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SALOMON ET LA REINE DE SABA
(King Vidor - EU, 1959)
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Francis Moury a testé pour www.dvdrama.com
(à la courtoisie de laquelle nous devons de pouvoir reproduire
ci-dessous sa critique), Salomon et la Reine de Saba, un péplum
biblique étonnant à plus d'un titre, que la M.G.M. vient
d'éditer en DVD, ce qui réjouira plus d'un visiteur
de ce site qui le recherchait.
L'ultime tournage de King «War
and Peace» Vidor fut filmé en Espagne, près
de Madrid, et restera dans la mémoire des cinéphiles
pour le décès sur le plateau de Tyrone Power, qui
en était la vedette. Ce samedi 15 novembre 1958, le beau
Tyrone dont c'était à 45 ans le 47e film s'écroulait
foudroyé par une crise cardiaque pendant qu'il répétait
une scène de duel avec George Sanders qui incarnait son
frère-ennemi Adonijah (1).
Une semaine après, jour pour jour, Yul Brynner reprenait
le rôle au pied levé, dans ses costumes retaillés.
Contre toute habitude, Vidor - après le tournage des scènes
de bataille réalisées avec le concours de l'armée
espagnole - avait d'abord tourné les plans d'ensemble avec
les acteurs, réservant pour la fin les gros plans. Ne seront
conservés des plans tournés par Tyrone Power que
ceux où il est vu de loin.
La différence d'allure obligera Brynner à refaire
toutes les autres. La scène de la charge des chars égyptiens
aveuglés par les boucliers de bronze des Israélites,
qui vont ensuite se fracasser dans un ravin est un des deux grands
clous du film, le second étant la danse païenne de
Gina Lollobrigida en l'honneur de son dieu de l'amour et de la
fertilité, Râ-Ghon (2),
au cours de laquelle le fils de David s'unira à la reine
de Saba. Chaste orgie chorégraphiée à l'hollywoodienne
dans un de ces décors de carton-pâte dont nous raffolions
alors, où la musique envoûtante de Mario Nascimbene
donnait sa pleine mesure, et qui annonçait celle qu'il
composera pour Les Bacchantes de Giorgio Ferroni. Comme
ses confrères musiciens de films, Nascimbene est volontiers
répétitif d'une B.O. à l'autre, mais toujours
ajoute une pièce exceptionnelle, ainsi le thème
des Vikings et de Barabbas. |
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Novellisation française (Marabout Géant)
et américaine (Corgi Books), par Jay Williams, du scénario
de Crane Wilbur.
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A propos d'un dossier sur l'Ancien Testament à
l'écran (bientôt on-line), nous aurons l'occasion
de revenir sur le contexte politique de ce film, tiré d'un roman
de Crane Wilbur, qui commence par cette phrase (voix off, VF) : «Mille
ans avant la naissance du Christ la frontière entre Israël
et l'Egypte était la même que maintenant.» L'année
précédente, les chars de Tsahal l'avaient reportée
en occupant le Sinaï et en s'assurant de la liberté de navigation
dans le golfe d'Aqaba (29 octobre-5 novembre 1956). L'O.N.U. obtint
d'Israël l'évacuation de Sharm el-Sheikh et de l'enclave
de Gaza, mais l'Egypte ne les réoccupa pas (16 mars 1957). La
guerre de '56 avait été le triomphe des vieux Sherman
T-3 soigneusement retapés sur les puissants T 34 livrés
à Nasser par les Soviétiques (3).
Ironie ? Dans le film où sont engagés 72 chars antiques
reconstitués ceux des Egyptiens sont, conformément à
la réalité archéologique, attelés «à
l'ancienne», avec un joug et un collier. Mais ceux des Israélites
sont d'une conception moderne, avec un palonnier et un licou qui, reportant
la pression sur le poitrail des chevaux, ne les étrangle pas.
Ces chars sont évidemment plus maniables et performants, et l'unique
char égyptien «moderne» est celui des cascadeurs
(voir photos).
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A gauche :
chars égyptiens attelés à l'antique,
sous le joug.
