|
|
|
JUIN
- JUILLET 2003
- 17juin 2003
- 17 juin 2003
- 18 juin 2003
- 19 juin 2003
- 23 et 24 juin 2003
- 19 juillet 2003 :
- 29 juillet 2003
|
|
|
|
|
|
|
17 juin 2003 |
Francis
Moury a écrit : |
|
Merci pour
votre beau lien Michel. Le fond marbré rend la lecture
des articles un peu difficile à l'il qui cherche
à distinguer les lettres par-dessus les nervures...
je pense qu'un fond uni conviendrait mieux...
Ma critique des Caligula (sur DVDrama) n'est pas encore en
ligne.
La vôtre est très riche historiquement, comme
d'habitude et apporte beaucoup de réponses aux questions
que le spectateur se pose en voyant le film : bravo !
Bien à vous
Francis
PS : sur www.dvdrama.com
, je vous signale ma filmographie
commentée de Gregory Peck illustrée par l'affiche
américaine de David et Bethsabée d'Henry King,
entre autres...
|
|
|
RÉPONSE
: |
|
À tout seigneur, tout
honneur, cher Francis. Comme au bon vieux temps du Cinérivage,
vous êtes donc le premier à m'envoyer vos commentaires
et encouragements ! Et je vous en remercie.
Dès que DVDrama
l'aura mis en ligne, nos visiteurs liront avec intérêt
votre beau travail sur Caligula, que j'ai déjà
eu le privilège de parcourir avec attention. Outre
l'analyse pointue des deux versions françaises en DVD
proprement dite, vous y mettez en évidence les grandes
lignes de force historiques du scénario (ou de ce qui
en resta).
|
|
|
|
|
17 juin 2003 |
Jean-Pierre
Brèthes a écrit : |
|
Savez-vous
si le péplum polonais tiré de Quo Vadis (pas très
bon d'ailleurs d'après mes amis polonais) sortira en
France ?
Je doute fort en effet que le film soit distribué en
France ; le Pan Tadeusz, de Wajda, n'y a fait qu'une carrière
confidentielle, assassiné d'ailleurs par la critique.
Pourtant, j'avais bien aimé. Et autrefois, j'avais énormément
aimé le Pharaon, de Kawalerowicz aussi, d'après
le roman de Prus. Je l'ai revu lors de son passage sur Arte
il y a 3 ou 4 ans, il a très bien vieilli.
Je regarde de temps à autre vos écrits sur internet
; bravo ! |
|
|
RÉPONSE
: |
|
Pharaon était
de 1965 (Festival de Cannes : 1966) et n'est sortit sur les
écrans belges et français qu'au début
des années '80, si ma mémoire ne me joue pas
des tours. Alors patience, on peut toujours rêver...
En décembre 2001, lors du Festival Europalia-Pologne
à Bruxelles, Quo Vadis (Jerzy Kawalerowicz,
2001) fut projeté en avant-première. J'y ai
rencontré le réalisateur, qui hélas ne
parle guère la langue de Voltaire, les principaux acteurs
du film et un distributeur français dont j'ignore le
nom. A ma question "Peut-on espérer voir un jour
Quo Vadis sortir en DVD, en France ?", il m'a répondu
d'un air dubitatif : "On peut espérer, oui..."
Puis, comprenant que je ne parlais pas de la sortie en salle,
mais simplement du DVD, il me laissa entendre que ce n'était
pas impossible. C'était donc il y a un an et demi :
aujourd'hui, je doute très fort que l'on voie quelque
chose venir sur le marché hexagonal.
Le film fut un flop, en Pologne. Je ne sais
pas ce que valait la version longue pour la télévision,
je ne connais que la version cinéma. Pourtant, il était
loin d'être mauvais, et les scènes d'amphithéâtre
avec les chrétiens livrés aux lions ou brûlés
vifs étaient très réussies, réalistes
et même assez sanglantes. [Franco Rossi avait tourné
un autre Quo Vadis TV en 1984, avec Klaus Maria Brandauer
dans le rôle de Néron, qui lui non-plus n'eut
guère de succès, étant programmé
à la TV française à des heures impossibles
! Rossi avait tourné des scènes avec les lions
assez explicites, mais très en dessous de ce que fera
Kawalerowicz !] Ici un lion emporte la tête d'un
enfant que son père tient dans ses bras; là
Lygie, nue, garrottée sur l'échine d'un aurochs...
