Brûlez Rome ! [tv] [docu-fiction]
France, 2005
Prod. : A Prime Group - France 3 - France 5 (coprod. : RAI
(Radiotelevisione Italiana) - participation : RTBf (Télévision
belge : Claire Colart) et Centre National de la Cinématographie
(C.N.C.) - soutien : France Télévision Distribution.
Un film distribué par Télé Images International)
/ Coul. / 90'
Fiche technique
Réal. : Robert KÉCHICHIAN; Scén. : Frédéric
LEPAGE; Images : Christian GAUME; Prod. dél. & exéc.
: Christine LENTZ (A Prime Group); Dir. prod. : Philippe GAUTIER;
Prod. adj. : Emmanuel PIOVANO; Assist. prod. : Hugo METZ, Stephane
BOTTINE; Consult. hist. : Florence DUPONT (Univ. Paris VII -
Denis Diderot), Robert SABLAYROLLES (Prof. Univ. Toulouse -
Le Mirail); Historiens et latinistes : Rodolphe GHAZAROSSIAN,
Juliette GIGAUX, Carolle KOUIDER; Consultants : François
GILBERT, Pax Augusta ; Renzo PEDRAZZINI; Dialogues en latin
(trad.) : Florence DUPONT; 1er assist. réal. : Marc BARADUC;
2e assist. réal. : Moez BELHASSEN, Mohamed Ali MIHOUB,
Hatem KALLEL; Stagiaires réal. : Nicolas METZ, Mohamed
BEN AMOR; Scripte : Marjorie ROUVIDANT; Casting : Coralie MALHOMME,
Frédérique AMAND; Chef op. : Eric TURPIN; Assist.
: Nacer LETAIEF & Mohamed TURKI; Chef op. son : Jean-Marcel
MILAN; Perchiste : Karim TOUKABRI; Chef monteuse : Barbara BASCOU;
Assist. : Bertrand MAILLARD; Mont. son : Emmanuel AUGEARD; Mixage
: Thierry LEBON; Assist. : Florent VRAC; Chef électr.
: Jean-Pierre BERTELLI, Pascal CLÉMENT; Assist. : Lofti
SIALA, Skander DAHOUI; Electr. : Hassen JENBOUBI, Nejib SRIHA,
Saber SAÏDI; Groupiste : Bechir GHARSSALLAH; Chef machiniste
: Slim DHAOUI; Machinistes : Mondher BELGAIED, Mohamed STRAIEB;
Assist. Combo : Rym GHARBI; Assist. plateau : El Houssane SEN
HAJI. - Tournage en Tunisie : CARTHAGO FILM SERVICES;
Dir. prod. : Aziz BEN CHAABANE; Secrét. prod. : Wifak
GOUJA; Admin. : Salem JOULAK; Régiss. général
: Amel BOUCHIBA; Régiss. plateau : Nabil KILA; Régiss.
adjoint (extérieurs) : Hatem BEN ZINEB. - Décors
et costumes : Chef décorateur : Khaled JOULAK; Chef
menuisier : Mahmoud BOUZGARROU; Menuisier : Fethi KORAICHI;
Chef peintre : Moncef ZAARA; Assist. : Anis ABDELAALI; Ensemblier
: Mohamed BERGAOUI; Assist. ensemblier : Fatma MADANI; Accessoiriste
: Salha ALEYA; Access. plateau : Mohamed TRIMECHE; Chef costum.
: Stefano DE NARDIS; Assist. cost. : Abdallah EL BIDANI, Fatma
BEN MAHMOUD; Chef cost. : Ratiba TRAOULY; Habilleurs : Olfa
BEN CHEHIDA, Yassine EL KEFI, Houcine SANHAJI; Assist. : Mohamed
BEN SALAH, Laroussi TRABELSI; Respons. teintures et cuirs :
Alya MANSOURI; Chef coiff.-maq. : Hager BOUHAOUALA; Assist.
