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[ Les Héros du samedi soir
]
3. Maciste,
Celui-qui-est-Né-de-la-Pierre
(page 2/2)
Maciste en Technicolor et Dyaliscope
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Avec "Maciste l'Uomo più Forti
del Mondo"
(Antonio Leonviolà, 1961), le péplum quitte les
repères balisés de la mythologie grecque pour
regarder bers l'heroic fantasy et la tarzannerie…
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Hors de rares
rôles historico-mythologiques (Cabiria, Maciste aux Enfers,
Judith et Holopherne) Maciste, au temps du cinéma muet,
était un personnage contemporain, une sorte de détective
amateur dont la saga s'inscrivait dans un genre bien précis,
le "cinema acrobatico" italien : il était le plus prestigieux
représentant d'une brochette de justiciers musclés
qui se nommaient Galaor, Ajax, Atlas, Saetta, Ursus, Sansone,
Sansonia etc. Le principal concurrent de Bartolomeo Pagano, Mario
Guaita-Ausonia (Atlas) avait en deux rares occasions incarné
des héros antiques : Spartacus dans la version de
Giovanni Enrico Vidali, en 1913, et Mathô dans la Salambò
de Luigi Maggi, en 1914.
Ressuscité au cours du Second Age d'Or
du péplum (1957-1965), il se spécialisera désormais
dans des rôles "en costumes" antiques ou médiévaux.
Ses incarnations les plus tardives ne dépassant guère
le cap des XVIe-XVIIe s. (Maciste contre Zorro; Maciste en
Enfer). |
B. MACISTE EN TECHNICOLOR ET DYALISCOPE
A la différence du Maciste solitaire des Sixties,
celui du "muto" a parfois de la famille (1),
une fille (M. et le neveu d'Amérique, 1924), ou une sur
dont il élève le fils Hans (Le Géant des Dolomites).
Il semble même qu'il se marie (ou tout au moins ait formé
un couple de fiancés) avec Fanny, à la fin de Maciste
et le prisonnier 51 (1922).
Souvent le Maciste "muto" intervient dans des royaumes
d'Europe centrale pour rétablir la justice : en "Sirdanie" (M.
empereur, 1924), en Livonie (La trilogie de M., 1924) et
même dans l'Empire russe (Les briseurs de chaînes / Gli
ultimi Zar, 1928 [quoique ce film, l'avant-dernier de la saga
de Bartolomeo Pagano, n'appartienne pas à la série des
"Maciste" : le label colle à l'acteur]). Dans les Sixties,
parallèlement aux remakes et autres séquelles italiens
des films de cosaques (Taras Boulba; Hadji Mourad le Diable Blanc
(2) ou les exploits
du colonel cosaque Vladimir Dubrowsky, L'Aigle Noir (3);
Les bateliers de la Volga...) ou d'aventures russo-mongoles (Les
Mongols; Les Tartares; Michel Strogoff...), Maciste et ses séquelles
vont en perpétuer la tradition, et ce parallèlement au
registre des civilisations des Antiquité : Maciste contre
les Mongols; Le Géant à la Cour de Kublaï Khan, Maciste
et le trésor des Tsars, Ursus e la ragazza dei Tartari; Ursus
il Terrore dei Kirghisi; Ivan le Conquérant).
Du reste, en dépit de la référence du "costume"
antique, les "Maciste" des Sixties renverront régulièrement
au muet : Maciste aux [en] Enfer[s] (1926, remake
1962), Maciste contre le Cheik (1926, remake 1962), Gli
ultimi Zar (1928) / Maciste alla corte dello Zar (1963).
"Le Géant de
la Vallée des Rois" ("Maciste nella Valle del
Re", C. Campogalliani, 1960) consacre le retour à
l'écran du héros imaginé par Pastrone et
D'Annunzio.
Vieilli ou rajeuni (c'est selon, comme le verre à moitié
vide ou à moitié plein), il a subi un lifting
de plus de 3.000 ans !
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3.5. Le retour de Maciste
Le Géant de la Vallée des Rois
En 1960, Carlo Campogalliani ressuscite Maciste sous les traits
de Mark Forest, dans Le Géant de la Vallée des Rois.
Au juste, Maciste avait - très discrètement - fait sa
réapparition à peu près en même temps dans
Les conquérants de la vallée sauvage (La Strada
dei giganti, 1960, de Guido Malatesta).
Clin d'il à Maciste Alpin et au Géant
des Dolomites, ce film racontait comment au siècle dernier
(1859), un ingénieur américain, Clint Farrel (Don Megowan)
doit construire dans les Alpes Apouanes une ligne de chemin de fer devant
relier le Royaume de Piémont au Duché de Parme. Des saboteurs
autrichiens s'opposent à ce projet. A un certain moment, suite
à une explosion, quelques costauds sont appelés pour réparer
les dégâts : interpellé, l'un d'eux répond
au nom de Maciste.
Avec Maciste nella Valle dei Re, Campogalliani
ressuscite le Maciste de Cabiria. D'esclave nègre, le
"bon géant" - le film a conservé cette épithète
du muet - est cette fois promu antique héros égyptien,
un fellah à la force herculéenne. Dans chacun de ses films,
Maciste est un héros d'extraction populaire, jamais un prince
de sang ou un demi-dieu (4).
Car il faut bien rappeler qu'au long de sa carrière muto,
nonobstant sa force surhumaine - le conduisant parfois à vivre
des aventures résolument fantastiques (le dantesque Maciste
aux Enfers, 1926) -, Maciste tenait davantage du détective
en complet-veston, du Judex supermusclé (dans Maciste et le
prisonnier 51, il raccrochait à la force du poignet les wagons
d'une rame de train !). Le même Campogalliani avait déjà,
en 1919, mis en scène quelque cinq épisodes de Maciste
en habit bourgeois. Dans la foulée du succès des Hercule
de la Lux-Galatea (5),
plusieurs maisons de production s'étaient attelées, en
1960, à donner des suites aux aventures du géant mythologique
: la Grandi Schermi Italiani-Contact Organisation, avec Les amours
d'Hercule (1960), et surtout Achille Piazzi (La vengeance d'Hercule,
1960) (6), le véritable
continuateur du personnage créé par Pietro Francisci.
