courrier peplums

AVRIL 2005
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1er avril 2005
A PROPOS DE LA BATAILLE DE CANNES ET DE CELLE DES THERMOPYLES
Michel Puttilli écrit :
 
Peut-être le saviez-vous déjà, le film Hannibal de E.G. Ulmer a été réédité en DVD, mais évidemment en version anglaise, probablement à l'occasion de la mort de Victor Mature. On peut se le procurer sur Amazon.com. L'épisode de la bataille du lac Trasimène ou de Cannes est un moment d'anthologie. J'ai aussi trouvé et acheté toujours sur Amazon.com la version bilingue anglais et espagnol de ce film de Rudolph Maté, avec Richard Egan et Sir Ralph Richardson sous le titre original de The 300 Spartans.
Je ne vous dirai jamais le bonheur que j'éprouve en entendant la musique inspirée de Manos Hadjidaki, lui aussi disparu depuis peu. Dès qu'elle sort en VF je l'achète.
 
 
RÉPONSE :
 

Comme vous le savez sans doute, la VF sort dans une dizaine de jours, le 6 avril très exactement. Je suis en train de relooker le dossier que j'avais naguère publié sur Cinérivage, avec une vingtaine de photos en plus. La musique de Manos Hadjidakis est très belle, en effet, combinant la musique symphonique des BO classiques avec des mélodies populaires. Je ne savais pas qu'il était décédé - je n'ai pas attentivement suivi sa carrière.
La Bataille des Thermopyles est en effet un de mes péplums préférés.

La bataille d'Hannibal est un morceau d'anthologie ? Qu'entendez-vous par là ? C'est vrai que le film disposait de certains moyens, supérieurs à ce dont les réalisateurs de péplums italiens devaient d'ordinaire se contenter, à l'époque. Mais les scènes sont néanmoins filmées "à l'italienne" façon Sixties, avec le minimum minimorum de cascadeurs, qui font semblant de se battre en évitant de se faire mal. Trois cents combats singuliers bien sages, chaque paire à cinq mètres l'une de l'autre. Travelling dessus. C'est ce que j'ai retenu d'Hannibal. Evidemment, on est loin de ce qui peut se faire maintenant avec Alexandre ou Gladiator. Comme vous l'avez peut-être constaté ou deviné en parcourant le site, j'attache beaucoup d'importance aux scènes de bataille... et je suis en relation avec des re-enactors (des gens qui font de la reconstitution) ou carrément de l'archéologie expérimentale. Ce sont des gens pointus, qui rigolent franchement en regardant les films. Et avec raison, car le cinéma n'est que spectacle, rien de plus. Avez-vous remarqué comment, dans certains films et uniquement pour la beauté de l'image, les combattants tiennent le bouclier dans la main droite et la lance dans la gauche. Tous gauchers, quoi (cf. les récents Troie et Auguste le Premier Empereur) !

Vous verrez dans mon dossier sur La Bataille des Thermopyles que, malgré mon enthousiasme pour ce film (culte, en ce qui me concerne), j'émets les plus grandes réserves sur la "reconstitution" de la phalange spartiate qui aurait bénéficié des conseils d'un certain Major de l'Armée Royale hellénique. Foutaise. Et notez bien que le premier jet de cet article remonte au milieu des années '80 (il avait d'abord été publié dans le bulletin de liaison d'un petit cercle de figurinistes) : à cette époque, je n'étais pas encore "contaminé" par l'archéologie expérimentale, mais tout de même !

Une mauvaise nouvelle toutefois : cette nouvelle édition "française" du film de Maté est certes multilingue (anglais, allemand, espagnol et italien crois-je), mais il manque la seule bonne, la VF. O rage, ô désespoir ! Enfin, il y a tout de même un sous-titrage français...

 
 
 
Michel Puttilli réécrit (1) :
 

Le DVD Hannibal dont je vous parlais est un zone 1 (je l'ai commandé aux USA) mais mon lecteur de DVD (Elyxio 3206 S) le lit sans la moindre manipulation ; je pense qu'il est multizone à la sortie d'usine. Ce n'est pas la première fois que je commande aussi bien aux Etats-Unis qu'au Québec par carte bancaire, et à ce jour je n'ai jamais eu le moindre problème. Le prix des DVD est si intéressant - environ 15 EUR et parfois 10 EUR - par rapport à ce qui se fait en France, où le prix des DVD est outrageusement élevé, qu'il vaut la peine d'en commander plusieurs. Les frais d'expéditions étaient autour de 10 dollars pour l'ensemble.

Voici le lien pour Hannibal : j'espère qu'il fonctionnera (CLICK) et celui pour The 300 Spartans (CLICK).

