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De La Chute de l'Empire romain
à Gladiator

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Pages précédentes :

De La Chute de l'Empire romain à Gladiator

I — VOIES PARALLÈLES

1. Introduction

2. Deux films

3. A propos de La Chute de l'Empire romain

4. A propos de Gladiator

II — LES PROTAGONISTES

5. Les protagonistes historiques

6. Les protagonistes cinématographiques

Conclusion

III — ANNEXES

7. A propos de la bataille contre les Germains dans Gladiator

8. A propos des combats de gladiateurs (1) :
De l'archéologie au mythe

 

Sur cette page :

9. A propos des combats de gladiateurs (2) :
Les gladiateurs au cinéma

9.1. Un héros : Spartacus

9.2. Où deux sensibilités s'opposent...

9.2.1. Hollywood, ou l'édification

a. Hommes de mains...
b. Les infâmes, les oubliés...

9.2.2. Cinecittà, ou Sept mousquetaires contre un tyran

a. Les gladiateurs de Marc Antoine
b. Justiciers

9.2.3. La gladiature grecque
Gladiateurs spartiates

9.2.4. La bande dessinée...
Olac le Gladiateur

9.3. Les personnages

9.3.1. Les gladiatrices

9.3.2. Les panoplies

9.3.3. Les exploits

a. Naumachie
b. Venatio

9.3.4. L'humour

9.4. L'amphithéâtre : un décor

9.4.1. De l'antique...

a. Vérone
b. Pola

9.4.2. ... au moderne

a. El Escorial, à Madrid
b. La cour rectangulaire de l'Atenea
c. L'amphithéâtre J. Leitienne
d. Et cætera...

9.5. La réhabilitation

9.6. Romans historiques

9.7. Et pour conclure

 

Pages suivantes :

10. Bibliographie historique

IV — FICHES TECHNIQUES

11. La Chute de l'Empire romain

12. Gladiator

V — CHRONOLOGIE

13. Chronologie du déclin de l'Empire romain

VI — FILMOGRAPHIE

14. Filmographie des gladiateurs

 
hercule defie spartacus
 

9. A propos des combats de gladiateurs (2) :
Les gladiateurs au cinéma
(1)

Une des premières apparitions des gladiateurs au cinéma est dans le Quo Vadis (1912) d'Enrico Guazzoni. L'on y voyait le mirmillon vainqueur guettant la sentence impériale, un pied sur la poitrine du rétiaire vaincu qui, implorant sa grâce, tend le doigt vers le pulvinar, la loge de l'empereur. C'était, en fait, un tableau vivant, décalqué sur une toile célèbre de Gérôme, Pollice Verso. Lequel, comme chacun sait, avait une fascination toute particulière pour les sujets inspirés de l'amphithéâtre.

 
pollice verso - gerome quo vadis 1912

A gauche : Pollice Verso (1874), de Jean-Léon Gérôme, point de départ du Gladiator de Ridley Scott.
A droite, une première interprétation filmique : Quo Vadis (1912) d'Enrico Guazzoni

 

Cette institution du meurtre ludique et légalisé - la gladiature -, pour nous choquante, par son sujet scabreux et exotique est un poncif de Rome. On peut même dire que c'en est «le» poncif par excellence. Mettant en scène des combattants émérites ou les martyrs du christianisme, l'amphithéâtre proposait une leçon de courage et de bravoure qu'affectionneront à représenter les Peintres du Salon - les Pompiers.

Prétextes à scènes d'action et pompes spectaculaires, les fastes de l'arène trouveront une large répercussion dans les fresques cinématographiques.

9.1. Un héros : Spartacus

Le plus célèbre de ces combattants de l'amphithéâtre est Spartacus. Spartacus précisément, en qui, depuis Diderot, on a voulu reconnaître un précurseur de l'abolition de l'esclavage. Spartacus à qui dramaturges et romanciers auront tôt fait de prêter des aventures sentimentales... (cf. Bernard-Joseph Saurin [1760], le garibaldien Raphaël Giovagnoli [1901], l'anarchiste Urbain Gohier [1905] [2]).

La porte était ouverte à l'affabulation romanesque. Spartacus, qui n'était qu'un brigand acculé au désespoir et à la révolte, a eu le bonne fortune posthume de séduire certains intellectuels sous la révolution française (Babeuf, certains Jacobins), puis les premiers communistes allemands, en 1916 (les Lettres de Spartacus de Karl Liebknecht). Ce qui n'empêchera pas le plus bourgeois des monarques, Louis-Philippe, de lui faire ériger par Foyatier une statue dans le Jardin des Tuilleries. Dans le Pays de l'Est au temps du communisme, il est officiellement plus populaire que le Christ (cf. les Spartakiades, etc.). Spartacus est aussi le nom d'un robot médical (avec tout ce que «robot» impliquer de connotations), un annuaire «gay», etc. Dans le film Y a-t-il un pilote dans l'avion ?, un personnage parfaitement équivoque demande à un jeune garçon : «Et toi, est-ce que tu aimes les films de gladiateurs ?». Il a fait le bonheur de tout le monde - des petits et des grands -, de Spartakus le voleur, sorte de Robin-des-Bois sympathique du dessin animé Les mondes engloutis (3) au mercenaire Spartacus, membre du commando anti-terroriste des Loups entre eux (4). Paradoxe ?

Sa vie et ses amours seront maintes fois portés à l'écran :

  • Spartacus, o Il gladiatore della Tracia, d'Ernesto Maria Pasquali, IT, 1911;
  • Spartacus, ovérro Il gladiatore della Tracia, de Giovanni Enrico Vidali (Prod. Pasquali - remake du précédent), IT, 1913;
  • Spartacus, Prod. Cines (avec Anthony Novelli), IT, 1914;
  • Spartacus, 1919 [?];
  • Spartaco, Il gladiatore della Tracia, de Riccardo Freda, IT, 1952;
  • Spartacus, de Stanley Kubrick (produit et interprété par Kirk Douglas), EU, 1960;
  • Il figlio di Spartaco, de Sergio Corbucci, IT, 1962;
  • La vendetta di Spartacus, de Michele Lupo, IT, 1964;
  • Spartacus e I dieci gladiatori, de Nick Nostro, IT, 1964;
  • Hercule défie Spartacus (Il gladiatore che sfido l'Impero), de Domenico Paolella, IT, 1964;
  • Spartacus, de Vadim Derbenev & Yuri Grigorovich, 1975 (5);
  • Spartacus, d'Elie Chouraqui, 2003;
  • Spartacus, de Robert Dornhelm, 2004 [TV];
  • «Spartacus», épisode de la série docufiction Rome : grandeur et décadence d'un Empire, de Rex Piano, 2008 [TV];
  • Morituris, de Raffaele Picchio (tournage annoncé).
 

9.2. Où deux sensibilités s'opposent...

9.2.1. Hollywood, ou l'édification

Dans un premier temps - jusque vers la fin des années '50 - le péplum est prétexte à refléter les bons sentiments du roman historique antico-chrétien édifiant, d'E.G. Bulwer-Lytton à Frank G. Slaughter, en passant par le cardinal N.P. Wiseman, Lew Wallace, H. Sienkiewicz, Mika Waltari et Lloyd C. Douglas (tous portés à l'écran - sauf Slaughter [6]).

