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JANVIER 2008

 

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NEWS DE JANVIER 2008

 

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COURRIER DE JANVIER 2008

NEWS DE JANVIER 2008

[11 septembre 2007]

NEWS - DVD : Masada enfin disponible en DVD (VO)

Masada - The Complete Epic Mini-Series (1981)
Réal. : Boris SAGAL
Avec : Peter O'TOOLE - Peter STRAUSS - Barbara CARRERA - Anthony QUAYLE - David WARNER.

Format : Couleur, NTSC / Langue : Anglais / Toutes zones / Aspect Ratio : 1.33:1 / 2 disques / Editeur : Studio: Koch Vision / 383'

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Notre dossier : Masada

masada - antagonistes
 
 

[29 septembre 2007]

NEWS - BD : Petit conte léguminesque (ou comment le Colosse de Rhodes a été construit)
Eric SANNIER (sc.), Lionel RICHERAND (d.),
Akileos éd., 62 p.
Dimensions de l'album : 29 x 22 x 1 cm
N & B - Dépot légal : 09/2007 - Achevé impr. : 08/2007 - ISBN : 978-2-915168-86-0

petit conte leguminesque

Résumé
La Grande Histoire ne dévoile pas tout. Il est des secrets bien gardés que nous allons vous révéler. Le destin va jouer à Charrès [Charès] de Lindos l'un de ses tours favoris... Il ne sera pas seul à en payer le prix. Une ville entière va sombrer dans la démence. Un conte joyeux et débridé, réinventant l'«histoire secrète» d'une des 7 Merveilles du Monde.

Ce conte léguminesque et absurde démarre en Egypte, avec la confrontation de Moïse et Pharaon, au cours de laquelle le prophète hébreu jeta son bâton à la face du monarque. Le bâton se métamorphosa alors en serpent, qui disparut dans la faille d'un mur...
Un millénaire plus tard, en -295, l'île de Rhodes peine à se remettre des années de guerre passées contre les Macédoniens. La petite famille de Charrès, un ancien forgeron reconverti en maraîcher, vit au rythme du marché. Dans son jardin, l'honnête Charrès, fait pousser ses légumes. Un jour, alors qu'il rentre du marché, le cultivateur rencontre un Egyptien et son éléphante qui recherchent un endroit où passer la nuit. Il accepte de les héberger. Le lendemain, pour remercier son hôte, l'Egyptien aide Charrès à cultiver son jardin, travaillant la terre au moyen d'un étrange bâton. Le surlendemainne surprise attend Charrès à son réveil : ses légumes ont quadruplé de volume ! Charrès livre son extraordinaire production au marché, où il rencontre un immense succès et développe ses affaires. Mais la récolte miraculeuse va susciter bien vite l'envie et la rancœur chez les autres marchands et une révolte va voir le jour, menée par Epolis le Perse...

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BDgest
Bédéthèque
Lapistache

A propos de L'Age de Bronze, traduction française chez Akiléos
A propos de la Guerre de Troie, Nous évoquions dans un précédent courrier la BD d'Eric SHANOWER, L'Age de Bronze dont le tome 1 était paru en traduction française chez Akileos,
Vérification faite, à ce jour deux autres albums encore ont été traduits : 2/«Sacrifice» (janvier 2005) et 3/«Trahison» (février 2007), ainsi qu'un carnet de croquis Hors Série : L'Age de Bronze - Les coulisses de l'œuvre (mars 2006). Nous ne recommanderons jamais assez cette magnifique saga graphique, ne serait-ce pour la minutie avec laquelle le scénario explore les moindres recoins du Cycle troyen, au contraire des autres productions qui sont plutôt du genre à élaguer.

 
 

13 janvier 2008

NEWS - TV : Troie, mythe ou réalité ? - La véritable histoire de Troie (documentaires)

Depuis quelques années, deux documentaires relatifs à Troie et à son siège fameux passent régulièrement sur la chaîne «Planète - Toute l'Histoire». La dernière fois, ce 13 janvier. Comme les visiteurs de notre site parlent beaucoup de Troie ces derniers mois, il nous a paru intéressant d'en rendre compte ici.
Pour mémoire, Wolfgang Petersen - le réalisateur de
Troie - discuta avec son compatriote archéologue Manfred Korfmann des dernières découvertes sur le site. Ce qui expliquerait, notamment, le look hittite des Troyens et, surtout, les dimensions de la ville de Troie qui dans le film de Petersen déborde largement la capacité de la butte d'Hisarlik [ou Hissarlik]...

