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MARS
2007
- 17 mars 2007
- 23 mars 2007
- 23 mars 2007
- 26 mars 2007
- 28 mars 2007
- 28 mars 2007
- 29 mars 2007
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date17 mars 2007 |
PENSÉE
POUR NOS MORTS... |
Frédéric
a écrit : |
Deux
questions de mes élèves, après
avoir vu Jules César d'Uli Edel : |
1. |
Est-ce
que, comme on le dit dans une réplique, les
Romains rapatriaient à Rome les corps des
soldats tombés à l'étranger
? (Cela me paraît peu possible et peu plausible.) |
2. |
Il
semble que les toges des sénateurs soient,
les unes franchement rouges, les autres plutôt
mauves. Simple différence de lessive ou signe
distinctif plus institutionnel ? |
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RÉPONSE
: |
1.
L'inhumation des légionnaires
Y. LE BOHEC (L'armée romaine, Picard,
1998) dont je viens de parcourir la TM ainsi que l'Index
ne parle pas des morts ni de leur sépulture,
mais je lis dans François GILBERT (Le soldat
romain à la fin de la république et sous
le haut-empire, Errance, 2004, p. 188 - l'auteur
est centurion dans le groupe de reconstitution V
Alaudæ) : «Jusqu'au début
du Ier s. av. n.E. les morts au champ d'honneur sont
si possible rapatriés à Rome, où
l'on procède à leurs funérailles.
Mais ce spectacle devient si démoralisant au
cours de la Guerre Sociale, qu'il est décrété
que les soldats morts en expédition seront désormais
inhumés là où ils tombèrent
(APPIEN, B.C., I, 5, 43).» La Guerre
Sociale (90-88 av. n.E.), c'était en Italie.
La Guerre des Gaules, qui lui est postérieure
de trente ans (58-51 av. n.E.), c'est beaucoup plus
éloigné dans le temps...
(Précisons quand même qu'un grand nombre
de légionnaires de César étaient
des Gaulois levés dans ses provinces de Cisalpine
et Transalpine... et avaient sans doute des exigences
différentes.)
Donc le film d'Edel s'avance nettement, sur ce point.
A fortiori, sous l'Empire, quand les légions
veillaient aux frontières du monde romain, un
tel trafic mortuaire aurait sans doute posé des
problèmes logistiques insolubles car, loin de
tous venir d'Italie, les légionnaires étaient
des citoyens levés aussi bien en Espagne qu'en
Macédoine ou en Afrique du Nord. L'existence
de stèles funéraires un peu partout dans
les zones frontalières confirme que les Romains
ne rapatriaient plus les corps des légionnaires.
Certes, quand on sait l'importance du culte des morts,
on a envie de croire qu'ils pouvaient être rapatriés.
Les corps étaient de préférence
brûlés (l'inhumation existait aussi, mais
était minoritaire et particulière plutôt
à certaines familles; je crois que c'était
notamment le cas des Claudii), ce qui le cas
échéant aurait simplifié leur conservation
et leur transport. Toutefois, rappelons-nous qu'à
l'époque impériale les légions
avaient des camps fixes, avec des terres agricoles légionnaires
- car les soldats produisaient eux-même leurs
aliments -, aussi peut-on penser que la vraie famille
des soldats se trouvait là où ils étaient
stationnés. Et que donc les tombes pouvaient
demeurer sur place. Les vétérans démobilisés
n'étaient-ils pas, justement, installés
dans des colonies de peuplement, loin de l'Italie ?
De fait, la légion s'occupait probablement et
globalement du culte de ses morts. On sait que les légionnaires
se cotisaient pour cela.
