grec dorique, makistos, le superlatif de makros, "grand". Maciste : "le plus grand". On trouve dans la mythologie et l'histoire grecques plusieurs personnages de ce nom, mais sans grand rapport avec celui qui nous intéresse.

Au cinéma, les scénaristes sont assez avares d'explications sur leur personnage. Dans Maciste contre les Monstres, le héros se déclare fils du soleil et de la lune; mais il est vrai qu'il intervient comme arbitre entre deux tribus préhistoriques : les cruels montagnards troglodytes, qui se réclament de la Lune, et les pacifiques populations de la plaine, filles du Soleil. Mais dans tous les films, il est l'anti-demi-dieu, le paysan, l'homme de la terre : armé de ses seules mains nues, le chef populaire qui, même abattu, ressuscite parce que le peuple se relève toujours (Le Géant à la cour de Kublaï Khan). Aussi, dans Maciste contre le Cyclope - dès l'origine de la série donc -, il se déclare "fils de la pierre" (l'argument est du reste repris dans Les Deux Corniauds...) - jeu de mot faisant référence à l'italien macigno, "rocher". Pour sa première apparition dans ce film, Maciste semble se réveiller d'un sommeil minéral : lorsque le serviteur fidèle vient lui apporter l'héritier légitime à défendre contre les forces du mal, sa silhouette se détache du rocher qui lui sert de couche, et avec lequel il semble faire corps...

Maciste dans la mythologie grecque

1.

La mythologie connaît un Macistos, éponyme d'une montagne de Triphylie, dans le Péloponnèse. Macistos était un des fils d'Athamas et le frère de Phrixos et de Hellé, qui emportèrent la Toison d'or en Colchide. Mais ce personnage n'est guère mentionné que par Etienne de Byzance (s.v. "Makistos"), un géographe tardif. Ce nom superlatif convient parfaitement à une montagne plus grande que celles qui l'entourent. On y trouve une ville du même nom : Makistos d'Elide. Lorsque les Minyens (dont Athamas fut un des rois), chassés de Thessalie et de Grèce centrale (Béotie, Phocide) se réfugièrent en Attique, en Arcadie, en Messénie (Nélée à Pylos) ou en Elide, Maciste, fils d'Athamas, fonda la petite ville de Makistos dans le S.-E. de la Triphylie (canton entre l'Elide et la Messénie), entre Lépreum et les monts Lapithas. Le toponyme est d'ailleurs fortement associé à ces régions du Péloponnèse central : Makistos, en effet, est également le nom d'un fleuve de l'Elide (XÉN., Hell., III, 2. 25-30) et Macistum ou Makistos une ville de l'Arcadie mentionnée par PLINE (IV, 20) et par HÉRODOTE (IV, 148).

2.

Au reste, c'est d'Arcadie (8) ou de Tirynthe en Argolide, que provient tel autre héros, Mécistée (Mekisteus), l'un des cinquante fils de Lycaon, troisième fils d'Echios, qui sera l'un des compagnons d'Ajax au siège de Troie, où il sera tué par Polydamas (Il., VIII, 333 et XV, 339; APD., III).

3.

Un autre Mécisteus, plus connu que le précédent - notre troisième "Maciste" -, est fils de Talaos et de Lysimachè, et frère du roi d'Argos Adraste, le capitaine-général des Sept Chefs qui attaquèrent Thèbes pour soutenir les droits de Polynice banni par son frère Etéocle. Apollodore le mettra au nombre des Sept, et il sera tué par Mélampous (ou par Mélanippos, dans d'autres versions) en attaquant la porte Proétide.
Les autres auteurs font de lui le cocher de son frère Adraste, le seul des Sept qui, grâce à la rapidité de son cheval-prophète Arion, échappa à l'extermination générale de l'armée argienne. On peut supposer qu'embarqué sur le même char, dont il était le conducteur, Mécisteus en réchappa, lui aussi, car un autre récit, le montrait participant aux jeux funèbres donnés dans cette même cité de Thèbes en l'honneur d'Œdipe - et y gagnant de nombreux prix (9).

4.

De son côté, Hérodote (HDT., IX, 20-25) parle d'un chef perse qui combattit à Platée, appelé Masistios (10), "que les Grecs, eux, nommaient Makistios" : "peut-être à cause de sa grande taille", conjecture Ph.-E. Legrand. Le chapitre 25 du livre IX des Histoires, raconte la capture de la dépouille de ce Makistios, après un combat - digne des poèmes d'Homère - contre la cavalerie perse. Hérodote insistait sur la taille du vaincu : Ils mirent le cadavre sur un char et le portèrent tout le long de leurs rangs; ce cadavre, vraiment, méritait d'être vu à cause de sa grandeur et de sa beauté; à cause de sa grandeur, de cette beauté, beaucoup même quittèrent leur rang pour venir regarder Masistios

1961

Cette année 1961 qui verra naître outre la postérité d'Ursus, les personnages nouveaux de Goliath, Samson, et même une série de faux Tarzan "en péplum" (Taur), donnera six Maciste dans le sillage du "Géant de la vallée des Rois" : Maciste l'homme le plus fort du monde (Mark Forest) et Maciste contre le Cyclope (Gordon Mitchell), tous deux signés par Antonio Leonviolà pour Panda Films, qui a flairé le filon que constitue l'ancien personnage vedette de l'Itala, remis au goût du jour par le "mitologico".

