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Apostat
Ken Broeders
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Types de casques romains du Bas-Empire : à
gauche un casque à crète (Ridge Helmet)
type «Deurne» (Musée de Leyde - Pays-Bas)
et à droite le «Berkasovo», ainsi nommés
d'après le lieu où ils ont été
trouvés |
4. Le César des Gaules
4.1. La situation politique en 355
Mais n'anticipons pas. Revenons en 355, l'année qui voit
notre philosophe s'extirper de sa terne chrysalide pour se révéler
rude chef de guerre tout d'acier bardé !
Constantin avait prévu de partager son Empire entre ses
trois fils et ses deux neveux - Dalmatius César (Mésie
et Thrace) et Hannibalien Junior (Arménie) (1).
Mais lorsque qu'il meurt, les trois fils s'empressent de liquider
les neveux, comme on l'a dit plus
haut, et se partagent l'Empire en se proclamant tous trois
«Auguste» (9 septembre 337).
Constance II (318/361) s'attribue tout l'Orient, le Pont
et le diocèse de Thrace (2).
C'est néanmoins de Milan, capitale de l'Empire d'Occident
(3)
- il s'est rapproché de l'inextricable conflit qui ravage
les Gaules qui ont sombré dans l'anarchie -, qu'il enverra
le jeune Julien, promu «César des Gaules»,
mettre au pas le roi alaman Chnodomar. Comment en est-il arrivé
là ? Voyons ce qu'il est advenu de ses frères...
L'aîné des trois, Constantin II, dit «le
Jeune» (316/340), a reçu l'Occident (Espagne,
Bretagne et Gaule). Voulant châtier son trop indépendant
frère Constant, il tombe dans une embuscade près
d'Aquilée et est tué (printemps 340).
Constant (320/350), le cadet qui règne à
Sirmium - auj. Mitrovica, en Serbie -, reçoit l'Afrique,
l'Italie et l'Illyrie-Pannonie. On vient de voir aussi qu'il s'empara
des provinces de son frère Constantin II, devenant ainsi
Auguste de tout l'Occident.
Constantin II disparu, une dyarchie de fait s'est instaurée
: Constant en Occident et Constance II en Orient. Ils sont trop
préoccupés l'un par les Alamans sur le Rhin, l'autre
par les Perses sur le glacis arménien pour renégocier
le partage de l'Empire suite à l'Anschluss de Constant.
Toutefois, le 18 janvier 350 Constant est assassiné par
l'usurpateur païen Magnence - lequel à l'instigation
de Constantia, une fille de Constantin Ier, est bientôt
lui-même renversé par le commandant de l'armée
du Danube, Vetranio (4).
Trois mois plus tard, une sur de Constantin Ier, Eutropia,
met son fils Népotien (5)
sur le trône de Rome où il est tué 27 jours
plus tard par Magnence, qui a repris le pouvoir. Magnence
aura été empereur du 28 février 350 à
août 350, date à laquelle il est à son tour
occis par le roi alaman Chnodomar - que Constance II a suscité
sur ses arrières ! Son frère, le César Decentius
se suicidera peu de temps après.
L'usurpateur battu, la guerre est donc finie ? Que nenni ! Les
Alamans, déloyaux et fourbes comme il se doit, ne rentrent
pas chez eux et, bien évidemment, mettent tout le nord-est
de la Gaule à feu et à sang... Faussement accusé
de complot contre l'empereur, le général franc Silvanus
- qui les combattait - est obligé de proclamer un putsch
le 11 août 355. Il n'aura régné que 28 jours,
soit un jour de plus que le pauvre Népotien.
Après cela, faute de leaders, l'Empire romain
se voit réunifié de fait sous la seule autorité
de Constance II. Mais la Gaule, plus que jamais, est livrée
aux rapines des barbares.
Types de casques romains du Bas-Empire : à
gauche une reconstitution d'un Spangenhelm à nasal
inspiré du «Concesti» et, à droite,
un «Intercisa» |
4.2. Un brillant stratège se révèle
Ses frères disparus, Constance II est, en 350, unique
maître de l'Empire. Les fils de Constantin ont si bien fait
le ménage qu'il ne reste plus aucun membre de la famille
à qui faire appel pour seconder Constance dans sa tâche
colossale. Plus personne ? Mais si ! il reste les cousins Gallus
et Julien qui se morfondent dans le coin de forteresse où
on les a relégués. C'est donc dans la branche rivale
de la famille que l'empereur ira chercher un parent qui pourrait
le seconder. Il choisit Gallus comme «César d'Orient»
tandis que Julien est autoriser à aller étudier
à Nicomédie.
Appelé à Milan, Gallus (25 ans), épouse le
15 mars 351 Constantina, sur de Constance, l'intrigante
qui avait favorisé l'usurpation de Vetranio et qu'Ammien
Marcellin qualifiera de «mégère».
Le nouveau César part pour Antioche afin de tenir le «Front
de l'Est». Gallus s'y révèle être un
véritable tyran; il faut dire que Constantina l'y pousse
hardiment, elle qui - comme sur de l'empereur - se croit
tout permis. Dénoncé par Barbatio,
le capitaine de sa garde, son mari est rappelé par Constance
II et finalement condamné à mort par un tribunal
présidé par l'eunuque Eusébios (septembre
354).
Voilà donc la situation quand, le 1er décembre
355, à son tour appelé à Milan, le cousin
Julien se met en route pour la Gaule. Chaudement recommandé
par l'impératrice Eusébie, il est en effet à
son tour devenu le beau-frère de Constance en épousant
dare-dare son autre sur Hélène-la-Jeune. Il
est accompagné de Marcellus et Saloustios, deux généraux
chargés de l'espionner, et de... 360 soldats plus doués
pour les patenôtres que brillants sur le champ de bataille,
comme le sous-entend Zozime.
On attend du jeune César un rôle d'impériale
figuration. Il est encadré par les vrais décideurs,
les généraux Marcellus et Ursicinus,
ce dernier déjà sur place, et plus tard par Barbatio
(6).
Le préfet du prétoire des Gaules Florentius (7)
et le questeur Saloustios complètent son
état-major. Avec ce dernier, il s'entendra merveilleusement
bien. Et aussi avec un autre excellent officier, grec et païen,
le futur historien Ammien Marcellin d'Antioche,
bras droit d'Ursicinus. Pendant deux ans, ce sera le bras de fer
entre le César et ses rétifs «subordonnés».
Que les choses soient claires toutefois, et que l'on ne prête
pas au retors Constance plus de malignité qu'il n'en avait
: dans la logique du temps, où le lignage est tout, Julien
comme petit-fils du grand Constance-Chlore - vénéré
par tous les Gaulois - se présentait comme un gage de la
bienveillance de Constance et de sa volonté de pacifier
la Gaule en y éradiquant les barbares. Or Julien, c'était
de notoriété publique, n'avait aucune expérience
militaire, aussi était-ce à son état-major
de faire à sa place le travail de Mars.
Dilettante doué, mais dilettante tout de même, le
doux philosophe, le «rat de bibliothèque» qu'il
était, de manière inattendue se révéla
rapidement être un habile stratège et un soldat endurant.
Ascétique par nature, Julien détestait le faste
et le luxe, et partageait l'ordinaire de ses soldats dont, par
sa simplicité, il sut se faire aimer.
En route pour la Gaule, Julien découvrit que Constance
avait négligé de le prévenir que Cologne
était tombée. Pourquoi d'ailleurs l'aurait-il fait
? Julien n'était à ses yeux qu'un homme de paille.
