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FIRST INTERNATIONAL PRODUCTION

L'Age d'Or du Péplum - Edition de Luxe
«Collection péplum»

La Révolte des Prétoriens (Alfonso Brescia)
Constantin le Grand (Lionello De Felice)
Le Voleur de Damas (Mario Amendola)
Persée l'Invincible (Alberto De Martino)

First International Production
37, avenue Franklin D. Roosevelt
F 75008 Paris
Tél. : 01.56.59.91.11
Fax : 01.53.76.20.56
e-mail : fip@fipfilms.com

Les pages FIP déjà sur notre site :
http://www.peplums.info/pep00front95.htm
http://www.peplums.info/pep00front95z.htm
http://www.peplums.info/pepcour35.htm#03

 

A. La «Collection Péplum»

9. La Révolte des Prétoriens (A. Brescia, 1964) - Fiche technique
8. Constantin le Grand (L. De Felice, 1960) - Fiche technique
7. Le Voleur de Damas (M. Amendola, 1963) - Fiche technique
6. Persée l'Invincible (A. De Martino, 1962) - Fiche technique
5. Spartacus (R. Freda, 1952)
4. Ulysse contre Hercule (M. Caiano, 1961)
3. L'esclave de Rome (S. Grieco, 1960)
2. Seul contre Rome (H. Wise, 1962)
1. Les derniers jours d'un Empire (M. Margheriti, 1963)

B. Dessin animé

Ben Hur (B. Kowalchuk, 2003)

C. Une brève histoire du péplum (F.I.P.)

D. Les uns dans les autres (la trilogie de Marco Vicario)

 
revolte des pretoriens constantin le grand voleur de damas persee l'invincible
 

FIP a sorti quatre nouveaux titres dans sa «Collection Péplum» à la célèbre livrée bleue, dans une nouvelle série sous cartonnage rouge : «L'AGE D'OR DU PÉPLUM - EDITION DE LUXE». Annoncés pour septembre 2005, ils étaient depuis deux ans très attendus des afficionados !

Au menu, nous avons droit cette fois aux turpitudes les plus choisies de l'Empire romain, avec les derniers jours du paranoïaque Domitien - le «Néron chauve» - (La révolte des prétoriens) et le très controversé Constantin Ier qui mit fin aux persécutions des chrétiens (Constantin le Grand).
Ensuite Mario Amendola nous emmène en Syrie romaine, assister aux exploits d'un Robin des Bois local (Le voleur de Damas), dans ce qu'il faut bien considérer comme un pur film d'aventures. Le dernier titre est l'excellent Persée l'Invincible, un film mythologique avec Richard Harrison qui certes met l'accent sur une intrigue de palais - la rivalité entre Argos et Sériphos - sans pour autant bouder le fantastique avec sa lovecraftienne Méduse !

La Révolte des Prétoriens (Alfonso Brescia, 1965)

Le règne de Domitien, le dernier des Douze Césars, atteint son paroxysme dans la violence et l'injustice. Tribun dans sa garde prétorienne, Valerius Rufus ne supporte plus les excès de cet empereur sanguinaire, oppresseur du peuple. Sous le masque du «Loup Rouge», il combat le tyran qui, convaincu d'un complot, arrête deux importants sénateurs promis à une exécution en place publique. Si le Loup Rouge et ses partisans parviennent à les délivrer, la perfide Artamné, prêtresse de la déesse Isis, révèle à Domitien le repaire des conjurés...

On conte que ce cruel empereur s'amusait à arracher leurs ailes aux mouches. Mais on s'amuse comme on peut ! Dans ce film, c'est plutôt déflorer les vierges consacrées à Isis, qui le branche ! De la méfiance paranoïaque de Domitien, Suétone rappelait également que celui-ci avait fait polir comme des miroirs les colonnes de marbre de la galerie où il avait coutume de se promener quotidiennement. Afin de voir venir le conspirateur qui se serait glissé derrière lui... Mauvais fils, Domitien avait dans sa jeunesse trempé dans un complot visant à renverser à son profit son père Vespasien.

Alfonso Brescia n'a pas spécialement la réputation d'être un foudre de metteur en scène. Il signe néanmoins ici un honnête péplum. Explication. Reprenant le thème de «Zorro le Renard»(1), La révolte des prétoriens est probablement, de toute l'histoire du cinéma, l'unique péplum montrant les prétoriens sous un angle sympathique. Il est vrai que le tyrannique Domitien (emp. 81-96) s'est trouvé dans la fange des bouchers de l'amphithéâtre - les gladiateurs - des gardes du corps dévoués, les pires hommes de main qui soient (2). Toutefois, ne perdons pas de vue que le farouche Domitien avait également su s'attacher l'inconditionnelle fidélité des prétoriens, au point que ceux-ci s'étaient adressés à son successeur pour qu'il leur livrât la tête de son assassin (3). Ce qu'en leur tendant la gorge, Nerva noblement refusa.

Domitien fut l'inventeur d'un nouveau concept politique, appelé à un bel avenir dans l'Empire romain - un concept sur lequel Caligula, en avance sur son temps, achoppa -, le Dominat. Domitien, en effet, se fit appeler dominus et deus, «maître» et «dieu». C'est un élément historique pertinent que le film de Brescia a su mettre en valeur (cf. Extraits du dialogue).

Le supplice du plomb fondu, dans lequel Domitien veut immerger le prétorien rebelle Valerius Rufus et sa friend girl Lucilla, est décalqué d'un autre épisode de son règne : après avoir envoyé au supplice son chrétien cousin, le consul Flavius Clemens (qui aurait été le cinquième ou troisième pape ?), Domitien fit plonger saint Jean dans un chaudron d'huile bouillante. Bien sûr, l'auteur de l'Apocalypse - qui avait le respect du grade : pape, c'est bien; saint, c'est mieux - en sortit indemne et en rigolant. «Tiens, j'ai même pas eu mal ! Gna-gna-gna !» Rien de tel qu'un bon petit miracle pour frapper l'imagination de ces païens ! Mais Richard Harrison, qui n'est pas né de la dernière pluie pas plus qu'il n'a l'habitude d'aller à la messe tous les dimanches, s'arrange pour renverser le caquelon de la «fondue bourguignonne». On n'est jamais trop prudent, avec ces réalisateurs ritals !
Un bémol. Lorsqu'il succéda à Domitien, le vieux général M. Cocceius Nerva - celui-là même qu'on voit se suicider prématurément pour ne pas connaître le règne de Caligula (Caligula, T. Brass & B. Guccione) - avait en 96 soixante-six ans et ne risquait donc pas d'arriver à la cheville du beau Giuliano Gemma dans ses exploits de gymnaste !
(A propos de Domitien à l'écran : CLICK)

FICHE TECHNIQUE

 

domitien - neron chauve

Domitien - le «Néron chauve»... mais pas si chauve que ça - ne se contente plus d'arracher les ailes aux mouches. Ici, le méchant Piero Lulli-Domitien tient la gentille Paola Pitti-Lucilla en bien fâcheuse situation

Constantin le Grand (In hoc signo vinces) (Lionello De Felice, 1960)

Afin de devenir le nouvel empereur de Rome, Constantin lève des armées contre ceux qui lui disputent le pouvoir suprême. Noble, courageux au point de se jeter dans l'arène pour protéger un enfant des griffes de fauves affamés, Constantin connaît la révélation de son destin hors du commun lorsqu'un crucifix lui apparaît dans une féroce bataille livrée à un rival. Désormais soldat de Dieu, il se convertit au christianisme, religion qu'il impose à tout un empire dont les Césars en persécutaient hier les disciples...

Nous sommes donc en 303 : l'empereur Dioclétien, à l'instigation du César Galère, a déclenché la dixième et dernière persécution contre les chrétiens. Probablement la pire, ou la seule un peu systématique ? Il est vrai que, contrairement au cliché du film, les chrétiens sont connus, ne se cachent plus, ayant pignon sur rue depuis près de quarante ans - depuis l'édit de tolérance de Gallien en 260 ! D'habitude, au cinéma, cette sombre période est vue à travers les adaptations plus ou moins directement inspirées du roman sulpicien du Cardinal Wiseman, Fabiola : les martyres des saintes Cécile et Agnès, des saints Sébastien, Tarcissius et compagnie...

Ah ! ce n'est pas triste salade que le «scénar» de ce film qui, de raccourci en épurement, nous montre à la mort de son père Constance Chlore, le jeune Constantin acclamé en Gaule comme César d'Occident après une victoire sur les Francs. Certes les Francs, Constantin les a combattus aussi, mais en vérité c'est à York (Eburacum), en Grande-Bretagne, que Constantin fut sacré par ses légionnaires.