A droite : chars israélites attelés à
la moderne, avec palonnier. |
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A gauche :
le char des cascadeurs «égyptiens», moderne
et plus maniable.
A droite : l'épisode des boucliers de bronze. Une défaite
biblique (les Egyptiens les ont confisqués, ayant conquis
Jérusalem sous le règne de Roboam, fils de Salomon)
qui devient une victoire juive, à l'écran. |
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Salomon et la Reine de Saba
par Francis Moury
Un DVD M.G.M. zone 2 PAL édité en
février 2004
Durée : 135' ou 2h15' - Format d'encodage image : 2.35
compatible 16/9 - son DD2.0 DPL v.o.s.t.f. & v.f. - supplément
: 1 B.A.
SALOMON ET LA REINE DE
SABA - DVD
1) Résumé du scénario
Salomon est choisi par son père David pour lui succéder
à la tête des douze tribus d'Israël : il tente
de se réconcilier avec son frère Adonijah, élève
un temple monumental au Dieu de ses pères, rend la justice
avec une sagesse légendaire. La reine de Saba, petit royaume
allié de l'Égypte, monnaye un complot destiné
à renverser Salomon et lui rend visite pour le mener à
bien personnellement. Un amour sincère ne tarde pas à
naître entre eux, déchaînant la fureur des
guerres d'extermination, la colère divine, la mort d'Abishai
[Abishag] - jeune fille amoureuse de Salomon et qui symbolisait
l'unité politique d'Israël. De la sabéenne
ou de Salomon, qui reconnaîtra finalement le monde de l'autre
en renonçant au sien ? |
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2) Critique
Ultime film de King Vidor (1894-1982) et le couronnement plastique
comme thématique de sa carrière. C'est un des plus
grands «péplum» bibliques du cinéma
américain mais aussi un film très personnel. Ce
n'est pas un hasard si Vidor adapte un épisode de la Bible
en guise de testament cinématographique. C'est l'occasion
rêvée pour lui de manifester sa puissance épique
visuelle héritée du cinéma muet dont il fut
à Hollywood l'un des artisans et de traiter son thème
de prédilection qui est la peinture d'une passion déchirée
et déchirante de deux êtres hors du commun. Gina
Lollobrigida et Yul Brynner rejoignent ainsi la galerie filmographique
des couples vidoriens les plus flamboyants - Gregory Peck et Jennifer
Jones (1946), Gary Cooper et Patricia Neal (1949), Charlton Heston
et Jennifer Jones (1952), Kirk Douglas et Jeanne Crain (1955)
pour ne citer qu'eux - mais la source biblique de l'histoire donne
au film une universalité ample, impressionnante jamais
atteinte auparavant par le cinéaste. Vidor a eu les moyens
de ses ambitions de producteur-réalisateur. Pour donner
un exemple concret de l'ampleur du tournage, mentionnons qu'un
train de 40 wagons fut nécessaire pour transporter le matériel
et l'équipe dans le désert de Los Monegros où
Vidor filma l'affrontement fantastique entre l'armée du
Pharaon et celle de Salomon avec l'aide de plusieurs divisions
de l'armée espagnole. Le temple édifié par
Salomon, les armes, les bijoux, les vêtements correspondent
à la vérité archéologique telle qu'on
peut la trouver dans le Premier Livre des Rois, verset 6. Surtout
la psychologie biblique est respectée en profondeur même
si la biographie de Salomon ne mentionne nullement ces amours
royaux imaginés par Vidor et ses quatre scénaristes.
(4).
La visite de la reine de Saba est racontée au verset 10
du même texte. Son but était, selon les notes historiques
de La Bible de Jérusalem, probablement celui d'une
négociation commerciale et politique concernant les migrations
caravanières dans la péninsule arabique. Mais en
dépit de l'admiration élogieuse de la sabéenne
pour Salomon, admiration non moins écrite et conservée,
nulle part un tel amour n'est décrit ouvertement comme
tel. La reine, après sa visite dont les deux souverains
furent satisfaits, repartit...
