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De La Chute de l'Empire romain
à Gladiator

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De La Chute de l'Empire romain à Gladiator

I — VOIES PARALLÈLES

1. Introduction

2. Deux films

3. A propos de La Chute de l'Empire romain

4. A propos de Gladiator

II — LES PROTAGONISTES

5. Les protagonistes historiques

6. Les protagonistes cinématographiques

Conclusion

III — ANNEXES

7. A propos de la bataille contre les Germains dans Gladiator

8. A propos des combats de gladiateurs (1) :
De l'archéologie au mythe

8.1. Le tournage de Gladiator

8.2. Morituri te salutant

8.3. Demandez le programme !

 

Sur cette page :

8.4. Armes des gladiateurs

8.4.1. Mirmillons
8.4.2. Thraces et hoplomaques
8.4.3. Samnites
8.4.4. Gaulois
8.4.5. Secutors, provocators et hoplomaques
8.4.6. Contra retiarius
8.4.7. Rétiaire
8.4.8. D'autres encore...

8.5. Les armaturæ à l'écran

8.6. Qui sont les gladiateurs ?

8.6.1. Ne pas confondre...
8.6.2. Sportifs de haut niveau
8.6.3. Des athlètes gras ?
8.6.4. Récompenses
8.6.5. Collèges funéraires

 

Pages suivantes :

9. A propos des combats de gladiateurs (2) :
Les gladiateurs au cinéma

10. Bibliographie historique

IV — FICHES TECHNIQUES

11. La Chute de l'Empire romain

12. Gladiator

V — CHRONOLOGIE

13. Chronologie du déclin de l'Empire romain

VI — FILMOGRAPHIE

14. Filmographie des gladiateurs

 

8.4. Armes des gladiateurs

Les ouvrages de référence ne sont - bien entendu - pas d'accord entre eux, d'autant que nombre d'auteurs se sont de préférence penchés sur l'aspect socio-politique de la gladiature, sans vraiment s'interroger sur les techniques, qui se déduisent des documents archéologiques. Comparons, par exemple, le Dictionnaire des Antiquités (1841) de M.N. Bouillet et le petit livre de Marcel Brion, La révolte des gladiateurs (1952).

8.4.1. Mirmillons
Pour le premier, le mirmillon (ou gallus, «gaulois») est armé d'un bouclier et d'une faux, et porte un poisson sur le haut de son casque; pour le second auteur, le mirmillo «était armé d'une lance. Il portait un casque, un bouclier gaulois, mais sa poitrine et ses jambes restaient nues, à la différence du thræx (ou thrax), couvert d'une cuirasse et de jambières, muni d'une épée et d'une lance.» Pour Bouillet, au contraire, les thraces «avaient une espèce de coutelas ou de cimeterre, comme les habitants de la Thrace, d'où ils avaient pris leur nom.» Le poignard thrace en question est la sica, dont la lame recourbée ou «cassée» à angle obtus forme une espèce de crochet qui sert à agripper le bord du grand scutum de l'adversaire, à s'insinuer derrière sa défense et à lui balafrer le torse, la lame étant à deux tranchants, effilés comme des rasoirs (1).

 

gladiateur - mirmillon

Pour Jacques Dubois (2), le mirmillon ou murmillo est le même que le gallus, le Gaulois demi-nu qui combat avec ses armes nationales. Mais c'est aussi aux Gaulois que les légionnaires romains ont emprunté la cotte de maille : le mirmillon serait alors à rapprocher de la catégorie des cuirassés - contra-retiarius, scissor, crupellarius... ?

 

Il semble que le «mirmillon» soit issu du gaulois. Un poisson de métal - un morme - s'ajoute au sommet de son casque, ainsi qu'un grillage pour protéger le visage (sous la république, les casques de gladiateurs ne comportent pas de protection faciale [3]). Pas de protections aux jambes.
Il est l'adversaire obligé du rétiaire, qui essaie de pêcher le poisson avec son filet ! A noter que le poisson en cimier de casque n'est connu que par les textes, sans être confirmé par l'iconographie ou des pièces d'équipement retrouvées

(Eric Teyssier (Ars Maiorum — Nîmes), qui s'apprête à sortir chez Actes Sud, pour avril 2009, un nouvel ouvrage sur la gladiature fondé sur 1.600 images antiques répertoriées, 400 inscriptions et presque autant de passages consacrés à ce sujet dans la littérature antique, le tout éclairé par l'expérimentation des techniques de combat, a bien voulu nous faire part de ses commentaires. «Le problème des affirmations sur les gladiateurs reste qu'elles s'appuient sur des a priori qui ne se préoccupent jamais de la validité des sources. Certes, le mirmillon qui apparaît sous la calame de Cicéron provient probablement du Gaulois mais cela ne l'empêche pas d'évoluer ensuite en adoptant un bouclier qui procède plutôt de celui du samnite.»

