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MURENA,
t. 9 LES ÉPINES
Jean
DUFAUX & Philippe DELABY
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Dans Rome ruinée
par le grand incendie de 64, des intrigues se nouent autour de
Néron. Qui a bouté le feu à la ville ? Qui
faut-il livrer à la vengeance du peuple romain ? Qui doit
expier ? Les Juifs ? Difficile, car ils sont protégés
par la judaïsante impératrice Poppée. Ou seulement
la secte juive des chrétiens, ces individus suspects qui
adorent un certain charpentier crucifié ? Néron
tergiverse car il a pris l'un d'eux en sympathie - et rien moins
que l'apôtre Pierre.
Seul Massam, le gladiateur borgne, connaît la vérité
: l'incendie est parti d'une torche que lui a lancée Lucius
Murena, au cours d'une bagarre qui les mettait aux prises... Massam
compte bien, auprès de sa maîtresse Poppée,
chèrement monnayer cette information qui mettrait hors
cause ses amis juifs. Mais Massam s'en est imprudemment ouvert
au centurion Raffalo, le père de Claudia, amoureuse de
Murena. Le rude militaire tente de protéger celui qu'il
considère comme son futur gendre.
Et pendant ce temps, dans un quartier ravagé de l'Urbs,
Murena le réprouvé, entouré de quelques amis,
trace des plans pour relever les ruines. Mais que peut-il faire
sans argent ?... c'est-à-dire sans l'aide de son ancien
ami l'empereur Néron, qui désormais le considère
comme un traître car il n'a su résister aux charmes
de sa favorite, Acté. Un lourd sentiment de malaise obsède
les deux hommes, car d'un autre côté la mère
de Néron, Agrippine, avait commandité l'exécution
de la mère de Murena, sa rivale Lollia Paulina. «[Murena]
vogue entre passion charnelle, amour et culpabilité.
[Néron] semble subir les événements,
ballotté par leur tourbillon, avec une certaine forme de
regrets, commente Jean-Bernard Vanier sur Planète BD.
[Dans ce nouvel album] tous les deux sont particulièrement
inactifs, en tout cas. Si l'on fait exception cependant des performances
sexuelles de notre bon Lucius.»
Jean Dufaux et Philippe Delaby continuent de suivre Néron
dans sa descente aux Enfers. Ses turpitudes, ses débauches...
ses crimes aussi. Ne s'était-il pas, dans un précédent
album bouclant le «Cycle de la Mère», rendu
coupable d'inceste puis de matricide ? «On peut ainsi
évoquer l'exemple - peut-être secondaire, mais pourtant
très révélateur parce qu'il tranche avec
les choix retenus dans d'autres bandes dessinées sur l'Antiquité
- de la sexualité : elle est représentée
ici sans fard, mais aussi sans inutiles «gauloiseries»,
écrit Olivier Christin. (...) En effet, s'aimer à
Rome n'avait finalement pas grand-chose à voir avec ce
que nous pensons et vivons aujourd'hui : à l'homme libre,
tout ou presque était possible», sauf se soumettre
passivement au désir sexuel de sa/de son partenaire. Ce
qui - par exemple - excluait d'office des relations avec un autre
citoyen, un des deux assumant forcément un rôle passif
ce qui faisait de lui un cinaedus (débauché).
Pour un citoyen romain parfaitement respectable et soucieux des
conventions, il ne restait plus comme possibilité que les
esclaves, les prostitué(e)s et les étrangers sur
qui épancher de sa libido. Pénétrateur, le
mâle romain refusait la fellatio, mais pratiquait
l'irrumatio - ce qui revient au même, la délicatesse
en moins ! Naturellement, à côté de cette
morale respectable il y avait les transgressions (1)
dont ne se privaient pas certaine personnes tel le jeune Néron,
à qui l'on reprochait déjà, à la politique,
de préférer la poésie et autres murs
«grecques».