Cette relation étroite des Hittites avec Troie qui appert ici avait été pressentie dans les années '60 déjà, par le romancier américain Noel B. Gerson dans Le Troyen (Fleuve Noir, coll. «Les Grands Romans», 1965), sur lequel nous reviendrons, à l'occasion.

le troyen - noel b. gerson

Troie, mythe ou réalité ? (2004)
Prod. : Eagle Media Productions (EMP) / Coul. / Son : Mono / 50'
Script adapt. : Steve GILLHAM; Prod. : Steve GILLHAM & Alan RAVENSCROFT; Camera : Trevor GREEN & James FRENCH; Graphics : Matt SUGARS, David ROGERS; Rostrum : Shelly DAVIES; Editor : Kirk BRITTEN; Musique : Tom SMAIL.

Avec : Tony SPAWFORTH, historien - Ken WARDLE, historien - Peter CLAYTON, historien - Brian BLESSED, tragédien - Malcolm TODD, historien - Donald EASTON, archéologue - Niall Mc KEON, historien.
VF : IMAGINE pour les chaînes Planète. Adapt. : Michelle MAIGNÉ-TUNNICLIFFE. Voix françaises : Philippe SOLLIER - Gilles BLUMENFELD - Marc BRUNET - Michel MONTANA.

Distribution
FR/ TV : Planète - Toute l'Histoire, 13 janvier 2008, 15h 40'. Précédente diffusion : 24 septembre 2007, 15h 25')

La guerre de Troie aurait débuté en 1193 avant Jésus-Christ, après que le Prince troyen Pâris eût enlevé Hélène à son mari, le roi de Sparte. Le récit poétique de cette guerre, rédigé par Homère, est encore aujourd'hui l'un des plus importants et des plus connus de l'histoire. Mais au-delà du mythe et de la légende, quels sont les faits avérés sur lesquels reposent les écrits d'Homère ? La guerre de Troie a-t-elle vraiment eu lieu ?
Une enquête, au-delà du mythe, sur les réalités historiques qui sous-tendent le récit que fit Homère de la fameuse guerre de Troie, qui opposa Grecs et Troyens.

La guerre de Troie nous est connue par diverses sources classiques et, en premier lieu l'Iliade qui, en vérité, traite d'événements qui seraient survenus... 500 ans avant Homère. L'historien Tony Spawforth nous rappelle que c'est Heinrich Schliemann (1822-1890) qui retrouva le site de Troie sous la butte d'Hisarlik [«la Citadelle»], en Turquie. Et que le nom d'Homère, auteur de l'Iliade et de l'Odyssée, recouvrirait deux ou trois différents personnages. Il semble toutefois que l'Iliade aurait eu un auteur unique, qui rassembla et compila ses sources dans la seconde moitié du VIIIe s. av. n.E. L'historien Ken Wardle rappelle ensuite que la riche métropole qui, au XIIIe s., florissait sur le détroit des Dardanelles, était contemporaine des forteresses de Mycènes et de Tirynthe, dont la civilisation dominait le S.-E. de la Grèce. Ces données archéologiques concordent avec les dates de 1250-1200, fourchette dans laquelle les sources littéraires grecques situaient la Guerre de Troie. Ensuite, l'historien Peter Clayton vient nuancer l'identification de Troie avec Hisarlik (1) : depuis 1870, que de polémiques à son sujet ! Notamment l'objection d'historiens militaires : la butte d'Hisarlik pouvant au maximum contenir trois cents personnes, quid des 50.000 combattants dont parle Homère ? Après les fouilles de l'assistant de Schliemann, W. Dörpfeld (1893), puis celles de Carl W. Blegen de l'Université de Cincinnati (1932), celles de Manfred Korfmann et de son équipe internationale sont venues jeter de nouveaux éclairages (1988). Aucun doute possible sur l'identité du site que les Romains - qui s'y établirent plus tard - nommaient Novum Ilium. Quand à la place disponible et plutôt congrue, fouillant en contrebas de la forteresse, Korfmann découvrit une vaste cité.

