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Patrick Weber & Christophe Simon
Sparte/1 : Ne jamais demander grâce
(2011)
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Patrick Weber (sc.) & Christophe Simon
(d.), Sparte/1 : Ne jamais demander grâce,
Le Lombard, 48 p. - ISBN : 9782803628551 |
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Sparte, IIe s.
av. n.E. Le tyran Nabis a usurpé le trône quelques
temps auparavant. Il envoie quérir l'Hilote Diodore, que
ses messagers trouvent occupé à se divertir avec
des prostituées...
Pour mener à bien ses desseins - en feignant de briguer
leur alliance, éliminer par la trahison les dirigeants
de la Ligue achéenne -, Nabis n'hésite pas à
se débarrasser de quiconque contesterait son autorité.
Or un certain Agésilas s'est rebellé et a pris le
maquis d'où il mène une guerre sans merci à
tous les profiteurs et traîtres à l'intégrité
spartiate. Car si le droit de porter le nom de «Spartiate»
s'acquiert à la naissance, il se reconquiert chaque jour
de sa vie d'homme, depuis une enfance qui n'a rien eu de tendre.
Pur produit de la dure éducation spartiate, Agésilas
a souvent payé le prix de cette leçon. Il semblerait
inconcevable à ce jeune homme que l'ordre les choses pusse
un jour changer : que des lâches ou des profiteurs, des
esclaves ou des étrangers pussent imposer leur loi aux
«vrais» citoyens de Sparte...
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Pour avoir fait des affaires avec la Ligue achéenne,
l'éternelle ennemie de Sparte (1),
un certain Hector - proche du tyran - est assassiné de
la main même de l'«Incorruptible» rebelle. C'est
la goutte qui fait déborder le vase. Le despote confie
à Diodore, chasseur de prime réputé, la délicate
mission de capturer Agésilas.
La mission est périlleuse, aussi est substantielle la prime
! Mais... «citoyen» de deuxième zone, Diodore
est un Hilote affranchi qui, tout en déplorant l'état
des choses, ne songe qu'à remplir son bas de laine en profitant
du pourrissement de la situation. Cependant et quoique peu intéressé
par la politique, Diodore n'en détient pas moins un important
secret qu'il va farouchement essayer de préserver.
Accompagné son meilleur ami Nestor, un autre affranchi,
le limier va tenter d'attirer sa proie dans un piège. Mais
il n'est pas au bout de ses surprises ! Et dans le même
temps, les ennemis de Sparte - les chefs de la Ligue achéenne
- épient les mouvements de la cité guerrière
et de son souverain...
A. Introduction
Son modèle social a inspiré la République
de Platon ! Sparte ! La Cité de tous les délires
mystico-guerriers, l'objet de tous les fantasmes érotico-sadiques...
«Sparte était de Club Med' de l'Empire romain»,
goguenardait feu Jacques Van Herp. De fait Sparte, dans l'imaginaire,
est restée marquée au sceau des croustillants détails
couchés dans les écrits du moraliste Plutarque et
du voyageur Pausanias qui, l'un et l'autre, écrivaient
sous les Antonins (IIe s. de n.E.), c'est-à-dire à
une époque où - devenue une bourgade sans importance
- la glorieuse patrie du héros des Thermopyles n'était
plus que l'ombre de ce qu'elle avait été. Que de
détails scabreux ne nous ont-ils pas révélés...
à cinq siècles de distance ? Surtout Plutarque.
Des anecdotes que ni le Père de l'Histoire Hérodote,
son contemporain, ni son thuriféraire Xénophon pas
plus que son contempteur Aristote n'ont jamais mentionnées
!
On y proposait à la malsaine curiosité des touristes
de l'époque, des reconstitutions folkloriques du «bon
vieux temps», telle la diamastigôsis, la flagellation
longue des jeunes garçons, qui paraît-il se laissaient
massacrer sans émettre une plainte. La reconstitution très
mal comprise d'un rite initiatique ancien, en l'honneur d'Artémis
Orthia, la déesse tutélaire de la ville. Un rituel
surtout très improbable dans la mesure où «compromettre
leur avenir militaire en détruisant l'équilibre
nerveux des cadets et en tuant un certain nombre, l'hémorragie
rénale ou hépatique résultant souvent d'une
flagellation brutale et prolongée» (2),
risquait tout simplement d'estropier à vie un matériau
humain dont Sparte avait un pressant besoin pour son armée.
Il en va de même pour le fameux ravin des Apothètes,
où l'on précipitait les nouveaux-nés malformés
(cf. Appendice 1).
C'est donc dans ce vertigineux puits de fantasmes qu'avec délices
se plongent Patrick Weber et Christophe Simon pour nous concocter
une étonnante fable identitaire. «Jouant intelligemment
sur le mythe d'une identité spartiate révolue, Patrick
Weber imagine un thriller sociétal encré (sic)
dans l'Histoire», lit-on sur Planète-BD.
Et le scénariste d'expliquer sur son blog : «Pour
ce qui est du choix de Sparte, il s'agissait d'illustrer une civilisation
à son déclin mais qui refuse de mourir. C'est un
thème qui m'est très cher et que j'ai déjà
eu l'occasion de traiter dans mes livres sur le Tibet et aussi
sur les Vikings. C'est l'éternelle histoire d'un peuple
qui refuse de courber l'échine ou d'accepter ce qu'on lui
présente comme inéluctable» (P.
Weber - 12 septembre 2011).