Après ces incursions successivement en Egypte, dans un monde subterranéen indéterminé (celui des Hommes-Taupes), et en Grèce, Maciste dirige ses pas vers l'Orient, Il a maintenant les traits de Gordon Scott, le onzième Tarzan qui, las d'incarner le personnage créé par E.R. Burroughs pour un salaire minable, vient de débarquer à Cinecittà. Sur les bords de la mer Rouge, Maciste affronte l'un des plus étonnants vampires de toute l'histoire du cinéma fantastique (Maciste contre le Fantôme, de Giacomo Gentilomo et Sergio Corbucci, pour Ambrosiana Cinematografica).

Gordon Scott enchaîne avec un second Maciste, Le Géant à la cour de Kublaï Khan (Maciste alla corte dell gran Kan / Kublaï Khan et le Géant de Mongolie), de Riccardo Freda, où il délivre le peuple chinois de ses oppresseurs mongols. Maciste finissait par succomber sous les coups de ses ennemis et était tué (ou tombait en catalepsie ?). Inhumé dans une crypte sous le palais, cependant que les Mongols s'apprêtaient à exécuter ses amis, l'Esprit du Bien le ressuscitait et, tel Samson ébranlant les murs de son tombeau, il faisait s'écrouler l'édifice. Ce film, lorgnant vers le fantastique, était issu de l'association de la Gallus (Le Géant de la Vallée des Rois) et de la Panda Films (M. contre le Cyclope; M. l'homme le plus fort du monde).

maciste vs cyclope

En cinquième et sixième position, cette année-là, viennent enfin un faux Maciste et une parodie (déjà !) : Maciste dans la Vallée des Lions (cycle d'Ursus) et Totò contro Maciste (Wanguard Film & Liber Film), de Fernando Cerchio, réalisateur qui se fera une spécialité du "péplum pharaonique". Abondamment caviardée de stock shots tirés de La princesse du Nil (Tourjanski, 1960), cette dernière aventure est, en fait, très différente de l'alléchant résumé publié dans le catalogue de la production italienne 1961 (11). Jouet d'une reine intrigante qui conspire avec les Syriens contre son pharaon de mari, l'esclave Maciste (Samson Burke) y apparaît comme la brute intégrale - au propre comme au figuré - contre qui se dressera un "hercule" de music hall, Totonkamen, hâbleur sacré à la hâte "Fils d'Amon", ultime espoir de l'Egypte contre les hordes barbares vômies par l'Asie. Avant d'affronter Maciste et son armée, casque emplumé en tête, Totò, du haut de son char de guerre, profère un discours parodiant ceux de Mussolini. Caricature de caricature, Maciste, l'esprit embrumé par une drogue, roule des yeux, rugit, renverse les colonnes du palais de pharaon - le bon vieux numéro de Samson - jusqu'à s'assommer lui-même d'un bloc cyclopéen... ce qui lui permet de recouvrer sa lucidité pour la plus grande joie de la princesse Nefertiti (fille de Pharaon), qui l'aime et, telle Salammbô rencontrant Mathô dans le camp des mercenaires, a commit l'imprudence de se risquer sous sa tente, dans le camp des Syriens.

1962

Sept "Maciste" en 1962, dont un parodique, nous promènent de Rome en Asie mineure romaine, en Grèce mythologique, dans l'Ecosse du XVIIe s. (via les Enfers dantesques), dans le Maroc et l'Espagne du XVe s., dans la préhistoire enfin, avant de retrouver - une nouvelle fois - l'Egypte des Pharaons.