Il me souvient qu'aux premiers temps de l'Empire,
le centurion M. Cælius, tué en 9 de n.E.
au cours du désastre de Varus (et dont le corps
n'a jamais été retrouvé), s'est
vu dédier à Xanten et par son frère,
soldat lui aussi, un
cénotaphe. Xanten (Castra Vetera),
dans le delta du Rhin, était le camp de base
de la XIIXe légion, à laquelle appartenait
Cælius. Ceci nous enseigne qu'il est également
possible d'honorer ses morts à distance, sans
disposer de leur dépouille. Cinq ans après
le désastre de Varus, Germanicus de passage par
la forêt de Teutberg fit inhumer - et d'abord
brûler ? - collectivement les anonymes débris
humains qui jonchaient le champ de bataille. [Une série
documentaire allemande, Les Germains, passée
sur Arte les 21 et 28 juillet 2007, fait en sa deuxième
livraison état de la découverte récente
de fosses contenant de grandes quantités d'ossements
humains, retrouvées à Kalkriese, lieu
supposé de cette bataille - vraisemblablement,
les sépultures creusées par les légionnaires
de Germanicus.] Ils n'ont donc clairement pas été
rapatriés. Et comme dans les années qui
suivirent les Romains s'empressèrent de ramener
leurs frontières sur le Rhin, abandonnant définitivement
le territoire, ils abandonnèrent aussi les sépultures
légionnaires.
Quant au propréteur Quinctilius Varus, qui s'était
suicidé, son corps fut partiellement brûlé
par ses soldats, puis enterré sous la pluie.
Mais les Germains vainqueurs le déterrèrent
et renvoyèrent sa tête à Rome. Auguste
la fit «enterrer» dans le mausolée
des Quinctilii.
Il est clair, en revanche, que les corps (ou les cendres)
des personnages importants étaient renvoyés
à Rome. Agrippine
l'Aînée fit ramener de Syrie le corps
de son mari Germanicus, qui y était mort empoisonné.
Marc Antoine renvoya à sa mère Servilia
les cendres de son fils Brutus, suicidé à
Philippes, etc.
En conclusion : au contraire des Chinois de la diaspora
qui attachent du prix à ce que leur dépouille
sont inhumée sur le territoire du Céleste
Empire, les Romains semblent avoir été
plus larges de vue...
2. Les bandes rouges ornant les
toges sénatoriale
Pour ce qui est des bandes laticlaves ou angusticlaves
qui ornent toges et tuniques des sénateurs ou
des chevaliers, elles sont rouges. J'ai moi aussi remarqué
qu'au cinéma elles pouvaient être noire
ou azur, mais ce ne sont là que des fantaisies
de costumiers incultes, désinvoltes ou - plus
probablement - fauchés... |
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23 mars 2007 |
DE
LA BATAILLE DE CARRHÆ ET DE JULIEN L'APOSTAT |
Nicolas
a écrit : |
Tout
d'abord je voudrais vous féliciter pour votre site
qu'en tant que passionné de péplums et d'antiquité
en général je plébiscite avec ferveur.
Je vous écris pour savoir s'il existe des péplums
consacrés à l'empereur romain Julien et
aussi à la bataille de Carrhæ. |
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RÉPONSE
: |
1.
La bataille de Carrhæ
Aucun péplum sur la bataille de Carrhæ,
à ma connaissance (peut-être toutefois
un obscur docu-fiction, mais je ne les ai pas tous recensés
: ça serait un vrai «travail de Romain»
!). Cette bataille, en revanche, revient régulièrement
en filigrane de la BD «Alix» que vous connaissez
sûrement.
Il me revient cependant que l'on voit mourir Crassus
dans Le Fils de Spartacus (Sergio Corbucci, 1962),
mais dans son palais en Syrie - victime d'une révolte
d'esclaves conduits par le centurion Randus (Steve Reeves),
le fils de Spartacus qui ainsi venge son père
- et non plus à la bataille de Carrhæ !
Fidèle à la bonne vieille recette du péplum,
le spoiling (ou l'art de surprendre et dérouter
le spectateur en lui soumettant une version différente
de celle à laquelle il s'attendait), le scénariste
montre Crassus s'apprêtant à livrer le
fils de Spartacus au... roi des Parthes (!). Ses amis
attaquent le convoi et libèrent Randus. Alors,
conformément au récit de Plutarque, un
esclave vengeur lui coule de l'or fondu dans la bouche...