La saga a parfois un petit air de convenu. Assurément,
l'ombre de Quo Vadis ? s'étire sur les cogitations
du scénariste lequel, à travers les hésitations
du «monstre», explore adroitement de nouvelles pistes,
portraiturant Néron avec même une certaine objectivité,
sinon sympathie.
Néron, les chrétiens et l'incendie
de Rome
C'était Jean-Charles Pichon dans Saint-Néron
(1962) (2)
qui, le premier (?), avait suggéré que Néron
était relativement proche des chrétiens pour s'être
lié d'amitié avec l'apôtre Paul, comme on
le sait venu à Rome en appeler à la justice de l'empereur
(«Ciues romanus sum !», cf. Act. Ap.,
22 : 25-28). On pensera ce que l'on voudra de l'hasardeuse thèse
de Pichon, mais soit... elle semble avoir fait des enfants que
le Père Dumas aurait pu lui envier. Déjà
dans Néron tyran de Rome (Nerone e Messalina,
1953) de Primo Zeglio, bourrelé de remords suite à
son matricide, Néron (Gino Cervi) incognito, se tournait
vers les chrétiens espérant obtenir de leur Dieu
son pardon. Assistant à une de leurs réunions dans
les catacombes, il tombait alors amoureux de la chrétienne
Acté à qui il se confiait. Celle-ci lui ayant remis
une lettre de saint Paul, Néron se trahissait en sortant
l'émeraude qui lui servait de loupe pour lire. Dans la
bousculade qui s'ensuivit, une lampe était renversée
qui allait embraser Rome. Le procédé qui consiste
à «révéler» au bon public ce
que l'«Histoire officielle» lui a occulté,
a fait recette ! Ainsi, c'est avec un vrai bonheur que dans son
Homme qui devint Dieu, Gérald Messadié s'interrogera
: «Comment ne pas supposer que Saül [Paul] rêva
de convertir la maison impériale et, qui sait, jusqu'à
Néron lui-même ?» (3).
L'épître aux Philippiens ne suggère-t-elle
pas qu'il y avait déjà des chrétiens parmi
les serviteurs de l'Empereur ? (Phil., 4 : 22). Si ça
lui fait plaisir de le croire... pourquoi pas ? En tout cas, faisant
tâche d'huile, l'idée séduira maints romanciers
ou scénaristes.
Une variante remplace Paul par Pierre. Elle s'inscrit dans le
sillage des Actes de Pierre, un apocryphe du IIe s. repris
au XIIIe s. dans La Légende dorée de Jacques
de Voragine. Ces Actes, d'où nous viennent entre
autres le fameux «Quo uadis, Domine ?» (4),
ne prétendent-ils pas que l'apôtre pêcheur
d'âmes rencontra Néron à Rome, devant qui
il dénonça les impostures de Simon le Magicien (5)
? En tout cas ils situent vers 65-67 la mort de Pierre (6),
crucifié tête en bas. Mais, pas davantage que La
Légende..., les Actes (7)
- qui nous présentent Pierre comme une sorte de Père-la-Pudeur
dissuadant les prostituées d'exercer leur métier
- ne relient son exécution à l'incendie de Rome;
ce que ne feront pas non plus les bons auteurs chrétiens
du IVe s. (Lactance, Eusèbe de Césarée, Jean
Chrysostome...).
Délicieux tourments
Bien que Dufaux ait soigneusement compulsé toutes les sources,
on voit que son scénario creuse son lit dans la tradition
chrétienne la plus couramment admise. Avec des nuances,
des choix. «Précision du dessin et des dialogues,
sans toutefois jamais céder à la maniaquerie archéologique,
note un critique. (...) Bref, un savant mélange entre
personnalités historiques restituées avec précision
et personnages de fiction créant une intrigue qui étonne,
qui séduit, qui captive.» On a vu que si Dufaux
fut marqué par l'interprétation de Peter Ustinov
dans la version 1951 (8),
le personnage de Néron est ici plus nuancé que d'ordinaire.