Avec Maciste en Enfer (Riccardo Freda), reprenant un argument déjà exploité par Guido Brignone en 1926, Panda Films est toujours sur la brèche, mais accuse déjà des signes d'essoufflement (?) en consacrant sept minutes (et non pas quinze, comme on l'a affirmé assez gratuitement [12]) à évoquer les précédents exploits de Maciste dans la production "Panda" : M. contre le Cyclope et M. à la cour de Kublaï Khan, ainsi qu'un fragment du G. de la Vallée des Rois (prod. par la Gallus, que nous avons vu s'associer à Panda pour le G. à la cour de Kublaï Khan) (13), Kirk Morris, le nouvel interprète de Maciste, remplace tour à tour Gordon Mitchell, Gordon Scott et Mark Forest dans les gros plans de ces extraits.
Notre homme passe ensuite à la York Film pour tourner de nouvelles séquelles égyptiennes à la saga de "l'Homme le plus fort du monde" : Le Triomphe de Maciste (Amerigo Anton). C'est d'une sorte de remake du Géant de la Vallée des Rois qu'il s'agit. Maciste est un habitant de Memphis [ou Axur (?), selon une autre source], luttant contre l'usurpatrice Tenephi pour rétablir le prince Iram sur son trône. Au passage, il lui faudra arracher sa bien aimée Anthéa vouée à être sacrifiée au dieu du feu par les cavernicoles Hommes-Youris - pérennité de la thématique molochiste ! Tout cela fleure bon l'Egypte lyrique de l'opéra : La flûte enchantée et Aïda passés à la moulinette de l'heroic fantasy. Notons tout de même que Ptah (non nominalement cité), le dieu tutélaire de Memphis, était bel et bien assimilé par les Romains à Vulcain. Mais ici s'arrêtera la comparaison.

Entre deux "Ursus", Ed Fury déserte les plateaux de Cine Italia pour tourner Maciste à la cour du Sheik sous la direction de Domenico Paolella, spécialiste des films de pirates et de cape et d'épée, qui signe ainsi son second "Maciste". C'est une production Comp. Italiana Grandi Film.

maciste enfer

Riccardo Freda a reconstitué l'enfer de Dante dans les superbes grottes de Castellana (Bari). Kirk Morris y incarne Maciste ("Maciste en Enfer", 1962)

Un nouveau venu cette année : le rouquin Reg Lewis, dont ce sera l'unique prestation cinématographique : Maciste contre les Monstres, dont il existe une version coquine (Esclaves nues pour des Monstres). Ces aventures préhistoriques sont mises en scène par un autre "spécialiste", Guido Malatesta, pour EUR Cinematografia.

Maciste renoue avec le monde gréco-latin sous l'égide de trois producteurs non encore rencontrés ici. Le premier est Le Gladiateur de Rome, de Mario Costa (avec Gordon Scott, rebaptisé "Marcus" dans la V.F., car Maciste n'y accomplit aucun exploit musculaire vraiment digne de sa réputation) pour CIRAC - Giorgio Agliani Cinematografica (14). Le deuxième s'intitule Maciste contre les Géants (Maciste, il gladiator più forti del Mondo - Mort dans l'arène). En 26 de n.E., Mark Forest / Maciste est un pauvre laboureur du Marsabad, petite principauté d'Asie Mineure sous tutelle romaine - à moins que nous ne soyons au IVe s. av. n.E., dans le Minturno, "petit royaume indépendant d'Italie méridionale", ainsi que l'affirme le pressbook espagnol : on nage décidément dans le flou artistique -, qui va déjouer le coup d'Etat, organisé depuis Rome par des sénateurs véreux lesquels ont commis à cet effet sept hommes de main, sept redoutables gladiateurs (Maciste contre les Géants, prod. Leone Film).
Les Deux Corniauds contre Hercule (Maciste [Ciccio e Ingrassia (15)] contro Ercole nella Valle dei Guai = "Maciste contre Hercule dans la Vallée des Larmes"), de Mario Mattoli - avec Kirk Morris dans le rôle de Maciste -, déjà évoqué plus haut, est un curieux cocktail de tout ce qui a été fait précédemment : un titre paraphrasant Ursus nella Valle dei Leoni, deux comiques locaux très populaires - Franco Franchi et Ciccio Ingrassia - qui s'efforcent de rééditer la prestation des Trois Stooges (Trois Stooges contre Hercule, d'Edw. Bernds) (avec le même argument de la machine à remonter le Temps !) et un synopsis faisant songer tout à la fois à Maciste contre le Cyclope (16) et Ulysse contre Hercule. Carlo Campogalliani sera crédité, en 1963, d'un projet similaire consistant à faire se rencontrer Maciste et Hercule. A notre connaissance, ce film ne sera jamais réalisé, à moins peut-être qu'il ne s'agisse du film de Mattoli (17) (Deux Corniauds contre Hercule, prod. Cinesecolo).
Pour la bonne bouche, rappelons que l'année suivante dans Le mépris (J.-L. Godard, 1963 - qui a ses lettres (18) !), Michel Piccoli incarne un scénariste de péplum - Paul Javal - qui a connu un foudroyant succès commercial pour avoir écrit un Totò contre Hercule (allusion à Totò contro Maciste, bien évidemment !). Fritz Lang (himself) et son producteur Jérémie Prokosch (Jack Palance) veulent absolument qu'il leur "replâtre" L'Odyssée qu'ils sont en train de tourner dans la baie de Naples (19).