Constantin est l'empereur romain le plus controversé du Bas-Empire. Les chrétiens veulent le saluer comme leur libérateur. Mais les historiens sérieux ne voient en lui qu'un habile opportuniste. Passé à la moulinette du péplum, le résultat est assez consternant et rappelle ces édifiants bouquins à couverture rouge, dorés sur tranche, que recevaient enfant nos studieux grand-parents.
Constantin n'hésite pas à descendre dans l'arène pour, glaive au poing, défendre la veuve et l'orphelin chrétiens sur le point de se faire hacher menu comme chair à pâté sous les crocs des fauves : plus mélodramatique que ça, tu meurs !
Il y a aussi ce quadrumvirat qui règne à Rome : Maximien et Maxence, les deux traîtres de service et leur affidé Licinius, préfet du prétoire, et le débonnaire Dioclétien qui semble avoir loupé un épisode. Que voulez-vous que fit Constantin contre les trois complices ? Qu'il mourût ou qu'un beau désespoir alors le... «soutenût» ? En somme, c'est cela : il ne lui restait vraiment plus qu'à se convertir au christianisme, comme le veut la pieuse légende hagiographique.

Rien ne prouve que Constantin soit né d'une concubine chrétienne, sainte Hélène - laquelle, selon La Légende dorée, en Jérusalem retrouva les clous et la croix du Christ. Il est plus probable que ce ne fut que sur le tard qu'elle se convertit, peut-être à l'exemple de son fils. Constantin lui-même, dévot d'Apollon et de Sol Invictus, ne confessa le Christ que sur son lit de mort. En fait, devenu le maître du monde romain païen, où les chrétiens étaient de plus en plus nombreux, il ne promulgua qu'un édit de tolérance, et s'intéressa - sans rien y connaître - aux débats théologiques. Constantin exclut et persécuta les donatistes par-ci, mit au pas cataphrygiens, marcionistes, novatiens, pauliniens et autres valentiniens par là. Il opposa catholiques et ariens hérétiques, et convoqua même un concile œcuménique (Nicée, 325). Il penchait plutôt vers l'arianisme (les spéculations sur la consubstantialité du corps du Christ, c'est trop grave !).
Quant à son épouse Fausta (que, dans le film, on le voit - payant de sa personne -, arracher aux fauves), elle finit par le trahir avec son fils aîné, Crispus, qu'il avait eu de sa concubine Minervina. Aussi fit mettre à mort l'épouse adultère, ainsi que le fils incestueux (326). En fait, il faut bien reconnaître qu'il y a davantage de vérité historique dans le roman édifiant de F.G. Slaughter, Le Glaive et la Croix que dans le western sulpicien de Lionello de Felice (question de superficie, bien entendu : on en dit plus en 350 pages qu'en 93 minutes de peloche). Mais soit ! Ne boudons pas notre plaisir !
Voici donc le DVD d'un des deux péplums italiens qui bénéficièrent du plus de moyens en 1959-1960 (l'autre étant Hannibal). Aussi, même si l'on peut déplorer que civils et légionnaires soient encore attifés comme au temps de Tibère, Cornel Wilde nous campe un héros tarzannesque (4) bien dans la lignée des péplums de nos ineffables Golden Sixties.

 

constantin le grand

Constantin n'hésite pas à tirer son glaive pour, dans l'arène, s'interposer entre le fauve et l'enfant chrétien innocent...

Rappel historique
Faire un film sur Constantin le Grand n'a rien d'évident, d'autant que les spécialistes eux-mêmes sont très divisés sur les tenants et aboutissants de ses actions. Faut-il donc s'étonner si les scénaristes ont préféré raconter la version hagiographique, soigneusement épurée et raccourcie ? En temps réel, les événements du film coulent de 303 à 313 et, nous l'avons dit, narrent un épisode de la dixième et dernière persécution des chrétiens, celle de Dioclétien, riche en péripéties (les martyres de saint Vincent en Espagne, de saint Maurice et de la Légion thébaine quelque part en Gaule, de saint Sébastien, sainte Agnès et alii à Rome...).

La Tétrarchie

Rappel chronologique

293 : Homme intègre, l'empereur Dioclétien instaure la Tétrarchie : un «Auguste» assisté d'un «César» gouverne l'Occident; pareil pour l'Orient. C'est ainsi que Dioclétien (Caius Valerius Aurelius Diocletianus [emp. 284-305]) régne sur l'Orient depuis sa capitale, Nicomédie (Izmit, en Turquie) avec le concours du «César» Galère (Caius Galerius Valerius Maximianus [emp. 305-311]) installé sur la frontière du Danube, à Sirmium. Et Dioclétien nomme «Auguste» en Occident celui qui, en Gaule, a vaincu les Bagaudes, Maximien Hercule (5) (Marcus Aurelius Valerius Maximianus [emp. 286-305 et 306-310]) lequel établit sa cour à Milan. Son «César» Constance Chlore (Marcus Flavius Valerius Constantius [emp. 293-306]), fixé à Trèves, doit contenir les Francs en Gaule et, en Bretagne, les Pictes sauvages.

305 : Le 1er mai, Dioclétien fatigué et malade abdique en tant qu'«Auguste»; il se retire à Salone (Split, dans l'actuelle Croatie), et contraint à en faire autant son collègue Maximien Hercule. Son «César» Galère - qui entre-temps a rétabli la paix non seulement sur le Danube, mais aussi en Arménie en installant sur le trône un roitelet chrétien à la solde de Rome, Tiridate -, Galère, donc, devient «Auguste» d'Orient, avec pour «César» Maximin II Daïa (Galerius Valerius Maximinus [emp. 309-313]). En Occident, Constance Chlore prend un galon supplémentaire et devient «Auguste». Mais il lui est imposé pour «César» un certain Sévère (Flavius Valerius Severus [emp. 306-307]), joyeux compagnon de beuverie de Galère.
Le visiteur le moins perspicace aura noté que ces empereurs, tous d'humble origine - des bergers qui ont embrassé la carrière des armes -, ont en commun dans leur titulature officielle le nom de «Valerius», ce qui implique leur mutuelle adoption dans la gens Valeria fondée par Dioclétien (lequel, dans sa jeunesse, se nommait simplement «Dioclès», et était le fils de pauvres affranchis dalmates).

306 : L'année suivante, à la mort de Constance Chlore (25 août), son fils Constantin (Caius Flavius Valerius Aurelius Constantinus [emp. 306-337]) est, à Eburacum (York), proclamé «Auguste d'Occident» par ses troupes - mais ce titre n'est pas avalisé par Galère qui reconnaît Constantin seulement comme «César» (septembre-octobre) et, à Rome, Maxence (Marcus Aurelius Valerius Maxentius [emp. 306-312]), le fils du «retraité» Maximien Hercule, se fait illégalement proclamer par les prétoriens «Princeps» (28 octobre 306). Sévère entre en conflit armé avec Maxence; vaincu par ce dernier, Sévère est mis à mort.

308 : Incapable d'oublier la pourpre qu'il a été contraint d'abandonner quelques mois plus tôt, Maximien Hercule, de son côté, s'autoproclame empereur dans le sud de l'Italie.
Les deux branches rivales finissent néanmoins par se réconcilier; réconciliation qu'ils confortent par le mariage : en décembre 308, Constantin épouse Fausta, fille de Maximien Hercule (brouillé avec son fils Maxence), et est proclamé «Auguste». A ce moment, il y a quatre «Auguste» (Galère, Maximien Hercule, Constantin et Maxence) et un «César» (Maximin Daïa). Le 11 novembre de la même année, un autre officier, Licinius (Caius Flavius Licinius Licinianus [emp. 307-323]), remplace comme «Auguste d'Occident» Sévère, étranglé entre-temps comme on l'a dit.

 
joel schmidt - constantin slaughter - glaive et la croix

Joël SCHMIDT, Mémoires de Constantin le Grand, Desclée de Brouwer, 1998 (cv. : portrait de Constantin; Rome, Palais des conservateurs) & Frank G. SLAUGHTER, Le glaive et la Croix (Constantine), Presses de la Cité, 1965 (1968).
Un profil de «videur de discothèque» (L. Jerphagnon) derrière la légende hagiographique. Dur défi à relever pour le sympathique Cornel Wilde

 

Voilà les grandes lignes de cette période foisonnante en trahisons, exécutions et coups d'Etat. Pour plus de détails, on se reportera aux notices biographique du site associé des Empereurs romains, et notamment à sa «Chronologie simplifiée de la Tétrarchie». Retenons seulement qu'en 306, comme le note Lucien J. Heldé, «la belle Tétrarchie voulue et réalisée par Dioclétien, ce système qui était censé apporter paix et stabilité éternelles à l'Empire, s'effondre en un système anarchique, avec trois empereurs officiels (Galère, Sévère et Maximin Daïa), un putschiste reconnu (Constantin), un putschiste non reconnu (Maxence) et un usurpateur parjure (Maximien Hercule)». Dès lors, s'étonnera-t-on du raccourci des scénaristes qui nous présentent Maxence, Maximien et Dioclétien faisant à Rome ménage à quatre (avec Licinius, préfet du prétoire) aux fonctions assez floues ? Maximien empereur, Maxence intrigant, et Dioclétien dans le rôle de l'impériale belle-mère ! (N'était-il pas plutôt censé être en train de planter ses poireaux à Salone, sur l'autre rive de la mer Adriatique ?)