Après avoir hiverné à Vienne où Salustios
l'initia rapidement au métier des armes, deux armées
romaines constituées au printemps se mettent en route pour
le Rhin : la première est commandée par Marcellus
et Ursicinus, la seconde par Julien qui reprend Cologne en août
356. En cette affaire, ne sous-estimons pas le rôle des
professionnels placés «sous» les ordres de
Julien.
Avec une troupe restreinte, Julien hiverne à Sens (Agedincum)
que Marcellus a vidé de ses troupes. Là, il est
un mois durant assiégé par les Alamans qui finalement
se retirent - sans que Marcellus lève le plus petit doigt
pour secourir son supérieur. Peut-être par jalousie
vis-à-vis d'un rival potentiel.
Conseillé par son épouse Eusébie, Constance
limoge Marcellus, le général incompétent,
et envoie le brave Ursicinus en Orient (c'est
une promotion), laissant les pleins pouvoirs à Julien qui
semble avoir fait ses preuves. Avec néanmoins sur son dos
- on n'est jamais assez prudent - un autre général,
le précité Magister peditum Barbatio,
pour surveiller et éventuellement contrer ce cousin dont
il continue de se méfier.
Descendant le cours du Rhin sur sa rive gauche,
Barbatio arrive avec des renforts (25.000 h). Toutefois, près
de Bâle, il décide de traverser le Rhin afin de mener
sa propre expédition contre les Germains. Ceux-ci lâchent
des troncs d'arbres en amont, anéantissant son pont de
bateaux. Dépité, le piteux Magister peditum
regagne sa base, laissant les coudées franches aux Alamans.
Sans doute Barbatio craint-il d'avoir à rendre des comptes
au jeune César; à moins qu'il ne redoute que celui-ci
ne saisisse le prétexte pour lui faire payer son rôle
dans la destitution et la mort de Gallus ?
4.2.1. L'armée romaine sous le
Bas-Empire
Aux Ier et IIe s., les légions étaient stationnées
dans des camps échelonnés sur le limes. Sous
le Bas-Empire, la vision stratégique a changé. La
frontière est désormais défendue par des
troupes policières de gardes-frontières, les limitani.
Les troupes d'élite sont positionnées plus à
l'intérieur, pour une défense en profondeur contre
les raids barbares. Et l'on distingue à présent
les troupes d'élite (légions et auxiliats palatins)
des légions régulières, dites «d'accompagnement»
(comitatenses). Les légions sont toujours composées
en principe de citoyens, mais les auxiliaires barbares - qui étaient
de simples troupes supplétives sous le Haut-Empire - sont
maintenant assimilés aux troupes d'élites. Ce sont
les auxiliats palatins.
A l'origine, les troupes auxiliaires étaient destinées
à combler les vides entre les différents camps légionnaires
établis sur le limes, ce qui leur valait d'être
considérées comme inférieures aux troupes
légionnaires. Leur rôle consistait à quadriller
la frontière en petites unités mobiles, sous la
protection des légions alors concentrées en des
points très précis, mais prêtes à intervenir
partout où on les requerrait.
Par ailleurs en passant de moins d'une trentaine depuis la réforme
augustéenne au Ier s. de n.E. à près de 160
sous le Bas-Empire, les légions se sont démultipliées
en même temps que fondent leurs effectifs : de 4 à
6.000 h sous la République et le Haut-Empire, elles n'en
comptabilisent maintenant plus qu'un millier (entre 800 et 1.200
h), ce qui n'empêchera pas l'armée romaine de quasiment
tripler (de 200.000 à plus de 500.000 h). L'inflation,
en quelque sorte.
La Notitia Dignitatum nous donne par provinces un aperçu
des forces armées romaines, avec des omissions et des confusions
du fait de la superposition de données de différentes
époques. Les légions sont souvent dédoublées
en seniores et iuniores. La Notitia cite
la plupart des unités qui participeront à la bataille
de Strasbourg aux côtés de Julien, et qu'Ammien Marcellin
nomme dans son récit de la bataille.À l'énoncé
de ces «régiments» (Bataves, Hérules,
Msiens, Pannoniens, Dalmates) on comprend ce que signifie
le néologisme «barbarisation» de l'armée
romaine, laquelle incorpore des tribus entières d'auxiliaires.
D'autres barbares de condition libre s'engagent à titre
individuel; ils sont Francs, Alamans, Vandales etc. Ces pérégrins
combattent dans les légions palatines aux côtés
des Romains de souche. Ainsi, par exemple, à côté
de la désaffection générale des citoyens
de l'Empire, la carrière des armes sourit encore aux Celtes
et aux Numides... Au contraire des légions des Ier et IIe
s. qui affectionnaient des casques d'origine celtique ou italique
(dont la calotte était faite d'une seule pièce),
on porte surtout, maintenant, des modèles orientaux (?)
faits de deux, quatre ou six morceaux rivetés le long de
bandes radiales. Les cuirasses à bandes articulées
ont disparu au profit des cotes de mailles ou d'écailles
d'inspiration perse. Beaucoup de légionnaires combattent
sans cuirasse, avec pour seules protections le casque et le bouclier
(et chez les auxiliaires barbares, les casques n'équipent
pas tout de monde). La toque pannonienne, qui coiffe les soldats
au repos, au combat sert de sous-casque.
Ce légionnaire s'apprête à
lancer une plumbata, flèche lestée de plomb
qui se lance à la main (ph. François Gilbert)
|
Disparus également des célèbres scuti
rectangulaires et cintrés du Haut-Empire, au profit des
boucliers ronds ou ovales et plats. La lance, à la hampe
peinte de deux ou trois couleurs vives, tend à remplacer
pila et autres javelots; mais les légionnaires cachent
sous l'orbe de leur bouclier une provision de plumbatæ,
lourdes flèches plombées qui se lancent à
la main. Ammien Marcellin nous montre «les antépilaires,
les hastaires et leurs serre-files [antepilani hastatisque
et ordinum primis] se mettre en ligne et rester fixes, présentant
un front de bataille aussi solide qu'un mur» (AMM.,
XVI, 12. 22). Comme leur nom l'indique les hastaires manient la
lance (hasta) et les antepilani doivent être
des troupes légères armées de javelots (pila),
placées en avant. Les ordinum primis sont les sous-officiers
qui noyautent les files de soldats. De fait, la tactique tend
à revenir aux principes de la phalange gréco-macédonienne
: des bataillons de 16 hommes de front sur 16 en profondeur, soit
246, donnent par deux des cohortes quingénaires (500 hommes).
4.3. La bataille de Strasbourg - 15 août
357
Julien arrive de Tres Tabernæ (Saverne). Barbatio
et ses 25.000 fantassins ayant rebroussé chemin, le César
des Gaules est réduit à ses seules forces et dispose
d'environ 13.000 hommes, dont 3.000 cavaliers. Quatre kilomètres
avant Argentoratum (Strasbourg), quelque 35.000 Alamans
- selon Ammien Marcellin - lui barrent le passage. Un chiffre
surévalué, que Drinkwater ramène à
15.000 hommes.
En fait, c'est depuis la veille que Julien observe les Alamans
traversant le Rhin en attendant qu'il y en ait suffisamment pour
en faire un grand massacre - mais pas plus qu'il n'en peut dévorer
!
Chnodomar commande l'aile gauche, soit 4.000 cavaliers alamans
et de l'infanterie légère. Au centre, 16.000 alliés
germaniques conduits par leurs rois respectifs - Felstrap, Urius,
Suomaire et Hortaire. À droite, dans la forêt, Sérapion
(8)
s'est dissimulé avec 2.000 fantassins alamans.
Face à l'aile droite alamanne, la gauche romaine conduite
par Severus, son nouveau Magister peditum («maître
de l'infanterie»), est forte de quinze cents auxiliaires
et des archers. Jaillissant de leurs tranchées, les archers
alamans ne se laissent pas dénombrer et lui causent des
difficultés.