Extrait de la HDR d'E. Teyssier (décembre 2008) : «Le mirmillon constitue un gladiateur dont les origines demeurent obscures. Le fait qu'il ait été opposé à trois gladiateurs différents, le thrace, le rétiaire et l'hoplomaque a également contribué à opacifier son identification. C'est sans doute pour cela que le mirmillon constitue l'une des armaturæ les plus malmenée dans les descriptions des historiens modernes.
En se fondant sur cette seule chanson rapportée par Festus la quasi totalité des auteurs associent le mirmillon au «proto-gladiateur» gaulois. Cette chanson, provocante que le rétiaire chante à l'encontre de son adversaire proclame :
«Où cours-tu gaulois, ce n'est pas à toi que j'en veux : c'est à ton poisson !» («Quid me fugis galle, non te peto, piscem petto» — FESTUS, De la signification des mots, XVI, retiarius).
Ce passage étant pratiquement cité par tous les historiens de la gladiature, cette allusion de Festus est devenue un truisme, sans que le texte n'ait été réellement soumis à un regard critique, ni confronté aux autres sources dont nous disposons. En premier lieu, il peut paraître étrange qu'un rétiaire «chante» en plein combat. Qui peut l'entendre ? S'adresse t-il à la foule ? Mais le public, placé sur les gradins à des dizaines de mètres des combattants, est plus occupé à crier ses encouragements à son favori qu'à écouter sa chansonnette. Chante-t-il à l'intention du gladiateur qu'il combat ? Mais que l'adversaire du rétiaire soit un mirmillon ou un secutor, celui-ci est forcement protégé par un casque qui enveloppe sa tête. Avec cette protection, doublée d'une calotte de peau ou de toile, sur les oreilles et avec la rumeur sourde des cris du public, il est certain que le gladiateur ne peut rien entendre d'articulé. Pourtant ces paroles ont trop souvent suffi pour affirmer de manière définitive que les rétiaires ont systématiquement pour adversaire le mirmillon, que celui-ci dérive de l'armatura gauloise et qu'il porte toujours un poisson sur le casque, d'où proviendrait le nom mirmillon. Ces affirmations méritent d'être reprises en revenant aux sources littéraires, iconographiques et épigraphiques et en les confrontant aux réalités du combat.

Pour ce qui est de la question du casque orné d'un poisson, aucun des équipements de gladiateur parvenus jusqu'à nous, ni aucune des représentations connues ne figure un poisson sur la tête d'un gladiateur. Le casque orné d'un poisson porté par le mirmillon du célèbre tableau de Gérôme Pollice verso a, quant à lui, été «forgé» de toutes pièces par l'artiste, précisément d'après la chanson de Festus.
Ce tableau pompier étant systématiquement utilisé pour illustrer les ouvrages traitant de gladiature, il semble considéré par beaucoup comme une véritable source très souvent donnée en exemple
. D'un point de vue symbolique, le poisson pourrait certes se justifier par rapport au filet du rétiaire. Néanmoins, le simple bon sens permet de comprendre qu'un tel ornement, porté au combat, donnerait un énorme avantage au rétiaire. Ce dernier pourrait prendre à coup sûr la tête de son adversaire dans les mailles de son filet grâce aux aspérités qu'offre cette protubérance. Un tel déséquilibre dans l'équipement ne s'observe jamais dans la gladiature pour la simple raison qu'il enlèverait tout intérêt au spectacle et au suspens qui constituent justement la raison d'être de ces combats. En fait, cette vision des choses est caractéristique de nombreux auteurs modernes trop prompts à utiliser certaines sources pour les faire coller à des affirmations anciennes sans réfléchir sur l'aspect simplement pratique des choses.

 

gladiateur - mirmillon

Statuette en bronze de 13 cm, représentant un mirmillon — California Institute of World Archaeology

 

La force de cette idée reçue est telle qu'elle est sans doute à l'origine d'une supercherie dans le cas d'une statuette de mirmillon en bronze conservée aux Etats-Unis (voir ci-dessus). Le casque représenté sur cet objet est cohérent puisque directement inspiré par le modèle conservé au Pergamon Museum de Berlin. La manica et le glaive sont également à peu près conformes à la réalité à première vue. Pourtant à y regarder de plus près, l'arme est trop affilée par rapport aux autres modèles connus de statuettes. De plus, aucune sangle de vient attacher la manica au torse. Surtout, les «créateurs» de cette pièce ont jugé bon d'affubler le sommet du casque d'un poisson. Même si la forme de ce dernier est un peu grotesque, sa présence devait sembler indispensable à la bonne identification de ce gladiateur. Pour parachever l'incohérence, le poisson en question n'est pas placé sur le cimier métallique du casque mais sur le panache qui surmonte ce dernier. On peut donc se poser la question de savoir comment ce poisson pourrait tenir sur ces plumes ?
Cet exemple, qui n'est certainement pas antique, est bien caractéristique d'une vision de la gladiature qui fonctionne davantage par fidélité à certains clichés plutôt qu'en fonction des réalités techniques et iconographiques.

