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JUIN
2006
- 2 juin 2006
- 24 juin 2006
- 27 juin 2006
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2 juin 2006 |
CELTE
QUE J'AIME, C'EST TIN-TIN-TIN-TIN... (LE ROI DES CELTES) |
Serge
a écrit : |
Je
vous félicite pour cet inventaire titanesque.
Je suis comme vous (et comme beaucoup d'autres sans
doute), un fan de la série Le Roi des Celtes.
Et je cherche, mais en vain,
la possibilité de me procurer cette série
en DVD. Avez-vous connaissance d'une édition
? |
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RÉPONSE
: |
Non, ça n'existe
pas à ma connaissance, ni en DVD VF, ni en DVD
VO. Je ne connais que la VHS dont j'ai donné
la référence. Mais si jamais vous trouviez
quelque chose, faites-le moi savoir, pour que j'en fasse
profiter les visiteurs du site : plusieurs déjà
m'ont écrit pour la même raison que vous.
Mais on est parfois surpris de découvrir, un
jour, qu'existaient des pressages VF ou autres dont
on ne soupçonnait pas l'existence !
A la TV, je n'ai pas vu la série complète,
et le catalogue des épisodes que j'en donne n'a
aucune prétention d'exhaustivité; il est
basé sur des pages de programmes TV que j'avais
rassemblées dans un dossier.
Merci pour votre appréciation du site.
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24 juin 2006 |
HANNIBAL
NE VOULAIT PAS LE MALHEUR DES ROMAINS... |
Eric
a écrit : |
J'ai
lu votre article avec intérêt concernant
le docu-fiction d'Edward Bazalgette, récemment
diffusé en France. Comme vous le faites remarquer
on ne peut pas tout dire dans un téléfilm
sur un personnage tel qu'Hannibal. La trame historique
est globalement respectée et il y a des efforts
louables, en particulier sur les tenues qui bien qu'imparfaites
sont assez approchantes (quoique la «patine»
des toges des sénateurs soit un peu forcée,
ils semblent avoir déchargé du charbon
avant d'entrer en séance... mais bon).
Par contre l'esprit du film est
- semble-t-il à dessein - assez douteux. Hannibal
est présenté comme un combattant de la
liberté face à l'oppression romaine alors
qu'il est le général de ce que l'on nommerait
de nos jours un Etat souverain dont l'impérialisme
s'oppose à celui de Rome. Le film en fait presqu'un
«Tunisien» alors qu'à cette époque
la civilisation punique est considérablement
influencée par le modèle hellénistique,
les seuls vrais indigènes étant au demeurant
les Numides.
De fait, la référence à un Empire
romain qui n'existe pas encore ou qui se limite à
l'Italie et à la Sicile ne tient pas mais la
confusion est entretenue vis-à-vis du public
comme si la seule Carthage se révoltait face
à l'Empire romain tel qu'il apparaît au
début de notre ère. Le refus de marcher
sur Rome pour des raisons humanitaires est absolument
ridicule, il ne sert qu'à opposer un Hannibal
prétenduement «humain» à des
«Romains pré-fascistes»; en fait,
si le Barcide refuse de marcher sur l'Urbs, c'est
tout simplement qu'il n'en a pas les moyens et qu'en
général avisé il le sait, aussi
préfère-t-il tenter de ruiner le système
d'alliance romain.
Evidemment les Carthaginois ne sauraient avoir de colonies,
cette tare n'étant que le fait de «ceux
d'en face», de là à ce qu'ils n'aient
jamais eu d'esclaves... Enfin, last but not least,
parler d'Hannibal pendant presque deux heures sans employer
une seule fois le mot mercenaire est une prouesse peu
commune : on préfère parler d'une force
cosmopolite, multinationale, et pourquoi pas plurielle
tant qu'on y est, évidemment à l'heure
d'aujourd'hui le mercenaire ne fait pas vraiment recette
dans les milieux politiquement corrects.
