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Masada
(Les Antagonistes, Boris Sagal, 1980)

 

masada - les antagonistes

Peut-être parce que à l'origine tourné pour la télévision, Masada (sur le grand écran : Les Antagonistes) reste un péplum fort injustement oublié des cinéphiles. A l'aube des Eighties - et alors que le sulfureux Caligula de Tinto Brass et Bob Guccione générait une prolifique série de péplums érotiques graveleux - Masada fut pourtant le film qui laissa présager un retour du péplum (il allait être suivi d'Anno Domini (Stuart Cooper, 1984-1985), Les Derniers Jours de Pompéi (Peter Hunt, 1984) et Quo Vadis (Franco Rossi, 1984)).
Saluons l'extraordinaire performance d'acteur de Peter O'Toole dans le rôle de Flavius Silva, le général dégoûté par la guerre
(1), et aussi de ces merveilleuses "gueules britanniques" : Anthony Quayle, Jack Watson... rien de changé sous le soleil, dans le cinéma américain ce seront toujours les roatsbeefs qui tiendront les rôles de Romains !
Américain ou non, tout péplum qui se respecte se doit d'avoir au moins un clou, une scène spectaculaire. Au cours du siège de Masada (ou Massada), les Romains réalisèrent en plein désert des travaux de siège spectaculaires, construisant une rampe d'assaut que le visiteur peut encore voir aujourd'hui, sur laquelle ils firent avancer une tour roulante. Le péplum poliorcétique (art des travaux de siège) était né !

masada
Vue aérienne du plateau de Masada. Vers le coin inférieur droit, la mer Morte (pas sur la photo), que la forteresse domine de ses quelque 400 m. Dans le coin supérieur gauche, le plateau du désert de Judée, derrière lequel se couche le soleil. Un ravin profond de 80 m sépare la forteresse hérodienne du principal des huit camps établis par la Xe Légion. C'est là que Silva construira sa rampe d'assaut, toujours visible de nos jours.

 

Lutter contre toutes les oppressions

Haut lieu du patriotisme israélien depuis la fin des années '50 (fouilles de Y. Yadin en 1958), c'est à Masada que, chaque année, la nouvelle promotion d'officiers de chars vient prêter le serment qu'"il n'y aura jamais plus de Masada" pour Israël (2).
Peter O'Toole déclarera qu'il avait accepté le rôle de Flavius Silva, commandant de la Xe Légion, "parce que cette histoire reste actuelle : une armée dégoûtée, qui se demande ce qu'elle fait là, à massacrer des malheureux, un peu comme les Américains dans le bourbier du Viêt-nam".

Pour certains, ce film, en 1981, inverserait l'histoire : Les Antagonistes seraient Israël et sa puissance redoutable broyant aujourd'hui les résistants palestiniens, comme il y a deux mille ans Rome l'avait fait des Zélotes qui osaient lui tenir tête. Il y a entre Silva et les allégations de Peter O'Toole sur les Américains lassés par le bourbier vietnamien, une marge. Et ses considérations ne sont valables que pour le personnage de Silva, qu'il incarne, même si au début les mutins de la Xe Légion désirent avant tout rentrer chez eux, en Italie. Qu'on n'y prenne garde : Flavius Silva, l'agresseur romain, pourrait tout aussi bien incarner le monde arabe, avec ses pétrodollars et sa multitude démographique, prêt à fondre sur Ezret-Israël qu'il entoure de toutes parts comme jadis l'Empire romain.
Vraiment, dans le film, l'oppresseur romain peut être qui l'on veut, en fonction de nos antipathies personnelles. Ainsi il y a dans d'antagonisme opposant Silva à son collègue Falco, le fanatique entouré de ses gardes du corps germaniques, un petit relent de ces relations opposant les officiers de la Wehrmacht et ceux des Waffen-SS dans les films de guerre américains - en particulier lorsque Falco exécute ses otages juifs en les utilisant comme projectiles de catapulte, scène particulièrement odieuse qui révolte les légionnaires eux-mêmes. (3)

Devant eux, les nouveaux Eléazar (athée dans le film... c'est un comble pour un Zélote de 73 de n.E.(4), que le scénario semble confondre avec les "Sicaires" [5]) n'ont d'autre choix que de combattre... ou de se condamner au suicide. Avouons notre scepticisme lorsque Peter O'Toole/Flavius Silva, à la fin du film, affirme devant les corps de ses ennemis, que s'ils avaient consentis à se rendre et à négocier, ils n'auraient pas été suppliciés ou massacrés. Combien des 600.000 Juifs de Jérusalem, trois ans auparavant, survécurent au siège du, pourtant, "bienveillant" Titus - celui qu'on surnommera "Les délices du genre humain" ?