 

constantin - tetrarchie

Constantin le Grand (1960), pour ramasser son intrigue, nous présente la Tétrarchie comme une sorte de «ménage à quatre» siégeant à Rome..

La persécution
A peine moins embrouillée que la situation politique : la persécution des chrétiens par Dioclétien (303-310) ! Depuis un édit de Gallien, quarante ans plus tôt, ceux-ci jouissaient de la plus totale liberté de culte dans l'Empire romain. Ils avaient bâti une superbe église juste en face du palais de Dioclétien à Nicomédie, laquelle paraît-il éclipsait en luxe la résidence impériale. Dioclétien était un homme tolérant, et son épouse Prisca, sa fille Valeria (femme de Galère) étaient chrétiennes ou à tout le moins christianophiles. Et les Romains, nous l'avons dit, avaient imposé aux Parthes/Sassanides un roi chrétien en Arménie ! Il semble toutefois que le parti chrétien trouvait sa provende dans le limon des prolétaires et paysans réfractaires à la conscription. L'armée était pleine de parasites qui se découvraient objecteurs de conscience dès qu'il fallait «y aller», dès qu'il fallait en découdre avec les Barbares. On a vu ça dans les années '60 aux States, quand sous l'influence du mouvement «Peace and Love» les jeunes américains manifestaient pour que cesse la guerre au Viêt-nam où ils n'avaient pas envie d'aller se faire trouer la peau. La répression fut instiguée par Galère, brillant général, qui sans doute s'inquiétait de la démotivation de ses troupes... «En 303 et 304, rappelle Lucien J. Heldé, Dioclétien publia consécutivement quatre édits contre les Chrétiens, chaque nouvelle loi aggravant la précédente. L'empereur ordonna d'abord la destruction des églises et des Écritures sacrées; puis les prêtres et les évêques furent emprisonnés; ensuite ces prisonniers furent contraints, sous peine de mort, à sacrifier aux dieux; et enfin, en 304, Dioclétien étendit l'obligation du sacrifice à tous les habitants de l'Empire.»

Constantin le Grand retrace la légende pieuse en raccourci, et le sympathique Cornel «The Naked Pride» Wilde prête ses traits (6) au grand dévot de Sol Invictus au physique brutal de «videur de discothèque» (le mot est de Jerphagnon [7], je crois), qui se piquait de théologie chrétienne, réunit des conciles, finit par pencher pour les ariens avant de se convertir (dit-on, mais c'est controversé !) in articulo mortis. Il n'est pas exact de prétendre que son adversaire du Pont Milvius, Maxence, était un persécuteur de chrétiens acharné. Comme Constantin, Maxence ménageait la susceptibilité de ses sujets les plus influents et, donc, flattait ses chrétiens; mais comme l'hagiographie devait donner raison à Constantin, la raison du plus fort n'est-elle pas la meilleure ?
Le 30 avril 311, l'édit de Sardique cosigné par Galère promulgua la tolérance, la liberté des cultes (le pauvre Galère, l'ayant signé, en mourut cinq jours après !). Oubliant l'édit de tolérance de Gallien (260), «la petite paix de l'Eglise», la dynastie constantinienne allait faire ses choux gras du christianisme. Et c'est ainsi que son neveu Julien l'Apostat (emp. 360-363) allait, en tentant de restaurer le paganisme, faire figure d'hurluberlu dans cette famille de bigots...

Coquetterie italienne ? Le film se gardera bien de rappeler que, désormais maître de l'Empire romain, Constantin va en transférer la capitale en Orient, à Byzance, rebaptisée «Constantinople», amorçant le déclin de la Ville Éternelle. Sic transit gloria mundi...

FICHE TECHNIQUE

 

constantin le grand

Constantin est salué comme «Auguste d'Occident» par ses légionnaires

Le Voleur de Damas (Mario Amendola, 1964)

Dans le Damas sous occupation romaine, les orphelins Jezel et Tisba sont des voleurs à la tire dont les exploits ne se comptent plus. Voleurs mais pas seulement car, complices de maquisards syriens cachés dans les grottes voisines, ils affrontent Mannaen, un ambitieux qui, profitant de ses liens avec les Romains, élimine un à un ses ennemis. Capturé au terme d'une bataille contre les légions, Jezel est condamné à mort.
Mais au moment où le consul Tibulle va ordonner sa décapitation, le plus improbable des événements se produit...

«Il volera même vos rires», affirmait le slogan publicitaire. Est-ce-à-dire que les rires des spectateurs étaient immérités ? Le voleur de Damas est un honnête petit film d'aventures qui joue sur l'assonance avec le célèbre Voleur de Bagdad, mais la comparaison s'arrête là. Point de Mille-et-Une Nuits, de tapis volants ou de lampes magiques, mais un péplum rondement mené, qui se passe à une époque indéterminée : certains documents d'exploitation citent une date, 35 de n.E. - sous le règne de Tibère, donc ? - mais toute ressemblance avec des événements historiques précis est à écarter. Au cours des siècles, la riche province de Syrie a été pillée par les Romains et ne connut que trop d'ambitieux décidés à y prendre le pouvoir. A noter l'astucieuse fin qui lorgne vers un des poncifs traditionnels des comédies des Plaute.

FICHE TECHNIQUE

 

voleur de damas

Le voleur de Damas : une bande d'aventures à l'antique,
tout à la fois Zorro et Robin-des-Bois

Persée l'Invincible (Alberto De Martino, 1963)

Avide puissance et de conquête, le cruel Galénor lance ses troupes à l'assaut de la paisible ville de Sériphos. Amoureux de la belle Andromède, fille du roi de Sériphos, l'humble Persée est désigné par le destin pour repousser l'envahisseur hors des murs de la cité. Une mission à la mesure des plus grands héros de l'Olympe, d'Hercule à Ulysse. Tour à tour vainqueur d'un titanesque monstre aquatique et de la Méduse, qui transforment ceux qui la regardent en statue de pierre, Persée affronte Galénor et sa garde rapprochée dans une ultime épreuve...

Cette adaptation du célèbre mythe de Persée et la Gorgone Méduse, qui nous vaudra plus tard un des chefs d'œuvre de Ray Harryhausen, Le Choc des Titans (et quelques autres films fantastiques comme la hammerienne Gorgone déesse de la Terreur ou Malpertuis, d'après Jean Ray) ne manque pas de saveur même si le scénario insiste peut-être un peu trop sur le drame dynastique et la révolution de palais. Les effets spéciaux sont très réussis, et très belle aussi est la vision de la vallée des Hommes pétrifiés.

La Méduse et le Monstre du Marais furent créés par un jeune débutant, Carlo Rambaldi (Le Chevalier Blanc, Maciste contre les Monstres, E.T., King Kong 2) qui bidouillait ses maquettes dans un vieux garage de la banlieue de Rome et avait fait ses débuts avec Riccardo Freda sur Le Géant de Thessalie. Engagé par le coproducteur espagnol Copercines pour assister l'Italien Rambaldi dans ses effets spéciaux, Amando De Ossorio - qui plus tard s'illustrera par ses films de terreur consacrés au retour de Templiers morts-vivants (8) - fut chargé d'animer le Monstre du Marais. La scène fut tournée à Almeria (9), près d'un plan d'eau où l'on tourn(er)a de nombreux autres péplums. A la différence d'Harryhausen et de ses maquettes animées image par image, Rambaldi travaillait à l'échelle réelle. C'est De Ossorio qui eut l'idée «d'habiller» une grue avec la dépouille du monstre. Celui-ci jetait à terre les cavaliers sans pouvoir réellement les attaquer, le grutier ne pouvant donner à son monstre la rapidité de réflexes nécessaires. Heureusement, quelques fumigènes aidant, De Ossorio réussira une véritable performance dans le genre (10).
(A propos de Carlo Rambaldi, on se reportera aussi à l'un des Bonus accompagnant le DVD du Chevalier Blanc, édité par Artus Films.)