Saint Pierre n'est pas crucifié tête en bas mais
en position accroupie latérale, conforme à l'attitude
du crucifié de Givat Hamitvar (9).
«Dans l'imagerie historique, l'apôtre Pierre meurt
crucifié la tête en bas, observe Jean Dufaux
(10).
Nous avons préféré réfléchir
à notre propre thématique, celle des épines
qui meurtrissent Pierre sur la croix. Puis qui sortent de la sphère
physique, deviennent people, anecdotiques, simples composants
d'un plat que les Romains mangent en riant.» Ces épines
qui naguère ont lacéré le front du Christ,
et maintenant la chair de Pierre supplicié, sont devenues
une friandise de pâte d'amandes enrobée de miel,
qui font les délices des convives de Trimalchion. Et le
scénariste d'ajouter : «C'est une projection de
notre société, où l'on vit très bien
avec les événements dramatiques qui nous entourent.
Rome nous apprend des choses sur notre histoire contemporaine.»
Par ailleurs, les auteurs nous ont épargné les savoureux
supplices - Lygie et l'aurochs, etc. - anachroniquement imaginés
par Sienkiewicz d'après Renan (11),
se privant par la même occasion d'un beau «morceau
de bravoure» (12)...
à moins que, peut-être dans un prochain tome... ?
Il faut bien le reconnaître : du malicieux Jusqu'où
oseras-tu Néron ? de Philippe de Jonas à l'ingénieuse
Colère de l'Agneau de Guy Hocquenghem, le sanglant
happening des persécutions a fait gamberger l'imagination
des romanciers. Dans Jusqu'où oseras-tu Néron
?, Néron châtie les chrétiens par ce qu'ils
ont le plus en horreur, les jeux sexuels. Revêtu d'une peau
de bête, il se livre sur eux aux attouchements les plus
ignobles (13)
! Dans le second, La Colère de l'Agneau, deux sectes
chrétiennes opposées «se font la guerre»
dans Rome. Sous la férule de Jean, la première vit
dans Suburre et appelle à la Fin du Monde : c'est elle
qui boute le feu à Rome. Mais ce sont les ouailles de Pierre
- qui ont, elles, leurs quartiers dans le Transtevere - qui en
feront les frais. Le fait que leur quartier, de l'autre côté
du Tibre, a été épargné par l'incendie
présume de leur culpabilité. Ce n'en est pas moins
Jean, «celui que Jésus aimait», qui
sera crucifié; et non Pierre. Non pas tête en bas,
cette fois, mais face contre bois. Ce qui permettra à Néron
- revêtu de peaux de bête - de lui faire a tergo
subir les derniers outrages. Ainsi déguisé, l'Antéchrist
Néron s'identifie à la Bête immonde de la
Fin des Temps. Amusante variation homosexuelle de Quo Vadis
?, La Colère de l'Agneau combinait ingénieusement
la persécution sous Néron (54-68) avec celle sous
Domitien (81-96). Au cours de la première, ou à
deux ans d'intervalle, périrent Paul (64 ?) et Pierre (65-67
?). Sous Domitien - à en croire la tradition hagiographique
-, la seconde vit supplicier Jean, dans le Nouveau Testament auteur
du Livre de l'Apocalypse; plongé dans une cuve d'huile
bouillante, il en ressortit miraculeusement indemne (14).
Pierre, Paul et les autres auraient-ils donc été
martyrisés quinze-vingt ans trop tôt, au temps où
l'on en mourait encore... Dommage pour eux. Mais curieux, quand
même !
Qui donc a incendié Rome ?
Si l'on considère les richesses artistiques contenues dans
les palais de Néron et de Tigellin, sur le Palatin - qui
furent parmi les premiers à brûler - la question
ne se pose même pas. Aucun ordre venu d'en haut n'a décidé
du tragique destin de la Ville !