: Sonia MBAREK, Sana LAHSSOUMI. - Divers : Chevaux :
HARAS SULTAN, Hammamet; Logistique : Salah BOUHOULI, Noureddine
LAABIDI, Abdelkader MANAI, Rejeb BEN ALI, Habib HAJRI, Lassaad
MEJRI, Abdelkrim JEBALI, Mohamed ZARDI, Brahim BEN CHAABANE,
Fethi MEJRI; Catering : LA PRINCESSE, Mouldikriden; Médecin
: Abdelaziz HAMDENE; Transit : Omrani BOUFERSENE; Assurances
: CONTINENTAL MEDIA ASSURANCES, Marsha (Tunisie). - Post-production
: Dir. post-prod. : Nathalie TRUCCO, Dominique MOULLÉ;
Bruitage : Jean-Pierre LELONG; Post.-prod. : Duran-Sabine ROCH-LARCHER;
Conformation : Laurent PELLÉ; Etalonnage
: Rafaël ALVAREZ; Enreg. bruitage et voix : Olivier AUDIVERT;
Eff. spéc. post-prod. : Philippe HUBERDEAU; Génériques
: Alain BIGNET; Eff. spéc. tournage : Ahmed BOURGUIBA.
- France 5 Unité documentaire : Muriel ROSÉ, Philippe
LE MORE; France 3 Attaché de presse : Fabienne BOREL;
Coord. de la prod. : Marie-Dominique BERNOUX, Cedric EYSSAUTIER;
Admin. des Documents et Magazines : Françoise SATINET;
Conseiller de programme : Fabrice PUCHAULT; Directrice des documentaires
: Patricia BOUTINARD ROUELLE. - Musique originale : Editions
A PRIME GROUP. Interprétée par : BUDAPEST SYMPHONY
ORCHESTRA (sous la direction de Bela DRAHOS); Solistes : Rocio
CORTEZ (voix), Carolin PETIT (clavier), Hugo RIPOLL (guitare),
Nicolas DUPORT (mixage); Assist. Carolin Petit: Vivianne WILLAUME;
Musique : Carolin PETIT.
Fiche artistique
Samuel DUPUY (Celer) - Hovnathan AVEDIKIAN (Thésée)
- Zare HATCHIKIAN (Similis) - Christian LOUSTAU (Iunius Agricola)
- Karina TESTA (Lepida) - Gilles ARBONA (Cingonius Varron) -
Malik FARAOUN (Gaius Cassius) - Renan MAZEAS (Pudens) - Jean
RIEFFEL (Néron) - Fanny PALIARD (Sulpicia Agricola) -
Hichem ROSTOM (Hannon) - Lamia EL AMRI (Myriam) - Lotfi DZIRI
(laniste) - Julie DELAURENTIE (Junie Agricola) - Mohamed DRIDI
(Amphiaraos, gladiateur) - Ahmed HAFIENE - Yadh BEJI - Afmed
LANDOLSI - Wahida DRIDI - Med Adel EL AYADI - Mohsen BOULARES
- Roberto GAZZOLA - Ibrahim ZARROUK - Jamel AROUI - Hichem LAMOUCHI
- Hamdi BEN ABDELTIF - Salah BEN SAÏD - Abdelghani BEN
TARA - Farhat HANANA - Salah MILED - Zouhaier RAES - Lotfi ABDELLI
- Martine GAFSI - Nabil MIHOUB - Noureddine BOUSELMI - Ikram
AZOUZ - Mohammed SAYARI - Jacques FRANZ (narrateur).
DISTRIBUTION
BE/ TV : RTBf - La Une, mercredi 8 juin et vendredi 10 juin
2005
NOTES
Tourné en Tunisie, été 2004, dans les studios
EMPIRE STUDIOS à Latrach, avec le concours de CARTHAGO
FILM SERVICES.
Remerciements : Autorités Gouvernementales de Nabeul
(Tunisie). Ministère de la Culture, de la Jeunesse et
des Loisirs de Tunisie. Agence Tunisienne de Mise en Valeur
du Patrimoine et de Promotion Culturelle.
SCÉNARIO
(18 juillet 64 de n.E. - le Grand Incendie de Rome)
Rome brûle. Au péril de leur vie, deux jeunes vigiles,
Celer et Thésée, luttent contre l'incendie qui
ravage la ville de Rome. Ces anciens esclaves, dont le nom complet
est désormais Lucius Pedanius Celer et Caius Iunius Theseus
- car les affranchis adoptent le patronyme de leur ancien maître,
Pedanius Secundus ou Iunius Agricola, lequel reste leur patron
- s'étaient, trois ans auparavant, enrôlés
dans le corps des pompiers afin d'obtenir au bout de six années
de service la citoyenneté. Cependant, à la tête
des forces de sécurité, un jeune empereur de 24
ans, Néron, accouru de sa villégiature d'Antium,
combat les flammes lui aussi et, plein de compassion pour son
peuple, ouvre ses jardins et bâtiments officiels aux sans-abris.