Spartanship Troopers
«Quand un Spartiate se sait pas quoi faire, il se bat»,
dit Agésilas à deux de ses hommes qu'il a surpris
en train de se raconter des histoires salaces. Il les invite ensuite
à s'affronter dans un combat à mort, mais en interrompt
l'issue fatale : «Ces deux hommes étaient prêts
à mourir pour faire honneur à leur race ! Comme
tout Spartiate, ils connaissaient la force sacrée d'un
ordre et jamais il ne viendrait à l'idée de le contester.»
C'est l'obéissance sans discussion. L'obéissance
aveugle pourrait-on dire, si le terme «aveugle» n'était
un peu péjoratif, or il ne l'est pas. En effet, c'est cette
obéissance qui fait la force des armées. Il est
inconcevable qu'un soldat refuse le poste où il a été
désigné, sous prétexte qu'il n'aurait aucune
chance de s'en tirer vivant. La guerre, tout comme le jeu d'échec,
oblige parfois à sacrifier des pions. Il y a là
en filigrane un certain «Mein Ehre heisst Treue»
(«Mon honneur s'appelle fidélité»)
et un autre «Je n'ai fait qu'obéir aux ordres»
de sinistre mémoire, issus d'un sombre passé que
Weber connaît bien pour avoir précédemment
écrit la trilogie Viking : Les Racines de l'Ordre Noir,
romans et BD (3),
celui de l'Ahnenerbe - l'Institut pour l'Héritage
des Ancêtres - un organisme SS adonné à la
recherche du patrimoine ancestral des anciens dieux du Walhalla,
dont le siège se trouvait à Wevelsburg en Westphalie.
Les nazis, tout comme
les communistes ou les révolutionnaires de 1789, ont revendiqué
Sparte comme modèle (et probablement aussi Pol-Pot, grand
admirateur de Platon qu'il avait étudié en Sorbonne).
Aussi n'est-ce jamais sans un petit pincement au cur que
l'on voit s'effondrer un univers si implacable a-t-il pu être,
s'en aller à vau-l'eau ce que l'on croyait bâti pour
mille ans (cf. Die Untergang, Oliver Hirschbiegel, 2004).
La littérature SF a beau jeu d'inventer d'improbables mondes
fascistoïdes, allégorie du nôtre (4),
où les créatures réputées inférieures
ou nuisibles le sont réellement, pareilles aux pires virus...
Alors, aux grands maux, les grands remèdes. Il nous souvient
d'un certain Rêve de Fer (Le Chevalier du Swastika)
de Norman Spinrad, lu au premier degré adolescent, au second
adulte !
Agésilas possède l'insupportable certitude des
purs. Agésilas vit et pense en Spartiate, sans compromis,
sans rien édulcorer contrairement à bien des héros
de BD pipés à l'aune du politiquement correct (André
Simon a montré combien chrétien était moralement
Alix [5]).
Quelles qu'aient pu être les intentions des auteurs, il
reste qu'en dernière analyse c'est le lecteur qui a raison.
Le lecteur et la manière dont il a perçu l'uvre
au prisme de ses prérequis. Patrick Weber fait preuve d'un
grand courage moral en osant dire l'indicible, en osant le politiquement
incorrect même si c'est le bon Plutarque qui devant lui
tient son bouclier.
Où tout ne serait que tumulte, frugalité
et dureté
La manière dont les personnages sont amenés et révélés
aux lecteurs est, par ailleurs, superbe d'habileté, malgré
- aussi - une impression de décousu, car l'information
distillée avec parcimonie remet constamment en question
l'ordonnancement des choses. On conçoit que l'Hilote Diodore
soit le frère bâtard d'Agésilas «fils»
de Philéas; et que le petit Dorkis serait probablement
le fils d'Hélène fille de l'ancien roi Cléomène
III, aimée en secret par Diodore. Mais quel lien unit réellement
Dorkis à son protecteur hilote, homme de l'ombre ? En refermant
ce tome 1, on ne peut que les imaginer... Et s'attendre à
bien des surprises. Doutons que le lecteur-lambda sache encore
dans quel sens tourner les torons de la corde que les auteurs
- pareils à Pénélope - sont en train de tresser
d'une main tout en la détricotant de l'autre.
«Je suis un peu perplexe, note «Raymond»
sur le Forum Lefranc,
Alix et les autres. Cette perplexité provient
surtout du récit que j'ai trouvé un peu... ardu
à comprendre. Suis-je en train de vieillir, mais j'ai failli
m'endormir sur ce bouquin dont l'intrigue m'a échappé
en première lecture. C'est devenu un peu plus clair en
relisant le tout, mais le contexte historique reste assez flou.»
C'est, en effet, un petit reproche que l'on peut faire à
l'album : il manque en page deux vingt lignes résumant
la situation politique de Sparte aux alentours de l'an 200 av.
n.E. Résumons-là rapidement.La fin justifiant les
moyens, la Cité de Lycurgue est depuis la Guerre du Péloponnèse
désormais totalement manipulée et corrompue par
l'or perse (412). Pour vaincre la flotte athénienne, Lysandre
a quémandé l'or et les navires perses (408), ce
qui lui vaut d'arriver à défaire les escadres ennemies
à l'Aigos Potamos (septembre 405). La facture sera bientôt
présentée : ce sera le honteux Traité d'Antalcidas
ou «Paix du Roi» (386) lequel, annulant la Paix de
Callias qui avait mis fin aux Guerres Médiques (449), replaçait
sous le joug achéménide les Grecs d'Asie Mineure.
Dans son évocation de Sparte, Patrick Weber s'inspire de
très loin de faits historiques (sur lesquels nous reviendrons
plus bas [click]) pour n'en retenir que l'essentiel
: la tyrannie de Nabis. Autour de celui-ci, il construit une fiction
parsemée de quelques-uns de ces «bons mots»
que Plutarque a compilés dans ses Apophtegmes laconiens.