La problématique de l'origine de l'incendie de Rome - de
toute évidence accidentelle en ces jours de canicule où
elle sévit (mi-juillet) - a valu aux amateurs de fictions
historiques les explications les plus contradictoires. Ainsi dans
le Barabbas de Richard Fleischer, tiré du roman
«Prix Nobel» de Pär Lagerkvist (1950). Venu à
Rome, le brigand Barabbas - celui qui à Pâques fut
préféré au Christ - a «entendu parler»
des chrétiens. À la suite d'un malentendu et dans
une de ces crises de fanatisme que connaissent bien les imbéciles,
le zélé nouveau converti boute le feu à la
Ville en se proclamant disciple du Christ. Ni chair ni poisson,
ce sont donc ici les chrétiens qui sont coupables, sans
l'être en aucune façon. Habile. Anno Domini
(1984) est une série TV de Stuart Cooper, qui a fait l'objet
d'une novelisation par Kirk Mitchell. Cette série conte
le zélote Caleb, venu à Rome dans le but d'incendier
cette Urbs dont les armées ravagent la Judée.
Il y rencontre l'amour avec Cora, une patricienne déchue
devenue gladiatrice. La chair est faible ! En revanche, le Néron
de Paul Marcus, deuxième épisode de la série
TV Imperium, est probablement l'unique péplum à
montrer l'empereur sincèrement affligé par la catastrophe,
et ouvrant à la populace sinistrée ses jardins du
Vatican (cf. TAC., An., XV).
Collector
Après ces excès d'imagination sadique, on ne peut
que rendre grâce à la version de Jean Dufaux et Philippe
Delaby, plus sobre - quoique de cet album, il existe une version
plutôt croustillante, un collector (5.000 ex.) destiné
à des lecteurs avertis, dont la parution est annoncée
pour novembre 2013. Une ou deux planches supplémentaires
complétées par un dossier de Claude Aziza sur le
sexe dans la Rome de Néron.
Deux mots à propos de Joseph ben Mattias,
plus tard connu comme «Flavius Josèphe»
C'est très adroitement que - pour signifier l'attitude
judaïsante de Poppée - Dufaux fait intervenir le personnage
de Joseph ben Mattias, ce pharisien qui était venu à
Rome (de fait, en 64), plaider la cause de ses coreligionnaires.
Plus tard, rentré en Judée, dans la forteresse de
Jotapata il commandera à ses compatriotes révoltés.
Cette place tombée (en 67), il est fait prisonnier par
le général Vespasien, qu'il saluera comme futur
empereur. Ces flagorneries lui vaudront son affranchissement,
d'où son gentilice de Flavius. Flavius Josèphe,
donc, écrira notamment des Antiquités judaïques
où il fera une brève allusion à Jésus-Christ
(JOS., Antiq. jud., XVIII, 63-64), du reste considérée
comme une interpolation des bons moines, mais qui faudront à
son auteur de pas sombrer dans l'oubli.
Enfin, saluons le superbe travail du coloriste
Sébastien Gérard, qui succède à Jérémy
Petiqueux, lequel avait assuré les tomes V à VIII,
lui-même après Dina Kathelyn (Ib, pp. III
1-36, IV), André Benn (II), Béatrice Delpire (Ia)
(15)
et... Philippe Delaby himself (II, III pp. 37-46).
Pour rappel :
Le Cycle de la Mère
1. La Pourpre et l'Or, 1997
2. De Sable et de Sang, 1999
1.-2. Murena, Chapitres I & II, 2000 (édition
de luxe brochée, N&B, suivie de «La Mort Blanche»
(Hello BD, 1992), Bruxelles, JEM DIFFUSION, 1.000 ex.)