Des images qui adhèrent au roman et qu'aucun cinéaste
n'avait réussi à tourner de manière aussi
précise (ne vous fiez pas aux affiches des anciennes
versions, qui ne correspondaient pas toujours aux images filmées).
Je ne retiendrai qu'un plan, qui vous fiche un sacré
malaise : celui où des esclaves empilent dans une charrette
les débris humains que les fauves ont dédaignés
: troncs mutilés, jambes, bras arrachés - en
vrac. Difficile de ne pas songer à certaines photos
de l'holocauste nazi. Mon seul regret est cet harnais de cuir
noir, peu crédible, qui sert à attacher la jeune
fille sur la nuque du puissant animal : pourquoi ne pas avoir
joué le jeu en utilisant tout simplement de la solide
bonne corde de chanvre ?
Si le mannequin Magdalena Mielcarz campe une
Lygie un peu fade, Michal Bajor est excellent en Néron
shakespearien (sans pour autant égaler Peter Ustinov,
qui jouait dans un tout autre registre il est vrai). Une mention
spéciale pour l'athlétique Boguslaw Linda, acteur
polonais spécialiste des rôles de gangster, éblouissant
en Pétrone, cet ancien soldat amoureux de littérature
et devenu courtisan si l'on en croit Pline. Je le préfère,
et de loin, à l'efféminé Leo Genn de
la version 1951. Bien sûr, il y a aussi quelques naïvetés.
A une ou deux exceptions près comme Ursus, les chrétiens
sont tous soit des vieillards décharnés, soit
de pulpeuses jeunes femmes crucifié(e)s demi-nu(e)s
! Et tandis que les Romains boivent goulûment leur vin
rouge dans de lourds hanaps d'argent qu'ils saisissent à
deux mains, les chrétiens eux ne boivent jamais, constamment
occupés qu'ils sont à gravement transvaser un
maigre bouillon d'un vase à un autre plus petit ! Ce
procédé - car c'est est un - me rappelle un
peu Les Misérables (la version avec Lino Ventura)
où les pauvres sont toujours filmés dans une
ambiance nocturne et pluvieuse, et les riches diurne et ensoleillée.
Les décors sont assez réussis,
en particulier les fresques du palais impérial, inspirées
des peintures pompéiennes contemporaines pour les motifs.
Toutefois, au "rouge pompéien", ils préfèrent
ces tons clairs qui justement caractérisaient la Domus
Aurea, dont certains vestiges sont encore visibles aujourd'hui
sous les anciens Thermes de Trajan (1).
Si vous avez des correspondants en Pologne,
essayez de vous procurer le DVD par leur intermédiaire.
A Europalia, j'ai vu le film en version polonaise avec sous-titres
anglais. Je dispose maintenant d'une copie VHS uniquement
en polonais. L'idéal serait un DVD avec sous-titrage,
mais j'ignore si cela existe. Notez que le polonais est une
langue très agréable à entendre... et
que le film étant très fidèle au roman,
on peut le suivre sans comprendre la langue (les noms latins
s'y détachent très bien, ce qui permet d'identifier
sans mal les interlocuteurs).
La version 2001 de Quo Vadis a été
diffusée en France dans des circuits très confidentiels,
comme la "Semaine polonaise" (13-17 mai 2002) de l'Université
du Mirail, à Toulouse, mais aussi à Paris (à
la Cinémathèque, je crois).
Très prochainement sur PEPLVM-IMAGES
je rééditerai mon dossier Quo Vadis,
déjà diffusé sur feu Cinérivage. |
|
|
|
|
18 juin 2003 |
Francis
Moury a écrit : |
|
Bravo pour
cette étude détaillée sur Caligula
Je viens de découvrir - trop
tard pour l'intégrer à mon test comparatif des
deux éditions DVD de Caligula dont la parution
est imminente sur www.dvdrama.com
- deux liens entre Pier Paolo
Pasolini et le film de Bob Guccione.
Nino Baragli, crédité
comme conseiller au montage de Caligula, et Danilo
Donati, le décorateur dont Gucccione disait qu'il
était la "vraie star du film", furent en effet l'un
comme l'autre collaborateurs des principaux films de Pasolini
se situant dans l'Antiquité.
