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22 septembre 2011

Alésia
Silvio Luccisano & Christophe Ansar
(BD Assor-Hist éd., 2012)

 

Introduction

1. Prolégomènes : L'Antiquité en BD

1.1. Le pionnier de l'Antiquité-BD : Jacques Martin
1.2. Quarante ans après...
      • De la série au feuilleton
1.3. Heurs et malheurs de la fiction historique

2. Alésia

A. Les faits historiques

2.1. Le site d'Alésia
2.2. Le siège et la bataille finale
2.3. La stratégie de Vercingétorix

B. L'album

2.4. Silvio Luccisano & alii
2.5. Christophe Ansar
2.6. La reconstitution archéologique
2.7. Les personnages fictionnels
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Post-scriptum

Appendice : les étoffes gauloises

 

An 702 A.U.C. (Ab Urbe Condita - «depuis la fondation de Rome»), le 2e jour après les Calendes de Quintilis, c'est-à-dire le 30 juin 52 av. n.E. Quinze jours auparavant, César et ses légions ont essuyé un cuisant échec devant Gergovie, capitale des Arvernes. Ses alliés éduens lui ayant fait défection, le proconsul - retranché au sud du territoire de ses alliés lingons (le plateau de Langres) - cherche à gagner la Provincia romaine pour se réorganiser après avoir fait jonction avec son lieutenant Titus Labienus, accouru du nord où il a défait les Parisii. Par la vallée de l'Armançon, les deux armées réunies se dirigent vers l'Arar (la Saône), battant en retraite par la naturelle voie d'invasion de la Gaule : la vallée du Rhône. Harcelée par les 15.000 cavaliers gaulois de Vercingétorix la longue colonne romaine riposte victorieusement grâce à l'intervention de sa cavalerie mercenaire germanique. La proie est devenue le chasseur, et Vercingétorix court s'enfermer dans l'oppidum des Mandubiens : Alésia...

Tel est le sujet d'Alésia, troisième et dernier volet de la trilogie (1) Roma : Ab Urbe Condita qui, pour des raisons stratégiques sur lesquelles nous reviendrons plus loin, sort avant les deux premiers albums de la série (click).

alesia, luccisano, ansar

Un album de 82 pages dont 66 planches dessinées et un cahier historique, co-édité par BD Assor-Hist et MuséoParc Alésia. Scénario : Silvio Luccisano et J.-L. Rodriguez. Dessins : Christophe Ansar (pl. 1 à 51), terminé par Jean-Marie Michaud (Vercingétorix. La BD du film), Laurent Libessart (Le Casque d'Agris) et Ludovic Gobbo. Couleurs : Aurore Folny (site). En collaboration avec Cl. Grapin, conservateur d'Alésia, et les reconstituteurs Franck Mathieu et François Gilbert.
Présentation vidéo sur Youtube

Après les pédants «romans de professeurs» qui fleurirent au XIXe s. (2), voici venu le temps de la «BD d'archéologues». Il s'agit cette fois non plus de faire étalage d'érudition littéraire, mais d'appuyer le récit graphique par un dossier pédagogique succinct en offrant une représentation fiable (en l'état de nos connaissances actuelles) et non plus hasardeuses comme a pu l'être, par exemple dans les années '80, L'Histoire de France en BD de Larousse. Cependant, force est de reconnaître que l'élément fictionnel s'y intègre parfois avec une certaine gène aux entournures. Alors que Le Casque d'Agris était une pure fiction basée sur les strictes contingences de l'état actuel de l'archéologie en matière de la Civilisation gauloise du IIIe s., l'Alésia du même scénariste, Silvio Luccisano, souffre quelque peu de l'introduction dans une trame historique connue, de personnages fictionnels censés tenir le rôle de coryphées (3), tout en suivant leur aventure personnelle. La raison est simple : la série a été publiée à rebours du fait que ce troisième tome Alésia devait sortir conjointement avec l'inauguration du MuséoParc Alésia, qui en était le co-éditeur avec Assor-BD.

1. Prolégomènes : L'Antiquité en BD

1.1. Le pionnier de l'Antiquité-BD : Jacques Martin
Il y avait d'abord eu Jacques Martin avec «Alix» en 1948. Avec d'abord de premiers tâtonnements sous l'égide du Hottenroth, du Racinet, du National Geographic et du Daremberg & Saglio - fonction des sources disponibles à l'époque. Ce fut le «Cycle épique d'Alix». Martin actualisa ensuite sa documentation en même temps qu'il affinait son dessin pour nous donner l'«Age d'Or d'Alix», qui court des Légions perdues (1962) à Iorix le Grand (1971). Sur les conseils de l'archéologue Jean-Pierre Adam, qui travaillait sur un corpus de quelque 360 stèles de légionnaires romains trouvées en Gaule, il commença par reconsidérer les équipements des soldats romains à l'époque de Jules César (à partir de Vercingétorix, 1985).
Pourtant, de par la nature erratique de sa saga, Alix s'était condamné à demeurer l'archéologue spatio-temporel (4) d'une Antiquité rêvée où, le temps d'un album, il exhumait telle civilisation disparue - Sumer, Egypte pharaonique, Grèce classique, Carthage punique - qui s'apprêtait à redisparaître à jamais dans une formidable conflagration : cas de figure incontournable de la littérature d'aventure (Bob Morane, Kim Devil etc.). Sa documentation était pourtant excellente, par exemple les travaux du précité Adam sur l'architecture militaire grecque (5). Alors bizarrement, la Gaule de Iorix le Grand (1971) se couvrait de forteresses... hellénistiques, quand ce n'étaient pas les fortifications d'«Altus Rhenus», sur le Rhin, qui étrangement ressemblent à celles de Xanten (6) (Colonia Ulpia Traiana), qui sont du IIIe s. de n.E. (Les Barbares, 1996). Bref, une Antiquité fantasmée et uchronique, où se mélangeaient sources archéologiques et paléo-science-fiction débridée.

1.2. Quarante ans après...
Depuis 1968, la BD a grandi avec ses lecteurs; elle est devenue adulte, c'est-à-dire plus politique et contestataire (Goscinny est écarté de la direction de Pilote par une junte de jeunes auteurs émargeant à Hara-Kiri). En même temps, elle perd son jeune lectorat, la nouvelle génération lisant de moins en moins. Désormais, les auteurs de BD historique visent des situations plus réalistes... sur tous les plans. Mais il n'y a pas que la sexualité et la violence : on se documente mieux aussi. Pour autant les plus érudits des scénaristes/dessinateurs ne sont pas nécessairement des spécialistes. Au début des années 2000 toutefois, ils vont se tourner vers les professionnels, historiens ou archéologues. Quand ce ne sont pas les spécialistes eux-mêmes qui s'y collent :

Parus
Le Casque d'Agris/1. Le Sanctuaire interdit - Silvio LUCCISANO (sc.), Laurent LIBESSART (d.) - Assor Histoire et BD éd., 2005
Le Casque d'Agris/2. L'or des Sénons - Silvio LUCCISANO (sc.), Laurent LIBESSART (d.) - Assor Histoire et BD éd., 2008
Arelate/1. Vitalis - Alain GENOT (sc.), Laurent SIEURAC (d.) - Idée+ éd., 2009; rééd. Cleopas, 2012
Roma. Ab Vrbe Condita/3 : Alésia - Silvio LUCCISANO (sc.), Christophe ANSAR (d.) - Assor Histoire et BD, SEM Alésia éd., 2012
La Guerre des Gaules/1 : Caius Julius Cæsar - TAREK (sc.), Vincent POMPETTI (d.) - Tartamudo éd., 2012
Arelate/2. Auctoratus - Alain GENOT (sc.), Laurent SIEURAC (d.) - Cleopas éd., 2012
 