1. La Pourpre et l'Or, 2001 (3e éd. couleurs refaites)
3. La Meilleure des Mères, 2001
Folio : Philippe Delaby - Dufaux, 2001 (Dargaud Benelux
- uitgeverij Silhouet)
4. Ceux qui vont mourir..., 2002
Le Cycle de l'Épouse
5. La Déesse Noire, 2006
6. Le Sang des Bêtes, 2007 (deux éditions,
avec ou sans DVD)
1. Murex et Aurum, 2009 (traduction en latin : Claude Aziza
& Cathy Rousset)
7. Vie des Feux, novembre 2009 [et «Rome au temps
de Néron», L'Histoire HS «Spécial
Murena», novembre-décembre 2009]
8. Revanche des cendres, 2010
8. Revanche des cendres, 2010 (édition spéciale
Slumberland, 999 ex.)
Nouveau Cycle
9. Les Épines, juin 2013
MURENA SUR CE SITE :
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Biographie des auteurs
JEAN DUFAUX
Jean Dufaux est l'auteur d'une uvre importante comprenant
près de 200 titres, une production originale, à
l'écart des modes, plus complexe qu'il n'y paraît.
Le monde de Jean Dufaux s'orchestre en effet autour de quelques
thèmes récurrents qui structurent ses récits
: le pouvoir et la folie, la solitude et ses miroirs, les égarements
du temps, les blessures du passé. Barracuda, La Complainte
des landes perdues, Conquistador, Croisades, Djinn, Double masque,
Le Bois des vierges, Loup de Pluie, Murena, Rapaces, Sortilèges,
pour ne citer que quelques titres : cette mosaïque immense
qui ne refuse ni les jubilations du roman-feuilleton ni les ellipses
cinématographiques se veut avant tout une uvre de
plaisir et d'enchantement, au sens féerique et occulte
du terme. Ces albums, vendus à des millions d'exemplaires,
couronnés par de nombreux prix et récompenses, diffusés
dans une douzaine de pays (en Europe, au Japon, aux États-Unis),
déploient leurs charmes, se parant du graphisme des meilleurs
européens et s'appuyant sur un art du dialogue qui épouse
et repousse l'image dans un même mouvement. Parmi les nombreuses
récompenses, dont certaines pour son uvre complète,
qu'a reçues Jean Dufaux, citons : le prix Calibre 38 (prix
du meilleur polar) pour Hammett, aux éditions Glénat,
en 1996; le prix de la Société des gens de lettres
pour Murena, aux éditions Dargaud, en 2007; le prix
Cheverny (meilleur roman graphique catégorie «Histoire»)
pour Murena, en 2011.
Jean Dufaux est, par ailleurs, président du jury des prix
Diagonale qui, en Belgique, récompensent chaque année
des artistes de la bande dessinée. En 2009, à l'occasion
des Regards croisés de la bande dessinée belge,
son uvre est exposée dans les musées royaux
des Beaux-Arts de Belgique. Jean Dufaux a été nommé
chevalier de l'ordre des Arts et des Lettres en 2009.
PHILIPPE DELABY
Philippe Delaby est né à Tournai en 1961. Il reçoit
de son père à l'âge de huit ans sa première
BD : Tintin au Congo. À 14 ans, il entre à
l'école des Beaux-Arts de sa ville, où il reçoit
un enseignement académique. Fasciné par Ingres et
les maîtres flamands, il s'essaie à la peinture à
l'huile. À 18 ans, il remporte un concours qui lui ouvre
les pages d'Hello Bédé, successeur du journal
Tintin. Il y met en images Arthur au royaume de l'Impossible
et Richard Cur de Lion. Ces histoires imaginées
par Yves Duval lui valent le prix Clio au Salon de l'histoire
de Paris en 1993. La même année, et pour le même
éditeur, il dessine Bran, un récit de Jean-Luc
Vernal.
En 1994, avec Luc Delisse, il sort au Lombard L'Étoile
polaire, un thriller médiéval fantastique. En
1997, il est récompensé lors du Festival de bande
dessinée de Boulogne-sur-Mer.