2. Julien l'Apostat à l'écran
Seulement deux films sur Julien l'Apostat : Giuliano
l'Apostata (Ugo Falena, IT, 1919) et L'Apocalisse
(Giuseppe Maria Scotese, IT, 1947). A ce jour, je n'ai
encore vu aucun des deux, hélas.
Je leur avais toutefois consacré une petite
notice dans Les cahiers des paralittératures
: «Julien l'Apostat - Filmographie», in
Actes du 1er colloque des paralittératures
de Chaudfontaine (Liège, 14 et 15 novembre
1987), Liège, 1989 - Ed. C.L.P.C.F. (Centre de
lecture publique de la Communauté française
A.S.B.L.)/Bibliothèque des paralittératures
Stanislas André Steeman (Jean-Marie Graitson)
- Au Passou 40 - 4600 Chaudfontaine (Mehagne). |
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23 mars 2007 |
LES
MÉTAMORPHOSES, VERSION SF (ATLANTIS, TERRE
ENGLOUTIE) |
Lionel
a écrit : |
J'ai
acheté récemment une ancienne K7 de Reg
Park, Ursus, la terreur des Kirghizes en espérant
y retrouver un film vu dans mon adolescence. Malheureusement,
les scènes, fameuses dans l'histoire des péplums
(pepli ?), où un sorcier/magicien fait boire
des philtres à des prisonniers qui se transforment
alors en hybrides mi-homme mi-animal n'est pas dans ce
film. Fichue mémoire...
Si vous avez des pistes pour que je puisse remettre un
nom sur cette uvre vraiment caractéristique,
je vous en saurais tout à fait gré. |
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RÉPONSE
: |
(Le pluriel latin de peplum
est pepla ! Le pluriel en i se rapporte
à la deuxième déclinaison : servus,
servi...)
Pour ce qui est de votre question, je crains que vous
ne m'ayez collé (ou que votre imagination vous
ait joué des tours ?). Le philtre qui «retourne»
le héros en annihilant sa volonté est
fréquent : Hercule et la reine de Lydie, Le
triomphe de Maciste, Maciste et les filles de la Vallée,
Maciste dans les Mines du roi Salomon, Maciste et le
Trésor des Tzars... Mais de là à
le(s) transformer en «hybride(s)»... je
ne vois, en vérité, que votre Terreur
des Kirghizes, mais seul le héros Ursus y
est métamorphosé en monstre.
N'opéreriez-vous pas une confusion avec Rome
contre Rome (en Belgique : Le sorcier de
l'Arménie) où toute une armée
romaine exterminée est ressuscitée pour
lutter contre d'autres légions ? Mais il ne s'agit
que d'un enchantement, non d'un philtre qu'il faut boire.
Dans Hercule à la conquête de l'Atlantide,
Antinéa a fait boire (hors écran) un philtre
à Androclès (Ettore Manni) pour le métamorphoser
en surhomme blond-albinos et l'incorporer à sa
garde personnelle...
En fait, c'est le mot «hybride» que vous
utilisez qui me gêne un peu. Entendez-vous par
là des êtres physiquement monstrueux, ou
seulement moralement ? Je vais réfléchir
à votre problème. Les péplums fantastiques
laissent beaucoup de portes ouvertes. Le voleur de
Bagdad (1960)... L'épée
enchantée (The Magic Sword)... Circé
et les compagnons d'Ulysse...
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LIONEL
RÉPOND |
Merci
beaucoup, tant pour m'avoir répondu que pour
la rapidité et la qualité de votre réponse.
Merci aussi d'avoir corrigé mon vieux latin («peplum»
est bien sûr sur le modèle «templum,
i, n», nominatif pluriel en «a»
- autant pour moi).
Pour en revenir au sujet qui me préoccupe, il
s'agit d'un film dans lequel un magicien/sorcier, qui
officie dans une caverne ou des souterrains/caves, fait
boire à des hommes attachés debout à
la paroi par des chaînes un philtre qui va les
transformer en sorte de monstres mi-animaux mi-humains.
