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De La Chute de l'Empire romain
à Gladiator

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De La Chute de l'Empire romain à Gladiator

I — VOIES PARALLÈLES

1. Introduction

2. Deux films

3. A propos de La Chute de l'Empire romain

4. A propos de Gladiator

II — LES PROTAGONISTES

5. Les protagonistes historiques

6. Les protagonistes cinématographiques

Conclusion

 

Sur cette page :

III — ANNEXES

7. A propos de la bataille contre les Germains
dans Gladiator

7.1. La disposition des troupes

7.1.1. Le tournage
7.1.2. Les archers romains
7.1.3. Armures, casques, boucliers romains

7.2. Prélude crescendo

7.3. La danse du feu

7.4. Crépuscule wagnérien

7.5. La chevauchée des Walkyries

7.5.1. Les champs d'Idistaviso
7.5.2. Steinhude Meer

 

Pages suivantes :

8. A propos des combats de gladiateurs (1) :
De l'archéologie au mythe

9. A propos des combats de gladiateurs (2) :
Les gladiateurs au cinéma

10. Bibliographie historique

IV — FICHES TECHNIQUES

11. La Chute de l'Empire romain

12. Gladiator

V — CHRONOLOGIE

13. Chronologie du déclin de l'Empire romain

VI — FILMOGRAPHIE

14. Filmographie des gladiateurs

 

III. ANNEXES

7. A propos de la bataille contre les Germains dans Gladiator

7.1. La disposition des troupes

Tout démarre dans les fossés d'un castrum en Germanie. Les abords déboisés, napalmisés. Les légionnaires prêts pour la der des der : la sublime musique de Hans Zimmer y invite. Ses circonvolutions évoquent un proche passé sans cesse revécu. «Croyez-vous qu'on va se battre, général ?» demandent les hommes, tendus. Russell Crowe, alias le général Maximus, rassure. Oui, il y aura bataille... La dernière, sans doute. Il l'espère. Tout le monde est boueux, crasseux, las... mais déterminé, exaspéré. «Les hommes devraient savoir quand ils sont vaincus», murmure un tribun, reprochant aux Germains leur obstination. «Le saurais-tu, toi, Quintus ?, rétorque le général. Le saurais-je, moi ?» Une possible allusion au Viêt-nam. Perhaps ! Plus probablement à Tite-Live lorsqu'il expose que les Romains finirent par remporter la Seconde Guerre Punique, malgré 50 pour cent de pertes simplement parce qu'ils étaient mentalement incapables de se reconnaître comme vaincus. Tant qu'un Romain conserverait un souffle de vie, Rome se battrait ! Et puis arrive la réponse des barbares. «Ils ont dit : non !» Leurs cris de défi scandés rappellent ceux des Zoulous dans le film homonyme de Cy Endfield...

«Patres !», commence Maximus - «Fratres !» eut mieux convenu (1). Erreur de sous-titrage ? Le général évoque les Champs-Elyséens où les cavaliers romains ne manqueront pas de chevaucher... s'ils mouraient. C'est un mythe des Indiens des Plaines que de chevaucher au pays des chasses éternelles. Indien, donc Américain. Pas Romain...
Et puis tout explose. Maximus a déchaîné les Enfers... Les projectiles incendiaires transforment en brasier la lisière de la forêt où se tiennent les barbares. On songe à ces hélicoptères diffusant du Wagner à tue-tête dans Apocalypse Now tout en exterminant joyeusement ce village au bord du Mékong.

Douze cents figurants et cascadeurs ont participé à la bataille opposant Romains et Germains, tournée dans la forêt de Farnham, près de Londres; l'infographie les a multipliés. Il semble néanmoins évident, pour le spectateur attentif, que Ridley Scott a en fait dû se débrouiller avec ce qu'il avait. Il est loin le temps béni où Stanley Kubrick pouvait déployer 7.000 figurants de l'armée espagnole, rangés en dix cohortes de six cents hommes (Spartacus).

Dans La chute de l'Empire romain, les légions se déployaient par cohortes au pied de la forteresse romaine, avant de s'engager dans la forêt devant eux, au bas de la butte. La forêt où se tapissaient les Barbares. C'est en somme la même idée qu'exploite Gladiator, mais avec un traitement différent : la forteresse est réduite à un talus, le paysage est complètement ravagé et il y a cette fois des catapultes et des projectiles incendiaires. Enfin il y a une préférence nettement marquée pour les plans moyens et les gros plans sur la troupe.
Donc, la scène se passe au pied du talus délimitant un camp romain (sans fossé, mais alors d'où provient l'élévation de terre ?), hérissé de pieux pointus (2). Un large périmètre autour du camp a été déboisé par brûlis.
Sorti de la forêt en face, où se terrent les Barbares, un cavalier romain va mettre de nombreuses secondes à le traverser au galop, si bien que - compte tenu du «temps cinématographique» toujours plus synthétique que le temps réel - l'on peut évaluer cet espace à plus de 300 m (disons 400 m). Sur l'écran, la déclivité de la colline donne une impression trompeuse, raccourcissant la distance...