1963

Pas un seul Maciste "antique" en 1963, mais cinq productions qui confirment le personnage dans l'heroic fantasy. Leone Films avec Le retour des Titans, titre abusif qui s'efforce d'exploiter au maximum la présence aux côtés de Mark Forest, de Giuliano Gemma, héros du mémorable Les Titans de Duccio Tessari (1961-62) (Maciste, l'Eroe più forte del Mondo, de Michele Lupo).

Maciste et le trésor des Tsars (Amerigo Anton [= Tanio Boccia], pour Luigi Rovere [Cineluxor], avec Kirk Morris) s'efforce de nous expliquer comment, congelé dans son sarcophage, Maciste a pu franchir la barrière des siècles pour atterrir dans la Russie médiévale. Le méchant Tsar Nicolas veut détourner à son seul profit les trésors découverts par une expédition "spéléologique" dans la tombe du héros, quelque part en Asie centrale. Mais ses sbires se heurteront à Maciste (amnésique, après avoir été quasiment muet dans Maciste en Enfer) qui conduira les rebelles à la victoire, détrônera le tyran et offrira son trésor au malheureux peuple russe. Maciste contre Zorro (Umberto Lenzi, pour Romana Films (20), avec Alan Steel) ne se donnera pas tant de peine pour justifier ce nouvel "uchronisme" ! Mais le résultat n'était pas déplaisant dans son opposition de la force brute et de la ruse, dans le cadre de l'Espagne de la fin du XVIe s.

Avec Maciste contro i cacciatori di teste / M. contro i tagliatori di teste de Guido Malatesta, pour R.C.M. Produzioni Cinematografiche), Maciste, rescapé avec ses amis du cataclysme qui a englouti leur île, traversent l'océan sur un radeau de fortune et abordent la terre des Incas qu'ils défendront contre les coupeurs de têtes de la jungle. (Y précédant ainsi d'un an son "cousin" Hercule - Ercole contro i Figli del Sole, d'O. Civirani, 1964). Rien à voir avec la thèse de Thor Heyerdahl sur les contacts possibles entre les vieilles civilisations méditerranéennes et celles du Nouveau Monde, mais un parfum d'heroic fantasy à la Howard, à la Sprague de Camp, à la Burroughs. En franchissant les Alpes, Maciste est d'ailleurs rebaptisé "Tarzan chez les coupeurs de têtes". Après le procès qui sera intenté par les héritiers de Burroughs aux distributeurs, le nom de Tarzan est gommé (du moins en France, semble-t-il; en Belgique il continuera sa carrière sous le nom de l'Homme-Singe) et certains pavés le désignent sous le titre Le gladiateur contre les coupeurs de têtes. Kirk Morris incarne une fois de plus Maciste.

Dans le sillage de Taras Boulba une série de films d'aventures historiques italiens se donnent pour cadre la lutte des Cosaques contre leurs ennemis Russes ou Polonais ou, alternativement, la Pologne et sa résistance aux hordes asiatiques. C'est un cadre rêvé pour de nouveaux exploits de Maciste ! Jonia Films produit Maciste contre les Mongols (Domenico Paolella, avec Mark Forest).

1964

L'année suivante, Jonia Film tourne une séquelle du précédent film (en réalité, ils ont été tournés simultanément pour des raisons de rentabilité, mais la seconde bande est gardée en réserve pour donner une "suite", l'année suivante), toujours avec la complicité de Domenico Paolella et de Mark Forest (rebaptisé Magikar, dans la V.F.) : L'enfer de Genghis Khan. Avec sa régularité habituelle, Panda Film sort "son" Maciste annuel : Maciste dans les mines du roi Salomon, avec Reg Park. Il est permis de penser que ce film datait en fait de 1962, date à laquelle Reg Park aurait définitivement quitté l'Italie, pour retourner à Johannesburg, où il réside. Maciste est également rebaptisé "Magikar" dans la V.F.; la mise en scène est signée Martin Andrew (= Piero Regnoli).

Cineluxor (Le Trésor des Tsars, 1963) confie à Amerigo Anton un second Maciste : La Valle dell'Eco tonante [Maciste et les filles de la vallée [perdue]), avec l'ineffable Kirk Morris; il s'agit d'une sorte de fantaisie orientale.
La France et l'Italie coproduisent deux autres "Maciste" : Nike Cinematografia (Rome) et le Comptoir Français de Prod. Cinématographique, par l'entremise de Giacomo Gentilomo, font peser sur les épaules d'Alan Steel (= Sergio Ciani) un Maciste et les Hommes de pierre (M. contro gli uomini luna / M. e la regina di Samar). De l'association Prometeo Film (Rome) et J. Leitienne (Paris), naît un Maciste et les cent gladiateurs (M. il gladiatore di Sparta), où notre héros... se convertit au christianisme (réal. Mario Caiano et Piro Marsolini).

