courrier peplums

JUILLET 2006

 
1er juillet 2006
RECHERCHE DE VIEUX PÉPLUMS TV AMÉRICAINS
Jacques a écrit :

Je vous avais déjà écrit il y a environ un ou deux ans pour une recherche de vieux péplums américains sur la guerre de Troie, mais malheureusement la réponse avait été négative. Dans l'espoir que les choses ont changé depuis ces deux années, je me permets de vous renouveler ma demande en espérant que cette fois la réponse sera favorable, de façon à faire de moi un homme heureux.

Y a t-il moyen aujourdhui de se procurer en VHS (ou dans le meilleur des cas en DVD) les péplums suivants :

  • The Iliad (William Spier production, USA, 1955. Episode de la série télévisée «Omnibus», première diffusion sur NBC le 3 avril 1955).
  • The Fall of Troy (1184 BC) (USA, 1953, réalisé par Sydney Lumet, épisode de la série télévisée «You Are There», première diffusion sur CBS le 20 décembre 1953) ?

D'autre part, j'ai suivi sur Allociné le film Troie, de Wolfgang Petersen, depuis le début de sa réalisation. En visionant certaines bandes annonces, j'ai remarqué à plusieurs reprises que certaines scènes ne sont pas dans le film (de plus, au début, la durée du film était de 2h 45' au lieu des 2h 35' du DVD commercialisé actuellement). De ce fait, y aura-t-il une version longue de prévue dans les temps a venir ?
J'ai entendu parler d'une version longue d'Hélène de Troie de Robert Wise (version commercialisée actuellement : 115'). Pouvez vous m'en dire plus ? Et enfin, La colère d'Achille est-il sorti en DVD ?

Je vous en remercie par avance et félicitation pour votre site car j'y apprend beaucoup !

 
 
RÉPONSE :

Désolé, mais pous présumez de mes capacités (oui je sais : on ne prête qu'aux riches !). J'ignore si ces vieux docu-télé ont la moindre chance d'être un jour réédités en DVD, et si cela était : en serais-je informé pour autant ?

Je ne suis pas non plus au courant des différences de minutages pour les films de Wise et de Petersen. Vous savez, au montage final, il y a souvent des scènes qui sont sacrifiées pour des raisons de cohérence, de standardisation des fourchettes horaires, ou tout simplement du fait de la censure des différents pays. Il y a aussi... tout bêtement des fautes de frappe dans les fiches techniques.

Pour La Colère d'Achille, son édition en DVD avait été annoncée chez L.C.J., mais à notre connaissance cela ne se fit point. Il y eut aussi une rumeur persistante selon laquelle René Château l'aurait réédité en DVD VF (ainsi que Les Amours d'Hercule, Les Titans...). Mais je ne l'ai encore jamais vus, et de tout manière ce film n'est pas signalé sur leur site Internet. Si jamais vous les trouvez, tenez-moi au courant.

NB : Je viens d'aller sur le site de René Château : point de Titans (1), quant aux Amours d'Hercule, il s'agit d'une vieille VHS. Et pas de Colère d'Achlle. Sorry.
(En revanche La colère d'Achille est - sous le titre Achilles - bien disponible aux Pays-Bas, en VO s/t néerlandais dans la Collection «Cinema Classics». Cet éditeur a du reste rassemblé en deux mini-coffrets les péplums suivants : 1. Maciste, Gladiator of Sparta - The Revenge of Hercules - The Fall of the Roman Empire - Achilles et 2. Ulysses - Constantine the Great - The Legend of Aeneas - Attila.)


NOTE :

(1) C'était le cas, du moins, au moment de ce courriel, en juillet 2006. Mais René Château a finalement bien sorti Les Titans, dans le courant du premier semestre 2007. - Retour texte

 
 
 
17 juillet 2006
L'ÉGYPTOLOGIE BROIE DU NOIR...
CLICK
Yann a écrit :

Comme par hasard j'étais tombé sur votre site sur le sujet de l'Egypte, où l'on parle de leur identité raciale. Mais moi, je trouve vraiment triste que même à notre époque il y a toujours des gens qui ne sont pas conscients.
Juste te passer quelques images et photos sur l'Egypte ancienne.