La pure jeune fille est livrée à la lubricité d'un cynocéphale, dans Le signe de la Croix (1932). Le martyre de saint Sébastien est consommé, et Rhual, autre gladiateur repenti, refuse de combattre dans l'arène, dans Fabiola (1947). Ursus arrache au taureau furieux la douce Lygie, dans Quo Vadis (1951). La Tunique (1953), d'après le roman de Lloyd C. Douglas, s'achève sur les images du héros et de l'héroïne marchant vers le supplice, dans l'arène. Et la séquelle de La Tunique : Les gladiateurs (1954), campe Victor Mature en pittoresque brute oscillant entre l'épée simplificatrice et les béatitudes de la Foi...

Il y a aussi la figure tragique de Lydon - le jeune gladiateur qui s'est engagé pour gagner la somme nécessaire au rachat son père esclave, dans le roman de Bulwer-Lytton - qui est un protagoniste des Derniers jours de Pompéi (Peter Hunt, 1984). Lydon avait précédemment inspiré le personnage de Marcus, le forgeron qui - pour gagner de quoi soigner son fils malade -, devient gladiateur. L'enfant ayant succombé sur ces entrefaites, il se muera peu à peu en champion dur et brutal jusqu'à ce que, parvenu au faîte de sa gloire, la brute repentie se convertisse au christianisme (Les derniers jours de Pompéi, Schoedsack, 1935).

a. Hommes de mains...
Beaucoup de gladiateurs deviendront instructeurs, gardes du corps ou milices privées. Le gladiateur Croton égaye les banquets, mais sert de garde du corps occasionnel à Vinicius dans Quo Vadis. C'est au cours d'une tournée nocturne du patricien qu'il se fera briser le crâne par Ursus.

Verulus (Anthony Quayle), compagnon et confident de Commode, est aussi son père - le glorieux gladiateur ayant été l'amant de l'impératrice Faustina [La chute de l'Empire romain]. Il y a aussi Marcos [Macron ?], l'homme de main de Caligula [Les gladiateurs]. Dans ce dernier film on voit Messaline venir observer la libera cena, le dernier repas des combattants, la veille d'un combat; certains d'entre eux protestent contre l'arbitraire de combats non prévus par leur contrat (?) (idem dans le Spartacus de Kubrick). Mais l'une des plus belle composition gladiatorienne est celle de Jack Palance, dans Barabbas, où il incarne Thorvald, un essédaire. C'est un «spectatus», une vedette de l'amphithéâtre. Il faut voir ses mimiques extatiques - la griserie du sang qui fait palpiter ses narines lorsqu'il pousse son char à faux dans l'arène, où il va étriper quelque novice mal armé. Et sa mort misérable, pathétique même, après sa rencontre avec le rétiaire Barabbas (Anthony Quinn). Déjà la foule a oublié celui qu'elle acclamait un instant plus tôt comme son idole. Thorvald est mort, vive Barabbas !

b. Les infâmes, les oubliés...
Il y a, enfin, le prince juif Judas Ben Hur, fils adoptif du tribun Quintus Arrius, un chevalier enrichi par le trafic de l'annone et la spéculation sur la chair humaine.
Q. Arrius déclare en substance au rameur 41 (Ben Hur) : «Je suis un soldat. Et pendant mes loisirs, je forme des hommes pour le combat dans l'arène.» Il n'était pas déshonorant, pour un Romain, de posséder un ludus privé, à condition que ce ne fusse point son unique activité. Le gros roman de Wallace, évidemment plus disert que le film de Wyler, nous apprend sans être trop prodigue de détails, que Ben Hur ne fut pas seulement un aurige chanceux à Rome, mais aussi un gladiateur réputé. Les films de F. Niblo (Ben Hur, 1926) et W. Wyler (1959), américains et «bien pensants» omettent ce détail scandaleux, cette tache dans la vie du héros : boucher de l'amphithéâtre. Le roman se bornait à fonder sur ce passé gladiatorien l'expérience au combat corps à corps de Judas Ben Hur, tombé dans un guet-apens. A l'écran, il sera jugé plus décent de montrer Ben Hur seulement champion de course de chars. Les pilotes de courses automobiles, les cameramen de la TV qui risquent leur vie pour filmer une guérilla urbaine, les cascadeurs de cinéma qui prennent des risques insensés pour nous étonner : voilà les gladiateurs de notre XXe s. Rien n'a changé depuis la Rome antique : la mort reste un «show» qui se vend bien.

9.2.2. Cinecittà, ou Sept mousquetaires contre un tyran

Dans la série des films cités plus haut, un seul, Fabiola (1947) était italien, tous les autres étant américains. L'on y voyait Rhual refuser de combattre (comme Démétrius [V. Mature] dans Les gladiateurs) et briser son trident sur son genoux; une affiche française en fera son sujet principal. Est-ce à dire que les Italiens ont de la gladiature une perception toute différente ?

De nombreux péplums italiens graviteront autour du thème du gladiateur. Les Romains considéraient la gladiature comme un métier infâme : mais tous les gladiateurs n'étaient pas des condamnés, il y avait des professionnels.
Aussi les Romains englobaient-ils dans leur mépris le laniste qui les formait, ravalé au même rang que le «leno», le proxénète («lanista» et «leno» étant deux termes apparentés signifiant, en somme : «marchands de chair humaine»).
Paradoxalement - et par opposition à l'athlète pacifique des jeux grecs - ils exaltaient la virilité du gladiateur recevant la mort sans faiblesse.

En fait de professionnels, «les gladiateurs étaient des mercenaires intéressants» - pour reprendre l'expression de Pierre Dupuis, un des dessinateurs de la série «Olac le gladiateur», commentant l'épisode des gladiateurs de Marc Antoine.

a. Les gladiateurs de Marc Antoine
Antoine faisait entraîner à Cyzique une «famille gladiatorienne» en vue d'offrir un combat pour célébrer la victoire qu'il escomptait remporter à Actium. Vaincu, Antoine rentra en Egypte cependant que ses alliés le trahissaient les uns après les autres. Seuls ses gladiateurs lui demeurèrent fidèles et entreprirent de le rejoindre à Alexandrie. Pour ce faire ils durent traverser l'Asie Mineure et la Syrie, livrant plusieurs combats contre les autorités octaviennes. Finalement encerclés et sans réponse de leur maître à qui ils avaient envoyé un courrier - le croyant mort, donc - ils consentirent à déposer les armes contre promesse de ne plus devoir combattre dans l'arène; il semble qu'ils furent incorporés dans l'armée d'Octave et dispersés entre plusieurs unités. Dion Cassius (Hist. rom., LI, 7) s'est étonné de trouver tant de loyauté chez des hommes de la condition la plus vile, alors que tant de princes et d'hommes bien nés avaient froidement abandonné la cause d'Antoine, dont ils étaient les débiteurs.