Projets annoncés
Le Casque d'Agris/3 - Silvio LUCCISANO (sc.), Claire BIGARD (d.) - Assor Histoire et BD éd. (à paraître : septembre 2012 ?)
Les empereurs gaulois - Silvio LUCCISANO (sc.), Jean-Marie WOEHREL (d.) - Assor Histoire et BD éd. (à paraître : 2013 ?)
Casque d'Agris/4 - Silvio LUCCISANO (sc.) (scénario bouclé - janvier 2012. La série sera alors complète)
Roma. Ab Vrbe Condita/? : Vorenus. L'otage éduenne - Silvio LUCCISANO (sc.), Laurent LIBESSART & Ludovic GOBBO (d.) - Assor Histoire et BD éd.
Roma. Ab Vrbe Condita/? : Gergovie - Silvio LUCCISANO (sc.), ? (d.) - Assor Histoire et BD éd.
La Guerre des Gaules/2 : Vercingétorix - TAREK (sc.), Vincent POMPETTI (d.) - Tartamudo éd. (à paraître)

De la série au feuilleton
Autre particularité de cette mutation : entre 1948 et 1968, la bande dessinée - qui n'était pas encore reconnue comme un «9e Art» - se voyait considérée avec méfiance par les pédagogues. La rédaction du journal Tintin, par exemple, imposait à ses auteurs un cahier des charges très précis : des aventures en 62 planches de quatre strips horizontaux en vue d'une - éventuelle - publication par demi-planches dans la presse quotidienne; et aussi l'obligation d'un certain quota de textes explicatifs redondants, afin d'affirmer le caractère «littéraire» de ces «illustrés». Il y avait encore l'obligation de trouver une «chute» à la fin de chaque planche, en raison de la publication hebdomadaire de celles-ci.
C'est néanmoins dès 1962 que Martin entamait la sixième aventure d'Alix en imposant un nouveau découpage en trois strips horizontaux, canevas dont il semble être l'initiateur - en cela bien vite imité par ses confrères.

De nos jours, ces contraintes sont bel et bien révolues. La prépublication hebdomadaire n'existe plus, faute d'hebomadaires. Les mensuels, les bi- et trimestriels BD prépublient par salves de six-sept-huit pages, ce qui laisse beaucoup plus de liberté aux auteurs; et de nombreux albums sortent sans même jamais avoir été prépubliés ! Après le régime des 62 planches (1948), puis de 54 planches (1969) on en arrive à 46 planches (1974) - mais certains éditeurs comme Glénat reviennent parfois à 54 pl. (Les Boucliers de Mars), ou Dargaud 56 pl. (Les Aigles de Rome). Exceptionnellement, on s'en offre un nombre plus élevé (Glénat : Julius/Le Troisième Testament, 76 pl.).
Le résultat est que nombre d'auteurs préférant l'«art pour l'art» au détriment de l'efficacité et de l'économie de moyens, trop contraignantes, produisent des histoires en deux, trois, voire six albums. Quelques sagas sont de véritables feuilletons tenant leurs lecteurs en haleine de bout en bout, n'eusse été le désagrément de devoir attendre un an pour connaître la suite (Væ Victis, 15 albums 1991-2006).

Les séries d'autrefois (albums indépendants les uns des autres autour d'un héros récurrent comme Alix ou Timour), sont devenues d'interminables feuilletons à lire nécessairement dans l'ordre chronologique. C'est ainsi que L'Expédition, par ailleurs superbement dessinée par Marcello Frusin, voit l'intérêt du lecteur se diluer au fil des kilomètres déroulés le long du Nil par le scénario de Richard Marazano. De fait, dans ce premier tome où les personnages se mettent en place, il ne se passe rien, absolument rien, sinon des gros bras qui se castagnent. Ce récit d'une exploration des sources du Nil, ou plutôt d'une chasse au trésor organisée par une bande de ruffians déserteurs - des légionnaires agissant pour leur compte personnel -, consiste en une «histoire en costumes d'époque», non une «BD historique», comme aurait pu l'être, par exemple, l'évocation d'une bien réelle expédition africaine commanditée par Néron (7).
Ce genre de défaut se retrouve souvent dans la «BD d'archéologues», mais avec l'excès inverse : des personnages fictionnels ternes et effacés meublent tant bien que mal les transitions entre les moments historiques.

1.3. Heurs et malheurs de la fiction historique
L'exégète se heurte à la contradiction qu'est, en soi, le concept antithétique de «fiction historique». Entre le fan lambda qui préfère la légende si elle est plus belle que la réalité et boude la «pédanterie du spécialiste», et le même qui entre la poire et le fromage vous ressortira de vieux clichés vus au cinéma ou dans une BD parce que «dans l'Antiquité, c'était comme ça», le connaisseur - parfois - ne sait plus où me mettre.

On s'émerveille d'entendre dire que, pour Murena, Philippe Delaby ait pu caler pendant des semaines, sinon des mois, sur des cothurnes (comment étaient-elles à telle époque, telle saison), ce qui ne l'empêchait pas, à l'occasion, de dessiner - dans une BD globalement très respectueuse - des chars romains attelés sans joug de garrot, mais avec palonniers (8), ou de bizarres panoplies de gladiateurs s'étripant au milieu d'une arène transformée en improbable barbecue (9).
Des équipements militaires aux mentalités (10), en passant par les bateaux, la cuisine etc., chaque lecteur un peu amateur a ses petites marottes. A fortiori les archéologues. En effet, même archéologues, les auteurs de BD ne peuvent veiller à tout (11) !

Autre exemple. Le précité Væ Victis est une saga éminemment réjouissante, admirablement servie par l'époustouflant talent de Mitton au dessin. C'est aussi une BD qui suit assez fidèlement le récit de César, hormis l'insertion à toute force de l'héroïne Boadicæa supposée être la grand-mère de la Boadicæa (ou Boudicca) historique, qui ferait parler d'elle 120 ans plus tard. Mais c'est aussi une BD contrariée dans sa représentation conventionnelle des Gaulois (souvent armés de haches !) ou de légionnaires romains d'époque impériale tout droit sortis de Ben Hur - choix délibéré, voulu et assumé de Mitton, du reste au grand dam du scénariste Simon Rocca (Georges Ramaïoli) dont la documentation pointue semble avoir été négligée (12). Mais une BD est avant tout destinée à plaire au plus grand nombre... et tant mieux si elle peut susciter le questionnement du lecteur, lui donner l'envie d'en savoir plus...

 

2. Alésia

site d'alesia, carte d'alesia

Le site d'Alésia, d'après J. Le Gall (Alésia, Guides Archéologiques de France, 1985). Nous avons fluoté en rose les camps romains (A, B, 11, 15, C, 18, 1, K [attention : sur le plan nous ne disposions que de minuscules «Lettraset»] - selon la nomenclature de l'Histoire de Jules César de Napoléon III). Celui de César est le B [S.], et peut sans doute communiquer par signaux optiques avec le C de Labienus [N.E.], distant d'un peu plus de 3 km.
Au N.O., quelque part sur le flanc du mont Réa, le camp D de Reginus et Rebilus (non indiqué). Marc Antoine et C. Trebonius devaient probablement se tenir dans la circonvallation à la hauteur des camps I et K.
En vert, l'oppidum d'Alésia. Les lignes de niveau resserrées nous montrent que le sud du plateau est une falaise assez abrupte. Une croix verte indique l'emplacement probable de la cavalerie de Vercingétorix, avant son renvoi. Une flèche verte indique l'arrivée de l'armée de secours, et la flèche bleue le mouvement tournant de Vercassivellaunos.