7.1.1. Le tournage

Initialement, la bataille (3) devait être filmée près de Bratislava en Slovaquie, quasiment sur les lieux de l'action, et avec des coûts minimes. Effrayé par la lourdeur logistique de la scène, Scott finit par se trouver une forêt adéquate en Grande-Bretagne, à Farnham dans le Surrey.

Directeur de la figuration, Rob Martin disposait d'un peu plus de 700 figurants recrutés dans la région, pour la plupart des étudiants. Ceux qui avaient des cheveux longs étaient d'office costumés en Germains. Il y avait 250 «Germains», 300 «légionnaires», 100 «archers» et environ 80 cavaliers. Soit suffisamment de monde pour emplir l'écran dans les plans rapprochés; dans les plans larges, ils sont multipliés par l'infographie. C'est ainsi que les deux catapultes devinrent six. Quelques 16.000 flèches incendiaires, outre celles infographiées, et 2.500 glaives, haches et lances furent nécessaires pour un tournage de quatorze heures par jour, qui démarraient à 5h 30' du matin.

Les combats furent réglés par le maître d'armes Nicholas Powell. Neil Corbould et Phil Neilson, superviseur des effets spéciaux de plateau dirigèrent le tournage, coordonnant trois équipes : la première organisait la bataille, dirigée par Ridley Scott et le directeur de la photo Richard Mathieson; Alexander Witt et la seconde filmaient les plans de coupe; la troisième, celle du superviseur des effets visuels John Nelson, pour les plans d'ensemble.
Tim Burke, superviseur, Nikki Penny, productrice et Emma Norton, coordinatrice assuraient la liaison entre le plateau et l'équipe infographique de Londres (Mill Film). Il s'agissait d'obtenir :

1) les panoramas ou plans larges filmés de différents points de vue en Vistavision, dans lesquels on pourrait injecter la figuration virtuelle et ainsi décupler les armées en présence;
   
2) faire lancer par les lourdes catapultes reconstituées sur le plateau par Clifford Robertson des pots de bitume enflammés... virtuels, et leurs impacts en 2D;
   
3) emplir le ciel de flèches enflammées en 3D et autres effets pyrotechniques comme les explosions créées par les conduites de gaz conçues par Neil Corbould. Des câbles, effacés par la suite, tiraient brusquement en arrière les cascadeurs quand était censée tomber sur eux la pluie des flèches numérisées.

7.1.2. Les archers romains

Cinématographiquement parlant, la bataille est l'un des temps forts du film, en particulier l'attente, puis l'assaut - le final étant malheureusement gâté par l'abus d'effets spéciaux, ralentis et autres bricolages infographiques.

Pourtant, son déroulement nous paraît discutable sur le plan de la tactique : les archers ont été placés en seconde ligne, derrière les légionnaires. De concert avec les balistes ils tirent des traits incendiaires en direction de la forêt, avec l'intention de l'embraser et de couper toute possibilité de retraite aux barbares. C'est une conception américaine qui fleure bon les napalmages de la guerre du Viêt-nam, mais qui est tout de même assez absurde en 180 de n.E. La portée des arcs étant ce qu'elle était - soit moins de cent mètres (portée optimale) et moins de deux cents mètres (portée maximale) (4). Par ailleurs, les flèches incendiaires se lançant avec un arc détendu pour éviter que le souffle dû à un tir trop brutal ne les éteigne, on ne voit pas très bien à quoi rime cette débauche d'effets pyrotechniques. Certes, certaines descriptions comme celle que Tite-Live fait de la phalarique des Sagontins, autorisent ce genre de représentation : «Les Sagontins avaient une sorte de trait qu'ils nommaient falarique, dont la hampe, de bois de sapin, était cylindrique dans toute sa longueur, à l'exception du côté d'où sortait le fer. Carré comme dans notre pilum, le fer était garni d'étoupe et enduit de poix: il avait trois pieds de long, pour qu'il pût transpercer l'armure et le corps. Mais, lors même que la falarique se serait arrêtée sur le bouclier sans pénétrer jusqu'au corps, elle répandait encore l'effroi, parce qu'on ne la lançait qu'embrasée par le milieu, et que le mouvement seul donnait à la flamme une telle vivacité que le soldat, contraint de jeter ses armes, était exposé sans défense aux nouveaux coups qui pouvaient l'assaillir» (TITE-LIVE, Ab urbe condita, XXI, 8). Mais encore faut-il savoir dans quel contexte on les utilisait. (Assiégés par Hannibal, les Sagontins du haut de leurs murailles balançaient les phalariques sur un adversaire rapproché.)

Par ailleurs, c'est peu romain de placer les archers derrière les légionnaires : ils eussent dû les précéder en tirailleurs, lancer quelques volées de traits, et puis se replier derrière les cohortes d'infanterie lourde. Le plan général pris de derrière la légion et embrassant tout le panorama de la forêt strié par la trajectoire infographique des projectiles enflammés, pour spectaculaires que soient les images, ne convaincra pas le spectateur un peu critique et au courant des armes et de la tactique (5).