Dans Les légions de Cléopâtre, l'on rencontre de ces gladiateurs d'Alexandrie. Ils vont prêter main-forte au tribun Lucillius (Ettore Manni) chargé par Octave de démasquer un complot égyptien dirigé contre Marc Antoine et de ramener ce dernier dans l'orbite de Rome. Peut-être étaient-ils des survivants de cette troupe des gladiateurs d'Antoine qui avaient traversé l'Asie Mineure pour retrouver leur «patron» - le film ne le dit pas.

b. Justiciers
A partir de 1963, dans les péplums italiens, le gladiateur, à l'exemple de Spartacus, devient facilement un héros positif qui, comme le centurion vengeur, punit les méchants empereurs et rétablit l'ordre et la justice, la «Pax romana». Dans ces bandes d'aventure enlevées à la manière de Zorro, le gladiateur conférera le pouvoir à un sénateur éclairé ou a un général intègre : à Pertinax qui succède à Commode (La fureur des gladiateurs), à Claude après que Caligula ait été assassiné (Hercule contre les mercenaires) (7).
On se gardera bien de spécifier au spectateur quels excès seront reprochés au nouveau règne. La «suite» dans un autre film, peut-être ? Dans Spartacus et les dix gladiateurs (1964), dix gladiateurs sont «bannis» des arènes de l'Empire et se retrouvent sans emploi - donc, sans gagne-pain. Dans sa «suite», Le triomphe des dix mercenaires (1964) (notez le changement de statut attesté par le titre français, infidèle à l'original) et dans Maciste contre les géants (1962), nos gladiateurs sont commandités tantôt par le Sénat, tantôt par des politiciens véreux, pour des missions «musclées» à la limite de l'illégalité, comme de rétablir l'ordre dans un royaume satellite. Dans ce dernier film, Maciste contre les géants, les gladiateurs seront - pour une fois - des méchants, des tueurs capables des pires forfaitures pour prix de leur affranchissement; à eux s'opposera le généreux Maciste.
Dans Le magnifique gladiateur (1965), le trône de Gallien sera préservé des entreprises d'un préfet du prétoire trop ambitieux par «Hercule», un gladiateur dace; dans Hercule contre les mercenaires (1964), un autre «Hercule», gladiateur breton cette fois, aide la faction sénatoriale à liquider les malfaisants Caligula et Messaline. Enfin, dans La vengeance des gladiateurs, le fils d'Ætius aidé de six amis gladiateurs tentera d'empêcher le Vandale Genséric de mettre Rome à sac !

Nous sommes très loin de la dénonciation de la gladiature chère aux films américains (8) - et à toute la théorie de leurs «péplums édifiants» où sont racontés les martyrs du christianisme (9).
Littéralement décalqués sur «les-trois-mousquetaires-qui-étaient-quatre», les gladiateurs sont de joyeux compères qui se battent et s'enivrent dans les «tabernæ», et sont toujours prêts à mettre leur épée au service de la veuve et de l'orphelin. Associés à des comédiens ambulants, les gladiateurs de La révolte de Sparte vivent des aventures décalquées sur un classique de la littérature de cape et d'épée, Le capitaine Fracasse. Les titres ronflants feront état de leur «révolte», de leur «vengeance», «fureur», «invincibilité», «triomphe» ou «terreur»; de leur «force» superlative ou de leur «retour»...
Les Italiens, qui n'aiment pas trop se rappeler certains aspects de Rome, se ménagent ainsi des «happy end» factices. Leurs gladiateurs, parfois, s'arrangent vraiment très facilement avec le pouvoir !
Ce qui était, à la rigueur, supportable de la part d'un nobliau gascon, officier des Mousquetaires du Roy, aurait-il été tolérable de la part d'un glaive de Subure ou... d'un rétiaire maure ?

 

murena - djimon hounsou

Partenaire de Russell Crowe, l'acteur Djimon Hounsou entre dans l'univers de la BD par le biais de Murena, la série-culte de Dufaux et Delaby

 

9.2.3. La gladiature grecque
Contamination ? Les combats de gladiateurs sont allégrement confondus avec les jeux athlétiques grecs. La plupart des péplums se rapportant à l'histoire (10) ou à la mythologie grecques montrent Hercule (11), Persée (12) ou quelque «gladiateur spartiate» luttant pour sa vie dans l'arène.
L'hérésie historique est de taille : il n'y eut jamais d'amphithéâtre en Grèce, sauf dans la colonie - romaine - de Corinthe ! Contrevérité regrettable. Et il y en aura encore moins à Rhodes, ville dont Dion Chrysostome, fin du Ier s. de n.E., nous a conservé le souvenir de son hostilité à ce genre de pratiques (DION, Discours rhodien, XXXI, 123) - ce qui n'empêchera pas Sergio Leone de relancer dans l'amphithéâtre l'intrigue de son Colosse de Rhodes (1960), dont l'action se passe au IVe s. av. n.E.

Gladiateurs spartiates
A l'époque romaine, la Grèce avait fini - non sans de nombreuses réticences - par se mettre «à la gladiature». Apulée (Ane d'or, IV, 13) parle de venatio, homme contre bête, en Béotie. Les combats se déroulaient dans des structures provisoires, hors de la ville, ou dans des théâtres - ainsi celui d'Athènes (PLUTARQUE, Moralia, 1099 B) (13).

Le péplum aimera rapprocher la rudesse des mœurs spartiates des virils principes de la gladiature romaine. Ayant entrepris de dissoudre la Ligue achéenne et de soumettre les cités grecques, Rome n'avait-elle pas trouvé en les Lacédémoniens le «peuple frère» ?
Plusieurs films auront pour héros des gladiateurs spartiates, soit à Rome (Maciste et les cent gladiateurs [= Maciste, il gladiatore di Sparta], sous le règne de Vitellius ou L'Honneur des Gladiateurs [Held der Gladiatoren] de Jorgo Papavassiliou), soit à Sparte même (Les sept gladiateurs, 1962; La révolte de Sparte, 1963). Les deux derniers titres situent l'action en -192 et évoquent la lutte de gladiateurs patriotes contre le dernier tyran de Sparte, Nabis (14). Les sept invincibles (1963), conte les exploits de sept brigands qui ressemblent fort à nos gladiateurs, opposés à Rabirio - tyran spartophile de Sidon (Sidé ?) - pendant la campagne d'Agésilas II en Asie Mineure, une péripétie de la guerre du Péloponnèse.

heros the spartan

Heros, le centurion romain d'origine spartiate, connaîtra la discipline infernale des gladiateurs, sous la férule d'un instructeur arabe qui ne jure que «par Allah» ! Ah ! ces BD... («Heros the Spartan», in Eagle, vol. 16, n­ 35, 28 août 1965)

 

9.2.4. La bande dessinée...
Simultanément, la BD devait refléter cette thématique.
Par exemple Frank Bellamy qui, en 1963, crée dans le magazine britannique Eagle, le personnage de Heros, un centurion romain d'origine spartiate [«Heros the Spartan»].

En fait, les auteurs ne distinguent plus très bien la nuance entre les jeux grecs et la gladiature romaine. En 1962, le Français Pierre Dupuis - qui vient de reprendre la série anglaise «Olac the Gladiator» -, dessinant les Jeux isthmiques, campe son héros en discobole, dans un décor d'amphithéâtre romain (Olac, n­ 21, 1ère pl.) (15).

En 1965, un autre continuateur de la même série - Ruggero Giovannini - allait bien plus loin. Olac, cette fois, concourrait contre les athlètes spartiates aux Jeux olympiques. Sparte la guerrière, en effet, s'était révoltée contre l'occupant romain qu'elle méprisait; il s'agissait donc de prouver aux Spartiates la valeur physique du combattant romain.
L'épreuve de course à pied se dispute sur le sommet étroit d'un mur circulaire orné de statues qui barrent le passage et qu'il faut contourner. Des concurrents malchanceux tombent dans le vide; d'autres manquent de s'empaler sur l'épée tendue du dieu de la guerre... La course de chars à faux (comme dans Ben Hur, 1959) (16) ! se dispute dans les rues étroites d'Olympie et le «marathon» (17) - ou plus exactement la course armée - dans un désert, la vallée d'Hadès, occasion pour les rivaux de s'étriper joyeusement au détour d'un sentier; le saut, au-dessus de braises ardentes; la lutte, dans un enclos garni de pointes acérées etc. L'imagination sadique du dessinateur s'en donne à cœur joie (Olac, n­s 56-59).