En conclusion si le film est
assez juste en ce qui concerne l'Histoire événementielle
il se place dans une perspective radicalement idéologique
dès qu'il s'agit de présenter la lutte
entre de «gentils» Orientaux et de méchants
«Occidentaux» (les Romains et en particulier
Scipion ne faisant que plagier leur génial adversaire;
quant aux Celtes ils sont fourbes, lâches et cruels
et se rangent du côté d'Hannibal une fois
celui-ci vainqueur).
Cette vision rentre dans une logique globale de culpabilisation
de l'Occident qui de Rome à la colonisation en
passant par les Croisades n'a jamais été
pour certains que le lieu à partir duquel on
a tenté d'asservir la Terre entière, aussi
cet Hannibal est il dans l'air du temps. |
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RÉPONSE
: |
Voilà un courriel
comme j'aimerais en recevoir plus souvent ! Mais d'abord,
un détail pratique, car vous m'écrivez
«récemment diffusé en France»
: vous parlez bien du DVD Hannibal, d'Edward
Bazalgette ? Ce docu-fiction serait donc déjà
passé à la TV, détail qui m'aurait
échappé (à ma connaissance - au
moment où j'écris - c'est seulement l'Hannibal
de Bedser qui a été diffusé aux
TV belge et française) ? (N.d.M.E. : Il s'agissait
bien de celui de Bedser.)
De toute façon, ces deux docus appartiennent
à la même veine...
Vous avez raison de dénoncer l'orientation «politiquement
correcte» d'Hannibal, qui n'est pas sans
rappeler un récent débat sur l'histoire
coloniale de la France. Mais, comme disait Ponce Pilate,
«Qu'est-ce que la Vérité ?».
Il y a longtemps que je crois plus à l'histoire
angélique où tout est blanc ou noir. Horst
Wessel - dont les nazis firent un martyr de la cause
- n'était qu'un souteneur victime d'un règlement
de compte, et Zorro le Justicier un peu reluisant bandit
de grand chemin. Même Davy Crockett n'était
pas un petit saint (1),
quoique je préfère me rappeler avec émotion
du premier héros de mon enfance (merci Oncle
Walt !, merci Fess Parker !) qui, percé de toutes
parts, meurt en combattant sur le parapet de l'Alamo
- alors qu'en réalité, il déposa
les armes et fut fusillé séance tenante...
Voilà pour quelques personnages relativement
récents, et malgré tout sujets à
controverses. Que dire de nos «grands ancêtres»,
quasiment lovecraftiens, qui vécurent voici 2.000
ans ?
On n'imagine pas, bien évidemment, de consacrer
à un personnage historique une biographie qui
ne serait pas quelque peu «laudative». Or
Hannibal fut un authentique génie militaire,
qui tint en échec les armées romaines
avec des troupes inférieures en nombre : il faut
bien l'admettre, puisque ce sont ses ennemis, les Romains,
qui le disent. Mais comme vous, je doute qu'il ait renoncé
à marcher sur Rome simplement «par souci
humanitaire» (ainsi que vous le résumez);
plus exactement «parce qu'il ne voulait pas
détruire Rome, la jugeant utile dans la configuration
géo-politique de son temps» (c'est
à peu près comme ça que le docu
trousse le compliment, que je cite de mémoire).
Je pense, comme vous - et il me semble l'avoir déjà
écrit quelque part dans ce dossier -, qu'il ne
se sentait pas l'envergure nécessaire pour assiéger
cette ville, encore modeste par rapport à ce
qu'elle deviendra plus tard, mais certainement plus
importante que Sagonte qu'il avait mis huit mois à
réduire. On sait du reste quel fut le triste
destin des Sagontins vaincus. Mais le docu ne s'appesantit
pas là-dessus. Qui donc s'intéresse encore
aux Pieds-Noirs, ou aux Harkis... ?
Ce souci humanitaire d'Hannibal serait, du reste,
en totale contradiction avec son serment de ne jamais
être l'ami des Romains (bien sûr, c'est
une fois de plus les Romains «qui racontent»)
et avec les usages militaires de l'époque, quoique
ceux-ci souffrissent des exceptions : ainsi, contre
l'avis des Thébains, les Spartiates refusèrent
de raser Athènes à l'issue de la Guerre
du Péloponnèse.