Voici ce que Hérodote a dit à propos des Egyptiens : «Manifestement, en effet, les Colchidiens sont de race égyptienne; mais des Egyptiens me dirent qu'à leur avis les Colchidiens descendaient des soldats de Sésostris. Je l'avais conjecturé moi-même d'après deux indices : d'abord parce qu'ils ont la peau noire et les cheveux crépus (à vrai dire, cela ne prouve rien, car d'autres peuples encore sont dans ce cas), ensuite et avec plus d'autorité, pour la raison que, seuls parmi les hommes, les Colchidiens, les Egyptiens et les Ethiopiens pratiquent la circoncision depuis l'origine» (cf. site Ankh-on-line).

Aujourd'hui dans le monde de l'histoire, on voit la plupart des scientifiques qui se basent sur ce que Hérodote dit et croient tout bel et bien; mais lorsqu'il s'agit de tirer les conséquences au sujet de la race des Egyptiens, ils ne veulent pas conclure qu'il dit vrai.

Quelques preuves en images :

Ce qu'il faut comprendre, c'est l'idée d'une Egypte noire, qui a été baillonnée par les forces coloniales de l'époque, qui voulaient considérer les races noires comme inférieures. Et il ne faudrait pas croire que les égyptologues de l'époque ne le savaient pas : ils le savaient bel et bien !
Champollion disait ceci : «Quel sujet de méditation de voir la barbarie et l'ignorance actuelle des Coptes, issus de l'alliance du génie profond des Egyptiens et de l'esprit brillant des Grecs, de penser que cette race d'hommes noirs aujourd'hui notre esclave et l'objet de nos mépris est celle-là même à qui nous devons nos arts, nos sciences.»

Mais il y avait tellement de pressions venues de ses supérieurs qu'il était obligé de mentir.
C'est quand même plus facile de voir les choses en face. Voyez le Soudan : c'est une preuve immense que les Egyptiens étaient des Noirs. Les plus vieilles traces archéologiques de l'Egypte s'y trouvent; comme les Egyptiens, les Soudanais aussi étaient les suivants d'Horus ! Pour cette représentation : CLICK et CLICK. Au-dessus des Egyptiens, on peut bien voir le graphisme qui représente les Egyptiens : Remetou (CLICK).

Tu dis que ce sont des étrangers parce qu'ils ont des costumes différents : mais non, rien à voir ! Les Egyptiens portaient ce genre de costume.

J'ai déjà entendu qu'on m'a dit que Remetou ne désigne pas les Egyptiens. OK. Pour moi, Remetou était un des graphismes qui désigne les Egyptiens et si Remetou ne veut pas dire «Egyptien», ça veux dire quoi alors ? Et pourquoi ces Remetou se sont-ils placés tout au début, là où les Egyptiens se placent souvent ?

Et pourquoi on a reproduit le même dessin pour les Nubiens et si ils avaient déjà représenté les Nubiens, ces Remetou seraient qui ? et où sont les Egyptiens ? Toutankhamon (CLICK, CLICK, CLICK, CLICK et CLICK. En tout cas moi je ne vois aucune ressemblance !

CLICK, CLICK, CLICK, Là je vois que ça peut aller.
Et pour les caractéristiques traits fins des Pharaons, c'est tout à fait normal. Tous les Africains du nord-est ont des trait fins, par exemple les Ethiopiens. En outre, les Egyptiens disent qu'ils descendent des Ethiopiens et que c'est Osiris qui les a emmenés au-dessus...
Ben voilà.

J'espère qu'avec ça vous allez comprendre, et j'espère bien que d'ici là tout les Médias se mettront à dire la vérité, qui avait été cachée depuis des siècles.