Le résultat (effrayant
pour l'enfant que j'étais en 1960) était
des hommes à tête de porc ou d'étranges
autres formes. J'étais persuadé que c'était
bien dans La terreur des Kirghizes, mais - déception
- lorsque j'ai eu regardé la K7 du film (d'ailleurs
pas facile à trouver et assez obscure [ancienneté,
éclairage ?]), ça n'était pas ça.
Pourtant, je l'aurais bien juré...
Merci de vous pencher sur cette
question.
(En tous cas, ce n'est pas l'histoire de Circé
et des compagnons d'Ulysse) (et d'ailleurs, les têtes
de porc pourraient bien être des têtes de
bovins - tout ceci est bien lointain, hélas).
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RÉPONSE
: |
Maintenant je vois mieux
la scène. Il s'agit d'Atlantis Terre Engloutie,
de George Pal (EU, 1962). Effectivement, les savants
Atlantes transforment les esclaves en bêtes de
somme, mi-hommes, mi-bufs ou mi-autre chose...
Il est également question d'un cristal produisant
un rayon de la mort, et de sous-marins primitifs...
A ma connaissance, pas encore sorti en DVD VF; vous
savez, les éditeurs DVD - mais pour qui se prennent-ils
(!) - ne songent pas toujours à m'informer de
leurs projets...
En revanche, il existe un CD avec la musique. Aux USA,
Dell a publié, in illo tempore, le film
en BD.
(...)
Les expériences chirurgicales des savants d'Atlantis
Terre Engloutie ne sont que la résurgence
du mythe de Circé. Comme dit toujours Henri Vernes
(«Bob Morane»), «en matière
de littérature on n'a plus rien inventé
depuis Homère». Circé, qui vit
dans le lointain Occident, est citée - ainsi
que la Méduse - par Pierre Benoît dans
L'Atlantide comme l'archétype d'Antinéa,
qui transforme en statues d'orichalque ses amants. En
les faisant tomber sous sa domination sexuelle, Antinéa,
en somme, en avait fait - métaphoriquement -
des porcs lubriques et amoureux, comme Circé
le fit des compagnons d'Ulysse ! Tout film ou roman
sur l'Atlantide, qui se respecte un tant soit peu, fait
référence à une modification de
l'être humain : les surhommes ou les lépreux
d'Hercule à la conquête de l'Atlantide,
les hommes-poissons d'A. Ribeira (Le Danger viendra
de la Mer), les hommes-bêtes du film de Pal,
autant de métaphores du totalitarisme, autant
de paradigmes que vont décliner ad libitum
la littérature et le cinéma populaires.
Je jouais donc sur du velours en évoquant Circé. |
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26 mars 2007 |
OÙ
L'ON REPARLE DE LA MONTRE À BEN HUR, ET AUTRES
ANACHRONISMES... |
Sophie
a écrit : |
J'ai
entendu dire que dans le film Ben Hur, un participant
de la fameuse course de chars avait oublié d'enlever
sa montre mais je n'arrive pas à retrouver où.
Le savez-vous ? |
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RÉPONSE
: |
Moi aussi j'ai entendu
dire qu'un acteur du film qui... mais je ne l'ai jamais
constaté par moi-même.
Pourtant j'ai vu ce film plusieurs fois, et même
repéré dans quelles scènes apparaissait
Giuliano Gemma, alors simple figurant non-crédité
au générique (1).