Du style : «Je ne te gifle pas parce que tu as volé.
Mais parce que tu t'es fait prendre.» En fait, le portrait
qui nous a été laissé du «tyran»
- dans l'Antiquité ce mot, qui désignait un souverain
illégitime, n'avait pas le sens dépréciatif
qu'il a aujourd'hui - est contradictoire. L'historien Polybe lui
est violemment hostile, car il appartenait au parti ennemi - la
Ligue achéenne. Plutarque, lui, est plus nuancé
: Nabis ne fut-il pas le continuateur des réformateurs
Agis IV et Cléomène III ?
Christophe Simon, ou le culte du corps humain |
Christophe Simon, trouve ici une merveilleuse occasion pour céder
à sa passion pour le nu académique, qu'il soit masculin
ou féminin, prêtant notamment à Nabis les
traits de bronze du célèbre «Zeus d'Artémision».
Dans ce nouvel album, Simon se libère du carcan martinien
pour nous livrer une uvre plus personnelle, mais d'une grande
pureté classique (qui fait parfois penser à Murena,
en particulier les visages). Le dessinateur exprime ici son propre
style, hors la ligne claire. La technique des vignettes éclatées
et de l'insert - petite vignette insérée dans une
plus grande - semble américaine, quoique différente
du style Frank Miller. Ce qui n'empêche la BD de parfois
lorgner vers 300, dans le sillage duquel elle fut conçue,
le film plutôt que le comic book. Si la 3e planche,
où l'on voit un camarade d'Agésilas affublé
d'un slip de cuir comme dans 300 - concession à
la pruderie américaine - le dessinateur s'en affranchira
immédiatement pour s'aligner sur toutes ces scènes
de la vie courante hellénique, telles que nous les ont
donné à voir la céramique grecque (mendiants
dans la rue, athlètes à la palestre, esclaves masculins).
La reconstitution de la Sparte urbaine a le goût
du vrai et du crédible. Même s'il nous faut reconnaître
que les colonnes rouges à fût lisse sont minoennes
et pas grecques.
Pour le lecteur qui a fait ses Humanités
anciennes (comme on disait chez nous, en Belgique), l'Histoire
grecque s'achevait avec les conquêtes d'Alexandre, puis
le programme snobait allégrement la Grèce
hellénistique pour passer à l'Histoire romaine.
La Grèce hellénistique, le mauvais élève
que nous avons été l'avait découverte dans
des cinoches de quartier avec des films comme Le Colosse de
Rhodes, bien entendu, mais aussi La Révolte de Sparte
ou Les Sept Gladiateurs (Appendice
3). C'est dans ces deux derniers films qu'il a rencontré
le personnage de Nabis, bien entendu très déformé
par le prisme cinématographique. Quel dommage que les livres
d'Histoire racontent si rarement... la fin de l'histoire...
Par exemple, quelques lecteurs se sont inquiétés
de la liberté laissée aux Hilotes dans l'album de
Weber & Simon. Si cette BD s'était déroulée
dans les années 400 ou 300, ils auraient certes eu raison
de s'en étonner. Mais nous sommes aux alentours de 200
av. n.E., sous le règne de ce tyran Nabis qui sera le dernier
roi de Sparte avant qu'elle ne passe sous le contrôle de
Rome.
Sparte est alors en pleine décadence, malgré les
réformes tentées quelques décennies plus
tôt par les rois Agis IV (r. 244-241) et Cléomène
III (r. 235-219). Rappelons pour l'anecdote que Cléomène
avait un oncle éphore nommé Agésilas, son
adversaire politique. Personnage purement fictif, l'Agésilas
de la BD, bien évidemment n'emprunte rien à ce tonton-là,
mais au contraire doit beaucoup à un roi plus ancien, Agésilas
II (r. 397-360), que Xénophon considérait comme
la parfaite incarnation d'un roi spartiate.
Certes, on ne trouve guère ici de personnage
vraiment sympathique : Nabis est un tyran, Diodore un individu
parfaitement ambigu, et Agésilas un identitaire lepéniste
avant l'heure, qui rêve de ramener à leur charrue
les Hilotes... à coups de tatanes... pardon, «de
spartiates» dans le bas du dos. Agésilas fait l'apologie
du culte de la force, de la guerre, mais aussi de la droiture.
C'est très dérangeant, de nos jours. Et c'est pour
ça que c'est bon, quand bien même ça gratte
un peu.
Cet Agésilas plein de surprises qui, terré dans
sa montagne, joue les Robin-des-Bois exécutant sans émotion
les traîtres, n'a de toute évidence rien en commun
avec son homonyme, l'éphore Agésilas, oncle maternel
du roi Agis IV. Un de ces éphores qui s'opposèrent
au rétablissement des Lois de Lycurgue. Il faut chercher
plus loin dans le temps. De toute évidence, l'Agésilas-de-papier
est le reflet moral du roi Agésilas II sus-évoqué.
Agésilas
II (r. 397-360)
Au lendemain de la Guerre du Péloponnèse, le roi
eurypontide (6)
Agésilas II fut l'incarnation de la faction dure-impérialiste
spartiate, opposée à la modération de son
co-roi agiade Pausanias. Pour protéger les Ioniens contre
le Perse Artaxerxès, il se lança de 395 à
393 dans une guerre de conquête en Asie Mineure (7).
Après avoir vaincu le satrape Tissapherne, il fut d'urgence
rappelé à Sparte pour affronter la coalition des
Béotiens et des Athéniens, qu'il défit à
Coronée (394). Mais la maladie l'empêcha de vaincre
à Leuctres (371).