Après les auteurs de l'Antiquité, Troie fascina l'imagination des modernes. Le tragédien Brian Blessed (2), lit le prologue du shakespearien Troïlus et Cressida, [une comédie] évoquant notamment les six portes de la grande cité : la Dardanienne (3), la Thymbrienne, l'Ilias, la Chétas, la Troyenne et l'Anténoride.
Cependant, le personnage d'Hélène - par exemple - n'est pas historiquement prouvé. Cette reine semble inconnue des annales contemporaines hittites, égyptiennes ou mycéniennes. Plutôt qu'une guerre pour les beaux yeux d'une princesse, Blessed préfère croire avec quelque réalisme que la vraie cause de la guerre fut plutôt la volonté de pillage.
Donc l'armée grecque débarque à Sigeum et envahit la plaine où se croisent les fleuves Scamandre et Simoïs. Mais Troie a-t-elle seulement été assiégée comme l'affirme Homère ?

Selon l'historien Malcolm Todd, dix années de siège par une armée de l'importance de celle des Achéens est, d'un point de vue logistique, invraisemblable; pas même deux années. Encore à l'époque classique, les Grecs n'avaient pas grandes compétences en matière de poliorcétique; les sièges de ville n'excédaient pas plus de quelques mois. Une exception notable : le siège de Potidée, qui dura trois ans.

L'archéologue Donald Easton relève pour sa part que le masque d'or découvert par Schliemann à Mycènes, qu'il attribua au roi Agamemnon, était très antérieur à la guerre de Troie. De même, l'épisode du cheval de bois à l'intérieur duquel se dissimulèrent vingt guerriers - dont Ulysse, Diomède, Ménélas et Philoctète - est assez incroyable.

Récapitulons. Troie ne se limitait pas à la petite acropole d'Hisarlik : une vaste cité s'étalait en contrebas de la citadelle. Dix années de siège est une impossibilité. L'idylle d'Hélène et son amant Pâris, relève de l'imagination. Des personnages comme Achille et les autres héros sont invérifiables. Le cheval de bois, par contre, pourrait trouver son origine dans ces vases à libations en forme d'animaux qui apparaissent en Anatolie à la fin de l'Age du Bronze. Au cours de certaines cérémonies religieuses, les Hittites en utilisaient - fabriqués en taille réelle et montés sur roues. Et bien avant eux déjà, les habitants de Çatal Hüyük nous ont laissé le souvenir d'un taureau grandeur nature, monté sur roues et muni d'un bec verseur. Pourquoi pas un cheval ? Ce genre d'objet aurait pu inspirer une ruse, ou simplement la légende...
Il nous reste une merveilleuse épopée, aux personnages en lesquels nous pouvons aujourd'hui encore nous identifier. Achille n'est pas seulement un superhéros, c'est aussi un être humain attachant que l'on voit assis aux côtés de son ennemi Priam, chacun pleurant l'être cher qu'il a perdu. Il y a aussi le clin d'œil que nous adresse, Héra et ses querelles de ménage, qui sans cesse houspille son époux Zeus et finit par avoir le dernier mot !

Intéressant documentaire qui fait connaître au grand public le résultat des récentes fouilles de Manfred O. Korfmann (1942-2005). La VF n'a toutefois pu éviter deux bévues : déclarer qu'Hélène avait été «adoptée» par Tyndare(4); et que lors du sac de la ville, Priam fut tué sous les yeux de son fils, «le prince Enée» (sic).
Notons les stock shots d'images d'hoplites en manœuvre (reconstitution), du cheval de bois (reconstitution pour le documentaire). Des acteurs anonymes et muets figurent le couple Pâris et Hélène, ou différents dieux - Zeus, Athéna, Apollon, Héra...