Par comparaison, rappelons que l'issue de la bataille de Gettysburg aurait pu être différente si elle s'était déroulée en 1861 plutôt qu'en 1863. En 1861, Nordistes et Sudistes utilisaient des fusils à canon lisse (seuls les Nordistes possédaient des compagnies de tireurs d'élite, les sharpshooters, armés de fusils à canon rayé). Mais, dès 1862, la plupart des régiments de l'Union étaient pourvus de fusils à canon rayé, arme idéale pour la défensive comme ce fut le cas pour eux à Gettysburg. En effet, le fusil à canon rayé de l'époque, Endfield cal. 58 ou Springfield cal. 577, avait une portée optimale de 3 à 400 m (pour les tireurs d'élite, 800 m), alors que le canon lisse n'avait qu'une portée de 250 m (portée optimale : 80 m).
Lorsque le 3 juillet 1863, la division d'infanterie du général Pickett monta à l'assaut des Fédéraux retranchés sur Cementery Ridge, il lui fallut marcher deux kilomètres sous les tirs des canons yankees, que les Confédérés n'avaient pas réussi à faire taire, et des fusils à canon rayé qui pouvaient tirer trois coups à la minute et portaient plus loin. Les Sudistes s'ébranlèrent au pas, marchèrent 1.800 m, puis à 200 m de l'ennemi s'élancèrent au pas redoublé, et enfin au pas de charge les quatre-vingt derniers mètres (25"). La charge dura donc une demi-heure, et les 14.000 hommes qui y participèrent, après avoir laissé sur le terrain les deux tiers de leur effectif, furent repoussés. Le général Lee était stoppé sur la route de Washington et perdait tout espoir de donner la victoire au Sud et d'ainsi abréger de deux ans la guerre civile (6).

Ce que nous voulons dire par cet exemple, c'est que chaque bataille se gagne ou se perd selon les moyens de son époque. Les balistes et les scorpions ne portent pas à un kilomètre, encore moins les archers qui ne sauraient tirer par-dessus les cohortes mais au contraire sont voués à les précéder.

En fait, la disposition exacte des archers, dans le film, est la suivante : une première cohorte est alignée au pied d'un talus hérissé de branchages aiguisés. Au sommet du talus, les archers - sur une seule ligne - ont tracé à leurs pieds une rigole contenant du pétrole enflammé. Ils tirent, donc, par dessus les troupes de première ligne qui sont en dessous d'eux. Et derrière les archers, s'aligne sur 3 ou 4 rangs une seconde cohorte de légionnaires. Comment ces derniers avanceront-ils ? Comment descendront-ils - et en bon ordre - du talus par définition impraticable, puisque hérissé de branches pointues (cippi), racines, etc. ? C'est impossible. Dans la logique de la tactique romaine, la seconde ligne - la seconde cohorte - est censée suivre et relever la première. Et non bien sagement se retrancher sur un agger (talus) en attendant que ça se passe (7).

7.1.3. Armures, casques, boucliers romains

Les armes romaines sont parfois quelque peu fantaisistes. Ainsi l'armure du général Maximus, qui est un hybride de la cuirasse musclée (thorax) des officiers supérieurs avec les protège-épaules de la lorica segmentata de l'homme de troupe; par ailleurs, la précitée lorica segmentata (à bandes de métal articulées), particulière à l'infanterie, n'était pas en usage dans la cavalerie qui préférait les cottes de mailles...

Les cuirasses ont été reconstitués avec soin, mais sans se soucier de l'authenticité des matériaux : c'est d'abord le confort des acteurs et la liberté de leurs mouvements qui ont compté. L'armure de Commode, par exemple, était en caoutchouc recouvert de cuir pour plus de malléabilité. Celle de Maximus, en mousse de latex également recouverte de cuir. Ces armures furent reproduites à plusieurs dizaines d'exemplaires, histoire d'habiller les cascadeurs qui doublaient les acteurs pendant les scènes d'action les plus dangereuses. Chaque costume existait en plusieurs versions : propre, boueux, déchiré, maculé de sang, pour pouvoir raccorder facilement avec des scènes tournées auparavant.

Si l'on n'y regarde pas trop près, les casques des légionnaires avec leur large couvre-nuque peuvent faire illusion. Pourtant, aux Ier et IIe s., la visière de tous les casques romains - qu'il s'agisse des types celtiques «toque de jockey» et «impérial gaulois» ou du type italique «Montefortino», et leurs dérivés - est rapportée au sommet du front, et ne prolonge jamais le bord.
La grille de protection du visage en moins, les casques du film ne sont pas sans rappeler les pots «queues de homard» (8) portées par les «Côtes de Fer» de Crowmwell, lors de la Guerre civile anglaise !

Par contre, les boucliers sont superbes : des scuti parfaitement quadrangulaires, d'un modèle qui apparut vers 40-50 de n.E. et demeura en usage jusqu'en 200 (9). Leur motif décoratif s'inspire de celui figuré sur la stèle funéraire de Gnæus Museus (Mayence), repris par les membres du groupe de reconstitution germano-américain de Dan Peterson, la Legio XIV Gemma Martia Victrix (10) - mêmes couleurs, mais les foudres en moins.