Roberto Mauri, pour le compte d'IFESA, tente de retrouver la bonne vieille recette des mondes souterrains, qui, en 1961, avaient fait le succès de l'"Homme le plus fort du Monde"; ce faisant, il trouve un... frère à notre héros - et les voilà partis à la recherche de la Fontaine de Jouvence en des territoires infestés d'Hommes-Léopards (Les Invincibles frères Maciste, avec Richard Lloyd et Tony Freeman). Mais il n'y a plus de jouvence possible pour le péplum; les mondes subterranéens constituent un thème qui aura été exploité jusqu'à la corde. Senior cinematografice (Rome), les Films Régent (Paris) et Exibidores films (Madrid) ne sont pas trop, à eux trois, pour réunir les quatre grands champions : Hercule (Alan Steel), Samson (Red Ross), Maciste (Nadir Baltimor) et Ursus (Yann Larvor - le "plus bel Hercule de France", selon les lectrices de CinéMonde). Ce Grand défi était signé Giorgio Capitani, d'après une idée de Giorgio Cristallini.

 Il nous faut encore signaler Le Temple de l'éléphant blanc, énième version de Sandokan, le héros du romancier populaire italien Emilio Salgari, dont l'action se situe cette fois dans le protectorat du Sikkim, en Inde. Astucieusement baptisé : Sandok, il Maciste della Giungla ("Sandok, le Maciste de la jungle" !), voici un "Maciste" ravalé au rang de simple substantif et un Sandok[an] - incarné par Mimmo Palmara - comparse-collabo et ami des Anglais, qui veulent anéantir une secte de tueurs indiens opérant depuis l'Etat de Jadapour. Salgari se retourne dans sa tombe et il ne restera plus à Sean Flynn qu'à "disparaître" au Viêt-nam, dans les circonstances tragiques que l'on sait. (Réalisation : Umberto Lenzi, déjà responsable du mémorable "Maciste contre Zorro".)

maciste brothers

Dans "Les Invincibles frères Maciste"
(R. Mauri, 1964), notre héros s'est dédoublé

C'en est fini de la série des "Maciste". Cette même année encore, l'on tournera Il Leone di Tebe / Elena regina di Troia où Mark Forest incarne un héros grec de la guerre de Troie, le Spartiate Arion, compagnon de la belle Hélène en Egypte, où une tempête l'a jetée retour de Troie avec son mari Ménélas. Réédité en Belgique dans les '70, le film se verra affublé d'un nouveau titre, qui est une manière d'hommage à l'initiateur de la série, à l'Homme de la Vallée des Rois : Maciste et la reine de Troie.

1965 sera l'année ultime du péplum. Avec de larges emprunts à Maciste contre les Monstres (et de plus larges encore à Maciste contre les coupeurs de têtes), Giorgio Marzelli (Urias Film - G.M.C.), qui les avait coproduits, ficèlera tant bien que mal un ultime Ercole contro il gigante Golia, bizarrement rebaptisé en France (et en Espagne) Maciste, le vengeur du dieu Maya. Le héros, dans la V.F. se nomme toutefois bien "Hercule". Sans doute à cause de Kirk Morris, plus connu comme interprète de Maciste que d'Hercule. Guido Malatesta, qui avait déjà tourné les deux premiers, signera encore celui-ci.

3.8. La déchéance de Maciste

1971 : l'année du soubresaut. Lea Film sort de derrière les fagots un péplum "comme on n'en fait plus" (avec de gros plans de mastication qui annoncent irrésistiblement La grande bouffe de Ferreri [1973]), Al Albert (= Alberto Albertini) tourne un Il ritorno di Maciste [titre de travail], qui deviendra, à sa sortie, Il ritorno del gladiatore più forte del Mondo, un titre superlatif bien dans la lignée des précédents. Brad Harris (qui a pris un coup de vieux) incarne ce tribun Martius Taunus, dont les exploits n'évoquent en rien les prouesses extraordinaires de ses prédécesseurs. Un gouverneur félon en Germanie, des chrétiens persécutés à Rome, des scènes de catacombes et un pont sur le Rhin (piqué à Constantin le Grand) : tels en sont les ingrédients. Le retour du gladiateur le plus fort du Monde ne vaut guère mieux que les westerns décadents produits cette même année par l'Italie.