Plus tard, beaucoup plus tard, on trouvera suspecte sa sollicitude
trop démonstrative : cet incendie n'a-t-il pas facilité
ses ambitieux projets urbanistiques ? Ce fut «peut-être
une des plus grandes erreurs judiciaires (1)
de l'histoire», déclare en voix off
le narrateur.
Donc en 61, le préfet de la ville Pedanius Secundus
avait été assassiné par un de ses esclaves.
Une obscure histoire d'affranchissement promis ou de rivalité
amoureuse... Au Sénat, Caius Cassius réclame l'application,
dans toute sa rigueur, d'une loi considérée par
le peuple comme obsolète : considérés d'office
comme complices du meurtrier, les quatre cents esclaves de Pedanius
doivent être mis à mort... sans distinction d'âge
ou de sexe. Plus réactionnaire encore un autre sénateur,
Cingonius Varro, exige en outre le bannissement d'Italie des
affranchis de Pedanius qui se seraient trouvés sous son
toit le jour de sa mort. Directement concerné par cette
proposition, Celer - qui ce jour fatal avait visité son
patron - risque gros : son amie Lepida attend un enfant de lui.
Or une esclave n'a pas le droit de se marier et les enfants
qu'elle met au monde deviennent ipso facto la propriété
de son maître - en l'occurrence, celle du marchand d'huile
Hannon, un répugnant personnage. Celer ne peut se permettre
de se voir éloigné de sa «famille»,
qu'il espère racheter à force d'économies.
Son ami Thésée lui suggère de se cacher
avec les siens chez son amie Myriam, laquelle officie dans un
lupanar !
Une esclave en fuite, un vigile déserteur... les autorités
ne vont pas se croiser les bras...
De son côté, Thésée a ses propres
ennuis. Il a obtenu son affranchissement en sauvant de la noyade
le fils de son maître Iunius Agricola. Ce jeune homme
est, avec Celer, son unique ami. Or le fils est - classique
conflit de générations - stoïcien, et comme
tel ne se prive pas de critiquer la dépravation de la
cour impériale. Ce faisant, il met son père dans
une situation embarrassante. Le Pater Familias romain
a tous les droits, de vie comme de mort, sur sa progéniture.
Il commence par une solide flagellation du fils rebelle, lequel
médite de déserter le toit paternel avec la complicité...
de Thésée. Celui-ci trouve Iunius Agricola d'humeur
massacrante car, last but not least, son épouse
Sulpicia - sentant souffler le vent de la défaveur impériale
- souhaite divorcer afin de préserver de la confiscation
ses propres biens. O Tempora, O Mores...
La société romaine est en profonde mutation.
Depuis Auguste, elle a connu de profonds changements. Les femmes
se sont émancipées, les fils se rebellent et,
si les esclaves affluent, le menu peuple aspire à une
qualité de vie meilleure. Sous l'influence de la philosophie
stoïcienne, le sort des esclaves s'humanise et nombre d'entre
eux sont affranchis par leur maître, comme Celer et Thésée.
Quant à cette pouilleuse ville de Rome qu'Auguste avait
trouvée de briques, elle tend à se couvrir de
marbre !
Heureusement, Néron n'est pas mauvais bougre. S'il
donne raison aux conservateurs qui exigent - conformément
à la loi - la mise à mort des quatre cents esclaves
de Pedanius, il n'ajoute rien pour l'aggraver et, repoussant
la proposition de Cingonius Varro, laisse en paix les affranchis.
Celer réintègre sa caserne et, trois ans plus
tard, combattra vaillamment l'incendie de Rome aux côtés
de Thésée, et finira par obtenir la citoyenneté
romaine tant convoitée. Il pourra enfin s'établir
à la campagne, avec sa femme et son enfant, sur les terres
de Iunius Agricola junior qui a obtenu de son père de
pouvoir se retirer dans une de ses propriétés
du Bruttium.
Moins chanceux que le jeune stoïcien, les chrétiens
- cette secte fanatique qui annonçait à cor et
à cris la fin de Rome et du Monde - seront les boucs
émissaires d'une société ivre de haine,
avide de spectacles barbares...
(Dialogues en latin, doublés en français.)
Communiqué
Ce documentaire de fiction nous fait pénétrer dans
l'intimité des cohortes de vigiles à Rome au temps
de l'empereur Néron. Il nous fait assister au fameux incendie
de 64 qui détruisit 10 régions sur les 14 que comportait
la ville. Ce film, qui nous tient en haleine du début jusqu'à
la fin de l'histoire, nous fait découvrir, de la manière
la plus vivante qui soit, les multiples aspects de la vie quotidienne
à Rome au début de l'Empire. (...)