Si le poison ne peut pas être placé systématiquement sur le casque de gladiateurs combattants, il n'est pas exclu que ce type de décoration ait pu apparaître ponctuellement dans l'ornementation d'un casque de parade. Ceci expliquerait l'origine de cette chanson qui a peut-être été composée à l'occasion d'une pompa mais cette source peut difficilement être considérée comme fiable pour la compréhension du mirmillon au combat. Plus vraisemblablement encore, le poisson, ou plutôt le dauphin (le dauphin est considéré comme un porte bonheur : ARTÉMIDORE, Onirocriticon, II, 16), constitue un élément de décor du casque qui n'est pas forcément sur le cimier mais sur la bombe. Ce type de décoration est ainsi incisé sur un casque de mirmillon de Pompéi, mais on le retrouve également en décor repoussé sur la calotte d'un casque de thrace et sur le galerus d'un rétiaire. Les équipements de gladiateurs provenant de Pompéi comportent donc bien plusieurs décors au «poisson», mais si ce dernier constitue un élément de la symbolique et du décor gladiatorien, il n'est en rien l'apanage des mirmillons comme cela a souvent été affirmé. La réalité du mirmillon semble donc différente de celle déduite de cette seule chanson.»

«(...) Bref au risque de nous répéter — ajoute E. Teyssier — il faut rappeler que la gladiature est un phénomène qui dure au moins sept siècles et que les appréciations fondées sur un ou deux exemples qui ont parfois trois siècles d'écart ne permettent pas de clarifier les choses.» E. Teyssier rejette donc formellement notre hasardeuse hypothèse selon laquelle la métaphore du poisson aurait pu faire référence aux écailles des protections, notamment la manica. Dont acte.)

 

gladiateurs - mosaique de zliten

Détail de la mosaïque de Zliten. Un hoplomaque vainqueur d'un mirmillon

 

8.4.2. Thraces et hoplomaques
Un gladiateur lourd, de type scutarii, est nécessairement opposé à un gladiateur léger, parmularii ou rétiaire. Le thrace est un gladiateur léger ou semi-lourd, un parmularii équipé d'un petit bouclier carré, d'où sa paire de jambières (il n'en a pas toujours), mais ne porte pas de cuirasse, sauf le manchon (manica) qui couvre le bras droit.
Toutefois, il semble bien qu'il soit parfois équipé d'une lance : d'aucuns spécialistes voudraient ranger ce lancier parmi les mirmillons (Bouillet, supra) ou les hoplomaques (Teyssier & Lopez), combattants lourds. Mais comme ses autres armes sont celles du thrace, on considère parfois à côté du thrace «A» classique (4), le thrace «B» æquimanus («ambidextre», car il manie deux armes), c'est-à-dire l'hoplomaque.

(Remarque d'Eric Teyssier : «Pour les notions de «lourd-léger» il importe de balayer cette dichotomie qui provient de la boxe anglaise du XIXe s. mais n'a aucun sens dans l'Antiquité. Même le rétiaire que l'on pourrait classer ainsi a commencé sa carrière avec un casque, une cote de maille et deux grandes jambières... vous verrez cette image étonnante dans mon bouquin... Toutes les images (rares au demeurant) de gladiateurs gaulois (ils disparaissent sous Auguste) les montrent par contre torse nu... Les protections à écailles existent bien chez les gladiateurs mais elles sont exclusivement l'apanage des equites (gladiateurs à cheval) au Ier s. av. n.E. Ensuite ils portent une tunique...»).

 
gladiateur - thrace gladiateur - hoplomaque

Thrace (thræx) et hoplomaque (oplomachus) selon Jacques Dubois. Il existe de nombreuses variantes au casque du thrace. Sur certaines représentations il porte un simple casque à large bord, une sorte de petit chapeau qui laisse le visage découvert. Le plus souvent, il portera un casque fermé, avec une crête figurant un griffon. Ici, le casque-griffon est d'un modèle exceptionnel, avec des ailes, représenté sur un manche de couteau en os. Il se reconnaît plus sûrement à son petit bouclier carré, ses ocrea hautes, les fascies sur les cuisses et son coutelas recourbé, la sica. J. Dubois range l'hoplomaque parmi les grands boucliers à cause de son nom qui semble faire référence aux hoplites grecs, mais cette interprétation est très contestable...

 

thrace et mirmillon

Parmularius contre scutarius : un thrace au petit bouclier contre un mirmillon au bouclier long (reconstitutions ACTA Expérimentation)

Casque de thrace, avec son cimier en forme de griffon, caractéristique

 

L'hoplomaque, «celui qui combat contre les grands boucliers (hoplon)», combat mirmillons et thraces. Comme le thrace il a un casque, une paire d'ocrea hautes et un petit bouclier rond. Mais son arme est la lance et la dague, non la sica.

 

hoplomaque et mirmillon

Hoplomaque et mirmillon, selon E. Teyssier et B. Lopez

 

8.4.3. Samnites
On sait finalement peu de choses du samnite et du mirmillon. Le «samnite» (samnes) apparaît en Campanie vers 310, suite à la défaite de ce peuple dont les armes confisquées servent à équiper des gladiateurs, probablement les prisonniers de guerre samnites eux-mêmes. Les Romains empruntent ces gladiateurs samnites aux Campaniens, leurs alliés. Ils portent le galea (casque à larges bords, décoré de plumes et panaches), le scutum quadrangulaire (à l'origine, le bouclier samnite se rétrécit vers le bas, en goulot de bouteille), une ocrea (jambière) à la jambe gauche, celle qui s'avance sous le bouclier. L'abdomen est protégé par un large ceinturon, le balteus, et le bras droit par un manchon de cuir, ou d'écaille ou de mailles de métal (manica). Il est armé d'un glaive court (gladius), parfois remplacé par une lance. Le but est de protéger les parties du corps où les blessures sont handicapantes, et de laisser nues celles où elles sont paralysantes (bras, jambes, poitrine).