Olac le Gladiateur
Pierre Dupuis s'est expliqué (18) de son travail sur «Olac» : «J'ai repris Olac au numéro 19. On m'a donné quatre ou cinq des numéros précédents, dessinés par Don Lawrence, et on m'a prié de me débrouiller, de faire mes scénarios, de prolonger le style, etc.
A l'époque je faisais tellement de choses, simultanément...
Cap 7, Kwaï le Trappeur, Mac Gallahan, Erik le Viking... Je dessinais jusqu'à cent planches par mois (format poche). J'utilisais et je faisais n'importe quoi.

(...) On allait jusqu'à l'extrême, jusqu'à l'absurde, à l'époque. La BD, c'était l'imaginaire... On se défoulait complètement. En plus je m'amusais à brouiller les pistes. J'avais avec mon éditeur - Jean Chapelle - des rapports bizarres, parfois bons, parfois mauvais. Alors quand il m'em... un peu trop, je m'amusais à lui faire des farces. J'expédiais Olac dans des époques impossibles, des situations extravagantes. J'ai même envoyé Olac auprès d'une tribu qui s'appelait les «Bitèles» (les Beatles !). Je leur avais fait des scarabées sur les boucliers, et leur chef avec de grandes moustaches... Ringo le Terrible ! Quelle rigolade. Chapelle ne s'en est jamais aperçu : les Beatles, il ne connaissait pas. Il était trop bourgeois. Olac ? Il ne savait même pas qui c'était...

(...) Olac, c'était un «Marine» de l'époque. Mais de temps en temps, il avait une conscience. C'était un type intelligent. Il n'était pas très intellectuel - mais il l'était quand même un peu plus que Schwarzenegger ou Rambo ! De temps à autre, il avait des discussions philosophiques : avant de zigouiller ses ennemis il discutait avec eux.

(...) Les «Marines» sont des gladiateurs... et aussi les troupes d'élite de l'Armée rouge, de l'armée vietnamienne ou les esbolas... On donne dans les camps d'entraînement palestiniens une formation combattante redoutable, qui vaut bien celle qu'on inculquait dans les casernes de gladiateurs. A cette différence près qu'on ne leur demande pas de s'entre-tuer dans l'arène pour le plaisir de l'empereur et du peuple - car ces gladiateurs modernes, on a besoin d'eux comme mercenaires...
J'ai fait une autre BD gladiatorienne,
Spartacus : plus sérieuse celle-là. Elle sera même rééditée, dans Submarine, en 1974. C'est complètement différent d'Olac, mieux dessiné, plus lyrique. Je m'étais inspiré du ballet de Khatchatourian (19). Le personnage de Spartacus est dessiné d'après le danseur du Bolchoï Vladimir Vassilyev. Ma scénariste, du reste, était Sylvie de Nussac, critique au Monde

 

spartacus

Spartacus, BD de Pierre-Léon Dupuis

 

Si la violence est omniprésente dans cette BD, elle n'est en réalité que suggérée : la loi française de 1949 sur la violence et la moralité dans la BD veille tout de même un peu ! On imaginera sans peine les situations impossibles dans lesquelles se mettent les auteurs chaque fois que leur héros - champion de César - descend dans l'arène.

Créé par Brian Leigh dans le magazine britannique Tiger en 1958, Olac the Gladiator fut continué dans Champion et dans Valiant par le maître anglais de l'hyperréalisme Don Lawrence et Willie Patterson; ensuite Carlos Roume, le peintre d'histoire Ron Embleton (qui en signa au moins un épisode) et Ruggero Giovannini continueront la saga.
En France, de janvier 1961 à mai 1968, «Olac le Gladiateur» sortit en petit format chez Chapelle (SFPI) au long de 88 fascicules. Comme le matériel britannique se faisait rare, les épisodes dessinés par C. Roume et R. Giovannini seront, à partir du numéro 19, publiés en alternance avec d'autres dessinés pour l'édition française par Pierre Léon Dupuis. Quelques épisodes parurent également dans un autre petit format français, En garde !, du numéro 56 au 59; deux épisodes de Don Lawrence seront également réédités chez MCL respectivement en avril et juin 1980. A noter que dans le courant des '80, l'éditeur néerlandais Oberon publiera une demi-douzaine d'albums Olac en couleur, sur papier couché.
Olac est un gladiateur Breton d'une absolue dévotion à Rome. Entre deux combats dans l'amphithéâtre, il est l'homme des missions spéciales, tour à tour garde du corps, barbouze ou légionnaire. Les scénaristes rusent pour conserver au héros-tueur un statut sympathique. Aucun adolescent n'accepterait une brute pour héros. Olac, donc, ne tue que des ennemis présentés comme irrémédiablement mauvais - et dans le feu de l'action, jamais de sang froid. Jamais il n'aura, donc, à achever un ami vaincu ou un adversaire loyal : soit il obtiendra la grâce de l'empereur, soit la survenance d'un événement empêchera l'exécution de la sentence, soit encore, le pouvoir étant exercé par un mauvais magistrat, Olac se révolte.

Ce sont à peu près les mêmes principes qui présideront aux films italiens, sauf que les héros-gladiateurs descendront de plus en plus rarement dans l'arène - réservant leur énergie pour se battre presqu'exclusivement dans les tavernes, contre les sbires du tyran ou les «méchants» prétoriens. Rapprochez cette situation de celle, classique, des films de cape et d'épée : les Mousquetaires du Roy contre les spadassins du Cardinal !

Moins spécifiquement axé sur la jeunesse - mais bien sur le grand public -, le cinéma est moins précautionneux que la BD. Dans Les gladiateurs les plus forts du monde, les sept gladiateurs aux masques de loup, liquident dans l'arène les adversaires qui leur sont opposés, sans le honteux besoin d'une quelconque justification. Les motivations de l'ennemi importe peu : ce sont des mercenaires, des ennemis qu'il faut abattre - la survie de nos héros en dépend...

 

9.3. Les personnages

9.3.1. Les gladiatrices

Les premières furent des patriciennes dévoyées. Elles apparurent, semble-t-il, sous Néron, en 63 (TACITE, An., XV, 32). Sous Domitien, elles seront de toutes provenances et conditions (SUÉTONE, Dom., 4). Devenues facteur de désordre et de troubles, les gladiatrices seront finalement proscrites de l'arène par un édit de Septime Sévère, en 200. Il semblerait qu'elles étaient opposées aux fauves, dans des venatio.

On les aperçoit très brièvement, amazones armées de faux, dans Le signe de la Croix (1932) [séquence tombée dans la réédition d'après-guerre] et de manière plus fugace encore dans Barabbas (1961) : dans ces deux films elles luttent contre des nains.
Notons La révolte des gladiatrices (1973), ou la révolte à Brindisium, en 45, de quatre femmes dont une patricienne vendue comme esclave après le massacre de sa famille par les proscripteurs syllaniens (erreur chronologique). On retiendra une scène superbe : une jeune femme est parée et armée par ses consœurs selon un rituel solennel - qui rappelle l'adoubement chevaleresque -, sur une très belle musique de Francesco De Masi.
Plus au quotidien, Anno Domini (1984), fait un bout de conduite à un ménage gladiatorien sous Néron : il s'agit de professionnels de condition libre; lui est un ancien sicaire; elle une patricienne déchue.
Autre variation : Attila, fléau de Dieu (1953). Des danseuses costumées en gladiatrices égayent un banquet de Valentinien III. Celle qui mime être vaincue est... réellement décapitée. Et pendant que rebondit sa tête ensanglantée, Valentinien - mauvais plaisant - lâche ses guépards au milieu des convives ! Images de la décadence suprême...