 

7.2. Prélude crescendo

La novélisation de Dewey Gram, tirée du scénario de D. Franzoni, restitue parfaitement les images qui ouvrent le film : «Traînant la main pour sentir les grains gorgés de soleil s'éparpiller entre ses doigts, il [Maximus] s'enfonça dans un luxuriant champ de blé. L'homme contempla les collines sur lesquelles serpentait la route menant à une ferme entourée de cyprès blancs, de pommiers et de poiriers. Un rire d'enfant jaillit non loin de là. Dans un frémissement, un rouge-gorge dodu se posa sur la branche d'un pin, la tête inclinée comme pour lui demander : «Que fais-tu là ?»»
Contre-champ de la camera. Retour à la réalité. La vision du périmètre guerrier contraste par son horreur. «Le rouge-gorge survolait un paysage carbonisé, complètement dévasté. Les souches noircies d'arbres déracinés jonchaient une étendue tellement labourée par la guerre qu'elle en était devenue un véritable bourbier. Cette terre conquise n'était plus rien qu'un amas de fange et de sang. Il n'y restait plus un brin d'herbe, plus une feuille (11).»

D'entrée en matière, Ridley Scott va faire très fort, avec cette bataille contre les Germains, superbe de puissance et d'émotion. Son chien sur les talons, le général Maximus déambule parmi ses hommes, fatigués mais prêts à en découdre une fois de plus, pleins de respect et de dévotion pour leur chef : «Vous croyez qu'ils vont attaquer, général ?» Pensif, il suppute les risques. «Les catapultes ? Un risque acceptable, pour la cavalerie.» Cette cavalerie dont il va lui-même prendre la tête, pour exécuter le mouvement de tenailles qui mettra l'ennemi à sa merci. Un tape affectueuse à un vétéran reconnu parmi d'autres légionnaires. Tout est en place...

7.3. La danse du feu

«A mon signal, déchaînez des enfers», enjoint-il à son commandant-adjoint.
Les images qui suivent alors puiseront sans complexe «dans l'imaginaire collectif du monde moderne», comme le fera observer Fabrizio Pesando (12) faisant référence à l'«effet Pompéi» qui, dans tout péplum qui se respecte, se doit de dépeindre à grands renforts d'effets pyrotechniques les cataclysmes de l'Antiquité, de l'incendie de la Rome néronienne à la biblique malédiction de Sodome et Gomorrhe. «Dans ce cas précis, les détails ne sont pas particulièrement anachroniques par rapport à la reconstruction historique», ajoute F. Pesando. L'artillerie nervobalistique mise en œuvre par la légion romaine aligne des reconstitutions plus ou moins fidèles d'armes qui ont réellement été utilisées, comme les lithoboles, ces pierriers lanceurs de boulets garnis de poix enflammée, ou comme les grandes arbalètes lanceuses de traits, les scorpions - tous engins notamment décrits par Vitruve, qu'au XIXe s. reconstitua le capitaine d'artillerie prussien Erwin Schramm. «Mais l'effet de ce bombardement, lui, suggère une scène moderne : les flèches incendiaires décochées par les arcs ou les boules de feu qui sèment la panique dans les files des barbares reproduisent les scènes auxquelles nous ont habitués les correspondances de guerre, avec un ciel traversé par des balles traçantes et un paysage dévasté par les explosions (13).»

7.4. Crépuscule wagnérien

Dans ses interviewes, Ridley Scott a raconté comment il avait obtenu la concession d'un lopin de terre à déboiser, ce qu'il entreprit consciencieusement à coups d'effets pyrotechniques appuyés par l'infographie. Pour incarner les légionnaires, il avait recruté quelque 300 étudiants - que les informaticiens démultiplièrent à l'écran - qu'il fit encadrer par des re-enactors du groupe britannique de reconstitution III Augusta. Pourtant, malgré le concours de ces spécialistes de la tactique romaine, la bataille du film accumule les invraisemblances. Nous avons déjà évoqué la question de la portée des catapultes et des arcs, l'efficacité des flèches incendiaires et, enfin, l'emplacement des archers par rapport aux légionnaires. En voici quelques autres :