A 80 ans, il repartit aider le pharaon d'Egypte Tachos, contre
Artaxerxès. En toute simplicité, il partageait l'ordinaire
de ses soldats; il était laid, petit et boiteux, mais compensait
ses défauts physiques par une grande âme.
L'austère paysage de la Laconie, dominée
par le mont Taygète... |
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B.
Rappel historique
Le déclin de Sparte commence avec ses défaites
infligées par le thébain Epaminondas d'abord à
Leuctres (371), puis à Mantinée (362). Sparte toutefois,
malgré le raid punitif de Philippe II qui ravage encore
la Laconie en 337, ne s'est jamais soumise à l'hégémonie
macédonienne et a refusé d'adhérer à
la Ligue de Corinthe instaurée la même année
(8)
par le père d'Alexandre le Grand. Avec des fortunes diverses,
elle essaiera de maintenir son indépendance entre le conflit
qui oppose les Ligues étolienne (pro-romaine) et achéenne
(anti-macédonienne, sauf vers la fin), même si elle
se verra parfois de force embrigadée dans cette dernière,
dont elle finira par causer la ruine avec l'aide de Rome (sac
de Corinthe en -146). Voilà pour le contexte.
Pour la sortie du tome 2 de Sparte,
Christophe Simon sera à l'honneur à Geraardsbergen
(Belgique), le 24 mars 2013 |
Le 13 juin 323, Alexandre le Grand s'éteint
à Babylone; ses généraux vont se partager
son empire. C'est le temps des Diadoques. Dans un premier temps,
Perdiccas assume la régence. Mais bientôt Ptolémée
s'instaure satrape d'Egypte; la Lycie et la Phrygie vont à
Antigone-le-Cyclope; la Babylonie à Séleucos; la
Thrace à Lysimaque; la Cappadoce à Eumène
de Cardia; enfin la Macédoine et la Grèce - sauf
Sparte, bien entendu - à Antipater. Immédiatement
se constitue une Ligue étolienne contre Antipater et la
Macédoine (elle est défaite l'année suivante
à Amorgos et à Crannon). Suit une période
troublée où les Diadoques, puis leurs fils et petits-fils
se font mutuellement la guerre (click).
En 301, l'Empire d'Alexandre se résume à quatre
royaumes hellénistiques : Egypte, Syrie, Asie et Macédoine.
En 273, le roi des Molosses, Pyrrhos (r. 297/272), qui convoite
Corinthe et le Péloponnèse, attaque Sparte sous
prétexte de remettre sur le trône Cléonymos,
fils de Cléomène II - usurpé par son neveu
Aréos Ier lequel est soutenu par Ptolémée
II d'Egypte. Les femmes de Sparte retroussent leur péplôs
pour construire une ligne défensive avec des chariots qu'elles
enterrent à mi-roues. L'une d'elles s'est même mis
un nud coulant autour du cou, jurant qu'en cas de défaite
elle ne survivra pas à la patrie.
Puis Spartiates, Achéens, Athéniens et une partie
des Arcadiens se coalisent contre Antigone de Macédoine
(guerre de Chrémonide, 267-262).
En 243, Ptolémée III consolide sa position dans
l'Égée en devenant stratège honoraire de
la Ligue achéenne; avec eux marchent les Spartiates contre
la Ligue étolienne et les Macédoniens. C'est l'époque
d'Agis IV qui tente de réformer Sparte, dont le poids militaire
a chuté, aussi est-ce sans son aide que le stratège
des Achéens, Aratos prend Corinthe puis fait la paix avec
les Étoliens et les Macédoniens. Le roi Agis
est exécuté sur ordre des éphores et de son
co-roi Léonidas III, conservateur et débauché.
Pendant ce temps les Étoliens pillent la Laconie, et Aratos
tente, mais en vain, de conquérir Argos, puis Athènes.
1. La décadence
Sparte a subi un déficit démographique important.
Et le roi Cléomène III, en exilant 80 citoyens «réactionnaires»,
élimine encore l'essentiel de ce qui subsistait des 10
à 5.000 Homoioi (les «Égaux»)
qui autrefois avaient assuré la gloire de la Cité
de Lycurgue. Les autres Homoioi avaient soit été
tués à la guerre, soit avaient perdu leur statut
de citoyen par incapacité à soutenir le train de
vie d'un Spartiate consistant en la fourniture d'une certaine
quantité mensuelle de céréales, de viande
et de vin pour participer aux syssities - les repas pris
en commun -, moyens que fournissait leur kléros,
ce domaine cultivé par les Hilotes, souvent hypothéqué
pour nombre d'entre eux.
Les réformes sus-évoquées
consistaient en l'abolition des dettes et la redistribution des
kléroi. Le système spartiate était
assez féodal, en somme. Au Moyen Age, les citoyens Spartiates
eussent été appelés des «barons».
Mais comment redistribuer des terres par ailleurs déjà
largement hypothéquées auprès des «capitalistes»
spartiates ?
Rendre la citoyenneté aux déchus,
et compléter l'effectif des citoyens en la conférant
aussi aux Périèques (notamment les Éleuthérolacones,
les «Laconiens libres») et même à certains
Hilotes était la seule solution. Nabis - qui se vit contraint
de protéger Sparte en lui donnant des murs que jusqu'alors
elle s'était orgueilleusement refusés - appuyait
son pouvoir sur une armée de mercenaires étrangers
et d'Hilotes.
2. Les réformes à
Sparte
Agis IV (r. 244-241)
Dans une période de profond malaise social qui - du fait
du déficit démographique des Spartiates de souche
- voit conférer la citoyenneté aux «Éleuthérolacones»
(Laconiens libres), l'eurypontide Agis IV tenta d'abolir les dettes
et de redistribuer les terres (car comment redistribuer des terres
déjà hypothéquées ?). Nombre de Spartiates
n'arrivant plus à soutenir leur rang financièrement
avaient été déchus de la caste supérieure
des Homoioi, les «Égaux» ou les «Pairs».