Sous Auguste, la société romaine va connaître
de profonds changements. Pour mettre fin à la lutte entre
sénateurs et chevaliers, l'empereur crée un système
d'ordres hiérarchiques basé sur la richesse : ordre
sénatorial pour les citoyens très riches, ordre
équestre pour ceux qui le sont un peu moins. À la
même époque, sous l'influence de la philosophie stoïcienne,
le sort des esclaves s'humanise et nombre d'entre eux sont affranchis
par leur maître. Quant à la ville de Rome, elle n'est
pas encore la cité splendide qu'elle deviendra bientôt.
Elle est parcourue de venelles étroites dépourvues
de trottoirs. Il y grouille une population miséreuse, entassée
dans des immeubles à étages, serrés les uns
contre les autres. Ceux qui ne peuvent payer de loyer dorment
à l'extérieur, dans le renfoncement d'une porte
ou sous un abri de fortune.
La violence est omniprésente, surtout la nuit. C'est
aussi la nuit que circulent les chariots des commerçants,
interdits de jour, empêchant les gens de dormir. L'hygiène
est évidemment défaillante et, l'été
surtout, l'air devient vite irrespirable. Les incendies sont fréquents
et ravageurs, vu l'étroitesse des rues et le manque de
moyens opérationnels. Pour lutter contre les incendies
et assurer la police nocturne, Auguste crée sept cohortes
de vigiles, composées d'esclaves et d'affranchis. La ville
ayant été partagée en 14 régions,
chaque cohorte en surveille deux. Les cohortes sont elles-mêmes
divisées en centuries lesquelles comprennent plusieurs
sections spécialisées (alimentation en eau; manuvre
des pompes; extinction des petits foyers au moyen de couvertures
imbibées de vinaigre; manuvre de matelas destinés
à amortir la chute des sinistrés; protection des
prisons, des magasins, des thermes). Chaque cohorte compte en
outre des médecins.
C'est dans ce contexte qu'éclate, sous Néron, le
grand incendie de 64. Il va faire rage pendant plus de six jours,
touchant dix des quatorze régions de la ville. Pour cet
empereur, féru de poésie et d'urbanisme, c'est une
véritable aubaine. Ne rêvait-il pas de construire
une nouvelle Rome, plus harmonieuse et fonctionnelle. C'est ce
qu'il fera, restaurant et élargissant les rues, ménageant
entre les immeubles des espaces de sécurité. Son
rêve, qu'il ne put accomplir, était d'étendre
la ville jusqu'à Ostie. Soupçonné d'avoir
lui-même fait incendier la Ville, Néron incrimina
les chrétiens. Les accusations d'onolâtrie, de meurtre
rituel, d'inceste portées contre eux ainsi que le reproche
qu'on leur faisait de «haïr le genre humain»
permirent de détourner sur eux la colère de la foule.
Communiqué RTBf
Analyse
On s'attendait à une reconstitution heure par heure, jour
après jour de l'incendie de 64, comparable à l'autre
docu-fiction BBC Le dernier jour de Pompéi. Il est
vrai que pour la description de cette tragédie majeure
on ne dispose pas des observations d'un Pline le Jeune, ni du
vaste chantier archéologique qu'offrent les cités
englouties sous la cendre, demeurées en l'état depuis
2.000 ans. Six jours et sept nuits, l'incendie ravagea la ville,
puis sembla décliner avant de repartir de plus belle !
A l'époque, Rome devait compter un million d'habitants.
Il semble que l'incendie de 64 ait été le plus grand
désastre qu'ait connu une métropole occidentale,
avec l'incendie de Londres en 1666. Toutefois, le scénariste
a voulu plutôt dresser un tableau sociologique de cette
bonne vieille Rome puante, tortueuse, chère à Pétrone
(2),
qui allait s'effacer devant les architectes de l'urbaniste Néron
- en attendant ceux de Mussolini - ménageant dans son scénario
des notations sur les latrines publiques et les pots de chambre
aspergeant les rues, les insulæ et les thermes, les
lupanars, les gladiateurs et leurs lanistes, et certains conflits
d'idées «progressistes» comme celles alors
professées par les stoïciens ou les chrétiens.