Cette année est aussi celle de la parution de La Pourpre
et l'Or, le premier épisode de Murena - un tournant
dans la carrière de Philippe Delaby. Dans cette série
imaginée par Jean Dufaux et publiée chez Dargaud,
il ressuscite de façon magistrale la Rome impériale
de Néron. La saga, qui compte à ce jour neuf tomes,
connaît un grand succès.
En 2004, Philippe Delaby relève un nouveau défi
et prend la suite de Grzegorz Rosinski pour La Complainte des
landes perdues de son ami Dufaux, dont le huitième
volet, La Fée Sanctus, paraît en juin 2012.
En 2011, la ville de Bruxelles lui décerne le grand prix
Saint-Michel pour l'ensemble de son uvre.
AGENDA
Master Class BD
CYCLE UNIVERSITAIRE FRANCO-SUISSE
«LA BANDE DESSINÉE À L'UNIVERSITÉ ?!»
Dans un contexte de concurrence mondiale des universités
et de réflexion générale sur la place des
humanités et des sciences humaines dans nos sociétés,
il a semblé à la fois évident et urgent d'inviter
les universités francophones à se pencher sur leur
relation à la création artistique et littéraire
contemporaine, et à promouvoir des formes originales et
ouvertes de formation. En choisissant la bande dessinée,
un genre très populaire et pourtant toujours largement
ignoré des institutions académiques, les universités
et les écoles partenaires en France et en Suisse romande
décident d'engager un dialogue neuf avec les écrivains,
les scénaristes, les dessinateurs et les graphistes, en
imaginant des formes inédites d'introduction à la
fiction. Pour répondre à ces préoccupations
multiples, ce cycle conjugue master class, ouvertes aux
étudiants confirmés, conférences publiques,
expositions ou installations en présence des auteurs, pour
des rendez-vous marquant durablement l'ouverture universitaire
à la création contemporaine.
Les master class BD bénéficient depuis 2011
du soutien des éditions Dargaud. Les établissements
d'enseignement supérieur partenaires sont les universités
de Neuchâtel, Lyon 2, Saint-Étienne et Grenoble,
l'École polytechnique fédérale de Lausanne,
l'École supérieure des sciences de l'information
et des bibliothèques de Villeurbanne.
EXPOSITION
Exposition Murena, 2013, université Lyon 2
Reproductions et objets dérivés de la série
L'actualité des Master Class BD : click
Contact : Marion Richard, coordination générale
Master Class BD : click
CINÉ BD
Les cinémas MK2, le magazine Trois couleurs et les
éditions Dargaud vous donnent rendez-vous tout au long
de l'année pour des soirées consacrées au
cinéma et à la bande dessinée.
Ces rencontres donnent carte blanche à un auteur de bande
dessinée qui est invité, dans le cadre d'une conférence
animée par un journaliste, à présenter son
uvre et le rapport qu'il entretien avec le cinéma.
Bénéficiant d'une liberté totale, l'artiste
choisit le film qui sera projeté à l'issue de la
rencontre. L'occasion également de revisiter ses classiques.
Lors de la sortie du tome 9 de Murena, retrouvez Jean Dufaux
et Philippe Delaby dans le cadre d'une soirée Ciné
BD au MK2 Quai-de-Loire le mardi 11 juin à partir de 20
heures, pour la projection d'Agora, le film d'Alejandro
Amenábar.
Ciné BD Mardi 11 juin 2013 à 20 heures
MK2 Quai-de-Loire 5-19, quai de Loire - 75019 PARIS
VERSION NUMÉRIQUE
Murena part à l'assaut du numérique ! En achetant
ce neuvième épisode de Murena, le lecteur
pourra, pour la première fois, accéder à
une version numérique augmentée de l'album. Grâce
à un code spécial figurant sur un sticker, les lecteurs
pourront télécharger sur la plate-forme BDComics
une version exclusive de Murena, présentant successivement
les planches en noir et blanc, puis en couleurs. Une autre manière
de découvrir le travail de Philippe Delaby... et d'emporter
facilement l'album en vacances !