En parcourant le livre assez luxueux sur Pasolini co-écrit
par Martine Boyer (alias Britt Nini dans les Sex Star System
de la grande époque), on retrouve leurs noms - crédités
aux mêmes postes bien sûr - régulièrement
dans les fiches techniques des péplums érotiques
de Pasolini et aussi je crois dans dipe Roi et
Médée... de mémoire car je n'ai
plus le livre sous la main : je le lisais hier dans le hall
d'attente de Carlotta Films qui en avaient trois exemplaires
juste en face de mon siège ! Une simple vérification
sur www.imdb.com
et quelques autres travaux livresque sur Pasolini permettront
d'en établir la liste complète et assurée.
|
|
|
RÉPONSE
: |
|
Dans Caligula,en effet, Tinto
Brass avait pris exemple sur le Salò ou les 120 journées
de Sodome (Giornate di Sodoma) de P.P.P. pour considérer
la sujétion sexuelle comme métaphore de l'oppression
politique. Mais outre les collaborateurs que vous citez, il
y a bien d'autres connexions entre Pasolini et les péplums
de Cinecittà, ainsi le chef-opérateur Carlo Carlini,
qui remplaça Mario Bava auprès de Pietro Francisci
(L'Assedio di Siracusa et Saffo, Venere di Lesbo),
à qui le précité Hercule à la
conquête de l'Atlantide valut un prix pour la couleur,
et qui pour P.P.P. filma les séquences marocaines de
Médée (1969) [non-crédité].
Carlini a encore filmé le parodique Attila, Flagello
di Dio de Castelano et Pipolo (1982). |
|
|
|
|
19 juin 2003 |
Jean-Pierre
Brèthes a écrit : |
|
Espérons
que ce projet égyptien, Akhénaton
sortira de terre et remettra en lumière ce curieux
pharaon, dont l'histoire a déjà été
portée à l'écran en 1955 (sortie en France
1956 ?) par Michaël Curtiz : The Egyptian (L'Egyptien)
d'après le célèbre roman de Mika Waltari
: Sinouhé l'Égyptien (actuellement en
Folio chez Gallimard). C'était l'époque des
premiers films en CinémaScope et l'utilisation de l'écran
large est magnifique, notamment dans les scènes de
désert, du Nil ou à l'intérieur des palais
et des temples, les couleurs aussi sont très belles
avec notamment des jaunes et des bleus très travaillés.
On trouve parmi les acteurs un habitué du peplum, Victor
Mature, et Peter Ustinov qui cabotine presque autant que dans
Quo Vadis.
L'Egyptien dont j'ai une vidéocassette, et que
j'avais vu à 11 ans à l'époque de sa
sortie, est un film inégal, souvent très beau,
et assez fascinant, même si on peut regretter que Marlon
Brando n'ait pas joué le rôle d'Akhénaton,
pour lequel il était pressenti. A peu près contemporain
du peplum de Hawks, La Terre des pharaons, L'Egyptien
n'en est pas indigne...
A noter à propos d'Akhénaton,
le curieux roman du prix Nobel égyptien, Naguib Mahfouz
(Folio, Gallimard) : Akhenaton le Renégat Mahfouz
a aussi, au début de sa carrière, écrit
des peplums (un autre, La malédiction de Râ,
a été également traduit en français).
|
|
|
RÉPONSE
: |
|
Vous pouvez y ajouter
la pièce d'Andrée Chedid, dont il existe une
adaptation TV par Jean-Marie Coldefy, Nefertiti ou le Rêve
d'Akhénaton (1978), que je n'ai malheureusement
pas vue, et bien sûr le classique des classiques de
la BD franco-belge, Le Mystère de la Grande Pyramide
d'E.P. Jacobs basé sur la thèse hérodotienne
selon laquelle le pharaon bâtisseur forcené qui
se fit tant haïr des Egyptiens et qu'Hérodote
nomme Chéops, était en réalité
Akhénaton le constructeur de Tell Amarna. D'où
que Blake et Mortimer retrouvassent la tombe d'Akhénaton
dissimulée dans un labyrinthe secret sous la Grande
Pyramide de Chéops !
Mais au temps d'Akhénaton, les Egyptiens avaient depuis
belle lurette cessé d'enterrer leurs morts dans des
pyramides, leur préférant des hypogées
plus discrètes... Tiens, c'était la semaine
passée je crois, on parlait à la radio de la
découverte d'une tombe qui serait celle de Nefertiti,
dans la Vallée des Rois, voisine de celle de son beau-fils
Toutankhamon... Espérons que cette fois ce ne soit
plus un canular comme avec celle d'Alexandre le Grand, à
Siwa, voici une bonne dizaine d'années !