En 1973-74, Jésus Franco réalise en France, pour Robert de Nesle (les Comptoirs Français du Film Productions) deux Maciste érotiques - un pour le producteur (Les gloutonnes / t. trav. : "Les Exploits érotiques de Maciste dans l'Atlantide"), l'autre pour son plaisir personnel (Les Amazones de la luxure / t. trav. : "Maciste contre la reine des Amazones"). Franco prétend avoir rendu hommage au péplum défunt; il affirme également, en faisant de son protagoniste (Val Davis) un personnage de la Renaissance (21), avoir donné un Maciste plus proche du personnage original du muto italien, que celui du péplum. Tout cela est très contradictoire, et il est assez évident que Maciste-Wal Davis (= Waldemar Wohlfaart), satisfaisant toute une tribu d'Amazones lesbiennes, se sert mieux de ce qui se trouve en dessous de sa ceinture que de ce qui est dans ses manches. Le résultat est d'une affligeante médiocrité.
Et si La vie érotique d'Ursus (Ettore Anrosi (?), 1970) (version remontée avec des séquences porno additionnelles de La terreur des Kirghizes (22) (Anthony Dawson [= Antonio Margheriti] et Ruggero Biola, 1964) avait éreinté - sans jeu de mot - son modèle "quovadien", Hercule, lui, n'avait pu éviter d'être, dès 1962, raillé dans une comédie heureusement non "antique", intitulée Le pillole di Ercole (Les pilules d'Hercule, L. Salce), où la large carrure était encore synonyme d'ardente virilité - celle-ci sonne le glas dans les '70.

Dans cette décennie finissante, le gabarit du culturiste n'est plus seulement synonyme d'un Q.I. dérisoire, mais aussi d'impuissance. Dans Prostituée le jour, épouse la nuit, Eva Czemeris est poursuivie des assiduités d'un athlète nommé... Maciste. Dans la chambre, il fait des effets de muscles en se vantant d'être le nouveau colosse de Cinecittà; mais quelques instants plus tard, il est bien forcé d'avouer qu'il n'est pas musclé de partout !
Le cinéma loufoque français n'épargnera pas davantage les héros de péplums. Dans Les bronzés, de Patrice Leconte, film brocardant l'"Hexagonal" en vacance dans un club spécialisé (qui ressemble à s'y méprendre au Club Méditerranée), "Popeye" (Thierry Lhermitte), le moniteur de sport, le "G.O." play-boy, voulant épater sa belle fait des haltères avec le sommier du lit ("O Hercule, O Maciste", (23) s'écrie celle-ci en se pâmant)... et s'écrase le pied dessous.

Comics
Vers la fin des '70 aux Etats-Unis, le Neuvième Art nous vaudra un curieux avatar de notre héros intemporel, ravalé toutefois au rang de comparse. Sous la graphie Machiste - qui est celle de la TV américaine - le dessinateur-scénariste Mike Grell, pour la DC Comic's, restituera au héros d'annunzien sa sombre pigmentation. Roi noir devenu esclave, il est le compagnon du "Warlord", le lieutenant-colonel Travis Morgan, de l'USAF, qui a pénétré dans Skartaris, le monde intérieur de notre globe (24)

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Dans "The Warlord", Machiste réapparaît dans un monde intérieur de notre globe.. -

 

Anthologies
Vers 1977, le cinéma italien rendra hommage à Maciste dans un film-anthologie regroupant un choix d'extraits de péplums, signé par Antonio Avati : Kolossal, I Magnifici Maciste (Euro International Film, Rome) (25), hélas inédit en France et en Belgique. A noter qu'une autre anthologie italienne regroupait, entre autres, quelques extraits de Cabiria et de plusieurs Maciste muto (e.a. Maciste dans la cage aux lions) : Antonio Petrucci, Antologia del cinema italiano : Il cinema muto (1896-1926).(26)

Maciste Kolossal

"Kolossal. I Magnifici Macisti" (A. Avati, 1977) : la compil !

 


 

NOTES :

(1) Maciste a une mère, qu'il découvre mourante au début de Maciste contre le Fantôme (1962). - Retour texte

(2) En 1850 (aventures tirées de Léon Tolstoï) : Il diavolo Bianco (1947) et Agi Murad, il Diavolo Bianco/La charge des cosaques (Riccardo Freda, 1959 - cf. ciné-photoroman : "La charge des cosaques", Star Ciné-Bravoure, n° 23 (2e an.), 1er février 1962 et Fereydoun Hoveyda, "Si la montagne ne vient pas à toi...", Les cahiers du cinéma, n° 109, juillet 1960, pp. 55-57. - Retour texte

(3) En 1782, contre les Turcs : e.a. La vendetta di Aquilla Nera (Riccardo Freda, 1951 - cf. ciné-photoroman : "La vengeance de l'Aigle Noir", Vie Heureuse, n° 3, 1er trim. 1958) et Le fils de l'Aigle Noir (James Reed [= Guido Malatesta], 1968). - Retour texte

(4) Dans Maciste dans la Vallée des Lions, "Maciste" est un prince royal : mais il s'agit d'un faux "Maciste" (Ursus nella Valle dei Leoni), ainsi abusivement rebaptisé en passant les Alpes. - Retour texte

(5) Les Travaux d'Hercule (1957) et Hercule et la reine de Lydie (1959). - Retour texte