Cela dit, Salomon fut amoureux au cours de sa vie de nombreuses
femmes étrangères au peuple dont il était
roi et il introduisit effectivement en Israël par amour pour
elles des cultes hétérogènes au monothéisme
judaïque. L'Ancien Testament ajoute que Dieu lui suscita
des ennemis pour cette raison. C'est donc au fond une pertinente
peinture que celle de cette passion, même si sa temporalité
et son objet en sont profondément modifiés. Elle
rend compte du conflit moral et religieux qu'a sans doute vécu
Salomon et elle le redouble du même coup : la reine de Saba
incarnée par Gina Lollobrigida en est aussi victime avec
la même lucidité et le même déchirement.
On peut oublier les allusions aux derniers développements
du conflit du Proche-Orient qu'analysaient les critiques de 1959.
Elles ont peut-être existé dans l'esprit du réalisateur
mais sont contingentes : la parabole racontée est universelle
et intemporelle. Retenons une mise en scène, une direction
d'acteurs d'élite, un travail des directeurs d'équipes
secondaires qui tous illustrent à la perfection un scénario
construit comme une répétition circulaire progressant
dialectiquement : construction puis destruction puis reconstruction
physique comme morale des individus, portée aux niveaux
politiques comme psychologiques, militaires comme religieux. Vidor
traite ici ni plus ni moins que le thème de la reconnaissance
individuelle d'une part, celui de la lutte des visions du monde
d'autre part. Un épisode de la Bible travaillé et
modifié dans une perspective toute hégélienne
en somme, même si Vidor prend naturellement parti pour l'individu
et contre l'histoire. |
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En
grand équipage, la peride reine de Saba
débarque chez Salomon avec l'intention de le
détruire |
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…
Mais l'amour en disposera autrement… |
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Le moindre détail psychologique ou plastique participe
à la rigueur de la démonstration, à la construction
de son sens profond. La profondeur de champ est utilisée d'une
manière admirable dans les scènes d'intérieurs
du temple ou du palais. Subtils mouvement de grues, recadrages d'une
extrême précision, économie syntaxique aboutissant
à l'épure et au monumental : le film est d'un dynamisme
et d'une beauté confondants. Il atteint parfois une poésie
fantastique (l'orgie sacrée païenne, la destruction du temple
de Salomon, la chute dans l'abîme des armées de Pharaon,
la «résurrection» de la reine de Saba) ou lyrique
(les amants sur la barque) traitée de la manière la plus
directe et la plus dépouillée. Les scènes intimistes
sont traitées avec la même puissance dramatique que les
scènes spectaculaires monumentales. C'est dire que la même
beauté et la même violence fondamentales traversent le
film de part en part.
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1) Image
Format Technirama d'origine encodé en «2.35 compatible
16/9». Belle définition, somptueuses couleurs Technicolor
bien reportées, beaux contrastes mais transfert numérique
un peu insuffisant : les arrières-plans fourmillent constamment.
La copie est belle mais son lissage insuffisant. On a relevé
un gel d'image d'une seconde vers la fin du film et une fin de séquence
est un peu endommagée. Bien sûr, le résultat est
infiniment supérieur (scènes de nuit, scènes
de crépuscules, scènes de désert) à ce
qu'on pouvait voir en VHS ou à la télévision
d'après un master Betacam il n'y a pas si longtemps. On aurait
pourtant aimé une restauration de la copie impeccable et une
compression parfaite. Mais enfin en dépit de ces quelques imperfections,
le film délivre tout de même bien pendant 135 minutes
sa beauté plastique raffinée.
2) Son
Dolby Digital stéréo 2.0 DPL pour la v.o.s.t.f. comme
pour la v.f. d'époque. On entend le «bip» d'amorce
avant le générique juste après le logo MGM. La
v.f. est belle et aux normes de qualité de l'époque :
la voix française de Brynner lui convient bien et il nous semble
que Gina Lollobrigida s'était elle-même doublée.