 
 
RÉPONSE :

Je vous remercie infiniment pour vos précisions. Je crois bien qu'avec tout ça... je vais enfin comprendre. Promis. Juré. J'avoue que vos remarques me prennent un peu au dépourvu, n'étant pas égyptologue. Je vois que plusieurs de vos documents ont la même provenance que ceux de mon précédent visiteur dont vous avez vu le courrier. Nous voyons les Egyptiens comme des Blancs ainsi que le sont la plupart des groupes Berbères d'Afrique du Nord. Je ne vous apprendrai pas que les Berbères ne sont pas une race mais un groupe linguistique, toutefois la majorité d'entre eux relèvent de types ethniques blancs aussi dissemblables que les Touareg et les Kabyles (mais il y a aussi des groupes berbérophones «de race noire» ou... mélanodermes... pour rester dans la terminologie politiquement correcte).
Je suis assez mal placé pour trancher scientifiquement la question, surtout que comme chez les Crétois minoens les couleurs utilisées par les Egyptiens pour peindre leurs fresques relèvent de certaines conventions picturales. S'il fallait prendre ces couleurs au pied de la lettre, il faudrait admettre que tous les hommes d'Egypte étaient des Noirs (ou des Rouges), et toutes leurs femmes, des Blanches. J'en doute très fort, bien évidemment.

Par ailleurs, il me semble que la finesse des traits égyptiens et éthiopiens est précisément une caractéristique qui les distingue des négroïdes. Sans être spécialiste - j'insiste là-dessus - il me semble que la couleur de la peau n'est pas la seule caractéristiques d'une race, si tant est que le mot «race» ait encore un sens de nos jours. Il y a des Blancs dont la peau est plus claire que d'autres (quand je vais au soleil, je bronze). Et des Noirs foncés ou clairs. Il me semble à moi que la vallée du Nil était un couloir idéal pour mettre en communication des Blancs de la Méditerranée et des Noirs d'Afrique tropicale. Reste à savoir de quel groupe provenait l'ethnie dirigeante. Outre les «Egyptiens» de Basse et Haute-Egypte, on a vu - à certaines époques tardives - tantôt des Libyens, tantôt des Nubiens y prendre le pouvoir et devenir pharaons. Les Coptes actuels, qui en principe descendent des Egyptiens pharaoniques (avec le risque d'érosion ou de brassage au temps des Empire perse, grec, romain, ottoman qui se sont succédés), seraient-ils négroïdes ? La question mérite d'être posée, car en principe les chrétiens ne se seraient pas trop mélangés aux envahisseurs arabo-musulmans.

Voilà donc la question posée. Personnellement, je n'ai pas de théorie particulière à faire valoir à ce sujet... Mais le passage d'Hérodote que vous venez de me rappeler est fort curieux, en effet, puisqu'il affirme que les Colchidiens auraient été apparentés aux Egyptiens, comme le «prouve» la couleur de leur peau, leurs cheveux crépus, et la pratique de la circoncision. La Colchide antique, c'est l'actuelle Géorgie, au pied du Caucase. Le pays de Joseph Staline, qui n'était pas Noir que je sache - d'autant que l'expression «type caucasien» est précisément synonyme de «race blanche». Mais ce n'est là que je veux en venir : j'éprouve la plus grande méfiance pour la littérature ésotérique. Or au XIXe s., Eduard Schuré (Les Grands Initiés), un théoricien français du racisme - que j'avais récemment et brièvement évoqué sur ce site à propos d'un dossier sur Richard Wagner et les Nibelungen - soutient que dans les temps immémoriaux où Rama menait les conquérants Aryens dans les steppes Touraniennes, les Nègres avaient développé une civilisation puissante dont les forteresses dominaient les cîmes du Caucase. Sur quoi étayait-il son assertion ? S'était-il souvenu d'Hérodote ? Extrapolait-il la Bible ? Je n'en sais rien. De toute façon, je prends tout cela avec des pincettes.

Eh bien, voici de quoi alimenter nos réflexions ! Il est clair que la Méditerranée orientale fut un creuset de civilisations, où les Grecs - pour ne citer qu'eux - empruntèrent leur alphabet aux Sémites Phéniciens et leurs colonnes doriques et autres rudiments d'architecture aux Egyptiens. Blancs. Noirs. Métissés ? Que chacun s'en fasse sa religion.

Merci pour l'intérêt que vous apportez à mon site.

 
18 juillet 2006
A LA RECHERCHE DES GRANDS ANCÊTRES AFRICAINS
Yann réécrit :

Oui mais la civilisation égyptienne est apparue avant l'arrivé des Berbères d'Afrique du Nord. Au début, toute l'Afrique était peuplée par des Noirs, les peintures du Sahara, lorsqu'il était encore prospère, le prouvent et aussi des tests ADN comparé avec ceux des Africains actuels.