FICHE TECHNIQUE

 

persee l'invincible

Dans Persée l'Invincible, le fils de Zeus et de Danaé affronte dans un marais le monstre aquatique conçu par Carlo Rambaldi et Amando De Ossorio (celui-là même qui inspirera son Kraken à Ray Harryhausen dans Le Choc des Titans)

Fiches techniques et résumés
persee l'invincible
Persée l'Invincible
  Italie - Espagne, 1962

Perseo l'Invincibile / Valle degli uomini di piedra (La) / Valle de los hombres de piedra (El) / Perseo y Medusa
Perseo l'Invincible [IT]
Perseus the Invincible / Medusa against the Son of Hercules [EU] / Medusa vs. the Son of Hercules [EU]
Perseus against the Monsters [GB]
Perseus, der Unbesiegbare [AL]
Valle de los Hombres de piedra (El) (Perseo y Medusa) [SP]

Prod. : Cine Produzione Emo Bistolfi (Rome) - Copercines (Madrid) / Eastmancolor / Totalscope / 95' [EU] [FR]

Fiche technique
Réal. : Alberto DE MARTINO; Scén. : Mario GUERRA, Alberto De MARTINO(*) (11), Ernesto GASTALDI(*), Luciano MARTINO(*), José MALLORQUÍ(**) [José MALLORQUÍ FIGUEROA], Mario CAIANO, Tonino GUERRA(*); Hist. : Mario GUERRA & Alberto De MARTINO (d'après une idée d'Edoardo Giorgio CONTI); Images : Dario DI PALMA(*) & Eloy MELLA; Prod. : Emo BISTOLFI & José Antonio MELLA; Prod. Design : Franco LOLLI; Décors : Enzo CONSTANTINI, José Luis GALICIA & Jaime PÉREZ CUBERO; Cost. Design : Angiolina MENICHELLI. - Makeup Department : Romolo de MARTINO (makeup artist), Italia MARINI (hair stylist). - Production Management : Gervasio BANCIELLA (production manager), José Luis JEREZ ALOZA (production manager); Assist. réal. : Luciano PALMERA, Vittorio VIGHI; Son : Luigi PURI; Eff. spéc. : Carlo RAMBALDI (special effects) (collab. Amando DE OSSORIO (visual effects), non crédité); Mont. : Mercedes ALONSO & Otello COLANGELI; Cascades : Valentino PELIZZI. - Camera and Electrical Department : Riccardo POBLETE (second assistant camera); Fencing master : Giorgio UBALDI; Musique : Carlo FRANCI (& Manuel PARADA).

Fiche artistique
Richard HARRISON (Persée) - Anna RANALLI (Andromède [12]) - Arturo DOMINICI (Acrisios) - Elisa CEGANI (Danaé) - Leo ANCHORIZ (Galénor) - Antonio MOLINO ROJO (Tarpete [13]) - Roberto CAMARDIEL (Céphée) - Ángel JORDÁN [Armand JORDAN] (Méduse) - Fernando LIGER - Bruno SCIPIONI - Frank BRAÑA - Miguel de la RIVA (prince) - José Luis FERREIRO - Miguel GONZÁLEZ - Rufino INGLÉS - Enrique NAVARRO (Sthéno) - Ángela PLA (Euryale) - Lorenzo ROBLEDO (prince Alcée, pétrifié par la Méduse) - José SEPÚLVEDA.

Remarque : Quoique Armand Jordan, Enrique Navarro et Angela Pla figurassent bien au générique VF, la précision du nom de leurs personnages - Armand Jordan (Méduse), Enrique Navarro (Sthéno) et Angela Pla (Euryale) - vient, lui, d'IMDb (il est absent de nos sources italiennes comme le Gremese). Qu'un acteur ait incarné la Méduse du film serait déjà assez surprenant. Plutôt un machino, non ? Méduse, Sthéno et Euryale étaient les noms des trois sœurs Gorgones. Dans la VF éditée par FIP, humain ou monstrueux le trio n'apparaît pas, et aucun autre personnage n'est nommé Sthéno ou Euryale (la seule Gorgone du film est Méduse, manifestement une maquette animée).
Se pourrait-il qu'il existât une séquence additionnelle dans la version espagnole ou américaine mettant en scène les trois sœurs, une séquence qui expliquerait leur monstrueuse métamorphose... ?

DISTRIBUTION
IT/ Warner Bros. - Reg. Cin.co n° 2.781 - 95'
SP/ Interpeninsular Films S.A.
GB/ Miracle Films (Cert. «A» - 8.420 ft - 94')
FR/ S.N. des Acacias. Sortie en France : 18 novembre 1963
BE/ The Rank Organisation

NOTES
Tournage à Cinecittà (Rome) et Studios Ballesteros (Madrid).
Recette certifiée en Italie, au 31 mars 1964, L. 203.883.648 (Bolaffi 1956-1965, p. 239).
Version anglaise : John HART (scénariste English script) & Richard McNAMARA (directeur doublage anglais).

VIDÉOGRAPHIE
DVD : Persée l'Invincible, F.I.P. éd., Langue : français - Sous-titres : néant / Son : mono / Format vidéo : 16/9 / Format image : scope / Durée : 85'

BIBLIOGRAPHIE
Gremese 3, p. 395; Bolaffi; W. Lee; Saison 1964, p. 211; Unitalia 1962, p. 44; Fiction, n° 120, novembre 1963, pp. 157-158.

SCÉNARIO
Le royaume de Sériphos, gouverné par un roi vieux et sage, Céphée, est au bord de la famine, car l'accès à la mer lui est fermé par un marécage dans lequel vit un monstre horrible, d'une part, et, de l'autre, par la Méduse, qui transforme en statue tous ceux qui la regardent. Le fils du roi, le prince Alcée, est sa dernière victime en date.

Le peuple voisin d'Argos est dominé par le roi Acrisios, qui est monté sur le trône après avoir tué le roi légitime et épousé sa veuve, Danaé. Il croit que Persée, fils de la reine, est mort, tandis que ce dernier - humble berger - vit a Sériphos, et est aimé par la fille du roi, Andromède. Pour sauver son royaume, cependant, le vieux roi a offert la princesse comme épouse à Galénor, fils d'Acrisios. Un combat aura lieu, dont le vainqueur pourra épouser Andromède.

Persée vainc Galénor. Mais celui-ci avec la complicité du traître Tarpete, le ministre de Céphée, enlève la princesse. Persée la libère et se rend à Argos, où il se fait reconnaître par sa mère. Devant l'inutilité des tentatives faites pour éliminer Persée, Acrisios et Galénor, le premier par désir de puissance, le second par désir de vengeance, décident d'attaquer le royaume voisin. Leurs forces, plus nombreuses, auraient facilement le dessus si Persée, qui pour sauver Andromède avait vaincu le monstre du marais, n'avait pas ensuite tué la Gorgone. La mort de cette dernière rend la vie aux milliers d'hommes jadis pétrifiés par son regard.

A la tête de cette armée de ressuscités, le fils de Danaé affronte les forces d'Acrisios et les anéantit après une lutte acharnée. L'usurpateur et son complice périssent de sa main et le héros peut enfin retrouver Andromède. Les deux princes règneront ensemble sur les deux peuples de Sériphos et d'Argos finalement réunis.