 

falaises d'alesia

Alésia et ses falaises, vues du sud (Luccisano & Ansar, Alésia)

A. LES FAITS HISTORIQUES

2.1. Le site d'Alésia
Le site d'Alésia se présente comme un éperon orienté vers le S.E. et adossé au levant par le mont Pernelle (au début du siège, la cavalerie gauloise campe sur ce flanc-là avant d'être renvoyée par Vercingétorix). L'oppidum est encadré au nord par la rivière Oze, au sud par l'Ozerain qui rejoint la Brenne : toutes deux coulent E.O. en direction de la plaine des Laumes qui s'étire à l'ouest d'Alésia.

Au nord d'Alésia, et d'ouest en est, nous avons le mont Réa [N.O.], avec à sa base le camp D (commandé par Reginus et Rebilius), le village de Grésigny-Sainte-Reine [N.] avec le camp G, par où sont arrivées les légions romaines sur les traces de Vercingétorix, puis la montagne de Bussy [N.E.] où se dresse le camp C - celui de T. Labienus, le second en importance.
Au sud de l'oppidum, et toujours d'ouest en est, juché sur la montagne de Mussy (ou mont du Purgatoire [13]), se trouve la commune de Mussy-la-Fosse par où arrivera l'armée de secours gauloise, forte de 250.000 h dont 8.000 cavaliers; puis, en bas et en face, le camp K [S.O.]; vient ensuite la montagne de Flavigny avec côte à côte les camps A [S.] et B [S.], ce dernier, le plus important, étant de toute évidence celui de César.

oppidum d'alesia

L'oppidum d'Alésia, vu des lignes romaines.

A l'ouest/sud-ouest de l'oppidum s'étend, donc, la plaine des Laumes dominé, au N. par le mont Réa et le camp D de Reginus et Rebilius (14), et au S. par la montagne de Mussy, auquel fait face dans la plaine le camp K. Ces fameux camps K, I et H de la plaine des Laumes, reconnus par les fouilleurs de Napoléon III, sont à l'extérieur des lignes romaines. «Construits probablement dès les premiers jours du siège pour bloquer la plaine, ils ont ensuite été abandonnés dès l'achèvement de la contrevallation et de la circonvallation. En effet, le dispositif des fortifications se suffisant à lui-même, les troupes ont dû être réparties ailleurs. César ne les cite pas durant les phases de la bataille ce qui confirme leur abandon. Ils ont été remplacés par les fameux fortins. Notons que, pour le moment, et compte tenu de l'occupation urbaine de la plaine, leur présence n'a pu être attestée par les dernières fouilles (mais ils n'étaient pas recherché)», précise le scénariste, S. Luccisano. Les camps K, I et H nous laissent perplexe : si César les a rapidement abandonnés pour les raisons sus-évoquées, il a dû aussitôt les démanteler : d'une part pour en récupérer les matériaux (le bois), d'autre part pour ne pas laisser à l'ennemi la possibilité d'occuper ces bastions. Mais il est probable que c'est dans l'un d'eux que se cachait la cavalerie germanique qui prit à revers l'armée de secours et la massacra.

Entre l'oppidum et la contrevallation, les Romains ont accumulé pièges et fossés; de même le long de la contrevallation pour prémunir contre une attaque de l'extérieur.

2.2. Le siège et la bataille finale
Le siège dura environ deux mois mais, hors quelques escarmouches pendant la réalisation des travaux obsidionaux, le siège d'Alésia se joua en trois jours de combats, une fois arrivée l'armée de secours.

J -3. Le premier jour, l'armée de secours descendit dans la plaine des Laumes et se heurta à C. Trebonius et Marc Antoine. L'intervention des cavaliers germains les repoussa.

J -2. Le deuxième jour il ne se passa rien : l'armée de secours l'occupa à préparer claies, passerelles et harpons pour franchir les pièges. Mais la nuit venue, elle attaqua de l'extérieur - soutenue par les assiégés contre-attaquant de l'intérieur. En vain.

J -1. Le troisième jour, ayant détecté que le point faible du dispositif romain était, au flanc du mont Réa, le camp D de Reginus et Rebilius en contrebas, les chefs envoient Vercassivellaunos - cousin de Vercingétorix - avec 60.000 hommes. Les Gaulois, qui ont nuitamment contourné la montagne, démarrent leur attaque à midi. César [S.] commande à Labienus [N.] de voler au secours de Reginus et Rebilius [N.O.] pris entre deux feux (15), avec un renfort de 6 cohortes (G.G., VII, 86), puis 39 cohortes supplémentaires prises au front N.E. qui n'est pas menacé (G.G., VII, 87).
S'il aime un peu calculer, le lecteur réalise à ce moment que : 6 + 39 cohortes, ça fait plus de quatre légions (16)... or à Alésia César n'en avait que onze, peut-être douze !
Ce troisième jour de la bataille, c'est donc Labienus qui principalement endiguera les assauts de l'armée de secours. La BD rend très bien la situation désespérée des Romains, mais aussi leur sang froid. Celui de César. Et celui des légionnaires !

Lui-même attaqué par Vercingétorix qui engage une diversion au sud, César a d'abord dû régler leur compte aux assiégés devant ses camps A et B, avant de lui-même se porter - drappé dans son beau manteau rouge - au secours de Reginus, Rebilius et Labienus, avec toutes les troupes disponibles. César emprunte bien entendu l'espace entre les murs de contrevallation et de circonvallation, laissant son camp derrière lui, à la garde de Q. Cicéron avec seulement cinq cohortes (17).

La BD rend très bien cet état de confusion des combats sur plusieurs fronts et le lecteur se perdrait quelque peu dans ces cohortes qui, passant d'un point à l'autre du champ de bataille, fusent de partout, si, cartes à l'appui et renvois aux pages BD, le dossier ne venait ensuite tout clarifier. Il est à noter que l'album était initialement prévu en 54 pl., mais qu'à la demande du MuséoParc il a été régulièrement augmenté de quelques planches (pour arriver à 66 pl. dessinées) afin d'y développer de la manière la plus précise possible la restitution du déroulement de la bataille.

2.3. La stratégie de Vercingétorix
Alors que d'autres comme Jean Lartéguy ou Simon Rocca - qui pourtant ne priaient pas dans la même chapelle - descendaient en flammes le fier héros gaulois du Second Empire et de la IIIe République (18), les scénaristes Luccisano et Rodriguez révisent à la hausse le portrait du stratège Vercingétorix. Et le dessinateur Christophe Ansar quant à lui, sur la base des fameux statères du Musée de Saint-Germain-en-Laye, lui restitue un visage glabre et aux cheveux courts plus vraisemblable. L'image est inusuelle et déconcerte sans doute (click et click). Ainsi sur le forum «Passion-Histoire», un visiteur, «Bob d'Artois», écrit : «Bien que justifiée, l'image de Gaulois non moustachus passe un peu difficilement au départ, mais on finit par l'admettre.»