Un Vexillarius (porte enseigne) des
auxiliaires palatins Cornuti seniores, reconnaissable
à son bouclier blanc marqué de l'emblème
cornu rouge, vers 312 (ph. François Gilbert)
La même légion
des Cornuti à la bataille de Strasbourg, vu
par Ken Broeders (Apostat/2, p. 23). Dans le même
album on reconnaît, p. 25, les boucliers jaunes à
double croix de diagonales rouge et noire des Pannoniciani
seniores; p. 26, les boucliers rouges à croix
bleue des Primani (Prima Flauia Pacis, «Ière
Flavienne de la Paix»); p. 33, les boucliers jaunes
et bleus des Petulantes seniores à côté
de ceux des Cornuti; et p. 35, une identification
plus hasardeuse des hommes à pied qui encerclent
Chnodomar : leurs boucliers décorés d'une
cocarde tricolore rouge, jaune et au centre bleue semble
renvoyer aux Equites Bataui seniores...
|
Le centre de Julien se compose de quatre légions palatines
encadrées sur les ailes par des auxiliats palatins dont
les Cornuti («Cornus») et les Brachiati.
Au total donc 6.000 hommes soutenus par un millier d'archers.
Ammien Marcellin ne nomme pas les légions de première
ligne, mais les Herculiani n'y étaient pas : ayant
combattu pour l'usurpateur Magnence, ils avaient depuis été
transférés en Orient. Toutefois ils seront aux côtés
de Julien pendant sa fatale campagne en Mésopotamie (363).
Derrière cette première ligne se tient Julien César
avec une schole (9)
de 200 cavaliers au-dessus de laquelle au bout d'une pique flotte
son dragon de pourpre. Il précède la seconde ligne
constituée par une cinquième légion régulière,
les Primani, entourés des auxiliats des Bataves
et des «Royaux» (Regii).
Enfin, face à la cavalerie mêlée d'infanterie
légère de Chnodomar, se tient l'aile droite de Julien
: six vexillations de cavalerie, dont deux de cataphractaires
à la tête desquels les tribuns Laipsus et Innocentus
se feront tuer en chargeant. Les Germains «avaient remarqué
que les rênes et le bouclier ne laissaient à leurs
gens de cheval qu'une main libre pour lancer le javelot. Le plus
exercé - dans un combat corps à corps avec un de
nos clibanares (10)-
ne faisait que s'escrimer en pure perte contre le guerrier complètement
abrité sous son armure de fer. Mais un fantassin pouvait
(inaperçu dans la chaleur du conflit où l'on ne
songe qu'à ce qu'on a devant soi) se glisser sous les flancs
du cheval, l'éventrer, et démonter ainsi l'ennemi
invulnérable, dont alors on avait bon marché»
(AMM., XVI, 12). C'est la technique de la cavalerie mixte, bien
connue des Germains comme des Celtes, dont César parlait
déjà dans ses Commentaires sur la Guerre des
Gaules. Les vélites alamans provoquent ainsi le reflux
des cuirassiers sur l'infanterie romaine, qui cependant tiendra
bon.
C'est alors que les Gaulois poussèrent le barritus,
leur cri de guerre. «Il préludait - rapporte
Ammien Marcellin - par un léger murmure, qui s'enflait
peu à peu, pour éclater en un fracas pareil au bruit
des flots se heurtant à une falaise.» La mêlée
est sans merci. Julien et sa garde personnelle vont devoir voler
au secours de Severus sur l'aile gauche, tandis qu'au centre l'entrée
en jeu des Primani va soulager le front romain en train
de fléchir.
Les Romains auront 243 tués, mais six mille Alamans resteront
sur le carreau; et dans la débâcle deux mille autres
se noieront en essayant de repasser le Rhin (11).
Fait prisonnier, Chnodomar est envoyé à Rome chargé
de chaînes et finit ses jours sur le mont Clius, dans
un cachot de la Castra Peregrina où il se laissera
mourir de consomption (AMM., XVI, 12. 66).
La capture de Chnodomar, tout d'un coup devenu
moins bravache à en croire Ammien Marcellin (Apostat/3,
p. 36) |
Julien mène ensuite une expédition punitive outre-Rhin
puis regagne Lutèce où il se trouve au printemps
358. C'est pendant l'hiver 358 qu'Hélène-la-Jeune,
l'épouse de Julien, qui d'ordinaire réside en Italie,
vient retrouver son époux et, après avoir accouché
d'un fils mort-né, décède peu après.
Selon Ammien Marcellin, ce serait l'impératrice Eusébie
- la protectrice de Julien - qui, jalouse de ne pouvoir elle-même
donner un héritier à son mari, aurait soudoyé
la sage-femme pour empêcher Julien d'en avoir un.
En 358 et 359, Julien pacifie la Toxandrie [le Brabant] occupée
par les Francs saliens qu'il écrase à Tongres, ainsi
que les Chamaves qui se sont établis au delà de
la Meuse, sur le cours inférieur du Rhin. Il relève
les forteresses sur le Rhin et réorganise la Classis
britannica, la flotte de 200 bateaux pourvoyant le ravitaillement
de Bretagne et qu'harcèlent les pirates saxons.
Franchissant le Rhin, les légionnaires
iront porter la guerre en territoire alaman. Notez le casque
«Intercisa» que Ken Broeders reproduit souvent
dans sa BD (ph. Coll. P. Demory) |
Certes Constance II est heureux de voir l'ordre enfin régner
dans les Gaules, mais il redoute que ces succès - joints
à sa popularité - ne montent à la tête
du jeune César et ne le poussent à l'usurpation.
En Orient, la forteresse d'Amida tombe entre les mains du Roi
des Rois perse, qui fait prisonnières six légions.
Constance II décide de faire d'une pierre deux coups en
réclamant à Julien ses meilleures troupes pour les
envoyer contre les Perses. Ainsi désarmé, Julien
ne pourra plus rien contre lui. Mais arrive ce que Constance redoutait
: les troupes gauloises, bataves et franques ne souhaitent pas
abandonner leurs foyers aux Alamans hostiles, sous prétexte
d'aller combattre dans de lointaines régions de l'Orient.
Et c'est ainsi qu'en février 360, à Lutèce,
elles proclament Auguste le César Julien. En guise de diadème,
un sous-officier des Pétulants lui pose son torque sur
la tête et ses camarades hissent Julien sur un pavois, à
la manière franque.
Julien envoie des émissaires à Constance, protestant
de ce qu'il n'avait accepté ce titre que pour éviter
qu'un autre candidat n'usurpe le pouvoir. Aussi souhaite-t-il
négocier un statu quo : Constance doit le reconnaître
pour Auguste d'Occident ! L'empereur ne l'entend pas de cette
oreille, évidemment. On entame des négociations.
Après une dernière opération sur le Rhin,
Julien descend sur Vienne où il passe l'hiver 360.
C'est ici que s'achève le troisième tome d'Apostat.
C'est en sa «chère Lutèce»
(«peri tèn philè Loutakian»
[12])
où il passe l'hiver 359-360, que Julien
attise la révolte des légions, qui décident
d'un putsch. Julien est sacré Auguste par ses soldats,
lesquels refusent d'aller combattre en Orient, loin de leurs
foyers qu'ils laisseraient à la merci des Alamans...
(Apostat/3, p. 44) |
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5.
Empereur Auguste
La situation de Constance en Orient n'est guère brillante.
Pour contrer Julien, il a - comme il l'avait déjà
fait avec Magnence - suscité un autre chef barbare, Vadomaire.