CRITIQUES
«La plus grande audace du film est dans sa bande-annonce, qui confronte les plates images de M. De Martino avec les œuvres de Bosch, Goya, Dali et quelques autres peintres du fantastique; restons-en là.»
Cahiers du cinéma, n° 149, novembre 1963, p. 72

«Persée l'Invincible est un film qui n'a guère de points communs avec le précédent (14), sinon l'appartenance à un même genre (le moins homogène de tous les genres). Il s'agit cette fois de l'adaptation d'une légende grecque bien connue - adaptation très infidèle, et c'est bien dommage : comment un cinéaste peut-il renoncer de gaieté de cœur à montrer Andromède ligotée sur un rocher, le monstre marin abattu à coups d'armes magiques, la délivrance de la belle captive par le héros consumé d'amour ? Une des plus regrettables tares de certains péplums est sans doute l'encombrement des scénarios par des intrigues politiques toutes faites : cette tare est généralement plus sensible dans les péplums historiques, mais ici on a trop renoncé à la donnée mythologique initiale.
Pourtant ce film peu sapide vaut d'être vu pour l'imagination plastique qui s'y déploie dans certaines scènes. Le décorateur est un homme de goût, et il n'est pas jusqu'à son Monstre du Marais qui n'échappe, au moins en partie, à l'habituel registre du Guignol. Mais le clou du film, c'est la vallée des pétrifiés, où tout un peuple de statues mélancoliques émerge, non pas de l'ombre, mais d'une lumière de plein midi, à peine troublée par une brume invisible où se meut subrepticement Méduse : c'est très précisément à certains tableaux de Salvador Dali que nous fait penser non seulement le paysage, mais le montage lui-même, qui triomphe très habilement de l'inévitable contradiction entre les plans généraux et les plans rapprochés. Quant à Méduse, loin d'être un monstre de convention, c'est une authentique créature de cauchemar, une des plus élégamment spectaculaires que nous ayons vues depuis la première croisade : rien que pour cette horreur, due sans doute à l'étroite collaboration de quinze psychanalystes ressemblant à Vincent Price, le film vaut le pèlerinage.
Est-il bien utile de parler du reste ? du thème dilapidé de la déesse pétrifieuse
(sic), une bien belle idée surnage : celle des statues réveillées par la mort de Méduse et qui, paralysées par la peur de vivre, restent dans leur gangue de pierre, très longtemps, avant de se décider. Le reste est souvent faible, encore qu'on puisse par moments soupçonner chez l'auteur un petit talent de paysagiste, peut-être démarqué des Titans dont nous reconnaissons au passage les panoramiques sur une chasse à courre et les statues baroques dans des parcs (et dont nous reconnaîtrions la mort de Méduse si elle n'avait été empruntée par Tessari à l'authentique légende de Persée).»
Jacques GOIMARD, Fiction, n° 120, novembre 1963, pp. 157-158

voleur de damas

Voleur de Damas (Le)

  Italie, 1963

Ladro di Damasco (Il)
Sword of Damascus [EU-tv]
Sieger von Samarkand (Der) [AL]

Prod. : Rodes Cinematografica (Rome) / Eastmancolor / Ecran panoramique

Fiche technique
Réal. : Mario AMENDOLA [Irving JACOBS]; Scén. & Hist. : Mario AMENDOLA; Images : Luciano TRASATTI; Prod. : Tullio BRUSCHI (Rodes Cin.ca); Mont. : Nella NANNUZZI; Déc. : Alfredo MONTORI; Dir. prod. : Carlo VASSALLE; Assist. réal. : Alfonso BRESCIA; Op. cam. : Ernesto ANZELLOTTI; Musique : Giorgio FABOR.

Fiche artistique
Tony RUSSELL (Jézel [Jesen]) - Luciana GILLI [GILLY] (Myriam) - Giuseppe FORTIS (Vitellius) - Gianni SOLARO (Tibulle) - Ferrucio AMENDOLA (Tisba) - Peter WHITE (Malnai) - Renato BALDINI (Uria) - Enrico SALVATORE - Bruno UKMAR - Adriana LIMITI - Maks (Make) FURIAN - Irene PROSEN.

DISTRIBUTION
IT/ Florida Cin.ca - Reg. cin.co n° 3.102 - 105'
FR/ Les Films Jacques Leitienne. Sortie en France : 16 septembre 1964

VIDÉOGRAPHIE
DVD : Le voleur de Damas, F.I.P. éd., Langue : français - Sous-titres : néant / Son : mono / Format vidéo : 16/9 / Format image : scope / Durée : 90'

BIBLIOGRAPHIE
Unitalia 1963, II, p. 38; Gremese 3, p. 288.

SCÉNARIO
(Damas contre les légions de Vitellius, an 35 - règne de Tibère.)
Rome a étendu sa domination jusqu'à la Syrie. A Damas, le peuple est obligé de se rendre «volontairement» aux réunions organisées par le consul Tibulle. A ces réunions ne sont jamais absents Jézel et Tisba, deux voleurs très habiles qui, profitant de la cohue qui règne dans le forum envahi, font allégrement leur métier. Jézel et Tisba passent leurs journées à cambrioler les riches marchands étrangers. Le soir, ils se retrouvent dans une taverne pour partager leur butin, mais les gardes syriennes venues les arrêter déclenchent une bagarre au terme de laquelle les deux filous réussissent à s'enfuir.
Jézel se réfugie sur le toit de la maison où habite le potier Amon. Pour le sauver, Myriam, la fille du potier, le cache dans sa chambre. Jézel est ébloui par la fraîcheur et la beauté de la jeune fille et en tombe amoureux; le lendemain, il annonce à Tisba incrédule que désormais il ne dévaliserait plus personne.

Sur ces entrefaites, Mannaen, riche aristocrate romanophile mais aspirant au titre de roi de Syrie, convoite Myriam et veut la faire venir dans son palais. Si la jeune fille refuse son invitation, Amon sera jeté en prison pour dettes. Jézel et Tisba se mettent à l'ouvrage et rapidement trouvent l'argent nécessaire pour apurer les dettes d'Amon - escroquant comme de juste Mannaen lui-même.

Toutefois, ils seraient emprisonnés eux mêmes s'ils ne recevaient l'aide d'Uria - chef des rebelles syriens - qui après une violente bagarre réussit à les arracher aux griffes des soldats. Uria souhaiterait voir Jézel embrasser sa cause, mais le voleur ne veut pas entendre parler politique. Penaud mais non vaincu, Mannaen opte pour la manière forte et fait enlever Myriam. Au terme de péripéties rocambolesques, Jézel et Tisba parviennent à reprendre Myriam à Mannaen dans le propre palais de Tibulle.
Jézel, Tisba et Myriam se réfugient dans une taverne de Damas qui sert de quartier général à Uria. A son insistance, ils vont tenter pour lui un coup fumant : voler l'aigle de la légion romaine commandée par le consul Vitellius envoyé en renfort par Rome. Privés de leur symbole, les légionnaires démoralisés combattront les rebelles syriens à contre-cœur.

Le consul Vitellius proteste auprès du consul Tibulle pour le vol subi («Ici, on ne peut tourner la tête qu'on te vole les aigles !»); mais le rusé Mannaen réussit à localiser le quartier général des rebelles. En échange du renseignement, il exige des Romains le sceptre de la Syrie. La légion encercle de campement d'Uria et entame une sanglante bataille. La surprise et le nombre jouent en faveur des Romains qui font prisonnier Uria et nombre de ses compagnons. Jézel et Tisba ont feint d'être morts, mais lorsqu'ils tentent de s'éclipser, Jézel est découvert et emprisonné. Déguisé en Romain, Tisba réussit à leur échapper et à mettre Myriam en sécurité. Tibulle promet la vie sauve à Jézel s'il consent à lui révéler l'endroit où il a caché les aigles, mais le voleur refuse de parler. Vitellius est mortifié à l'idée de devoir rendre compte à Rome de la perte de ses aigles, aussi décide-t-il que les rebelles seront décapités le lendemain.

La foule, parmi laquelle se trouve Myriam, se réunit à l'endroit du supplice. Tisba réussit un nouvel exploit en dérobant la hache du bourreau. Profitant de la confusion qui s'ensuit, le peuple syrien se soulève contre les Romains. Ceux-ci toutefois réussissent à rétablir l'ordre, après avoir tué Uria; mais le traître Mannaen a lui aussi périt dans la bataille. Jézel est de nouveau sur l'échafaud, et déjà la hache du bourreau se lève sur lui... quand un cri de Tibulle suspend l'exécution. Il a en effet reconnu sur l'épaule de Jézel une cicatrice familière : c'est son fils, enlevé par les pirates encore enfant. Jézel, le voleur de Damas, est gracié et pourra couler des jours tranquilles auprès de Myriam.

constantin le grand

Constantin le Grand

  Italie - Yougoslavie, 1960

Costantino il Grande / In hoc signo vinces
Costantino il Grande [IT] / In hoc signo vinces [IT]
Constantine and the Cross [EU]
Konstantin der Grosse [AL]

Prod. : Jonia Film - Jadran Film (Zagreb) / Eastmancolor / Totalscope / 93'

Fiche technique
Réal. : Lionello DE FELICE; Scén. : Guglielmo SANTANGELO, Ennio De CONCINI, Lionello De FELICE, Franco ROSSETTI, Ernesto GUIDA; Hist. : Fulvio PALMIERI; Dial. : Diego FABBRI; (Dial. USA : Michael AUDLEY); Images : Massimo DALLAMANO; Prod. : Felice FELICIONI; Dir. prod. : Ferdinand FELICIONI; Mont. : Mario SERANDREI, Gabriele VARRIALE; Dir. art. : Franco LOLLI; Cost. : Giancarlo BARTOLINI SALIMBENI; Maître d'armes : Franco FANTASIA; Organisation générale : Jacopo COMIN; Assist. réal. : Paolo BIANCHIN, Umberto LENZI, Maurizio LUCCI; Insp. prod. : Marino VACCÀ; Secrét. prod. : Giulio PAPPAGALLO; Op. cam. : Cesare ALLIONE; Assist. op. cam. : Giovanni BONIVENTO; Son : Raffaele Del MONTE; Maq. : Duilio SCARPZZA; Coiff. : Lina CASSINI; Musique : Mario NASCIMBENE.