masada falco

Mais le cinéma est avant tout un spectacle. Et le clou de ce spectacle, c'est l'attaque de la tour roulante. C'est peut-être bien elle, d'ailleurs, la véritable héroïne de ce film qui reste à ce jour le seul à avoir montré la poliorcétique romaine en action...
Avec des lacunes toutefois, comme celle qui consiste à éluder le fait que les Romains avaient bâti cinq camps autour de la forteresse, et des ouvrages de circonvallation. Tout comme est éludé le fait qu'il y eut cinq survivants juifs à Masada (deux femmes et trois enfants) et deux ou trois petits détails techniques : pourquoi l'aigle légionnaire précède-t-il un convoi d'esclaves ?... Les Romains démontaient leurs catapultes pour les transporter, au contraire de ce qu'on voit dans le film, etc.

 
helepole
Pour rester bien droite en terrain plat comme sur une surface déclive, la tour roulante imaginée par Rubrius Gallus est montée sur une crémallière (les deux cylindres dentés, à l'arrière) qui permet d'en corriger l'inclinaison. Hypothèse intéressante.

 

Un péplum poliorcétique

 A. Le roman d'E.K. Gann

1. "Silva contemplait la rampe et parvenait à peine à se convaincre qu'il était responsable de sa construction. Débarrassée des ouvriers, des machines, des animaux, des outils qui l'avaient encombrée, elle paraissait plus gigantesque et elle produisait un stupéfiant effet : on eut dit non une création humaine mais une capricieuse excroissance terrestre. Elle s'élevait, telle une énorme épaule qui eût soutenu le rocher de Massada, tel un blanc monument aveuglant sous le soleil, et Silva sentit la nécessité d'exprimer son admiration : « Notre ami [Rubrius] Gallus, dit-il à son état-major, a eu l'audace d'attacher son nez sur le visage de la terre. »"
[Description de l'arrivée des contingents envoyés des différents camps autour de Masada. Les légionnaires des 3e et 5e cohortes sont affectés à aider les pionniers, comme simples manœuvres.]

2. (...) "La tour d'assaut avait été amenée au pied de la rampe avant même l'achèvement des travaux. A présent, sous l'œil vigilant de Rubrius Gallus, les soldats inspectaient une dernière fois les treuils, les cordes, les palans. La rampe était très raide et la tour extrêmement pesante. Il fallait qu'elle arrive à destination, intacte et en temps voulu."

3. "Le bélier reposait sur un véhicule à part, qui serait hissé sur la rampe après la tour. C'était l'engin le plus long et le plus lourd que les légionnaires aient jamais vu dans la guerre, mais à l'extrémité du pilon manquait la tête de bélier traditionnelle. Aucun forgeron de Palestine n'aurait été capable d'exécuter un tel travail et les soldats avaient protégé le bois par une calotte de fer. Silva s'émerveillait en secret de la confiance que montrait Gallus. Le tribun avait en effet proclamé que le madrier glisserait sans aucune difficulté. « Une fois que nous aurons déterminé le centre des oscillations, nous ajusterons les frondes en conséquence, Seigneur. Après, même un petit enfant pourra le faire balancer en lui imprimant une poussée régulière. (...) »"

4. (...) "Cinquante archers arabes avaient été choisis parmi les plus experts pour occuper le sommet de la tour que recouvraient des plaques de fer. Si les calculs de Gallus étaient corrects - et Silva n'avait jamais vu Gallus se tromper - deux heures après s'être mise en route, la tour serait parvenue à la moitié de la rampe. Les archers seraient alors à distance convenable des remparts et auraient le soleil dans le dos. Puis, à mesure que la tour monterait, le soleil déclinerait. Ainsi, si tout se passait comme prévu, les Juifs seraient éblouis durant la deuxième phase de l'ascension de l'engin, c'est-à-dire durant la phase où ils auraient pu se défendre sérieusement."