8.4.4. Gaulois
Vers la même époque que le «samnite», est apparu le «gaulois» (gallus) qui a lui aussi conservé ses armes nationales (casque, bouclier probablement hexagonal ou oblong) et la longue épée celtique à bout arrondi, qui ne frappe que de taille. Une arme idéale pour trancher les mailles du filet du rétiaire.

8.4.5. Secutors, provocators et hoplomaques
Au début de l'Empire, le «samnite» disparaît tandis qu'émergent de nouvelles armes : le secutor et le provocator issus de lui, et enfin l'hoplomaque.
L'hoplomaque est une variante du thrace, mais il a remplacé la sica, arme courte, par la lance, arme longue : il s'oppose traditionnellement au thrace. Nous les avons décrits plus haut.
Déjà connu au temps de Cicéron, le provocator est identique au samnite sauf l'épée longue, une spatha qui ne permet que des coups de taille (5. Il porte une protection de poitrine, un cardiophylax qui fait songer aux anciens guerriers samnites.
Enfin le secutor - qui «poursuit» le rétiaire, lequel combat en fuyant et harcelant - tend à remplacer le mirmillon contre son adversaire naturel, le pêcheur de poissons. Le handicap du lourd scutum samnite du secutor est compensé par son casque fermé, mais dépourvu d'aspérités où pourraient s'accrocher le filet.

 
gladiateur - samnite gladiateur - secutor gladiateur - provocator

Le samnite (samnes) et les armaturæ dérivées : le secutor et le provocator

 

8.4.6. Contra retiarius
A noter qu'on connaît un autre type d'adversaire du rétiaire : le contre-rétiaire (contra retiarius), qui manie une arme longue (lance avec un fer en croissant de lune pour trancher les rets), porte un casque et une chemise de mailles qui descend jusqu'à mi-cuisse, mais n'a pas de bouclier (6).
C'est la lance contre le trident, la chemise de mailles contre le filet de pêcheur... on voit l'intérêt de la combinaison.

Le contra retiarius est, avec le crupellarius, l'andabata et le scissor, un rare exemple de gladiateur portant cuirasse de mailles ou d'écailles. Ces gladiateurs cuirassés (7) ne comptent pas parmi les plus abondamment attestés dans l'iconographie !

8.4.7. Rétiaires
Armé du trident, du filet et du poignard, le rétiaire est certainement le gladiateur le plus connu et le plus facilement identifiable. Cette armatura, qui apparaît dans le courant du Ier s. av. n.E., est en tout point exceptionnelle car elle ne relève ni des parmulati ni des scutati. Tout armement défensif a été sacrifié au profit de sa légèreté, de sa mobilité, de sa rapidité. Il combat tête nue - sa protection de bras gauche, le galerus, étant prolongée au niveau de l'épaule par un large plateau qui lui protège le visage -, sans bouclier ni ocrea, et utilise des armes, filet et trident, qui ne sont jamais utilisées ailleurs que dans l'arène, alors que l'on voit que les autres armaturæ sont d'inspiration militaire. Contrairement au thrace, au samnite ou au gaulois, gladiateurs contemporains de son apparition, le rétiaire n'est pas un gladiateur «ethnique».
Selon certains auteurs, le rétiaire aurait été l'arme la moins appréciée, d'où que c'était souvent lui qui devait faire le bourreau à l'heure méridienne, en égorgeant certains condamnés à mort. Mais comme il est parfois représenté portant une tunique, on a également supposé que cette arme était appréciée des auctoritas (gladiateurs libres), ce qui ne laisse pas de nous étonner attendu que ses armes n'étaient pas celles d'un citoyen honnête.

 

gladiateur - retiaire

 

8.4.8. D'autres encore...
Vous suivez toujours ?
En fait, la catégorisation des armaturæ est très complexe. Les représentations figurées (lampes à huile, stèles, graffitis, etc.) en offrent une infinie variété qui peut s'expliquer tant par l'évolution de l'arme dans le temps ou fonction des moyens du bord, que par la fantaisie : certains gladiateurs excellant dans diverses spécialités pouvaient sans doute être tentés de modifier leur armement en fonction de leurs préférences. Les faire coïncider avec les textes ou l'iconographie n'est pas une sinécure.
Il n'empêche que les équipements étaient relativement standardisés et que dans Gladiator, l'impressionnante panoplie de Tigris (casque [8] et protèges épaules en têtes ou pattes de tigres) était assez improbable. Autant imaginer le gladiateur «Fulgor» en costume du superhéros Flash Gordon (comme aime à le rappeler Brice Lopez) !