EXPOSITIONS
À l'occasion de la sortie du tome 9 de Murena, les
expositions vont se succéder.
Lyon
La région lyonnaise se met aux couleurs du célèbre
péplum.
Tout au long de l'été, le Musée gallo-romain
de Saint-Romain-en-Gal nous offre une exposition inédite
autour de la saga et du minutieux travail de reconstitution historique
de Jean Dufaux et Philippe Delaby. Vous pourrez y voir, du 17
mai au 1er septembre 2013, des planches originales et des dessins
inédits de Philippe Delaby, des extraits de scénarios
et d'interviews. Les auteurs seront présents pour une rencontre
suivie d'une séance de dédicace et d'un buffet romain
le samedi 15 juin 2013.
Exposition Murena, du 17 mai au 1er septembre 2013 Musée
gallo-romain de Saint-Romain-en-Gal rue de la Chantrerie
- 69560 Saint-Romain-en-Gal / France
Bruxelles
La ville de Bruxelles accueillera également le péplum.
Le centre belge de la Bande Dessinée exposera, dans la
Gallery, les planches de la célèbre bande dessinée
antique. Du 29 octobre au 1er décembre 2013, vous pourrez
découvrir le travail d'orfèvre de Philippe Delaby
et Jean Dufaux. Des planches originales de Philippe Delaby seront
à la disposition des yeux des petits et des grands.
Le vernissage se déroulera le 6 novembre à partir
de 18 heures.
Exposition Murena, du 29 octobre au 1er décembre 2013
Centre belge de la Bande Dessinée 20, rue
des Sables - 1000 Bruxelles / Belgique
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NOTES :
(1) Cicéron déjà,
dans un de ses traités, disait : «Dans l'intimité,
on fait ce que l'on veut. Ce qui est mal, c'est d'en parler.»
Hypocrisie ? Certes. Mais comment faire autrement ? - Retour
texte
(2) Ou Néron et le mystère
des origines chrétiennes, R. Laffont, coll. «Les
Ombres de l'Histoire», 1971 (rééd. complétée
et augmentée de Saint-Néron). Pierre Grimal
a pourfendu la thèse de cet auteur, par ailleurs connu
comme romancier (cf. Jean PRIM in GEORGES-ROUX, Néron,
C.A.L., 1963, pp. 311-312). - Retour texte
(3) G. MESSADIÉ, L'Homme
qui devint Dieu - L'incendiaire. Vie de Saül, apôtre,
R. Laffont, 1991, p. 393. - Retour texte
(4) Dans Murena, ce n'est plus
une apparition du Christ qui interpelle Pierre, mais un légionnaire
de faction aux portes de Rome : «Quo vadis, l'ami ?»
