|
|
|
Le Chevalier Blanc
Sigfrido - La Leggenda dei Nibelunghi
(Giacomo Gentilomo, IT - 1958)
Page 2/4
|
|
|
|
|
III. D'une version à l'autre... les
personnages
Vu la diversité des sources et des langues, il nous a
paru intéressant d'examiner ici les principaux intervenants,
la concordance des noms, les contradictions et variantes, en nous
limitant toutefois à : 1) l'Ancienne Edda norroise
(1),
2) la Chanson des Nibelungs bavaroise, et 3) la Tétralogie
de R. Wagner.
1. La faute
des dieux
(A propos des dieux et de la mythologie germano-scandinaves,
voici pour tout complément d'information quatre sites
francophones utiles, quoique de valeur inégale : AVS-philo.org,
Religion.mrugala.net,
Pagan,
et Walhalla.)
1) La version scandinave conservée dans l'Ancienne
Edda (1230), recueil de poèmes islandais et grnlandais
tirés de sources des VIIIe et IXe s., met en scène
les dieux Odin, Hner et Loki (Thor n'est guère mentionné
dans ce poème).
Selon le «Second poème sur Sigurd, le vainqueur de
Fafner», Odin, Hner et Loki se promenaient
paisiblement, quand il prit l'envie au malfaisant Loki d'assassiner
le nain Ottar-la-Loutre. Mais Hrejdmar, le père d'Ottar,
et les deux frères de ce dernier, Fafner et Reginn
s'emparèrent des trois Ases et exigèrent d'eux une
rançon. Loki fut chargé de la réunir, et
pour ce faire tua le nain Andvari, qui sous la forme d'un
brochet hantait une chute d'eau, et s'empara de son or et de son
anneau (l'Andvari-naut).
2) Dans la Chanson des Nibelungs (Das Nibelungenlied,
1220), «version bavaroise» ou autrichienne, les 39
Aventures ont pour contexte un monde germanique largement christianisé.
Les dieux n'y apparaissent donc pas.
3) Dans L'Or du Rhin, prologue de la Tétralogie
de Richard Wagner, apparaissent outre Wotan, le roi des
dieux (2)
: Donner [Thor, chez les Scandinaves], dieu des orages
et de la pluie; Froh, mari de Freia, dieu des jardins;
Loge [Loki], dieu du feu, fourbe et malveillant; et les
déesses : Fricka [Frigga], déesse du mariage
et du foyer, épouse de Wotan; Freia, déesse
de la jeunesse et du printemps. Intervient également Erda,
déesse de la terre, mère des Nornes (3),
et par Wotan, mère des Walkyries.
Comme les dieux d'Homère, Wotan est un dieu plein de contradictions,
à la fois bienveillant et concupiscent. Il ne dédaigne
pas de descendre sur terre pour tromper son épouse Fricka.
Sa grande préoccupation est de protéger les dieux
contre l'assaut final de leurs ennemis, les géants - d'où
la construction du Walhalla où ses huit filles, les Walkyries,
ramènent des champs de bataille les plus braves des héros
morts. Paradoxalement, il prévoit d'affranchir l'humanité
de leur tutelle car, pour R. Wagner qui adhérait au romantisme
révolutionnaire et à l'optimisme de Feuerbach, le
héros était celui qui rendait caduque la loi et
proclamait la libération de l'Humanité. Tel sera
la mission de son fils Siegmund «le Vainqueur»,
une sorte de surhomme au-delà des lois humaines, un guerrier
sauvage qui peut se transformer en loup et s'unit à sa
propre sur jumelle Sieglinde comme pour préserver
la pureté du sang des Wälsungs - suscitant le désespoir
horrifié de son épouse, la sage Fricka déesse
du mariage et du foyer. Le fruit de ces amours adultérins
et contre-nature sera Siegfried, un héros fruste
et ignorant mais qui connaît le langage des oiseaux, un
homme des bois inaccessible à la peur et pour qui l'or
ne représente absolument rien. A l'origine, Siegfried devait
être le héros de la Tétralogie, mais bientôt
s'imposa à Wagner l'idée de faire de Wotan le pivot
central de son épopée, témoin de plus en
plus impuissant d'un monde en déréliction. Wagner
a-t-il vu, avec le Crépuscule des Dieux - fatum
inéluctable - l'avènement du christianisme et la
fin de la barbarie des anciens temps ? Ou Siegmund-Siegfried,
le héros au-delà des lois, inaccessible à
la peur, à la morale comme à tout ce qui peut intéresser
un homme (la richesse), sauf à l'amour, anticipe-t-il le
surhomme national-socialiste (4)
? On peut en discuter.
Donc pour mettre les dieux à l'abri, Wotan a fait construire
par les géants Fasolt et Fafner le château du Walhalla,
qui sera la forteresse des dieux. Il a promis de leur livrer en
paiement Freia, la déesse des Pommes d'Or, la toute belle
déesse de la Jeunesse et du Printemps. Mais lorsqu'il lui
faut honorer cette promesse, il recourt à un subterfuge.
Wotan, le dieu garant des serments, est en effet un parfait fripon
! Sur les conseils de Loge, il propose aux géants d'accepter
l'Or du Rhin à la place de Freia. Or cet or est maudit.
Il a jadis été volé aux Filles du Rhin Woglinde,
Wellgunde et Flosshilde par le libidineux nain Alberic,
qui a renoncé à se faire aimer par l'une d'elles
en échange de la puissance illimitée que lui conférerait
cet or. Les trois Ondines ont jeté un anathème sur
le nain et son butin, qu'il a emporté dans son souterrain
royaume des Nibelungen - ces nains industrieux qu'il traite comme
des esclaves. Il a fait forger par l'un d'eux, Mime, son
frère et souffre-douleur favori, un heaume enchanté
- qui lui permet de se rendre invisible ou de changer d'aspect
- et un anneau. Un anneau de pouvoir (5).
Wotan et Loge descendent dans le ténébreux séjour
des nains-forgerons et, par ruse - après l'avoir persuadé
de se transformer en crapaud -, s'emparent de l'or, du heaume
et de l'anneau qu'Alberic maudits (6)...
L'or, le heaume et l'anneau maudits sont offerts à Fasolt
et Fafner en échange de Freia. Et la malédiction
commence. Le géant Fafner sur le champ tue son frère
Fasolt afin de rester l'unique possesseur du trésor; puis,
grâce au heaume magique il se métamorphose en dragon
pour mieux le protéger contre la convoitise d'autrui. |
|
2. Les Nibelungen
2.1. Qui sont les Nibelungen ?
Dans l'épopée bavaroise, les Nibelungen sont - stricto
sensu et tout simplement - les possesseurs du Trésor
tant convoité. Comme celui-ci change plusieurs fois de
mains, le mot «Nibelungen» change de sens selon le
contexte.
En s'appropriant leur trésor, Siegfried devient lui-même
le roi des Nibelungen. Dans la version bavaroise, outre leurs
deux rois, Siegfried en massacre pourtant plusieurs centaines.
Mais lorsque, après sa mort, les Burgondes s'approprieront
le trésor, ils se verront à leur tour désignés
comme étant des «Nibelungen». De fait, dans
la seconde partie de l'épopée bavaroise, «Nibelungen»
est synonyme de «Burgondes».
Historiquement, le nom des Nibelungen désignait probablement
la lignée royale burgonde - comme les Amelungen ostrogoths
- ainsi que semble l'attester le fait que divers personnages Nibilingôs,
Nibelungus, Nibelunc ou Nübelung apparaissent comme patronymes
bourguignons entre le VIIIe et le XVe s.
Au départ donc, les Nibelungen sont des kobolds ou des
gnomes, personnifications des forces telluriques, des nains métallurgistes
qui extraient les métaux enfouis dans les entrailles de
la terre.
Toute l'histoire découle
de la malédiction proférée par l'un d'eux,
Alberic (Andarvi, dans la version islandaise), premier
possesseur de l'anneau qu'il a fait forger par Mime (ou Reginn).
L'or du Rhin passe des mains des Ondines à celles d'Alberic,
ensuite aux dieux Wotan et Loge, puis à Fafner le dragon,
puis encore à Siegfried, enfin aux Burgondes avant de retourner
dans les profondeurs du Rhin où l'y précipite Hagen
(Chanson des Nibelungs), quand ce n'est pas le Rhin lui-même
qui, débordant de son lit, récupère ce qui
lui a naguère été arraché - en noyant
Hagen, le fils d'Alberic, qui voulait mettre la main dessus (R.
Wagner).