Pour rester dans le registre de la production
égyptienne, je saisis l'occasion pour rappeler à
nos visiteurs l'intéressant Emigré de
Youssef Chahine qui déchaîna l'ire des religieux
musulmans parce qu'on y voyait un juif, Joseph (rebaptisé
Ram), venir donner des leçons aux pauvres Egyptiens
stupides. Ce qui est curieux c'est que le même épisode
biblique avait aussi inspiré La Terre des Pharaons
d'Howard Hawks, tourné en Egypte, mais qui y fut interdit
par le laïc Nasser - lequel non-dépourvu de perspicacité
avait percé le non-dit du film. On y voyait un étranger
"kushite" (2)
incarné par Sir Robertson Justice venir enseigner aux
architectes de Chéops comment construire une pyramide
inviolable ! Vashtar - ainsi était-il nommé
- affichait un look de prophète biblique tel
que les peintres victoriens se plaisaient à imaginer
Moïse. Une légende médiévale ne
prétendait-elle pas que les trois pyramides de Gizah
étaient en réalité des silos à
blé construits par Jacob en prévision des sept
années de vaches maigres ? Ou alors le film anticipait-il
la construction du barrage d'Assouan, qui ne put se faire
sans l'aide de la technologie du nord ?
|
|
|
|
|
23 et 24 juin 2003 |
Jean-Pierre
Bouyxou a écrit : |
|
Un
mot au sujet d'Antar... Les deux films suivants ne figurent
pas dans ta filmographie :
- Phool aur Antar, de Govin
Pawar (Inde);
- Antar au pays des Romains,
d'Orhon M. Ariburnu (Turquie). (Antar au pays des Romains
(film turc) ne doit évidemment pas être confondu
avec Antar contre l'Empire romain de Salah Abou
Seif (film égyptien), malgré la ressemblance
des titres.)
Je les ai vus l'un et
l'autre en 1977 (le premier le 23 février, le second
le 29 mai), en version doublée, dans des salles de
langue arabe à Paris. Les affiches de l'un ne citaient
que le titre original, celles de l'autre seulement le titre
français. Je ne sais même plus s'ils étaient
annoncés dans Pariscope. Ils ne sont en tout
cas, à ma connaissance, répertoriés ni
dans La Saison cinématographique ni ailleurs.
Je m'en souviens comme d'agréables petites productions,
un peu bavardes, un peu naïves, mais pleines de charme,
avec de jolies séquences fantastiques.
J'ignore leur date de
réalisation, et je n'ai pas le courage de remuer des
quintaux d'archives pour chercher les bouts de papier où
j'ai noté, en les relevant sur les génériques,
les noms des acteurs.
J'ai fait en vain une recherche sur le site www.imdb.com,
qui ne les recense pas. (Attention, il ne faut pas confondre
Govind Pawar avec un autre cinéaste turc, G.P. Pawar,
actif de 1929 à 1958.) J'ai trouvé trace dans
la filmographie d'Ariburnu d'un Anter (avec un "e")
en 1974, mais est-ce le même film ? Mystère !
(...) Bien que je ne connaisse
malheureusement pas un seul mot de turc, un bouquin sur le
cinéma fantastique anatolien (Fantastik Türk
Sinemasi, de Giovanni Scognamillo et Metin Demirhan) nous
apprend quelques trucs intéressants :
- Le nom complet de Ariburnu (sans
point sur le "i", ce qui n'est pas fastoche à obtenir
sur un ordinateur occidental !) est : Orhon Murat Ariburnu.
- Son Anter de 1974 (avec
Muhammed Mevla et Abdullah Favaz dans les rôles
principaux) met bien en scène un héros à
gros biceps. Il n'y a aucune photo ou affiche du film
dans le livre, et je ne peux donc pas savoir si ça
évoque Antar. Mais j'en ai subjectivement l'impression
: il pourrait donc bien s'agir d'Antar au pays des
Romains.
- Le livre ne répertorie
aucun film avec le nom d'Antar dans le titre.
- Il existe un Altar de Remzi
Jöntürk (1985, avec Sait Seyit et Çeçilya
Daymaz), mais qui ne semble avoir aucun lien avec Antar
: le texte cite "Conan le Barbare" comme référence.
Par contre, j'ai déniché
sur www.imdb.com
deux autres films égyptiens : Antar Effendi
de (et avec) Stephan Rosti, en 1936, et Ibn Antar d'Admed
Salem en 1948. A signaler, enfin, que le même site date
Bent Antar de 1964 (au lieu de 1973).