Bien connue des spécialistes, la thèse de S. Luccisano n'est pas nouvelle - mais après l'impérissable baba-cool zen Vercingétorix de J. Dorfmann, il était bon de la repréciser auprès du public. Vercingétorix avait sans doute soigneusement médité le piège d'Alésia pendant que ses émissaires achevaient de réunir la totalité de ses contingents alliés. Ayant réussi à amener César et l'ensemble de son armée à se concentrer sur cet abcès de fixation qu'était Alésia, il n'avait plus qu'à attendre que l'«armée de secours» vienne envelopper les Romains sans que ceux-ci puissent alors espérer la moindre aide de l'extérieur. Hélas pour lui, le couvercle du piano devait lui retomber sur les doigts ! La fortune de la guerre ! Le lendemain de J -1, il ne lui restera plus qu'à rendre la garnison affamée... et se livrer à César.
(Sans doute eut-il dû être plus prévoyant en stockant davantage de vivres dans l'oppidum des Mandubiens. Sans doute aussi, pendant que son cousin Vercassivellaunos s'acharnait contre Reginus et Rebilius, l'étrange inertie du restant de l'armée de secours, qui laissa faire, pourrait-elle s'expliquer par le fait qu'elle était, outre Commios l'Atrébate, commandée par les Éduens Viridomaros et Eporédorix - qui probablement estimèrent qu'il valait mieux laisser tirer leur plan à leurs vieux rivaux arvernes.)

bataille d'alesia, cavaliers gaulois, cavaliers germains

 

B. L'ALBUM

2.4. Silvio Luccisano & alii
Une foultitude d'intervenants ont encadré le dessinateur Christophe Ansar. D'abord les scénaristes : Silvio Luccisano, un passionné d'archéologie (19), et J.-L. Rodriguez. Luccisano assumant l'aspect technico-archéologique et Rodriguez, pour sa part, assurant la réflexion tactico-stratégique avec la bénédiction de Christian Goudineau, du Collège de France. L'amitié de Chr. Goudineau est à mettre en relief : après le film de J. Dorfmann, nombre de scientifiques faisaient le gros dos quand on leur parlait de cinéma ou de BD. Les deux compères sont épaulés par un comité scientifique composé de l'archéologue Claude Grapin (conservateur en chef du site d'Alésia), d'un spécialiste des armements celtiques Franck Mathieu (20) (président des «Leuki», archéologie expérimentale) et d'un spécialiste des armements romains François Gilbert (21) (centurion de la Leg. V Alaudæ [Lyon], président de «Pax Augusta», archéologie expérimentale). Les six sous la supervision de l'éditeur Eriamel [Thierry Lemaire], c'est-à-dire Assor-BD (22) - un éditeur spécialisé dans les BD didactiques sur le Moyen Âge normand (23). Et encore faut-il à Luccisano coordonner le travail de la coloriste Aurore Folny, puis pour les quinze dernières planches celui des dessinateurs Jean-Marie Michaux (crayonnés), Laurent «Agris» Libessart (qui anime les personnages de Vercingétorix et César) et Ludovic Gobbo (encrage).
Sur scénario du même Silvio Luccisano, Laurent Libessart avait déjà dessiné les deux premiers tomes du Casque d'Agris, précédemment parus chez le même éditeur Assor-BD. Partant d'un casque cultuel de fer et bronze doré (ca 350) trouvé par des spéléos dans la grotte des Perrats (Charente) (24), Le Casque d'Agris brodait une histoire située en pays sénon, à la fin du IIIe s. av. n.E. (Second âge du fer, -450/-30). Un dessin précis et carré, des faciès patibulaires mais qui pour autant ne manquent pas d'élégance -, le tout admirablement servi par les coloristes Robakowski et Mambba lesquels assurèrent les couleurs respectivement des tomes 1 et 2.

luccisano, ansar, libessart

De gauche à droite : S. Luccisano, Chr. Ansar et L. Libessart (phot. SDR) (extr. Arbre Celtique)

L'album étant réalisé en coédition avec le MuséoParc Alésia, et le soutien du conseil général de la Côte d'Or, Assor-BD était tenu à un délai de livraison de l'ouvrage terminé, sous peine de prendre des pénalités de retard. Le délai initial était fixé à juillet 2010. Ce dernier a ensuite été repoussé, du fait du retard pris par les entreprises sur la construction du musée, à juillet 2011. Or, début 2011, Christophe Ansar accusait un léger retard et, compte tenu du fait que l'éditeur avait demandé aux auteurs de davantage détailler les dernières scènes, il fallut progressivement passer de 54 à 66 planches. Dans ces conditions, Christophe n'aurait jamais pu être dans les délais et Assor Hist et BD se serait vu appliquer des pénalités de retard.
C'est alors que Thierry Lemaire prit l'heureuse initiative de faire appel à «l'armée de secours», c'est-à-dire trois dessinateurs supplémentaires dont Laurent Libessart. Rodé à la question de la documentation historique et archéologique, ce dernier a pu terminer les encrages sur un crayonné de Michaud peu poussé dans ce genre de détail. De son côté, Christophe Ansar a pu terminer les planches qui lui étaient imparties - pendant que Michaud attaquait déjà la suite - ce qui fait qu'il s'est arrêté à la planche 51. Pour sa partie artistique, l'album a été terminé en juin 2011 et aussitôt expédié à l'imprimeur pour une sortie en septembre. Bien évidemment, pour achever l'opus Alésia, Laurent Libessart et ses deux complices durent s'adapter au style graphique de Ansar, plutôt «ligne claire».

caius julius caesar aurore folny, alesia vercingetorix

Deux ennemis s'affrontent dans une lutte inexpiable : Jules César, proconsul de Rome, et Vercingétorix, chef des Arvernes et généralissime des Gaulois révoltés (extrait du site de la coloriste Aurore Folny)

2.5. Christophe Ansar
Depuis 1996 assistant de Gilles Chaillet, Christophe Ansar a participé aux décors du Fantôme de Bruges, enchaînant coup sur coup six «Vasco» et les quatre premiers tomes de La Dernière Prophétie, soit dix albums. Ensuite, Chaillet lui donna sa chance en lui proposant de dessiner entièrement, mais sur son scénario, le «one-shot» Dioclétien - Le Trésor des Martyrs (2011). «Il m'a laissé entière liberté pour le choix de mes cadrages. Bien sûr, je lui montrais les planches crayonnées et il corrigeait mes faiblesses de dessin, surtout sur les premières planches. Ce fût une très belle collaboration riche d'enseignement pour moi et dans une ambiance de travail que je regrette», rappelle Chr. Ansar (25), qui ajoute : «Il est certain que la complicité qui nous unissait facilitait le travail. Le grand professionnalisme (préparation irréprochable du synopsis, du découpage du scénario complet avant départ, une documentation claire, simple et efficace) de mon ami me permettait de dessiner l'esprit libre et de me concentrer sur mes problèmes de dessin. Gilles m'a fait un superbe cadeau en me donnant ma chance. Que Jupiter Très Bon et Très Grand accueille à sa table cet ogre généreux» (26).

luccisano, libessart, gobbo

De gauche à droite : S. Luccisano, L. Libessart et L. Gobbo en dédicaces à «Archéo-culte», Forum de Bavay, samedi 30 juin 2012 (phot. MCW)

Et arriva ce qui devait arriver. Encore un peu emprunté dans le dessin de ses personnages, notre ancien décoriste s'attaque à Alésia, bientôt rejoint par les spécialistes militaires qui prennent le train en marche. «Malheureusement j'ai pris le train en marche, à mon arrivée quelques planches étaient déjà faites, regrette F. Mathieu. Vu les délais, il n'a pas été possible d'accomplir le travail indispensable de préparation en amont, il a fallu traiter les planches une par une et faire rectifier les erreurs, malgré les dossiers que nous avions rendu François et moi, assez précipitamment» (27).