A côté du "label" Ercole, les maisons de production
italiennes cherchent à mettre au point de nouveaux héros
de séries "mythologiques". Steve Reeves, las d'incarner Hercule
- comme le prétend la petite histoire (ou parce qu'il tenait
à conserver Pietro Francisci comme metteur en scène, ainsi
que l'intéressé l'a déclaré récemment
[mai 1989] à Carlo Piazza) - avait, en 1959, fait démarrer
une nouvelle "série" : le cycle d'Emiliano (ou Emilio) avec La
terreur des barbares, également de... Carlo Campogalliani
(7). Cette même
année 1960, Campogalliani - décidément toujours
lui -, avec la complicité de Giuseppe Mangione, pour Cine Italia
(Rome) et Atenea Films (Madrid) ressuscitait d'ailleurs le colosse lygien
de Quo Vadis ?, avec Ursus (abusivement rebaptisé
chez nous par des distributeurs moins novateurs : La fureur d'Hercule).
Le procédé se répète avec
d'autres personnages, bibliques cette fois. Séquelle du David
et Goliath (1959) de R. Pottier et F. Baldi (et de toutes les versions
précédentes), Goliath est réinventé par
Guido Malatesta en 1961 (Goliath contre les Géants). Avatar
de Samson et Dalila (C.B. De Mille, 1944), Samson se trouve une
nouvelle carrière sous la direction de Gianfranco Parolini, la
même année '61 (Sansone - Samson contre Hercule).
En Grèce, Roger Corman réalise une production qui sera
l'unique "muscle-opera" strictement américain : Atlas.
Deux "Maciste" italiens, seront aux Etats-Unis rebaptisés "Atlas".
Quant au héros de Corman, s'il conserve bien son nom en Europe,
il atterrira dans les cinémas de Beyrouth sous l'identité
de "Samson" !
3.6. Le gènere
mitologico
ou la mythologie grecque revue par Cinecittà
A la différence d'Hercule, encore associé
(plus pour longtemps !) au contexte gréco-latin, ces nouveaux
personnages : Maciste, Ursus, Goliath, Samson évoluent dans une
"antiquité" à la limite de la fantaisie orientale ou de
l'heroic fantasy. L'homme le plus fort du monde (A. Leonviolà)
appartient résolument à cette dernière catégorie;
il en va de même pour M. et les Hommes de pierre, M. et les
filles de la vallée, M. le vengeur du dieu Maya, M. et les coupeurs
de têtes, etc. Mais Le Géant de la Vallée
des Rois a pour cadre l'Egypte décadente de l'époque
perse, et Maciste contre le Cyclope, solidement raccroché
à la mythologie grecque, est très proche des "Hercule".
De même Les Deux Corniauds contre Hercule, où deux
paumés milanais, Mario et Raimondo, voyageurs du temps devenus
les ministres du méchant Eurysthée, dressent Maciste (Kirk
Morris) contre Hercule (Frank Gordon), lequel, assisté par les
"Deux Corniauds", Franco Franchi et Ciccio Ingrassia - un tandem de
comiques très populaires dans la Péninsule -, vient d'accomplir
le douzième et dernier de ses Travaux : vaincre le Cyclope (sic).
Maciste contre le Cyclope - et le parodique "Deux Corniauds"
qu'il a généré - est d'ailleurs l'unique épisode
de la série à réellement mériter cette classification
de mitologico dont la critique italienne a fait si bon marché.
3.7. Une mythologie
syncrétique
Mythologie syncrétique - l'expression est de Jacques
Goimard, pour distinguer le seul héros de péplum strictement
cinématographique, par opposition au gréco-romain Hercule,
aux bibliques Samson et Goliath, à Antar,
héros d'une l'épopée pré-islamique, ou à
Ursus des temps néroniens,
en l'occurrence emprunté à la littérature polonaise.
Est-ce dire que ce personnage est totalement inconnu de
l'Antiquité ?
Absolument pas, car Gabriele d'Annunzio, considéré
au moins comme l'auteur des noms attribués aux protagonistes
de Cabiria, était un homme d'une grande culture classique.
Dans le scénario orignal de Pastrone, l'esclave nègre
était désigné sous le nom d'Ercole (= Hercule).
Maciste, son nouveau nom d'annunzien, il ne faut pas chercher
plus loin, c'est tout simplement, en grec dorique, makistos,
le superlatif de makros, "grand". Maciste : "le plus grand".
On trouve dans la mythologie et l'histoire grecques plusieurs personnages
de ce nom, mais sans grand rapport avec celui qui nous intéresse.
Au cinéma, les scénaristes sont assez avares
d'explications sur leur personnage. Dans Maciste contre les Monstres,
le héros se déclare fils du soleil et de la lune; mais
il est vrai qu'il intervient comme arbitre entre deux tribus préhistoriques
: les cruels montagnards troglodytes, qui se réclament de la
Lune, et les pacifiques populations de la plaine, filles du Soleil.
Mais dans tous les films, il est l'anti-demi-dieu, le paysan, l'homme
de la terre : armé de ses seules mains nues, le chef populaire
qui, même abattu, ressuscite parce que le peuple se relève
toujours (Le Géant à la cour de Kublaï Khan).
Aussi, dans Maciste contre le Cyclope - dès l'origine
de la série donc -, il se déclare "fils de la pierre"
(l'argument est du reste repris dans Les Deux Corniauds...) -
jeu de mot faisant référence à l'italien macigno,
"rocher". Pour sa première apparition dans ce film, Maciste semble
se réveiller d'un sommeil minéral : lorsque le serviteur
fidèle vient lui apporter l'héritier légitime à
défendre contre les forces du mal, sa silhouette se détache
du rocher qui lui sert de couche, et avec lequel il semble faire corps...