Plusieurs films cités
par Scognamillo et Demirhan s'apparentent de toute évidence
au péplum, par exemple Karaoglan - Bizansli Zorba,
de Suat Yalaz (1967, avec Kartal Tibet et Esen Püsküllü),
dont l'affiche montre un gladiateur en pleine action et un
Romain couronné de lauriers.
Encore bravo pour ton
travail, toujours aussi impeccable et passionnant. |
|
|
RÉPONSE
: |
|
Un grand merci,
Jean-Pierre, pour ces précisions. Travailler sur le
cinéma oriental n'est pas chose évidente, les
conditions économiques dans ces pays étant ce
qu'elles sont, on n'y trouve point à chaque coin de
rue des exégètes ou des collectionneurs comme
c'est le cas en Europe et aux Etats-Unis ! Zeus sait pourtant
combien j'aimerais ajouter à ma collection des affiches
de péplums italien ou américain revisités
par le goût arabe. Il me souvient [voir ci-dessous]
d'une affiche un peu "guimauve" collée au mur dans
une rue du Caire, en juin 1977, d'Herqal wa l-shayâtîn
[avec un point sous le t, mais je sais pas comment faire
vu que mon WP va être converti en HTML], c'est-à-dire
"Hercule contre les Diables" - il s'agit de Hercules prisonner
of Evil/Ursus, la Terreur des Kirghizes de notre ami Margheriti,
que tu as bien connu (3),
même s'il n'en fut que le prête-nom.
Une autre frustration est de n'avoir pu illustrer mon étude
sur Antar qu'avec la jaquette vidéo du film 1963, alors
que je possède des affiches d'Antar wa Abla
et d'Antar à la conquête du Sahara [et
quelques dias des photos exposées à l'entrée,
prises à l'époque] (et aussi l'italienne,
avec le rhinocéros, de Marchands d'esclaves)...
mais j'en suis resté à la pellicule photo. Ce
qui nous prive de mettre on-line de grands documents
numérisés.
Les deux "Antar" muets de ma filmo m'ont été
signalés par un cinéaste tunisien rencontré
dans un Colloque à Jerba, en 1992, où j'eus
également l'occasion d'échanger quelques mots
avec Salah Abou Seif, charmant vieux monsieur qui fut avec
Youssef Chahine le numéro un du cinéma égyptien.
Pour le reste, si je me suis intéressé à
Antar, c'est parce que je le connaissais comme personnage
littéraire et historique contemporain des empereurs
byzantins Heraclius I et II. J'ai donc fonctionné à
partir de sources littéraires, de la Saison cinématographique
et de l'un ou l'autre bouquin sur le cinéma arabe [peu
diserts à propos des "films d'aventures bédouines",
justes bons pour le populo et quelque courrier échangé
avec l'Ambassade d'Egypte], enfin de la vision des films
de Niazi Moustapha (1963 et 1973), sans oublier bien sûr
ceux de G. Sherman (1953) et d'A. Margheriti (1964). Et de
mes fiches relatives aux ciné-photoromans de Tarzan.
J'ignorais tout des films turcs sur la question.
Notre ami Lucas Balbo a signé dans le CinémAction
consacré au péplum un intéressant article
sur les péplums turcs ("Turkish Delices"), surtout
axé sur la saga de "Tarkan le Viking".
Tu cites Karaoglan - Bizansli Zorba (1967) avec Kartal
Tibet : ce film serait donc antérieur de deux ans au
premier Tarkan (1969) de Tun° Basaran, dont
Kartal Tibet était aussi l'interprète ? Or dans
certains épisodes, Tarkan affronte également
des gladiateurs romains... Je suis évidemment très
intéressé par la vision qu'ont les cinéastes
arabes, turcs, indiens etc. de nos antiquités méditerranéennes
pagano-chrétiennes - réplique à Hollywood
et à Cinecittà qui, si souvent et sans vergogne
aucune, mirent en scène les "1.001 Nuits".
Par exemple, les
trois "Hercule" indiens dans les années '60, avec
Dara Singh - un gros biscottos du sous-continent (voir filmo
HERCULE) -, signalés
par Walt Lee, m'intriguent particulièrement, d'autant
plus que j'ai pu admirer, dans un fanzine américain
(4), certaines
affiches - très péplum - d'un de ses films N&B
: Sherdil (1965). Simple interrogation, en passant : Sherdil
serait-il la forme hindi de "Hercule" ?
|
|
|
|
|
19 Juillet 2003 |
Francis
Moury a écrit : |
|
De
Conan... aux Hmongs
Félicitations Michel : j'ignorais
pratiquement tout de cette trilogie (je me demandais toujours
d'où venait ce Conan : il me semblait assez
"impur" mythologiquement parlant) et votre étude me
donne envie de la découvrir avec beaucoup de retard.