5. (...) "En avril, le jour durait treize heures et demie et la nuit dix et demie. L'attaque devant partir de l'ouest, pourquoi [avait suggéré Silva] ne pas incliner la rampe de manière à profiter des avantages offerts par le couchant ? L'air malheureux, Gallus avait calculé qu'il y aurait des complications, mais il avait calculé les azimuts et les altitudes du soleil à l'époque où, selon ses dires, l'ouvrage serait terminé et il avait conclu qu'en faisant obliquer légèrement la rampe vers le nord, le soleil frapperait droit en son centre. De ce fait, avant même la fin des travaux, les deux hommes connaissaient approximativement la date et l'heure de l'attaque. (...) Au pied de la rampe, derrière la tour, étaient rangées deux tortues de siège. Chaque carapace cachait une catapulte manœuvrée par les légionnaires de la cinquième cohorte. Leurs munitions avaient déjà été entreposées sur deux plates-formes aménagées de chaque côté de la rampe à une certaine distance, soigneusement calculée, de la tour. Ces deux plates-formes, pensait-on, étaient suffisamment éloignées de la rampe pour échapper aux tirs directs venus de Massada et suffisamment proches pour protéger les flancs de la précieuse tour. Les tortues étaient défendues par des frondeurs des Baléares qui devraient combattre à découvert. Silva n'espérait pas en revoir beaucoup en vie.
Soudain, il s'étonna qu'un simple ordre de sa part ait rassemblé une telle multitude
(15.000 esclaves juifs et 5.000 soldats)."
[Suit la description de l'assaut : faute de place sur la rampe, une grande partie de l'armée romaine ne pourra y participer. "Deux cohortes de la IIe et de la IVe (6)" conduiront l'assaut. Disciplinées, elles se sont longuement entraînées, sur un simulacre de tour, à franchir en armes la brèche ouverte par le bélier. Les hommes avancent en quinconce, à trois pieds l'un de l'autre, pour ne pas offrir une cible trop compacte à la défense ennemie. Deux mille esclaves halent la tour, cent le bélier et autant chacune des deux catapultes, bientôt rejointes par 50 hommes de renfort. Mais le vent du sud se lève et noie dans des tourbillons de poussière les hommes sur la rampe, ce qui les gêne considérablement - mais aussi rend difficile la riposte des Zélotes, l'écran de poussière les empêchant de localiser les tireurs ennemis...]

6. (...) "Le tribun Gallus connaissait les limites de l'endurance humaine; il avait recommandé que, quatre fois par heure, les cordes soient arrimées et que soit accordé un repos aux Juifs. Alors tous se lamentaient et quelques-uns sanglotaient avec désespoir. Et puis venait le moment où les soldats inspectaient les rangs des manœuvres et emportaient ceux que l'épuisement avait terrassés ou qui étaient à l'agonie. Ils jetaient les cadavres de part et d'autre de la rampe et les regardaient bondir et rebondir sur les rochers avant de s'écraser, désarticulés, dans le wadi."

7. (...) "Le tribun Rubrius Gallus n'avait jamais connu une telle satisfaction. Tous ses doutes secrets s'évanouissaient les uns après les autres. Non seulement la rampe avait été terminée en temps voulu mais elle avait l'exacte inclinaison qu'il avait calculée six mois auparavant. Il savait depuis toujours qu'une erreur de deux degrés dans son élévation aurait soulevé un nombre infini de problèmes, dont certains insolubles. Avec une élévation trop raide, le poids apparent de la tour aurait été porté à la puissance deux ou à la puissance trois. Une surface trop molle aurait eu le même effet. Dans les deux cas, il aurait fallu augmenter le contingent de Juifs attelés aux cordes et il était évident que la rampe n'aurait pu contenir autant de monde. De même, il aurait fallu changer le diamètre des cordes et des poulies destinées à guider et à multiplier la force des Juifs. Mais où diable trouver de plus grosses cordes et de plus fortes poulies ?"

[Rubrius Gallus s'active, suit la tour en mouvement, vérifie chaque cordage, le graissage de chaque poulie, supervise les manœuvres, garde l'œil sur la position du soleil... et - une saute de vent dispersant soudain l'écran de poussière - prend une flèche juive dans la nuque ! La tour arrivée en haut de la rampe, le bélier enfonce le mur de pierre, mais les Zélotes ont procédé à une contre-mesure, un mur de bois qui absorbe les coups de boutoirs, sans céder.]
Ernest K. GANN, Duel à Massada (7)

masada plan helepole

B. Le film de Boris Sagal

La rampe
Le "morceau de bravoure" du film comme de la série TV est, assurément, la construction de la rampe d'assaut et de la tour roulante par les Romains. Alternant les images de travaux avec les monologues de Rubrius Gallus, la guerre poliorcétique en est un ressort au même titre que les relations conflictuelles Silva-Eléazar ou Silva-Sheeva. C'est elle qui, du reste, imprime son rythme au film, véritable métronome mesurant le temps imparti à Silva pour remplir la mission que Vespasien lui a confiée, cependant qu'un chevalier minable, ancien prêteur sur gages devenu général d'opérette à la cruauté sans borne, l'intrigant courtisan Pomponius Falco, attend son heure tout en chronométrant l'avancée des travaux obsidionaux...