(6) Initialement annoncé avec Steve Reeves dans le rôle titulaire sous le titre "Hercule contre les dieux".
Achille Piazzi produira encore Hercule contre les vampires (1961); Hercule à la conquête de l'Atlantide (1961) et le "montage" Le défi des géants (1965-66). - Retour texte

(7) Dans La vengeance d'Hercule (aux EU "Goliath and the Dragon"), "Ercole" est également rebaptisé Emiliano, dit "Goliath". - Retour texte

(8) Où abondent les toponymes thessalo-béotiens du pays minyen : Phérès et Orchomène; le mont Lapithas et les fleuves élidiens Minyas et Phrixos. - Retour texte

(9) APOLLODORE, Bibl., I, 9. 13 et 16; III, 7, 2; Il., II, 565-566; XXIII, 677-678; PAUSANIAS, I, 28. 1; IX, 18. 1; HÉRODOTE, I, 67; V, 67; VI, 28. - Retour texte

(10) Un autre homonyme perse - Masistés (HDT., VII, 82 et IX, 106), frère de Xerxès, lequel (épris de sa femme) le fit périr - n'offre aucun intérêt pour notre sujet. - Retour texte

(11) Une histoire se déroulant à la fois dans l'Egypte ancienne et dans l'Italie moderne, nettement démarquée de La Malédiction des Pharaons de T. Fisher - sauf que la momie vengeresse est celle de Maciste; une idée que l'on va retrouver peu ou prou dans Le trésor des Tsars deux ans plus tard. - Retour texte

(12) J.-P. TÖRÖK dans Midi-Minuit Fantastique, n° 6, juin 1963, pp. 81-83. - Retour texte

(13) Le Géant de la Vallée des Rois, Le Géant à la cour de Kublaï Khan, Maciste contre le Cyclope et Maciste en Enfer ont en commun d'avoir été tous les quatre produits par Ermanno Donati et Luigi Carpentieri. - Retour texte

(14) Par contre dans ce film il renoue avec son archétype Ursus (Quo Vadis ?). En effet, Maciste-Marcus incarne le garde du corps d'une princesse cilicienne otage à Rome. En Espagne, le film est connu sous le titre El Ritorno di Maciste. - Retour texte

(15) Sic. Il s'agit bien sûr de Franco Franchi et Ciccio Ingrassia, rajoutés sur le matériel de réédition du film. - Retour texte

(16) Dans l'un et l'autre film - également dans Totò contro Maciste -, Maciste se déclare fils de la pierre. - Retour texte

(17) Une grande controverse du péplum, que ce film qui n'a jamais été tourné, quoique le "Walt Lee" en affirme l'existence à deux reprises, d'abord sous le titre Maciste vs. Hercules avec Mark Forest, puis sous celui de Hercules vs. Maciste de Carlo Campogalliani.
Rappelons la genèse de l'affaire.

1.

Dans Les cahiers du cinéma, n° 118, avril 1961, le pigiste de service, à propos de la sortie du Géant de la Vallée des Rois de Carlo Campogalliani, persifle : "Le vieux Maciste, jaloux des lauriers de ses successeurs, remonte vaillamment des enfers. Nous attendons avec confiance Maciste contre Hercule;

2.

J. SICLIER ["L'âge du péplum", Les cahiers..., n° 131, mai 1962, pp. 28-38], semble le premier à signaler un projet de C. Campogalliani, Hercule contre Maciste, 1961;

3.

Vittorio SPINAZZOLA ["Carnaval des demi-dieux", Cinéma 64, n° 85, avril 1964, p. 75], dans ses filmos de Maciste et d'Hercule - revues par la rédaction ? -, ne mentionne pas Maciste contro Ercole nella valle dei Guai (Mario Mattoli, 1962), mais y recense chaque fois Maciste contre Hercule (Carlo Campogalliani, 1963);

4.

Le délire atteint son paroxysme lorsque François JOYEUX ["Les grandes rencontres", Vampirella, n° 24, pp. 54-55], déclare :
"En 1963, Carlo Campogalliani, encore lui, oppose Hercule à Maciste dans Ercole sfida Maciste interprété par Kirk Morris, le moins doué et le plus prolifique des acteurs de péplum."
Et plus loin : "Enfin, Franco Franchi et Ciccio Ingrassia, les spécialistes du pastiche systématique, apparurent auprès du stupide et musclé Kirk Morris dans Deux corniauds contre Maciste [lisez Deux corniauds contre Hercule] dont nous ignorons le titre original".