Le nom d'Alberic renvoie aux Albes ou Elfes - son nom
signifie «Elfe puissant» - et il apparaît dans
d'autres légendes, comme celle d'Ortnit roi de Lombardie.
Il est invisible aux yeux du commun des mortels, sauf pour son
fils Ortnit qu'il aide à conquérir la fille du sultan
Machorel, qui habite sur le mont Thabor. Outre son aspect plutonien,
sa principale caractéristique est de pouvoir se rendre
invisible - pareillement dans le mythe grec, Hadès possède
lui aussi un casque d'invisibilité.
«Nacht und Nebel, / niemand gleich», «Nuit
et brouillard, / semblable à personne», murmure -
dans L'Or du Rhin de Wagner - Alberich, après s'en
être coiffé. Aujourd'hui encore la formule fait frémir
: par une ordonnance du 7 décembre 1941, le Feldmarchal
Keitel avait créé le statut «Nacht und Nebel»,
appliqué aux prisonniers destinés à disparaître
rapidement - terroristes, agents de l'ennemi - dès leur
arrivée dans les camps de la mort. Ils portaient les lettres
NN peintes sur leurs vestes.
La taille d'Alberic est celle d'un enfant de quatre ans, mais
il a la vigueur de douze hommes. Une pierre magique placée
dans sa bouche lui permet de comprendre et de parler toutes les
langues. Alberic apparaît dans les légendes celtiques
sous le nom d'Obéron (7).
Il est très semblable au Rübezahl («Compte-raves»)
ou Riesenzahl des contes bleus germaniques...
Dans les entrailles de la terre,
habitent les Nibelungen,
et Nibelheim est leur domaine.
Ce sont de sombres kobolds, [Schwarzalben sind sie;]
et le sombre Alberich [Schwarz-Alberich]
régnait jadis en maître sur eux.
La puissance coercitive
d'un anneau magique
mit sous ses lois ce peuple diligent.
Les Nibelungen lui amoncelaient
un trésor étincelant
de richesses sans nombre,
trésor qui devait lui conquérir le monde.
(Siegfried, Acte I, sc. 2 - trad. Jean d'Arièges)
2.2. Niflheim ou Nibelheim ?
1) Au contraire de la Chanson des Nibelungs, dans l'Ancienne
Edda le nom des Nibelungen n'apparaît pas pour désigner
le trésor des nains conquis par Sigurd, ou ses possesseurs
ultérieurs (Sigurd et Brynhild sont d'ailleurs présentés
comme des Huns). De fait, le nom des «Nibelungen»
ne figure nulle part dans l'Ancienne Edda, la version islandaise
(8)
préfère parler des Niflungs, de «la race de
Nifl», et du Niflheim, le royaume des morts. Donc,
dans la partie relatant la vengeance de Gudrun, Gunnar est désigné
comme «le héros de la race de Nifl» (9)
ou le possesseur des «trésors de la race de Nifl»
(10), qui au Rhin restituera
«cet héritage de la race de Nifl» (11);
et les frères de Gudrun sont «les descendants
de Nifl» (12).
Dans la version islandaise (et grnlandaise [13]),
le territoire des possesseurs du trésor n'est donc pas
le Nibelheim, le monde des nains métallurgistes
dans les entrailles de la terre, mais le Niflheim, soumis
à l'autorité de la déesse Hel (Niflhel,
«Hel la Sombre» est la neuvième porte des Enfers,
la plus profonde) : l'empire glacé des morts d'où
douze rivières déversent leurs eaux dans l'abîme
et supposé se trouver à l'extrême nord du
monde des humains - le Midgard, «le monde du milieu»
-, c'est-à-dire à l'opposite du Muspelheim,
le pays du feu à l'extrême sud de notre monde.
On cherchera vainement une cohérence entre le monde glacé
des morts (14)
et celui surchauffé des forges, mais quelque part Gunnar,
Hgne et leurs compagnons ne sont-ils pas, clairement, des
morts en sursis partis chez Atle pour un voyage sans retour ?
2) Dans la Chanson des Nibelungs, les Nibelungen sont
en l'occurrence représentés par les rois Schilbung
et Nibelung, qui se disputent le trésor et offrent
à Siegfried une magnifique épée afin qu'il
le partage équitablement entre eux. De nouvelles contestations
surgissant, Siegfried, las de leurs jérémiades,
les tua ainsi que sept cents autres Nibelungen, dont douze géants,
et s'appropria le tout.
Dans cette version il n'est nullement question d'un dragon, ni
d'un nain éducateur du héros. Toutefois, les deux
rois ont un serviteur, Albrîch, à qui Siegfried,
après lui avoir ravi la Tarnkappe, confie la garde de son
trésor.
3) Chez R. Wagner, les Nibelungen sont représentés
par Alberich, le roi dépossédé de
son trésor par les dieux, et son frère Mime,
éducateur de Siegfried. L'un et l'autre nain espère
récupérer un jour l'or actuellement en possession
du dragon Fafner.
2.3. Reginn, Mime
Les forgerons éducateurs de Siegfried (Sigurd)
1) Dans Ancienne Edda, c'est Reginn, fils de Hrejdmar
et frère de Fafner, qui éduque Sigurd. Reginn est
fort savant et un habile forgeron. Dépossédé
par Fafner de sa part de l'indemnité payée par les
Ases pour le meurtre de leur frère Ottar, Reginn n'a de
cesse de vouloir récupérer son dû.
2) Toute autre est la version de la Chanson des Nibelungs,
selon laquelle Siegfried vivait paisiblement à Xanten,
auprès de ses parents Siegmund et Sieglinde qui d'ailleurs
lui survivront. Le preux chevalier n'a donc pas été
éduqué par un nain forgeron, et ce métier
suspect lui est inconnu.
3) Dans la Tétralogie, Mime, le forgeron - frère
et souffre-douleur d'Alberich -, a recueilli Siegfried des mains
de Sieglinde mourante, et a éduqué l'orphelin dans
l'espoir qu'il reconquière pour lui l'or gardé par
Fafner.
C'est à la Sc. 2 du deuxième acte de Siegfried
que le héros, ayant percé le cur du monstre,
se voit - par celui-ci - mettre en garde contre la perfidie de
Mime. Léchant ses doigts couverts du sang du dragon,
il comprend le langage des oiseaux et se précipite dans
son antre pour récupérer l'anneau et le heaume d'invisibilité.
A la scène suivante (Sc. 3), il trouve Mime et Alberic
se disputant la propriété du trésor, et Mime
somme son frère de s'en remettre à l'arbitrage de
Siegfried. Mais le chant de l'Oiseau de la Forêt l'a prévenu
quand aux vraies intentions de Mime à son égard;
il tue Mime lorsque celui-ci lui tend une coupe de poison, mais
épargne Alberic; ce qui permettra à ce dernier -
dans le Crépuscule des Dieux - de comploter contre
Siegfried avec son fils Hagen.
Rappelons que dans la version bavaroise - où Mime a été
oublié -, Siegfried tuait les deux rois, Schilbung et Nibelung,
qui se querellaient et instituait leur serviteur Alberic gardien
de ce qui était désormais son trésor.
Ici encore on peut apprécier les croisements entre versions
: Mime est le même personnage que Reginn, ou son frère;
ou encore Reginn est Fafner. Reginn/Mime et Alberic peuvent se
superposer aux Schilbung et Nibelung de la version bavaroise,
mais pas tout-à-fait - Alberic étant tantôt
le serviteur des deux rois des Nibelungen, tantôt leur roi
lui-même.
Selon la Saga des Vilces, Mime est «le frère
de Reginn qui, changé en dragon, s'est approprié
le trésor de leur père. Mime envoie Sigurd faire
du charbon de bois en forêt. Le héros rencontre le
dragon et l'occit, puis retourne à la forge tirer vengeance
de Mime. En effet, les mésanges lui ont appris que celui-ci
espérait que le monstre le débarrasserait de lui.
Sigurd reçoit de Mime, qui tente de l'apaiser, l'épée
Gramr et une armure.
Dans les autres traditions se rapportant aux enfances de Sigurd,
Mime est appelé Reginn» (15).
[A noter, dans le dessin animé des Studios Walt Disney
Merlin l'Enchanteur (1963), Mime est passé au cycle
breton, devenant Madame Mim, la méchante sorcière
opposée à Merlin.] |
|
3. Géants et dragons
1) Dans l'Ancienne Edda, afin de posséder l'or
Fafner tue son père Hrejdmar - lequel pour se venger
en appelle à ses filles Lynghejd et Lofnhejd.