Les gladiatrices (1962) est, en fait, un film d'heroic fantasy, imaginant une civilisation amazonienne il y a 10.000 ans. Dans les années 70, plusieurs films axés sur les Amazones de la mythologie seront à mettre en parallèle avec la gladiature féminine; citons Les Amazones (Terence Young, 1973)...

9.3.2. Les panoplies

Le cinéma n'est pas excessivement sérieux en ce qui concerne l'équipement des gladiateurs. Par exemple la protection du bras. Pour mémoire, il en existe de deux sortes :
- la manica, qui protège le bras droit des épéistes (mirmillon, samnite, secutor, provocator...) et
- e galerus (manica avec protège épaule plus développé), qui se porte sur le bras gauche... Particulier au rétiaire, le galerus tient lieu à la fois de casque et de bouclier que celui-ci ne possède pas. Souvent, les films italiens montrent les épéistes avec la manica à gauche, revêtant le bras qui tient la parmula (petit bouclier), ce qui constitue un double emploi.

La plupart des gladiateurs combattaient torse nu; nous savons que le crupellarius était entièrement recouvert d'écailles de fer; nous ignorons si l'hoplomaque (20) ou hoplite était cuirassé comme le fantassin lourd hellénique dont il était dérivé. Pourtant, au cinéma, le gladiateur porte parfois une cuirasse (thorax), tel Commode dans La fureur des gladiateurs, ou plus souvent encore, sur la poitrine, le cardiophylax - un disque de métal, accroché à deux baudriers croisés (principe des vélites de l'ancienne légion romaine).
Un détail amusant : dans Rêve de singe [Ciao, maschio] (Marco Ferreri, 1978), une sorte de musée de cire new yorkais, dédié au monde romain, propose fort peu pédagogiquement les mêmes approximations - louées chez Rancati ou Peruzzi, les accessoiristes habituels de nos péplums -, qu'il exhibe dans ses vitrines.

Mais toujours le cinéma montrera les riches ornementations du costume de parade, en particulier les casques samnites (avec plumes d'autruche multicolores et plumes de faisans), qui nous sont bien connus notamment à travers les exemplaires retrouvés dans la caserne des gladiateurs de Pompéi. Il s'agissait, en fait, d'armes de parades (elles ne portent aucune trace de coups), et il est vraisemblable que les affrontements se pratiquaient avec des armes plus rustiques...

9.3.3. Les exploits

a. Naumachie
La naumachie pose un sérieux problème de reconstitution, au cinéma. Il s'agit d'inonder un décor, or - par définition - l'eau et le carton-pâte ne font pas bon ménage. Distinguons donc la fausse naumachie de la «vraie».

Dans Spartacus (1952), nous en avons une «fausse». Dans l'amphithéâtre de Vérone inondé, Riccardo Freda avait fait construire une galère trop grande pour s'y mouvoir, puisqu'elle occupe à peu près toute la place disponible dans la cavea. C'est, en fait, un décor pour le ballet d'une Néréide (Amytis, aimée de Spartacus), qui au terme de sa danse doit être dévorée, sous les yeux du héros, par les lions lâchés à l'improviste. Il ne s'agit donc pas d'une bataille navale.
Retenons tout de même la conception de cette mise en scène : l'héroïne du pantomime est destinée à être déchiquetée par un fauve. Si elles constituent, historiquement, un anachronisme sous la République, de telles mises en scène seront attestées un siècle plus tard, sous l'Empire - faut-il rappeler l'exemple fameux du mime du Laureolus ?

Il y aura toutefois des naumachies en étangs dans Les derniers jours d'Herculanum (1962) (sur des radeaux !) et dans Ponce Pilate (des galères de la taille d'une pirogue s'éperonnent mutuellement dans une mare infestée de crocodiles).

b. Venatio
Plusieurs films montrent des décors de venatio : palissades, labyrinthes, échelles, buttes, ponts enjambant fossés d'eau ou de flammes : Fabiola (1947), Barabbas (1961) et à moindre échelle Les sept gladiateurs (titre vidéo : Le duel des Titans). Mais il s'agit moins de chasses aux fauves que de combats de groupes - notamment femmes contre nains dans Barabbas - avec le risque pour les combattants de choir dans une fosse à lions.

Le plus beau combat de bestiaires est sans aucun doute celui de Victor Mature contre un dans Les gladiateurs (1954); celui de Steve Reeves contre un seul lion dans Les derniers jours de Pompéi (1959) est un peu décevant.

9.3.4. L'humour
L'humour est un ingrédient indispensable du film d'action, et spécialement du péplum. Ainsi Gotharso (Conrado San Martino), l'un des chefs des gladiateurs d'Alexandrie, a fort à faire avec sa cabaretière de maîtresse, une rude matrone égyptienne qui lui donne du gourdin chaque fois qu'il s'enivre (Les légions de Cléopâtre).
Le grotesque, toutefois, est généralement exclu des scènes d'amphithéâtre (lieu solennel), même dans les films italiens. Le berger-gladiateur poltron de Maciste et les cent gladiateurs est une exception; Maciste se convertit d'ailleurs au christianisme, ce qu'il faut bien considérer comme une hérésie par rapport au personnage original. Dans Caligula et Messaline, Messaline gladiatrice se voit ordonner de trancher les parties sexuelles du gladiateur vaincu, humour macabre qui ne relève pas des codes du péplum mais bien du film-X.

 

caligula et messaline

«Jugula ?» (Je l'égorge ?), demande Messaline. «Non, coupe-lui les couilles», répond Caligula. «Fais-ce qu'il te dit...», conseille le vaincu, manifestement ravi de désormais ne plus avoir à tourner dans des pornos. (Suit un gros plan d'une petite main experte fouillant dans le pagne du gladiateur pour en dévoiler le sexe qu'elle extirpera dans un gros bouillonnement de sang.)
Sur les conseils de sa maman, Messaline s'était portée volontaire pour combattre dans l'arène, afin d'attirer l'attention de l'empereur qui jusqu'alors ne l'avait jamais remarquée - faut dire que dans le genre «blonde à grosse poitrine», on a déjà vu mieux !

 

Le cinéma comique, par contre, a fait ses choux gras de l'arène. Ainsi Le Forum en folie, une comédie musicale où l'entraînement des gladiateurs est tourné en dérision dans un duel loufoque. Dans La vie de Brian, l'humour noir des Monty Pythons ne recule devant rien. Une scène - unique en son genre, au cinéma - parodie la célèbre toile sanglante de Gérôme, Les lions dans le cirque (1902). Le sable est jonché de débris humains : là un bras coupé, une flaque d'hémoglobine, ici une jambe (avec un glaive fiché dedans !). En surimpression apparaît un premier carton : LE COLISÉE, suivi d'un second : MATINÉE ENFANTINE...

Non moins corrosif, mais dans un autre genre, Deux heures moins le quart av. J.-C. montrait les gladiateurs refusant de se battre... pour des raisons syndicales, et revendiquer des avantages sociaux : la retraite à 60 ans, etc.

 

9.4. L'amphithéâtre : un décor

Pour camper les combats de gladiateurs, le cinéma a utilisé différents décors. Leur nombre est limité, aussi reviennent-ils régulièrement à l'écran. C'était un véritable jeu, chez les amateurs de péplums italiens, de comptabiliser décors et «stock shots» déjà vus dans d'autres films. Le public se familiarise rapidement avec eux. Deux au moins sont des sites archéologiques (les amphithéâtres de Vérone et de Pola); aux autres, faute de mieux, nous attribuerons un nom d'après la principale caractéristique.