Pour les représentations des Egyptiens, puis-je vous signaler que l'Egypte ancienne était basée sur le matriacat et la couleur blanche sur les femmes, en effet, ce n'est pas du blanc, c'est de la poudre d'or symbolisant l'importance de la femme dans cette société.

Et même les Nubio-Soudanais se représent de la même façon que les Egyptiens «rouge ocre ou brun».

Vous écrivez : «Il me semble à moi que la vallée du Nil était un couloir idéal pour mettre en communication des Blancs de la Méditerranée et des Noirs d'Afrique tropicale.» Oui ça s'est réellement produit : il y a eu des liens commerciaux, mais en aucun cas ces gens n'étaient considérés comme des Egyptiens; ils étaient considérés comme des étrangers en Egypte.

Vous écrivez encore : «On a vu à certaines époques tardives, tantôt des Libyens, tantôt des Nubiens y prendre le pouvoir et devenir pharaons.» Oui, mais en aucun cas ils n'étaient considérés comme Egyptiens, mais comme des étrangers : c'était une sorte de colonisation.

Mais moi je suis tout à fait d'accord qu'il y a eu un métissage dans les siècles qui suivirent la chute de l'Egypte, avec ces invasions peut-être bien; mais l'Egypte avaient déjà des millénaires d'existence. Donc au temps de sa splendeur, la population de l'Egypte était purement négro-africaine !

Vous ajoutez encore : «Les Colchidiens auraient été apparentés aux Egyptiens, comme le «prouve» la couleur de leur peau, leurs cheveux crépus, et la pratique de la circoncision.» [Hmmm... ce n'est pas moi qui le dit, mais Hérodote - N.d.M.E.] Oui, mais il [Hérodote] a dit qu'ils ont la peau noire et les cheveux crépus, mais je ne sais rien sur les habitant de la Géorgie; j'avoue : rien. Surtout pas qu'ils étaient noirs. Mais juste après, il [Hérodote] a dit qu'ils avaient la peau noire et les cheveux crépus ! C'est vraiment étonnant ?

L'Egypte a été bâtie par le roi Narmer, qui viens du sud, donc un Soudanais. On le voit bien avec sa couronne du sud; ben on n'a pas à se poser des questions sur la vallée du Nil (sic) : «Les Nègres avaient développé une civilisation puissante dont les forteresses dominaient les cîmes du Caucase. Sur quoi [E. Schuré] étayait-il son récit ?, s'était-il souvenu d'Hérodote ?, extrapolait-il la Bible ?, je n'en sais rien. De toute façon, je prends tout cela avec des pincettes.» Peut-être qu'il s'est basé sur ceci : CLICK, CLICK, CLICK, CLICK, CLICK, CLICK, CLICK, CLICK, CLICK, CLICK, CLICK, CLICK, et CLICK. Tous ces liens attestent des traces des anciens Africains qui vivaient en Europe.

Merci bien et bonne compréhension.

 
 
RÉPONSE :

Dans mon précédent courriel, j'ai répondu à chaud, réagissant à vos arguments et aux documents iconographiques que vous produisiez (beaucoup n'étaient, du reste, que des hypothèses virtuelles, des visages de pharaons... à qui on avait attribué une pigmentation sombre. Troublants, du reste). Il ne m'avait pas paru nécessaire de systématiquement reprendre chaque élément de votre courriel, comme votre affirmation selon laquelle les savants contemporains tiennent pour véridique tout ce qu'a rapporté Hérodote, sauf le fait que les Colchidiens et les Egyptiens étaient des Noirs. Moi, je serais plus nuancé concernant Hérodote, sévèrement passé au crible par la critique historique (1) !

En revanche, je connaissais très bien le passage que vous citiez, car dans la mythologie grecque l'expédition des Argonautes en Colchide, pour conquérir la Toison d'Or, est une de mes marottes ! Attention : Hérodote rapporte ici quelque chose dont il a entendu parler, mais qu'il n'a pas vérifié par lui-même. Certes, il dit que Colchidiens, Egyptiens et Ethiopiens sont «noirs avec des cheveux crépus»... paraît-il.