Fafner, le dragon, vit dans la bruyère de Gnita. Gnitaheide
(heide, «lande, terre inculte») a été
rapproché de Knetterheide, entre Minden et Paderborn, où
au XIXe s. l'on croyait qu'Arminius
avait défait des légions de Varus (16).
2) L'Ancienne Edda et la Tétralogie sont unanimes
pour nommer «Fafner» le dragon gardien du trésor,
mais la Chanson des Nibelungs ne le nomme pas : «Je
sais encore autre chose sur Siegfried; j'en fus informé;
le héros tua de sa main un dragon; il se baigna dans le
sang» etc., rapporte Hagen, en résumant (Chanson
des Nibelungs, strophe 100). La littérature médiévale
(17)
en parle comme du Lindwurm de Worms, c'est-à-dire
le «Dragon du tilleul», de lind, le tilleul
dont une feuille se plaqua sur la peau de Siegfried, et worm,
le «ver», puisque c'est sous cet aspect que l'on imaginait
les monstrueux hôtes des entrailles de la terre - avec un
jeu de mot sur le nom de la ville de Worms, la capitale de Gunther.
3) Il y a, dans la Tétralogie, deux géants : Fasolt
et son frère Fafner. Fasolt a été
emprunté par R. Wagner à la saga de Théodoric
de Vérone. C'était un ogre qui contraignait Virginal,
la reine des nains, à lui offrir le tribut annuel d'une
jeune fille (18).
Wagner a ainsi astucieusement remplacé Hrejdmar, le père
de Fafner parricide, qui dans l'Ancienne Edda refusait
de partager l'or d'Andvari extorqué aux dieux. Et c'est
l'aimable déesse Freia que les dieux doivent livrer à
Fasolt et Fafner.
Son fratricide perpétré, Fafner grâce à
son casque magique se métamorphosera en dragon pour mieux
veiller sur l'or maudit. Le Crépuscule des Dieux
situe son antre à Neidhöhle. |
|
4. Siegmund et Sieglinde - Les Vlsungs
La Vlsungasaga islandaise complète l'Ancienne
Edda en nous fournissant un récit plus détaillé
de la vendetta opposant Sigmund, fils de Völsung,
et son fils Sinfjtli, à son ennemi Hunding
- à qui sa sur Signy [Sieglinde] a été
mariée de force. Signy livra son époux à
la vengeance de son frère, puis - satisfaite - rentra dans
sa maison en flammes, qui était aussi celle de son époux,
pour mourir avec lui.
1) Selon l'Ancienne Edda, Hunding l'ennemi des Vlsung
a, avec ses fils, assassiné Eylime, dont le fils Griper
et la fille Hjrdis sont respectivement l'oncle et la mère
de Sigurd. Sigurd s'en vengera.
2) Toutefois, dans la Chanson des Nibelungs, Siegmund
et Sieglinde règnent toujours sur Xanten tandis que Siegfried
accomplit ses exploits contre le dragon, chez les Nibelungen,
contre Danois et Saxons, puis en Burgondie et en Islande, pour
enfin se marier à Worms et y périr de la main de
Hagen, comme on sait.
3) La Tétralogie reprendra en les réaménagement
sensiblement les malheurs de Sigmund tels que mentionnés
par l'Ancienne Edda.
Dans un autre récit (Chanson de Helgi) (19),
la Walkyrie Sigrun («Rune de la victoire»),
fille de Htigni, est l'amante de Helgi, qui tue le roi
du Hunaland (la Hunnie) Hundingr; elle se réincarnera
sous le nom de Kara. Ce Helgi était le fils de Sigmundr
et de Borghildr de Bralundr (Danemark).
Dans une autre version, Helgi - qui na pas reçu de nom
à sa naissance - est fils de Hjörvardr et de Sigrlinn.
Il est le protégé de la Walkyrie Svava, fille
d'Eylimi, qui le guide au cours de ses exploits guerriers et finit
par l'épouser etc. On voit sans mal d'où Wagner
a tiré l'épisode de Sigmund et Sieglinde, protégés
d'une Walkyrie et opposés à Hunding le Hun, qui
engendreront un héros exceptionnel, ici nommé Helgi.
R. Wagner transféra sur Siegmund divers traits appartenant
à Helgi.
Le couple maudit des jumeaux incestueux, Siegmund et Sieglinde,
a inspiré un roman à Thomas Mann, porté à
l'écran par Rolf Thiele, Wälsungen
Blut. |
|
5. Brunhild la Walkyrie (20)
Différentes orthographes : Brynhild (Ancienne Edda),
Brünnhilde (R. Wagner) : «Courage à la
cuirasse». Certains exégètes l'identifient
à la reine mérovingienne Brunehaut. D'origine wisigothe,
Brunehaut épousa Sigebert [= Siegfried ?] roi d'Austrasie;
elle est demeurée célèbre pour son inimitié
avec la reine de Neustrie, Frédégonde.
1) L'Ancienne Edda : Brynhild, également
nommée Sigurdrifa, est fille de Budle et sur d'Atle,
roi des Huns. Fille adoptive du roi Hejmer, elle est endormie
sur le mont Hind, en Franconie, et est désignée
comme étant une Valkyrie (21).
Sigurd vint l'y réveiller et Brynhild lui enseigna la science
des runes. Ensuite Sigurd alla à la cour de Giuke et de
ses fils Gunnar, Guttorm et Hgne - et leurs surs Gudrun,
Gjaflg et Gullrnd - et se lia d'amitié avec
eux. Détourné de son amour pour Brynhild grâce
à un philtre que lui a fait boire Grimhild (22),
Sigurd brigua alors la main de Gudrun et, pour l'obtenir, livra
la fière Valkyrie au roi Gunnar, après avoir échangé
son aspect avec celui de son ami. Mais Brynhild se douta de la
supercherie en voyant Sigurd porter au doigt l'anneau maléfique,
l'Andvare-naut qu'elle croyait avoir donné à son
«prétendant» Gunnar - en réalité
à Sigurd, qui pour obtenir son consentement au mariage
avait pris les traits de Gunnar grâce au casque d'Æger.
Par pur dépit amoureux, Brynhild demanda à son époux
de la venger du félon; ce fut d'abord son beau-frère
Guttorm (23)
qui affronta Sigurd et se fit tuer. D'un seul coup d'épée,
Sigurd lui fit voler la tête et les deux mains. Alors Brynhild,
connaissant le point faible de Sigurd, en informa Hgne qui
tua le héros alors qu'il se mettait au lit (Anc. Edda,
VII, «Le poème sur Sigurd, le vainqueur de Fafner»).
Sigurd mort, Brynhild ne voulut pas lui survivre. Elle fit mourir
huit esclaves et cinq suivantes puis mit fin à ses jours
(24).
2) La Chanson des Nibelungs : dans la version bavaroise,
Brunhild est la reine d'Isenstein en Islande. Dans cette
version, il n'est nullement question du franchissement d'un cercle
de feu ni d'une première visite de Siegfried.
Invisible, Siegfried force la résistance de Brunhild, mais
- chevaleresque - ne la déflore pas (25).
Toutefois il a la mauvaise idée de voler une bague à
son doigt, ainsi que sa ceinture qu'il offre à son épouse
Krimhild.
Il est à noter que dans la version bavaroise, ce n'est
pas Brunhild dans son souci de vengeance, mais son épouse
Krimhild, trompée par Hagen qui prétend vouloir
protéger Siegfried contre toute malveillance, qui indique
au traître l'endroit où le héros est vulnérable.
3) La Tétralogie : Brünnhilde est une des
neuf Walkyries, filles de Wotan et d'Erda (la Terre); ses surs
se nomment Gerhilde, Ortlinde, Waltraute (26),
Schwertleite, Helmwige, Siegrune, Grimgerde et Rossweisse.
En prenant malgré tout la défense de Siegmund, elle
désobéit à son père Wotan - lequel,
à contrecur, avait dû abandonner le Völsung
dans son duel contre Hunding. Pour la punir, le roi des
dieux la condamne à un long sommeil à l'intérieur
d'un cercle de flammes, en attendant la venue du fils de Siegmund,
Siegfried.
Plus tard, se croyant délaissée par ce dernier,
Brünnhild enseignera à Hagen l'endroit où l'invulnérabilité
de Siegfried fait défaut.
HAGEN : Son kann keine Wehr ihm Schaden ?
«Nulle arme ne peut donc lui nuire ?...»
BRÜNNHILDE : Im Kampfe nicht; doch
träfst du im Rücken ihn...
«Au combat non : pourtant
si tu le frappais dans le dos...»
(Crépuscule des dieux, Acte 2, sc.