Maciste dans la mythologie grecque
1. |
La mythologie connaît un
Macistos, éponyme d'une montagne de Triphylie, dans le
Péloponnèse. Macistos était un des fils
d'Athamas et le frère de Phrixos et de Hellé,
qui emportèrent la Toison d'or en Colchide. Mais ce personnage
n'est guère mentionné que par Etienne de Byzance
(s.v. "Makistos"), un géographe tardif. Ce nom superlatif
convient parfaitement à une montagne plus grande que
celles qui l'entourent. On y trouve une ville du même
nom : Makistos d'Elide. Lorsque les Minyens (dont Athamas fut
un des rois), chassés de Thessalie et de Grèce
centrale (Béotie, Phocide) se réfugièrent
en Attique, en Arcadie, en Messénie (Nélée
à Pylos) ou en Elide, Maciste, fils d'Athamas, fonda
la petite ville de Makistos dans le S.-E. de la Triphylie (canton
entre l'Elide et la Messénie), entre Lépreum et
les monts Lapithas. Le toponyme est d'ailleurs fortement associé
à ces régions du Péloponnèse central
: Makistos, en effet, est également le nom d'un fleuve
de l'Elide (XÉN., Hell., III, 2. 25-30) et Macistum ou
Makistos une ville de l'Arcadie mentionnée par PLINE
(IV, 20) et par HÉRODOTE (IV, 148). |
2. |
Au reste, c'est d'Arcadie (8)
ou de Tirynthe en Argolide, que provient tel autre héros,
Mécistée (Mekisteus), l'un des cinquante fils
de Lycaon, troisième fils d'Echios, qui sera l'un des
compagnons d'Ajax au siège de Troie, où il sera
tué par Polydamas (Il., VIII, 333 et XV, 339; APD., III). |
3. |
Un autre Mécisteus, plus
connu que le précédent - notre troisième
"Maciste" -, est fils de Talaos et de Lysimachè, et frère
du roi d'Argos Adraste, le capitaine-général des
Sept Chefs qui attaquèrent Thèbes pour soutenir
les droits de Polynice banni par son frère Etéocle.
Apollodore le mettra au nombre des Sept, et il sera tué
par Mélampous (ou par Mélanippos, dans d'autres
versions) en attaquant la porte Proétide.
Les autres auteurs font de lui le cocher de son frère
Adraste, le seul des Sept qui, grâce à la rapidité
de son cheval-prophète Arion, échappa à
l'extermination générale de l'armée argienne.
On peut supposer qu'embarqué sur le même char,
dont il était le conducteur, Mécisteus en réchappa,
lui aussi, car un autre récit, le montrait participant
aux jeux funèbres donnés dans cette même
cité de Thèbes en l'honneur d'dipe - et
y gagnant de nombreux prix (9). |
4. |
De son côté, Hérodote
(HDT., IX, 20-25) parle d'un chef perse qui combattit à
Platée, appelé Masistios (10),
"que les Grecs, eux, nommaient Makistios" : "peut-être
à cause de sa grande taille", conjecture Ph.-E. Legrand.
Le chapitre 25 du livre IX des Histoires, raconte la capture
de la dépouille de ce Makistios, après un combat
- digne des poèmes d'Homère - contre la cavalerie
perse. Hérodote insistait sur la taille du vaincu : Ils
mirent le cadavre sur un char et le portèrent tout le
long de leurs rangs; ce cadavre, vraiment, méritait d'être
vu à cause de sa grandeur et de sa beauté; à
cause de sa grandeur, de cette beauté, beaucoup même
quittèrent leur rang pour venir regarder Masistios |
Cette année 1961 qui verra naître outre la
postérité d'Ursus, les personnages nouveaux de Goliath,
Samson, et même une série de faux Tarzan "en péplum"
(Taur), donnera six Maciste
dans le sillage du "Géant de la vallée des Rois" : Maciste
l'homme le plus fort du monde (Mark Forest) et Maciste contre
le Cyclope (Gordon Mitchell), tous deux signés par Antonio
Leonviolà pour Panda Films, qui a flairé le filon que
constitue l'ancien personnage vedette de l'Itala, remis au goût
du jour par le "mitologico".
Après ces incursions
successivement en Egypte, dans un monde subterranéen indéterminé
(celui des Hommes-Taupes), et en Grèce, Maciste dirige
ses pas vers l'Orient, Il a maintenant les traits de Gordon Scott,
le onzième Tarzan qui, las d'incarner le personnage créé
par E.R. Burroughs pour un salaire minable, vient de débarquer
à Cinecittà. Sur les bords de la mer Rouge, Maciste
affronte l'un des plus étonnants vampires de toute l'histoire
du cinéma fantastique (Maciste contre le Fantôme,
de Giacomo Gentilomo et Sergio Corbucci, pour Ambrosiana Cinematografica).
Gordon Scott enchaîne avec un second Maciste,
Le Géant à la cour de Kublaï Khan (Maciste
alla corte dell gran Kan / Kublaï Khan et le Géant
de Mongolie), de Riccardo Freda, où il délivre
le peuple chinois de ses oppresseurs mongols. Maciste finissait
par succomber sous les coups de ses ennemis et était tué
(ou tombait en catalepsie ?). Inhumé dans une crypte sous
le palais, cependant que les Mongols s'apprêtaient à
exécuter ses amis, l'Esprit du Bien le ressuscitait et,
tel Samson ébranlant les murs de son tombeau, il faisait
s'écrouler l'édifice. Ce film, lorgnant vers le
fantastique, était issu de l'association de la Gallus (Le
Géant de la Vallée des Rois) et de la Panda
Films (M. contre le Cyclope; M. l'homme le plus fort
du monde).
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En cinquième et sixième position, cette
année-là, viennent enfin un faux Maciste et une parodie
(déjà !) : Maciste dans la Vallée des Lions
(cycle d'Ursus) et Totò
contro Maciste (Wanguard Film & Liber Film), de Fernando Cerchio,
réalisateur qui se fera une spécialité du "péplum
pharaonique". Abondamment caviardée de stock shots tirés
de La princesse du Nil (Tourjanski, 1960), cette dernière
aventure est, en fait, très différente de l'alléchant
résumé publié dans le catalogue de la production
italienne 1961 (11).
Jouet d'une reine intrigante qui conspire avec les Syriens contre son
pharaon de mari, l'esclave Maciste (Samson Burke) y apparaît comme
la brute intégrale - au propre comme au figuré - contre
qui se dressera un "hercule" de music hall, Totonkamen, hâbleur
sacré à la hâte "Fils d'Amon", ultime espoir de
l'Egypte contre les hordes barbares vômies par l'Asie. Avant d'affronter
Maciste et son armée, casque emplumé en tête, Totò,
du haut de son char de guerre, profère un discours parodiant
ceux de Mussolini. Caricature de caricature, Maciste, l'esprit embrumé
par une drogue, roule des yeux, rugit, renverse les colonnes du palais
de pharaon - le bon vieux numéro de Samson - jusqu'à s'assommer
lui-même d'un bloc cyclopéen... ce qui lui permet de recouvrer
sa lucidité pour la plus grande joie de la princesse Nefertiti
(fille de Pharaon), qui l'aime et, telle Salammbô rencontrant
Mathô dans le camp des mercenaires, a commit l'imprudence de se
risquer sous sa tente, dans le camp des Syriens.