En -52 à Avaricum (Bourges), comme en +70 à Jérusalem, les Romains ont montré leur compétence dans l'art des sièges. Il ne fallut que 25 jours aux légionnaires de César pour construire un agger, une terrasse de vingt-quatre mètres de haut, longue de 75 m et large de... 100 m, sur lequel circulaient deux tours roulantes et quantité de catapultes en tous genres. Il était fait de poutres entrecroisées que, du reste, les sapeurs gaulois tenteront d'incendier. De grandes quantités de bois étaient bien entendu nécessaires pour ce genre de travaux et Flavius Josèphe, retraçant les opérations qui furent menées devant Jérusalem, rapporte qu'il ne resta bientôt plus un seul arbre debout dans un rayon de 25 km autour de la ville. Le même Josèphe, notre unique source relativement au siège de Masada, décrit la rampe d'assaut construite par les Romains en +73, encore visible de nos jours, plutôt que la tour elle-même dont il précise cependant la hauteur : 30 m. Ygaël Yadin nous confirme les dimensions de cette rampe construite à l'ouest de la forteresse, adossée aux contreforts du plateau du désert de Judée où les murs de Masada n'étaient qu'à 80 m de hauteur (contre 400 m à l'est, du côté de la route qui longe la mer Morte). Cette rampe mesurait (et mesure encore [8]) 210 m de long et monte à une hauteur de 60 m. Les vingt derniers mètres étant obtenus par la hauteur de la tour, qui donc devait surplomber les défenses ennemies de 5 à 10 m - le bélier se positionnant aux 2/3 de sa hauteur.

La plupart des schémas d'ouvrages poliorcétiques que l'on peut voir dans les ouvrages d'histoire militaire, nous révèlent des rampes d'assaut relativement raides mais sur lesquelles ne montent que des béliers sous leur tortue de protection (p. ex. à Platées, en 429-427 av. n.E.) ou relativement horizontales (Avaricum), dans lequel cas on peut constater la présence de tours roulantes.
Voulant illustrer la sauvagerie et la brutalité des "Hommes du Nord", R. Fleischer, dans Les Vikings, recourt à une mise en scène sans temps mort, servie par un montage serré, dynamique. A peine les Vikings ont-ils débarqué de leurs drakkars que les voici halant à toute allure leur bélier, un énorme tronc d'arbre monté sur roues. D'un seul mouvement, il percute la porte du fort anglais, qui vole en éclats, cependant que déjà les attaquants courent dessus - l'utilisant comme pont jeté sur l'abîme d'un insondable fossé. Mais le visiteur de Fort-La-Latte - où le film fut tourné - s'aperçoit vite de l'impossibilité de cette scène : l'accès à la porte du château se fait par un petit sentier tortueux où il ne saurait être question de faire dévaler à toute allure un tronc de plus de dix mètres de long. Les planches pédagogiques ont coutume de nous montrer antiques hélépoles ou beffrois médiévaux évoluant sur des terrains planes - ainsi les dessins de Viollet-le-Duc illustrant le siège de la Roche-Pont - alors que l'intérêt même des occupants du château était de laisser et même de renforcer les accidents de terrain.

Laborieux et méthodiques, les Romains sont le contraire des barbares vikings. Les Antagonistes (le film) exploite ces connotations : par leur industrie, les légionnaires viendront à bout de toutes les difficultés. Pourtant l'épisode historique de Masada est loin d'être le chef d'œuvre absolu de la poliorcétique antique. Les tours d'assaut de Marcellus (9) venant battre les murs de l'Akradinè montées sur des sambuques (c'est-à-dire deux galères accolées), c'était déjà un bel exploit, mais un exploit sanctionné par l'échec des Romains (siège de Syracuse, en -212). Autrement plus fort fut Alexandre le Grand qui, assiégeant Tyr (10), fit construire sa rampe d'assaut non pas dans le désert comme Silva, mais dans la mer. La digue d'Alexandre consistait en une chaussée mesurant 740 m de long sur 60 m de large et avait été construite en eaux peu profondes avec des matériaux arrachés au "Vieux Tyr", sous les contre-attaques permanentes des défenseurs (DIODORE, XVII, 40); aux abords de l'objectif, c'est-à-dire à l'endroit le plus profond, la profondeur atteignait 10 m (ARRIEN, II, 18). Quant aux proportions de la tour, celle de Masada était tout ce qu'il y a de "bas de gamme" au regard des recommandations de Diadès, cité par Vitruve, selon qui une tour doit mesurer au moins trente mètres; avec ses ±43 m, celle de Démétrios le Poliorcète, était sensiblement plus impressionnante (11) ! (Siège de Rhodes, en 305-304 - nous y reviendrons.)

Le cas de Masada ne devait pas présenter de difficultés insurmontables, si ce n'est l'éloignement de toutes sources d'approvisionnement (bois, blindages de fer), en plein désert. Si l'on considère la rampe comme un triangle rectangle de 210 m d'hypoténuse sur 60 m de petit côté on obtient un angle de 16°, pratiquement insurmontable. Mais l'angle de la rampe, qui par illusion d'optique paraît plus raide encore sur les photos comme dans le film, était en réalité beaucoup moins incliné car, descendant en pente vers le piton, le terrain permettait donc aux Romains de partir d'un peu plus haut. Si l'on en croit Rubrius Gallus (personnage fictif du film), dans le troisième épisode, la rampe faisait 10° - et l'ingénieur militaire d'insister : une erreur de seulement deux degrés supplémentaires augmenterait encore le poids de la tour à un point tel que "les cordes dont nous disposons" (12) seraient insuffisantes pour la hisser jusqu'en haut. (Ces précisions étant extrapolées du roman d'E.K. Gann - voir Le Roman d'E.K. Gann, 7. ci-dessus).