Du dimachère, on peut seulement conjecturer qu'il avait deux coutelas (machæra).
Du scissor on sait que, démuni de bouclier, il avait une épée dans la main droite, la gauche se terminant par un manchon garni d'une lame en demi-lune, pour trancher le filet du rétiaire

(Remarque d'Eric Teyssier : «Quant au scissor il repose sur une seule et unique mention épigraphique sans aucune représentation assurée. Je reviens sur ce problème dans mon livre et je pense qu'il faut plutôt identifier le gladiateur au manchon à demi-lune à l'arbelas... une spécialité de la gladiature orientale... rien à voir avec la Gaule.»)

 
gladiateur - scissor gladiateur - scissor

Un gladiateur cuirassé assez spectaculaire : le scissor, tel que représenté sur la stèle de Myron,
et sa reconstitution à Bliesbrück, en 2005, par ACTA-Expérimentation

 

L'andabata était entièrement cuirassé et combattait en aveugle, relié à un autre andabata par une corde. Assez curieusement, Ridley Scott et les costumiers de Gladiator confondront l'andabata avec une sorte de «super»-mirmillon.
(Remarque d'Eric Teyssier : «L'andabata est une distraction comique qui n'a pratiquement pas laissé de trace, rien en tout cas après le milieu du Ier ap. J.-C.»)

Le crupellarius est un gladiateur qui ressemble furieusement à l'andabata : le rebelle éduen Sacrovir voulut faire d'eux la troupe de choc de son armée. Mais leur technique spécifique, adaptée au duel dans l'arène, n'offrait que des désavantages sur le champ de bataille. Il suffisait de les culbuter pour les rendre impuissants !
Certain auteurs ont cependant voulu les rapprocher, puisque Gaulois, des mirmillons lesquels, bien au contraire, étaient très légèrement armés - pas de protection de bras ni de jambes, encore moins du torse.
(Remarque d'Eric Teyssier : «Quant au crupelarius, il n'est connu que par une seule et unique mention dans Tacite (sous Tibère) et la seule représentation connue (une statuette de la Fère) n'est pas assurée quant à son attribution.»)

 

8.5. Les armaturæ à l'écran

La plupart des films méconnaissent les armaturæ, qu'il s'agisse de superproductions soignées comme le Spartacus de Kubrick ou de séries Z comme le remake de La révolte des gladiatrices (1973), The Arena (2001) tourné en Russie. Dans ce dernier film, qui semble se passer au IIe s. de n.E., l'on voit combattre des barbares en casques à cornes, des femmes en justaucorps garni de plaques de métal et cotte de maille, avec bouclier, glaive surdimensionné de légionnaire et sans casque, et surtout - la cerise sur le gâteau - un rétiaire lourdement cuirassé, et affublé d'un casque médiéval prolongé par des mailles - la négation même de sa spécificité. Dans Gladiator on voit une spectaculaire épée à deux lames divergentes et au maniement improbable. Dans Gladiator encore, comme dans le récent Pompéi (Paolo Poeti), des gladiateurs manient double hache, massue ou fléau d'armes : toutes espèces d'armes aucunement attestée dans nos sources antiques !

murena - gladiateurs

Gladiateurs combattant «nus», toute l'ambiguïté d'un terme signifiant aussi bien «intégralement nu» que «peu vêtu» ! (Philippe Delaby (d.) et Jean Dufaux (sc.), Murena - La pourpre et l'or, 1997)

 

Dans son roman, Howard Fast parlait de gladiateurs nus, qui se battaient armés d'un simple coutelas : conservant l'idée, le film de Kubrick leur concédait un petit bouclier... à peine plus large que le poing, un glaive de légionnaire (mais de n'est pas une faute, en -70), une manica correctement positionnée sur le bras droit, mais pas de casque. En revanche, le rétiaire Draba est, lui, correctement équipé (trident, filet, manica sur le bras gauche), quoiqu'il lui manque le galerus et le poignard. Il est vrai que le film se justifie d'un combat privé et du caprice d'une riche visiteuse qui souhaite voir les hommes se battre nus. Quarante ans plus tard, se souvenant du roman, Delaby et Dufaux démarreront leur BD Murena par un combat au finish d'une bande de gladiateurs entièrement nus, osant ce que le cinéaste n'avait fait qu'esquisser (9).

Les deux documents qui suivent illustrent les erreurs les plus banales.

gladiateurs
 
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(Soit deux gladiateurs au premier plan, de gauche à droite : A et B;
deux gladiateurs au deuxième plan, de gauche à droite : C et D;
trois gladiateurs au troisième plan, de gauche à droite : E, F et G.)
1. Tous sans exception portent la manica sur le bras gauche qui tient un petit bouclier rond ou rectangulaire (parma), ce qui est une erreur sauf dans le cas de C, qui est un rétiaire. Seul le rétiaire porte la manica sur le bras gauche, qui tient le filet, mais il lui manque ici le galerus.
2. A, B et C arborent le cardiophylax (plaque sur la poitrine), accessoire peu fréquent. Seuls les provocatores portent parfois une protection de poitrine, mais les provocatores sont des scutarii (boucliers longs) et l'on n'en voit aucun ici (10).
3. A porte une unique ocrea haute de thrace, mais sur la mauvaise jambe : il ferait mieux de la permuter avec sa manica (qui doit aller au bras droit). L'ocrea unique est toujours sur la jambe gauche, celle qui s'avance sous le court bouclier. L'erreur de l'accessoiriste provient du fait que le maître d'armes du film ne semble pas avoir compris le principe de l'escrime avec bouclier : c'est le bouclier, donc le côté gauche du corps, qui se porte en avant. Exactement le contraire de l'escrime contemporaine.
4. Enfin G, est un parmularii (thrace ?) qui brandit un trident : ce n'est pas son arme, mais peut-être l'a-t-il prise à un rétiaire vaincu.
 