5 - trad. Jean d'Arièges)
Les Walkyries amenaient dans le Walhalla les Einheriars,
les héros glorieusement tombés au combat, chevauchant
au travers des cinq cent quarante portes d'Asgard, qui sont si
larges que huit cents hommes peuvent y passer de front. Bien qu'elles
semblent avoir également d'autres fonctions, leurs noms
sont généralement liés aux vertus guerrières.
Citons Rist («Bruit des boucliers»), Mist («Désordre»),
Hilda («Courage»), Thruda («Persistance»),
Hlk («Triomphe»), Heell («Clameur»),
Raangryd («Soif de butin») et Skeggld («Hache»).
Elles ne sont pas sans faire songer aux maléfiques Kères
de la mythologie grecque.
|
|
Dans la tradition des
contes folkloriques, le roi Gunther n'arrive pas à
posséder son épouse Brünnhilde, aussi
subit-il, pendant sa nuit de noces, le plus humiliant
des traitements. «Alors il lutta pour l'aimer
et lui froissa son vêtement. Alors la terrible pucelle
saisit une ceinture d'une forte toile qu'elle portait
à ses hanches; ensuite elle fit au roi le plus
grave des affronts.
Elle lui lia ensemble les pieds et les mains; elle le
porta à un clou de la muraille et l'y suspendit.
Il avait voulu l'empêcher de dormir, elle lui interdisait
l'amour. Voire il faillit mourir de tant de force qu'elle
y mit» (La Chanson des Nibelungs, X,
636-637 (trad. Jean Amsler)).
A droite : Les deux rivales devant les portes de la cathédrale
de Worms, Kriemhilde tend à Brunnhilde l'anneau
maudit et accusateur, preuve de la trahison de Siegfried
à l'égard de sa reine. Illustrations du
talentueux J. Kühn-Régnier pour H. WEILLER,
Epopées et légendes d'Outre-Rhin,
Paris, F. Nathan, s.d.
|
|
|
6. Sigurd, Siegfried
La littérature courtoise française le nomme : Sigefroi.
On a rapproché le mythique Siegfried de l'historique Sigebert,
roi d'Austrasie, époux d'une Brunehaut. Une autre hypothèse,
plus ingénieuse que vérifiable, a rapproché
Siegfried de Xanten et Saint Victor, vénéré
dans la cathédrale de la même ville. En effet, «Siegfried»
est la traduction allemande du latin «Victor». Selon
la légende hagiographique, Saint Victor était le
porte-étendard de cette fameuse «Légion thébaine»
chrétienne qui refusa en bloc de sacrifier aux dieux païens
des Romains, lesquels les martyrisèrent. Le combat de Siegfried
contre le dragon serait la transposition du combat du saint chrétien
contre les forces des ténèbres. Celle qui fut autrefois
la Colonia Ulpia Traiana, Xanten, corruption d'«Ad
Sanctos», en garde un souvenir ténu, car ce rapprochement
pourtant évident, n'est nullement corroboré par
les traditions locales.
1) Dans l'Ancienne Edda, Sigurd est le fils de
Sigmund et de Hjrdis, fille d'Eylime. Sigmund Vlsungsson
était roi de Franconie, mais avait vécu un temps
au Danemark aux côtés d'une précédente
épouse danoise, Borghild, sur de Gunnar. Il avait
trois fils : Sinfjtli, né d'un premier lit, et Helge
et Hunder, fils de Borghild (27).
Sinfjtli fut empoisonné par sa belle-mère
Borghild car il avait tué Gunnar à cause d'une rivalité
amoureuse.
Quant à Sigmund, il fut occis au cours d'une guerre contre
les fils de Hunding; son épouse Hjrdis se remaria
avec Alf, fils de Hjalprek. Et c'est auprès d'eux que Sigurd
passa son enfance (28).
Le poème islandais ne place pas le séjour de Brunhilde
en Islande mais... sur le mont Hind en Franconie. Griper, l'oncle
de Sigurd, lui a prédit qu'il vaincrait les fils de Hunding,
qu'il serait éduqué par le nain Reginn, et que dans
la bruyère de Gnita il tuerait le dragon Fafner, à
qui il ravirait outre le trésor [des Nibelungen (29)],
le casque d'Æger, sa cotte de maille en or et le glaive
Hrotta (Balmung, dans la version bavaroise). Ensuite, monté
sur son cheval Granne et brandissant l'épée Gram
(Notung, dans la version bavaroise), il irait chez le vaillant
roi Giuke, mais en chemin il trouverait une fille de roi endormie
sur le mont Hind depuis la mort de Helge (30).
Celle-ci, Brynhild (également nommée Sigurdrifa,
précise l'Ancienne Edda) est la fille de Budle et
la sur (31) d'Atle,
roi des Huns, mais a été adoptée par le roi
Hejmer (32).
Sigurd est parfois désigné comme étant lui-même
un roi hun (33). En fait,
qu'il s'agisse des versions noroises ou bavaroise, la geste de
Siegfried est dominée par la suzeraineté historique
des Huns sur les Germains au Ve s., qui ne sera abolie que par
l'alliance militaire des Francs, Burgondes et, Wisigoths avec
les Gallo-Romains aux Champs Catalauniques (451). Même de
nom de Hunding, l'ennemi des Vlsung, contient une référence
aux cavaliers de la steppe orientale.
2) Dans le poème bavarois, Siegfried est fils
de Sigmund et de Sieglinde de Xanten, en Néerlande (Niederlant).
Du trésor des Nibelungen il a prélevé la
Tarnkappe qui rend invisible et décuple les forces,
ainsi que l'épée Balmung et, bien entendu, l'anneau.
Il défait Liudegast, roi du Danemark, et son frère
Liudegêr, roi de Saxe, qui deviennent ses vassaux.
3) Enfin, dans la Tétralogie, Siegfried, fils
de Sigmund et de Sieglinde, les Wälsungs (la référence
à Xanten disparaît), a été élevé
par Mime; il a lui-même reforgé l'épée
Notung naguère donnée par Wotan à son fils
Siegmund.
Il possède le Tarnhelm, résille de mailles
qui lui permet de changer de forme et l'anneau des Nibelungen
qu'il a prélevés du Trésor.
Grane, son cheval, lui a été offert par Brünnhilde
(c'est le propre cheval de la Walkyrie, endormi avec elle dans
le cercle de flammes). Ayant réveillé Brünnhilde,
il lui a offert l'anneau maléfique, gage de sa foi donnée,
en échange de la science des runes.
|
|
Siegfried immole le dragon
Fafner, vu par le peintre Karl Diellitz. (Couv. Paul HERMANN,
Mythologie allemande, Perrin, 2001)... et prend
une pose avantageuse en couverture de Jean MARKALE, Siegfried
ou l'or du Rhin, Rocher, 2003
|
|
|
Il est amusant de noter que dans
les versions «païennes» (l'Ancienne Edda
et sa démarque, la Tétralogie), Siegfried est un
forgeron, élève d'un nain métallurgiste et
capable de reforger l'épée paternelle brisée.
L'Ancienne Edda islandaise est à peu près
contemporaine de la Chanson des Nibelungs bavaroise, mais
la première est d'inspiration païenne, alors que la
seconde est courtoise et chrétienne.
Dans l'Ancienne Edda, donc, Siegfried est l'élève
d'un nain forgeron : rien de tout cela dans la version chrétienne
compilée sur le continent une dizaine (?) d'années
plus tard (circa 1220), qui gomme aussi d'autres aspects
sulfureux du personnage comme le fait qu'il soit né à
la fois d'un adultère
et d'un inceste. Il est curieux de noter que dans Kingdom
of Heaven, Ridley Scott ait fait de Balian d'Ibelin, l'ultime
défenseur de la Jérusalem latine (1187) - celui
que René Grousset dans son classique L'épopée
des croisades considère comme la plus parfaite incarnation
des valeurs de la chevalerie chrétienne -, un bâtard
forgeron (34)
officiant à l'entrée de son village, par surcroît
époux d'une suicidée, que son père Jean vient
chercher pour l'entraîner en Terre Sainte alors que trente
ans plus tard, la Chanson des Nibelungs omettrait de rapporter
cette partie du mythe au plus parfait des chevaliers germaniques
qu'est devenu Siegfried.