Vitruve (13), nous a laissé une description sommaire des tours roulantes de son temps (X, 13) - hauteur minimum : 30 mètres, largeur : 8,5 mètres -, elles vont en se rétrécissant (la largeur en haut doit faire 1/5 de moins qu'à la base). Une tour de 40 m de haut et 11,75 m de large aura dix étages (chaque étage mesurant de 3 à 4 m de haut), mais on peut aller jusqu'à vingt étages. Plus loin (X, 16), Vitruve nous décrit le géant absolu des "preneuses de ville" (hélépole), déjà évoquée ci-dessus, que construisit l'Athénien Epimaque pour Démétrius le Poliorcète lors du siège de Rhodes (14) : haute d'une quarantaine de mètres sur vingt de long, elle pesait 163.080 kg et son blindage de cuirs fraîchement écorchés était à l'épreuve des pierres de balistes de 150 kg. Plusieurs auteurs (Diodore, Plutarque et Athénée) ont également parlé de cette fameuse tour qui n'était pas un engin d'assaut à passerelle volante et/ou bélier, mais plutôt une casemate ambulante garnie de toute une batterie de catapultes. John Warry (15) en propose une reconstitution basée notamment sur la description de Diodore : elle peut se mouvoir en tous sens et est propulsée par 200 hommes qui, à l'étage inférieur, actionnent de l'intérieur un cabestan qui met en mouvement ses quatre paires de roues de 4,6 m de diamètre chacune; mais elle recevait également le concours de 3.200 pousseurs extérieurs.
Pour la petite histoire, signalons que l'ingénieur Diognète, qui assurait la défense de la ville, exécuta la contre-mesure suivante : détournant des canalisations d'eau, il inonda la plaine où l'hélépole s'embourba. Démétrius rembarqua, abandonnant son matériel de siège dont le produit de la vente rapporta trois cents talents de fer et cinq cents talents de bronze qui servirent à la construction du fameux Colosse - une des Sept Merveilles du Monde -, œuvre du sculpteur Charès de Lindos commémorant la victoire des Rhodiens. L'hélépole aurait servi d'échafaudage pour la construction de cette effigie du dieu soleil, haute de 30 m.

Avec ses trente mètres de haut, la tour utilisée à Masada était d'un modèle plus petit : une vingtaine de mètres lui suffisait pour arriver au niveau des murs, les dix mètres supplémentaires devant dominer le plateau fortifié, y compris le mur défensif, pour permettre aux archers mercenaires de tenir l'ennemi en respect. Une première particularité peut être déduite de la configuration du terrain : le bélier, au lieu de se trouver au rez-de-chaussée ou au premier étage comme ce devait être le cas le plus souvent, devait avoir été placé aux 2/3. Le film place le bélier tout en haut de la tour, à l'avant dernier étage, ce qui fait préciser par Rubrius Gallus que si le bélier, d'abord positionné à 19 pieds (16) (5,70 m), est relevé de 8 pieds encore (2,40 m) - et, sur le modèle réduit, on le voit rapprocher la poutre ferrée du sommet de la potence où elle se balance - on diminuera d'autant la hauteur de la rampe qui reste à élever et, ainsi, économiser 8 jours de travail. Dans la logique du film, l'argument est imparable, puisque le scénario implique que Flavius Silva, devant sous le délai d'un mois ramener ses troupes à Césarée en vue d'aller combattre sur le Danube où l'empereur Vespasien souhaitait les engager, est pressé par le temps. Au juste, on ne sait trop quelle valeur accorder aux détails techniques que révèle fort parcimonieusement le dialogue - presque tous sont inspirés (mais inspirés seulement) - par le roman d'E.K. Gann. Le spectateur est seulement prié de comprendre que l'ingénieur romain se livre à des calculs fort précis pour obtenir un maximum de résultats en économisant ses moyens. Point, à la ligne.

Ainsi, ce Romain avisé a même calculé que l'attaque devra être déclenchée le douzième jour du mois prochain, six heures après l'aurore, car à ce moment précis et pendant deux heures (voir Le Roman d'E.K. Gann, 5. [et 4.] ci-dessus - mais ces précisions ne sont pas dans le téléfilm), les Zélotes auront le soleil dans les yeux (selon Josèphe, Masada tomba pendant le printemps 73, le 15e jour du mois de nissan (avril)). Le Romain médite donc - toujours selon l'exposé du film - son attaque contre l'escarpement ouest au début de l'après-midi, lorsque amorçant sa courbe descendante, le soleil a dépassé la verticale des Zélotes dans le dos desquels il s'était d'abord élevé, pour passer derrière la tête des Romains qui leur font face et, en deux heures, glisser derrière les crêtes bornant à l'occident le désert de Judée dont le plateau domine la dépression de la mer Morte...