Voici le passage d'Hérodote en question, dans la traduction de Larcher (1850) que j'emprunte au Site d'Eric Remacle (pour les visiteurs qui voudraient s'y reporter).

II, 103. En parcourant ainsi le continent, il [Sésostris] passa d'Asie en Europe, et subjugua les Scythes et les Thraces; mais je crois que l'armée égyptienne n'alla pas plus avant, car on voit chez ces nations les colonnes qu'il y fit ériger, et l'on n'en trouve point au delà. Il retourna ensuite sur ses pas. Quand il fut arrivé sur les bords du Phase [le fleuve Rion, en Géorgie, au pied du Caucase - N.d.M.E.], je ne puis assurer s'il y laissa une partie de son armée pour cultiver le pays, ou bien si quelques-uns de ses soldats, ennuyés de la longueur de ces voyages, ne s'établirent point sur les bords de ce fleuve.

II, 104. Quoi qu'il en soit, il paraît que les Colchidiens sont Egyptiens d'origine, et je l'avais présumé avant que d'en avoir entendu parler à d'autres; mais, comme j'étais curieux de m'en instruire, j'interrogeai ces deux peuples : les Colchidiens se ressouvenaient beaucoup mieux des Egyptiens, que ceux-ci ne se ressouvenaient des Colchidiens. Les Egyptiens pensent que ces peuples sont des descendants d'une partie des troupes de Sésostris. Je le conjecturai aussi sur deux indices : le premier, c'est qu'ils sont noirs [mélagkhroès = «peau noire»], et qu'ils ont les cheveux crépus [oulotrikhès = «cheveux crépus»], preuve assez équivoque, puisqu'ils ont cela de commun avec d'autres peuples; le second, et le principal, c'est que les Colchidiens, les Egyptiens et les Ethiopiens sont les seuls hommes qui se fassent circoncire de temps immémorial. Les Phéniciens et les Syriens de la Palestine conviennent eux-mêmes qu'ils ont appris la circoncision des Egyptiens; mais les Syriens qui habitent sur les bords du Thermodon et du Parthénius, et les Macrons, leurs voisins, avouent qu'ils la tiennent depuis peu des Colchidiens. Or, ce sont là les seuls peuples qui pratiquent la circoncision, et encore paraît-il qu'en cela ils ne font qu'imiter les Egyptiens. Comme la circoncision paraît, chez les Egyptiens et les Ethiopiens, remonter à la plus haute antiquité, je ne saurais dire laquelle de ces deux nations la tient de l'autre. A l'égard des autres peuples, ils l'ont prise des Egyptiens, par le commerce qu'ils ont eu avec eux. Je me fonde sur ce que tous les Phéniciens qui fréquentent les Grecs ont perdu la coutume, qu'ils tenaient des Egyptiens, de circoncire les enfants nouveau-nés.

II, 105. Mais voici un autre trait de ressemblance entre ces deux peuples : ce sont les seuls qui travaillent le lin de la même façon; ils vivent de même, et ont aussi la même langue. Les Grecs appellent lin sardonique celui qui leur vient de la Colchide, et lin égyptien celui qu'ils tirent d'Egypte.

C'était peut-être sur ce passage d'Hérodote que se fondait E. Schuré pour imaginer ses forteresses nègres du Caucase, en des temps... antédiluviens (entendons des temps préhistoriques, c'est-à-dire antérieurs à l'arrivée des Indo-Européens qui les refoulèrent (Age du Bronze, Age du Fer ?).

Je ne suis pas très versé en Egyptologie - la Grèce et Rome ont ma préférence - mais je n'ai jamais lu que Sésostris Ier (1970-1936/1928 av. n.E.) ait, au nord, opéré des conquêtes plus haut que... la Lybie ou la Syrie. Alors, le Caucase ?

Abrégeons le long échange que nous avons eu avec notre visiteur, les gloses sur Danaos, Cadmos et Cécrops ou l'identité raciale des Pélasges : tout ceci est exposé dans le(s) bouquin(s) de Martin Bernal, Black Athena (2).