Fiche artistique
Cornel WILDE (Constantin) - Belinda LEE (Fausta) - Massimo SERATO (Maxence) - Christine KAUFMANN (Livia) - Fausto TOZZI (Hadrien) - Tino CARRARO (Empereur Maximien Hercule) - Carlo NINCHI (Constance Chlore) - Vittorio SANIPOLI (Apuleius) - Elisa CEGANI (Hélène) - Lia ANGELERI (Clelia, chrétienne) - Franco FANTASIA (soldat romain) - Lauro GAZZOLO (Amodius) - Nando GAZZOLO (Licinius, préfet du prétoire) - Veriano GENESI (bourreau) - Loris GIZZI (juge romain) - Enrico GLORI (père de Livia/père conscrit) - Jole MAURO (sainte Cecilia, suivante de Fausta) - Annibale NINCHI (Galère) - Carlo TAMBERLANI (Dioclétien) - Nando TAMBERLANI (Statilius) - Renato TERRA CAIZZI (Amodius/geôlier) - Raimundo VAN RIEL (vieux chrétien) - Gino SCOTTI (prêtre mariage) - Fedele GENTILE (prisonnier) - Piero GIAGNONI (Demetrius) - Giuseppe ADDOBBATI - Spartaco NALE - Ugo SASSO - Franco FANTASIA - Mario MENICONI - Gino MARTURANO.

Contestations : Nos sources italiennes (notamment le Gremese) indiquent Annibale Ninchi dans le rôle de Dioclétien; mais IMDb lui attribue celui de Galère, Carlo Tamberlani incarnant Dioclétien. Enrico Glori est, selon IMDb le père de Livia, ou, selon le Gremese un père conscrit.

DISTRIBUTION
IT/ Jonia Film / Reg. Cin.co n° 2.325 / 93'
EU/ Joseph E. Levine présente
FR/ 2 juin 1961

NOTES
Recette certifiée en Italie, au 30 juin 1965, L. 781.415.468 (Bolaffi 1956-1965, p. 182). Tournage aux Studios Incir-De Paolis. Extérieurs près de Zagreb, avec la collaboration de Dubrava Film.

VIDÉOGRAPHIE
DVD : Constantin le Grand, F.I.P. éd., Langue : français - Sous-titres : néant / Son : mono / Format vidéo : 19/9 / Format image : scope / Durée : 115'
DVD : Constantino el Grande, Impulso Records éd., coll. «Héroes Mitológicos» (Espagne). Réf. 8431588096956 / Format image : 16:9 - 2.35:1 / Audo : Dolby Digital / Zone 2 / Langues : espagnol, italien / Durée : 129' (Bonus : fiche et filmographie, chapitrage)
DVD : Constantine the Great, Video Film Express éd., coll. «Cinema Classics» (Pays-Bas). Réf. 500851 / Format image : 1.66:1 / Audio : Dolby Digital 2.0 / Coul. / Pal / Zone 2 / DVD 9 / Langue : italien - sous-titres : néerlandais / Durée : 109'

BIBLIOGRAPHIE
Gremese 3, pp. 136-137.

SCÉNARIO
En l'an 303 de n.E., les légions romaines, sous les ordres de Constance Chlore, héros de l'Empire et familier de l'empereur Dioclétien, livrent en Gaule un combat acharné contre les Barbares Francs. Constance a un fils, Constantin, qui se distingue par son courage et son autorité. Ses brillantes victoires et sa réputation d'intégrité le désignent pour être élevé au rang de César d'Occident, c'est-à-dire pour représenter l'autorité impériale en Gaule et en Germanie.
Constantin répugne à la pensée d'abandonner ses soldats pour les intrigues de la Cour, aussi est-ce à contre-cœur qu'il se dirige vers Rome, accompagné de son fidèle lieutenant Hadrien. Une lumière éclaire cet horizon qu'il contemple avec méfiance : il va revoir Fausta, une merveilleuse créature qui s'est promise à lui. Mais si la jeune femme l'admire passionnément, le père de Fausta, Maximien Hercule, et le frère de celle-ci, Maxence, détestent Constantin. Tous deux ambitionnent le pouvoir et voient en lui un obstacle à leurs projets. Aussi organisent-ils un guet-apens au cours duquel, après un combat acharné, Constantin et Hadrien mettent leurs agresseurs en déroute.
Mais Hadrien est sérieusement blessé. Transporté chez des paysans, il y sera soigné avec dévouement. Il y fait la connaissance de Livia, une pure et belle jeune fille. Les deux jeunes gens tombent immédiatement amoureux l'un de l'autre. Mais ces paysans sont chrétiens et c'est en secret qu'ils se livrent aux pratiques de leur religion. Ils sont traqués et arrêtés par les troupes de Dioclétien, homme intègre, mais qui fait à son insu le jeu de Maxence et de Maximien. Hadrien ne peut supporter l'idée de voir celle qu'il aime livrée aux lions. Alors que l'odieux carnage commence, il réussit à convaincre Constantin de la faire évader. Ce qui est fait.

Maxence profite de cet événement pour jeter le discrédit sur Constantin qui est obligé de s'enfuir pour éviter l'arrestation. Cependant, Dioclétien, qui commence à s'apercevoir des intrigues tramées autour de lui, abdique et désigne Constance pour lui succéder au grand désappointement de Maximien et de son fils. Constantin rejoint son père en Gaule, alors que la bataille fait rage. Constance est blessé. Il meurt dans les bras de son fils en lui révélant que sa mère, Hélène, est chrétienne et qu'il a dû, contre son gré, la répudier pour raison d'Etat. Les légionnaires incinèrent le corps du vieil Empereur, César d'Occident, et proclament Constantin nouvel Empereur à sa place. A peine la nouvelle de l'élection parvient-elle à Rome que Maxence, tout en feignant une grande joie, conçoit l'idée de renverser Constantin avec l'aide de son père.

A l'occasion du mariage de Constantin avec sa fille Fausta, Maximien tente d'assassiner Constantin. Mais une lettre mystérieuse met en garde le jeune Empereur. Démasqué, Maximien se suicide. Au Sénat, Maxence accuse Constantin du meurtre de son père et, soutenu par les Prétoriens, se fait nommer Empereur et met Hadrien en état d'arrestation. Son premier soin est de rétablir les persécutions contre les chrétiens que Constantin avait abrogées. A l'annonce de la nouvelle, Constantin décide de marcher sur Rome. Fausta tente de s'opposer à cette lutte fratricide. Elle est emprisonnée, ainsi qu'Hélène. Maxence pense utiliser ces deux otages pour faire plier Constantin, mais, au cours de la veillée d'armes, celui-ci a la vision de la Croix du Christ. Elle lui indique la marche à suivre.

Malgré son infériorité numérique, Constantin écrasera les légions de ses adversaires au cours d'une lutte à mort. Il tuera Maxence de sa main et c'est en libérateur qu'il entrera dans Rome qui l'acclame. Au milieu de la foule, Fausta et Hélène l'attendent. Il proclame la liberté du culte et consacre le triomphe définitif du christianisme.

revolte des pretoriens

Révolte des prétoriens (La)
Guerriers invincibles (Les) [rééd.]

  IT, 1964

Rivolta dei pretoriani (La) / Invincibili guerrieri (Gli) [rééd. 1971-72]
Revolt of the Prætorians [EU] [EU-tv]
Aufstand der Prätorianer (Der) [AL]

Prod. : F.I.A. (Film Internationali Artistici) - Une sélection Lyre / Eastmancolor / Techniscope

Fiche technique
Réal. : Alfronso BRESCIA; Scén. et Hist. : Giampaolo CALLEGARI; Images : Pierludovico PAVONI; Prod. : Giorgio (Geo) AGLIANI; Mont. : Nella NANNUZZI; Déc. : Pier Vittorio MARCHI; Cost. : Mario GIORSI; Assist. cost. : Tony RANDACCIO; Access. : Tonino FRATALOCCHI; Dir. prod. : Carlo VASSALLE; Assist. réal. : Filiberto FIASCHI; Insp. prod. : Albino MORANDIN; Mont. son : Filippo PERRONE; Op. cam. : Fausto ROSSI, Luigi Filippo CARTA; Assist. op. cam. : Salvatore CARUSO; Maître d'arme : Bruno UKMAR; Maq. : Andrea RIVA; Coiff. : Renata MAGNANTI; Phot. plat. : Umberto SPAGNA; Musique : Carlo FRANCI.