9.4.1. De l'antique...

a. Vérone
D'époque augustéenne, l'amphithéâtre de Vérone est le plus vaste après le Colisée de Rome. Mesurant 152 m x 128 m, et 32 m de hauteur, il pouvait accueillir 22.000 spectateurs. Du mur extérieur, il subsiste quatre arcades très élevées. On y tournera Fabiola (1947), Les derniers jours de Pompéi (1948), Spartacus (1952) et Barabbas (1961).

b. Pola
La société de production Atlantica (Marco Vicario) tourna dans l'amphithéâtre romain de Pola (Yougoslavie) Seul contre Rome (Herbert Wise, 1962) et Les derniers jours d'un Empire (Anthony Dawson, 1965).
Construit sous Auguste, agrandi sous Vespasien, l'amphithéâtre de Pola est mondialement connu pour les spectacles qui s'y donnaient, notamment (en été) le Festival du film yougoslave. Bâti en pierre d'Istrie au flanc d'une colline, il comprend deux rangs d'arcades superposées du côté le plus élevé de la colline et trois rangs au pied de celle-ci. Ce gigantesque anneau est presque intégralement conservé.
Moins bien conservée par contre, la cavea, de forme elliptique (133 m x 105 m; hauteur maximum 33 m) pouvait recevoir 23.000 spectateurs.
Autant que la beauté de l'édifice, la proximité de Pola avec la frontière italienne et la figuration à meilleur marché furent des arguments qui pesèrent dans le choix des cinéastes.

 
amphitheatre de pola
 
seul contre rome

L'amphithéâtre de Pola, en Istrie. Et une scène de Seul contre Rome, qui y fut tournée par Marco Vicario

 

9.4.2. ... au moderne

a. El Escorial, à Madrid
En 1959, une production italienne (Ambrosiana, Rome), tourne en Espagne un remake de Fabiola : La révolte des esclaves (Nunzio Malasomma). Une cinquantaine de décors sont construits aux studios Cea (21) et pour les scènes d'amphithéâtre, les cinéastes plantent leurs caméras dans une arène moderne, une plaza de toros maquillée à l'antique (statues, colonnes, draperies) : celle d'El Escorial, près de Madrid.

Aisément identifiable à l'écran ou sur photos par la forme de la colline qui la domine - mais aussi par certains détails de la construction comme les accès aux gradins - on la retrouve dans une autre production de la même année : Les derniers jours de Pompéi (M. Bonnard et S. Leone, 1959).
Bien sûr, le pulvinar où siègent les notables semble différent d'un film à l'autre, et les arcades sommant le pourtour des gradins, bien visibles dans Les derniers jours... ont été soigneusement camouflés dans La révolte... : c'est seulement l'effet du talent des accessoiristes, habiles à maquiller une structure préexistante.
D'ailleurs... remplacez la colonnade du pulvinar par une série de caryatides, et vous obtiendrez peut-être (22), sûrement même l'amphithéâtre du Colosse de Rhodes, produit l'année suivante (1960) (23).

En 1961, dans Les Titans (D. Tessari, 1962) (24), envahie par des cascadeurs emperruqués à la crétoise, des picadores à cheval (!) et une musique «à l'espagnole» de Carlo Rustichelli, l'arène de l'Escorial va devenir «minoenne» le temps d'une parodie tauromachique - pour enfin, fraîchement repeinte de rouge et de blanc, revenir à sa «destination originale» en figurant une arène mexicaine dans un western-«spaghetti» (Un tueur professionnel (Il mercenario), Sergio Corbucci, 1968) (25).

b. La cour rectangulaire de l'Atenea
Procédé économique, certains péplums maquillent approximativement en arène gladiatorienne une simple grande cour rectangulaire. Les droits sont sans doute moins élevés que la location d'un authentique amphithéâtre (ancien ou moderne), ou que la construction d'un décor en stucage. On retrouve la même cour carrée - que nous n'avons pu localiser géographiquement - dans diverses coproductions avec l'Atenea Film de Madrid :
- La révolte des gladiateurs (V. Cottafavi, 1958),
production Alexandra Film (Rome)-C.C.F. (Paris) - Atenea Film (Madrid);
- Les légions de Cléopâtre (V. Cottafavi, 1959),
production Alexandra Film (Rome)-C.C.F. (Paris) - Atenea Film (Madrid);
- La fureur d'Hercule [Ursus] (C. Campogalliani, 1960),
production Cine Italia Film (Rome) - Atenea Film (Madrid);
- - Le gladiateur invincible (A. Momplet, 1961),
production Columbus (Rome) - Atenea Films (Madrid).
 

revolte des gladiateurs

La révolte des gladiateurs : la cour rectangulaire de l'Atenea

 

On va retrouver ce genre d'expédient dans d'autres péplums italo-espagnols ne relevant cependant pas de l'Atenea, ainsi dans deux coproductions Balcazar : Spartacus et les dix gladiateurs et sa «suite», Le triomphe des dix mercenaires (Nick Nostro, 1964) (26), etc.

c. L'amphithéâtre J. Leitienne (Studios De Paolis)
Quant aux coproductions franco-italiennes réalisées en partenariat avec le distributeur/producteur français Jacques Leitienne (Le triomphe d'Hercule, Maciste et les cent gladiateurs, La fureur des gladiateurs, Hercule contre les mercenaires, Le gladiateur magnifique), elles préféreront - elles aussi - les facilités du travail en studio. Elles ont pour commun dénominateur un certain décor en stucage et carton-pâte, très caractéristique - réduit à un angle d'amphithéâtre -, que l'on va retrouver dans au moins une quinzaine d'autres productions de la période 1964-1965. Le générique d’Hercule défie Spartacus (distribué, mais non coproduit par Leitienne), nous apprend que ce décor fut construit aux studios Incir DePaolis (remerciements à Christophe Champclaux pour l’identification).

 

amphitheatre jacques leitienne

Le coin d'amphithéâtre où les coproductions franco-italiennes avec Jacques Leitienne tournaient systématiquement leurs scènes de gladiature

magnifico gladiatore, mark forest

Fotobusta d'Il Magnifico gladiatore où l'on voit mieux l'amphithéâtre des Studios DePaolis, un décor plutôt cheap car - ne nous leurrons pas - ce photomontage, comme souvent, dédouble la même image de part et d'autre du couple formé par le héros et l'héroïne enlacés (remerciements à Christian Folch).

 

d. Et cætera...
L'énumération qui précède n'a nulle prétention d'exhaustivité : il existe bien d'autres types d'amphithéâtres de péplums, tous plus ou moins astucieux ou économiques. Sur les photos d'exploitation espagnoles d'El gladiator mas fuerte del mundo (Maciste contre les géants), on distingue très bien la paroi de la carrière à laquelle est adossé le décor de l'arène.

Ces procédés créent bien entendu des stéréotypes dans l'imaginaire du public qui, privé de bases de références, oscille entre l'authentique et le succédané.