Le rapport de l'auteur à Lovecraft avec qui il correspondait
m'a beaucoup intéressé et votre critique de
l'émission des Dossiers de l'écran est
rétrospectivement bien savoureuse ! J'ai aussi beaucoup
apprécié l'analyse des origines thématiques
des aventures de Vampirella que je lisais avec délice.
Bel exemple d'étude enrichissante qui ose faire dialoguer
Dumézil et Warren Publishing sans oublier les références
à Wagner et à Nietzsche. Il me semble que la
citation originale en exergue au film est d'ailleurs tronquée
d'un mot : je crois que la formule exacte est : "Ce qui
ne nous tue/détruit pas nous rend PLUS forts."
Je vais essayer d'en retrouver l'origine bibliographique chez
Nietzsche à l'occasion. On trouve tant de sublimes
formules comme celle-ci chez l'auteur du Crépuscule
des Idoles. Il n'hésitait d'ailleurs pas à
titrer un de ses textes par "Le marteau parle" ! |
|
|
RÉPONSE
: |
|
Sans vouloir
porter de jugement de valeur sur le conflit vietnamien vu
par le cinéma américain, j'ai cru pouvoir quelque
peu déborder sur la relation entre Apocalypse Now
et Conan le Barbare, relation qui tient dans la personnalité
de John Milius. John Milius est - tout le monde le sait -
fasciné par ce qu'il nomme la "barbarie", en fait le
paganisme, et peut-être bien les minorités (il
est l'auteur du sujet et le co-scénariste du très
beau Géronimo (Geronimo : An American Legend,
de Walter Hill, 1993) où la cavalerie US est loin d'avoir
le beau rôle). Etant moi-même plus intéressé
par une lecture mythologique que psychanalytique, même
si elles ne sont pas incompatibles, le colonel Kurtz m'est
très sympathique (entendez : je le trouve assez intéressant).
Aucun journaliste de cinéma n'a jamais fait allusion
à l'exemplaire du Rameau d'Or qui se trouve
bien en évidence sur le bureau de Kurtz. Sans doute
parce que le press-book avait omis de le leur signaler !
Quant au "peuple de l'abîme", ici les Hmongs, à
la TV je viens de voir rentrer chez eux, graciés sous
la pression internationale, le cinéaste belge indépendant
Thierry Falise et son collègue français Vincent
Reynaud condamnés à 15 ans de prison pour leur
avoir consacré un film-enquête. L'ethnocide des
Moïs continue ?
Sur feu www.cinerivage.com (pas la peine d'allez
consulter : les archives ont été "confisquées"
par qui de droit), il y a quelques bons auteurs qui se sont
fait incendier par certains visiteurs, comme Jean-Marie Sabatier
(Les classiques du cinéma fantastique), et aussi
Roland Villeneuve (Le musée des supplices, Le musée
du fétichisme, Le musée de la bestialité,
Poisons et empoisonneurs célèbres et, surtout,
Loups-garous et vampires [etc.]), que j'ai
toujours revendiqués comme source d'inspiration méthodologique.
J'ai toujours été sensible à la démarche
de Villeneuve qui consistait à confronter la culture
académique et la culture populaire, à illustrer
Dom Calmet avec une couverture de fumetti per adulti
ou une photo tirée d'un nanar de troisième catégorie.
D'où sans doute que, sans vergogne mais non sans malice,
j'aime à passer de Dumézil à la Warren
Publishing - comme vous le soulignez. |
|
|
|
Ah
deux choses encore :
1) Kalidor vient
de ressortir en DVD zone 2 chez Studio Canal et d'être
testé par dvdrama.com
2) J'ai récupéré une série de
dessins animés pornographiques allemands (3 x 60' au
total) dont l'un présente une étrange version
de l'aventure d'Ulysse et du Cyclope dans L'Odyssée
(5)
(la séquence dure 10 ou 15' env.) ! En version allemande,
et VHS PAL : assez hallucinant. Je pense que cela doit dater
des années 1970 mais je n'en suis pas sûr. On
y trouve de nombreux dessins consacrés à des
personnages et des uvres littéraires classiques
: Don Quichotte, Dracula, Ulysse, Blanche-Neige, etc.