Fiche artistique
Richard HARRISON (Valerius Rufus) - Moira ORFEI (Artamné) - Giuliano GEMMA (Cocceius Nerva [15]) - Piero LULLI (Domitien) - Renato MONTALBAN (?) - Paola PITTI [Paola PIRETTI (Lucilla) - Aldo CECCONI - Ivy HOLZER (Zusa, suivante de Lucilla) - Salvatore FURNARI (Elpidion) - Massimo CAROCCI - Fedele GENTILE (Fabius Lucilius) - Amedeo TRILLI (gardien de la grotte) - Mirko ELLIS (Séjan, officier des prétoriens) - Aldo CECCONI (Soterus) - Andrea FANTASIA (usurpateur [non-crédité]) - Osiride PEVARELLO (Fireflasher [non-crédité]) - Bruno UKMAR (soldat romain [non-crédité]).

DISTRIBUTION
BE/ The Rank Organisation
FR/ The Rank Organisation (sortie en France, 16 juillet 1966 - Visa ministériel n° 1876)

NOTES
Incasso L 207.000.000.

VIDÉOGRAPHIE
DVD : La révolte des prétoriens, F.I.P. éd., Langue : français - Sous-titres : néant / Son : mono / Format vidéo : 16/9 / Format image : scope / Durée : 95'

BIBLIOGRAPHIE
Unitalia 1964, p. 50; Saison cin. 1967, p. 169; Bolaffi 1965, p. 280; Gremese 3, p. 452.

SCÉNARIO
L'empereur Domitien fait subir à Rome le plus cruel despotisme. Le peuple est las d'être opprimé par son empereur et sa maîtresse, la devineresse égyptienne, Artamné, et par le chef des gladiateurs impériaux, Sotero. Mais, parmi les hommes qui entourent Domitien, il y en a d'autres, comme Valerius Rufus, qui, en secret, sympathisent avec le peuple.
Valerius aime et est aimé de la jeune Lucilla, fille du sénateur Lucius Fabius, qui doit sacrifier sa virginité à la déesse Isis... et lui offrir ses bijoux. La cupide Artamné est surtout intéressée par les joyaux; mais c'est la plus bestiale lubricité qui anime Domitien et ses amis ! Les cérémonies viennent de commencer lorsqu'un mystérieux jeune homme, couvert d'une peau de loup rouge saute sur les gardes, les tue, et sauve du viol la jeune fille.

Domitien est fou de rage, car ce n'est pas la première fois que le «Loup Rouge» croise son chemin. Il ordonne de faire exécuter dix patriciens, soupçonnés de comploter pour renverser le régime.
Le «Loup» parvient à sauver tous les patriciens, sauf deux : Flavius et Rutilius. Il kidnappe ensuite Artamné et, après l'avoir conduite dans la cachette des conspirateurs, il propose d'échanger ses deux amis contre la maîtresse du tyran.

Malheureusement, Artamné parvient à s'échapper et conduit les gardes de Domitien dans la retraite des rebelles. Le «Loup» est incapable d'empêcher le massacre et est lui-même blessé au bras pendant la bataille. Pendant ce temps, Lucilla est emmenée au palais où Domitien la garde comme otage. Quand le jeune prétorien prend son service au palais, il dissimule sous son manteau le pansement, mais Sotero devine son stratagème et comprend que Valerius Rufus est lui le «Loup Rouge».

Valerius parvient à s'échapper et envoie la fidèle servante Zusa au palais pour aider sa maîtresse Lucilla à se sauver par un souterrain connu du bouffon Elpidion, qui a pris le parti des conjurés. Après avoir vu Lucilla, Zusa est capturée et Domitien se sert d'elle pour tendre un piège aux derniers conspirateurs.

Exaspéré par le refus de Lucilla de se donner à lui, Domitien la condamne à mort ainsi que Valerius Rufus. Les jeunes gens seront immergés dans un chaudron empli de plomb en fusion.
Valerius s'enfuit juste à temps pour délivrer Lucilla. Il s'empare d'une épée et attaque les gladiateurs; mais au moment où il est prêt à succomber sous le nombre de ses ennemis, des prétoriens qui lui sont restés fidèles interviennent conduits par Séjan. Pendant la bataille, Domitien et Artamné sont tués. Nerva est élu empereur. Valerius et Lucilla pourront vivre heureux ensemble dans une Rome qui a retrouvé la paix.

ANALYSE
Extraits des dialogues de La révolte des prétoriens

Ouverture du film
Voix off : Obsédé par la crainte d'une conjuration, il [Domitien] s'était entouré d'une garde personnelle constituée par les plus vaillants et les plus fidèles de tous les gladiateurs de l'Empire.

Une effigie de Domitien (sous laquelle il est écrit : DIVUS CÆSAR DOMITIANUS) a été dressée à un carrefour de Rome
Sous l'œil scrutateur de quelques gladiateurs postés là, des citoyens la saluent en passant : «Ave César», «Ave César», «Ave divin César !» Arrive un sénateur accompagné de sa fille, qui refuse de saluer le buste impérial malgré les injonctions de celle-ci («Ils nous regardent, Père ! Salue César !»). Il est sur le champ proprement occis par Sotero, la brute qui commande la garde des gladiateurs. «L'Empereur est notre Dieu ! Voilà ce qui attend ceux qui refusent de l'adorer !», proclame Sotero en rengainant son arme.

Commentaires de la foule : «Domitien est un despote tyrannique...», «Oui, nous ne sommes pas des esclaves !», «Mais qui nous rendra la liberté ?», «Nous en avons assez de la tyrannie !», «Qui nous débarrassera de ce monstre ?», «C'est le règne de l'iniquité !»

Domitien, devant ses courtisans et officiers, dont Sotero le chef des gladiateurs, et Valerius Rufus, tribun des prétoriens
DOMITIEN (à des sénateurs qu'il vient de condamner) : Lèse-majesté ! Conspiration ! Trahison ! Révolte...
SÉNATEURS (se récriant) : Tu nous accuses injustement, César, et nous pouvons te prouver notre innocence...
DOMITIEN (haussant le ton) : ... offenses à la divinité de César ! Complicité avec les ennemis de César !
SÉNATEURS : Non, c'est faux. Accorde-nous la parole. Est-ce que nous n'avons plus le droit de nous défendre ? Nous sommes des Patriciens romains...
DOMITIEN (balayant les objections) : Vous n'êtes tous que des traîtres ! J'ai eu connaissance de la conjuration qui vise à me déposséder du trône impérial. Mais tout Patriciens que vous êtes, j'entends vous exterminer tous, les uns après les autres, même sans avoir la preuve de votre responsabilité. Je vous condamne à mort, traîtres ! (Il se tourne vers Sotero :) Sotero ! Ce sont tes gladiateurs qui exécuteront la sentence. Je te donnerai la liste des complices que tu devras arrêter ensuite... Qu'on emmène les condamnés. (On les emmène. Domitien se tourne vers le tribun des prétoriens, dubitatif :) Valerio Rufo, il ne te semble pas juste le verdict que j'ai rendu ?
VALERIUS RUFUS (diplomate) : Tu es un Dieu, César. Et les Dieux ne sont-ils pas toujours justes ?