L'on peut conjecturer de ce qui précède, que le projet d'un Maciste contre Hercule attribué à Campogalliani peut-être par plaisanterie [cf. Cahiers..., n° 118] (il venait de ressusciter coup sur coup, en 1960, Ursus puis Maciste) ait été finalement mené à bonne fin par M. Mattoli en 1962 (Maciste contro Ercole nella valle dei Guai, alias Les deux corniauds contre Hercule). Dans le film de Mattoli - pastiche des Trois Stooges contre Hercule ? -, Kirk Morris incarnait Maciste, rôle qui lui est également attribué dans le prétendu Campogalliani, Ercole sfida Maciste.
Il est clair que ceux qui parlent du film de Campogalliani comme d'une réalité (et non comme d'un projet) ignorent complètement le film de Mattoli (SPINAZZOLA), ou en ignorent à peu près tout (F. JOYEUX). - Retour texte

(18) Faut-il rappeler que Jean-Luc Godard - dont A bout de souffle (1960) "fut le véritable manifeste de la Nouvelle Vague" (Jean Tulard) - était un collaborateur assidu des Cahiers du cinéma, organe de la "jeune critique parisienne", dont le rôle de panégyriste du péplum et de révélateur du talent de Riccardo Freda et de Vittorio Cottafavi - genre "populaire" et auteurs si méprisés par l'intelligentsia dans leur pays d'origine ! - n'est plus à rappeler.
Du numéro 99 [septembre 1959] au 147 [1963] des Cahiers..., on a pu compter sous la plume de Fereydoun Hoveyda, Michel Mardore, Luc Moullet, Michel Mourlet et Jacques Siclier, une bonne douzaine d'articles favorables au genre qui nous intéresse, dont le fameux dossier "L'âge du péplum", dans le n° 131 de mai 1962.
(Toutefois, il convient de ne pas omettre les articles enthousiastes de Jacques Goimard dans Fiction, de Gérard Legrand et alii dans Positif, celui de Vittorio Spinazzola dans Cinéma 64 [n° 85, avril 1964], ni les critiques régulièrement publiées dans Midi-Minuit Fantastique. Dans la première moitié des années '60, un certain consensus s'était établi au sein des jeunes critiques piliers de la Cinémathèque ou du Nickel Odéon de Bertrand Tavernier pour reconnaître et proclamer bien haut les charmes vénéneux du cinéma historico-mythologique italien.) - Retour texte

(19) En fait, Godard "brodait" autour des circonstances du tournage d'Ulysse de Camerini (même lieu de tournage à Capri : Porto Ercole, etc.) dont Orson Welles et le scénariste Ernest Borneman (hiver 1948-1949), puis le réalisateur G.W. Pabst (qui refusera d'être crédité au générique) avaient été les initiateurs (cf. à ce sujet : Bernard EISENSCHITZ, "Ulysse : Homère, pas Joyce", in Alberto FARASSINO (sous la dir.), Mario Camerini, Crisnée (Liège)-Locarno, éd. Yellow Now-éd. du Festival de Locarno, 1992, pp. 78-79). - Retour texte

(20) Romana Film, décidément acharnée à faire glisser le "péplum" vers le "cape et épée" (cf. Goliath, Samson). - Retour texte

(21) Soit, c'est un "conquistadore", d'après le scénario. Mais lorsqu'il a enlevé ses héroïques cuissardes (en caoutchouc vert de pêcheur de truite !), un homme tout nu qui s'accouple avec des dames du début à la fin n'est jamais qu'un acteur porno. Telle n'a jamais été la vocation de Bartolomeo Pagano, ni de Mark Forest et ses confrères... - Retour texte

(22) Le loup-garou ne tue plus ses victimes : il les viole ! - Retour texte

(23) Textuellement, dans le dialogue. - Retour texte

(24) The Secret of the Lost World of the Warlord. Il existe un album en trad française, Warlord le Guerrier, Tourcoing, Arédit, coll. Artima-Color Géant, 1981. Notons l'influence envahissante du Spartacus de Stanley Kubrick. - Retour texte

(25) Réalisé par A. Avati, le film fut produit par Enrico Lucherini (et le commentaire signé par Maurizio Costanzo). Kolossal fut annoncé dans L'écran fantastique, n° 2, 1977, p. 23.
En parlant d'anthologies et de repiquages, signalons un curieux ringard érotique français : Trois filles dans le vent, de Boris Bradley (sic) [= J.M. Pallardy], 1980 - avec Gordon Mitchell, Georges Guéret et Jean-Marie Pallardy. Gordon Mitchell, dans son propre rôle, y évoque avec nostalgie les péplums et les westerns d'autrefois, et plusieurs extraits de ses films (e.a. La colère d'Achille et Les gladiateurs les plus forts du Monde) sont incorporés dans cette bande. - Retour texte

(26) Prod. : Cinemateca Italiane & Cinemateca Nazionale; prés. : Centro Sperimentale di Cinematografica. Musique de Piero Morgan; mus. consult. Roberto Nicolosi et Vadin. (Existe en V.F. 16 mm.). - Retour texte