De quoi s'agit-il ?
Martin Bernal, britannique, blanc, juif, marxiste et... sinologue (!), s'est avisé de ce que parlant des origines, les mythes grecs référaient à un apport égyptien (Danaos, fondateur d'Argos) et phénicien (Cadmos, fondateur de Thèbes). C'est ce qu'il nomme le «Modèle Ancien».
Ensuite, au XIXe s., découvrant la parenté linguistique des Indo-Européens [ou Indo-Aryens, Indo-Germains...], des philologues souvent allemands ont inventé le «Modèle Aryen», proposant la Grèce comme point de départ des civilisations occidentales supérieures. Supérieures surtout par la pointe de ses baïonnettes et de ses armes à tir rapide ! Exit, donc, l'apport méditerranéen oriental ou préhellénique.
Bernal propose alors ce qu'il nomme le «Modèle Ancien Révisé». Il partant du postulat que - davantage que leurs fans-exégètes aryens 2.000 ans plus tard - les Grecs eux-mêmes étaient plus proches et plus conscients de leurs véritables origines que nous ne pourrions jamais l'être. Bernal développe alors une relecture des sources historiques intégrant apport hamito-sémitique et apport indo-européen. On s'en doute, les faits de civilisation orientaux s'y tailleront la part du lion, au détriment de l'apport linguistique des envahisseurs «nordiques». En dépit de certaines faiblesses argumentaires (que l'intéressé va énumérer ci-dessous) les idées de Bernal n'étaient nullement irrecevables, loin de là. Comment croire que des «barbares» nomades descendus des steppes eurasiatiques (ou des forêts de Germanie (sic)) aient ex nihilo créé cette superbe civilisation hellénique sans rien emprunter aux civilisations préhelléniques et orientales plus anciennes ?
Naturellement, il y a un «effet pervers». Il y a toujours un «effet pervers» ! Nombre d'intellectuels noirs, aux Etats-Unis et ailleurs, firent des ouvrages de Bernal leur livre de chevet et s'emparèrent de ses idées pour développer les thèses de l'afrocentrisme. Etait-il croyable, en effet, que le Continent Noir, berceau supposé de l'espèce humaine le long de la Drift Valley, n'ait généré aucune civilisation digne de ce nom ? Et celle des pharaons de la vallée du Nil ? Voici donc l'Egypte, et même Sumer, relookés à l'ébonite et mobilisés aux côtés de l'Inde dravidienne pour démontrer l'antériorité d'une grande civilisation-mère noire, d'où via la Grèce serait tardivement issue l'Occidentale blanche.

martin bernal - black athena

La polémique de l'afrocentrisme sort de notre sujet - l'Antiquité au Cinéma -, donc de notre compétence. Même si quelque part on peut se demander quelle idée avaient derrière la tête les producteurs qui proposèrent le rôle du Carthaginois Hannibal à... Denzel Washington ! Et aussi les analphabètes qui confièrent à un black le rôle d'un légat de Jules César - «Magonius, commandant de la IVe légion», dans Empire (TV). Tant qu'à faire, pourquoi pas Eddie Murphy dans celui du Reichsführer-SS Heinrich Himmler ? MDR - comme disent les jeunots !
Mais tant mieux si ces élucubrations rassurent certaines personnes en quête d'une identité ! Tant mieux, ou tant pis. Rappelons tout de même que son initiateur, Martin Bernal, s'étonnait des répercussions de sa thèse, ainsi qu'il s'en expliquait dans l'«Avant-propos» du second volume de Black Athena : «Comme je l'ai exposé plus en détail dans ma préface, le premier volume de Black Athena a reçu des comptes rendus généralement favorables de la presse intellectuelle libérale, à sa sortie en Angleterre au début de 1987. On approuvait les sections d'historiographie; on était plus prudent sur mon traitement des données archéologiques. On tendait à éviter les questions linguistiques, bien que certains critiques aient émis des réserves sur mes propositions en ce domaine. Les comptes rendus professionnels ont mis plus de temps à paraître, mais ceux qui ont été publiés à cette époque étaient favorables à mon approche, sinon à tous les détails de mon argumentation.
La réaction initiale aux États-Unis a été bien différente. Les organes de la presse «libérale» ont en effet laissé tout à fait de côté
Black Athena I, tandis que sa réputation en faisait un livre culte chez les Noirs et les radicaux. Je n'en ai pas été surpris.»