Il y a la liquette d'Esculape, qui dépasse
sous l'encolure de sa robe (Gian Paolo Rosmino chez
les Amazones, dans Les Travaux d'Hercule), la
cicatrice d'une appendicite sur le ventre d'une esclave
(dans Caligula), les bonbonnes et les godasses
du technicien des effets spéciaux tapi au fond
d'un char d'amazones-gladiatrices (dans Gladiator),
la tirette de zip entre les jambes du faux-gorille (dans
Samson contre Hercule), sans oublier - du même
film - l'accompagnement musical... au piano lors de
l'inévitable ballet, etc. Des marques de vaccin
sur l'épaule aux clôtures de fil de fer
en sous-bois (dans La révolte de Sparte
[2]),
j'en ai repéré des bizarreries dans divers
films antiques, mais je n'ai jamais vu la montre à
Ben Hur - véritable «Monstre du
Loch Ness» du péplum !
Ce qui ne veut pas dire qu'elle n'existe pas...
NOTES :
(1) Giuliano
Gemma est le centurion qui, dans la Tour Antonia,
se précipite en tirant du fourreau son glaive,
pour s'interposer entre son chef Messala (Stephen
Boyd) et Ben Hur (Charlton Heston) qui le menace d'un
pilum. Plus loin, lorsque à propos de
la course de chars le cheik Ilderim vient aux thermes
prendre des paris contre Messala, Gemma, avec son
physique avantageux, fait le figurant au premier rang
des officiers romains qui assistent à la scène.
Autre figurant prestigieux, mais qui n'apparaît
qu'une seconde, le héraut qui annonce les participants
à la course de chars : le culturiste Sergio
Ciani, plus tard connu comme Alan Steel, qui fut une
des doublures de Steve Reeves avant de devenir un
protagoniste à part entière (Maciste,
Ursus...). Mais en ce qui concerne la tocante à
Ben Hur, mon il sagace risque de mourir idiot,
qu'on me pardonne cette image incongrue ! La fatigue,
sans doute... - Retour texte
(2) De même,
dans la scène où Jason et les Argonautes
se présentent au bas de l'escalier, devant
le vieux roi, père d'Aglaé, l'on aperçoit
sur la photo une autre clôture de fil de fer,
qui délimite la cour des Studios de Cinecittà
ou de l'Istituto Nazionale Luce où ces scènes
à décor furent tournées - dans
le film, ça ne se remarque pas, car elle est
noyée dans le flou de la profondeur de champ
(Le Géant de Thessalie). - Retour
texte
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28 mars 2007 |
«S'IL
N'A L'ÂME ET LA LYRE ET LES YEUX DE NÉRON...» |
Claire
a écrit : |
Je
suis tombée sur votre page ancienne de concours
d'uvre sur l'archéologie, le projet
a-t-il été mené à terme,
et est-il toujours d'actualité ?
En ce qui concerne la
citation «honte à cet effronté
qui peut chanter pendant que Rome brûle»,
vous ne parlez pas de Lamartine, réponse envoyée
au journal La Némésis, beau poème
pourtant, repris par Brassens («s'il n'a l'âme
et la lyre et les yeux de Néron...»).
Beau poème trop peu connu. |
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RÉPONSE
: |
Si je suis fan absolu du
Grand Georges - qui, lui, connaissait ses classiques
sur le bout des doigts ! - je ne le suis guère
de Lamartine. J'ignorais ce poème, assurément
trop peu connu comme vous le dites, et j'ignorais que
Brassens lui empruntait ! Me voici donc aujourd'hui
plus savant...
Quand au concours de l'uvre archéologique,
j'avoue ne pas avoir persévéré
dans mes relations avec Richard Tuil, qui publie donc
tous les ans (?) un bulletin électronique, si
j'ai bien compris. J'ai seulement mis son information
en ligne - puisqu'il avait pris la peine de m'adresser
un courrier - et vous invite à le contacter pour
en savoir plus...
Bibliothèque de RICHARD TUIL (B.R.T.)
chez Richard TUIL
BP 60150
F 95022 CERGY CEDEX - France.