Agis, dont le but était de rétablir la fameuse phalange
spartiate, ne réussit qu'à abolir les dettes. C'était
l'époque des utopies, comme la Panchæa d'Evhéméros
ou la Cité du Soleil de Iamboulos, rappelle H. Michell
(9).
Comme on l'a vu plus haut, il se rapprocha des Achéens
dans leur rivalité avec les Étoliens (241).
Agis fut égorgé, ainsi que sa mère et sa
tante, sur l'ordre des éphores et de son co-roi Léonidas
III (r. 240-235) - qui en matière de vertus civiques n'avait
absolument rien en commun avec son prédécesseur
et homonyme, le héros des Thermopyles. Ainsi s'acheva ce
premier conflit entre Spartiates pauvres et riches - entre agrariens
et capitalistes.
Cléomène
III (r. 235-219)
Né en 260, l'agiade Cléomène III - à
qui l'album fait souvent allusion - était le fils du réactionnaire
Léonidas III. Bizarrement, il lui fut donné en mariage
la veuve d'Agis. Et... il continua l'uvre révolutionnaire
de ce dernier ! Monté sur l'un des deux trônes de
Sparte en 235, il fomenta un coup d'Etat en 227-226 à la
suite duquel il commença à rogner le pouvoir des
éphores, lequel excédait celui des rois.
Ses premiers succès contre les Achéens (10)
- qui voient avec inquiétude les réformes d'Agis
puis de Cléomène visant à rétablir
le potentiel militaire de Sparte - consolidèrent son
prestige, favorisant l'exécution de ses réformes
sociales. Lesquelles réformes exigèrent l'assassinat
des éphores - égorgés par ses mercenaires
(parmi eux, l'éphore Agésilas, son oncle dont nous
avons déjà parlé plus haut, est le seul épargné
mais est condamné à l'exil) - et le bannissement
de plus de quatre-vingts citoyens, pratiquement tout ce qui restait
des Homoioi comme dit plus haut.
Pour ces événements, la principale source de l'historien
Polybe, ami de Philopmen, sont les Mémoires d'Aratos.
Polybe de Mégalopolis est constamment écartelé
entre l'apologie du parti achéen et son admiration pour
Rome où il fut otage et se lia d'amitié avec Scipion-Emilien
et Fabius Maximus. Polybe est «antispartiate, parce qu'il
dérive d'Aratos. Polybe (II, 47) accuse Cléomène
«d'avoir changé en tyrannie la royauté légitime»,
alors que celui-ci prétend imiter Solon et Lycurgue
(Plutarque, Cléom. 18, dérivant de Phylarque),
écrit Claire Préaux (11).
La réforme est morale aussi et Cléomène
se fait une armée dure, qu'il n'autorise pas à piller
et qu'il arme à la macédonienne. La restauration
de la force militaire était pour Sparte une question de
survie.»
Cléomène abolit les dettes et procéda au
repartage les terres en donnant des kléroi à
600 Spartiates déchus, mais aussi à 4.000 Périèques
et à 6.000 Hilotes (à qui il vend leur liberté
cinq mines par tête [12]).
Probablement davantage afin de poser les bases d'une politique
expansionniste de Sparte, que par idéalisme social ! Mais
donnant lui-même l'exemple, Cléomène abolit
le luxe et l'intempérance.
Enfin, voulant donner l'estocade à la Ligue des Achéens,
Cléomène marcha contre eux. Avec l'aide du roi de
Macédoine Antigone III Doson, le stratège achéen
Aratos défit les Spartiates à Sellasie (juillet
222).
Vainqueur, Antigone borna ses prétentions à exiger
l'adhésion de Sparte à la symmachie achéenne
et la suppression de la double royauté héraclide.
L'eurypontide Eucleidas (r. 227/221) qui, en réalité,
était un Agiade «déplacé», est
donc destitué, tandis que Cléomène se réfugie
en Egypte, à la cour de Ptolémée III Evergète.
Mais le successeur de celui-ci, Ptolémée IV Philopator
fit emprisonner l'ancien roi de Sparte, qui se suicida au cours
d'une tentative de putsch. Et le corps de Cléomène
fut exposé cloué sur une croix (219).
Pleins de rancune contre les Achéens, les Spartiates
en secouent le joug et se déclarent en faveur des Étoliens.
Ils rappellent leurs anciens rois déchus : à l'agiade
Cléomène III, décédé en Egypte
donc, succède Agésipolis III (r. 219/215) et, pour
les Eurypontides, Lycurgue (r. 219-212), à qui succédera
son fils Pélops (r. 212/206).
L'année suivante (218), Philippe V (13)
de Macédoine leur fond dessus et obtient l'éloignement
des rois héraclides. Mais les Spartiates refusent de réintégrer
la Ligue achéenne - et conservent leur sympathie pour les
Étoliens. En Italie, dont les armées d'Hannibal
occupent une large portion de 218 à 203, les Romains luttent
pour leur survie le dos au mur, tandis que les Scipions guerroient
en Espagne, la base arrière d'Hannibal (chute de Carthagène
en 209). Mais après avoir pris Syracuse (212), Rome envisage
d'autres actions, comme neutraliser Philippe V de Macédoine,
l'allié d'Hannibal. Dans ce but, elle s'allie à
la Ligue étolienne que rejoignent Sparte, Messène,
Elis et Pergame. Les Spartiates se donnent un nouveau roi, dont
l'origine agiade est douteuse : le tyran Machanidas (r. 210-207).