Sept "Maciste" en 1962, dont un parodique, nous promènent
de Rome en Asie mineure romaine, en Grèce mythologique, dans
l'Ecosse du XVIIe s. (via les Enfers dantesques), dans le Maroc et l'Espagne
du XVe s., dans la préhistoire enfin, avant de retrouver - une
nouvelle fois - l'Egypte des Pharaons.
Avec Maciste en Enfer (Riccardo Freda), reprenant un
argument déjà exploité par Guido Brignone
en 1926, Panda Films est toujours sur la brèche, mais
accuse déjà des signes d'essoufflement (?) en
consacrant sept minutes (et non pas quinze, comme on l'a affirmé
assez gratuitement [12])
à évoquer les précédents exploits
de Maciste dans la production "Panda" : M. contre le Cyclope
et M. à la cour de Kublaï Khan, ainsi qu'un
fragment du G. de la Vallée des Rois (prod. par
la Gallus, que nous avons vu s'associer à Panda pour
le G. à la cour de Kublaï Khan) (13),
Kirk Morris, le nouvel interprète de Maciste, remplace
tour à tour Gordon Mitchell, Gordon Scott et Mark Forest
dans les gros plans de ces extraits.
Notre homme passe ensuite à la York Film pour tourner
de nouvelles séquelles égyptiennes à la
saga de "l'Homme le plus fort du monde" : Le Triomphe de
Maciste (Amerigo Anton). C'est d'une sorte de remake
du Géant de la Vallée des Rois qu'il s'agit.
Maciste est un habitant de Memphis [ou Axur (?), selon une
autre source], luttant contre l'usurpatrice Tenephi pour
rétablir le prince Iram sur son trône. Au passage,
il lui faudra arracher sa bien aimée Anthéa vouée
à être sacrifiée au dieu du feu par les
cavernicoles Hommes-Youris - pérennité de la thématique
molochiste ! Tout cela fleure bon l'Egypte lyrique de l'opéra
: La flûte enchantée et Aïda
passés à la moulinette de l'heroic fantasy.
Notons tout de même que Ptah (non nominalement cité),
le dieu tutélaire de Memphis, était bel et bien
assimilé par les Romains à Vulcain. Mais ici s'arrêtera
la comparaison.
Entre deux "Ursus", Ed Fury déserte les plateaux de
Cine Italia pour tourner Maciste à la cour du Sheik
sous la direction de Domenico Paolella, spécialiste des
films de pirates et de cape et d'épée, qui signe
ainsi son second "Maciste". C'est une production Comp. Italiana
Grandi Film.
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Riccardo Freda a reconstitué
l'enfer de Dante dans les superbes grottes de Castellana
(Bari). Kirk Morris y incarne Maciste ("Maciste en
Enfer", 1962) |
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Un nouveau venu cette année : le rouquin Reg Lewis,
dont ce sera l'unique prestation cinématographique : Maciste
contre les Monstres, dont il existe une version coquine (Esclaves
nues pour des Monstres). Ces aventures préhistoriques sont
mises en scène par un autre "spécialiste", Guido Malatesta,
pour EUR Cinematografia.
Maciste renoue avec le monde gréco-latin sous l'égide
de trois producteurs non encore rencontrés ici. Le premier est
Le Gladiateur de Rome, de Mario Costa (avec Gordon Scott, rebaptisé
"Marcus" dans la V.F., car Maciste n'y accomplit aucun exploit musculaire
vraiment digne de sa réputation) pour CIRAC - Giorgio Agliani
Cinematografica (14).
Le deuxième s'intitule Maciste contre les Géants
(Maciste, il gladiator più forti del Mondo - Mort dans l'arène).
En 26 de n.E., Mark Forest / Maciste est un pauvre laboureur
du Marsabad, petite principauté d'Asie Mineure sous tutelle romaine
- à moins que nous ne soyons au IVe s. av. n.E., dans
le Minturno, "petit royaume indépendant d'Italie méridionale",
ainsi que l'affirme le pressbook espagnol : on nage décidément
dans le flou artistique -, qui va déjouer le coup d'Etat, organisé
depuis Rome par des sénateurs véreux lesquels ont commis
à cet effet sept hommes de main, sept redoutables gladiateurs
(Maciste contre les Géants, prod. Leone Film).
Les Deux Corniauds contre Hercule (Maciste [Ciccio e Ingrassia
(15)] contro
Ercole nella Valle dei Guai = "Maciste contre Hercule dans la Vallée
des Larmes"), de Mario Mattoli - avec Kirk Morris dans le rôle
de Maciste -, déjà évoqué plus haut, est
un curieux cocktail de tout ce qui a été fait précédemment
: un titre paraphrasant Ursus nella Valle dei Leoni, deux comiques
locaux très populaires - Franco Franchi et Ciccio Ingrassia -
qui s'efforcent de rééditer la prestation des Trois Stooges
(Trois Stooges contre Hercule, d'Edw. Bernds) (avec le même
argument de la machine à remonter le Temps !) et un synopsis
faisant songer tout à la fois à Maciste contre le Cyclope
(16) et Ulysse
contre Hercule. Carlo Campogalliani sera crédité,
en 1963, d'un projet similaire consistant à faire se rencontrer
Maciste et Hercule. A notre connaissance, ce film ne sera jamais réalisé,
à moins peut-être qu'il ne s'agisse du film de Mattoli
(17) (Deux Corniauds
contre Hercule, prod. Cinesecolo).
Pour la bonne bouche, rappelons que l'année suivante dans Le
mépris (J.-L. Godard, 1963 - qui a ses lettres (18)
!), Michel Piccoli incarne un scénariste de péplum - Paul
Javal - qui a connu un foudroyant succès commercial pour avoir
écrit un Totò contre Hercule (allusion à
Totò contro Maciste, bien évidemment !). Fritz
Lang (himself) et son producteur Jérémie Prokosch
(Jack Palance) veulent absolument qu'il leur "replâtre" L'Odyssée
qu'ils sont en train de tourner dans la baie de Naples (19).
