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Spartacus : Blood and Sand
(13 ép. TV - prod. Starz)
(R. Jacobson, M. Hurst, J. Warn etc.,
EU - 2010)

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Spartacus : Blood and Sand

1. En guise d'introduction...

2. Starz Entertainement : le retour de Spartacus

3. Sexe et violence

3.1. Sexe

Sur cette page :

3.2. Femmes «en péplums»

Pages suivantes :

3.3. Violence

3.4. Gladiateurs

4. Conclusions

5. Internet

6. Filmographie

 

lucy lawless - lucretia

Lucy «ex Xena» Lawless, très glamour dans son «péplum» cramoisi. Ce qu'elle a ici revêtu est, en fait, une stola qui se porte normalement par-dessus la tunica - ladite tunica étant réduite à un fin déshabillé de soie arachnéenne (sur la photo : la fine «dentelle» sur son sein gauche). Tout le contraire d'une Romaine de la fin de la république...
La série produite par Starz nous la montre tantôt rousse, tantôt blonde - ce qui nous apprend que sa chevelure blonde est, en fait, une perruque (ép. 3 et ép. 8). Nous savons que de Germanie, les Romains importaient à cette fin des chevelures blondes très appréciées... surtout des meretrix, c'est-à-dire des prostituées !

 

3.2. Femmes «en péplum»

Jusqu'à un certain point, la production a cultivé le souci d'authenticité. Les documents sont rédigés sur du vrai papyrus (au contraire de Rome (HBO)), etc. Pourtant, entre les lacunes de la documentation, le manque de moyens parfois, mais également la volonté de résultats et le respect de la ligne scénaristique, on ne saurait veiller à tout. Un des incontournables travers des péplums, toutes catégories confondues, sera de montrer la femme dans des autours «les plus glamours possibles». La tenue que porte l'esclave Nævia, la suivante favorite de la domina Lucretia, donne le ton. Le plus souvent elle revêt une sorte d'exomide qui laisse nu le sein droit - tel le vêtement que la statuaire grecque attribue habituellement aux Amazones. Avec un petit plus toutefois : une fine bande de gaze fait le tour de son torse et dissimule à peu près le mamelon. Ce n'est pas du tout un soutien-gorge dans le genre de ces strophium, capitium et autres fasciæ mamillares que connaissaient les femmes romaines, plutôt un accessoire coquin car elle ne soutient rien du tout.

ilithyia

Ilithyia met en valeur ses meilleurs arguments dans des atours assez improbables pour la Rome antique.

S'il y a eu de tous temps et dans toutes les races des femmes à la poitrine plus ou moins généreuse, une gorge arrogante n'était absolument pas dans les canons esthétiques du temps, lequel affectionnait plutôt les silhouettes androgynes. Grecques et Romaines antiques se comprimaient les seins avec une bande d'étoffe (strophium, tænia, fascia; en grec mastodeton, apodesme, sthéthodesme, zona) pour paraître plus plates (1).

Admirons donc ces audacieux décolletés. Très glamours, nous l'avons dit. La stola romaine était à peu près comme celles ci-dessus et ci-dessous. Sauf que les femmes portaient à même la peau une tunica qui leur venait au ras du cou ou des clavicules, faisant office de sous-vêtement. Et par-dessus une stola, comme celle que l'on voit ici. Dans la rue, elles ajoutaient par-dessus tout cela une palla, sorte de châle ou d'étole qui tenait lieu de manteau et leur couvrait la tête.

pompei fresque erotique

Sur cette fresque érotique trouvée à Pompéi non pas dans un lupanar mais dans une maison privée, la Maison du Centenaire, l'épouse (?) s'est complètement dénudée mais a conservé son strophium (soutien-gorge) (d'après J.R. Clarke, Op. cit., p. 22)

 

lucretia et ilithyia

Lucretia (robe rouge), Ilithyia (robe azur) et leur amies patriciennes...
au diable les préjugés et la bienséance !

 

lucy lawless - lucretia

Lucretia en tunica de soie transparente... ou en «déshabillé sexy» ? Nous laissons à votre appréciation. Dans ses étreintes avec Crixus, Lucy Lawless porte parfois des petits disques de métal collés sur le bout des seins. Pudiques ? Erotiques ? Archéologiques ? Allez savoir... De la sexualité des Romain(e)s et de leurs accessoires/bijoux sexuels, nous savons sans doute beaucoup de choses, mais pas tout. Loin de là.