Oui. Vous avez mille fois raison. Le cliché
de l'Empire romain explose à la gueule du téléspectateur
moyen, lequel n'a - bien entendu - aucune notion de
chronologie. Or, à l'époque d'Hannibal,
il n'y a aucune velléité impériale
de la part de Rome. Repus, les Romains possédaient
ce qu'ils voulaient : l'Italie, la Sicile. Et même
la Sardaigne. Qui donc est cet emmerdeur punique qui
approche avec ses cohortes de mercenaires ?
Vous dites que Carthage était «un
Etat souverain dont l'impérialisme s'oppose à
celui de Rome». Nuançons. Une fois
maîtresse de l'Italie et de la Sicile, Rome ne
souhaitait pas s'étendre davantage. C'était
un Etat conservateur basé sur la propriété
foncière, qui avait trouvé ses points
de repère. Nullement un Etat impérialiste.
Une fois Carthage rasée, en 146, les Romains
se désintéresseront totalement de l'Afrique
pour laquelle ils n'avaient formé aucun projet.
Bien sûr, il y avait aussi à Rome un parti
impérialiste-progressiste (les deux ne sont pas
incompatibles) autour des Scipions : celui des banquiers
philhellènes, qui avaient des intérêts
commerciaux communs avec les Grecs de Campanie, ennemis
naturels des Carthaginois.
Les Carthaginois, eux, n'avaient pas d'empire (pas
plus que les Belges avant que leur roi Léopold
II - à leur corps défendant - ne leur
lègue le Congo, qui était sa propriété
privée). Une «propriété privée»,
c'est ce qu'il était advenu de l'Espagne conquise
par les Barcides, en compensation des territoires perdus
au terme de la Première Guerre punique (Sicile,
Sardaigne). En réalité, la Deuxième
Guerre punique ne fut pas le fait d'une décision
du Sénat de la République de Carthage,
mais l'entreprise privée de chefs de guerre factieux
et revanchards, les Barcides, représentés
par Hannibal. (Imaginez l'OAS prenant le contrôle
de l'Espagne franquiste, pour partir à la reconquête
de la France [ou de l'Algérie, c'est selon] !)
Naturellement, les Carthaginois avaient des esclaves,
comme tout le monde, comme les Romains - encore que
Rome était alors très loin de disposer
du parc servile qui sera le sien un ou deux siècles
plus tard, après l'assujettissement des royaumes
hellénistiques.
Les mercenaires
de Carthage ? Faut croire en effet que, depuis la Première
Guerre punique, elle n'en avait plus, ayant assassiné
tous les siens - ceux d'Hamicar Barca précisément
- pour ne pas devoir payer leur solde ! Je n'avais pas
remarqué que le terme «mercenaire»
avait été gommé du discours accompagnant
le docu-fiction. C'étaient donc des «Casques
Bleus» avant la lettre ? Vous savez, on peut être
qualifié de «mercenaire» et être
animé de sentiments patriotiques, comme le rappelle
votre compatriote le journaliste Jacques Le Bailly (2),
parachuté en Normandie sous l'uniforme britannique
et capturé par les SS de la division Hitlerjugend,
lesquels consignèrent sur sa fiche, après
lui avoir offert des cigarettes : «Mercenaire
de l'Angleterre.» Entre mercenaires...
Mais trêve de plaisanteries.
Ce débat m'en rappelle un autre, dans le journal
Tintin, à propos de la BD de Laymilie
[Jean-Luc Vernal] et Hermann, Jugurtha. Les cendres
de la Guerre d'Algérie étaient encore
chaudes, quand furent publiées les premières
planches de cette saga à la gloire du «résistant»
Numide, où Marius et les Romains n'étaient
guère flattés. Des lecteurs écrivirent
des lettres incendiaires pour dénoncer la manipulation
(André Leborgne les a incluses dans la première
édition en album de Jugurtha (R.T.P.,
1975)). C'est clair que les auteurs de cette BD ne portaient
pas sur leur héros le même regard que le
Romain Salluste (La guerre de Jugurtha) ! Le
pirate qu'on amena, dit-on, fers aux pieds, à
Alexandre le Grand, n'avait pas tort non plus quand
il lui dit : «J'ai deux bateaux : je suis un
pirate. Tu en as deux cents : tu es un conquérant.»