3) La Muraille de Feu (film sur la Croisade réalisé
par Bragaglia en 1957 d'après Le Tasse, Jérusalem
libérée), Nerfertiti Reine Du Nil
(de Fernando Cerchio) et Annibale (de C.-L. Bragaglia
& Ed. Ulmer) vont ressortir assez prochainement en DVD
zone 2, avec VF, chez Opening Editions.
Arte vient de passer La
Cortigiana di Babilonia (Sémiramis, esclave et reine)
avec Rhonda Fleming, l'avez vous vu ? |
|
|
RÉPONSE
: |
|
Ce film rare devait passer les 5
et 11 juillet. Etant absent le 5, je tablais sur le 11. Annoncé
officiellement dans les magazines de programme-TV. Je perds
une heure de mon temps à guetter le film, en dépit
du fait que la chaîne choucroute-camembert soit généralement
d'une ponctualité irréprochable, mais on ne sait
jamais - n'est-ce pas ? Et puis on nous passe... Sansa
(qui vient d'être présenté à Cannes
voici quelques semaines, on se demande vraiment comment ça
peut être déjà programmé (sic)
à la TV, aurait-on des doutes - que je partage - sur
l'éventuelle carrière commerciale de ce petit
bijou ?).
J'envoie un e-mail à la chaîne qui ne s'excuse
même pas, mais va transmettre mes doléances à
sa direction qui s'en fout, et me jure ses grands dieux qu'elle
m'informera d'une éventuelle reprogrammation. Fassent
les dieux que je vive assez vieux pour connaître ce délice
(mais j'ai davantage confiance dans mes correspondants susceptibles
de l'avoir enregistré et de m'en faire une copie). Quand
donc les chaînes TV prendront conscience qu'un programme
publié constitue un engagement moral ? |
|
|
|
Traduttore... traditore
Tiens j'ai repensé
à vous en me plongeant dans les vies d'Eumène
et de Sertorius (Vies Parallèles de Plutarque),
dans la traduction de Bernard Latzarus en Classiques Garnier
: génial comme d'habitude cet écrivain. On a
vraiment l'impression qu'on a passé toute notre vie
avec les gens dont il parle et à l'issue d'une de ces
vies, on en sait autant que si on était leur ami d'enfance.
C'est ce que disait mon parrain et il avait raison.
En plus la traduction, en français moderne, de Latzarus
est beaucoup plus agréable à lire que la traduction
d'Amiot du XVIe siècle reprise par La Pléiade
et Le Club Français du Livre. On comprend plus aisément
et beaucoup mieux. Pour les contemporains d'Amiot (ou Amyot,
je ne sais jamais comment l'orthographier celui-là
!) comme Montaigne, c'était certainement bien mais
en 2003 je préfère tout de même lire du
français d'un prof. de la Fac. d'Aix-en-Provence des
années '50 !
|
|
|
RÉPONSE
: |
|
Amyot ne fait le bonheur que des
amateurs de français classique, mais est d'un intérêt
assez flou pour ceux qui s'intéressent davantage à
l'histoire. J'ai pu le constater voici quelques mois en essayant
de déchiffrer sa description de la bataille de Carrhæ,
pour une étude sur Alix que je prépare. Heureusement
pour moi, je disposais également de L'Histoire de
l'Empire parthe d'André Verstandig (6)
! Je me souviens de m'être moqué d'une courte BD
consacrée à Spartacus et dessinée par les
talentueux Fred et Liliane Funcken. Particulièrement
fantaisiste, elle nous apprenait notamment que Spartacus au
lendemain de son évasion de Capoue s'était retranché
avec ses compagnons dans une forteresse sur le Vésuve.
Quelle forteresse ? Il n'y en a jamais eu. Puis un beau jour
le texte d'Amyot m'est tombé sous les yeux. C'est lui
qui parlait de "forteresse", et les Funcken n'auraient pas dû
se fier à lui. En réalité Spartacus s'y
était seulement retranché sur le Vésuve,
ce qui n'est pas tout à fait la même chose... Eh
oui, il faut se méfier des traductions... Si vous voulez
lire Aristophane d'un point de vue helléniste, choisissez
plutôt la Budé (d'Hilaire Van Daele), plus littérale,
de préférence à celle du Livre de Poche
(de V.-H. Debidour), plus littéraire. De même qu'il
vaut mieux lire Catulle dans la traduction Latomus non expurgée
(que je recherche) que dans la Budé qui résume
entre crochets les passages scabreux. C'est ainsi que le fameux
"Pedicabo ego vos et irrumabo" ("Je nous enculerai et vous me
sucerez" - Catulle, XVI, 1), que je me suis amusé à
citer à propos du hardcore Private Gladiator
sous ma rubrique DVD, y devient benoîtement : [Je
vous donnerai des preuves de ma virilité] ! Ah bon
? |
|
|
|
|
29 Juillet 2003 |
Jean-Claude
Taral a écrit : |
|
Au milieu
des années '60 je me souviens d'avoir vu un extrait de
film où une troupe en petit nombre utilisa la réverbération
des boucliers pour attirer une armée de chars dans un
ravin. Si cela vous dit quelque chose, j'aimerai connaître
le titre de ce film et s'il est disponible en K7 ou DVD ? |
|
|
RÉPONSE
: |
|
Il s'agit de Salomon
et la reine de Saba, de King Vidor (1959) avec Yul
Brynner (qui remplaçait Tyrone Power, décédé
pendant le tournage) et Gina Lollobrigida.