Pour Alésia, la musique ne fut pas la même que pour le Dioclétien avec Chaillet. Le trop grand nombre d'interlocuteurs posait problème au dessinateur. «La grande quantité de documentation que je devais engloutir était souvent rediscutée avant même que j'aie eu le temps de la digérer», déplore Christophe Ansar. Rien que pour les Gaulois, un dossier de 150 pages, principalement des dessins, apprend-on sur le site Arbre celtique.
«La préoccupation des ces spécialistes était non pas le scénario et sa tenue d'ensemble, mais la véracité historique et surtout archéologique. Je me suis gardé d'intervenir dans ces débats pour tenter de protéger ma bulle dessin. (...)
«Il n'en reste pas moins que les allers-retours des crayonnés de planches avec leur cortège de remarques ont fini par émousser mon bel enthousiasme du début. Le temps de travail s'en est aussi trouvé multiplié» (28). «Très exactement 4.058 heures de temps de travail ! Qui se sont étalées sur deux ans et demi. Il faut compter en moyenne 60 heures par planche, entre le crayonné, la mise en place, les corrections, l'encrage...», déclare le dessinateur sur le site Arbre celtique. N'oublions pas qu'un dessinateur est payé à la planche, pas à l'heure - quel que soit le nombre d'heures.

«J'ai même redessiné les cinq premières pages de l'album car les nombreux spécialistes voulaient tous s'exprimer et faire passer leur point de vue. C'était un carnage, plus de la moitié des pages étaient couvertes de texte. (...) J'ai donc exigé qu'elles soient refaites, c'est peut-être la seule fois où j'ai été écouté dans cette histoire...», regrette Ansar (29).

«La méthode de travail de Christophe Ansar amenait des crayonnés très aboutis, rendant le travail long et peu productif; du retard s'est donc accumulé et il a fallu passer à la vitesse supérieure pour tenir les délais. Malgré tout, le résultat est très satisfaisant, même si pour un reconstituteur comme moi bien des choses pourraient encore être améliorées, confirme F. Mathieu. Je crois qu'à ce niveau, la bataille de la BD Le Casque d'Agris/2 est le travail de conseil que j'ai le plus abouti, et la compréhension et la plume de Laurent Libessart ont dépassé ce que j'avais imaginé, permettant de donner vie à une vision que j'échafaude avec mes collègues depuis de nombreuses années; j'en tire aujourd'hui une certaine fierté...» (30).

«À la décharge des scénaristes, qui sont des amis, il faut dire que cette BD [Alésia] doit être tout public, alors qu'aujourd'hui, elle est de plus en plus à destination des adultes. Il faut donc qu'elle soit très consensuelle, concède F. Gilbert. (...) Le dessinateur a souffert, car il avait trois personnes (dont moi) qui passaient tout à la moulinette, obligeant à refaire et refaire les détails (les casques d'officiers, ma bête noire !). (...) Le second dessinateur qui a fait les dernières planches a travaillé plus vite, et son trait est plus dynamique» (31).

«La collaboration entre les différents intervenants pour l'élaboration de cette BD ne fut pas sans encombre, résume F. Mathieu. Comme les effets spéciaux au cinéma, la reconstitution ne doit pas se faire au détriment du scénario, l'effet spécial appuie le scénario tout comme la reconstitution la plus précise possible vient renforcer le réalisme de l'histoire racontée... (...) Il a fallu traiter une masse de données très importante et effectuer un travail qui n'avait jamais été fait auparavant pour les Gaulois (comme pour les Romains) : armement, architecture, art de la guerre, dialogue - par exemple : éviter de placer dans la bouche de Vercingétorix le terme «Gaulois» - vêtements, code couleur et symbole pour reconnaître les peuples au sein des armées gauloises, etc.» (32) . (A propos des motifs des vêtements gaulois, cf. Appendice).

2.6. La reconstitution archéologique
Dessiner un album tel qu'Alésia exige un maximum de documentation, et pas uniquement au niveau des artefacts archéologiques (armes, vêtements, architecture), mais aussi au niveau des paysages. Christophe Ansar a dessiné Bibracte (33) et Alésia d'après photos, mais la topographie de la vallée de l'Armançon (p. 17) a été imaginée à partir d'une carte IGN en se basant sur les courbes de niveaux, de même pour la topologie de la grande double page représentant le panorama d'Alésia (pp. 54-55).

«Cet album a nécessité plus de trois années de travail (pour la partie dessins) et le résultat final peut sans doute être discutable au niveau des dessins et/ou du scénario - note Silvio Luccisano, scénariste et initiateur du projet -, mais je pense qu'il est, à ma connaissance, aujourd'hui le seul album BD à traiter du sujet de façon aussi sérieuse et documentée.
« Pour une fois, nous avons ici des représentations les plus juste possible, en l'état actuel de nos connaissances, sur le sujet : légionnaires césariens portant un casque type «Coolus-Mannheim»
(34), typique de la guerre des Gaules (le «Montefortino» semblant plus ancien), un glaive type «Délos» ou «Ljublijanica» (click). pour les fourreaux et dont la lame mesure environ 60 à 65 cm, à double tranchant et comportant un léger rétrécissement sur son premier tiers inférieur (et non plus les glaives impériaux type «Pompéi», plus courts et à bords parallèles), des boucliers cintrés et arrondis de forme non pas rectangulaire mais ovale, un umbo caractéristique de cette période, etc.
« Pour les Gaulois nous avons la même chose avec des casques type «Alésia» pour la plupart des guerriers, des cottes de mailles, des umbo de bouclier caractéristiques également de notre période, et des épées plus longues à pointe arrondie. Bref, du matériel militaire typique de ces années-là. Un œil averti notera également l'utilisation d'armes de «récupération» sur l'ennemi, que ce soit par les Romains ou plus particulièrement par les Gaulois.»

poilu anachronique

De la fondation de la République (Ve s.), à la chute de l'Empire romain d'Occident mille ans plus tard, on s'est représenté le légionnaire sous l'aspect immuable de la Colonne trajane. On sait - depuis pas mal de temps, déjà - que son équipement a évolué et que, selon les époques, son look devait sensiblement s'éloigner de ce que l'on peut voir dans les péplums. Le légionnaire de Jules César n'était pas celui de Scipion l'Africain (-202), ni celui de Tibère (+14), moins encore celui de Marc Aurèle (+180) ou de Flavius Aetius (+451).
En regardant ce dessin de Laurent Libessart, on peut sans peine imaginer l'effet qu'aurait produit sur un Romain de l'an 52 av. n.E. un légionnaire sorti, par exemple, de films comme Cléopâtre ou Ben Hur : une capote bleu-horizon de 14-18, avec un bonnet de grenadier du Premier Empire, des bottes du XVIe s. et un fusil d'assaut moderne !