Eut-il eu davantage de moyens, c'est bien évidemment
à ce pirate qu'Oliver Stone aurait consacré
son film ! Ne nous leurrons pas : intègres ou
veules, les grands de ce monde sont des voyous qui ont
réussi ! Des mutins, pas des moutons !
Voici donc venu le temps de l'autre vérité,
celle qui est favorable à Hannibal.
Elle nous enseigne que rien n'est éternel, et
nous rappelle que les historiens reflètent toujours
la réalité de leur époque. L'époque
où ils écrivent. Ses modes, ses manies,
ses fantasmes. Ses demi-vérités, surtout.
Aujourd'hui, l'Occident accuse un net reflux, et - pour
reprendre un exemple de votre conclusion - les Croisades
ne sont plus ce grand moment de gloire et de chevalerie,
mais une lâche agression contre l'Islam.
Et il n'y a plus personne pour se demander comment les
Musulmans s'accaparèrent des trois-quarts du
bassin méditerranéen, débris de
l'Empire romain chrétien conquis à la
pointe du cimeterre...
NOTES :
(1) ... et
la cause des Texans plus que douteuse !- Retour
texte
(2) Jacques
LE BAILLY, Une poignée de mercenaires,
Presses de la Cité, Paris, 1967. - Retour
texte
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27 juin 2006 |
HANNIBAL,
LE «CASQUE BLEU» |
ERIC
RÉÉCRIT : |
J'ai
pris un vif plaisir à lire votre réponse
et je souscris pleinement aux précisions historiques
que vous apportez, me référant au film
j'étais simplement resté «un cran
plus bas». S'agissant du docu-fiction lui-même
je parlais de celui diffusé à grand renfort
de publicité il y a environ un mois, le jeudi
soir à la télévision française
[Il s'agit donc de l'Hannibal de Bedser, non
celui de Bazalgette - N.d.M.E.].
J'en reviens à vos précisions, évidemment
quand je parle d'Etat souverain, j'emploie une référence
moderne qui ne correspond qu'imparfaitement au concept
de la Cité-Etat antique, il en est de même
pour «l'impérialisme romain» et vous
faites bien de le souligner, il semblerait en effet
que la politique d'expansion romaine réponde
davantage à une volonté d'aération
de son glacis protecteur qu'à un plan préétabli,
tout au moins dans les premiers temps de la conquête
du monde méditerranéen; celle-ci sera
plus tard «idéologiquement» justifiée
par Virgile au moment où l'Empire s'établit
dans ses formes quasi définitives [«A
toi, Romain, qu'il te souvienne d'imposer aux peuples
ton empire. Tes arts à toi sont d'édicter
les lois de la paix entre les nations, d'épargner
les vaincus, de dompter les superbes» (VIRGILE,
Enéide, VI, 836-864) - N.d.M.E.].
Quand je parle d'empire carthaginois, j'évoque
naturellement l'empire commercial et les alliés;
concernant les mercenaires il est amusant de rappeller
que trois pays européens emploient encore des
unités mercenaires : la France avec la Légion
étrangère, le Royaume-Uni avec les Gurkhas
et le Vatican avec les Gardes Suisses - mercenaires
entendus stricto sensu, c'est-à-dire de
personnes se battant pour un Etat ou un souverain qui
n'est pas le leur, et contre rémunération.
Ceci dit il n'y a pas lieu de voir dans ces exemples
une horreur incommensurable et n'en déplaise
aux pères la vertu, les pilotes de l'escadrille
Malraux pendant la Guerre d'Espagne étaient eux
de vrais mercenaires au sens où les moralistes
actuels entendent dénoncer cette profession,
mais bien entendu ils étaient du côté
des gentils...
En revanche, rien à redire
sur le génie d'Hannibal, qui mérite largement
sa place au panthéon des grands capitaines. Quant
à illustrer son humanité, le réalisateur
aurait mieux fait de dire qu'il avait rendu les honneurs
de la guerre à Paul Emile après Cannes
et qu'il l'avait fait enterrer décemment; pourquoi
chercher dans le farfelu ce qui existe déjà
dans l'Histoire ?