Tél : 01 48 41 07 54
Fax 01 40 35 25 77
e-mail : richardtuil1@yahoo.fr
- mer_brillante@yahoo.fr
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28 mars 2007 |
AUX
CHIOTTES, SAINT SÉBASTIEN ! |
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Toujours à propos
de Brassens
Suite au précédent échange,
et voulant vérifier pour Lamartine, j'ai consulté
l'incontournable site Analyse
Brassens, et ai remarqué à propos
du second vers de Honte à qui peut chanter,
«(...) Que Rome brûle, ell' brûl'
tout l' temps...», le commentaire suivant (maintenant
rectifié) :
«Allusion à l'empereur Néron,
qui aurait mis le feu à Rome puis l'aurait
regardée brûler en pinçant sa
cithare et en chantant des vers de sa composition.
C'est lui qui, aussi, a tué sa mère
Poppée à coups de pieds et, en se suicidant
dans les égouts de Rome, se serait écrié
«Qualis artifex pereo !» - Quel artiste
meurt ici !»
Pour une fois, ce n'est donc pas d'un courrier reçu
d'un visiteur que nous allons traiter ici, mais d'un
amalgame amusant - que celui qui n'a jamais écrit
«ceci» en pensant «cela», jette
la première pierre à l'auteur de ce commentaire
(et me réserve la seconde).
Donc, prenant notre plus beau calame électronique,
nous avons immédiatement réagi par ce
courriel :
Je vois qu'un visiteur a déjà rectifié
pour Poppée. Mais il ne me semble pas que Néron
se soit suicidé dans les égouts de Rome
: n'était-ce pas plutôt dans la villa
de son affranchi Phaon ?
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L'AUTEUR
DU COMMENTAIRE «ANALYSE
BRASSENS» ÉCRIT : |
Autant
pour moi. Comment ai-je pu confondre Poppée et
Agrippine, St Sébastien et Néron (car
il semble que ce soit le corps percé de flèches
de St Sébastien qui ait fini dans le Cloaca
Maxima) ?
Phaon a même donné
un coup de main à l'artifex car il n'arrivait
pas à se poignarder la gorge tout seul (ce que
je comprends). Vieux souvenirs de versions latines...
N'y a-t-il pas cependant un empereur qui ait fini aux
égouts, pas Vespasien, tout de même ? |
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RÉPONSE
: |
Assurément Héliogabale
a été lynché dans les latrines
publiques et son corps jeté dans les égouts.
Pendant la guerre civile, lorsque les syllaniens reprirent
la ville, un parent du grand Marius - M. Marius Gratidianus
- a été effroyablement mutilé vivant,
et jeté aux égouts ou dans le Tibre, ce
qui revient au même.
Le peuple romain manifesta également en ce
sens à la mort de Tibère (Tiberius
in Tiberim !), mais cela resta au niveau des intentions,
ou des revendications...
Je ne sais où finit la dépouille de Saint
Sébastien... probablement la fosse commune (spoliaire)
où ses coreligionnaires en quête de saintes
reliques vinrent sûrement le récupérer. |
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RÉPONSE
DU CORRESPONDANT : |
St
Sébastien (suite, selon Wikipédia)
Hagiographie
Sébastien serait originaire de Narbonne, où
une église qui lui est dédiée a
été construite sur le lieu présumé
de sa maison natale. Son martyre daterait de 287 ou
288, sous l'empereur Dioclétien. Pourtant Dioclétien
avait beaucoup d'estime pour le soldat Sébastien
- on prétend même qu'il fut son amant !
- et l'aurait ainsi nommé capitaine de sa garde
prétorienne. Mais, chargé au départ
de traquer les chrétiens, Sébastien avait
fini par adopter leur foi et se comportait même
comme un dangereux prosélyte. Dioclétien
donna donc à ses soldats l'ordre de l'exécuter
en le transperçant de flèches, ce qui
fut fait aussitôt. Selon les textes et l'iconographie
du Moyen Âge, le saint, couvert de flèches,
ressemblait à un véritable hérisson.
Mais les soldats, qui avaient beaucoup d'estime pour
leur chef, auraient évité de viser le
cur, si bien que Sébastien ne succomba
pas à ses blessures. Soigné par une jeune
veuve nommée Irène, il reprit suffisamment
de forces pour se rendre auprès de l'empereur
et lui reprocher sa cruauté à l'égard
des chrétiens. Dioclétien le fit alors
rouer de coups jusqu'à ce que mort s'ensuive,
et ordonna que son corps soit jeté dans les égouts.