Quant à la bataille de Cannes du film Hannibal, je ne vous laissais pas entendre que c'était un modèle de fidélité historique. Mais quel péplum peut se targuer d'être fidèle à l'histoire ? Il me rappelle simplement ce que disait notre professeur de latin en 6e, à savoir qu'il pouvait être vu par nous, abstraction faite de l'histoire d'amour du film, hautement improbable, mais Hollywood a ses raisons... En revanche elle n'hésitait pas à dire que La Chute de l'Empire Romain était de la c... avec un grand «C». A l'époque elle n'osait pas prononcer le mot.
Enfin et surtout, une photo en noir et blanc probablement tirée du film, représentant des légionnaires romains avançant à peu près en formation, illustrait dans le Lagarde et Michard un sonnet célèbre de José Maria de Heredia qui s'appelle La Trébie.

Et là-bas sous le pont, adossé contre une arche,
Hannibal écoutait pensif et triomphant,
Le piétinement sourd des légions en marche.

Ca a laissé des traces chez le gamin de 6e que j'étais.

De même que vous disiez ô rage ô désespoir, je dis nostalgie, nostalgie.
Dernière question : auriez-vous des échos d'une éventuelle réédition, en DVD bien sûr et si possible en français, de la série avec Peter O'Toole et Peter Strauss, Masada ? J'ai les cassettes VHS mais elles commencent à fatiguer.

 
 
RÉPONSE :
 

Votre professeur gratifiait La chute de l'Empire romain d'une épithète soigneusement choisie. Pourtant, le scénario n'était pas plus stupide que celui d'Hannibal. Je ris doucement en voyant Rita Gam s'apprêter à entrer chez les Vestales suite à une déception amoureuse ! Manifestement le scénariste ignore ou préfère ignorer les conditions prérequises pour devenir une gardienne du Feu sacré. On ne décidait pas soi-même d'y entrer : les Vestales étaient choisies par le Grand Pontife... à l'âge de 6 ou 7 ans. Car surtout, il fallait être vierge, ce que cette brave Silvia n'était certainement plus depuis son idylle avec le beau «Vic» Hannibal. Je tiens sous le coude une grosse étude La Chute de l'Empire romain/Gladiator (c'est le même film, en sorte) où je considère que le scénario est une uchronie. Ca démarre avec un sujet historique et ça s'égare très vite avec des personnage inventés pour les besoins de la cause, ou des personnage historiques à contre-emploi !
C'est Lucilla, qui elle aussi veut devenir Vestale plutôt que d'épouser le roi d'Arménie (dans le film; en fait elle avait dû épouser le co-empereur Lucius Verus), qui en réalité fut une sacrée drôlesse doublée d'une intrigante, tandis que le Commode historique, en dépit de la mauvaise réputation que lui ont fait ses adversaires politiques, était bien loin d'être le pervers que l'on a décrit, même s'il ne fut pas un petit saint pour autant. Mais j'ai beaucoup d'indulgence pour ces deux films, celui de 1964 à cause de la reconstitution du Forum (certes anachronique, c'est celui du IVe s.) et celui de 2000 à cause du Colisée (quoique manifestement la production n'avait cure de ce qu'était au juste la gladiature, seule l'évocation spectaculaire de la toile de Léon Gérôme les intéressait).
Mais la mise en scène de Gladiator était rudement bien menée : si ce film a pu amener quelques personnes à chercher à en savoir plus sur Rome, c'est merveilleux...

Pour conclure avec la bataille "anthologique" d'Hannibal, je vous donne entièrement raison en ce sens que de nombreux plans à grande figuration de ce film (et de Constantin le Grand aussi, qui avait également bénéficié de grands moyens) ont été pillés et se sont retrouvés dans d'autres films. Je songe notamment à Rome contre Rome.

 
 
7 avril 2005
 
Michel Puttilli réécrit (2) :
 
Je viens de regarder La bataille des Thermopyles en V. italienne et j'y ai pris un plaisir fou. On a beau dire ou faire, la langue italienne respecte quand même davantage, par rapport au grec ou au latin, la place des accents toniques que le français qui est presque exclusivement une langue oxytonique. Cela dit je ne vous assure pas que la traduction de l'anglais soit exemplaire, mais elle correspond, grosso modo, à ce dont je me souviens de la version française que je ne possède hélas que sur cassette VHS.
J'avais oublié de vous dire que je suis professeur d'italien (nul n'est parfait !) et qu'en plus mon papa qui a 83 ans cette année est originaire d'une ville des Pouilles, Barletta, dont le nom devrait vous dire quelque chose, puisqu'elle n'est située qu'à huit kilomètres de ce qui fut le site de la bataille de Cannes, sur l'Aufide devenu aujourd'hui l'Ofanto. Cette ville a eu comme autre titre de gloire, si l'on peut dire, d'être l'un des ports de départ pour les Croisades... Mais j'y retourne relativement rarement, si ce n'est pour prendre le ferry de Bari ou Brindisi, direction Igoumenitsa ou Patras; on ne se refait pas.
 