En fait, il n'y avait pas de «grands» couturiers chez les Romains. Les robes étaient des espèces de sacs, avec une simple couture sur le côté. Une belle robe se reconnaissait à la qualité de l'étoffe (laine, lin, soie, broderies)... et au talent des servantes qui la moulaient sur le corps de leur maîtresse au moyen de tout un savant réseau de rubans qui se croisaient entre les seins (anamaskalister [2]), passaient sous la poitrine et corsetaient la taille... histoire de leur galber une certaine silhouette puisqu'on ne connaissait pas les textiles élastiques. Inutile de dire qu'au cinéma ou au théâtre, c'est une perte de temps que d'agencer tout ceci; alors on fait des robes taillées, aux drapés cousus...

alma-tadema - thermes de caracalla
 
alma-tadema - colisee

La mode romaine vue par sir Lawrence Alma-Tadema : un savant corsetage au moyen de rubans
(Les Thermes de Caracalla (1899), détail; Du Colisée (1896) détail)...

 

friedrich hottenroth - art du costume

... par l'histoire du costume de Friedrich Hottenroth (1883) (3)

C'est ainsi qu'au cinéma, au lieu de superposer une stola sur une tunica, on superpose plutôt deux stola de tailles légèrement différentes...

archeostyliste christiane casanova

... et par l'archéostyliste Christiane Casanova

Même si les esclaves des deux sexes étaient aussi des objets sexuels à la disposition du maître, on peut douter que les femmes-esclaves de l'époque tardo-républicaine aient vaqué à leurs occupations dans des tenues aussi légères que dans la série. Il est vrai que le couple formé par Lucretia et Batiatus est très «émancipé» (par rapport à l'Antiquité ou par rapport à nous ?, nous ne nous prononcerons pas), et que la profession méprisée de lanista assimile ce dernier au leno. Batiatus est un avant-gardiste prêt à tout pour entrer dans la vie politique, qui laisse sa femme organiser des rencontres pour patriciennes en quête de sensations entre des bras vigoureux de gladiateurs. Mais, quelles que soient ses illusions ou ses prétentions, il est tout sauf un Romain honorable drapé dans sa dignitas !

batiatus esclaves topless

Pour un geste aussi banal que d'enfiler une tunique, Batiatus se fait aider par des chambrières-esclaves aux seins nus. «Vous n'êtes pas dans le monde moderne, déclarera Lucy Lawless. Et cela nous enseigne beaucoup à propos des esclaves. C'est également très bizarre de s'habituer à avoir un esclave dans son «espace vital». Nous faisons partie d'une société moderne, dans laquelle nous tenons beaucoup à cet espace justement. Mais on finit par s'y habituer et réaliser que pour les Romains, les esclaves étaient comme une extension de leur main, de leur volonté, et c'est pourquoi ils pouvaient les tuer et en acheter des nouveaux pour les remplacer. Ce sont des personnes déshumanisées.» Notons le collier d'esclave qu'elles portent au cou, avec une plaque identifiant le propriétaire

Suite…

NOTES :

(1) Portée ainsi à même la peau, c'est néanmoins un abus d'en parler comme d'un «soutien-gorge». Mais résignées à s'accepter dans ce dont la nature les avait généreusement pourvues, la ceinture d'étoffe pouvait également être portée sur la tunique blousant légèrement, juste en dessous des seins; dans ce cas-ci, on avait effectivement l'ébauche de ce qui allait devenir plus tard un soutien-gorge. Mais il n'est pas lieu ici de s'étendre sur tel sujet, aussi vous renverrons-nous à une excellente page de Wikisource, qui fait bien le tour de la question. - Retour texte

(2) POLLUX, Onomasticon. - Retour texte

(3) Frédéric HOTTENROTH, Le costume, les armes, les bijoux, la céramique, les ustensiles, outils, objets mobiliers, etc. chez les peuples anciens et modernes, Paris, A. Guérinet, 1883; rééd. : Friedrich HOTTENROTH, L'art du costume, Paris, L'Aventurine, 2002, 303 p. (ici, détail de la planche 44). - Retour texte