Domitien et son bouffon Elpidion
ELPIDION (en confidence) : Maintenant que tu viens de retirer leurs ongles à ces chiens, pourquoi ne leur fais-tu pas grâce ? Quand les chiens aboient ils ne sont pas dangereux.
DOMITIEN (menaçant) : Attention, il pourrait t'en coûter de prendre leur parti. Quand les chiens mordent, Elpidion, on les étrangle.
ELPIDION (courtisan) : Alors confie-les moi, mes mains sont très puissantes ! Je les étranglerai tous... (Domitien considère le nain. Ils rient.)
ARTAMNÉ (prêtresse d'Isis et maîtresse de Domitien) : La villa que possédait Lépide à Antium va être confisquée. Pourquoi ne me la donnes-tu pas ?
DOMITIEN (avec ferveur) : Elle t'appartient dès ce moment, ma chère et tendre Artamné.
ARTAMNÉ (enjôleuse) : La déesse Isis m'est apparue en songe, la nuit dernière. Elle m'a ordonné de convertir les Romains à son culte pour ton bonheur personnel et ta félicité.
DOMITIEN : Mmouias... Il ne sera pas nécessaire de m'allier les divinités de l'Egypte pour connaître le bonheur.
ARTAMNÉ : Isis est la déesse de la Terre et de l'Amour. Et les jeunes filles les plus belles qui soient lui sacrifient leur virginité au cours de fêtes données en son honneur.
DOMITIEN (lourd de sous-entendus) : La déesse Isis sera vénérée à la Cour. Je choisirai personnellement celles qui seront «sacrifiées» au culte d'Isis.
ARTAMNÉ (posément) : Lorsque j'étais en Egypte, j'étais sa prêtresse. Or la coutume voulait que les jeunes filles qui étaient choisies pour être «sacrifiées» fissent don à la prêtresse de leurs joyaux à cette occasion.
DOMITIEN (rire discret) : Artamné... tu ne changeras donc jamais. Tout ceci au fond n'était que prétexte afin de t'approprier les joyaux des autres. Qu'importe, ta déesse me plaît. Je te le promets, tu auras leurs joyaux.

Domitien se prend pour Jupiter
DOMITIEN (à son bouffon, le nain Elpidion) : Quant à toi, petit coquin, tu restes avec moi...
ELPIDION (qui aurait préféré filer informer les conspirateurs) : Oui...
DOMITIEN (gaîment) : Tu ne veux pas me tenir compagnie ?
ELPIDION (flagorneur) : Lorsque Jupiter est irrité et donne de la voix, tous les lapins fuient... (rires de Domitien)
DOMITIEN (rassurant) : Jupiter n'est plus irrité, n'aie crainte. Parce que bientôt ses ennemis enchaînés seront tous enfin à ses pieds. Et que demain à l'aurore leurs têtes seront données en pâture aux corbeaux. Bon, aide-moi à m'habiller à présent. Tu m'accompagneras aux thermes...

Des raisons pour le peuple de se révolter
On annonce l'exécution pour le lendemain du chef des conspirateur.
CITOYEN 1 (irrité) : Si on me laissait faire, j'en mettrais quelques-uns en bouillie ! A commencer par Domitien !
CITOYEN 2 (prudent) : Chut Massimo ! Veux-tu bien te taire ? Tu ne vois pas plus loin que tes poings, idiot !
CITOYEN 1 (décidé) : Si on n'a même plus le droit de parler, alors il faut agir. Nous sommes écrasés d'impôts. On ne trouve plus de farine. Le pain est rare et cher. Bientôt nous mourrons de faim. (Cris approbateurs)
CITOYEN 2 (sceptique) : Alors qu'est-ce que tu veux faire ?
CITOYEN 1 (assenant une évidence) : Mais nous révolter tous...
CITOYEN 2 (désillusionné) : Ah tu me fais bien rire, tais-toi ! Pour organiser une révolte il faudrait avoir un chef courageux, rusé, intrépide et fort. Il y a un homme à Rome, qui est tout ça : celui qu'on va décapiter demain ! Que voulez-vous, si les dieux ne le sauvent pas on ne peut rien y faire ! Allons les amis, il est temps d'y aller si on veut dîner ce soir...

Suite…

NOTES :

(1) La VF parle du «Loup Rouge», mais il nous souveint que la matériel publicitaire belge de l'époque évoquait un «Renard Rouge». Reconnaissons néanmoins que, dans le film, la peau de bête revêtue par le justicier évoque davantage le loup que le renard. - Retour texte

(2) Outre les gladiateurs, aux tenues aisément reconnaissables, et les prétoriens, légionnaires en manteau rouge, il y a une troisième catégorie de gardes du corps indéfectiblement loyaux à Domitien - des légionnaires en manteau noir - que le film ne définit pas clairement, mais dont l'action prête à équivoque : il doit s'agir des gardes germains... - Retour texte

(3) Domitien fut assassiné par un de ses affranchis. - Retour texte

(4) Cf. le brave Nerva-Giuliano Gemma, qui ne paraît pas ses soixante-seize ans dans La révolte des Prétoriens). - Retour texte

(5) Vers la même époque, les Francs et les Alamans apparaissent sur le Rhin. - Retour texte

(6) Dans ses Divins Césars, L. Jerphagnon - qui a quelque peu Constantin dans le nez - le compare encore à «un adjudant-chef, quelque feldwebel monté dans la transcendance». Il réutilisera la même métaphore dans son Histoire de la Rome antique. Citation : «Le physique de l'Illyrien [= Constantin], un solide gaillard de vingt-deux ans, avait sûrement de quoi impressionner, mais le plus intéressant est que pour en rendre compte, le panégyriste va chercher les théories philosophiques les plus éculées : «Ce n'est pas sans fondement, poursuit-il, que d'éminents philosophes enseignent que la nature elle-même fixe le domicile des grandes âmes dans des corps dignes d'elles et que le visage d'un homme, la grâce de sa personne, permettent de conclure à la noblesse de l'esprit céleste venu habiter là. Ainsi, en voyant ta démarche, les soldats t'admirent, te chérissent, te suivent du regard, fixent ton image dans leurs âmes et croient obéir à un dieu dont la prestance est aussi belle qu'est certaine ta divinité...» Et allez donc ! En fait, ce que nous restituent de Constantin les médailles, les monnaies, les statues ne correspond pas à l'idée qu'on se fait d'un dieu. Ce corps râblé, massif, ces traits taillés à coups de serpe font plutôt penser à un adjudant-chef monté dans la transcendance. Mais idéologie oblige; chacun sait que le visage idéal prime le visage réel. Constantin est divin; il doit donc être beau. Soulignons en passant que ce culte du monarque ne doit rien au christianisme : divin, Constantin l'eût été de toute façon, et le style du panégyriste eût été le même» (Lucien JERPHAGNON, Histoire de la Rome antique, Tallandier, 2002). - Retour texte

(7) «Baptisé de frais, Constantin s'était donc endormi dans la paix du Seigneur, et reposait maintenant dans l'église des Saints-Apôtres, la plus belle de Constantinople, où il s'était fait aménager un mausolée. Dans la Ville éternelle, une statue colossale perpétuait le souvenir du basileus, nimbé des sept rayons du soleil. Belle pièce, dont la seule tête faisait déjà 2,60 m. Les traits massifs, le front bas, le regard faussement indifférent : plutôt que le héraut de la divinité, l'ensemble évoquerait plutôt aujourd'hui le videur de boîte de nuit. Vous pouvez la voir à Rome, au palais des Conservateurs, ainsi du reste qu'un pied monumental. À ne pas manquer» (Lucien JERPHAGNON, Les Divins Césars, Tallandier, 2004). - Retour texte

(8) La révolte des Morts-Vivants/La chevauchée des fantômes (La Noche del Terror Ciego, 1971), Le retour des Morts-Vivants (El Ataque de los Muertos sin Ojos, 1973), etc. - Retour texte

(9) Là, j'ai des doutes. Il doit s'agir plutôt de la «Vallée des Hommes pétrifiés» ! Toutefois, le fameux lac du Monstre du Marais, où furent tournés des séquences de plusieurs péplums dont La révolte des gladiateurs, Maciste contre les Monstres etc. pourrait bien se trouver lui aussi en Espagne, pays coproducteur. - Retour texte

(10) Cf. Ciné Zine Zone, n° 99, pp. 90-91. - Retour texte

(11) Les noms marqués d'une astérisque (*) ne sont pas crédités dans le générique espagnol. Le(s) nom(s) marqués de deux astérisques (**) figurent uniquement au générique espagnol. - Retour texte

(12) Andromède dans la VF, ce qui est confirmé par toutes nos sources, sauf Unitalia 1962 qui indique Andromaque (coquille ?). - Retour texte

(13) Certaines de nos sources créditent à Molino Rojo du rôle de Céphée, mais le Gremese et IMDb lui attribuent «Tarpete», le rôle de Céphée étant assuré par Roberto Camardiel.
Tarpete est - dans le film - le conseiller de Céphée, mais en réalité à la solde d'Acrisios. - Retour texte

(14) Maciste contre les Géants, analysé par Goimard dans le même numéro de Fiction (N.d.M.E.). - Retour texte

(15) Certaines sources créditent à tort Giuliano GEMMA du rôle de Sotero (!) et Renato MONTALBANO de celui de Nerva. C'est de toute évidence faux. IMDb crédite le rôle de Sotero, chef des gladiateurs, à la fois à Renato Montalban (sic) et à Aldo Cecconi. Nous n'avons pas identifié quel personnage incarnait Montalban, sans doute un sénateur... - Retour texte