Il vaut la peine de signaler comment s'est tiré d'affaire un navet cinématographique comme Seven Magnificent Gladiators (Bruno Mattei, 1983) : une course de chars est filmée de nuit, sous le feu de puissants projecteurs qui cernent seulement les attelages (économie du décor du cirque et de la figuration !). Quant aux deux redoutables péplums-X d'Antonio Passalia, Caligula et Messaline et Les aventures sexuelles de Néron et Poppée (1982), ils ont résolu la quadrature du cercle - faire du grand spectacle sans budget - en inventant l'amphithéâtre «à géométrie variable». Les scènes à grand spectacle sont entièrement «bricolées» avec des stock-shots empruntés à plusieurs autres films, dont Les derniers jours de Pompéi, etc., sans compter les raccords avec les personnages du nouveau film ! Ainsi le spectateur pourra dans la même séquence admirer des combats dans une arène tantôt circulaire, tantôt carrée, selon l'origine des images...
De tels films consacrent la décadence du genre qui nous intéresse; et l'on peut à bon droit se demander s'il est encore possible - cinématographiquement parlant - de les considérer comme des péplums.

 

9.5. La réhabilitation

L'espèce de réhabilitation du gladiateur, dans le péplum italien (mais ce terme de «réhabilitation» est-il bien choisi ?), devait faire tache d'encre.

Nos sympathiques bretteurs reviennent à l'écran, dans les années '80. Mais le goût est, maintenant, au héros égoïste et opportuniste : mai 68 et le western-«spaghetti» sont passés par-là. Puis la crise économique et le film «post-apocalyptique», lequel fera sa délectation du thème de la gladiature. Voici donc Les gladiateurs de l'an 3000, Le gladiateur du futur, 2020 Texas Gladiators (27). Si nous ne connaîtrons jamais la teneur de la série-TV Gladiators, dont Pasquale Squittieri avait commencé le tournage en 1983, pour Gaumont-Italie (28), les Seven Magnificent Gladiators de Bruno Mattei ont, eux, bien déçu. Reste la superbe série-TV Anno Domini (Stuart Cooper, 1984), qui nous montre un «paisible» ménage de gladiateurs, faisant son marché le cabas sous le bras ou langeant ses enfants. Lui, est un ancien zélote; elle, une patricienne romaine reniée par sa famille. Leurs préoccupations sont les mêmes que celles de leurs voisins du quartier chaud de Subure, survivre. Leur métier violent leur permet de subsister. Ils sont sans haine...

9.6. Romans historiques

Le regain d'intérêt des 70-80 pour l'Histoire antique - et notamment la fiction romanesque - nous a valu trois romans savoureux. L'un est appréciable pour son habile imagination (Richard Ben Sapir, Le dernier gladiateur, Alta, 1980), les deux autres pour leur documentation (Norbert Rouland, Les lauriers de cendre, Actes-Sud, 1984, et Hubert Monteilhet, Neropolis, Julliard-Pauvert, 1984).

Le premier essaie de reconstituer tout l'aspect «show businness» de la gladiature : le héros est un «juliani» de Domitien, qui vit très confortablement de ce métier. Les deux autres romans montrent la relation du meurtre-spectacle avec le pouvoir. Leurs héros respectifs offrent des jeux pour inaugurer leur carrière politique; nous les voyons ensuite dans leurs relations familières avec les membres de leur familia gladiatorum.

9.7. Et pour conclure

De la nuance historique
Le grand «sport national» des Romains, celui qui depuis les origines de Rome, au VIIe s., eut toujours la faveur populaire, c'est la course de chars. (La fondation du Cirque Maxime est attribuée à Tarquin l'Ancien, vers -600.) Et, malgré la désapprobation du clergé byzantin, elle survivra à l'Urbs elle-même, participant aux fastes des empereurs chrétiens d'Orient jusqu'au XIIe s.

La gladiature, quand à elle, n'apparut que fort timidement, en -264, lorsque trois paires de gladiateurs s'affrontèrent sur le Forum aux Bœufs, dans des jeux funèbres. Petit à petit elle entra dans les mœurs, perdant son caractère sacré. Mais elle n'atteindra sa pleine extension, à Rome, qu'au Ier s. de n.E., sous l'Empire. Les combats homme contre homme seront définitivement abolis en 404 - seules subsistant les venationes (homme contre bête).

Qu'importe pour les cinéastes comme pour le grand public : la gladiature est le stéréotype romain par excellence. Pas de nuance donc : les Romains ont toujours apprécié les combats de gladiateurs, et ce à toutes les époques ! Et donc le Colisée se doit d'avoir existé depuis les origines de la ville !
Un épisode de la BD «Olac» - aux péripéties diachroniques -, cette fois dessiné par Don Lawrence, montre le gladiateur et ses amis luttant contre les Tarquins à la bataille du lac Régille, en -491 (Olac, n­s 15 et 16). Un roman-SF de Pierre Barbet fait déplorer les massacres de l'amphithéâtre par une jeune romaine, en -216 [un combat de 22 paires, en -216, nous est connu historiquement] (Carthage sera détruite, Fleuve Noir, 1984, p. 117). Même le scrupuleux auteur de BD Jacques Martin (Alix), dans Les légions perdues, fera descendre son héros, contemporain de Jules César, dans un amphithéâtre de pierre qui ne sera construit que 24 ans plus tard par Statilius Taurus (en -20). Alix aurait dû normalement combattre dans un amphithéâtre de bois démontable, comme celui construit par Curion en -50.

La quête du spectaculaire cinématographique par les cinéastes, va continuer à distiller dans le public ces idées fausses ou, plus exactement, confirmer les idées reçues. On sait la bonne fortune du personnage de Spartacus, dont René Comoth (29) a pu dire que ses historiens soviétiques n'étaient que des romanciers. Pour l'homme de la rue, l'amphithéâtre et les jeux de gladiateurs constituent peut-être la plus sûre caractéristique de la civilisation romaine. Or Spartacus se révolte en Campanie, et non à Rome où il n'existe pas encore d'amphithéâtres en pierre.

Le Spartacus (1960) de Kubrick saura contourner l'écueil en montrant seulement des combats dans la caserne de Capoue.
Mais avant lui, Riccardo Freda (Spartacus, 1952) avait filmé la séquence correspondante dans l'amphithéâtre de Vérone, censé être le Colisée (!). Ce faisant, le film invitait le spectateur à croire qu'aux temps des guerres serviles, sous la République, l'institution de la gladiature avait déjà atteint son plein développement.
Cette version 1952 eut d'ailleurs - pas pour ce détail, mais pour sa conception générale - de nombreux problèmes avec la censure italienne, en la personne de Nicola de Pirro, directeur de la cinématographie. Celui-ci, déjà en fonction sous le régime fasciste, s'écriera à la lecture du script : «Tant que j'occuperai ce fauteuil, jamais je n'accepterai que l'on dise du mal des Romains» (30).

Mais sans doute avait-elle été de tout temps à Rome, cette gladiature ! Déjà même au VIe s., à l'époque de Coriolan, puisqu'un Coriolano, Eroe senza Patria (G. Ferroni, 1964) s'est vu bizarrement rebaptiser à sa sortie en France : «La terreur des gladiateurs».
En fait, il n'y a pas de gladiateurs dans ce film - les cinéastes italiens nuançant leur vision de la première période de la république. Mais, tourné en même temps, par la même équipe et dans les mêmes décors (pratique courante pour comprimer les frais), le «film jumeau» du précédent, Muzio Scevola («Le colosse de Rome», G. Ferroni, 1964), nous montre l'assassin manqué de Lars Porsenna, devenu gaucher par la terrible punition qu'il s'était lui-même infligée, s'entraînant avec les meilleurs gladiateurs romains et (re)devenant un redoutable escrimeur.

Et si, après tout, les cinéastes n'avaient fait qu'extrapoler la thèse longtemps accréditée auprès des spécialistes eux-mêmes, de l'origine étrusque de la gladiature ?