  • bizarre la rigole creusée dans le sol, où l'on verse du pétrole ou de la naphte, pour que les archers puissent y enflammer leurs traits;
  • les cohortes romaines sont adossées à leurs propres défenses de talus hérissés de pieux, s'interdisant ainsi toute possibilité de recul;
  • les légionnaires forment la tortue (tactique de siège) en rase campagne et utilisent comme arme d'estoc leur pilum, arme de jet !
    Lors du troisième affrontement dans la plaine de Laumes contre l'armée de secours gauloise, les légionnaires firent la tortue pour se défendre contre les flèches, pierres et javelots ennemis (CÉSAR, G.G., 85. 5), mais ils étaient alors en position défensive. La position offensive consiste à charger et, arrivés à portée, balancer les pilums, ce qui demande de la place pour le mouvement de balancier du bras : donc est impossible à combiner avec la tortue, formation serrée;
  • étonnants aussi, ces cavaliers qui, tout au long du film, brandissent des enseignes de tout genre comme de vulgaires lances. Quatre enseignes pour une patrouille de six cavaliers ! Pour faire joli, sans doute...
  • et ces fantassins, le soir, la bataille finie, qui n'ont pas débouclé leur armure. On peut les plaindre ! Mais il faut que le spectateur puisse immédiatement les identifier comme étant des légionnaires romains, alors...
    (Notons que lors de cette paisible scène festive, Hans Zimmer a eut la bonne idée d'insérer une composition du groupe musicologique Synaulia, qui étudie les techniques de l'Antiquité.)
Arrêtons-nous là. Il y a ce que nous savons des tactiques romaines, et il y a le reste. Après tout, Jules César n'a pas toujours construit ses camps bien rectangulaires, comme le veut la règle (en fait, l'ordonnancement rectiligne des camps romains lui est bien postérieure). Les légions, de toute façon, devaient savoir s'adapter au terrain. Et les cinéastes aux impératifs de l'«entertainement».

7.5. La chevauchée des Walkyries

«Et si vous vous retrouvez tout seul dans un champ verdoyant, n'en soyez pas étonnés - assure Maximus, qui parle en connaissance de cause (14). C'est que vous avez atteint l'Elysée... et vous êtes morts.» Nous avons gardé pour la fin l'étonnante charge de la cavalerie romaine qui contourne les Germains, les prenant à revers... en pleine forêt ! Une charge de cavalerie à travers bois est de la plus haute improbabilité (15). Nous nous sommes interrogés sur ce qui avait pu amener les cinéastes à mettre en scène une prouesse aussi aberrante, lorsque feuilletant une histoire des guerres de l'Antiquité, nous sommes tombés devant un schéma explicatif de celle livrée en +16 à Idistaviso par Germanicus, qui y infligea une sévère défaite au Chérusque Arminius.

bataille d'idistaviso

La bataille d'Idistaviso et l'improbable mouvement de la cavalerie romaine à travers bois (John WARRY, Histoire des guerres de l'Antiquité, Bordas, 1981, p. 192)

La fameuse bataille d'Idistaviso, dans une boucle de la Weser, prélude à l'anéantissement d'Arminius, roi des Chérusques, par Germanicus en 16 de n.E. Le centre des Germains est sur une colline entre le fleuve et la forêt; ses ailes s'étirent à flanc de coteau. Ils sont de 40 à 50.000 hommes, dont un peu de cavalerie légère. Leur faisant face, au nord, 1.000 prétoriens et des éléments de huit légions romaines, estimés à 28.000 h, et 30.000 auxiliaires gaulois, bataves, germains et helvètes. L'aile gauche des Romains (à droite sur le plan) est constituée de 4-6.000 cavaliers lourds et 1-2.000 cavaliers légers (archers montés).
On notera que le dessinateur Clive Sprong a bien placé les archers et frondeurs devant les légionnaires, mais derrière l'infanterie lourde des auxiliaires. L'infanterie gauloise et batave, suivie de deux légions, va envelopper les Chérusques, à gauche sur le plan; la cavalerie romaine va charger à travers bois, à droite sur le plan... sauf que le récit de Tacite ne dit pas que la cavalerie romaine chargea à travers bois - seulement que l'aile droite des Germains se dissimulait en sous-bois. Cette bataille à la configuration classique semble avoir inspiré celle qui ouvre Gladiator (extr. John WARRY, op.cit.)

 

En fait, la bataille d'Idistaviso (16) (TAC., An., II, 15-18) se déroula en deux phases, séparées par un laps de temps indéterminé (quelques jours), puisqu'elle fut assez rapidement suivie d'un second engagement avec les barbares, lesquels - retraitant vers l'Elbe - s'étaient reformés dans le Hanovre, près du mur des Angrivariens (TAC., An., II, 19-22). C'est-à-dire, vraisemblablement au sud du lac Steinhud, à une trentaine de kilomètres au nord d'Idistaviso (17).

7.5.1. Les champs d'Idistaviso

Imaginez une plaine étroite entre la forêt et une boucle de la Weser. «C'est une plaine située entre le fleuve et des collines; d'une inégale largeur, elle s'étend ou se resserre suivant les sinuosités du fleuve et les saillies de la montagne. Derrière s'élevait un bois de haute futaie, dont les arbres laissaient entre eux la terre dégarnie.» Il y a au centre une colline, où ont pris position les Chérusques; leurs alliés s'étirent de part et d'autre sur leurs ailes : jusqu'au fleuve d'un côté, jusqu'à la forêt de l'autre, où ils se sont partiellement engagés (pour empêcher les Romains de tourner leur position ?). Des marécages enserrent complètement la forêt, coupant la retraite aux 40 ou 50.000 Germains, qui n'ont d'autre ressource que vaincre ou mourir.