Allié des Étoliens, Machanidas est battu et tué
à Mantinée par Philopmen (207).
3. La fin de Sparte
Nabis (r. 206-192)
C'est un Eurypontide tout aussi douteux que l'Agiade auquel il
succédait, qui usurpe ensuite le pouvoir : Nabis. Il le
conservera quatorze ans. Nabis s'appuie sur la terreur, l'exil
et les confiscations. Ainsi qu'une armée de 10.000 mercenaires
de toutes origines, dont des Hilotes. Il possédait une
statue de fer à l'effigie de son épouse Apéga
: ses seins et ses bras articulés étaient hérissés
de pointes (14).
Pour qui se risquait à l'embrasser, son étreinte
était mortelle !
«De 205 à 200, Rome, occupée en Afrique,
se désintéresse de la Grèce.
«Dans le Péloponnèse, Philippe, par sa démagogie,
indispose les possédants et l'indignation accrue de Polybe
(XIII, 3-4) indique la baisse de popularité de Philippe
chez les Achéens, tandis que Nabis, à Sparte, reprend
le programme de réformes et d'expansion territoriale de
Cléomène (Polybe XIII, 6-8). Affaiblis et endettés,
les Étoliens songent à une législation révolutionnaire
(Polybe XIII, 1)» (Cl. PRÉAUX, op. cit.).
L'objectif de Nabis était de reconquérir les anciens
territoires maritimes de Lacédémone, dont la Cynurie,
afin de se constituer une flotte de pirates. Il prend Messène
aux Achéens, qui la reprennent aussitôt. En guerre
contre les Romains, Philippe V de Macédoine - allié
d'Hannibal - confie à Sparte la tutelle de la rebelle Argos
(15),
où le tyran exerce ses cruautés avant de lui aussi
passer dans le camp du Romain T. Quinctus Flaminius.
Mais deux ans après que le Romain ait «libéré»
la Grèce (197), des plaintes nouvelles surviennent de toutes
parts. «Il reste en Grèce un abcès : c'est
Nabis, qui tient toujours Argos, Nabis contre qui ses réformes
dressent tous les possédants» (Cl. PRÉAUX,
op. cit.). Les Achéens, qui ont soutenu Rome dans
sa guerre contre la Macédoine alliée de Carthage,
obtiennent en récompense d'être débarrassés
du tyran de Sparte.
Le très modéré Flaminius se voit donc dans
l'obligation d'aller assiéger Nabis dans Sparte et de soumettre
ce dernier à une paix humiliante (195). Nabis reste donc
en place, mais son autorité est réduite à
la seule vallée de l'Eurotas. La Cynurie et l'Éleuthérolaconie
sont déclarées distinctes (16),
et Argos rattachée à la Ligue achéenne.
Cependant, à peine le Romain a-t-il le dos tourné,
que Nabis assiège la ci-devant périèque Gythion,
désormais ville éleuthérolacone. Le stratège
des Achéens, Philopmen - le «dernier des Grecs»
- est défait sur mer mais, non loin de Sparte, il est sur
terre victorieux de Nabis.
Quant à la Ligue étolienne, lassée, elle
envoie au tyran des renforts commandés par Alexamène...
avec instruction de se débarrasser de son remuant allié.
Ce qu'il fera, d'un coup de poignard bien placé (192).
À la suite de quoi Philopmen persuadera aux «Lacédémoniens»
(à distinguer désormais de leurs anciens vassaux
éleuthérolacones) de réintégrer la
Ligue achéenne. C'est à ce moment qu'accourt à
l'aide des Étoliens - entre-temps brouillés avec
Rome - Antiochus III de Syrie. Le Séleucide est battu aux
Thermopyles par le consul romain Acilius Glabrio (191), puis par
Scipio Asiaticus à Magnésie du Sipyle (190) tandis
que de son côté le consul Fulvius défait les
Étoliens (17).
Dans les Balkans, plus personne n'est désormais en mesure
de s'opposer à la Louve romaine. En 197, Flaminius avait
défait Philippe V à Cynoscéphale. En 168,
Paul-Emile écrasera encore les Macédoniens à
Pydna; le roi Persée ornera son triomphe à Rome,
qui durera trois jours; et le futur historien Polybe est emmené
comme otage - il ne réintégrera sa patrie qu'en
153. Polybe se retrouvera au siège de Carthage, aux côtés
de son ami Scipion-Emilien, fils de son vainqueur Paul-Emile :
nous sommes alors en 146 et au même moment, en Grèce,
le consul L. Mummius «Achaicus» rase Corinthe, jetant
les survivants dans les fers de l'esclavage.
Les Grecs - Étoliens, Spartiates, Achéens et Macédoniens
confondus - paient le prix de leurs discordes continuelles. Le
Sénat de Rome peut enfin rendre ses otages aux Spartiates
- à l'exception toutefois d'Arménas, fils de Nabis.
Græcia capta est (18).
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À
paraître :
SPARTE/2 : Toujours ignorer la douleur - fin
janvier-début mars 2013
SPARTE/3 : septembre 2013 (?) |
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Critiques
«Pour Christophe Simon, qui débuta sur Orion,
ce retour à la «Grécité» est
même un retour aux sources. Affranchi de la tutelle «martinienne»,
son trait paraît moins strict, plus affable et particulièrement
à l'aise quant à l'anatomie de ses personnages.
Ses couleurs rappellent en outre l'ambiance réaliste et
âpre que l'on trouve sur une autre grande série antique,
Murena.»