La véritable histoire de Troie (2004)

Prod. : CTC - Cresset Comunications. Coprod. : AVRO & TELEAC (Holland) - WDR-ARD (Germany) - VRT (Belgium). Netherlands Coproduction Fund / Son : Mono / 55' env.
Réal. & Prod. : Roel OOSTRA; (5) Images : Christine GUGGENBERGER, Ge AARTS; Editor : YVAR; Illustration Iliad : Alan LEE (courtesy Frances Lincoln Ltd.).
Remerciements : Donal EASTON - Prof. Manfred KORFMANN - Dr. Peter JABLONKA (animation Troy) - Christoph HAUSSNER (reconstructions Troy).

Avec : Donald F. EASTON, archéologue - Prof. Wilfried MENGIN, directeur du Berlin Historisches Museum - Prof. Ghiorgos STYLIANOS KORRES, historien (Athènes) - Prof. Joachim LATACZ, historien - Prof. Manfred KORFMANN, archéologue, université de Tübingen - Prof. Manfred KOLB, archéologue, université de Tübingen - Prof. Frank STARKE, hittitologue - Prof. Hans NIEMEYER, responsable des fouilles à Milet.
Version française : TELE EUROPE pour les Chaînes Planète. Adaptation : Estelle RENARD. Voix françaises : Eric ETCHEVERY - Jean-Pol BRISSART - Alain CHOQUET - Bruno MAGNE.

Diffusion
Planète : Toute l'Histoire, 13 janvier 2008

Après des années d'hésitation et de fausses pistes, les archéologues semblent être en mesure d'avancer quelques certitudes concernant la guerre de Troie.
Avant tout, il s'agit de séparer la vérité de la fiction. Sur fond d'images extraites d'un téléfilm biographique allemand reconstituant le chantier de fouilles de Schliemann, Donald F. Easton, archéologue, rappelle l'expression d'Homère, «Ilion battue par les vents...», et rappelle que les bateaux qui s'engageaient dans le détroit de Dardanelles pour le remonter jusqu'à la mer Noire devaient affronter vents et courants contraires. Aujourd'hui, Troie se trouve à 6 km de la mer, mais dans l'Antiquité la ville de Priam était abritée au fond d'une vaste baie, port naturel à l'entrée du détroit ce qui en faisait une plate-forme commerciale idéale à l'intersection des échanges Asie-Europe, mer Noire-mer Egée.
Troie VI et VII, qui correspondent au XIIIe s. av. n.E., disposaient de fortifications de pierre hautes de 5 m, surmontées de murs de brique crue de 6 m (?) : soit des murailles que l'on peut évaluer à près de douze mètres de haut.

Tout a commencé aux Noces de Pélée et de Thétis, où la déesse de la Discorde suscita un concours de beauté entre trois déesses, dont le prince Pâris devait être l'arbitre. Aphrodite lui ayant promis l'amour de la belle Hélène, il navigua jusqu'à Sparte. Hélène tomba sous le charme de ce si beau guerrier, qui l'enleva et - en plus - pilla tout ce qui lui tomba sous la main. «Cette histoire nous touche car elle révèle la relation des hommes et des dieux d'alors comme d'aujourd'hui», dit D. Easton.
L'Iliade est le mythe fondateur qui cimente l'origine commune de tous les Grecs, de la Méditerranée à la mer Noire, et les distingue des Barbares. Un Barbare, l'empereur des Perses, y sacrifia mille bœufs à Athéna iliaque avant de franchir l'Hellespont pour envahir la Grèce; de même, Alexandre le Grand fit des offrandes au tombeau d'Achille avant d'envahir l'Asie barbare.
Plus tard, les Romains se considérèrent comme les descendants des Troyens. Constantin voulut y établir sa nouvelle capitale d'Orient, celle de l'Empire chrétien; mais finalement, il opta pour Byzance, à l'autre bout du détroit, peut-être moins connotée par le paganisme.
Les Croisés, eux, se voulurent les vengeurs des Grecs en extirpant de Troie les Turcs musulmans. Prenant le contre-pied, Mehemet II, Constantinople prise, se rendit sur le site de Troie et déclara les Troyens vengés ! La Renaissance s'en inspira. A l'exemple des Romains, la plupart des grandes dynasties se prévalut d'une ascendance biblique... ou troyenne : Burgondes, Normands et même Islandais. Les Francs se vantaient de descendre de Franco(6); les Turcs d'un certain Turkus, Troyen lui-aussi... Et si les Bretons [les Britanniques] pouvaient prétendre tirer leur origine du Troyen Brutus (7), leurs ennemis Irlandais - eux - ne pouvaient descendre que des Achéens (8).
Et dans le delta du Rhin, l'ancienne Colonia Ulpia Traiana fondée par l'Empereur Trajan sera, à cause de la consonance de son nom, considérée comme une fondation troyenne et rebaptisée Xanten (9), du nom divin d'un des deux fleuves de Troie (le Scamandre ou Xanthe).