Faut-il rappeler que le forgeron, ce démiurge qui
a commerce avec les feux de l'Enfer est un personnage ambigu,
diversement connoté d'une culture à l'autre ? C'est
peut-être ici le bon endroit pour rappeler la figure de
Conan le Barbare, le personnage d'heroic
fantasy imaginé dans les années 1930' par le
romancier texan Robert E. Howard, appelé à plus
tard connaître la gloire dans les comics de la Marvel,
avant d'être incarné à l'écran par
Arnold Schwarzenegger. Conan le Cimmérien emprunte beaucoup
à Siegfried. Au début du film de 1981, son père
est un artisan du feu qui a forgé une épée
parfaite. Surgissent alors les Vanirs pillards qui détruisent
le village cimmérien, tuent le père et la mère
(Siegmund et Sieglinde ?), volent l'épée et condamnent
les fils - Conan - à l'esclavage. Devenu adulte, Conan
s'échappe et se venge. Démuni de tout, il découvre
dans une tombe souterraine une «épée atlante»
qui lui permettra de reconquérir l'épée paternelle.
Comment ne pas songer à l'épée Balmung
(Hrotta, dans l'Ancienne Edda) offerte par les Nibelungen
et à l'épée paternelle, l'épée
de Wotan Notung (Gram, dans l'Ancienne Edda)
qu'il va lui-même reforger ? A défaut d'être
lui-même forgeron comme l'était son père,
Conan est comme Siegfried le détenteur de deux épées
mystiques. Quant à sa visite chez une sorcière qui
se change en loup, elle évoque indirectement l'épisode
de la Vlsungasaga où Siegmund et Sinfjtli
ayant trouvé des peaux de loup, deviennent eux-mêmes
des «loups-garous», c'est-à-dire des berserkers
(guerriers sauvages). De Siegmund et des Vlsungs, Hunding
dira :
Ich weiss ein wildes Geschlecht,
nicht heilig ist ihm,
was andern hehr :
verhasst ist es allen und mir.
Je connais une race sauvage;
rien ne lui est sacré
de ce qui est vénérable pour d'autres :
elle est odieuse à tous et à moi-même !
(La Walkyrie, Acte 2, sc. 2 - trad. Jean
d'Arièges)
|
|
7. Les Burgondes
7.1. Le roi
Gunther (Gunnar)
L'histoire du Bas-empire romain nous a conservé le nom
d'un roi burgonde, nommé Gondicaire (Gundikar ou
Gundahar ou Guntiarius), avec toute sa famille et une partie de
son peuple exterminés par les Huns d'Attila en 436.
1) L'Ancienne Edda : le roi Gunnar, fils de Giuke
et de Grimhild [Grimhildr], règne sur les Giukungs,
c'est-à-dire les descendants de Giuke. Le nom des «Burgondes»
n'apparaît pas.
Gunnar est entouré de ses deux frères, Guttorm
et Hgne (35)
(Hagen, dans la version bavaroise et chez Wagner). Chargé
d'une première tentative d'assassiner Sigurd, Guttorm sera
étendu raide mort par celui-ci; plus tard Hgne aura
plus de «chance»... puisqu'il assassinera le héros
dans son lit, pendant son sommeil.
Gunnar confie à Sigurd le soin de conquérir l'amour
de Brynhild à sa place. L'histoire de Siegfried se trouve
donc ainsi placée sous le signe du mensogne et de l'innocence
trompée : doit-on s'étonner se son tragique dénouement
? A propos des propriétés du casque d'Ægir,
l'oncle de Sigurd - Griper - ne parle pas à proprement
parler d'invisibilité, mais d'un échange d'apparence
physique entre Gunnar et Sigurd (36).
A propos de leur mort, chez le roi des Huns : tandis que l'on
arrache le cur à Hgne (37),
Gunnar est précipité dans une fosse emplie de serpents
où il meurt en jouant de la harpe (38)...
avec ses pieds (car ses mains étaient liées), ainsi
que le montre toute une série de représentations
figurées scandinaves (39).
2) La Chanson des Nibelungs : le roi Gunther,
fils de Gébica (?) et de Ute (ou Uote [40]),
règne sur les Burgondes en sa capitale Worms, sur
le Rhin.
Gunther est entouré des autres rois Burgondes, ses frères
Gêrnôt et Gîselhêr. Gîselhêr,
le frère cadet, prend le parti de sa sur Krimhild;
il est également le gendre du margrave Rüedegêr,
un vassal d'Etzel-Attila. Il correspond au Guttorm de la version
islandaise, quoique ses actions soient assez différentes.
Fait prisonnier par Dietrich de Bern au cours des sanglantes agapes
de l'Etzelburg, Gunther est décapité sur l'ordre
de sa propre sur, Krimhild.
Les autres personnages burgondes de la Chanson des Nibelungs
sont le maréchal Dancwart, frère de Hagen; Ortwîn
de Metz (41),
son écuyer, neveu de Dancwart (Hagen est son oncle maternel);
Volkêr d'Alzey, ménestrel; le margrave Gêre;
le margrave Eckewart, qui accompagne Krimhild chez les Huns; Sindolt,
l'échanson; Hûnolt, le chambellan; Rumolt, le cuisinier;
et l'évêque de Passau, Pilgrim (42),
l'oncle maternel de Krimhild.
3) La Tétralogie : le roi Gunther, fils de Gibich
et de Grimhilde, règne sur les Gibichungen en sa
capitale Worms, sur le Rhin; les Gibichungen sont les «descendants
de Gibich». Le nom des «Burgondes» n'apparaît
pas, chez R. Wagner.
Et Gunther n'a qu'un seul (demi-)frère : Hagen.
7.2. Hgne, Hagen
1) L'Ancienne Edda : Hgne (ou Högni)
est avec Guttorm un des deux frères de Gunnar (43).
Les Huns lui arrachèrent le cur (44),
tandis que Gunnar était précipité dans une
fosse emplie de serpents où - nous l'avons dit - il mourut
en jouant de la harpe (45).
2) La Chanson des Nibelungs : Hagen de Tronège,
fils d'Aldrîan, est un vassal de Gunther. Enfant, il a été
otage (46)
à la cour d'Etzel, en compagnie de Walther (47)
d'Espagne.
Le saignement les plaies du cadavre de Siegfried l'accusent d'en
être le meurtrier. Lui et son frère Dancwart commandent
le contingent des Nibelungen (qui, peut être, semble distinct
des autres Burgondes).
C'est Hagen qui décapite Ortlieb, l'unique fils d'Etzel,
qui l'a provoqué sur ordre de sa mère. Fait prisonnier
par Dietrich de Bern, il a la tête tranchée par Krimhild
au moyen de sa propre épée, Balmung, qui
autrefois appartenait à Siegfried.
3) La Tétralogie : le Crépuscule des Dieux
fait d'Hagen le fils d'Alberich et de la reine Grimhilde,
il est donc le demi-frère de Gunther.
Frère, demi-frère ou lige de Gunther/Gunnar, le
statut d'Hagen a pas mal évolué, d'une source à
l'autre. Hagen est un curieux personnage : dans la première
partie de la Chanson des Nibelungs, il a le rôle
du traître, du meurtrier de Siegfried. Mais il y apparaît
aussi comme étant un homme très bien informé,
puisque c'est lui qui identifie l'étranger Siegfried qui
vient de débarquer à Worms, et qui instruit de ses
exploits les frères royaux Gunther, Gernot et Giselher.
Dans la seconde partie, «La vengeance de Krimhild»,
il voit clair dans le jeu de la reine des Huns et prévient
les Burgondes-Nibelungen qu'en se rendant à l'Etzelburg,
ils marcheront à leur perte. En fait, Hagen est le véritable
héros de cette seconde partie de l'épopée
bavaroise : intrépide, loyal, invincible presque. Ce n'est
pas en vain qu'il a, à sa mort, «hérité»
de l'épée de Siegfried.
La seconde partie
de la Chanson des Nibelungs fait passer Hagen «au
premier plan, (il est l') incarnation parfaite d'un germanisme
pur tel qu'il se manifesta en dépit des prescriptions de
la loi évangélique, dans la conscience du temps
durant ce tragique demi-siècle qui vit Milan détruite
et ressuscitée, la défaite de Legnano, la désastreuse
troisième Croisade, le règne éphémère
d'Henri VI, et enfin cette lutte de dix ans pour le trône
d'Allemagne, conduite dans la négation totale de toute
valeur divine et humaine : monde de dévastations et d'anarchie
que devait déplorer Walther von der Vogelweide, dans ses
premières poésies politiques. Monde pour lequel
tout appel lancé par l'Eglise en vue d'une restauration
de la société humaine par le Christ restait sans
écho» (48).
On a beaucoup glosé sur l'origine de Hagen de Tronège.
Sa patrie a tantôt été identifiée avec
Trondheim en Norvège, tantôt avec Tongres en Belgique,
voire une mythique Troias, c'est-à-dire la Troie d'Homère
- car au Moyen Age Celtes et Germains aimaient à se réclamer
des plus illustres origines, parallèles à celle
des Romains : la dynastie de Priam, le roi de Troie.