Le scénariste s'est souvenu des 300 boucliers
d'or (I Rois, 10 : 16-17 et 14 : 25-28), qui décoraient
le Temple de Jérusalem, que pillèrent les Egyptiens
du pharaon usurpateur Sisac (Sheshonq) - toutefois cela se
passait sous le règne de Roboam, fils de Salomon.
Salomon, qui était le gendre du précédent
pharaon Psousennès (ou Siamon), n'eut jamais à
faire la guerre aux Egyptiens. Le scénario télescope
donc des événements qui se passent sous deux
règnes différents et transforme en victoire
israélite ce qui avait été une défaite.
Mais comme les raisons du vainqueur sont toujours les meilleures
et que depuis deux ans les Israéliens occupent le Canal
de Suez (1957)...
En outre, il imagine une "ruse de guerre" qui n'est pas dans
la Bible, mais qui cependant n'est pas invraisemblable. L'historien
latin Florus, par exemple, raconte que lors d'une bataille
opposant les Romains aux Cimbres, dans le sud de la France,
la réverbération du soleil sur les armes et
armures romaines éblouirent les barbares et les empêchèrent
de combattre efficacement. Ils furent anéantis. Il
y a aussi le chemin creux d'Ohain, où se fracassèrent
les cuirassiers français (bataille de Waterloo), épisode
rendu fameux par le père Hugo !
A ma connaissance Salomon et la reine de
Saba n'a jamais été édité
en VHS, ni en DVD.
(Erratum octobre 2003 : Je retrouve une information
selon laquelle Salomon et la Reine de Saba fut bel
et bien édité en vidéo par Niagara Video.
Mars 2004 : Salomon et la reine de Saba est
désormais disponible
en DVD)
|
|
|
|
COURRIER JUIN - JUILLET 2003 - NOTES :
17 juin 2003
(1) Pour être tout-à-fait
précis : c'est la maison de Pétrone qui contient de
nombreuses reproductions de la "Villa des Mystères" de Pompéi,
mais traité dans des tons clairs (blanc, gris, ocre). Le
restant de sa maison est en Premier style pompéien (formes
géométriques en panneaux de faux marbre peint). Le
palais de Néron, lui, contient de nombreuses fresques rouges,
qui connotent l'incendiaire (?) . Il faut dire que Néron
ne véçut dans la Domus Aurea que les six ou huit derniers
mois de sa vie, aussi le cinéaste n'a-t-il pas cru devoir
construire un nouveau décor pour les scènes finales
qui s'y passent. Dans le dossier que je mettrai en ligne, il y aura
mes reflexions sur cet hiatus temporel qui trouve sa justification
dans les nécessités dramatiques du scénario.
- Retour texte
19 juin 2003 :
(2) Le pays de Kush est le Soudan
central. Mais Vashtar et ses compagnons déportés n'ont
pas vraiment l'air d'être des Soudanais ! - Retour
texte
23 et 24 juin 2003 :
(3) Jean-Pierre BOUYXOU, La science-fiction
au cinéma, Union Générale d'Edition, coll.
10/18, n° 564-566, 1971, pp. 254 et 461. - Retour
texte
(4).North Africa's magazine of Cinema
fantasy and the Unknown, David Soren éd. (Harvard University,
22 Chauncy St 18, 02138 Cambridge, Mass. U.S.A.], n° 1,
s.d. (1971 ?). - Retour texte
19 juillet 2003 :
(5) Pas de référence
commerciale connue. Mais toujours bon à savoir...
- Retour texte
(6) Bruxelles, Le Cri, 2001. - Retour
texte |
|