La version américaine est moins théâtrale et confère
un réalisme psychologique et une sobriété accrus
aux personnages principaux. Le son stéréo d'époque
remis à la norme Dolby est très correct même si
l'ampleur sonore de certaines séquences justifieraient peut-être
un jour un remixage plus ambitieux et puissant. Les pistes d'époque
sont en bon état. A noter que les sous-titres sont bien placés
et très bien écrits, dans un français pur et rigoureux
même s'ils ne traduisent pas la stricte totalité du dialogue
américain. Mais l'essentiel est bien transcrit.
3) Interactivité
Le menu principal en 16/9 visible en 5 langues (anglais, allemand,
français, italien et espagnol) et c'est la première
sélection à laquelle vous êtes convié par
l'affichage. Une fois choisie votre langue, vous avez accès
au menu lui-même affiché dans ladite langue. Il est très
beau et rationnellement présenté. C'est d'ailleurs pratiquement
sa seule qualité : il est d'une pauvreté qui confine
au dépouillement le plus janséniste. Le seul supplément
est une bande-annonce originale.
1) Lecture : pour voir le film immédiatement.
2) Accès direct à une scène : le chapitrage en
16 sections à peu près. Ce découpage est insuffisamment
précis compte tenu de la longue durée du film. Chapitres
ni titrés ni sonorisés.
3) Sélection Langues : groupe sur un écran les options
de 5 langues européennes et de 13 sous-titres européens
offerts. On a l'essentiel : une v.o.s.t.f. et une v.f. d'époque
excellentes.
4) B.A. originale : c'est le seul supplément à proprement
parler. Format 2.35 compatible 4/3. Durée : 1'53". En
v.o. sans sous-titre comme d'habitude. Son image est plus granuleuse
et sombre que celle du film. Elle a l'avantage de traduire les idées
forces du film et de prouver que l'histoire d'amour était au
premier plan dans l'esprit de Vidor, par-delà les autres aspects
si spectaculaires et importants soient-ils.
Salomon et la reine de Saba
Etats-Unis, 1959
Prod. : Présentation Edward Small - Production
King Vidor / Technicolor / Technirama / 136'
Fiche technique
Réal. : King VIDOR; Scén. : Anthony VEILLER, Paul
DUDLEY & George BRUCE (d'après une histoire de Crane
WILBUR); Images : Freddie YOUNG (Op. cam. : John HARRIS); Prod.
: Ted Richmond; Assist. réal. : Piero MUSSETTA, Pepe LOPEZ;
Second assist. réal. : Paul GANNAPOLER; Chorégraphie
: Jaroslav BERGER; Assist. chorégr. : Jean- Pierre GENET;
Dir. art. : Richard DAY, Alfred SWEENEY; Coord. dessins : Ralph
JESTER; Costumes de Miss Lollobrigida : Emilio SCHUBERTH; Coord.
costumes : Eric SEELIG; Assist. production chargé de la
séquence d'orgie : Hamilton KEENER; Dir. prod. : Richard
MCWHORTER; Superv. eff. spéc. : Alex WELDON; Montage :
Otto LUDWIG; Prises de son : F.C. HUGHESDON, Aubrey LEWIS; Mixage
: David HILDYARD; Découpage : Elaine SCHREYECK; Accessoiriste
: Robert GOODSTEIN; Maq. : John O'GORMAN, Tom LEE, Tom TUTTLE;
Coiffure : Ann BOX; Photographies spéciales : Leo FUCHS,
Bob LANDRY; Réal. 2e éq. : Noel HOWARD; Prises de
vues 2e éq. : John VON KOTZE; Op. cam. 2e éq. :
Paul WILSON; Dir. de la distribution : José Luis DE LA
SERNA; Conseilller militaire : major Martin DE POZUELO, Officier
d'Etat Major de l'Armée espagnole; Conseil. techn. séquences
de cavalerie : Augustin MEDINA et Kenny LEE; Musique : Mario NASCIMBENE.