Le fleuve excepté, et aussi le fait que ce soient les Romains qui sont adossés aux palissades de leur castrum (alors que dans le second combat au Steinhude Meer, ce seront les Chérusques qui se rangeront sous le mur des Angrivariens [18]), tout est bien comme dans le film, à quelques nuances près, que nous examinerons. Tacite décrit le dispositif romain, sur trois rangs : «Les auxiliaires gaulois et germains en tête; ensuite les archers à pied; puis quatre légions, et Germanicus avec deux cohortes prétoriennes et un corps de cavalerie d'élite; enfin autant d'autres légions, l'infanterie légère et les archers à cheval, avec le reste des cohortes alliées» (TAC., An., II, 16). John Warry en donne l'évaluation numérique suivante : 1.000 prétoriens; 28.000 légionnaires (éléments de huit légions); 30.000 auxiliaires gaulois, rhètes et vindéliciens; 4 ou 6.000 alliés germaniques (dont les Chauques, qui délibérément laisseront fuir Arminius vaincu); 6.000 cavaliers lourds et mille ou deux mille archers montés (19). Les Romains disposent en outre de catapultes, engins lanceurs de traits (et sans doute aussi de boulets).

Le plan hypothétique de la bataille d'Idistaviso publié dans l'ouvrage de J. Warry (loc. cit.) place les trois lignes romaines dans l'ordre décrit par Tacite, mais nous ignorons en fait ce qui du fleuve ou de la forêt se trouvait sur le flanc droit ou gauche des Romains. J. Warry place la totalité de la cavalerie romaine sur la gauche des Romains et la fait chevaucher à travers la lisière de la forêt.

 
gladiator - bataille contre germains
 

Lancer la cavalerie à travers la «forêt» est une faute tactique, et du reste le texte de Tacite ne suggère nulle part que les Romains firent une chose semblable. Dans sa harangue préliminaire, Germanicus fait observer à ses légionnaires que si les Romains excellent à combattre en terrain découvert, ils ne seront pas pour autant défavorisés en terrain boisé : leurs armes courtes (glaive, pilum) leur procurent un avantage certain sur les longues épées des Germains (TAC., An., II, 14). A propos du second combat, celui du lac Steinhud, l'historien romain notera que les Chérusques avaient dissimulé leur cavalerie sous le couvert des arbres, dans l'espoir de prendre les légionnaires à revers (TAC., An., II, 19), mais il est clair qu'à Idistaviso, ceux des Romains qui chargèrent dans la forêt étaient, de toute évidence, des fantassins.

Tacite, en fait, décrit un mouvement d'enveloppement : «Germanicus, voyant les bandes des Chérusques s'élancer, emportées par leur ardeur, commande à ses meilleurs escadrons d'attaquer en flanc, tandis que Stertinius, avec le reste de la cavalerie, tournerait l'ennemi et le chargerait en queue : lui-même promit de les seconder à propos. En ce moment, huit aigles furent vus se dirigeant vers la forêt, où ils pénétrèrent. Frappé d'un augure si beau, Germanicus crie aux soldats «de marcher, de suivre ces oiseaux romains, ces divinités des légions.» Aussitôt l'infanterie se porte en avant; et déjà la cavalerie enfonçait les flancs et l'arrière-garde» (TAC., An., II, 17). Germanicus, donc, commande l'aile la plus exposée, côté forêt, puisque c'est à son légat Seius Tubero qu'il a confié l'infanterie côté plaine et la cavalerie. Une partie de la cavalerie de Tubero (20) attaque les Chérusques de flanc, tandis qu'ainsi couvert L. Stertinius (21), continuant sur sa lancée, dépasse l'ennemi puis se rabat sur ses arrières.

La belle charge de cavalerie en sous-bois que mène Russell Crowe-Maximus est une hérésie tactique. A Waterloo, Napoléon jugea Wellington piètre général car il avait adossé à la forêt de Soignes ses carrés d'infanterie ! La forêt est, par excellence, le lieu impraticable même pour des formations d'infanterie qui se battent épaule contre épaule (22). Et pendant la Guerre civile américaine où souvent les fantassins se fusillèrent en sous-bois, jamais on n'y engagea la cavalerie... Tombés dans une embuscade entre marais et marécage où ils ne peuvent se déployer selon la tactique légionnaire, les soldats de Varus - exceptionnellement - furent bien obligés de combattre de la façon décrite par le film. Et voici en quels termes Dion Cassius rapporte la chose : «Mais les revoici de nouveau dans les bois, où ils subissent leurs pertes les plus lourdes en tentant de se défendre contre leurs assaillants : ils ne disposent que d'un espace étroit pour former leurs lignes, afin que la cavalerie et l'infanterie puissent ensemble réduire l'ennemi, se gênant mutuellement ou entrant en collision avec les arbres» (DION CASSIUS, LVI, 21).