Julien en est rapidement venu à bout et marche maintenant
sur Sirmium en Illyrie (Mitrovica en Serbie), puis Naïssos
(Nisch), la ville natale de Constantin-le-Grand. Mais sur le chemin
du retour, Constance qui, d'Orient, accourt à la rencontre
du rebelle, tombe malade et meurt à Mopsucrène de
Cilicie (3 novembre 361).
Heureusement, avant d'expirer, il a la sagesse de reconnaître
Julien pour son successeur, épargant ainsi à l'Empire
une nouvelle guerre civile.
Celui-ci marche alors sur Constantinople où il accueille
les restes mortels de son cousin, à qui il concède
les honneurs de l'apothéose avant de le faire inhumer dans
l'Eglise des Saints-Apôtres aux côtés de son
père, le Grand Constantin Ier. Ensuite, affichant publiquement
désormais son adhésion aux anciens cultes romains
- sacrifices publics, etc. - il entreprend des réformes
visant à éliminer les chrétiens de l'enseignement,
à simplifier les usages de la cour et à rendre à
leur destination initiale les temples des dieux devenus des églises.
Il envisagea même de restituer aux Juifs le temple de Jérusalem,
consacré à Zeus depuis la répression de la
révolte de Bar-Kocheba deux siècles plus tôt.
Pendant ce temps, tout ne va pas trop bien chez les Perses,
lesquels, le 1er janvier 363, envoient à Julien un ambassadeur
que celui-ci refuse de recevoir. L'empereur sait parfaitement
bien que ceux-ci cherchent à gagner du temps, mais que
leur objectif ultime est de conquérir toute l'Asie romaine.
Il rassemble des troupes à Antioche où, lorsqu'il
arrive, les habitants se moquent de la simplicité de ses
murs, de son austérité de philosophe porteur
de barbe. En réponse aux lazzis, il composa un traité,
le Misopogon («L'Ennemi de la barbe») (13).
Le 5 mars, son armée s'ébranle et atteint bientôt
l'Euphrate qu'elle traverse sur un pont de bateaux le 11 du même
mois. Il embarque ses provisions et son matériel de guerre
sur une importante flotte de chalands qui suivra son armée,
laquelle, en le longeant, descend le cours du grand fleuve. Quelques
escarmouches plus tard, l'armée et la flotte bifurquent
en empruntant le canal de Naarmalcha qui relie l'Euphrate au Tigre.
En juin, les Romains arrivent devant les ruines de l'ancienne
Séleucie-du-Tigre - rebâtie juste à côté,
sur la rive droite - presque en face de Ctésiphon qui dresse
ses puissantes murailles non loin de l'actuelle Bagdad.
Julien avait dispersé ses troupes pour égarer
l'armée perse dont le gros devait le guetter ailleurs.
Par un audacieux coup de main, il franchit le Tigre et met en
déroute la garnison ennemie qui campe sous les murs de
Ctésiphon. Toutefois, soupçonnant un piège,
il n'arrive pas à - ou n'ose pas - pénétrer
de nuit dans la capitale ennemie. Désormais, le temps joue
contre lui. Alertées, le gros des forces perses risque
d'arriver d'un moment à l'autre. Il lui faut faire sa jonction
avec les troupes romaines des généraux Procope et
Sébastien, et les Arméniens de son allié
Arsace.
Il remonte la vallée du Tigre dans le vain espoir de les
voir arriver à sa rencontre (en réalité Procope
campe paisiblement plus au nord, où il attend). Ne rencontrant
que terre brûlée, le moral des Romains en prend un
coup. C'est la débâcle. Le 26 juin, à Samarra,
dans les «Champs phrygiens», ils remportent une ultime
bataille au cours de laquelle Julien trouvera la mort. Selon son
fidèle correspondant et ami, le rhéteur Libanius
qui n'y était pas, il a été traîtreusement
assassiné par un de ses officiers chrétiens. Mais
Ammien Marcellin - autre fidèle qui participa à
la bataille et qui, païen, est peu suspect de parti-pris
en faveur des chrétiens - penche pour une rencontre malheureuse
entre le foie de Julien et la lance d'un cavalier romain en déroute,
au devant de qui l'empereur se serait malencontreusement porté.
Il avait 32 ans et son règne n'avait duré que
vingt mois. La légende lui prête ces ultimes paroles
: «Tu as vaincu, Galiléen» (14).
«Tu as vaincu Galiléen...»
auraient été ses derniers mots, au soir de
la bataille dans les Champs phrygiens : détail de
l'affichette belge du film L'Apocalypse (Giuseppe
Maria Scotese, IT - 1946). Ce film dénonçait
clairement le païen Julien comme Antéchrist... |
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Addendum
: quelques personnages
Quantité de personnages apparaissent dans la BD de Ken
Broeders, certains plus ou moins fictionnels comme Milius,
son maître d'armes (qui apparaît dans le tome I, pp.
15, 28 etc.) ou la devineresse Placidia (tome II, p. 19),
créature étrange et torturée; d'autres sont
historiques comme Salluste, le militaire (tome I, p. 31
etc.); Ecébolius, officier de Julien (tome II, p.
10 etc.) ou Barbatio, le général
envoyé en Gaule par Constance pour «aider»
Julien (tome II, p. 7 etc.).
Evoquons quelques personnages des quatre premier albums, sans
oublier le croustillant Grégoire de Nazianze que Ken Broeders
nous a dit tenir en réserve dans ses cartons...
Ammien Marcellin
(Il apparaît pour la première fois à la
page 6 du tome II, aux côtés de Constance, en Perse)
Syrien d'origine grecque, Ammien est né à Antioche
vers 330. Nous ne savons rien de ses parents mais ils devaient
être de bonne naissance car il se dit lui-même ingenuus,
terme que par ailleurs il utilise pour désigner les nobles
(ingenui).
Il a vingt ans en 350, lorsqu'il intègre les protectores
domestici, la garde impériale de Constance II, un corps
d'élite très estimé. Il y a pour collègue
un certain Jovien lequel, de simple protector domesticus
deviendra le «primicier de l'école» (schola),
puis empereur à la mort de Julien.
Mais pour l'heure, Ammien
est sous les ordres d'Ursicinus qui, dans l'armée
d'Orient, commande depuis 349 la cavalerie (magister equitum
per Orientem) et réside à Nisibis, en Mésopotamie.
Jusqu'à la disgrâce de ce général,
le destin d'Ammien se confond avec le sien.
Donc vers 351-352, Ursicinus écrase brutalement une révolte
juive dirigée contre le César Gallus - Tibériade
et Diospolis sont rasées -, mais ce n'est qu'en 353 qu'Ammien
intègre son état-major. Il suit Ursicinus à
Antioche, à Milan, puis en Gaule où le général
fait rapidement rentrer dans le rang la Colonie des Ubiens (Colonia
Ubiorum, Cologne) qui s'était ralliée au maître
de cavalerie rebelle, le Franc Claudius Silvanus - qu'il assassine
personnellement, avec l'aide d'un petit commando de tueurs dont
Ammien a peut-être fait partie (septembre 355). Ils y rencontrent
le César Julien (356-357). Après le siège
de Sens (356-357), Marcellus est limogé et Ursicinus est
rappelé en Orient (hiver 358-359). Ils sont remplacés
par le maître de cavalerie Sévère et le comte
Barbatio, maître de l'infanterie. Ammien Marcellin n'a donc
pas participé à la bataille de Strasbourg que, cependant,
il a décrite en détail. Remplacé en Gaule
par Sabinianus, Ursicinus, toujours flanqué d'Ammien, revient
en Orient où le Perse Sapor (Shapur) s'agite à nouveau.
Constance, qui a fait exécuter Barbatio,
lui confie sa charge de magister peditum præsentalis,
la suprême dignité militaire.