 
RÉPONSE :
 

Ce n'est pas moi qui nierai la beauté de l'italien - je viens de trouver par hasard, hier, une Revenge of Hercules (La Vengeance d'Hercule de Cottafavi), DVD en VO italienne, s/t néerlandais. Bien que ne parlant pas italien moi-même, je connais suffisamment ce film en VF (VHS) pour l'apprécier pour la beauté de l'image et la musicalité de la langue. Fabbri va, très bientôt (en kiosque en France le 30 juin 2005), rééditer La vengeance d'Hercule dans sa collection des «Plus grands péplums en DVD» - par ailleurs je rappelle en passant que la version américaine Goliath and the Dragon, avec une nouvelle B.O. de Les Baxter, remplaçant celle d'Alexandre Derevitsky qui rythmait les V.It. et VF, et les séquences additionnelles avec le dragon est disponible en Zone 1 aux Etats-Unis, chez Something Weird Video.

Passerez-vous aux Thermopyles lors de votre prochain voyage en Grèce ? Venant d'Igoumenitsa, j'y suis passé, voici bien des années (1978) et j'y ai pris quelques clichés du monument moderne (vous pouvez en voir quelques unes sur mon site). Mais je n'ai pas eu l'occasion de voir les stèles anciennes, si toutefois elles sont encore visibles...

 
 
 
9 avril 2005
EMPEREURS ROMAINS EN SÉRIE TV
Gilles Benaud écrit :
 

Dans les années '80, FR3 diffusait une série TV sur les empereurs romains : Caligula, Borgia ou Néron je ne sais plus.
Cette série était diffusée en début d'après-midi durant l'été; ce devait etre en 1981, 82 ou 83. Pouvez-vous m'en dire plus ?

 
 
RÉPONSE :
 

César Borgia (1476-1507), fils du - futur - pape Alexandre VI n'était pas un empereur romain, en dépit d'un prénom qui peut prêter à confusion.
La série à laquelle vous faites allusion est Moi Claude, empereur (I, Claudius, Herbert Wise, 1976), une série BBC tirée du roman homonyme de Robert Graves (1934), plusieurs fois réédité chez Gallimard dans les années '60 et '70. Treize épisode de 50', rediffusés sur A2 du mercredi 21 juillet au jeudi 6 août 1982. Je n'ai pas les dates de première diffusion en France, mais ça me semble concorder avec votre description, sauf qu'il s'agissait d'A2, non de FR3. Et ça passait à 15h 00'. On y voyait défiler Auguste, Tibère, Caligula, Claude et Néron, rien que du beau linge !
Il existe un DVD, mais en VO s/t néerlandais (voyez Catalogue DVD sur mon site). Un de ces jours j'en mettrai une description plus détaillée sur le site, car c'était assez croquignol (Caligula éventrant sa soeur Drusilla dans un rituel sado-masochiste ! Jack Pullman, le scénariste, avait dû fumer un méchant joint).

Sur mon site également, j'ai déjà mis une fiche détaillée d'Anno Domini (1984), autre série en 12 épisodes de 50', où l'on voit Tibère, Caligula, Claude et Néron, mais qui ne me semble pas être passée à la TV française (moi je l'ai vue sur RTL (Belgique) à partir du 21 décembre 1985). Cette série focalise plutôt sur les débuts du christianisme, même si les empereurs julio-claudiens y interviennent largement.

N'oubliez pas non plus la nouvelle série TV italienne Imperium coproduit avec, entre autres, A2. Le premier épisode, Augusto il Primo Imperatore est passé en VF à la télé française en décembre 2004. Le second épisode, Néron (Nerone), a déjà été tourné si j'en crois la fiche sur IMDb. Je suis sans nouvelle des autres titres annoncés.

 
 
 
13 avril 2005
BATAILLES NAVALES DANS L'ANTIQUITÉ ROMAINE
Fl. Moreau écrit :
 
Nous sommes trois élèves de 6e et nous avons un exposé à faire sur les batailles navales romaines. Avez-vous quelques renseignements ?
 