La tour roulante du film
Ygaël Yadin décrit en deux pages la rampe édifiée par les Romains, mais ne consacre pas la moindre ligne à la tour roulante qui l'escalada (17). Aucun article consulté par nous ne lui prête intérêt et même le roman d'Ernest K. Gann, dont le scénario du film est tiré, ne la décrit pas de manière précise, se bornant à nous laisser voir la rampe d'assaut et le personnel qui la servit. Quant au roman que consacrera à Masada l'archéologue Guy Rachet, il s'y intéressera moins encore. Gageons que cette problématique de la tour roulante ne s'est incorporée à l'intrigue des Antagonistes que parce que les cinéastes se trouvèrent dans l'obligation de la reconstituer matériellement, de lui donner corps. Et de trouver des solutions.

Dans le film, la tour de Rubrius Gallus n'a pas la mobilité de celle de Démétrius le Poliorcète, qui peut bifurquer à sa guise : conçue pour grimper la pente, elle ne peut même pas reculer... Le problème de l'inclinaison de la rampe à 10° a suggéré au cinéaste une solution originale, dont nous n'avons d'exemple nulle part ailleurs : la tour est montée sur crémaillère. Seul le train des roues épouse l'inclinaison de la rampe - mais la tour elle-même demeure bien verticale, son assiette étant compensée d'autant à l'arrière. En cela, vraiment, le film de Boris Sagal procède de l'archéologie expérimentale...  

 

legio X

Appendice : La Xe Légion

Au Ier s. de n.E., deux légions bien distinctes portèrent le numéro dix : la X Fretensis (celle dont il est question dans Masada/Les Antagonistes) et la X Gemina, héritières probablement de cette Xe légion de Jules César (SUÉT., Cæs., 70), la toute première engagée dans la conquête de la Gaule, pour refouler les Helvètes, dont il fera sa "cohorte prétorienne". C'est l'aquilifère (porteur de l'aigle) de la Xe légion qui, en Grande-Bretagne, montrant l'exemple à ses camarades hésitants, débarqua le premier au risque de voir l'aigle tomber entre les mains des Bretons (B.G., IV, 25). Elle est également connue pour son rôle dans la mutinerie de 47, contre Jules César, épisode qui a sans doute inspiré celle du film, mais dont Flavius Josèphe n'a jamais parlé !

Le grand épigraphiste R. Cagnat (18) en a esquissé les "biographies" :