«Fini également la représentation du Gaulois chevelu, moustachu et barbu pour aller vers des personnages plus raffinés, bien habillés, ajoute Silvio Luccisano.
« Tout cela est le fruit de mon travail de recherche sur la question, travail entrepris depuis de longues années. Étant donné que l'album est réalisé en co-édition avec le MuséoParc Alésia, j'ai bien entendu recherché la collaboration de Claude Grapin, le conservateur du musée d'Alésia (pour tout ce qui concerne l'archéologie du site) ainsi que celle de deux amis spécialistes de l'armement antique [les précités F. Mathieu et F. Gilbert - NDLR]. Mon objectif, avec cet album, a été avant tout de réactualiser cette bataille en tenant compte des dernières données de la recherche.

siege d'alesia, vallum

La construction du vallum : creusement des fossés et élévation des talus, ainsi que la récupération des mottes de gazon, selon l'éclairage des plus récentes recherches sur le site d'Alésia (Luccisano & Ansar, Alésia, p. 32)

« Par exemple, nous montrons comment les Romains ont édifié les fortifications avec des remparts en mottes en gazon et élevé des tours à un seul étage et non plus à 2 ou 3 comme montré jusqu'à présent. Les fouilles nous renseignent également sur la forme et la taille des fossés, ainsi bien ceux de la contrevallation que ceux de la circonvallation, et que nous avons reproduit à l'identique (35).
« De même, ces fouilles ont démontré la présence d'au moins un petit fortin romain entre les deux lignes, dans la plaine, fortin que nous avons reproduit à l'identique également [p. 58, 4e v. - NDLR (36)]. Idem pour les portes des camps de hauteur, fouillés également. Les représentations du cœur de l'oppidum sont également le fruit des fouilles, tout comme celles des murs et des portes des fortifications» (37).

alesia, contrevallation alesia, contrevallation
Les tours défensives romaines à Alésia : (1) à trois étages, telles qu'on les imaginait autrefois; (2) à un seul étage, telles qu'on peut les voir aujourd'hui au MuséoParc d'Alésia, inauguré le 22 mars 2012; (3) Ci-dessous et telles que reconstituées dans l'album Alésia (Assor-BD, 2012), les tours de la contrevallation dont les auteurs ont pris en compte les plus récents acquis des fouilles archéologiques
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(1) Couverture de Joël LE GALL, Alésia, Guides archéologiques de la France, Ministère de la Culture, Imprimerie Nationale, 1985.
(2) Photo C. Jachymiak, SEM Alésia, extraite de «Alésia», Archéologia, HS n¡ 14, avril 2012, p. 79. Notez aussi les différences dans l'interprétation des parapets, simples rondins alignés ou claies tressées : il aurait fallu déforester à des dizaines de kilomètres à la ronde dans le cas de la précédente hypothèse.
(3) S. Luccisano, Chr. Ansar & alii, Alésia, p. 56
alesia, contrevallation
 

alesia, evocatio

Autre trouvaille astucieuse, S. Luccisano a imaginé ce rituel dont César ne souffle mot, sans doute parce qu'il allait de soi : l'evocatio, qui consiste à offrir l'hospitalité romaine aux dieux ennemis, dont on s'apprête à saccager la ville - et sans doute les sanctuaires - en échange de leur bienveillance

2.7. Les personnages fictionnels
A priori nous sommes favorable à des albums de ce genre, qui sont à la BD ce que le docu-fiction est au téléfilm. Pourtant, la «BD didactique» induit un sentiment de raideur, et les personnages de fiction ont l'air «parachutés». Le scénario est un peu déconstruit par l'introduction des deux «correspondants de guerre» grecs (Timée chez les Gaulois et Likhas chez les Romains, ainsi que leur amie Gaëlla - qui, elle, espionne pour le compte des Gaulois), dont la présence est certes utile de par leurs commentaires «pédagogiques», mais dont l'aventure personnelle au fil de la lecture n'est ni très clair, ni très passionnant. Le problème vient en partie du fait que la trilogie n'ayant pas été éditée dans l'ordre chronologique, ces personnages fictionnels n'ont pas bénéficié de la mise en place normale, comme il en est dans toute BD. Mais, au début de l'album, un petit résumé des «épisodes précédents» (38) non encore écrits ni dessinés nous explique le rôle de ces fictionnels Timée, Likhas et Gaëlla.

alesia, gaella, timee alesia, gaella

L'espionne de Vercingétorix, la gauloise Gaëlla - compagne du grec marseillais Likhas, apprenti historien qui observe les Romains de l'intérieur, et cousin de Timée (qui lui observe du camp gaulois). Un personnage fictionnel introduit dans l'album à l'aide d'un chausse-pied ?

 

vercingetorix devant cesar

Le souci archéologique n'exclut pas l'humour. On appréciera l'allusion au centurion Vorenus : clin d'œil à la série TV Rome (HBO) ? En réalité, il était déjà le héros d'un premier scénario de S. Luccisano, écrit il y a 25 ans - et que le scénariste vient de «remettre sur le métier», avec L Libessart et L. Gobbo au dessin (Vorenus. L'otage éduenne). Sa présence à Alésia en 52, quoique non attestée, est plausible (en 54, Vorenus était centurion de Q. Cicéron en son camp sur la Sambre) (G.G., V, 44).

Il en va de même en ce qui concerne Caius Arpineius, le Romain prisonnier qui préfère la mort à la liberté (39) : ce caractère bien trempé était digne d'un Atilius Regulus ! Dans César, le chevalier romain C. Arpineius est envoyé comme ambassadeur à Ambiorix par son ami Sabinus (G.G., V, 27-28); on ignore s'il périt dans le massacre qui s'ensuivit des quinze cohortes de Sabinus et Cotta mais, pour les besoins de l'album, S. Luccisano l'a supposé avoir été fait prisonnier et lui a inventé une camaraderie d'armes avec Vercingétorix.

Post-scriptum
Il est également question, chez Casterman, d'un Alix raconte : Alésia, dessiné par Wyllow sur scénario de Pascal Davoz; ce dernier est déjà auteur, dans la galaxie martinienne, d'un Jacques Martin présente : Napoléon Bonaparte dessiné par Jean Torton (un tome paru, sur les quatre annoncés). Le projet semble toutefois avoir pris du retard.

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Une image traditionnelle de Vercingétorix en armes de l'Age du Bronze. Alain de Bussac (sc.) & Véronique Béné (d.), Vercingétorix. De Gergovie à Alésia, Clermont-Ferrand, SOPREP éd., coll. «L'Instant durable», 1982, 32 p.

 

Appendice : les étoffes gauloises

A regarder «Astérix», on croirait que les Gaulois - dont le goût pour les coloris voyants, les étoffes de couleurs vives est bien connu - ne connaissaient que les tissus à grosses rayures. Dans le film Vercingétorix, la costumière Edith Vesperini avait choisi de croiser en carreaux des couleurs chaudes (rouge-vert-jaune) pour les Arvernes et froides (vert-bleu-noir) pour les Eduens, leurs rivaux du nord-est. Il s'agissait de les différencier aux yeux des spectateurs. De fait, on ne sait rien, absolument rien des «tartans» gaulois (40). Colleen Mc Cullough avait poussé l'ironie jusqu'à affubler les Eburons, tribu belge, de rouge-jaune-noir, c'est-à-dire les couleurs de l'actuel drapeau belge (!). Il n'y a pas qu'au cinéma que la question se soit posée. Dans les troupes de reconstitution celtiques les plus sérieuses, les Gaulois aiment porter des motifs à carreaux qui font penser aux Écossais, mais sans être tout-à-fait pareils.