 

vengeance des gladiateurs

 

NOTES :

(1) Reprise de notre article publié dans Spectacula - I. Gladiateurs et amphithéâtres, Editions Imago, Musée archéologique Henri Pradès, Lattes (Montpellier), 1990. - Retour texte

(2) Sur Urbain Gohier, cf. l'étude d'André SIMON, Bulletin de l'A.R.E.L.A.P., n­ 16 (Paris III). - Retour texte

(3) Nina Wolmark & Jean Chalopin - Antenne 2, FR, 1985. - Retour texte

(4) José Giovanni, FR, 1985. - Retour texte

(5) Le film de V. Derbenev et Y. Grigorovich (1975) est la version cinématographique du ballet d'Aram Khatchatourian (1954), interprété par le Bolchoï. Ce spectacle, du reste, sera présenté à l'Opéra de Paris en mars-avril 1972 (cf. Les saisons de la danse, n­ 42, mars 1972).
Le dessinateur de BD Pierre-Léon Dupuis s'en inspirera pour dessiner un Spartacus sur scénario de Sylvie de Nussac. - Retour texte

(6) Plusieurs romans de Frank G. Slaughter ont été portés à l'écran, mais aucun de ses romans-péplums. - Retour texte

(7) Exceptionnellement, dans La révolte des prétoriens (Alfonso Brescia, 1964), ce seront les prétoriens qui, ayant abattu la tyrannie de Domitien, permettront l'avènement de Nerva. Ce film est probablement l'unique péplum où les prétoriens seront positivement connotés (tandis que les gladiateurs sont les hommes de main du cruel empereur Domitien). - Retour texte

(8) Les derniers jours de Pompéi, 1935; Spartacus, 1960; La chute de l'Empire romain, 1964. Ce dernier film en particulier - mettant en scène les obsequentes (la milice de gladiateurs) de Marc Aurèle -, exprime sans ambages le mépris des légionnaires romains pour les gladiateurs, qui ne sauraient être des soldats. - Retour texte

(9) Quo Vadis; Les gladiateurs; Barabbas. - Retour texte

(10) Le colosse de Rhodes. - Retour texte

(11) Hercule et la reine de Lydie : le roi de Thèbes enferme Hercule dans une fosse pleine de tigres.
Le triomphe d'Hercule : combat d'essédaires dans l'amphithéâtre... de Mycènes; épreuve de force d'Hercule qui doit empêcher une machine infernale d'empaler l'héroïne. - Retour texte

(12) Persée l'Invincible : un tournoi nuptial gladiatorien. Armé d'un tout petit bouclier, le concurrent doit parer les traits de l'archer; combat au fouet en équilibre au milieu de pointes acérées. - Retour texte

(13) Cf. Georges VILLE, La gladiature en Occident, Ecole française de Rome, 1981; p. 454 - citant LUCIEN, Démonax, 57. - Retour texte

(14) Mystérieusement, ces films qui pourtant citent la date de -192, n'ont pas cru devoir retenir le nom du personnage historique. Nabis devient donc «Hiarba» dans Les sept gladiateurs et «Milon» (ou «Sar», dans la V. Angl.), dans La révolte de Sparte ! - Retour texte

(15) L'action est située pendant la tentative d'invasion de la Grèce par le Séleucide Antiochos III - donc en -191. Il s'agit donc bien de la Corinthe grecque, qui n'a pas encore été rasée (-146). (La construction de la nouvelle Corinthe, colonie romaine qui, elle, possédera un amphithéâtre, ne commençant qu'en -44.) - Retour texte

(16) Ce détail étant par ailleurs absent tant dans le roman de Lew Wallace, que dans la version cinématographique muette de Fred Niblo (1926).
(Le dessinateur semble ignorer qu'Olympie n'était pas une ville, mais un sanctuaire, donc pas d'agglomération, ni de rues !) - Retour texte

(17) Le marathon - ici télescopé avec la course d'hoplites - ne deviendra une discipline olympique qu'en 1894, avec les premiers Jeux modernes. - Retour texte

(18) Propos de Pierre-Léon Dupuis, recueillis à Paris par l'auteur (13 mars 1987). - Retour texte

(19) Porté à l'écran par V. Derbenev et Y. Grigorovich en 1975. - Retour texte

(20) Depuis la publication de cet article (1993), nous avons pu bénéficier des travaux d'Eric Teyssier et Brice Lopez : l'hoplomaque ne serait pas un porteur d'hoplon (lourd bouclier rond des hoplites grecs) mais «celui qui se bat contre un porteur d'hoplon», une variante du thrace qui a remplacé la sica par une lance. - Retour texte

(21) Trois grands studios sont en fonction à Madrid dans les années 60 : Sévilla Films, Cea et Chamartin (ces derniers rachetés par Samuel Bronston) - cf. Cinespana, n­ 6, décembre 1960. - Retour texte

(22) En l'état de notre documentation, nous ne sommes pas absolument certains que les scènes d'arène du Colosse de Rhodes y aient été tournées. C'est cependant hautement probable; et du reste l'examen attentif des fiches techniques de ces quatre coproductions tournées en Espagne, nous révèle qu'ils ont été tournés par les mêmes hommes (p. ex. Corbucci et Tessari, respectivement réalisateurs du Mercenaire et des Titans, ont été les assistants de Sergio Leone sur ses péplums), ce pour les mêmes producteurs et dans les mêmes décors. - Retour texte

(23) Tous ces films sont des coproductions avec la Procusa de Madrid :
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Les derniers jours de Pompéi (1959),
production : Cineproduzioni Associate (Rome)-Procusa (Madrid)-Transocean Prod. (Munich).
Selon le manuel publicitaire américain, l'amphithéâtre de ce film mesurait 465 x 345 pieds, et pouvait contenir environ 20.000 spectateurs. La séquence avec les chrétiens aurait nécessité 48 lions et 24 dompteurs - en réalité on en voit beaucoup moins dans la fosse, et un seul entrera dans l'arène pour affronter Steve Reeves qui n'en demandait pas tant (!);

- Le colosse de Rhodes (1960),
production : Cineproduzioni Associate (Rome)-Procusa (Madrid)-C.F.P.C. & C.T.I. (Paris);
- Goliath contre les Géants (1961),
production : Cineproduzioni Associate (Rome)-Procusa (Madrid).- Retour texte

(24) Il ne s'agit plus, cette fois, d'une coproduction de la Procusa, mais d'un film franco-italien : Vides (Rome)-Les Films Ariane & Filmsonor (Paris). - Retour texte

(25) Une production d'Alberto Grimaldi pour P.E.A. - Retour texte

(26) Cineproduzioni Associate (Rome)-Producciones Cinematograficas Balcazar (Madrid). - Retour texte

(27) Cf. Michel ÉLOY, «Spartacus - Eléments pour une évaluation du thème de la gladiature au cinéma et dans les paralittératures», Kolossal, avril 1986, pp. 112-116. - Retour texte

(28) Tournage abandonné, le producteur ayant fait faillite. - Retour texte

(29) René COMOTH, «Spartacus, de l'Histoire au Mythe», Université de Liège, Fac. philosophie et lettres, série Faculté ouverte, n­ B 27, 1985. - Retour texte

(30) Riccardo FREDA, Divoratori di celluloide - 50 anni di memorie cinematografiche e non, Milan, Emme edizioni (coll. Il Formichiere, n­ 2), 1981, p. 16; Interview de R. Freda, «Théodora», Kolossal, juin 1985, pp. 12-22.
Dans les années 50-60, l'Etat italien subsidiait l'industrie cinématographique, ce qui lui donnait un droit de regard sur le contenu des scénarios. - Retour texte