fureur des gladiateurs

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Le combattant de gauche est assez cocasse : c'est un rétiaire, puisqu'il tient un filet de sa main droite, tandis que sa gauche (manica correctement positionnée, mais pas de galerus !) brandit un glaive surdimensionné. Sa cuirasse est, par contre, une véritable hérésie plus particulièrement sur un rétiaire, qui est un combattant léger.
Son opposant, à droite, non seulement porte une manica au même bras que sa parma, mais en plus un galerus, qui non seulement ne lui sert à rien parce que trop petit, mais en outre - s'il était de dimensions correctes - ferait double emploi avec son casque.

 

8.6. Qui sont les gladiateurs ?

Il faut distinguer d'abord les condamnés à mort (noxii ad gladium damnati) des gladiateurs proprement dits. Les guerres de l'Antiquité appellent, souvent, le massacre systématique des vaincus. Ainsi, sur le champ de bataille, les Assyriens aimaient à empiler en pyramides les têtes de leurs ennemis, à tapisser les murs des villes rebelles de la peau de leurs chefs écorchés vifs. Les Athéniens réduisirent en esclavage les femmes et les enfants de Mitylène, leur alliée rebelle, massacrèrent les mâles aptes à porter les armes et émasculèrent les jeunes garçons. Et les Syracusains laissèrent mourir de faim dans les Latomies les Athéniens du corps expéditionnaire fait prisonniers.

Lors du triomphe de leurs généraux, les Romains - quant à eux - exhibaient les chefs ennemis, avant de les étrangler (ou, plus rarement, de les gracier) et faisaient périr dans l'arène leurs meilleurs guerriers, obligés de s'entre-tuer. Les «armes ethniques» de la gladiature (Samnites, Gaulois, Thraces) tirent de là leur origine, à côté des «armes techniques» (mirmillons, rétiaires, hoplomaques, venatores...). Toutefois, ces prisonniers de guerre massivement condamnés à mort n'étaient pas de vrais gladiateurs : un gladiateur est un combattant - esclave désigné ou volontaire libre, peu importe - spécialement entraîné pour exécuter des performances dont l'issue peut être, parfois, mortelle. Mais comme ils sont adroits et coûtent très cher, la mise à mort du vaincu n'est pas une fin en soi, même si la foule des spectateurs réputés avides de sang attend fébrilement cet instant privilégié où la carotide tranchée, celui-ci expulsera son sang à gros bouillons.

On a retrouvé à Pompéi, annoté par un tifosi, un programme de munera (11),


  THRACE-MYRMILLON  
Victoire Pugnax, de l'école néronienne 3 victoires
Mort Murranus, de l'école néronienne 3 victoires

  HOPLOMAQUE-THRACE  
Victoire Cycnus, de l'école julienne 8 victoires
Epargné Atticus, de l'école julienne 14 victoires

  ESSÉDAIRES  
Epargné Publius Ostorius 51 victoires
Victoire Scylax, de l'école julienne 26 victoires

qui nous apprend que sur trois duels, deux virent le vaincu épargné, un seul eut une issue fatale, et encore opposait-il des débutants n'ayant qu'un modeste palmarès de trois victoires chacun.

8.6.1. Ne pas confondre...
On n'a pas eu le temps de former aux règles du ludus, d'incorporer dans une armatura ces condamnés raflés, prisonniers de guerre opposés en combats gregatim - les Daces et les Suèves d'Octavien, les Bretons de Claude, les Juifs de Titus. C'étaient des vaincus destinés à mourir, qui se battirent avec leurs armes nationales. Mais ce n'étaient pas de vrais gladiateurs, formés en vue de performances spécifiques. Du reste, on distinguera les damnati ad ludum, qui sont des combattants ennemis, des damnati ad bestias qui sont plutôt des sujets rebelles. Ainsi les transfuges romains repris par Paul Emile après la bataille de Cynoscéphale furent voués à être piétinés par les éléphants.
Il est clair également que, lorsque par une naumachie Claude inaugura les travaux d'assèchement du lac Fucin, on n'attendait pas des 19.000 condamnés à mort qu'ils fassent démonstration d'une escrime savante et codifiée, sous le contrôle d'un arbitre. C'est sous la menace des balistes des prétoriens qu'ils se constituèrent en flottes des «Rhodiens» et des «Siciliens», fortes de douze trirèmes chacune, et se prirent à l'abordage. Bien que ce spectacle soit décrit à la suite d'une série d'anecdotes relatives à l'attitude de Claude vis-à-vis des gladiateurs (SUÉT., Claude, XXI), il est évident que ceux-ci n'en étaient pas dans le sens technique du terme. Il ne s'agissait que de liquider un lot de captifs considérés comme dangereux, rien de plus. Le plus drôle c'est que ce furent eux qui saluèrent Claude de la fameuse phrase «Have imperator, morituri te salutant», dont on a fait - à tort - la salutation rituelle des gladiateurs.