Planète
BD
«La cité de Léonidas, roi tué aux
Thermopyles, et d'Agésilas, le modèle du roi spartiate
chez Xénophon, n'est plus que l'ombre d'elle-même.
Les rois ont été évincés par le tyran
Nabis, qui se fait appeler basileus : les sources antiques
qui le décrivent, pro-romaines, lui sont en général
très hostiles (Polybe, Tite-Live). C'est donc un parti
pris original, de par l'époque traitée, et en même
temps classique, de par la reprise de la légende noire
de Nabis (un peu comme «Néron» dans Murena).
« (...) Comme tout premier tome, celui-là
connaît quelques lourdeurs car il faut le temps à
l'histoire de se mettre en place. Mais il y a des éléments
dans l'histoire qui laissent augurer d'une suite passionnante.
(...) Il y a quelques notes explicatives, mais à mon
sens, elles demeurent insuffisantes : un petit point historique
en début de volume, accompagné de quelques références
à la fin, aurai[en]t été bienvenu[s], car
l'histoire de Sparte n'est pas forcément connue de tous.
« Le scénariste s'attache cependant à bien
traduire la structure sociale spartiate et se focalise, avec le
dessinateur, sur les rapports humains plus que sur l'Histoire,
avec un grand h, elle-même.»
Le Lombard
«Voici donc une aventure antique plan-plan, avec son
lot de glaives ensanglantés et d'hommes à moitié
nu, sous-tendue par des secrets de famille lourds à porter.
L'ensemble n'est pas vraiment désagréable, et semble
surtout un poil plus léger que les uvres de la galaxie
Jacques Martin, avec un dessin moins raide et des textes moins
longs. Hélas, des dialogues qui sonnent faux s'enchaînent
à chaque page et, malgré un joli travail sur l'anatomie,
les visages des personnages semblent revêtir en permanence
la même expression.»
Benjamin Roure - Bo-Doï
«Solidité des références historiques
comme du dessin, donc. Mais pourquoi donc alors l'histoire n'accroche-t-elle
pas ? Difficile à dire. L'intrigue est correctement ficelée
mais à la différence du modèle martinien,
la lenteur n'y a pas sa place. Les dialogues du fondateur de l'école
belge étaient, comme ceux de Jacobs, ampoulés et
abondants, mais ils avaient le mérite de faire s'attarder
le lecteur sur l'image dans laquelle le dessinateur pouvait faire
abonder le détail. Comme dans une visite guidée,
le spectateur peut s'interrompre pour regarder un objet de près
en faisant un instant abstraction du commentaire.»
Actua
BD
«Le scénariste Patrick Weber fait particulièrement
bien revivre l'esprit et la structure sociale spartiate. Derrière
la mission principale se cachent heureusement des intrigues plus
complexes au cur du pouvoir où la véritable
identité des personnages occupe une importance primordiale.
De son côté, Christophe Simon a modernisé
le style Martin en lui donnant plus de mouvement, plus d'expressivité,
en lâchant son dessin, en adoptant un découpage parfois
audacieux, mais en tous les cas moins linéaire et en réalisant
lui-même à l'informatique les couleurs dans une gamme
chromatique soignée et bien différenciée
pour les scènes fréquentes de flash-back.»
Manuel F. Picaud - Auracan
Christophe Simon : autoportrait
"Je
suis retourné en ville, sans réfléchir
à l'endroit où je me rendais. Le visage d'Agésilas
mais surtout ses petits seins hantaient mes pensées"
(Weber & Simon, Sparte/1).
|
«... absence de surprise d'un scénario très
classique, plusieurs éléments se révélant
cousus de fil blanc, tandis que d'autres pâtissent d'un
manque d'enjeu. Cela tient peut-être à la manière
dont le récit se déroule. En effet, la narration
est plate, les dialogues dépourvus d'inspiration et l'ensemble
manque singulièrement de souffle épique. La faute
à un sens de la dramaturgie défaillant et souvent
proche de la mièvrerie.»
M. Natali - BDgest
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Suite… |
NOTES :
(1) Claire PRÉAUX (op. cit.),
définit comme suit les origines du différend opposant
Sparte à la Ligue achéenne : «Parmi tant
de règlements de comptes d'homme à homme ou de
cité à cité (Athènes et Oropos;
Rhodes et les Crétois), surgit le différend qui
oppose Sparte à la Ligue Achéenne, dont elle est
membre contre son gré et où elle se sent brimée
(Pausanias VII, 12). Tout remonte à un conflit séculaire
entre Sparte et Mégalopolis pour un bout de territoire.
Une sentence des Achéens, confirmée en 164 par
Rome, avait donné raison à Mégalopolis
et imposé une amende à Sparte (Polybe XXXI, 1,
7; Tite-Live XXXVIII, 34; Syll., 3e éd., 665 où
l'on trouvera en note l'historique de cette longue querelle).
Le nud juridique du différend entre Sparte et les
Achéens est un conflit de compétences de juridiction.
La Ligue juge-t-elle sans appel un de ses membres ou celui-ci,
Sparte, a-t-il le droit de porter son litige devant le Sénat
de Rome ? Pausanias a bien vu le problème (VII, 10).
Pareil conflit s'est d'ailleurs produit pour d'autres villes
de la Ligue Achéenne (Pausanias VII, 11).» - Retour
texte
(2) Dr Charles SELTMAN, La femme
dans l'Antiquité, Plon, 1956, p. 74. - Retour
texte
(3) Romans chez Timée éd.
: Vikings, 2007; Cathares, 2008; Aryens
(à paraître en 2012, directement au Livre de Poche).