Spécialiste de la reconstitution gauloise et consultant de la BD Alésia, Franck Mathieu résume la situation : «A propos des étoffes à carreaux : le domaine du vêtement est un des moins connu. Il existe quelques éléments archéologiques attestant de ces carreaux, on sait que les tisserands et tisserandes celtes utilisaient un métier à tisser vertical à poids (jusque vers les années 1950 encore utilisé en Laponie) et qu'ils tissaient en sergé 2/2 permettant les motifs en chevrons et les chevrons opposés donnant donc des losanges. En mélangeant plusieurs couleurs par exemple plusieurs fils rouges côte à côte suivis de plusieurs fils bleus côte à côte et ainsi de suite et que les fils de chaînes verticaux et les fils de trames horizontaux se croisent perpendiculairement les fils de trame et de chaîne d'une même couleurs se croisant donneront des carreaux bleus ou rouges... Par exemple le prince de Hochdorf (Ier Age du Fer) est enterré avec plusieurs étoffes (dont la matière n'est pas tranchée aujourd'hui par les spécialistes) dont une était à carreaux rouges et bleus...» (41).

Nous avons également consulté Dominique et Jean Matthieu («La Couenne»), artisans-reconstituteurs. «Les Gaulois connaissaient en effet les tissus écossais, des fragments d'étoffes non pas gauloises mais celtes ont été retrouvés, de l'époque du Premier âge du fer, à Hallstatt en Autriche, ainsi qu'au Danemark et en Allemagne du Nord, dans les tourbières. En ce qui concerne les textiles gaulois à proprement parler, les archéologues n'ont pas retrouvé pour le moment, à ma connaissance, de textiles «écossais» en Gaule.

« Les conditions nécessaires pour retrouver des textiles sont :
soit une atmosphère saturée d'humidité (tourbières, zones lacustres, puits, rivières voir glace ou neige [ötzi],
soit, à l'opposé, une atmosphère dénuée d'humidité (Egypte par exemple ou grâce à la présence du sel comme en Autriche à Halstatt),
or ce se sont pas les milieux que l'on retrouve le plus souvent en Gaule...

« On peut supposer toutefois que si leurs ancêtres pratiquaient ces techniques, ils les connaissaient aussi. Il est certain que les Celtes, lors de leur premier flux migratoire, sont partis vers la Belgique puis la Grande Bretagne. Rien ne s'oppose donc à ce qu'ils aient apporté ces techniques et que les Ecossais ou du moins leurs ancêtres aient découvert l'écossais à cette occasion» (42).

«Pour ce qui est du sergé : le sergé est une armure spécifique (une armure est un mode d'entrecroisement des fils de chaîne et des fils de trame), qui permet de réaliser des obliques comme les toiles de jeans.
Pour réaliser du sergé sur un métier à tisser vertical il faut un métier à trois barres minimum, voire quatre. Les Celtes maîtrisaient déjà cette technique dès le Premier âge du fer, comme le prouvent les fragments de tissus retrouvés à Hallstatt.

textiles de hallstatt textiles de hallstatt
   
textiles de hallstatt textiles de hallstatt

Quatre fragments de textiles de Hallstatt (extraits de : Peter BICHLER, Karina GRÖMER, Regina HOFMANN-DE KEIJZER, Anton KERN & Hans RESCHREITER (édit.), Hallstatt Textiles. Analysis, Scientific Investigation and Experiment on Iron Age Textiles)

robe de huldremose manteau de thorsberg

A gauche, la robe de Huldremose datée du Ve s. av. n.E., retrouvée dans une tourbière et visible au Musée national du Danemark, atteste aussi de la présence de rayures verticales et horizontales (extr. : Karina GRÖMER, Prähistorische Textilkunst in Mitteleuropa), tout comme - à droite - le manteau d'apparat de Thorsberg (extr. : Der Thorsberger Prachtmantel, Forderverein Textilmuseum Neumünster).

weaving methodsweaving methods tartan

En ce qui concerne le sergé 2/2, on peut voir le tartan ci-dessus et son tissage : deux fils de trame devant, deux fils de trame derrière, avec un décalage à chaque fil de trame. Selon cet ouvrage Weaving methods, le tartan apparaîtrait dès 1.200 av. n.E. sur certaines momies, ainsi qu'à Hallstatt.
Il y est confirmé que le tartan est un sergé, que l'on peut par conséquent réaliser sur un métier à tisser vertical à trois ou quatre barres (extr. : Christina MARTIN, Weaving methods, patterns & traditions of ancient art)

«Le tartan venait-il des Celtes ou d'ailleurs, personne n'est en mesure de l'affirmer, mais les Celtes savaient le faire !», conclut la tisserande Dominique Matthieu («La Couenne») (43).


NOTES :

(1) Qui ne sera peut-être qu'un diptyque : s'il semble que l'on puisse espérer un 2. Gergovie, le 1. Avaricum est plus incertain. - Retour texte

(2) Le fleuron du genre étant sans doute Kampf um Rom (1876) (inédit en français, à notre connaissance), écrit par un professeur de grec hambourgeois, Felix Dahn : version grand public de sa «kolossale» histoire des rois germains en dix volumes.
Mais avec un mot latin toutes les deux lignes le vrai pompon de la pédanterie sera décerné à Jean Lombard (L'Agonie (1888); Byzance (1890)), qui du reste n'était pas professeur mais ouvrier-orfèvre [... «en la matière», a-t-on envie d'ajouter]. - Retour texte

(3) Comme on sait, dans la tragédie grecque, le coryphée mène le chœur dont les interventions commentent les actions des protagonistes. - Retour texte

(4) M. ÉLOY, «Alix, archéologue spatio-temporel», in Les Expéditions d'Alix, Centre belge de la bande dessinée (CBBD) & La Poste, Bruxelles, 2007, pp. 29-58. - Retour texte

(5) J.-P. ADAM, L'architecture militaire grecque, Picard, 1982. L'ouvrage est sorti en librairie dix ans après Iorix le Grand (1971-1972). Mais Adam - fouilleur de Pydna [Kydna] en Lycie - s'était mis en rapport avec Martin dès la publication du Dernier Spartiate (1967), à propos de l'architecture militaire grecque précisément.
Hors les oppida gauloises - d'un tout autre style architectural, du reste - la Gaule ne se fortifia pas avant le IVe s. de n.E. pour faire face aux invasions barbares. - Retour texte

(6) Telles que reconstituées à l'Archäologische Park de Xanten, en 1974. - Retour texte

(7) Dans ses Questions naturelles, Sénèque a rapporté l'expédition ordonnée en 61 par Néron pour retrouver les sources du Nil; après avoir séjourné chez la reine Candace de Méroé, puis remonté le Nil Blanc jusqu'à son confluent avec le Bahr el-Ghazal, dans les marais du Sudd - elle ne rentrera, décimée, qu'au printemps 63. Sur le mode didactique, elle a été retracée par André BÉRÉLOWITCH (sc.) & Carlo MARCELLO (d.), «Aux sources du Nil», Découverte du Monde en BD, n¡ 18, Larousse, 1980, 23 pl.
(En 24 av. n.E., une précédente expédition de 10.000 hommes avait été dirigée contre l'Ethiopie par C. Petronius, préfet d'Egypte.) - Retour texte

(8) D'après des photos de Ben Hur (1924)) dont, du reste, on retrouvait aux deux extrémités de la spina une libre interprétation des colosses M.G.M. de 1924 et 1959 (Murena/5 : La Déesse Noire, pp. 15-25). - Retour texte

(9) «Barbecue» éminemment fantasmatique, comme nous l'a confirmé en souriant le scénariste, Jean Dufaux. L'idée des deux ponts se croisant au milieu de l'arène était un clin d'œil au décor de la venatio dans Barabbas (1961), sauf que dans le film il n'y avait que des fauves sous les ponts (Murena/4, pl. 20 à 27). Clin d'oeil également à Gladiator (2000) où l'on voit bizarrement un provocator armé d'une arme d'hast à cinq dents tout droit sortie de l'arène de Zucchabar... affrontant un rétiaire... coiffé d'un casque de secutor (Murena/4, Ceux qui vont mourir, pl. 25, v. 6). - Retour texte