8.6.2. Sportifs de haut niveau
Bien sûr, de ces lots on peut toujours extraire quelques intéressants sujets sociopathes, aptes à se soumettre à la rude discipline du ludus, qui recevront ultérieurement le même entraînement que les hommes libres «volontaires sous contrat» (les auctoritas...). Ceux-là seront, alors, de vrais gladiateurs. Dans l'arène, ils combattront avec un armement spécifique, en général des coutelas plutôt que des glaives ou spatha, selon des règles (lex pugnandi) soumises au jugement d'un arbitre. Quintilien nous a conservé l'écho des discussions passionnées des afficionados, qui rappelle notre escrime moderne : «Le coup du gladiateur appelé «seconde» [= riposte] devient «tierce» [= riposte à la riposte] si le premier coup n'était pas destiné qu'à provoquer l'attaque adverse et même «quarte» si la feinte a été répétée deux fois» (QUINTILIEN, Institution oratoire, V, XIII, 54).
Entourés par des entraîneurs, masseurs, diététiciens, ces «sportifs de haut niveau» chercheront à épuiser leur adversaire en lui infligeant des blessures superficielles, jusqu'à obtenir sa soumission, comme le rappelle Georges Ville : «Il s'agissait, non de dominer techniquement un adversaire, mais d'acculer un homme à demander lui-même qu'on décidât délibérément de sa vie ou de sa mise à mort.»
C'est alors, et alors seulement, que le peuple donnant ses suffrages tentera d'influencer l'éditeur des jeux qui seul a pouvoir de décision. Celui-ci songe avec mélancolie à la perte financière que représente la mise à mort de ce combattant malchanceux; en même temps, il songe à sa popularité et se trouve tenté de se rallier à l'avis général. «Ure !» («Brûle le !»), crie-t-on aux lorarii pour qu'ils stimulent au fer rouge un combattant trop timide. «Habet» ou «Hoc habet» («Il en a»), souligne-t-on lorsque l'un d'eux a pris un mauvais coup. Mais lorsque le vaincu, ayant jeté son bouclier, tend l'index de la main gauche (12, c'est l'hallali : «Jugula !» («Egorge-le !»), s'il a été en dessous de tout, ou «Mitte !» («Qu'il s'en aille !»), s'il a courageusement combattu.

8.6.3. Des athlètes gras ?
Les gladiateurs étaient des athlètes surentraînés, surveillés par des diététiciens. L'image romantique prolongée par le cinéma nous a campé des gladiateurs à la musculature noueuse et grand mangeurs de viande.
Il n'y a sans doute pas grand-chose à retenir de la thèse soutenue par ces anthropologues autrichiens - Karl Grossschmidt, médecin-légiste, de l'Institut autrichien d'archéologie et Fabian Kanz, de l'Institut de chimie analytique de l'Université de Vienne) - qui étudièrent les squelettes de 70 gladiateurs exhumés à Ephèse, et selon qui «les analyses effectuées tendent à prouver qu'ils se nourrissaient principalement d'orge, de haricots et de fruits secs». Selon eux, la méthode dite de «micro-analyse des éléments» permet de déterminer, grâce à une sonde nucléaire, les concentrations en éléments chimiques contenus par les ossements, et ainsi déduire quelles proportions de poisson, viande, céréales et fruits composaient le régime alimentaire du défunt. Un régime composé de viande et de légumes laisse des traces équilibrées de zinc et de strontium, alors qu'un régime végétarien est dénoncé par une haute teneur en strontium et une faible teneur en zinc. Selon ces spécialistes, les gladiateurs romain étaient donc gras, peut-être délibérément, pour compenser l'absence d'armure en protégeant par un matelassage graisseux leurs organes vitaux contre des lames effilées comme des rasoirs. Resterait à prouver l'efficacité de ce genre de protection; est-on seulement certain qu'il s'agissait bien des restes de gladiateurs ?

8.6.4. Récompenses
Le gladiateur vainqueur exécute la sentence éventuelle, puis reçoit une palme (parfois une couronne de lauriers). «Le gladiateur victorieux, écrit J. Carcopino, était récompensé séance tenante. Il recevait des plats d'argent chargés de pièces d'or [præmium] et de cadeaux précieux et, ses présents dans la main, il traversait l'arène en courant, sous les acclamations de la caveaParfois un glaive de bois (rudis) était offert au vainqueur (rudarii) ce qui signifiait qu'il était définitivement libéré de son obligation de combattre. Il pouvait alors se choisir une nouvelle vie, ou rester dans le monde de l'arène comme instructeur (doctor). Nombre de rudarii... choisissaient de rempiler, comme ce Flamma aux 21 victoires qui, quatre fois libéré, se réengagea quatre fois.