Assez bizarrement, dans ses Nibelungen (1924), Fritz
Lang a fait de Hagen un héros borgne (idée reprise
dans le remake d'Harald
Reinl (1966) et dans la version érotique d'Adrian
Hoven (1970)). Toutefois, cette mutilation n'est mentionnée
ni dans l'Ancienne Edda, ni sans la Chanson des Nibelungs,
ni dans les opéras de R. Wagner, ni dans le film
de Gentilomo (1957), pas plus que dans le téléfilm
d'Uli Edel (L'Anneau Sacré/Curse of the Ring,
2004). Cependant, dans une version alsacienne de la légende
du meurtre de «Siegfried», Hagen l'écuyer félon
à son maître Wolf
Dietrich(49)
(Thierry-le-Loup) est borgne. Fritz Lang eut-il connaissance de
cette variante ? Eut-il conscience ou prescience que le parjure
Hagen était un doublet de Wotan-Odin, le dieu borgne omniscient
qui veut flouer les nains, comme l'indique la mise en perspective
des personnages de la chanson avec la trifonctionnalité
indo-européenne (50)
? Ou tout simplement se projeta-t-il lui-même à travers
ce personnage emblématique, lui, Fritz Lang, qui - engagé
volontaire dans l'armée autrichienne - perdit un il
sur le front italien en 1914 (51)
? Hédy Sellami (Eclairages.com.fr)
a en tout cas noté le parallélisme entre Les
Nibelungen (1924) et M le Maudit (1932) du même
Fritz Lang : l'il
(les yeux), la mélodie sifflée et la marque dans
le dos. Hagen, le meurtrier borgne, et le vendeur de ballons
aveugle qui a identifié l'assassin des petites filles à
la mélodie qu'il siffle; le chant de l'oiseau dans la forêt
qui révèle à Siegfried la vérité,
et cette mélodie que siffle l'assassin (Peter Lorre);
enfin, la marque que coud entre les épaules de son mari
Kriemhild, son point vulnérable, et le «M»
que dessine à la craie dans le dos du psycho-killer,
le jeune chenapan qui a identifié le criminel traqué
tant par la police que par la pègre berlinoise.
|
|
8. Gudrun, Krimhild, Gutrune
1) L'Ancienne Edda : Gudrun est la sur de
Gunnar; mais ils ont d'autres surs encore : Gjaflg
et Gullrnd.
C'est Grimhild, la mère de Gudrun, qui «s'emparera
de [toi] (l'esprit de Sigurd) avec artifice» (52).
2) La Chanson des Nibelungs : Krimhild est la
sur de Gunther.
Ce n'est plus Brunhild la promise délaissée, mais
Krimhild, l'épouse trompée par les mensonges d'Hagen,
qui indique à ce dernier le point vulnérable de
son époux en brodant sa chemise d'une petite croix (Chanson,
XV, 899-904).
Siegfried mort, elle demeure à Worms, avec ses frères,
assassins de son mari. Après trois années de veuvage,
elle distribue aux Burgondes le trésor jadis conquis par
feu son époux. Craignant un excès de popularité,
Hagen jette l'or dans le Rhin, près de Loch (53).
Alors Krimhild épouse Etzel (Attila), roi des Huns - non
sans réticence, car elle est chrétienne et lui païen.
Douze ans plus tard, après qu'elle eut attiré ses
frères dans un traquenard à l'Etzelburg et exécuté
Hagen de ses propres mains, le vieil Hildebrand abat cette femme
qui, en jetant les uns contre les autres parents et alliés,
a outrepassé les limites de la décence.
3) La Tétralogie : Gutrune est le nom de la sur
de Gunther.
En signe de bienvenue lorsque Siegfried vient à Worms,
elle lui donne à boire dans une corne de bière un
philtre - donné par Hagen - qui lui fait oublier Brünnhilde.
Dans l'Ancienne Edda comme dans la Tétralogie,
ce n'est pas Gudrun/Gutrune mais Brunhild qui trahit Siegfried
en révélant son point vulnérable à
son ennemi.
|
|
Pour les chrétiens
du Bas-Empire, Attila fut l'instrument divin qui devait
châtier les déviationnistes corrompus, les
possédants de l'Empire romain : «le Fléau
de Dieu». Il est en tout cas un personnage récurrent
du péplum : en 1954, il sera sous les traits de
Jack Palance (photo ci-dessus) et d'Anthony Quinn le personnage
central de deux superproductions : une américaine,
Le Signe du Païen de Douglas Sirk, qui se
passe dans l'Empire d'Orient et conte l'avènement
de Marcien (Jeff Chandler); et une italienne, Attila,
Fléau de Dieu (en Belgique : L'Invasion
barbare) de Pietro Francisci, qui se passe dans l'Empire
d'Occident, rappelle la victoire d'Ætius (Henri
Vidal) aux Champs Catalauniques et la dépravation
d'Honoria (Sophia Loren), mais surtout met l'accent sur
le triomphe du pape Léon Ier.
|
|
|
9. Attila (Atle, Etzel), roi des Huns
1) L'Ancienne Edda : le roi Atle (Atli), est fils
de Budle et frère de Brynhild. Il a refusé à
Gunnar la main de sa sur Oddrun. Alors Gunnar épousa
Glmvor et Hgne Kostbera, qui donna à ce dernier
trois fils : Solar, Snar (54)
et Gjuke (55). Les deux
épouses informèrent leurs maris de leurs fatidiques
rêves prémonitoires relatifs aux perfides intentions
d'Atle; mais comme Gunnar, Hgne chercha à rassurer
la sienne : «Malgré tes rêves, le cur
d'Atle est loyal» (56).
Ce n'étaient toutefois que de lénifiantes paroles.
Hgne le sage n'est pas dupe. En effet, selon la tradition
islandaise, c'est Gudrun elle-même qui prévient ses
frères de ce que l'invitation d'Atle, son mari, est un
piège pour venger Brynhild - sur du roi des Huns
- exécutée par les Giukungs après qu'ils
eussent versé de sang du héros Sigurd (57).
«Puisse-t-on être parjure à ton égard,
Atle, comme tu l'as été pour Gunnar. Tu lui avais
prêté serment sur l'anneau d'Uller» (58),
s'exclame Gudrun qui, au cours d'un véritable festin des
Atrides, lui fait servir assaisonnés avec du miel les membres
des fils qu'elle lui a donnés, Erp et Eitil (59).
Dans la version grnlandaise, saisissant un glaive, Gudrun
défend ses frères contre les Huns (60).
A vrai dire, le mariage de Gudrun avec Attila n'avait guère
été heureux, comme s'en plaint amèrement
le roi des Huns (61).
9.1. Attila est un
être cupide
Dans l'Ancienne Edda, Atle est un être cupide; ainsi
dans le «Poème grnlandais sur Atle»,
Gudrun lui reproche «d'avoir fait mourir ma mère
pour s'emparer de ses trésors, et la fille de ma sur»
(62).
Le texte ne précise pas en quelles circonstances, mais
l'on songe bien évidemment à la destruction du royaume
burgonde de Guntiarius en 436.
En fait, Hgne seul avait mérité la haine de
Gudrun, aussi sans doute celle-ci espérait-elle que Gunnar
serait épargné. «Tant que Hgne a
vécu, j'ai étouffé mon mécontentement»
(63).
Pourtant c'est avec l'aide d'un fils de ce même Hgne
qu'elle tuera Atle en le faisant poignarder dans son lit (64),
à moins qu'elle ait agi toute seule (65).
Dans la Saga de Théodoric de Vérone, c'est
Krimhild elle-même qui attise la cupidité de son
époux pour l'inciter à faire venir ses frères
en pays hun : «Grimhild dit à son mari Attila
: «Sigurd, mon époux, possédait tant d'or
qu'aucun roi du monde n'était aussi riche que lui, et mes
frères possèdent maintenant cette richesse et refusent
de m'en donner un denier. Il me semble qu'il serait plus juste
que j'administrasse moi-même cette fortune. Sache bien ceci
: si je rentrais en possession de ce trésor, tu en disposerais
avec moi.» Entendant cela, Attila réfléchit
sérieusement à ce que disait Grimhild et il vit
bien que c'était la vérité. Il était
le plus avide des hommes et il lui déplaisait de ne pas
posséder le trésor de Niflungs» (Théodoric,
XXII, 359).
9.2. Après
Attila...