Guidés par une vision de sainte Lucine, les chrétiens
purent cependant retrouver son corps et l'ensevelirent
auprès des restes des apôtres.
Son corps aurait été
transporté de Rome à Soissons, en l'abbaye
de Saint Médard. Ses restes furent ensuite disséminés
à la cathédrale Saint Prothais et Gervais,
à Hartennes, Serches, Couvres (1793); Saponay,
Montigny, Lengrain (1857), Margival (1792).
Saint Sébastien est
bien sûr le patron des archers, mais il a aussi
été invoqué pendant plusieurs siècles
pour lutter contre la peste. Cette dévotion correspond
à un miracle qui se serait produit à Pavie
au Ve siècle. La ville était alors ravagée
par une violente épidémie de peste, qui
cessa dès qu'on eut érigé un autel
à la gloire du saint dans l'église de
Saint-Pierre-aux-Liens.
Suit un article fort intéressant
sur les représentations de St Sébastien
et l'homoérotisme, mais ce n'est pas notre sujet...
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NOTRE CONCLUSION |
Sous la Renaissance, la
chair percée de flèches acérées
du saint a ému la libido de nombreux peintres.
Après avoir nourri l'édifiant Fabiola
du Cardinal Wiseman (1854), Gabrielle D'Annunzio en
tira le sujet d'un mystère en cinq actes (1911).
Ensuite le martyre de Sébastien inspirera moins
d'une demi-douzaine de films, dont un underground
dialogué en latin, qui n'est guère visible
que dans les festivals gay. Un éditeur spécialisé
a rassemblé en un volume le texte de D'Annunzio
et une importante galerie de peintures montrant les
affres de l'extatique agonie du martyr chrétien
: Saint Sébastien, Adonis et martyr - Le martyre
de Saint Sébastien de Gabrièle d'Annunzio,
éd. Persona, 1983, 125 p. (présentations
de Jean-Pierre Joecker, Michel del Castillo, etc.),
couv. Mattia Preti.
Voici sa filmographie :
Fabiola (IT, 1917-18)
Prod. : Palatino Film Roma
Réal. : Enrico GUAZZONI
Avec Elena SANGRO (Fabiola) - Amleto NOVELLI - Livio
PAVANELLI (saint Sébastien) - Valéria
SANFILIPPO (sainte Cécile) - Bruto CASTELLANI.
Sebastian, der Tribun des Kaisers (AL, 1919)
Prod. : Leo-Film
Réal. : Karl FREY (?).
[D'après Fabiola.]
Fabiola (IT-FR, 1947)
Prod. : Universalia
Réal. : Alessandro BLASETTI
Avec Michèle MORGAN (Fabiola) - Henri VIDAL -
Michel SIMON - Massimo GIROTTI (saint Sébastien).
Révolte des esclaves (La) (IT, 1960)
La Rivolta degli schiavi / La rebelión de
los esclavos / Revolt of the Slaves (The) [EU] /
Sklaven Roms (Die)
Prod. : Ambrosiana
Réal. : Nunzio MALASOMMA
Avec Rhonda FLEMING (Fabiola) - Lang JEFFRIES - Gino
CERVI - Serge GAINSBOURG - Dario MORENO (empereur Maximien).
[D'après Fabiola.]
Sebastiane (GB, 1976)
Prod. : Megalovision
Réal. : Derek JARMAN & Paul HUMFRESS
Leonardo TREVIGLIO (saint Sébastien) - Barney
JAMES - Neil KENNEDY - Richard WARWICK.