Volonté de rester dans le rationnel ? - Retour
texte
(5) Roman de Thomas B. Costain, Le
Calice d'Argent, d'où fut tiré le film homonyme
de Victor Saville (1954), le premier Warner en CinémaScope,
avec pour la première fois à l'écran un
certain Paul Newman. - Retour texte
(6) Celle de Paul, traditionnellement,
en 64. - Retour texte
(7) Actes de Pierre et Actes
de Paul, in Écrits apocryphes chrétiens
(sous la dir. François BOVON & Pierre GEOLTRAIN),
I, Pléiade, 1998. - Retour texte
(8) J. DUFAUX, in L'Histoire,
H.S. «Rome au temps de Néron», novembre-décembre
2009, p. 100. - Retour texte
(9) Le squelette, avec empreinte des
clous, d'un notable juif supplicié trouvé dans
une nécropole de Jérusalem près de la Porte
de Damas (Golgotha), en 1968. Notons que plusieurs films s'y
sont conformés comme La dernière tentation
du Christ (Martin Scorsese) et L'Inchiesta (Damiano
Damiani). - Retour texte
(10) Jean-Jacques Lecocq, «Jean
Dufaux ; 'Respectons notre mémoire culturelle'»,
Ciné-Télé-Revue, n¡ 25, 20 juin
2013. - Retour texte
(11) Ernest Renan, dans son Histoire
du Christianisme - où le romancier polonais s'est
largement documenté -, avait compilé toutes les
sources disponibles sur les persécutions, y compris des
épisodes postérieurs comme Blandine à Lyon
(en 178) ou Félicité et Perpétue à
Carthage (en 203) - inspirés par le mythe de Dircé
garrottée sur l'échine d'un taureau. À
noter que saint Clément de Rome écrivit, certes
trente ans après l'incendie mais sans spécifier
s'il parle de Néron ou de Domitien, que des chrétiennes
furent ligotées à des taureaux furieux et traînées
jusqu'à ce que mort s'ensuive : «Des femmes,
les Danaïdes et les Dircés, [ont] souffert
de terribles et monstrueux outrages» (CLÉM.,
I Cor., VI, 2).
Tacite ne parlait que de chrétiens cousus dans des peaux
de moutons et livrés à des molosses, ou crucifiés
et brûlés vifs. - Retour texte
(12) Aaaah ! La délicieuse
Magdalena Mielcarz, dans la version de Kawalerowicz (Quo
Vadis ?, 2001). - Retour texte
(13) Et, ma foi, ceci est bien dans
Suétone - mais pas à propos des chrétiens
(SUÉT., Nér., XXIX, 1). À notre
connaissance, l'épisode des condamné(e)s ligoté(e)s
à un poteau et travaillé(e)s au corps par de joyeux
drilles revêtus de peaux de bêtes - sous le regard
de Néron - n'a, à l'écran, été
[brièvement] mis en scène que par Anthony Pass
dans Les aventures sexuelles de Néron et Poppée
(1981). Si l'on excepte, bien entendu, une intéressante
variante au taureau : dans Le Signe de la Croix de Cecil
B. DeMille, tiré de l'adaptation théâtrale
de Quo Vadis ?, la chrétienne Mercia voit s'approcher
d'elle, un concupiscent cynocéphale, alternative à
l'homme revêtu d'une peau de bête...
Hubert Montheilet pour sa part, dans Néropolis,
retrace les difficultés à dresser un âne
pour, dans l'arène, le faire s'accoupler avec une condamnée
au cours du mime de Laureolus ! Apulée, l'auteur
de l'Âne d'or, n'aurait su le contredire : son
âne Lucius s'éclipse sans «consommer»
la condamnée offerte à son priape. Cette chose
absurde suscitait d'ailleurs l'hilarité de Martial (Spect.,
V) et de Suétone (Nér., XII, 5-6) selon
qui ces «Pasiphaé» couvertes par le taureau
n'étaient que des mannequins. - Retour
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(14) Le fait est que l'historicité
de la persécution néronienne est plus que douteuse,
alors que celle par Domitien semble bien avérée.
Cette dernière aboutit à la condamnation à
mort d'une poignée de proches de l'Empereur «adonnés
à une superstition étrangère»
- dont Flavius Clemens dont on a voulu faire un évêque
de Rome. Leur proximité, autant que la fragilité
des sources staliniennes... pardon, chrétiennes ! autorisait
ce télescopage, au moins dans un roman !
Reste que le pauvre lecteur qui ne serait pas au fait de ces
subtilités historiographiques semble superbement bien
désinformé... - Retour texte
(15) Rappelons que les couleurs
de Béatrice Delpire sur le tome I, insatisfaisantes,
avaient entièrement été refaites par Dina
Kathelyn à partir de la troisième édition.-
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