Le comte Barbatio, Magister peditum
incompétent qui a failli compromettre Julien et son
armée, est condamné à mort par Constance
II. Mais d'abord, ce sont ses fils et son épouse
qui sont décapités. Exterminer toute la famille
est généralement plus sûr... (Apostata/4,
p. 11) |
Ursicinus et Ammien séjournent d'abord à Sirmium,
puis repartent pour la Mésopotamie, où Ammien se
distingue à la fois comme négociateur et comme soldat.
Ammien participe à la bataille d'Amida (Diyarbakir, en
Turquie), qui est prise par les Perses et où il manque
d'être capturé (359). Séparé de son
chef et assiégé dans cette ville, qui est prise
malgré une vigoureuse défense, il parvient néanmoins
à s'en échapper et - après diverses aventures
- rejoint Ursicinus à Antioche.
Cette défaite d'Amida - où six légions
sont faites prisonnières par l'ennemi - entraîne
la disgrâce d'Ursicinus, qui est condamné à
réintégrer la vie civile. Depuis longtemps, l'eunuque
chambellan (præpositus cubiculi) de Constance, Eusèbe,
qui avait déjà perdu le César Gallus, guettait
l'occasion de ruiner le grand général. La responsabilité
de la défaite d'Amida lui est reprochée alors même
qu'il n'y était pas lorsqu'elle tomba. Du même coup,
elle interrompt provisoirement la carrière d'Ammien qui,
néanmoins, demeure parmi les protectores domestici.
Les livres XIV et XV de son Histoire romaine évoqueront
les intrigues «byzantines» qui se déroulent
en coulisse du pouvoir et qui finalement aboutirent à l'exécution
du César Gallus et à la destitution d'Ursicinus
dont, par ailleurs, il vante les mérites - peut-être
avec une certaine partialité (?).
Entre-temps, l'armée des Gaules a salué Julien
du nom d'Auguste (février 360), puis Constance II décède
en Cilicie (3 novembre 361) ce qui évite à l'Empire
une nouvelle guerre civile. Ammien Marcellin se retrouve de nouveau
auprès de Julien, mais on ne sait si c'est en qualité
de protector domesticus ou avec un grade supérieur.
C'est en tout cas avec des fonctions d'officier d'intendance qu'il
participe à cette campagne en Perse au cours de laquelle
l'empereur trouve la mort, le 26 juin 363.
À la mort de Julien, Ammien passe sous les ordres de Jovien
(27 juin 363) qui, lui-même, disparaît bientôt,
asphyxié par les émanations d'un brasero (17 février
364). Ammien quitte alors l'armée et se retire à
Antioche. Pendant près de trente ans, le détail
de sa vie nous échappe. Des démêlés
juridiques le poussent à quitter Antioche et à s'établir
à Rome, encore du temps de Valens (mais après 375).
Il s'y fait de nombreuses relations parmi les personnages de marque.
Désormais tout adonné aux lettres, il scrute les
écrits de Caton le Censeur, de César, de Salluste
et de Cicéron et entreprend d'écrire une Histoire
de Rome (les Res Gestæ) en trente et un livres.
Commencés vers 380, achevés vers 395 (?), ils en
couvrent deux cent quatre-vingt-trois années - du règne
de Nerva (96) à la mort de Valens (378). Cependant, nous
n'en avons conservé que les livres XIV à XXXI, soit
les années 353 à 378.
Il écrit, fréquente la meilleure société
et voyage (Égypte, Thrace). Les lectures qu'il fait de
ses Res Gestæ obtiennent un franc succès.
Un dernier signe de vie nous est adressé en 392, grâce
à une lettre que lui adresse Libanius [lettre 1063],
mais on ignore l'année de sa mort.
Eusébios de Pergame
Disciple d'Édésios - élève de Jamblique
-, Eusébios avait pour condisciples Maxime d'Éphèse,
Priscus (15)
et Chrysantios de Pergame. Ce philosophe adepte d'un néoplatonisme
austère, dans la lignée de Plotin, eut un temps
- mais non sans réticences - Julien pour élève.
En effet, les pratiques théurgiques de Maxime et des autres
le laissaient sceptique. Aussi Julien le délaissa-t-il
pour Maxime qui défendait un néoplatonisme à
la manière de Jamblique.
Sauf si un jour Ken Broeders décide d'évoquer
en flash back la jeunesse de Julien, il est peu probable
qu'on le rencontre dans sa BD. Il ne faut pas confondre cet Eusébios
avec son homonyme Eusébios [ou Eusebius/Eusèbe],
l'évêque arien de Nicomédie qui après
l'assassinat de ses parents (337), éduqua Julien jusqu'à
son propre décès en 341.
Il ne faut pas le confondre non plus avec l'eunuque Eusebius,
rusé conseiller de Constance, qui condamna à mort
le demi-frère de Julien, Gallus.
Encore moins avec l'évêque crypto-arien de Césarée
(313), auteur de la fameuse Histoire ecclésiatique,
qui plaida auprès de Constantin Ier le rappel d'Arius exilé.
Des «Eusèbe», il en existe une kyrielle, depuis
l'évêque d'Emèse disciple de son homonyme
«de Césarée», celui de Verceil qui vécut
sous Dioclétien et Julien et tel autre encore, évêque
de Dorylée en Phrygie, qui en 448 fut l'accusateur de son
ami Eutychès.
(Et bien entendu, pas non plus avec l'impératrice Eusébie,
épouse de Constance II, la protectrice de Julien (ce qui
ne l'empêcha pas - semble-t-il - de faire périr son
épouse Hélène, sa propre belle-sur,
sur le point de donner un héritier à Julien. Le
sens des priorités !)
Faustine
La BD évoque cette Faustina Maxima (tome II, p.
46), concubine et favorite de Constance II, qui fait mourir son
épouse d'Eusébie - laquelle ne lui a pas donné
d'héritier - pour la mettre à sa place lorsqu'elle
se révèle être enceinte. Décédé
avant, Constance n'aura pas la déception de se voir père
d'une petite fille, laquelle plus tard épousera l'empereur
Gratien.
Grégoire de Nazianze (saint)
Docteur de l'Église, né et mort à Arianze,
en Cappadoce (ca 330-ca 390). De formation littéraire,
il était de ces intellectuels chrétiens qui ne boudaient
pas les lettres classiques. Rhéteur d'abord, il avait poursuivi
des études littéraires à Césarée
de Cappadoce, Césarée de Palestine, Alexandrie et
Athènes (où il côtoya Julien en 355). Il était
un ami intime de Basile le Grand et de Grégoire de Nysse.
Baptisé en 358, il avait 28 ans lorsqu'il se convertit
au christianisme. Évêque du diocèse de Nazianze,
son père Grégoire l'Ancien avait d'abord été
un hypsistarien (un culte zoroastrien mêlé de judaïsme).
En 361, celui-ci ordonna prêtre son fils qui devint son
coadjuteur jusqu'à sa mort en 374 (16).
Toutefois, préférant la retraite aux charges ecclésiastiques,
Grégoire de Nazianze rejoignit d'abord la communauté
monastique de son ami saint Basile, à Annisi, mais refusa
d'occuper le siège épiscopal de Sasimes où
ledit Basile l'avait nommé (372).
Il démissionna aussi du siège de Constantinople
- où l'avait désigné le concile de 381 -
où il se faisait disputer tantôt à propos
du schisme de Mélèce à Antioche, tantôt
à propos du symbole [de Nicée], sans omettre son
cumul des fonctions puisqu'officiellement il était déjà
évêque de Sasimes où il avait refusé
de mettre les pieds ! En fait, après la mort de l'empereur
arien Valens (9 août 378), les Nicéens - les catholiques-orthodoxes
- espéraient reprendre à travers lui le contrôle
de la vie spirituelle de la capitale impériale, après
quarante ans de domination des hérétiques sectateurs
d'Arius (17).