Pas un seul Maciste "antique" en 1963, mais cinq productions
qui confirment le personnage dans l'heroic fantasy. Leone Films
avec Le retour des Titans, titre abusif qui s'efforce d'exploiter
au maximum la présence aux côtés de Mark Forest,
de Giuliano Gemma, héros du mémorable Les Titans
de Duccio Tessari (1961-62) (Maciste, l'Eroe più forte del
Mondo, de Michele Lupo).
Maciste et le trésor des Tsars (Amerigo
Anton [= Tanio Boccia], pour Luigi Rovere [Cineluxor],
avec Kirk Morris) s'efforce de nous expliquer comment, congelé
dans son sarcophage, Maciste a pu franchir la barrière des siècles
pour atterrir dans la Russie médiévale. Le méchant
Tsar Nicolas veut détourner à son seul profit les trésors
découverts par une expédition "spéléologique"
dans la tombe du héros, quelque part en Asie centrale. Mais ses
sbires se heurteront à Maciste (amnésique, après
avoir été quasiment muet dans Maciste en Enfer)
qui conduira les rebelles à la victoire, détrônera
le tyran et offrira son trésor au malheureux peuple russe. Maciste
contre Zorro (Umberto Lenzi, pour Romana Films (20),
avec Alan Steel) ne se donnera pas tant de peine pour justifier ce nouvel
"uchronisme" ! Mais le résultat n'était pas déplaisant
dans son opposition de la force brute et de la ruse, dans le cadre de
l'Espagne de la fin du XVIe s.
Avec Maciste contro i cacciatori di teste / M. contro
i tagliatori di teste de Guido Malatesta, pour R.C.M. Produzioni
Cinematografiche), Maciste, rescapé avec ses amis du cataclysme
qui a englouti leur île, traversent l'océan sur un radeau
de fortune et abordent la terre des Incas qu'ils défendront contre
les coupeurs de têtes de la jungle. (Y précédant
ainsi d'un an son "cousin" Hercule - Ercole contro i Figli del Sole,
d'O. Civirani, 1964). Rien à voir avec la thèse de Thor
Heyerdahl sur les contacts possibles entre les vieilles civilisations
méditerranéennes et celles du Nouveau Monde, mais un parfum
d'heroic fantasy à la Howard, à la Sprague de Camp,
à la Burroughs. En franchissant les Alpes, Maciste est d'ailleurs
rebaptisé "Tarzan chez les coupeurs de têtes". Après
le procès qui sera intenté par les héritiers de
Burroughs aux distributeurs, le nom de Tarzan est gommé (du moins
en France, semble-t-il; en Belgique il continuera sa carrière
sous le nom de l'Homme-Singe) et certains pavés le désignent
sous le titre Le gladiateur contre les coupeurs de têtes.
Kirk Morris incarne une fois de plus Maciste.
Dans le sillage de Taras Boulba une série
de films d'aventures historiques italiens se donnent pour cadre la lutte
des Cosaques contre leurs ennemis Russes ou Polonais ou, alternativement,
la Pologne et sa résistance aux hordes asiatiques. C'est un cadre
rêvé pour de nouveaux exploits de Maciste ! Jonia Films
produit Maciste contre les Mongols (Domenico Paolella, avec Mark
Forest).
L'année suivante, Jonia Film tourne une séquelle
du précédent film (en réalité, ils ont été
tournés simultanément pour des raisons de rentabilité,
mais la seconde bande est gardée en réserve pour donner
une "suite", l'année suivante), toujours avec la complicité
de Domenico Paolella et de Mark Forest (rebaptisé Magikar, dans
la V.F.) : L'enfer de Genghis Khan. Avec sa régularité
habituelle, Panda Film sort "son" Maciste annuel : Maciste dans les
mines du roi Salomon, avec Reg Park. Il est permis de penser que
ce film datait en fait de 1962, date à laquelle Reg Park aurait
définitivement quitté l'Italie, pour retourner à
Johannesburg, où il réside. Maciste est également
rebaptisé "Magikar" dans la V.F.; la mise en scène est
signée Martin Andrew (= Piero Regnoli).
Cineluxor (Le Trésor des Tsars, 1963) confie à Amerigo
Anton un second Maciste : La Valle dell'Eco tonante [Maciste
et les filles de la vallée [perdue]),
avec l'ineffable Kirk Morris; il s'agit d'une sorte de fantaisie
orientale.
La France et l'Italie coproduisent deux autres "Maciste" : Nike
Cinematografia (Rome) et le Comptoir Français de Prod.
Cinématographique, par l'entremise de Giacomo Gentilomo,
font peser sur les épaules d'Alan Steel (= Sergio Ciani)
un Maciste et les Hommes de pierre (M. contro gli uomini
luna / M. e la regina di Samar). De l'association Prometeo
Film (Rome) et J. Leitienne (Paris), naît un Maciste
et les cent gladiateurs (M. il gladiatore di Sparta),
où notre héros... se convertit au christianisme
(réal. Mario Caiano et Piro Marsolini).
Roberto Mauri, pour le compte d'IFESA, tente de retrouver la
bonne vieille recette des mondes souterrains, qui, en 1961, avaient
fait le succès de l'"Homme le plus fort du Monde"; ce faisant,
il trouve un... frère à notre héros - et
les voilà partis à la recherche de la Fontaine de
Jouvence en des territoires infestés d'Hommes-Léopards
(Les Invincibles frères Maciste, avec Richard Lloyd
et Tony Freeman). Mais il n'y a plus de jouvence possible pour
le péplum; les mondes subterranéens constituent
un thème qui aura été exploité jusqu'à
la corde. Senior cinematografice (Rome), les Films Régent
(Paris) et Exibidores films (Madrid) ne sont pas trop, à
eux trois, pour réunir les quatre grands champions : Hercule
(Alan Steel), Samson (Red Ross), Maciste (Nadir Baltimor) et Ursus
(Yann Larvor - le "plus bel Hercule de France", selon les lectrices
de CinéMonde). Ce Grand défi était
signé Giorgio Capitani, d'après une idée
de Giorgio Cristallini.