(...) «Comme le Parti Communiste d'autrefois, les disciplines universitaires doivent maintenir leur autorité même après des changements de direction radicaux. Le meilleur moyen d'y parvenir est de condamner l'ouvrage du provocateur pour des idées qu'il ne contient pas (dans mon cas, que les anciens Égyptiens ressemblaient à des Africains de l'Ouest, que les Grecs étaient des Africains, que le grec est une langue afroasiatique, ou que je suis un relativiste absolu), tandis que les autorités disciplinaires adoptent nombre des idées contenues dans l'ouvrage.»

(...) [Les réticences universitaires s'exprimaient en sourdine.] «La violence de cette hostilité est bien perceptible dans la réaction d'un linguiste, spécialiste de l'indo-européen, qui, dans une conversation privée, a comparé mon ouvrage à ceux des «révisionnistes» qui nient l'existence de l'Holocauste. Cette comparaison me fascine (...) : c'est une réaction viscérale à mes théories, qui situent le Modèle Aryen et l'Holocauste dans le même mouvement général (...)

(...) [C'est ainsi qu'une correspondante du Times], «qui travaillait à un grand article sur la revendication par les Noirs selon laquelle les Égyptiens étaient noirs, m'a téléphoné.» (...) «'On ne peut faire rentrer de la pâte dentifrice dans son tube.' Black Athena a aussi renforcé de nombreuses convictions établies de longue date dans la communauté noire américaine. Certains de mes amis antiquisants m'ont demandé si je n'étais pas gêné par l'usage que font de Black Athena les racistes noirs. Ma réponse est que cela me dérange parce que je hais le racisme sous toutes ses formes. Mais je préfère être à ma place qu'à la leur, parceque je suis infiniment moins inquiet du racisme noir que du racisme blanc.»

achille et ajax - exekias

«Adoncque, Ernest, on nous avait menti depuis deux mille ans ? Les Héros d'Homère étaient des Blacks pur jus, descendants des pharaons ?» «Pourtant, Germaine, c'était l'évidence même. Il te suffisait d'ouvrir grand les yeux...»
«Achille et Ajax jouant aux dés» ou «Quand le Père Ubu réécrit l'Histoire», amphore à figures nègres signée par Bwana Exékias, circa 530 av. n.E. (Vatican 344). (Tiré de Katérina SERVI, Mythologie grecque, Athènes, Ekdotike Athenon S.A. éd., 1997)

Une dernière précision. Voici comme Martin Bernal justifie le dénigrement de l'Egypte, et son remplacement par le «Modèle Aryen». «Après les défaites de la Révolution Française et de Napoléon en 1815, un grand renouveau chrétien se fit jour à travers l'Europe et l'Amérique du Nord. Dans les classes élevées, nouvellement chrétiennes, beaucoup de gens haïssaient l'ancienne Egypte qu'ils considéraient comme le centre de la franc-maçonnerie qui elle, à son tour, a été considérée comme une conspiration à l'intérieur du Siècle des Lumières et à l'arrière-plan de la Révolution» (M. BERNAL, «La mise en ombre de l'Egypte et la naissance du modèle aryen»). Je ne savais pas que l'anti-maçonnerie aurait généré un sentiment d'égyptophobie (sic) chez les catholiques radicaux.

Pour l'édification de tout un chacun, voici encore trois autres liens vers des sites qui parlent de Black Athena :

  • Cahiers d'Etudes Africaines, où un certain Vittorio Morabito fait la recension de VAN BINSBERGEN, Wim M. J. (ed.), «Black Athena : Ten Years After», Talanta [Amsterdam], XXVIII-XXIX/1996-1997, 272 p., index, bibl.
  • Site de Wim van Binsbergen : «L'Afrocentricité et le débat sur Black Athena (Athéna noire)».
  • On complètera contra le tour d'horizon en cliquant sur le site du Club de l'Horloge, - radicalement opposé, on s'en doute, aux thèses de Bernal à qui il a attribué son «Prix Lyssenko 2000» récompensant, chaque année, un ouvrage de désinformation. Trophime Denissovitch Lyssenko (1898-1976) était un ces biologistes staliniens qui pensaient que l'idéologie primait sur les faits scientifiques. L'auteur de l'article inventorie toute une série de points faibles de l'argumentation de Bernal.