7.5.2. Steinhude Meer

A Idistaviso, les Germains qui, au départ, jouissaient de l'avantage stratégique d'occuper la colline au centre de la plaine, furent enveloppés de toutes parts. Bientôt ils lâchèrent pied : ceux qui étaient dans la plaine cherchèrent le couvert des bois, croisant ceux de la forêt qui en jaillissaient, espérant pouvoir franchir la Weser à la nage. Les formations germaniques disloquées, les archers romains tranquillement criblèrent de flèches les fuyards, tirèrent à la cible les nageurs et ceux qui se s'étaient réfugiés dans les hautes branches des arbres...
Les Chérusques en déroute fuirent vers l'Elbe, ralliant leurs dernières forces : des enfants, des vieillards prirent les armes. Alors eut lieu une seconde bataille, que les historiens modernes localisent sur les bords du lac Steinhud. Ils se regroupèrent à plusieurs dizaines de kilomètres d'Idistaviso, talonnés par les Romains. Tacite décrit rapidement leur situation : «L'infanterie se rangea sur cette chaussée [le mur des Angrivariens]; la cavalerie se cacha dans les bois voisins pour prendre nos légions à dos lorsqu'elle seraient engagées dans la forêt» (TAC., An., II, 19). Entendons bien que la cavalerie des Germains est cachée dans le bois, mais qu'elle n'a pas chargé à travers bois.

Mais Germanicus a été informé des intentions d'Arminius. Aussi, «il charge le légat Seius Tubero de la cavalerie et de la plaine; il disposa les fantassins de manière qu'une partie entrât dans la forêt par le côté où le terrain était plat, tandis que l'autre emporterait d'assaut la chaussée. Il prend pour lui-même le poste le plus périlleux, et laisse les autres à ses lieutenants. Le corps qui avançait de plain-pied pénétra facilement. Ceux qui avaient la chaussée à gravir recevaient d'en haut, comme à l'attaque d'un mur, des coups meurtriers. Le général sentit que, de près, la lutte n'était pas égale; il retire ses légions un peu en arrière, et ordonne aux frondeurs de viser sur la chaussée et d'en chasser les ennemis. En même temps les machines lançaient des javelots, dont les coups renversèrent d'autant plus de barbares que le lieu qu'ils défendaient les mettait plus en vue. Maître du rempart, Germanicus César s'élance le premier dans la forêt à la tête des cohortes prétoriennes. Là on combattit corps à corps» (TAC., An., II, 20).

«Egaux par la bravoure, les Germains étaient inférieurs [aux Romains] par la nature du combat et par celle des armes. Resserrés dans un espace trop étroit pour leur nombre immense, ne pouvant ni porter en avant et ramener leurs longues piques, ni s'élancer par bonds et déployer leur agilité, ils étaient réduits à se défendre sur place, tandis que le soldat romain, le bouclier pressé contre la poitrine, l'épée ferme au poing, sillonnait de blessures leurs membres gigantesques et leurs visages découverts, et se frayait un passage en les abattant devant lui» (TAC., An., II, 21).

Ceux qui occupent la «chaussée» des Angrivariens sont accablés par les balles des frondeurs et les tirs des balistes. Germanicus, qui a ôté son casque pour se faire reconnaître de ses hommes, les excite au massacre, à l'extermination. «Cette victoire fut grande et nous coûta peu de sang. Massacrés sans relâche depuis la cinquième heure jusqu'à la nuit, les ennemis couvrirent de leurs armes et de leurs cadavres un espace de dix milles. On trouva, parmi les dépouilles, des chaînes qu'ils avaient apportées pour nos soldats; tant ils se croyaient sûrs de vaincre» (TAC., An., II, 21).

 
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NOTES :

(1) Claude Aziza a une amusante explication de la bévue qui fait dire à Maximus, s'adressant à ses légionnaires, «Patres» : les sénateurs sont les «pères conscrits» (patres conscripti)... les conscrits étant pris pour des soldats, les cavaliers légionnaires deviennent donc des patres conscripti, ou, pour faire court, des patres (Cl. AZIZA, L'événement du jeudi, n­ 31, 15-21 juin 2000, p. 24). Ingénieux. Mais nous préférons croire à une banale erreur de plume du dialoguiste. - Retour texte

(2) Si l'on avait été sous les fortifications érigées par Jules César autour d'Alésia, aucun légionnaire n'aurait pu se tenir à cet endroit qui n'est que pièges et chausse-trappes sur près de 200 m. Mais nous sommes deux siècles plus tard : les Romains étaient-ils toujours aussi rigoureux dans l'élaboration de leurs ouvrages militaires ? - Retour texte

(3) SFX, n­ 83, juin 2000, pp. XXIV-XXV. - Retour texte

(4) Jean-Nicolas CORVISIER, Guerre et société dans les mondes grecs (490-322 av. J-C.), Armand Colin, 1999, p. 20; Robert HARDY, Le grand arc. Histoire militaire et sociale des archers, Edita-Denoël, 1977, pp. 137, 141-142, 159 et 163; William REID, Les armes, Hatier, coll. «Trésors des mécanismes», pp. 15-16. La portée réelle de tir est, bien évidemment, une réalité que même les cinéastes devraient prendre en compte. Mais Ridley Scott ne reconnaîtra-t-il pas lui-même, dans le Making of de son film : «La portée de mes archers était de 200 m, avec l'informatique je pouvais tirer à 1.000 m ! (...) Je pouvais donner l'idée de ce que c'était un bombardement par les Romains...» - Retour texte