Il nous faut encore signaler Le Temple
de l'éléphant blanc, énième version
de Sandokan, le héros du romancier populaire italien Emilio
Salgari, dont l'action se situe cette fois dans le protectorat
du Sikkim, en Inde. Astucieusement baptisé : Sandok,
il Maciste della Giungla ("Sandok, le Maciste de la
jungle" !), voici un "Maciste" ravalé au rang de simple
substantif et un Sandok[an] - incarné par Mimmo
Palmara - comparse-collabo et ami des Anglais, qui veulent anéantir
une secte de tueurs indiens opérant depuis l'Etat de Jadapour.
Salgari se retourne dans sa tombe et il ne restera plus à
Sean Flynn qu'à "disparaître" au Viêt-nam,
dans les circonstances tragiques que l'on sait. (Réalisation
: Umberto Lenzi, déjà responsable du mémorable
"Maciste contre Zorro".)
|
Dans "Les Invincibles frères
Maciste"
(R. Mauri, 1964), notre héros s'est dédoublé |
|
C'en est fini de la série des "Maciste". Cette
même année encore, l'on tournera Il Leone di Tebe /
Elena regina di Troia où Mark Forest incarne un héros
grec de la guerre de Troie, le Spartiate Arion, compagnon de la belle
Hélène en Egypte, où une tempête l'a jetée
retour de Troie avec son mari Ménélas. Réédité
en Belgique dans les '70, le film se verra affublé d'un nouveau
titre, qui est une manière d'hommage à l'initiateur de
la série, à l'Homme de la Vallée des Rois : Maciste
et la reine de Troie.
1965 sera l'année ultime du péplum. Avec
de larges emprunts à Maciste contre les Monstres (et de
plus larges encore à Maciste contre les coupeurs de têtes),
Giorgio Marzelli (Urias Film - G.M.C.), qui les avait coproduits, ficèlera
tant bien que mal un ultime Ercole contro il gigante Golia, bizarrement
rebaptisé en France (et en Espagne) Maciste, le vengeur du
dieu Maya. Le héros, dans la V.F. se nomme toutefois bien
"Hercule". Sans doute à cause de Kirk Morris, plus connu comme
interprète de Maciste que d'Hercule. Guido Malatesta, qui avait
déjà tourné les deux premiers, signera encore celui-ci.
3.8. La déchéance
de Maciste
1971 : l'année du soubresaut. Lea Film sort de
derrière les fagots un péplum "comme on n'en fait plus"
(avec de gros plans de mastication qui annoncent irrésistiblement
La grande bouffe de Ferreri [1973]), Al Albert (= Alberto
Albertini) tourne un Il ritorno di Maciste [titre de travail],
qui deviendra, à sa sortie, Il ritorno del gladiatore più
forte del Mondo, un titre superlatif bien dans la lignée
des précédents. Brad Harris (qui a pris un coup de vieux)
incarne ce tribun Martius Taunus, dont les exploits n'évoquent
en rien les prouesses extraordinaires de ses prédécesseurs.
Un gouverneur félon en Germanie, des chrétiens persécutés
à Rome, des scènes de catacombes et un pont sur le Rhin
(piqué à Constantin le Grand) : tels en sont les
ingrédients. Le retour du gladiateur le plus fort du Monde
ne vaut guère mieux que les westerns décadents produits
cette même année par l'Italie.
En 1973-74, Jésus Franco réalise en France,
pour Robert de Nesle (les Comptoirs Français du Film Productions)
deux Maciste érotiques - un pour le producteur (Les gloutonnes
/ t. trav. : "Les Exploits érotiques de Maciste dans l'Atlantide"),
l'autre pour son plaisir personnel (Les Amazones de la luxure
/ t. trav. : "Maciste contre la reine des Amazones"). Franco
prétend avoir rendu hommage au péplum défunt; il
affirme également, en faisant de son protagoniste (Val Davis)
un personnage de la Renaissance (21),
avoir donné un Maciste plus proche du personnage original du
muto italien, que celui du péplum. Tout cela est très
contradictoire, et il est assez évident que Maciste-Wal Davis
(= Waldemar Wohlfaart), satisfaisant toute une tribu d'Amazones lesbiennes,
se sert mieux de ce qui se trouve en dessous de sa ceinture que de ce
qui est dans ses manches. Le résultat est d'une affligeante médiocrité.
Et si La vie érotique d'Ursus (Ettore Anrosi (?), 1970)
(version remontée avec des séquences porno additionnelles
de La terreur des Kirghizes (22)
(Anthony Dawson [= Antonio Margheriti] et Ruggero Biola, 1964)
avait éreinté - sans jeu de mot - son modèle "quovadien",
Hercule, lui, n'avait pu éviter d'être, dès 1962,
raillé dans une comédie heureusement non "antique", intitulée
Le pillole di Ercole (Les pilules d'Hercule, L. Salce),
où la large carrure était encore synonyme d'ardente virilité
- celle-ci sonne le glas dans les '70.
Dans cette décennie finissante, le gabarit du culturiste
n'est plus seulement synonyme d'un Q.I. dérisoire, mais aussi
d'impuissance. Dans Prostituée le jour, épouse la nuit,
Eva Czemeris est poursuivie des assiduités d'un athlète
nommé... Maciste. Dans la chambre, il fait des effets de muscles
en se vantant d'être le nouveau colosse de Cinecittà; mais
quelques instants plus tard, il est bien forcé d'avouer qu'il
n'est pas musclé de partout !
Le cinéma loufoque français n'épargnera pas davantage
les héros de péplums. Dans Les bronzés,
de Patrice Leconte, film brocardant l'"Hexagonal" en vacance dans un
club spécialisé (qui ressemble à s'y méprendre
au Club Méditerranée), "Popeye" (Thierry Lhermitte), le
moniteur de sport, le "G.O." play-boy, voulant épater sa belle
fait des haltères avec le sommier du lit ("O Hercule, O Maciste",
(23) s'écrie
celle-ci en se pâmant)... et s'écrase le pied dessous.