NOTES :

Depuis que vous avons reçu ce courrier, un certain nombre de liens www.africamaat.com et autres semblent avoir été (provisoirement ou définitivement ?) désactivés. Désolé. - Retour texte

(1) Cf. Aubrey de SÉLINCOURT, L'Univers d'Hérodote (1962), NRF-Gallimard, coll. «Suite des Temps», 1966; Jacques LACARRIÈRE, Hérodote et la découverte de la Terre, Arthaud, 1968. - Retour texte

(2) M. BERNAL, Black Athena. Les racines afro-asiatiques de la civilisation classique, 2 vols (I. L'invention de la Grèce antique 1785-1985, Paris, PUF, 1996 - 2. Les sources écrites et archéologiques, id., 1999). - Retour texte

 
 
 
20 juillet 2006
UNE DÉFIXION CONTRE CÉSAR, DANS ROME (HBO, 2005)
Loïc a écrit :
Bravo pour votre site dont la lecture ravit l'amateur dillettante de la civilisation romaine que je suis.
Avec une semaine de retard, je viens de visualiser l'épisode n­ 5 de la série Rome durant lequel Servilia maudit César et sa nièce. Cette pratique est-elle historiquement fondée ? En effet, dans mes quelques lectures romaines, je n'ai pas souvenir de l'utilisation de «Magie Noire»...
 
 
RÉPONSE :

Bien sûr que les Romains connaissaient la «magie noire». Vous faites allusion à la scène où Servilia lacère une feuille de plomb. Cela s'appelle une defixio (que mon Gaffiot définit comme «nécromancie, envoûtement»).
Voici ce qu'en écrit Paul Moraux : «En principe, la victime ignore tout de ces pratiques dirigées contre elle. Le texte de la défixion, en effet, n'est pas, comme celui de l'imprécation, gravé sur pierre et exposé, tel un avertissement solennel, à la vue de tous : le défigeant l'a tracé ou fait tracer à la pointe sèche sur une petite feuille de plomb (exceptionnellement, le support de l'écriture est fait de quelque autre matière, métal, coquillage, poterie, papyrus ou peau), qu'il a enroulée ou pliée, parfois percée d'un clou, puis jetée dans un puits, déposée dans une sépulture, enterrée dans le temenos d'un temple ou même dissimulée en un lieu fréquenté par son ennemi» (P. MORAUX, «Une défixion judiciaire au Musée d'Istanbul», Académie royale de Belgique, Mémoires Lettres, LIV/2, 1960, p. 4).

A noter que Florence Dupont (Paris VII), dans une critique du feuilleton, met un bémol. Selon elle, chez les Romains, c'étaient surtout les hommes qui s'adonnaient à la sorcellerie. J'avoue que l'objection me cueille un peu à froid. En tout cas, dans le monde grec, les envoûtements de tout genre avaient un public largement féminin. Les sorcières de Thessalie sont restées fameuses...

 
 
 
28 juillet 2006
UN FORUM POUR ROME (HBO, 2005)
Katheryne a écrit :
J'ai créé un forum consacré à la série Rome, qui passe actuellement sur Canal+ et que j'aimerais faire connaître à vos visiteurs.
 
 
RÉPONSE :

Eh bien voilà, c'est chose faite.

Rome est vraiment une série extraordinaire : j'ai - tout de même - une certaine expérience des péplums, mais je ne croyais pas qu'on pouvait faire quelque chose d'aussi juste (je n'ai pas dit «exact», car il y a tout de même quelques libertés qui sont prises).
Jusqu'à présent la seule grosse sottise que j'aie repéré est le fait que les concepteurs semblent avoir ignoré qu'il n'y avait pas, à Rome, de clergé au sens où nous l'entendons aujourd'hui. La prêtrise était une magistrature. Les prêtres romains n'étaient pas des théologiens mais des citoyens occupant une fonction religieuse. Tout en étant légat de César et combattant en Gaule, Marc Antoine postula pour l'augurat (mais ce fut Cicéron qui fut choisi) et Jules César lui-même fut un temps Flamen Dialis (prêtre de Jupiter), puis Grand Pontife. Rien à voir avec nos curés. Pour l'instant, c'est la seule vraie faute que j'aie remarqué.