Pour conclure, je pense qu'il
ne faut pas abdiquer et continuer à «ouvrir
sa gueule» à chaque fois que l'on veut
nous faire avaler de la moraline politiquement correcte;
à ce titre j'ai été heureux de
constater que je n'étais pas seul, je crois d'ailleurs
que les gens sont de moins en moins dupes, du moins
j'ose l'espérer. |
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RÉPONSE
: |
Tout groupe
humain a besoin d'un mythe fondateur. Je veux bien admettre
que l'Europe soit devenue une société
multiculturelle, mais je ne suis pas sûr qu'obérer
nos anciennes valeurs pour nous recadrer sur nos fautes,
nos erreurs passées, soit une bonne solution.
Reprennons l'exemple des Croisades (l'épithète
«Croisé» est devenu, aujourd'hui,
une injure dans la bouche des Musulmans pour désigner
les Sionistes et leurs alliés [Occidentaux, bien
entendu]). Moi qui ai lu Amin Maalouf aussi bien que
René Grousset, je constate que l'un et l'autre
camp ne fut pas toujours très chevaleresque.
La Realpolitik, camarade ! C'est vrai que les
«Franj» étaient encore des demi-barbares...
mais la soi-disant supériorité de la civilisation
musulmane était redevable pour beaucoup aux élites
chrétiennes et juives phagocytées (Anne-Marie
Delcambre [1]),
n'en déplaise à cette brave Sigrid Hunke
(Le Soleil d'Allah brille sur l'Occident. Notre héritage
arabe). Un récent L'esclavage blanc en
Méditerranée (1500-1800) de Robert
C. Davis (2)
remet les pendules à l'heure et montre que les
agresseurs étaient dans les deux camps, les pirates
sarassins remontant jusqu'aux côtes anglaises
pour opérer leurs razzias de populations.
En fait, les collections de documentaires et de docu-fictions
que nous proposent régulièrement les chaînes-TV,
ne sont rien de plus que des produits de consommation
dont souvent les ambitions ne volent guère plus
haut que celles des scénaristes d'Hollywood ou
de Cinecittà (seuls les moyens différent).
On nous exhibe des «spécialistes»
qui bien souvent ne font que cautionner les lieux communs
les plus crasseux. Je viens de voir un troisième
docu-fiction sur notre ami Hannibal, celui de la ZDF
(Hannibal - La Chute de Carthage, réal.
Georg Graffe & Stephan Koester, 2004), troisième
volet de la série Imperium qui en compte
quatre. Un certain Prof. Alexandre Demandt, de l'Université
Libre de Berlin, y glose sur les sacrifices humains
qui, dans des situations de difficultés extrêmes,
avaient encore cours à l'époque, aussi
bien chez les Carthaginois que chez les Romains. C'est
bien d'évoquer ce dernier point. J'aurais d'ailleurs
aimé qu'il développe la question des sacrifices
humains chez les Romains, attestée par des auteurs
latins (un couple de Grecs et un couple de Gaulois furent
enterrés vifs sous le Forum Boarium, pour
conjurer la menace d'Hannibal aux portes de Rome). En
revanche, les sacrifices d'enfants à Carthage
et à l'époque d'Hannibal me paraissent
relever de la désiformation pure, dans la mesure
où aucun historien [romain] des Guerres Puniques
n'y fait référence - hormis le poète
épique Silius Italicus. Qu'importe, le brave
Prof. Demandt y va de son chapitre romanesque : le quatrième
fils d'Hamilcar Barca, celui dont l'Histoire n'a pas
conservé trace des hauts faits, ni même
son nom, n'aurait-il pas été, enfant,
immolé à Baal-Hammon ? Spéculation
totalement gratuite pour introduire une réflexion
facile sur la psychologie d'Hannibal !
NOTES :
(1) A.-M. DELCAMBRE,
L'Islam des interdits, Desclée de Brouwer,
2003, p. 71 sq. - Retour
texte
(2) R.C. DAVIS,
Esclaves chrétiens, maîtres musulmans.
L'esclavage blanc en Méditerranée (1500-1800),
éd. Jacqueline Chambon, 2006. - Retour
texte
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