Le Prof. Wilfried Mengin, directeur du Berlin Historisches Museum, fait une mise au point à propos d'H. Schliemann (10), un aventurier milliardaire qui, traversant une mauvaise passe existentielle (il venait de divorcer), entreprit de faire des fouilles archéologiques dans le besoin de se faire valoir socialement. Ceci en «volant» son projet à un autre érudit moins fortuné que lui, le vice-consul américain Frank Calvert (11) qui - le premier - avait repéré le site d'Hisarlik et acheté une partie du terrain. Ambitieux et impitoyable, vaniteux et aimant faire étalage de sa fortune, Schliemann, qui avait déjà exploré Ithaque (1869), plus tard Mycènes (1876), Orchomène (1880) et Tirynthe (1884) en Grèce, fit davantage œuvre de chasseur de trésors que d'archéologue. Sans grande délicatesse, il attaqua la colline en avril 1870 et la déblaya jusqu'à ce qu'il trouve une cache dans Troie II (mai 1873), qu'il déclara ipso facto être le «Trésor de Priam». En réalité, ces pièces d'orfèvrerie étaient beaucoup plus anciennes... d'un millénaire (la Troie «homérique» correspondant plutôt aux niveaux VI-VII, soit 1250 av. n.E.), mais il faut reconnaître à sa décharge qu'à l'époque les méthodes archéologiques n'étaient pas encore très au point (12).

Ensuite, le Prof. Ghiorgos Stylianos Korres évoque comment Schliemann sortit frauduleusement de Turquie ses trouvailles, pourchassé par la justice. Il proposa le «Trésor de Priam» d'abord à la Grèce, puis au Musée de l'Ermitage (Saint-Petersbourg), au Louvre, et au British Museum qui refusèrent de l'acheter. Il finit par l'offrir au Berlin Museum [Musée d'Art populaire], la capitale en pleine expansion du jeune Empire prussien.
Et le D. Easton d'ajouter, péremptoire : «Il n'y a jamais eu de roi nommé Priam. Homère nous a laissé un merveilleux poème, pas un récit historique.» [Il est amusant de noter, que si Easton élude sans complexe les personnages de l'Iliade ainsi que l'invraisemblable durée du siège, dix ans, il prend néanmoins pour argent comptant les chiffres relatifs aux forces en présence - Troyens et Achéens - car les fouilles de Manfred Korfmann dont il fut un collaborateur, ont révélé l'existence d'une vaste cité autour de la colline d'Hisarlik qui en était seulement la citadelle, pouvant au maximum loger 300 habitants (13).]
A ce point de l'argumentation, le documentaire ouvre une parenthèse croquignole : d'abord, sommes-nous certains de l'identification de Troie ? Pour l'archéologue «allemand» [zürichois, N.d.M.E.] Eberhard Zanger, la ville que nous considérons comme Troie serait en réalité... l'Atlantide. On y a retrouvé des canaux que l'on peut rapporter au complexe de ports concentriques décrit par Platon (14). Le Hollandais Iman Wilkens pour sa part, situe Troie en mer du Nord. Homère serait natif de Hollande, Achille de Bruges, Ulysse de Cadix. Et Troie se serait dressée sur la colline de Gog Magog près de Cambridge, en Angleterre. Quant à la guerre fameuse, elle aurait vu s'affronter des Celtes de l'Age du Fer aux anciens habitants de la Bretagne (15).