Comics
Vers la fin des '70 aux Etats-Unis, le Neuvième Art nous
vaudra un curieux avatar de notre héros intemporel, ravalé
toutefois au rang de comparse. Sous la graphie Machiste - qui
est celle de la TV américaine - le dessinateur-scénariste
Mike Grell, pour la DC Comic's, restituera au héros d'annunzien
sa sombre pigmentation. Roi noir devenu esclave, il est le compagnon
du "Warlord", le lieutenant-colonel Travis Morgan, de l'USAF, qui a
pénétré dans Skartaris, le monde intérieur
de notre globe (24)
Dans "The Warlord", Machiste réapparaît
dans un monde intérieur de notre globe.. - |
Anthologies
Vers 1977, le cinéma italien rendra hommage à Maciste
dans un film-anthologie regroupant un choix d'extraits de péplums,
signé par Antonio Avati : Kolossal, I Magnifici Maciste
(Euro International Film, Rome) (25),
hélas inédit en France et en Belgique. A noter qu'une
autre anthologie italienne regroupait, entre autres, quelques extraits
de Cabiria et de plusieurs Maciste muto (e.a. Maciste
dans la cage aux lions) : Antonio Petrucci, Antologia del cinema
italiano : Il cinema muto (1896-1926).(26)
"Kolossal. I Magnifici Macisti"
(A. Avati, 1977) : la compil ! |
NOTES :
(1) Maciste a une mère,
qu'il découvre mourante au début de Maciste
contre le Fantôme (1962). - Retour
texte
(2) En 1850 (aventures
tirées de Léon Tolstoï) : Il diavolo Bianco
(1947) et Agi Murad, il Diavolo Bianco/La charge des cosaques
(Riccardo Freda, 1959 - cf. ciné-photoroman :
"La charge des cosaques", Star Ciné-Bravoure,
n° 23 (2e an.), 1er février 1962 et Fereydoun Hoveyda,
"Si la montagne ne vient pas à toi...", Les cahiers
du cinéma, n° 109, juillet 1960, pp. 55-57.
- Retour texte
(3) En 1782, contre les
Turcs : e.a. La vendetta di Aquilla Nera (Riccardo Freda,
1951 - cf. ciné-photoroman : "La vengeance de
l'Aigle Noir", Vie Heureuse, n° 3, 1er trim. 1958)
et Le fils de l'Aigle Noir (James Reed [= Guido Malatesta],
1968). - Retour texte
(4) Dans Maciste dans
la Vallée des Lions, "Maciste" est un prince royal
: mais il s'agit d'un faux "Maciste" (Ursus nella Valle dei
Leoni), ainsi abusivement rebaptisé en passant les
Alpes. - Retour texte
(5) Les Travaux d'Hercule
(1957) et Hercule et la reine de Lydie (1959). - Retour
texte
(6) Initialement annoncé
avec Steve Reeves dans le rôle titulaire sous le titre
"Hercule contre les dieux".
Achille Piazzi produira encore Hercule contre les vampires
(1961); Hercule à la conquête de l'Atlantide
(1961) et le "montage" Le défi des géants
(1965-66). - Retour texte
(7) Dans La vengeance
d'Hercule (aux EU "Goliath and the Dragon"), "Ercole" est
également rebaptisé Emiliano, dit "Goliath".
- Retour texte
(8) Où abondent
les toponymes thessalo-béotiens du pays minyen : Phérès
et Orchomène; le mont Lapithas et les fleuves élidiens
Minyas et Phrixos. - Retour texte
(9) APOLLODORE, Bibl.,
I, 9. 13 et 16; III, 7, 2; Il., II, 565-566; XXIII, 677-678;
PAUSANIAS, I, 28. 1; IX, 18. 1; HÉRODOTE, I, 67; V, 67;
VI, 28. - Retour texte
(10) Un autre homonyme
perse - Masistés (HDT., VII, 82 et IX, 106), frère
de Xerxès, lequel (épris de sa femme) le fit périr
- n'offre aucun intérêt pour notre sujet. - Retour
texte
(11) Une histoire se
déroulant à la fois dans l'Egypte ancienne et
dans l'Italie moderne, nettement démarquée de
La Malédiction des Pharaons de T. Fisher - sauf
que la momie vengeresse est celle de Maciste; une idée
que l'on va retrouver peu ou prou dans Le trésor des
Tsars deux ans plus tard. - Retour
texte
(12) J.-P. TÖRÖK
dans Midi-Minuit Fantastique, n° 6, juin 1963, pp.
81-83. - Retour texte
(13) Le Géant
de la Vallée des Rois, Le Géant à la cour
de Kublaï Khan, Maciste contre le Cyclope et Maciste
en Enfer ont en commun d'avoir été tous les
quatre produits par Ermanno Donati et Luigi Carpentieri. - Retour
texte
(14) Par contre dans
ce film il renoue avec son archétype Ursus (Quo Vadis
?). En effet, Maciste-Marcus incarne le garde du corps d'une
princesse cilicienne otage à Rome. En Espagne, le film
est connu sous le titre El Ritorno di Maciste. - Retour
texte
(15) Sic. Il
s'agit bien sûr de Franco Franchi et Ciccio Ingrassia,
rajoutés sur le matériel de réédition
du film. - Retour texte
(16) Dans l'un et l'autre
film - également dans Totò contro Maciste
-, Maciste se déclare fils de la pierre. - Retour
texte
(17) Une grande controverse
du péplum, que ce film qui n'a jamais été
tourné, quoique le "Walt Lee" en affirme l'existence
à deux reprises, d'abord sous le titre Maciste vs.
Hercules avec Mark Forest, puis sous celui de Hercules
vs. Maciste de Carlo Campogalliani.
Rappelons la genèse de l'affaire.
1. |
Dans Les cahiers du cinéma,
n° 118, avril 1961, le pigiste de service, à
propos de la sortie du Géant de la Vallée
des Rois de Carlo Campogalliani, persifle : "Le vieux
Maciste, jaloux des lauriers de ses successeurs, remonte
vaillamment des enfers. Nous attendons avec confiance
Maciste contre Hercule; |
2. |
J. SICLIER ["L'âge
du péplum", Les cahiers..., n° 131, mai
1962, pp. 28-38], semble le premier à signaler
un projet de C. Campogalliani, Hercule contre Maciste,
1961; |
3. |
Vittorio SPINAZZOLA ["Carnaval
des demi-dieux", Cinéma 64, n° 85, avril
1964, p. 75], dans ses filmos de Maciste et d'Hercule
- revues par la rédaction ? -, ne mentionne pas
Maciste contro Ercole nella valle dei Guai (Mario Mattoli,
1962), mais y recense chaque fois Maciste contre Hercule
(Carlo Campogalliani, 1963); |
4. |
Le délire atteint
son paroxysme lorsque François JOYEUX ["Les
grandes rencontres", Vampirella, n° 24, pp. 54-55],
déclare :
"En 1963, Carlo Campogalliani, encore lui, oppose Hercule
à Maciste dans Ercole sfida Maciste interprété
par Kirk Morris, le moins doué et le plus prolifique
des acteurs de péplum."