(5) Il y a d'ailleurs une faute de raccord : un plan montre les archers face à une petite rigole creusée dans le sol, derrière les légionnaires, dans laquelle l'on fait circuler de la naphte enflammée où ils peuvent «allumer» leurs projectiles. Le plan en contre-champ ne laisse pas voir ce petit mur de feu entre les légionnaires et les archers, qui réapparait dans les plans suivants. - Retour texte

(6) Cf. James M. McPHERSON, La Guerre de Sécession (1861-1865) (1988), R. Laffont, coll. «Bouquins», 1991, pp. 518-519 et 726. - Retour texte

(7) Photo dans Studio, n­ 157, juin 2000, p. 78; la même dans American Cinematographer, mai 2000, p. 36 et [mal cadrée : on ne voit pas la cohorte du premier rang] SFX, n­ 83, juin 2000, p. XXVI. - Retour texte

(8) Répandu vers le milieu du XVIIe s., ce casque est originaire d'Allemagne où il était appelé zischägge. La variante anglaise portée par les soldats de la cavalerie pendant la Guerre civile de 1642-1648 était connue sous le nom de pot anglais ou pot «queue de homard». Elle comporte un masque protecteur (= formé de trois barres verticales), un couvre-nuque et des garde-joues pivotants. - Retour texte

(9) Cf. John WARRY, Histoire des guerres de l'Antiquité, Bordas, coll. Encyclopédie visuelle, 1981, p. 148, fig. 4. - Retour texte

(10) Cf. Daniel PETERSON, La légion romaine hier... et aujourd'hui, Paris, Histoire & Collection, coll. Europa Militaria, 1992, pp. 16, 47-49. - Retour texte

(11) D. GRAM, Gladiator, J'Ai Lu, n­ 5743, 2000, pp. 7-8. - Retour texte

(12) F. PESANDO, «Ombres de lumière : le cinéma péplum et Pompéi», in Da Pompei a Roma. Histoires d'une éruption (sous la dir. Pietro Giovanni GUZZO), Bruxelles, Europalia-Italia, 2003, pp. 38-49. - Retour texte

(13) F. PESANDO, op. cit. - Retour texte

(14) Cette phrase en apparence anodine renvoie au plan d'ouverture du film, qui nous montre le héros errant parmi les blés mûrs, qu'il flatte du bout des doigts - lequel film n'est donc qu'un long flash-back. C'est là ce film de notre vie qui, paraît-t-il, se dévide dans notre tête à l'instant de rendre le dernier souffle. - Retour texte

(15) On retrouve la même charge de cavalerie en forêt dans La chute de l'Empire romain. - Retour texte

(16) BOUILLET, Dict., identifie Idistaviso au bord de la Weser avec un lieu qu'il nomme tantôt Vegesak, tantôt Hasbach. SCHMIDT (Westfäl. Zeitschrift, XX, p. 301 - cité par MOMMSEN, Hist. rom., Laffont, «Bouquins», p. 538, n. 1), situe les «champs d'Idistavisus» près de Bückeburg, à une dizaine de kilomètres à l'est de Minden, de l'autre côté de la Weser. - Retour texte

(17) «Schmidt admet (Westfäl. Zeitschrift, XX, p. 301) que le premier combat fut livré près de Bückeburg, aux champs d'Idistavisus et que le second, à propos duquel on parle de marais, eut lieu peut-être, près du lac de Steinhud, non loin du village de Bergkirchen, situé au sud de ce lac. Cette opinion - observait Mommsen -, n'est nullement inadmissible; elle sert au moins à éclairer les événements. Mais ici, comme dans la plupart des récits militaires de Tacite, il faut renoncer à une certitude complète» (MOMMSEN, Hist. rom., op. cit., p. 538, n. 1). - Retour texte

(18) Il s'agissait d'un passage barré par une «chaussée» édifié par les Angrivariens voisins, qui leur tenait lieu de frontière d'avec les Chérusques. «La retraite était fermée à l'ennemi par le marais, aux Romains par le fleuve et les montagnes. De part et d'autre la position était sans issue; le seul espoir était dans le courage, le salut dans la victoire» (TAC., An., II, 20). - Retour texte

(19) J. WARRY, Histoire des guerres de l'Antiquité, Elsevier-Bordas, 1981, p. 192. On peut supposer qu'il inclut les archers à pied parmi les 30.000 auxiliaires. - Retour texte

(20) Seius Tubero n'est pas nommé à propos de la bataille d'Idistaviso, mais son nom apparaît à propos de l'engagement qui suivit juste après. - Retour texte

(21) L. Stertinius commande toujours à de la cavalerie et/ou à de l'infanterie légère (TAC., An., II, 8, 11, 17). Sans doute était-il le commandement de la cavalerie mixte. Il y a également un préfet, Pedo, qui semble être le préfet de cavalerie de Germanicus (TAC., An., I, 40). - Retour texte

(22) ... il s'agit d'empêcher les cavaliers ennemis de s'infiltrer dans les rangs des fantassins. - Retour texte