Mais fuir responsabilités et conflits était semble-t-il
un trait essentiel de son caractère...
Le Concile de Chalcédoine (451) lui avait associé
l'épithète de «Théologien». Sa
brillante éloquence lui vaudra encore d'êtres surnommé
«le Divin». Ne se sentant pas à la hauteur
du texte original, Erasme renonça à le traduire
en langue vulgaire.
On a conservé de lui 44 discours écrits entre 362
et 383, dont deux Contre
Julien (discours
4 & 5) et cinq théologiques définissant
le dogme trinitaire contre l'arianisme (discours 27 à 31).
Il est auteur, également, de nombreux sermons - davantage
destinés à être entendus par des philosophes
que par le commun des mortels -, et de 249 lettres composées
entre 359 et 389.
En revanche on a pu dire que, des quelque 17.000 vers de ses poèmes
théologiques, écrits sur le tard il est vrai, «beaucoup
manqu[ai]ent de souffle» (18).
Saint Grégoire de Nazianze a également composé
un poème autobiographique (Sur sa vie).
Nous l'avons dit, Grégoire de Nazianze avait connu Julien
lorsque - non encore baptisé - il était, comme lui,
étudiant à l'Académie d'Athènes (355).
Mais si, d'une outrageante partialité, il en fut le plus
grand contempteur, il sut aussi... prudemment... attendre que
l'intéressé fusse décédé (juin
363) pour écrire ses deux discours «Contre Julien»
(hiver 363-364). A l'en croire, Julien était ravagé
par des tics nerveux, avait le regard halluciné, l'esprit
brouillon... En fait, sa haine pour Julien semble venir de la
loi scolaire du 17 juin 362, interdisant aux chrétiens
comme lui, l'enseignement de la littérature grecque dont
il était féru.
Son frère Césaire fut le médecin personnel
de Julien, pour le plus grand chagrin de Grégoire et de
sa famille. Fête le 2 janvier.
Libanius d'Antioche
Élevé à Athènes, ce sophiste païen
enseigna à Constantinople mais termina son existence à
Antioche à une date inconnue; il survécut à
Julien avec qui il correspondit toute sa vie.
Ce dernier nourrissait pour lui une très grande amitié.
Esprit indépendant, Libanius refusa toujours les dignités
que l'empereur le pressait d'accepter. Et même, il défendit
hardiment des sénateurs de sa ville natale, que Julien
avait condamnés.
Julien le consultait souvent, et il semble que ce quelque peu
pédant homériste l'ait aidé dans la rédaction
du Contra Galileos et du Misopogon. Parmi ses disciples,
saint Basile lui conserva son amitié la plus vive, mais
saint Jean Chrysostome - en qui il voyait son successeur - se
détourna de lui pour le christianisme.
Auteur de divers discours : Éloge à Antioche,
À Julien, Monodie sur Julien, Epitaphe pour Julien, Pour
venger Julien, etc.
Maxime d'Ephèse, ou «le
Cynique»
(Il apparaît pour la première fois à la
page 19 du tome II et sera bientôt flanqué d'une
devineresse de foire nommée Placidia, dans Cologne en proie
à la furie des barbares.)
Sophiste, thaumaturge, Maxime
d'Éphèse, ou «le Cynique», avait
un tempérament de chef de secte et, aux dires de saint
Grégoire de Nazianze, il aurait à Éphèse
initié ce dernier aux Mystères d'Hécate,
déesse de la magie et des carrefours (351). Savant commentateur
des Catégories d'Aristote, Maxime s'inscrivait dans
la mouvance théurgique (19)
du néoplatonicien Jamblique et des Oracles chaldaïques(20).
Nous serions tentés, aujourd'hui, de le qualifier de
«charlatan» (et c'est bien l'image que donne de lui
Ken Broeders dans le tome 2 de sa bande dessinée), mais
son enseignement était celui qui convenait le mieux à
l'âme de Julien, toute pétrie d'idéalisme
et de merveilleux. Plus tard, le jeune empereur fit de Maxime
d'Éphèse son mentor et le nomma grand-pontife de
Lydie, charge où - du reste - il se distingua autant par
sa justice que sa modération. Astrologue, il prédit
à Julien son triomphe dans l'expédition contre les
Perses - au cours de laquelle, en fait, il trouva la mort !
Professant la théorie de la métempsycose, Maxime
avait affirmé que l'âme d'Alexandre le Grand s'était
réincarnée dans l'enveloppe charnelle de Julien.
La crédulité de Julien, par ailleurs si rationnel
et pragmatique, nous étonne. Mais on pourrait dresser une
liste - impressionnante - de chefs d'État contemporains
qui prêtent l'oreille à un(e) astrologue ! Qu'une
croyance théurgique soit scientifiquement erronée
- ce que, peu ou prou, toute espèce de religion est - ne
signifie pas pour autant que ceux qui la professent soient incompétents
ou mauvais.
Julien mort, son successeur Valens (emp. 364-378) promulguera
un décret contre les magico-sophistes, fera arrêter
Maxime, le fera cruellement torturer et, finalement, décapiter.
La BD de Ken Broeders donne une image assez
pittoresque du personnage historique de Maxime d'Ephèse |
Oribase de Pergame
(Il apparaît pour la première fois à la
page 16 du tome I)
Disciple de Zénon de Chypre, Oribase
de Pergame fut le médecin personnel de Julien, qui
le nomma questeur de Constantinople. Il accompagna Julien dans
sa désastreuse campagne contre les Parthes et assista à
ses derniers moments. Après le décès de son
protecteur, sa carrière connut un certain déclin.
Le plus apprécié de ses ouvrages, rédigé
à la demande de son ami, fut les Collections en
72 livres, dont nous n'en avons conservé que dix-sept -
mais qui doivent beaucoup à son compatriote Galien de Pergame
(médecin personnel de Marc Aurèle).
A noter que Julien eut encore un autre médecin attaché
à sa personne : Césaire, frère de
Grégoire de Nazianze !
Paul Catena
Décalqué sur celui du «notaire» Paul
Catena (Paul «la Chaîne»), le personnage
d'Arbacès (II, p. 46 etc.) est le maître-espion
de Constance II. Ken Broeders s'est expliqué plus haut
comment lui est venu l'idée d'Arbacès,
doublon de Paulus Catena (à qui est consacré l'opus
4 de la saga).
Quoique homme de l'ombre, l'incontournable Paul Catena joue un
rôle important dans le roman de P. Demory, Peur
sur Lutèce.
Salluste
(Il apparaît pour la première fois à la
page 31 du tome I)
Officier païen, Satorninos Saloustios (ou Salluste)
était connu pour sa probité. C'est lui qui, à
Vienne, initia Julien à l'art de la guerre. Plus tard,
Julien empereur en fera son préfet du prétoire d'Orient.
À la mort de Jovien, les généraux lui offrirent
l'Empire - un cadeau empoisonné qu'il refusa se prétendant
trop vieux, et refusa également pour son fils... trop jeune
!
Il ne faut pas le confondre avec son homonyme, un autre ami
de Julien, Flavius Salustius, un capitaine gaulois de grande
valeur que Julien fit préfet des Gaules, puis prit comme
co-consul en 363.
|
|
Chronologie
de Julien
Fastes consulaires
Sous la République, deux consuls étaient annuellement
nommés pour exercer la magistrature suprême. Lesquels,
renvoyant à une liste soigneusement tenue à jour
- les «Fastes consulaires» -, donnaient leur nom à
l'année («sous le consulat d'un tel et un tel»).