Ce dernier titre en est une version homosexuelle,
réalisée avec des moyens dérisoires
: Sébastien et ses camarades légionnaires
s'ébattent nus dans la nature. En effet, après
avoir refusé l'amour de Dioclétien, Sébastien
est envoyé aux Bat'Af et a fort à faire
pour défendre sa pudeur contre les entreprises
corruptrices de son centurion, lequel finira par se
cruellement venger de lui, de la manière que
vous savez toutes, adorables petites grenouilles de
bénitier ! Attention toutefois, mécréants
: Sebastiane n'est pas le féminin de Sébastien,
mais le vocatif de Sebastianus : ô Sébastien.
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29 mars 2007 |
LE
CORPS DE MARC ANTOINE EXHIBÉ ? (ROME,
2E SAISON) |
Georges
a écrit : |
Et
voilà. Rome, fini.
Ecrasons une larme avec Atia, voyant passer la dépouille
de son amour au défilé du triomphe d'Auguste
(possible ça ?)... et je te laisse les autres
surprises, si tu ne l'as déjà vu.
A la fin du 10, on voit très
brièvement passer un chariot triomphal, sur lequel
sont enchaînés à des poteaux, des
cadavres - ou momifiés ou en putréfaction
- de Cléopâtre et d'Antoine avec des masques
leur couvrant le visage. Atia se détourne au
passage et on sent venir une larme. |
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RÉPONSE
: |
Le corps d'Antoine exhibé
à Rome ? Il ne devait plus être très
frais, à moins qu'on l'aie embaumé à
la grecque (dans du miel, comme Alexandre le Grand)
ou à l'égyptienne (mais là...).
J'ai vérifié dans le Chamoux cette histoire
d'exhibition de cadavres. Voici ce qu'écrit en
substance le biographe de Marc Antoine : Antoine suicidé,
Cléopâtre l'embauma de ses mains (je ne
sais ce qu'il faut entendre par là : embaumeur
c'est un métier, et ça prend du temps
! Je suppose qu'elle fit seulement sa toilette funéraire)
et le fit enterrer dans son mausolée. Puis elle
tenta une ultime négociation avec Octavien, qui
la repoussa. Alors elle prit un bain, fit un bon repas,
et s'empoisonna avec l'aide d'un aspic. Elle fut, elle
aussi, inhumée dans son mausolée. (Que
les archéologues recherchent toujours, de même
que celui d'Alexandre le Grand !)
Lors de son triomphe, Octavien exhiba Cléopâtre
en effigie. D'Antoine, pas question.
Ceci rejoint ce que je savais déjà sur
les coutumes romaines en la matière (voir la
notice que je consacre au Triomphe,
et aussi la chronologie
de César, tous deux dans mon dossier Rome).
Il est malséant de triompher d'autres Romains,
la guerre civile n'a pas bonne presse. Un triomphe s'obtient
quand on a tué au moins 5.000 étrangers
sur un champ de bataille, et ainsi augmenté le
territoire de la République. César célébra
sa victoire sur Caton et Metellus à Thapsus par
un triomphe ex Africa rege Juba : c'est donc
le roi Juba qui porta le chapeau, en l'occurrence son
fils Juba II qui, encore petit, marcha devant le char
du vainqueur. Mais les noms des Romains Caton et Metellus
ne furent pas mentionnés au cours de ce Triomphe.
Octavien fit mettre à mort le fils aîné
d'Antoine et Fulvia : Marcus Antonius Anthyllus, qui
avait quinze ans et venait de prendre la toge virile.
D'après Chamoux, c'est à cause de son
prénom «Marcus» (le Sénat,
à la dévotion d'Octavien, interdit ensuite
aux Antonii de porter le prénom Marcus),
le nom de Marc Antoine étant voué à
la damnatio memoriæ. Selon d'autres lectures,
Anthyllus se serait rebiffé, aurait pleuré
lorsque les gens d'Octavien vinrent le chercher, aussi
- quoique fiancé à Julia, fille d'Octavien
- il fut exécuté. Par contre, son frère
Iullus - plus docile - fut élevé par Octavia
(CLICK
& CLICK)
ainsi que les autres enfants d'Antoine et Cléopâtre. |
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