 
RÉPONSE :
 

Euh... vaste sujet ! Vous avez déjà pu glaner sur mon site quelques réflexions du style les rameurs n'étaient pas des esclaves mais des professionnels libres... dans l'Antiquité on abattait mâts et voiles (sauf une toute petite sur un mâtereau à l'avant) avant d'engager la bataille, qui se faisait à la rame. Il y a beaucoup à raconter à ce sujet. J'ai écrit pour Jacques Martin deux albums des "Voyages d'Alix" sur La Marine Antique (le tome 1 chez Orix et le 2 chez Dargaud - réédité depuis chez Casterman). L'essentiel de ce que je sais sur la question s'y trouve résumé. Je vous conseille plutôt le tome 2, où je traite de Rome.

livre marine antique 1
livre marine antique 1

Si vous souhaitez consulter des textes d'historiens de l'Antiquité, je vous conseille de forer plutôt du côté de la bataille d'Actium (en -30), qui mit aux prises Octave et Marc Antoine; de la guerre navale qu'eut à mener Jules César contre les Vénètes, pendant la Guerre des Gaules (voir ce bouquin); enfin, chez l'historien grec Polybe, vous trouverez la relation des origines de la marine de guerre romaine, de la technique du corbeau qui leur permit de transformer l'affrontement naval en combat d'infanterie sur l'eau, ainsi que la description des batailles navales entre Romains et Carthaginois pendant les Guerres puniques (batailles de Myles (ou Mylæ) (Pol., I, 4) et d'Ecnomé (Pol., I, 5) ainsi que la bataille des îles Egates (ou Ægates).

Sur le site de Philippe Remacle,vous trouverez une riche collection de traductions d'auteurs grecs et latins - notamment les deux précités chapitres de Polybe. Vous devriez également y trouver une version électronique de la Guerre des Gaules de César, avec le récit sa bataille navale contre les Vénètes.
Je vous laisse le soin de découvrir par vous même les sources - et les textes - sur la bataille d'Actium qui opposa Marc Antoine (et Cléopâtre) à Octave. Puisque vous êtes trois élèves, partagez-vous donc les trois batailles que je vous ai indiquées !

Pour en revenir au cinéma et comme je l'ai déjà précisé, il vaut mieux ne pas trop se fier au film Ben Hur, qui est certes un must question spectacle, mais qui contient de nombreuses erreurs, comme la disposition des rameurs a zenzile, le fait qu'ils soient enchaînés, les voiles gonflées... les projectiles incendiaires semblent faire références aux feux grégeois qui ont été inventés au VIIe s. de n.E. par les Byzantins... et aussi le fait qu'au premier siècle de n.E. la trirème était quelque peu passée de mode : les navires de ligne types étaient désormais la quadrirème et la quinquérème.

Aucune représentation figurée de navire de guerre de l'Antiquité ne borde plus de trois rangs de rames. Il faut donc comprendre que, pour une quinquérème, cinq files de rameurs se répartissaient trois rangs de rames. Deux rameurs sur la rame supérieure, deux sur l'intermédiaire et un seul sur l'inférieure (la plus courte). Par contre on voit très bien, dans ce film, la technique du corbeau - la passerelle d'assaut qui permettait aux "marines" romains d'envahir le pont du navire ennemi.

A partir du règne de Néron, la Méditerranée est devenue un lac romain, et la piraterie est définitivement éradiquée. Commence alors le déclin de la marine de guerre romaine. Lors des invasions arabes six siècles plus tard, les Romano-Byzantins auront perdu les techniques de construction navales des vaisseaux de guerre et devront tout réinventer.
Il y a aussi la question des techniques navales, expliquées en détail dans mon livre.

Vous trouverez en bibliothèque (je crois bien que le bouquin est épuisé en librairie) de très belles reconstitutions de navires romains dans John WARRY, Histoires des guerres dans l'Antiquité, Bordas, 1980.
J'espère vous avoir ouvert quelques pistes. N'hésitez pas à me recontacter pour des détails supplémentaires. Il me revient que j'avais déjà répondu à une question analogue à la vôtre sur un autre site - le «site associé» des Empereurs Romains, vous y trouverez notamment une bibliographie de la question.

ben hur

Dans la plus pure tradition des films de flibustiers, les pirates macédoniens retournent contre les Romains la technique du corbeau (passerelle d’assaut) (Ben Hur, 1959).

 

ben hur - trireme

Au premier siècle de n.E., la trirème n’était plus l’unité de ligne type. Par ailleurs, lors de la bataille, les rames seules - plus fiables que le vent - assuraient la propulsion ; les voiles étaient amenées et les mâts abattus (Ben Hur, 1959).

 
 
 
21 avril 2005
MICHAEL CACOYANNIS EN DVD ?
Jérémy Wagner écrit :
 

Je cherche à me procurer les films de Michael Cacoyannis, avez vous une idée ?

 
 
RÉPONSE :
 

Si la question est : est-ce que Electre, Les Troyennes et Iphigénie existent en DVD (français), ma réponse est : pas à ma connaissance. Mais je n'ai pas encore eu l'occasion de chercher après...

Notez tout de même que sur eBay il y a le DVD d'Electre, mais c'est une VO grecque, avec s/t anglais. Cette édition DVD date du 5 mars 2002 et est en Zone 1 (Etats-Unis & Canada).

electre - cacoyannis