Sous l'empire, cette magistrature civile et militaire devient
fluctuante; il n'est pas rare que l'empereur exerce lui-même
le consulat certaines années, mais pas systématiquement.
Voyons donc comment cela se passe à l'époque de
Julien (les chiffres romains indiquent le nombre de consulats
exercés : ainsi en 352, l'Auguste Constance II est consul
pour la cinquième fois).
350 |
— |
EN OCCIDENT : Flauius Sergius & Flauius Nigrinianus |
351 |
— |
DANS LES GAULES, L'ITALIE ET L'AFRIQUE : Imp. Cæsar
Flauius Magnus Magnentius Augustus (ou Tyrannus) [l'usurpateur
Magnence] & Gaiso Flauius Sergius et Flauius Nigrinianus |
352 |
— |
mp. Cæsar Flauius Iulius Constantius Augustus V [Constance
II] & Flauius Claudius Constantius Cæsar
I [Gallus, demi-frère de Julien]
DANS LES GAULES, L'ITALIE ET L'AFRIQUE : Magnus Decentius
Cæsar [frère de l'usurpateur Magnence]
& Paulus |
353 |
— |
Imp. Cæsar Flauius Iulius Constantius Augustus VI
[Constance II] & Flauius Claudius Constantius
Cæsar II [Gallus]
DANS LES GAULES, L'ITALIE ET L'AFRIQUE : Imp. Cæsar
Flauius Magnus Magnentius Augustus [l'usurpateur Magnence]
& Magnus Decentius Cæsar [son frère] |
354 |
— |
Imp. Cæsar Flauius Iulius Constantius Augustus VII
[Constance II] & Flauius Claudius Constantius
Cæsar III [Gallus] |
355 |
— |
Flauius Arbitio [Arbetio]
& Q. Flauius Mæsius Egnatius Lollianus [Mauoritus
Lollianus] |
356 |
— |
Imp. Cæsar Flauius Iulius Constantius Augustus VIII
[Constance II]
& Flauius Claudius Iulianus Cæsar I [Julien] |
357 |
— |
Imp. Cæsar Flauius Iulius Constantius Augustus IX
[Constance II] & Flauius Claudius Iulianus
Cæsar II [Julien] |
358 |
— |
EN OCCIDENT : Tib. Fabius Datianus [Ititianus]
& Næratius Cerealis |
359 |
— |
Flauius Eusebius & Flauius Hypatius |
360 |
— |
Imp. Cæsar Flauius Iulius Constantius Augustus X [Constance
II] Flauius Claudius Iulianus Cæsar III
[Julien] |
361 |
— |
EN OCCIDENT : Flauius Taurus
EN ORIENT : Flauius Florentius |
362 |
— |
EN OCCIDENT : Claudius Mamertinus [Flauius Mamercinus]
& Flauius Neuitta [Nevitta, un général
d'origine franque, lieutenant de Julien] |
363 |
— |
Imp. Cæsar Flauius Claudius Iulianus Augustus IV
[Julien]
EN OCCIDENT : Flauius Sallustius [autre fidèle
de Julien] |
364 |
— |
Imp. Cæsar Flauius Iouianus Augustus [Jovien]
& Flauius Uarronianus N.P. (id est Nobilissimus
Puer, Jouiani filius) [fils de Jovien] |
|
|
|
Soldat des Brachiati iuniores (auxiliaires
palatins), vers 300 (ph. François Gilbert) |
Chronologie
Chronologie établie par Aude de Saint-Loup pour l'édition
du Misopogon dans la collection «Classiques en Poche»,
n¡ 63.
(Grandes variantes, suivant les historiens, pour la période
précédant le césarat de Julien. Nous suivons
ici la notice de René BRAUN, in L'Empereur Julien, De
l'Histoire à la légende, Belles Lettres, J 978,
p. 9-14.)
332 |
— |
(Mai) Naissance de Flavius Claudianus Julianus, petit-fils
de Constance-Chlore, neveu de Constantin Ier. Mort de sa mère
Basilina quelques mois plus tard. |
335 |
— |
Son père, Jules Constance, demi-frère de Constantin
Ier, nommé consul. |
337 |
— |
(22 mai) Mort de Constantin Ier, laissant l'Empire en partage
à ses trois fils.
(Septembre 337) Massacre de Jules Constance, de son frère
aîné et de sept autres membres de sa famille
à Constantinople. Julien (7 ans) et son demi-frère
Gallus (12 ans), en réchappent de justesse. |
337-341 |
— |
Julien à Nicomédie, chez sa grand-mère
maternelle, aristocrate de Bithynie, éduqué
par l'eunuque Mardonios qu'il adorait et l'arien Eusèbe
de Nicomédie. |
342-344 |
— |
Julien à Constantinople, où Eusèbe
est nommé évêque. Éduqué
par les chrétiens Nikoklès et Hékébolios. |
344 |
— |
Julien est de retour à Nicomédie. |
345-351 |
— |
Julien à Macellum, près de Césarée,
forteresse isolée de Cappadoce; il dévore la
bibliothèque de Georges de Cappadoce. Préparé
à la cléricature. |
351 |
— |
Gallus est nommé César en Orient, Constance
II lutte contre le païen Magnence, usurpateur en Gaule. |
351-354 |
— |
Julien à Nicomédie et voyages en Asie Mineure;
il s'ouvre au néoplatonisme ésotérique. |
354 |
— |
Émeute à Antioche, massacre du gouverneur
de Syrie. Arrestation et exécution de Gallus sur ordre
de Constance II. |
354-355 |
— |
(Fin) Suspecté de complicité avec Gallus,
Julien est emprisonné à Milan durant sept mois.
Intervention en sa faveur d'Eusébie, femme de Constance
II. |
355 |
— |
(Été) Julien à Athènes. Études
et hypothétique initiation aux mystères d'Éleusis.
(Octobre) Usurpation de Silvanus en Gaule. Julien de nouveau
convoqué à Milan.
(6 novembre) Julien César. Marié à Hélène-la-Jeune,
sur de Constance II (morte en 360, après avoir
accouché d'un fils mort-né).
Départ sous surveillance en Gaule avec 360 soldats.
(Hiver) Julien à Vienne, en Gaule. |
356 |
— |
(Janvier) Julien est nommé consul.
(Juin) Il chasse les Alamans d'Autun.
(Septembre) Il leur reprend Cologne, en concertation avec
Constance II.
(Hiver) Assiégé à Sens, Julien parvient
à repousser les barbares. En accord avec Constance
II, renvoi de Marcellus, général douteux.
Pendant l'hiver 356-357, il rédige le Panégyrique
de Constance et le Panégyrique d'Eusébie. |
357 |
— |
(25 août) Victoire de Strasbourg contre les Alamans,
malgré l'inertie de Barbatio, autre général
douteux, peut-être cette fois sur instructions de Constance
II. Capture de Chnodomar, chef alaman, envoyé à
Constance II qui fait célébrer un triomphe.
(Hiver) Julien à Lutèce, où il prendra
ses deux autres quartiers d'hiver.
Rédige Les Actions de l'Empereur ou De la Royauté,
second panégyrique de Constance. |
358-359 |
— |
Actions diplomatiques et campagnes contre les Francs, les
Chamaves et les Saliens; uvre de restauration.
(Fin) Préparation d'une nouvelle campagne de Constance
II contre les Perses. Il réclame ses meilleures troupes
à Julien. Mécontentement de l'armée d'Occident. |
360 |
— |
(Février) Julien proclamé Auguste par ses
soldats. Constance Il s'apprête à marcher contre
lui. Perspective d'une guerre civile.