  • Legio X Fretensis. Insigne : Taureau, sanglier (galère). - Aurait combattu, d'après M. Mommsen, dans la guerre de Sicile contre Sextus Pompée et aurait tiré son nom de Fretensis du fait qu'elle aurait eu son camp pendant plusieurs années sur le rivage du Fretum Siculum (19) : c'est pour cela que certains monuments figurés relatifs à cette légion portent l'image d'un Neptune, ou d'une galère. Elle fut envoyée par Auguste en Syrie. Sous Tibère, en 18, son camp était à Cyrrhus (20). Son histoire jusqu'en 59 se confond avec celle de la VI Ferrata. A cette date, Corbulon l'emmena contre les Parthes et les Arméniens, d'où elle revint à Cyrrhus. Après avoir calmé la révolte des Juifs d'Alexandrie, unie à la légion V Macedonica, elle allait avoir à se mesurer de nouveau avec eux, dans leur pays même, en Judée. Titus l'amena, en effet, en 67 à son père Vespasien; le légat de la légion était alors Trajan, le [père du] futur empereur. Elle prit part à la plupart des opérations qui marquèrent la guerre (prise de Japhta, de Tibériade, de Taricheæ, de Gamala), jusqu'au jour où Titus l'emmena faire de siège de Jérusalem; elle établit son camp sur la montagne des Oliviers. Elle commença par plier par deux fois devant l'attaque des Juifs; mais elle se ressaisit bientôt et déploya une grande valeur dans l'attaque même de la place. Quelques-uns de ses officiers, et en particulier son légat Larcius Lepidus, reçurent à l'occasion de cette guerre des décorations militaires. Le siège terminé, elle demeura campée aux portes de Jérusalem. De là elle fit encore quelques opérations, sous Lucilius Bassus, contre la ville de Machærus, sous Flavius Silva, contre Masada. Mais son siège était toujours Jérusalem, comme le prouvent les briques estampillées que l'on a découvertes autour de cette ville, et des inscriptions du IIe et du IIIe siècle, de même provenance. C'est de Judée que partit le détachement qu'elle envoya, sous le règne de Trajan, contre les Parthes. Elle prit naturellement une grande part à la guerre de l'empereur Hadrien contre les Juifs; nous avons, sur une inscription, le nom d'un de ses centurions qui reçut, à la suite de la victoire, des récompenses honorifiques.
    Dion Cassius lui donne pour province la Palestine. Elle y séjournait encore au temps de la Notice; son camp était à Aila (Elath, sur la mer Rouge).
    Son nom figure sur les monnaies de Victorin.
  • Legio X Gemina. Insigne : Taureau. - Légion qui est peut-être la même de la Xe légion de César, mais qui en tout cas, a appartenu à l'armée de Lépide ou d'Antoine, sans qu'il soit possible de décider sous lequel des deux elle servait. Son surnom fait supposer qu'elle fut formée par la fusion de deux légions en une.
    Lors de sa réorganisation par Auguste, elle fut établie en Espagne où elle demeura pendant une centaine d'années. En 69, au dire de Tacite, elle fut sur le point de passer en Maurétanie pour combattre la révolte du procurateur Lucceius Albinus; mais la mort de ce gouverneur rendit son intervention inutile. Après Crémone, de même que les autres légions d'Espagne, elle reconnut sans retard Vespasien. On ne sait pas au juste où elle était fixée pendant cette période; peut-être partageait-elle le camp de la légion VI Victrix. En 70, elle fut appelée en Germanie Inférieure. Elle y figure sur des inscriptions qui datent de la fin du Ier siècle ou du commencement du IIe. Il semble qu'elle ait campé d'abord à Arenacum (21); mais bientôt elle se transporta à Noviomagum (22), où elle remplaça la IIe légion. On y a trouvé le nombreux témoins de son séjour, inscriptions ou briques estampillées. Sauf la part qu'elle prit aux combats livrés par Cerialis, on ne peut pas affirmer qu'elle ait, pendant son séjour en Germanie, fait quelque expédition sur les confins du Rhin ou ailleurs. Au moment des guerres Daciques de Trajan, elle était encore dans la province. Elle passa de là en Pannonie, sous Trajan, et se fixa dans le camp de Vindobona (23), abandonné par la légion XIII Gemina. Elle y resta jusqu'à la fin de l'Empire. C'est de là qu'elle envoya des détachements pour la guerre Parthique de L. Verus en Asie et pour celle des Marcomans. Plus tard elle défendit la cause de Gallien. On sait également qu'elle se conduisit valeureusement pendant la guerre Gothique de l'empereur Claude II.
    La Notice des Dignités nous montre la légion X Gemina divisée en trois parties : le dépôt à Vindobona, des liburnarii à Arradona, et un détachement devenu legio comitatensis en Orient.
    Cette légion reçut les surnoms de Pia Fidelis, en récompense de la fidélité dont elle fit preuve lors de la révolte d'Antonius Saturninus en 89.
    On n'a point rencontré son nom sur les monnaies de Septime Sévère; M. Ritterling admet, cependant, qu'elle fut des premières à saluer le nouvel empereur et à combattre pour lui : il n'y aurait, dans cette absence de documents, qu'un effet du hasard.

La réforme des légions sous le Principat
C'est Auguste qui réforma l'armée romaine qu'il constitua en 25 légions (soit 150.000 hommes et à-peu-près autant de troupes auxiliaires), en fait 28 avec les XVII, XVIII et XIX, massacrées par Arminius en +9 et qui ne furent jamais reconstituées.

Elles étaient numérotées de I à XXII, et non jusqu'à XXV ou XXVIII, car plusieurs se partageaient le même numéro : il y avait trois III (Augusta, Cyrenaica et Gallica), deux IIII (Macedonica et Scythica), deux V (Alaudæ et Macedonica), deux VI (Ferrata et Victrix) et deux X (Fretensis et Gemina).

J'ignore la raison de ces dédoublements, mais si je puis me permettre une hypothèse personnelle : j'attribuerais ces doublets au fait que les triumvirs Octave, Antoine et Lépide prenant possession des légions de l'armée de Jules César, qui à la fin de la guerre civile étaient bien plus que dix, se seraient partagé des contingents de certaines d'entre elles, qui servirent de noyau à de nouvelles légions envoyées en Orient ou demeurant en Occident. Chaque légion ayant un génie propre incarné par l'aigle légionnaire, l'ancienne numérotation fut conservée telle quelle, peut-être par respect religieux ou superstitieux (ce qui n'avait pas empêché César de reconstituer la XIV exterminée à l'Atuatuca, en 54 - toutefois ceci n'exclut pas cela, il se peut qu'ayant préservé l'essentiel de la XIV, son aigle par exemple, le grand Jules pouvait se permettre cette résurrection).
Après Dioclétien, on verra du reste ces numérotations se démultiplier à nouveau, chaque ancienne légion en générant plusieurs nouvelles (R. Cagnat dénombre alors dix-huit légions I, onze II, six III etc.).