Et plus loin : "Enfin, Franco Franchi et Ciccio Ingrassia,
les spécialistes du pastiche systématique,
apparurent auprès du stupide et musclé
Kirk Morris dans Deux corniauds contre Maciste [lisez
Deux corniauds contre Hercule] dont nous ignorons
le titre original". |
L'on peut conjecturer de ce qui précède, que le
projet d'un Maciste contre Hercule attribué à
Campogalliani peut-être par plaisanterie [cf. Cahiers...,
n° 118] (il venait de ressusciter coup sur coup, en
1960, Ursus puis Maciste) ait été finalement mené
à bonne fin par M. Mattoli en 1962 ( Maciste contro
Ercole nella valle dei Guai, alias Les deux corniauds
contre Hercule). Dans le film de Mattoli - pastiche des
Trois Stooges contre Hercule ? -, Kirk Morris incarnait
Maciste, rôle qui lui est également attribué
dans le prétendu Campogalliani, Ercole sfida Maciste.
Il est clair que ceux qui parlent du film de Campogalliani comme
d'une réalité (et non comme d'un projet) ignorent
complètement le film de Mattoli (SPINAZZOLA), ou en ignorent
à peu près tout (F. JOYEUX). - Retour
texte
(18) Faut-il rappeler
que Jean-Luc Godard - dont A bout de souffle (1960) "fut
le véritable manifeste de la Nouvelle Vague" (Jean Tulard)
- était un collaborateur assidu des Cahiers du cinéma,
organe de la "jeune critique parisienne", dont le rôle
de panégyriste du péplum et de révélateur
du talent de Riccardo Freda et de Vittorio Cottafavi - genre
"populaire" et auteurs si méprisés par l'intelligentsia
dans leur pays d'origine ! - n'est plus à rappeler.
Du numéro 99 [septembre 1959] au 147 [1963]
des Cahiers..., on a pu compter sous la plume de Fereydoun
Hoveyda, Michel Mardore, Luc Moullet, Michel Mourlet et Jacques
Siclier, une bonne douzaine d'articles favorables au genre qui
nous intéresse, dont le fameux dossier "L'âge du
péplum", dans le n° 131 de mai 1962.
(Toutefois, il convient de ne pas omettre les articles enthousiastes
de Jacques Goimard dans Fiction, de Gérard Legrand
et alii dans Positif, celui de Vittorio Spinazzola
dans Cinéma 64 [n° 85, avril 1964],
ni les critiques régulièrement publiées
dans Midi-Minuit Fantastique. Dans la première
moitié des années '60, un certain consensus s'était
établi au sein des jeunes critiques piliers de la Cinémathèque
ou du Nickel Odéon de Bertrand Tavernier pour
reconnaître et proclamer bien haut les charmes vénéneux
du cinéma historico-mythologique italien.) - Retour
texte
(19) En fait, Godard
"brodait" autour des circonstances du tournage d'Ulysse
de Camerini (même lieu de tournage à Capri : Porto
Ercole, etc.) dont Orson Welles et le scénariste Ernest
Borneman (hiver 1948-1949), puis le réalisateur G.W.
Pabst (qui refusera d'être crédité au générique)
avaient été les initiateurs (cf. à
ce sujet : Bernard EISENSCHITZ, "Ulysse : Homère, pas
Joyce", in Alberto FARASSINO (sous la dir.), Mario Camerini,
Crisnée (Liège)-Locarno, éd. Yellow Now-éd.
du Festival de Locarno, 1992, pp. 78-79). - Retour
texte
(20) Romana Film, décidément
acharnée à faire glisser le "péplum" vers
le "cape et épée" (cf. Goliath, Samson).
- Retour texte
(21) Soit, c'est un
"conquistadore", d'après le scénario. Mais lorsqu'il
a enlevé ses héroïques cuissardes (en caoutchouc
vert de pêcheur de truite !), un homme tout nu qui s'accouple
avec des dames du début à la fin n'est jamais
qu'un acteur porno. Telle n'a jamais été la vocation
de Bartolomeo Pagano, ni de Mark Forest et ses confrères...
- Retour texte
(22) Le loup-garou ne
tue plus ses victimes : il les viole ! - Retour
texte
(23) Textuellement,
dans le dialogue. - Retour texte
(24) The Secret of
the Lost World of the Warlord. Il existe un album en trad
française, Warlord le Guerrier, Tourcoing, Arédit,
coll. Artima-Color Géant, 1981. Notons l'influence envahissante
du Spartacus de Stanley Kubrick. - Retour
texte
(25) Réalisé
par A. Avati, le film fut produit par Enrico Lucherini (et le
commentaire signé par Maurizio Costanzo). Kolossal
fut annoncé dans L'écran fantastique, n°
2, 1977, p. 23.
En parlant d'anthologies et de repiquages, signalons un curieux
ringard érotique français : Trois filles dans
le vent, de Boris Bradley (sic) [= J.M. Pallardy],
1980 - avec Gordon Mitchell, Georges Guéret et Jean-Marie
Pallardy. Gordon Mitchell, dans son propre rôle, y évoque
avec nostalgie les péplums et les westerns d'autrefois,
et plusieurs extraits de ses films (e.a. La colère
d'Achille et Les gladiateurs les plus forts du Monde)
sont incorporés dans cette bande. - Retour
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(26) Prod. : Cinemateca
Italiane & Cinemateca Nazionale; prés. : Centro Sperimentale
di Cinematografica. Musique de Piero Morgan; mus. consult. Roberto
Nicolosi et Vadin. (Existe en V.F. 16 mm.). - Retour
texte
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