1) Certains poèmes de l'Ancienne Edda laissent entendre
que Gudrun se laissa brûler vive dans l'incendie du palais
de son mari Atle. Cependant il existe une autre fin «grnlandaise»
: après avoir tué Atle/Attila, Gudrun prit la mer
et se rendit dans le pays du roi Jonaker, qu'elle épousa
et à qui elle donna trois fils : Sorli, Erp et Hamdir.
Svanhild, fille qu'elle avait eue de Sigurd, vivait là
aussi. Or Svanhild fut violée par son beau-frère
Randver; aussi bien son époux Jormunrek la fit-elle piétiner
par ses chevaux. Alors Gudrun enjoignit à Hamdir, Sorli
et Erp de venger leur sur - mais tous les trois furent massacrés
par Jormunrek. Ainsi périrent les fils de Gudrun, et sa
fille qui était aussi celle de Sigurd.
2) La Chanson des Nibelungs : le roi Etzel, fils
de Botelung (66).
Veuf de Helche, il songe à demander la main de Krimhild.
Chrétienne, celle-ci hésite beaucoup avant de s'unir
à un païen.
Etzel a un frère, Bldelîn; Krimhild lui a promis
la marche de Nuodung s'il consent à provoquer les Burgondes.
Il y a également à la cour d'Attila-Etzel un sire
Dietrich de Bern, roi des Amelungs. Ce Dietrich
est plus connu des lecteurs francophones sous le nom de Théodoric
de Vérone, c'est-à-dire Théodoric
le Grand, roi ostrogoth d'Italie (474-526), père d'Amalasonte.
La Chanson des Nibelungs fait apparaître d'autres
personnages de la cour d'Attila, comme le margrave Rüedegêr
de Bechelâren et son épouse Gotelind; Ramunc, voïvode
des Valaques; le prince Gibich; Hornboge; Hâwart de Danemark;
Iring, margrave de Danemark; Irnfried de Thuringe; Hildebrand
de Vérone (le maître d'armes de Dietrich-Théodoric);
Wolfhart; Schrûtân; Helfrîch; Sigestab duc de
Vérone; Wolfwîn; Helmnôt; Ritschart, Gêrbart,
Helprîch, Wîchart et Wolfbrand. Enfin, les trouvères
Swämmel(în) et Wärbel(în), messagers d'Etzel.
Selon la Chanson des Nibelungs, on trouve dans l'armée
d'Attila des Russes, des Grecs, des Polonais, des Valaques, des
hommes de Kiev et des Petchénègues, ...
3) La Tétralogie : Wagner n'a pas traité de cette
partie de la légende, Die Nibelungen Not. Après
la mort de Siegfried, Hagen se noie dans le Rhin et le Walhalla
s'effondre (Crépuscule des Dieux).
Pourtant Fritz Lang, puis Harald Reinl en tirèrent la seconde
époque de leurs diptyques respectifs (La vengeance de
Krimhilde (1924) ou Le massacre des Burgondes (1966)).
Hildico
Attila aurait été assassiné au cours de sa
nuit de noces par la jeune mariée rétive, la germaine
Hildiko (15 mars 453). Cependant, il est plus probable que le
roi des Huns succomba à une crise d'apoplexie, avant même
d'avoir touché la jeune épousée : telle fut
en tout cas la conclusion de ses trois médecins (67).
On a beaucoup glosé sur l'identité d'Ildico ou Hildico
qui serait une princesse franque ripuaire (Hittegonde ou Ittegonde),
ostrogothe ou alamane (Hildegonde), danoise (Hilldr), burgonde
ou wisigothe aquitaine (Hildebonde) - voire une Afghane de Bactriane
(68).
Il y en a pour tous les goûts.
Il existe une variante à la mort d'Attila. Dans la Saga
de Théodoric de Vérone, Högni (Hagen) a
eu un fils d'une femme que lui a donné Thidrek (Théodoric).
Le garçon, nommé Aldrian, est élevé
par Attila, qui l'aime beaucoup. Agé de douze ans, il propose
au roi des Huns de lui révéler le secret de son
père et de lui livrer le trésor des Nibelungen;
il emmène Attila à l'intérieur d'une montagne
où il l'enferme et l'y laisse mourir de faim - vengeant
ainsi la mort de son géniteur (69).
9.3.
Les fils d'Attila
1) Erp et Eitil, fils d'Atle et de Gudrun, sont
tués par leur mère qui donne à Atle leur
chair à manger (Ancienne Edda).
2) Ortlieb, fils d'Etzel et de Krimhild, est décapité
par Hagen qu'à la demande de sa mère il a provoqué
dans l'Etzelburg.
Lors de la traversée du Danube, la Chanson des Nibelungs
cite le nom des Ondines de ce fleuve, au nombre de deux : Hadelburg,
Sieglinde. Le convoi des Burgondes y rencontre également
des personnages comme Else, maître de la frontière,
son frère Gelfrât et Amelrîch le proscrit (Chanson
des Nibelungs). |
NOTES :
(1) Recueil de poèmes principalement
islandais, mais aussi grnlandais - comme nous l'avons
déjà dit. - Retour texte
(2) Chez Wagner, tous les Ases n'apparaissent
pas : ainsi Heimdall, le gardien de l'arc-en-ciel qui sert de
pont vers le Walhalla; Tyr, le dieu de la guerre; Balder, le
dieu du printemps... - Retour texte
(3) Urda (le Passé), Verdandi
(le Présent) et Skuld (l'Avenir). Mais Wagner ne les
nomme pas. - Retour texte
(4) Fin mars 1945 fut constituée
la 38e SS-Panzergrenadierdivision «Nibelungen»,
la dernière créée avec, pour encadrement,
les officiers et élèves de la SS-Junkerschule
de Bad Tölz. Ce sont ses anciens membres que met anachroniquement
en scène le film tiré du roman de H.H. Kirst La
Nuit des Généraux. Mais en réalité,
la division «Nibelungen» engagée en Allemagne
du Sud où elle fut écrasée n'eut qu'une
existence éphémère - le IIIe Reich capitulant
un mois plus tard. - Retour texte
(5) ... qui va inspirer à J.R.R.
Tolkien celui (ceux) de sa fameuse saga Le Seigneur des Anneaux.
- Retour texte
(6) Double malédiction, donc
: celle des Ondines et celle d'Alberic additionnées.
- Retour texte
(7) Cf. LECOUTEUX, Dict.
myth., op. cit., p. 24, s.v. «Alberich». - Retour
texte
(8) ... ainsi que la version norvégienne,
la Saga de Théodoric de Vérone. - Retour
texte
(9) Anc. Edda, XVII, «La
vengeance de Gudrun», 27. - Retour
texte
(10) Idem, 28. - Retour
texte
(11) Idem, 29. - Retour
texte
(12) Anc. Edda, XVIII, «Poème
grnlandais sur Atle», 47, et XIX, «Le chant
provocateur de Gudrun», 12. - Retour
texte
(13) Anc. Edda, chants XVIII
et XIX. - Retour texte
(14) Dans la mythologie germanique
le monde des morts revêt l'aspect d'un marécage
glacé, où flottent entre deux eaux les corps des
défunts : cf. dans le second volet de la trilogie
filmique de Peter Jackson, Le Seigneur des Anneaux, le
marécage des morts que doivent traverser Frodon et Sam
Sagace... - Retour texte
(15) Cf. LECOUTEUX, Dict.
myth., op. cit., pp. 165-166. - Retour
texte
(16) Otto HÖFLER, cité
par H. BERNDT, Le message des Nibelungen, pp. 118-119,
veut voir en Arminius l'archétype de Siegfried. Le dragon
serait les légions de Varus. Douteux néanmoins
que la légende ait pu naître d'un «draco»,
cet étendard de cavalerie emprunté par les Romains
aux Parthes, mais d'un usage qui nous paraît encore prématuré
en 9 de n.E. - Retour texte
(17) Cf. H. BERNDT, Le
message, op. cit,, p. 146. - Retour
texte
(18) «La première aventure
de Dietrich», cité par LECOUTEUX, Dict. myth.,
op. cit., p. 83, s.v. «Fasolt». - Retour
texte
(19) Cf. LECOUTEUX, Dict.
myth., op. cit., p. 204, s.v. «Sigrun» et p.
120, s.v. «Helgi». - Retour
texte
(20) Cf. LECOUTEUX, Dict.
myth., op. cit., p. 46, s.v. «Brynhildr». -
Retour texte
(21) Anc. Edda, XIII, «Second
poème sur Brynhild», 45. - Retour
texte
(22) Grimhild «s'emparera
de toi avec artifice» (Anc. Edda, VII, «Le
poème sur Sigurd, le vainqueur de Fafner», 33).