(10) La confusion d'Hadès avec Satan dans les péplums hollywoodiens, p. ex.
Ces scénaristes ne parviennent pas à (ou supposent le public incapable de) concevoir que les Enfers mythologiques ne sont pas le lieu de relégation des méchants (c'est le rôle du Tartare), au contraire de l'Enfer judéo-chrétien.
A noter que Jacques Martin a commis la même bévue dans Le Cheval de Troie, où la présence d'une patte de bouc est assimilée à celle du Diable. - Retour texte

(11) Comme le reconnaît, par exemple, Jean-Jacques Grizeaud, archéologue INRAP, chercheur associé UMR 5608 TRACES Toulouse, conseiller sur les deux albums du Casque d'Agris. (J.-J. GRIZEAUD, «Ce que le travail d'un archéologue peut apporter à la réalisation d'une bande dessinée antique : l'exemple gaulois du Casque d'Agris», in Antiquité et bande dessinée (textes réunis par Régis Courtray), Toulouse, ARTELA, 2008, pp. 21-30. - Retour texte

(12) Reconnaissons qu'il y a au moins une vignette où l'on voit les légionnaires coiffés du casque «Montefortino» ! (Væ Victis/2, pp. 41-42). - Retour texte

(13) Nom alternatif : cf. abbé Joseph JOLY, Le guide du siège d'Alésia, Dijon, 1966. - Retour texte

(14) «Le fameux camp de Reginus, au pied du Réa, n'a pu être reconnu en fouilles, le site étant occupé actuellement par l'emprise SNCF; cependant, il devait certainement, comme les fortins de la plaine, être compris entre les lignes, ce que nous avons reproduit dans l'album», précise S. Luccisano (e-mail 24 juillet 2012). - Retour texte

(15) Vercingétorix, descendu de l'oppidum, les attaquant dans le dos, sur la contrevallation. - Retour texte

(16) Une légion se compose de dix cohortes. - Retour texte

(17) César ne mentionne ni Cicéron ni ses cinq cohortes. C'est une hypothèse de la BD. - Retour texte

(18) Dans Tout Homme est une Guerre Civile, Jean Lartéguy évoque Vercingétorix comme un épouvantail fabriqué de toutes pièces par César afin de magnifier sa propre victoire; pour Rocca/Ramaïoli, l'Eburon Ambiorix avait montré plus de talents et d'acharnement que ce traîneur de sabre incompétent (Væ Victis). - Retour texte

(19) Fouilleur bénévole, S. Luccisano est président du GRAM (Groupe de Recherche archéologique de Melun). - Retour texte

(20) F. MATHIEU, Le guerrier gaulois du Hallstat à la conquête romaine (préf. F. Gilbert), Errance éd., 2007, 143 p. - Retour texte

(21) F. GILBERT, Le soldat romain à la fin de la République et sous le Haut-Empire (préf. Christian Goudineau), Errance éd., 2004, 192 p. - Retour texte

(22) AssoR Hist & BD : «Association Recherches Historiques & bandes dessinées», à St-Martin-du-Bec ( www.assorbd.com ). - Retour texte

(23) On trouve à son catalogue : Moi Svein, compagnon d'Hasting - Italia Normannorum - La saga de Bósi - Chroniques anglo-saxonnes - L'Epte, des Vikings aux Plantagenets - Les riches heures d'Arnaud de Bichancourt - Le Cœur de Lion... - Retour texte

(24) Actuellement au Musée d'Angoulème. - Retour texte

(25) E-mail Chr. Ansar, 23 janvier 2012. - Retour texte

(26) E-mail Chr. Ansar, 6 janvier 2012. - Retour texte

(27) E-mail F. Mathieu, 6 janvier 2012. - Retour texte

(28) E-mail Chr. Ansar, 6 janvier 2012. - Retour texte

(29) E-mail Chr. Ansar, 23 janvier 2012. - Retour texte

(30) E-mail F. Mathieu, 6 janvier 2012. - Retour texte

(31) E-mail F. Gilbert, 27 décembre 2011. - Retour texte

(32) E-mail F. Mathieu, 6 janvier 2012. - Retour texte

(33) Alésia, p. 6, dernière vignette. - Retour texte

(34) Le «Coolus» et le «Mannheim» sont très semblables de forme (c'est le type : «toque de jockey», sans couvres-joue), mais le premier est plus léger (entre 500 et 800 g) et le second plus lourd et plus finement travaillé (plus de 1.000 g) (click).
Après les réformes de Marius, l'armée romaine équipe elle-même les légionnaires, et ses manufactures produisent en grande série des casques bon marché, consistant le plus souvent en une simple calotte, sans couvres-joue et avec un très étroit couvre nuque.
Bien que plus ancien, le type «Montefortino» d'origine italique conservera la faveur «rétro» des Prétoriens aux débuts de l'Empire.
Sur l'évolution des casques grecs, celtiques et romains, cf. Michel FEUGÈRE, Casques antiques. Les visages de la guerre, de Mycènes à la fin de l'Empire romain, Errance, 1994; rééd. 2011. - Retour texte

(35) La contrevallation est la ligne défensive entourant l'oppidum assiégé; la circonvallation est la ligne défensive garantissant l'assiégeant contre une attaque venue de l'extérieur. - Retour texte

(36) Le fortin de l'Épineuse. «Ce fortin compris entre les lignes est bien de forme carrée, avec des côtés d'environ 100 m, la fouille le confirme. Des portes en chicane sont aménagées aux angles. Pouvant accueillir une cohorte, il est probable qu'il y en ait eu d'autres implantés à égale distance sur toutes les fortifications de la plaine. Il sert certainement de coin de repos aux légionnaires de garde sur ce secteur. Il porte le nom du carrefour routier près duquel il a été retrouvé» (e-mail S. Luccisano, 24 juillet 2012). Ce type de redoute permet un cloisonnement transversal pour empêcher que l'adversaire, s'il arrivait à percer la ligne de défense, ne puisse impunément se répandre dans l'espace entre la circonvallation et la contrevallation (cf. «Alésia», Archéologia, HS n¡ 14, avril 2012, p. 66, et Michel REDDÉ, Alésia. L'archéologie face à l'imaginaire, Errance, 2003, p. 178 sqq.). - Retour texte

(37) E-mail S. Luccisano, 29 janvier 2012. - Retour texte

(38) A ne zaper sous aucun prétexte, ou vous êtes fichu ! - Retour texte

(39) Ce personnage fictionnel est censé avoir combattu aux côtés de Vercingétorix, au temps où il était l'allié de César, et lui a même sauvé la vie. Désireux de s'acquitter de sa dette, le chef arverne désire le faire évader pendant qu'on exécute ses compagnons pour satisfaire à la vengeance de ses officiers. - Retour texte

(40) Tartan : le terme est écossais, mais nous l'utiliserons ici - faute de mieux - pour désigner les étoffes aux couleurs claniques des Gaulois du continent. - Retour texte

(41) E-mail F. Mathieu, 6 janvier 2012. - Retour texte

(42) E-mail «La Couenne», 1er janvier 2012. - Retour texte

(43) E-mail «La Couenne», 15 janvier 2012. - Retour texte