Fiche artistique
Gina LOLLOBRIGIDA (Magda, reine de Saba) - Yul BRYNNER (Salomon)
- George SANDERS (Adonijah) - Marisa PAVAN (Abishag) - David FARRAR
(pharaon [Psousennès ?]) - John CRAWFORD (Joab) - Laurence
NAISMITH (Hezraï) - Jose NIETO (Ahab) - Alejandro REY (Sittar)
- Harry ANDREWS (Baltor) - Julio PENA (Zadok) - Maruchi FRESNO
(Bethsahbée) - William DEVLIN (Nathan) - Felix DE POMES
(général égyptien) - Jean ANDERSON (Takyan)
- Jack GWILLIM (Josiah) - Finlay CURRIE (le roi David)
DISTRIBUTION
FR/ United Artists
NOTES
L'armée espagnole supervisa les trois séquences
de bataille dans Salomon et la reine de Saba et prêta
des unités d'élite des régiments d'infanterie
et de cavalerie pour figurer les Israélites et les forces
ennemies.
Les scènes d'extérieur de Salomon et la reine
de Saba furent filmées à Saragosse en Espagne;
au fameux et magnifique monastère du XVIe s. d'El Escorial;
au palais de Manzanares El Real; et dans les plaines de San
Martin de la Vega.
NOTES :
(1) On se reportera,
e.a., à Pedro SANCHEZ, Charles COURRIÈRE &
Michel DESCAMPS, «Tyrone rejoint Valentino», Paris-Match,
n¬ 503, samedi 29 novembre 1958, pp. 30-43, et Henry-Jean SERVAT,
Secrets de tournages, Le Pré aux Clercs, 2001-
Retour texte
(2) ... par ailleurs
inconnu des mythographes. Nom sans doute forgé de toute
pièce d'après Dagon. - Retour
texte
(3) Il est vrai qu'Israël
avait bénéficié du concours des paras franco-britanniques
qui s'étaient emparés dudit Canal de Suez nationalisé
par le Colonel Nasser en débit des conventions internationales
! - Retour texte
(4) La Bible n'est pas
notre unique source sur celle que les Arabes nomment Balkis
(Balqis, Bilqîs) et les Ethiopiens Makeda. On parle d'elle
dans le Coran (27 : 20-45) : Salomon croit que Balkis
a des pieds de bouc et la fait marcher sur un sol poli comme
un miroir, pour voir sous ses jupes. Petit voyou ! C'est le
Kebra Nagast (La Gloire des Rois) éthiopien qui
parle des amours de Salomon et de Makeda : de leur union serait
né un fils, Ménélik, le «Lion de
Juda», ancêtre du Négus. On trouvera un résumé
du Kebra Nagast, qui est du XIIIe s. de n.E. dans le
Dictionnaire des uvres de Laffont-Bompiani. A noter que
cest le Roi des Rois, lempereur chrétien
orthodoxe (Copte) qui revendique lascendance salomonienne.
Mais il existe également, en Ethiopie, une importante
tribu juive, les Falashas, qui, il ny a pas moins dun
siècle, comptaient un million dâmes; victimes
des persécutions chrétiennes, ils nétaient
plus que 28.000 fin des années 70. Lorigine
de ces «juifs noirs» - qui ont, depuis, été
rapatriés en Israël - est nimbée de légendes.
Les Falashas se disent issus de Moïse et dune reine
éthiopienne (Nombres; Flavius Josèphe) mais se
réclament également de la tribu de Dan. Il pourrait
sagir de descendants de ces Danites qui, sur les navires
dHiram, naviguèrent vers Ophir (cf. les
Afars de Somalie ?). Mais Dan comptait aussi parmi les Dix Tribus
perdues dIsraël qui seront dispersées par
les Assyriens trois siècles plus tard. Plus prosaïquement,
les Falashas pourraient avoir quelque lien avec la garnison
de mercenaires juifs dAssouan que les Perses, puis les
Ptolémées, entretenaient là, sur la frontière
égypto-nubienne. Cf. Louis Rapoport, Les
Falashas dEthiopie. Une communauté en perdition,
J.-C. Lattès, «Collection Judaïques»,
1983. A noter que, selon L. Rapoport, les termes - apparemment
neutres - dans lesquels la Bible relate la rencontre de Salomon
et de la Reine de Saba sont, en hébreu, chargés
de connotations sexuelles («Il lui donna tout ce quelle
voulait », etc.) - Retour texte
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