Et chez Soleil un diptyque BD, dessiné par Laurent Sieurac
: Vikings/1, 2010; Vikings/2, 2011. Il semble
que les séries archéologiques ne peuvent se départir
de l'ésotérisme nazi manichéennement opposé
aux valeurs judéo-chrétiennes de la Bible (on
songe à Indiana Jones bien sûr, mais aussi
aux romans de Daniel Easterman et aux téléfilms
comme The Librarian/Les Aventures de Flynn Carson etc.).
N'oublions pas que l'aïeul de tout ça reste Le
Matin des Magiciens (1960) de Louis Pauwels et Jacques Bergier,
que suivront à la trace Erich Von Dänniken, Robert
Charroux, Peter Kolossimo etc. - Retour
texte
(4) ... du type Starship Troopers
(Paul Verhoeven, 1997), par exemple. - Retour
texte
(5) A. SIMON, «Fiction gallo-romaine
et politique contemporaine. Analyse d'une série de bandes
dessinées : Alix», Les cahiers rationalistes,
n¡ 357, février 1980, pp. 136-162. - Retour
texte
(6) Rappelons qu'à Sparte régnaient
conjointement deux rois représentant chacun une des deux
branches issues des fils jumeaux d'Héraclès :
les Eurypontides ou Proclides (descendants d'Eurypon,
fils de Proclès) et les Agiades ou Eurysthénides
(descendants d'Agis Ier, fils d'Eurysthénès).
- Retour texte
(7) La campagne d'Agésilas
en Asie Mineure a fourni un vague arrière-plan à
un péplum de série, Les Sept Invincibles
(Alberto De Martino, 1963) consacré aux exploits de sept
gros bras luttant contre... les méchants Spartiates.
Décidément, le sieur De Martino avait une prédilection
pour la euh... «sparterie» (cf. Appendice
3). - Retour texte
(8) L'année qui suivit la bataille
de Chéronée (338). - Retour
texte
(9) H. MICHELL, Sparte et les Spartiates,
Payot, 1953, p. 248. - Retour texte
(10) «Ainsi en 226, Cléomène
vise le N.-O. du Péloponnèse, prend Tégée,
Mantinée, Pharai d'Achaïe et bat les Achéens
à l'Hécatombéon (Plutarque, Cléom.
14; Arat. 39). Les Achéens, affolés, vont-ils
s'allier à Cléomène ou à Antigone
? Aratos, en secret, a préparé le choix : l'assemblée
d'Aigion décide l'alliance avec Antigone (Plutarque,
Cléom. 15-18; Arat. 40; Polybe II, 47;
51). (...) Il enlève Argos (Plutarque, Cléom.
17; Arat. 39)...» (Cl. PRÉAUX, op. cit.)
- Retour texte
(11) Cl. PRÉAUX, Le Monde
hellénistique. La Grèce et l'Orient de la mort
d'Alexandre à la conquête romaine de la Grèce
(323-145 av. J.-C.), P.U.F., coll. «Nouvelle Clio»,
n¡ 6, 1978, 2 vols. - Retour texte
(12) La mine représente 436,6
grammes. - Retour texte
(13) Il monta sur le trône
à quinze ans, en 221 et à 42 ans mourut de phtisie
devant Amphipolis, en 179. Son fils Persée continua la
guerre contre les Romains, avec la malchance qu'on lui sait
(finalement vaincu par Paul-Emile à Pydna, en 168). -
Retour texte
(14) À propos de Nabis et
de ses instruments de torture, voyez le docu : Machines de
mort : 1. L'Antiquité (Machine of Malice) de Randy
Barbato & Fenton Bailey (EU - 2008). Un historien, un ingénieur
et un chirurgien se penchent sur le fonctionnement de la «Vierge
de Fer» de Nabis : l'Apéga, ainsi nommée
car elle était à effigie d'Apéga, l'épouse
du tyran de Sparte. - Retour texte
(15) Déjà du temps
des Guerres du Péloponnèse, Argos s'est toujours
opposée à l'hégémonie spartiate
sur la presqu'île. - Retour texte
(16) L'Éleuthérolaconie
: les villes maritimes orientales et méridionales. Riveraine
du golfe d'Argolide, la Cynurie est un territoire entre l'Arcadie
et l'Argolide, comprenant les monts Parthénos et Parnon.
- Retour texte
(17) «En 188, Philopmen
prend Sparte d'assaut et y établit les bannis de Nabis.
Ce qui provoque des troubles sociaux qui indisposent Rome contre
les Achéens (Polybe XXII, 12). En 184, Messène,
l'éternelle dissidente et l'éternelle victime,
veut quitter la Ligue Achéenne. Philopmen intervient,
en 183 : il est blessé, fait prisonnier et forcé
de boire la ciguë (Polybe XXIII, 12; Tite-Live XXXIX, 49-50;
Plutarque, Philop. 16; Syll._, 624)» (Cl.
PRÉAUX, op. cit.). - Retour
texte
(18) «A la fin de l'été
194, malgré l'opposition d'une partie du Sénat
et de Scipion, qui redoutaient une attaque d'Antiochos, Rome
rappelle Flamininus et rapatrie de Grèce toutes ses troupes,
même la garnison de l'Acrocorinthe (Tite-Live XXXIV, 43;
48-52). Les Grecs dédièrent à Flamininus
cultes et monuments. Lui, emporta de Grèce uvres
d'art, or et argent pour son triomphe (Plutarque, Flam.
14). Ainsi Rome voulait signifier qu'elle avait été,
sans visée de conquête, la libératrice désintéressée
de la Grèce. Sincérité ou duplicité
? Peut-être les deux à la fois, car une politique
issue de concessions mutuelles entre partis opposés n'est
jamais réductible en termes simples» (Cl. PRÉAUX,
op. cit.). - Retour texte
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