8.6.5. Les collèges funéraires
Une note amusante pour conclure. Nous avons vu que la formule «Ave Cæsar, morituri te salutant» ne fut prononcée qu'une seule fois, à l'occasion d'une naumachie sur le lac Fucin, opposant plusieurs milliers de prisonniers de guerre. La réponse évasive de l'empereur Claude suggéra aux condamnés qu'ils étaient graciés - aussi refusèrent-ils de combattre. Ce qui nous renvoie au parodique Deux heures moins de quart av. J.-C., quand le mirmillon Michel Constantin - porte-parole de ses camarades - refuse de se battre «pour des raisons syndicales»... Au delà de l'anachronisme délibéré voulu par Jean Yanne, il faut considérer qu'en fait, les premiers «syndicats» - en l'occurrence des collèges funéraires -, furent bel et bien inventés par les damnés de l'arène.
En effet, tandis que des valets retournaient au râteau le sable ensanglanté, des comparses armés d'un maillet et déguisés en Hermès Psychopompe (13) ou en Charon (14), frappent les morts sur le front pour s'assurer de leur décès. La profession ne jouissant d'aucune considération sociale, les gladiateurs s'étaient en conséquence organisés en collèges funéraires afin de s'assurer, par leurs cotisations, une sépulture décente ! Leurs cadavres sont alors évacués en civière par les libitinarii. Et ce sont les carcasses des simples condamnés à morts qui sont traînés vers les égouts au moyen de crochets de fer.

 

olac le gladiateur

Armés de leurs crocs de fer, les libitinarii s'apprêtent à déblayer l'arène des cadavres qui l'encombrent
(Don Lawrence, Olac the Gladiator)

 

Le succès du Gladiator de Ridley Scott a incité la BBC à consacrer aux gladiateurs un docufiction essayant de retracer avec quelqu'objectivité ce que fut exactement la vie des professionnels de l'amphithéâtre (Les Gladiateurs, Tilman Remme).

 

fellini roma

Dans Roma, Federico Fellini rend hommage aux péplums de son enfance. Attention : cette photo d'exploitation est en couleur, mais dans le film les séquences reconstituées par le Maître sont en noir et blanc

Suite…

NOTES :

(1) Lors d'une de ses exhibitions, Brice Lopez (ACTA-Expérimentation) nous a fait une démonstration très convaincante quant à l'escrime du thrace. - Retour texte

(2) J. DUBOIS, Ludi et Circenses. I. Les combats de gladiateurs, Bruxelles, Le Cimier, 1978. - Retour texte

(3) Cf. GOLVIN & LANDES, op. cit., p. 161. - Retour texte

(4) Le thrace a un casque à larges bords (comme les mirmillons et les samnites), ouvert ou fermé, souvent surmonté d'une ou deux plume(s) ou d'un griffon. On connaît par une statuette en ivoire (poignée de couteau pliant trouvé à Italica (Seville, Espagne), à l'effigie d'un certain Senilus) un porteur d'un casque plus particulier, en forme de griffon dont les ailes déployées remplacent les larges bords. Casque de parade, peut-être ? Il porte de hautes jambières, et ses cuisses sont entourées de fasciæ (lanières de cuir).
Le thrace a un petit bouclier carré (parma), mais les jambières (ocreæ) sont facultatives. - Retour texte

(5) C'est Jacques Dubois (Lvdi et circenses. I. Les combats de gladiateurs, Bruxelles, Le Cimier, 1978) qui dote le provocator d'une épée longue (laquelle en fait est plutôt l'arme du gallus). Eric Teyssier et Brice Lopez (op. cit.) ont toutefois prouvé qu'au Ier s. de n.E. les glaives surdimensionnés ont, dans l'arène, disparus au profit des dagues. - Retour texte

(6) Cf. GOLVIN & LANDES, op. cit., p. 166. - Retour texte

(7) Il y a aussi le provocator, avec son petit cardiophylax. - Retour texte

(8) Avec un masque facial rétractable, d'un type inconnu des Romains qui pourtant connaissaient les casques à masque humain métallique amovibles. - Retour texte

(9) Et ils publieront un erratum à ce sujet, dans l'album suivant. - Retour texte

(10) Les quelques boucliers rectangulaires que l'on voit sur ce dessin sont tellement petits qu'on hésiterait à les considérer comme scuti. Il faut toutefois relativiser : dans les films des années '60, le scutum des légionnaires est à peine plus grand que ceux qu'on voit ici. Sous l'influence de l'archéologie expérimentale, cette tendance est en train de s'inverser et, de l'Astérix de Claude Zidi à Gladiator, le scutum romain a enfin des dimensions correctes. (Sauf qu'à l'époque de Jules César, les légionnaires étaient tout autrement équipés que dans les «Astérix» life). - Retour texte

(11) C.I.L., 2508; MAU-KELSEY, p. 217-219 - cité par R. ETIENNE, La vie quotidienne à Pompéi, Hachette, 1966, p. 438. - Retour texte

(12) L'index de la main droite pour le rétiaire (dont le bras et la main gauche sont entièrement recouverts par la manica). - Retour texte

(13) Hermès conduisait aux Enfers les âmes des défunts. - Retour texte

(14) Le nocher du Styx. Ou encore Dis Pater (Pluton). Ces figures masquées apparaissent au Ier s. de n.E., ou seulement au IIe s. - Retour texte