Décès de son épouse Hélène-la-Jeune,
après avoir tenté de lui donner un fils mort-né.
(Peut-être une vengeance d'Eusébie, la «protectrice»
de Julien, mais qui ne peut donner un héritier à
son mari Constance II ? S'il eut vécu, le fils de Julien
aurait eu la priorité dans la liste des successibles.)
(6 novembre) Le diadème et la pourpre; célébration
du quinquennat de César et du second Auguste à
Vienne [Vienne en Gaule, bien sûr !]. |
360-361 |
— |
Campagne contre les Alamans soudoyés par Constance
II, que Julien poursuit jusqu'en Forêt Noire, puis marche
vers l'Est. Rédige diverses lettres à l'adresse
des grandes cités de l'Empire, dont il ne reste que
la Lettre au Sénat et au peuple d'Athènes,
réquisitoire contre Constance II. |
361 |
— |
(3 novembre) Mort de Constance en Cilicie, près
de Tarse.
Installé en Mésie à Nish (Naïssus),
ville natale de Constantin le Grand, Julien ne l'apprend que
fin novembre.
Premiers sacrifices publics aux dieux païens. |
Novembre 361-juin
363 : règne de Julien Empereur. |
361-362 |
— |
(Du 11 décembre 361 à juin 362) Julien à
Constantinople.
Tribunal de Chalcédoine, épuration, réforme
de la Cour : Julien proscrit tout le faste oriental imité
des Perses. Rétablissement de l'autorité du
Sénat de Constantinople, dont il devient l'un des membres.
Réformes simplifiant la bureaucratie en donnant plus
d'autonomie aux cités (Lettre aux Thraces :
dispense de dette envers l'État contre versement de
moitié aux soldats de la région), répartissant
charges et biens; «nationalisation» de la poste
: contrôle systématique des taxes.
Or coronaire volontaire, et non obligatoire (édit du
29 avril 362).
Nomme son oncle Julius Julianus comte d'Orient.
(Décembre 361) Georges de Cappadoce assassiné
à Alexandrie; sans procès, Julien récupère
sa bibliothèque.
Réouverture des temples païens, restauration des
sacrifices dans l'Empire. «Tolérance religieuse»
: amnistie des chrétiens orthodoxes, exilés
par le gouvernement arien de Constance II.
Réactivation des conflits entre ariens et orthodoxes.
Annulation des exemptions d'impôts au clergé
chrétien.
Restitution des biens publics saisis par les chrétiens
(édit du 13 mars 362).
(17 juin 362) Interdiction aux chrétiens d'enseigner
les lettres profanes.
Rédige Contre les Cyniques ignorants (printemps
362), Contre Héracleios le Cynique, Hélios
et Cybèle ou Sur la Mère des Dieux.
Traversée de l'Anatolie: multiplication de gestes païens,
mesures pour la constitution d'un nouveau clergé païen
dont il serait le Pontifex Maximus. Tolérance
vis-à-vis d'émeutes antichrétiennes. |
362 |
— |
(18 juillet) Entrée à Antioche.
(22 octobre) Incendie du temple de Daphné.
(Hiver) Rédaction du Banquet ou Les Césars,
Sur Hélios-Roi, Le Misopogon, Contre les Galiléens. |
363 |
— |
Multiplication des mesures antichrétiennes :
(Janvier) Accès restreint des chrétiens aux
postes officiels à Rome;
(Février) Enterrements chrétiens interdits de
jour; exécution de soldats refusant de sacrifier aux
dieux, etc.
Contrôle économique et administratif.
Hostilité croissante des Antiochiens.
(Fin février) Départ précipité
pour Tarse.
(5 mars) Campagne contre les Perses.
(Juin) Assiège Ctésiphon, puis abandonne.
Début de la retraite; affrontement désastreux
avec l'armée de Shapur.
(26 juin) : Julien, blessé au combat, meurt dans la
nuit.
Corps rapporté et incinéré à Tarse.
|
|
Suite… |
NOTES :
(1) Dalmatius César et Hannibalien
Junior sont les fils de Dalmatius, frère de Jules Constance
et d'un autre Hannibalien. Tous les cinq - fils ou petits-fils
de Constance-Chlore et de Théodora - seront massacrés
par les gardes de Constantin II, Constance II et Constant. -
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(2) C'est-à-dire les diocèses
prévus pour ses cousins Delmatius et Hannibalien, sauf
une partie de la Mésie qui va à Constant. - Retour
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(3) Au détriment de Rome. -
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(4) Emp. 1er mars 350 - abdication
25 décembre 350. - Retour texte
(5) Emp. 3 juin 350 - 30 juin 350.
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(6) Au printemps 357, Barbatio remplaça
Marcellus tombé en disgrâce. Pour l'anecdote :
c'est Barbatio qui avait dénoncé, arrêté
et exécuté Gallus, le demi-frère de Julien.
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(7) Il ne s'agit plus maintenant du
«patron» des militaires prétoriens, dissous
par Constantin Ier, mais d'un administrateur civil en charge
plusieurs diocèses (chacun dirigés par un vicaire).
Il y a à ce moment quatre préfets en charge pour
les prétoires des Gaules, d'Italie, d'Illyrie et d'Orient.
Le préfet du prétoire a alors pour principale
fonction la perception des impôts. D'où un désaccord
persistant avec Julien qui désire alléger la pression
fiscale sur la Gaule exsangue. - Retour
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(8) Il s'appelle en réalité
Agénaric, mais son père Médéric
- frère de Chnodomar - crut bon d'helléniser son
nom en «Sérapion».
Otage en Gaule, Médéric s'y était fait
initier aux Mystères de Sérapis. Ce qui nous en
dit long sur les «barbares» qui, certes, avant tout
et à court terme cherchent à faire du butin, mais
ne souhaitent pas détruire cet Empire romain qui pourtant
les rejette. Bien au contraire, ils souhaitent s'y intégrer.
A preuve, les nombreux contingents barbares «fédérés»
qui servent dans l'armée romaine. - Retour
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(9) Une schola est une unité
spéciale constituée d'élèves officiers,
de même que les protectores domestici. Une schole
palatine tourne autour de 500 chevaux. - Retour
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(10) Clibanares est le mot
persan pour le grec cataphractoï. Les Romains les
recrutaient chez les Sarmates, mais beaucoup de mercenaires
perses y servaient aussi. Les archers montés (Sagitarii)
étaient une autre spécialité parthe. -
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(11) Un siècle plus tard,
Zozime parlera de 120.000 Germains morts. - Retour
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(12) JULIEN, Misopogon, 5,
6. - Retour texte
(13) C'est à tort que Ken
Broeders représente barbu Julien, César des Gaules.
Le barbier de Constance la lui avait rasée lors de sa
nommination. Il ne la laissera repousser qu'en devenant Auguste.
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(14) «Vicistii, Galileæ»,
rapporte Théodoret de Cyr (ce Théodoret fut, en
420, évêque de Cyr [ou Cyrrhus], en Syrie). - Retour
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(15) Futur favori de Julien. - Retour
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(16) Mort centenaire en 374, Grégoire
l'Ancien fut évêque de Nazianze pendant 45 ans.
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(17) Le 24 novembre 380, le nouvel
empereur Théodose - catholique - avait contraint à
se retirer l'évêque arien de Constantinople, Démophile.
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(18) Dictionnaire encyclopédique
du christianisme ancien, Cerf, 1990, p. 1110. - Retour
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(19) La théurgie ou
magie supérieure (on dit aussi magie blanche, par opposition
à la magie noire), de théos «dieu»
et ergon «travail», vise à établir
un contact avec les esprits bénéfiques. - Retour
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(20) Composés vers 170 par
Julien le Théurge. - Retour texte
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