- Retour texte
(23) Gunnar et Hgne étaient
liés à Sigurd par un serment d'amitié,
mais pas Guttrom, trop jeune pour prêter serment (Anc.
Edda, XIII, «Second poème sur Brynhild»,
17 et 20). - Retour texte
(24) Anc. Edda, XIII, «Second
poème sur Brynhild» , 65 (également appelé
«Petit poème sur Sigurd»). - Retour
texte
(25) Dans la Saga de Théodoric
de Vérone (XX, 343), Grimhild, pour humilier sa rivale,
affirme que c'est bien son mari Siegfried qui lui a ravi son
pucelage. - Retour texte
(26) Tentera de persuader Brünnhilde
de restituer l'anneau maléfique aux Filles du Rhin. -
Retour texte
(27) Anc. Edda, III, «Le
poème sur Helge, le vainqueur de Hunding», 1. -
Retour texte
(28) Anc. Edda, VI, «La
mort de Sinfjtle», 33. - Retour
texte
(29) Le poème islandais ignore
le nom des Nibelungen, auquel il substitue celui des «fils
de Nilfs», les Niflungen. - Retour
texte
(30) Anc. Edda, III, «Le
poème sur Helge, le vainqueur de Hunding». - Retour
texte
(31) Anc. Edda, XII, «Premier
poème sur Gudrun», 25. - Retour
texte
(32) Anc. Edda, XIII, «Second
poème sur Brynhild», 45. - Retour
texte
(33) Anc. Edda, XIII, «Second
poème sur Brynhild», 4, 8 et 18; et XVIII, «Poème
grnlandais sur Atle», 103). - Retour
texte
(34) La même idée sous-tend
le baba-cool héros des Croisés (Crociati,
2001) de Dominique Othenin-Girard - par ailleurs auteur d'un
très idéaliste Henri Dunant, sur la fondation
de la Croix-Rouge. Quelque part dans l'Italie normande, Pierre
est le fils bâtard d'une chrétienne et d'un pirate
sarrasin de passage. Il a été éduqué
par le forgeron du village qui lui a aussi appris à lire.
Il a ainsi pu déchiffrer un traité de parfumerie,
d'après lequel il a distillé une essence de rose
offerte en présent à sa belle. Aux yeux de ses
compatriotes ignorants («Il n'y a que les moines qui
savent lire») il passe donc pour être un sorcier.
Ayant pris la croix, il va mesurer la barbarie de ses coreligionnaire
et le raffinement du monde musulman. - Retour
texte
(35) Anc. Edda, VII, «Le
poème sur Sigurd, le vainqueur de Fafner», 50.
- Retour texte
(36) Anc. Edda, VII, «Le
poème sur Sigurd, le vainqueur de Fafner», 37 et
41. - Retour texte
(37) Anc. Edda, XV, «Le
chagrin de Gudrun»; XVII, «La vengeance de Gudrun»,
23, 26 et XVIII, «Poème grnlandais sur Atle»,
58. - Retour texte
(38) Anc. Edda,
XIII, «Second poème sur Brynhild», 55;
XV, «Le chagrin de Gudrun»; XVII, «La vengeance
de Gudrun», 32-35 et XVIII, «Poème grnlandais
sur Atle», 65. - Retour texte
(39) Cl. LECOUTEUX, Saga
de Théodoric..., p. 374, note 26. - Retour
texte
(40) Oda, dans la Saga
de Théodoric de Vérone (XXIII, 362). - Retour
texte
(41) La ville de Metz
fut saccagée par les Huns d'Attila le 10 (?) avril 451.
- Retour texte
(42) L'évêque
Pilgerin de Passau (971-991), oncle du roi des Burgondes et
de Krimhilde, est un personnage historique. - Retour
texte
(43) Anc. Edda,
VII, «Le poème sur Sigurd, le vainqueur de Fafner»,
50. - Retour texte
(44) Anc. Edda,
XV, «Le chagrin de Gudrun»; XVII, «La vengeance
de Gudrun», 23, 26 et XVIII, «Poème grnlandais
sur Atle», 58. - Retour texte
(45) Anc. Edda,
XIII, «Second poème sur Brynhild», 55; XV,
«Le chagrin de Gudrun»; XVII, «La vengeance
de Gudrun», 32-35 et XVIII, «Poème grnlandais
sur Atle», 65. - Retour texte
(46) Rappelons au passage
que le Pannonien Ætius, «le Dernier des Romains»,
commanditaire de l'extermination des Burgondes, avait lui aussi
été otage des Huns et était un ami d'enfance
d'Attila. - Retour texte
(47) Héros d'une
autre épopée : la Saga de Waltharius. -
Retour texte
(48) LAFFONT-BOMPIANI,
Dictionnaire des uvres, s.v. «Chanson des
Nibelungen». - Retour texte
(49) Dans la forêt
d'Ax, à Guebwiller, on montre un mégalithe,
la «Dietrichstein», sous laquelle est censé
dormir le preux chevalier Wolfdietrich
(Thierry-le-Loup), fils de Hugdietrich et de la princesse Hildegonde.
Enfant illégitime abandonné, élevé
par les loups, puis confié à un charbonnier, il
tua un dragon, se baigna dans son sang mais une feuille de tilleul
etc., ... pour être finalement assassiné par son
écuyer borgne nommé Hagen. - Retour
texte
(50) Cf. J. AMSLER,
Chanson des Nibelungs, op. cit., pp. 411-414. - Retour
texte
(51) Nous avons trouvé
deux versions à l'éborgnement de Fritz Lang. Selon
Cineartistes.com,
il s'agit d'une blessure de guerre récoltée entre
1914 et 1917; selon le site du Cinéclub
de Caen, il s'agirait d'un accident survenu pendant le tournage
de Mabuse le joueur (1922). - Retour
texte
(52) Anc. Edda,
VII, «Le poème sur Sigurd, le vainqueur de Fafner»,
33. - Retour texte
(53) «Zem loche»
(dans un trou) selon les manuscrits A et C de la Chanson...;
«er sancte in dâ ze Lôche allen in den Rîn»,
selon le manuscrit B, où le substantif devient un nom
propre. On a songé au «coin noir», dans la
boucle que forme le Rhin près de Biebesheim - autrefois
Lochheim, village englouti au XIIIe s. Sous la pression du cours
du fleuve, cette brutale bifurcation s'est très profondément
creusée. Importante station d'orpaillage, au Moyen Age
(H. BERNDT, Message..., op. cit., pp. 179-185). - Retour
texte
(54) Solar et Snar,
cf. Anc. Edda, XVIII, «Poème grnlandais
sur Atle», 30. - Retour texte
(55) Anc. Edda,
XV, «Le chagrin de Gudrun» et XVIII, «Poème
grnlandais sur Atle», 6, 9-10 etc. - Retour
texte
(56) Anc. Edda,
XVII, «La vengeance de Gudrun», 21. - Retour
texte
(57) Anc. Edda,
XV, «Le chagrin de Gudrun». - Retour
texte
(58) Anc. Edda,
XVII, «La vengeance de Gudrun», 32. - Retour
texte
(59) Anc. Edda,
XVII, «La vengeance de Gudrun», 40-41; XVIII, «Poème
grnlandais sur Atle», 76-85; et XX, «Le poème
antique sur Hamdir», 8. - Retour
texte
(60) Anc. Edda,
XVIII, «Poème grnlandais sur Atle»,
49 sq. - Retour texte
(61) Anc. Edda,
XVIII, «Poème grnlandais sur Atle»,
54-55. - Retour texte
(62) Anc. Edda,
XVIII, «Poème grnlandais sur Atle»,
56. - Retour texte
(63) Anc. Edda,
XVIII, «Poème grnlandais sur Atle»,
70. - Retour texte
(64) Anc. Edda,
XVIII, «Poème grnlandais sur Atle»,
90-93. - Retour texte
(65) Anc. Edda,
XIII, «Second poème sur Brynhild», 55 et
56. - Retour texte
(66) Jornandès
fait d'Etzel-Attila le fils de Botel(ung), fils de Moundzoukh;
mais Attila est plus vraisemblablement le fils, et non le petit-fils
de Mundzuk. - Retour texte
(67) M. BOUVIER-AJAM,
Attila (1982), Marabout Université, n MU 395,
p. 401. - Retour texte
(68) M. BOUVIER-AJAM,
Attila, op. cit., pp. 396-397.- Retour
texte
(69) Cl. LECOUTEUX, Saga
de Théodoric..., XXIV, 423-427 - Cl. LECOUTEUX, Dict.
myth., op. cit., p. 413. - Retour texte |
|
|
|