Le fil conducteur de ce tableau nous est fourni par deux vigiles,
les affranchis Thésée et Celer, dont les noms ont
été paraît-il retrouvés dans les annales
du corps des cohortes de vigiles (3).
Il y a avait primitivement un corps de 600 esclaves d'Etat qui
servaient comme pompiers. En 6 de n.E., Auguste les réorganisa
en 7 cohortes de 1.000 hommes, force
de police dont la lutte contre les incendies n'était
qu'une attribution parmi d'autres. Chacune de ces sept cohortes
constituées d'affranchis avait en charge deux des quatorze
régions de la ville. Ainsi, la Ière cohorte était-elle
casernée au sud du Champ de Mars. Claude créa deux
cohortes supplémentaires, affectées aux ports d'Ostie
et de Pouzzoles, où elles étaient stationnées.
On a retrouvé leur caserne à Ostie,
fouillée par M. Lanciani en 1888 et 1889, avec de nombreuses
inscriptions dédicatoires et quelques mosaïques intéressantes.
Sur l'une de ces mosaïques on voit l'un d'entre-eux, la tunique
serrée par un cingulum, la tête coiffée
- semble-t-il - d'un pilæus (bonnet hémisphérique)
(on peut supposer que c'est là que furent trouvés
les noms attribués aux deux héros du docu-fiction).
En 24, Tibère octroya la citoyenneté après
six ans de service; plus tard Septime Sévère la
conférera au terme de trois ans. «Le sifonarius
actionne la pompe à incendie, aidé par l'aquarius;
l'uncinarius manie un crochet pour déblayer les
décombres, et le falciarius un instrument semblable
à une faux (on ne sait malheureusement pas très
bien ce que fait l'emitularius). De plus, un codicillarius
remplit des fonctions administratives mal définies»,
note Y. Le Bohec.
L'épisode des esclaves du præfectus urbi
Pedanius Secundus, assassiné par l'un d'eux, qui fournit
l'épine dorsale du téléfilm est relaté
dans les Annales de Tacite (TAC., An., XIV, 45).
Juste un mot pour préciser que Pedanius, comme préfet
de la ville, devait être un magistrat de rang sénatorial
et commander aux cohortes urbaines, constituées de citoyens
opérant le jour; le scénariste l'a - semble-t-il
- confondu avec le magistrat de rang équestre, le præfectus
vigilium qui préside aux opérations des cohortes
de vigiles, constituées d'affranchis, qui sont le pendant
nocturne des cohortes urbaines. Pour la clarté du sujet
télévisuel, les deux corps ont été
amalgamés par le scénario, ce qui sans doute nous
vaut de voir les vigiles opérer de jour et inspecter ces
gargotes où les mesures de sécurité ne sont
pas toujours rigoureusement observées. Mais ce détail
n'est pas vraiment important.
Ajoutons encore que la proposition de Cingonius Varro, d'englober
dans la répression les affranchis de Pedanius, en les condamnant
à des peines d'exil, ne visait pas ceux qui par hasard
se seraient trouvés sous son toit le jour de son assassinat,
mais ceux qui vivaient sous son toit. Petite nuance une
fois encore, licence de romancier. L'essentiel n'est pas là,
mais dans la peinture sociologique de Rome que, finalement, le
téléfilm réussit assez bien.
Bon vivant, l'empereur Néron rejeta la motion de Cingonius
Varro - ouf pour le vigile L. Pedanius Celer ! - ne voulant pas
aggraver une mesure inscrite dans le code, mais de toute évidence
hautement impopulaire. Le téléfilm note avec beaucoup
de justesse que Néron se dévoua sans compter pour
venir au secours de la population romaine, ce qui le rendit suspect,
au point que l'on finit par l'accuser d'en être directement
responsable.
Rome brûla par la faute d'un gargotier imprudent - c'est
ce qu'il convient d'en retenir -, non par la volonté criminelle
d'un empereur fou qui, du reste, amoureux des arts, perdit dans
l'affaire les plus belles pièces de ses collections.
Quant à la répression contre les chrétiens,
le scénariste cède à l'hagiographie - il
ne faut pas trop déranger les idées reçues
du grand public ! - en mentionnant la présence de l'apôtre
Pierre parmi les victimes. Voilà qui encore resterait à
démontrer. Et aussi la relation entre la persécution
«néronienne», la première d'une série
de dix, et le Grand Incendie de juillet 64. Là encore,
Néron joua de malchance : empereur contemporain de la mort
de Paul et de Pierre, il était tout désigné
pour endosser le rôle de l'Antéchrist !
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