 

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NOTES :

(1) Flavius Josèphe, notre unique source sur le siège de Massada est muet quant aux éventuels états d'âme de Silva. Du reste, la mutinerie de la Xe Légion - qui en réalité eut lieu 117 ans plus tôt, contre Jules César (en 47) - portait sur des questions de solde et d'inactivité. Pour les en punir, justement, César fit mine de vouloir licencier la Xe et de renvoyer les légionnaires "dans leurs foyers". La solde et le butin, c'est le gagne-pain, la raison d'être du soldat professionnel.
Exactement le contraire de ce que raconte le film en montrant la troupe, lasse de faire la guerre, désireuse d'être rapatriée en Italie ! L'allusion au mal-être des GI's engagés au Viêt-nam est évidente, mais sa transposition dans l'Antiquité abusive ! - Retour texte

(2) On voit cette cérémonie contemporaine rajoutée à la version diffusée sur FR3 en 1997; ces plans faisaient défaut dans celle exploitée par A2 en 1983. - Retour texte

(3) Ces légionnaires qui, quelques semaines plus tôt encore, crucifiaient allégrement zélotes ou sicaires par centaines. Mais c'était hors le champ de la caméra ! - Retour texte

(4) Eléazar n'a perdu la foi que du fait qu'il a vu le Temple brûler, chose impensable, inouïe ! - Retour texte

(5) Les "Zélotes" (les zélés, les pieux) sont des intégristes religieux. Les Sicaires, pour leur part, sont des résistants armés... et parfois des bandits de grand chemin sans foi ni loi (de sica, "couteau"). - Retour texte

(6) Faut-il conjecturer, ici "légion" ("cohortes de la IIe et de la IVe légion"), puisque le texte français indique bien "cohortes"... ? En fait, E.K. Gann insiste bien, un peu plus loin, sur le fait que c'est la Xe légion qui attaque sur la rampe. Deux cohortes, soit 1.000/1.200 hommes, c'est beaucoup trop de monde... Il conviendrait sans doute mieux de lire "deux manipules de la IIe et de la IVe cohorte" ! - Retour texte

(7) Ernest K. GANN, Duel à Massada (The Antagonists, 1970), Stock, 1971 - rééd. Massada, J'ai lu, n° 1303, 1982, pp. 291-315. - Retour texte

(8) Yigaël YADIN, Masada - La dernière citadelle d'Israël (1966), Jérusalem, Steimatzky's Agency Ltd, 1973, p. 226. - Retour texte

(9) POLYBE, VIII, 3-7; TITE-LIVE, XXIV, 33-35; XXV, 23-27; PLUTARQUE, Vie de Marcellus, 13-19. - Retour texte

(10) DIODORE DE SICILE, XVII, 40-46; ARRIEN, II, 18-24; QUINTE-CURCE, IV, 2-4. - Retour texte

(11) Pierre DUCREY, Guerre et guerriers dans la Grèce antique, Fribourg, Office du Livre, 1985, p. 175. - Retour texte

(12) Un peu avant cette déclaration, dans le même épisode VF, Rubrius Gallus parle de deux cordes de 1.700 pieds (561 m) chacune"nécessaires pour actionner le bélier" - en fait, pour haler la tour porteuse du bélier !
A l'abri de mantelets, deux poulies placées en haut de l'ouvrage permettent aux esclaves de hisser la tour tout en restant en retrait derrière elle. Ces haleurs peuvent éventuellement s'abriter derrière les boucliers des troupes d'assaut qui, elles aussi, suivent à pied le "blindé" - lequel ne contient, à l'étage supérieur, qu'une poignée d'archers syriens chargés d'en assurer la protection rapprochée, conjointement au tir des catapultes dont la mission est de tenir en respect les assiégés qui voudraient riposter. - Retour texte

(13) VITRUVE, Les dix livres d'architecture (trad. Claude PERRAULT, 1673 - revue et corrigée sur les textes latins et présentée par André DALMAS), Balland, 1979. - Retour texte

(14) DIODORE, XX, 82-88; 91-100; PLUTARQUE, Vie de Démétrios, 21-22; VITRUVE, X, 16. - Retour texte

(15) John WARRY, Histoire des guerres de l'Antiquité, Elsevier-Bordas, 1981, p. 90. - Retour texte

(16) Par rapport à quoi ? - Retour texte

(17) Yigaël YADIN, Masada - La dernière citadelle d'Israël (1966), Jérusalem, Steimatzky's Agency Ltd, 1973, p. 226. - Retour texte

(18) R. CAGNAT, s.v. "legio", in DAREMBERG et SAGLIO, Dictionnaire des antiquités grecques & romaines, Hachette, 10 vols, 1877-1903, pp. 1084 et 1085. - Retour texte

(19) Fretum Siculum : le détroit de Messine. - Retour texte

(20) Cyrrhus : Nabi Hun, à 76 km au nord d'Alep, en Syrie. - Retour texte

(21) Arenacum : Arnhem, aux Pays-Bas. - Retour texte

(22) Noviomagum : Nimègue, aux Pays-Bas. - Retour texte

(23) Vindobona : Vienne, capitale de l'Autriche. - Retour texte