Dörpfeld et Blegen étaient davantage des historiens que des archéologues. En 1988, fort des derniers acquis de l'archéologie, Manfred Korfmann, de l'université de Tübingen, décida de procéder à de nouvelles excavations.
Celui-ci - raconte le Prof. Joachim Latacz, historien - découvrit au pied de l'acropole d'Hisarlik un centre urbain de dimensions considérables, dix fois plus grand que ce que l'on imaginait. De 7 à 10.000 personnes pouvaient s'y réfugier (16). Dans un premier temps, les thèses de Manfred Korfmann furent considérées comme de pures élucubrations. On le considérait dédaigneusement comme «le Von Däniken» de l'archéologie». Mais ses détracteurs durent s'incliner devant les évidences, comme le reconnaît son ancien opposant et collègue archéologue de l'université de Tübingen, le Prof. Manfred Kolb. Découverte sensationnelle, Donald Easton y trouva en 1995 le sceau d'un scribe contenant une inscription en hiéroglyphes hittites. Avec ses fortifications de type anatoliennes, Troie était habitée par un peuple indo-européen (les Luvites) et était en relation avec l'Empire hittite !

Les Hittites vivaient dans l'Est de l'Asie mineure (Anatolie), mais les Etats de l'Ouest étaient leurs vassaux. Les archives d'Hattusa [Boghaz-Koï], leur capitale, parlent d'Ahijawa [Ahhiyawa ou Ahhiya], c'est-à-dire l'Achaïe au-delà de la mer, qui tentait de s'implanter en Anatolie occidentale. Et elles parlent également de Wilusa l'Escarpée [Ilios, Ilion] ou Truwisa [Troie, la Troade], que l'on est à présent en mesure de situer dans le N.-O. de l'Asie mineure, ce qui concorde avec l'emplacement de la ville exhumée sous Hisarlik. Il est également question d'un traité signé avec le roi de Wilusa, Alaksandus, en qui il est tentant de reconnaître Alexandre, le second nom du Troyen Pâris ! Ce traité d'alliance avec les Hittites prend à témoin la divinité d'un cours d'eau souterrain passant sous la ville - ce cours d'eau a été retrouvé par Korfmann : en fait il y avait tout un complexe d'égouts sous Troie. Et, recoupement, l'on peut constater qu'au XIIIe s., les fortifications de Troie furent renforcées, probablement dans la crainte d'une attaque contre Wilusa maintenant alliée des Hittites. Que s'était-il passé ?

Le Prof. Frank Starke, hittitologue, pense avoir trouvé la réponse au courrier échangé entre le roi des Hittites et Alaksandus : une lettre du roi d'Ahijawa au souverain hittite, qu'il appelle «son frère», contestant la souveraineté hittite sur une île au large du N.-O. de l'Anatolie. Responsable des fouilles à Milet, le Prof. Hans Niemeyer jette un éclairage sur ce litige. Une précédente contestation avait opposé aux Hittites le roi d'Ahijawa, à propos de Millawanda (Milet), ville grecque depuis plusieurs siècles, qu'avaient pris les Hittites. Il faut savoir que, sise sur le fleuve Méandre, Milet ou Millawanda commandait la vallée, la route qui conduisait au cœur de l'Anatolie et de l'Empire hittite.
On peut dès lors concevoir que les Achéens cherchèrent à compenser la perte de Millawanda en se retournant contre Wilusa dont la position contrôlait une autre route vers l'Orient, celle de la mer Noire.

Dans ce courrier, le roi des Achéens se nomme «fils de Kadmu». Nom que l'on peut rapporter à Cadmos de Thèbes, ce qui laisserait entendre que le Grand Roi des Achéens ne serait pas un «Agamemnon de Mycènes» (17), mais un roi de Thèbes, en Béotie. Il est curieux en effet de noter que selon la tradition grecque, le Grand Roi de Mycènes ne rassembla pas sa flotte en Argolide mais sur la côte de Béotie, à Aulis (18).

Le sac de Troie, la sécheresse, la famine sonnent le glas de l'Age du Bronze : Mycènes, l'Empire hittite déclinent. De nouveaux peuples apparaissent, ou sortent de chez eux pour attaquer leurs voisins [les Peuples de la Mer - N.d.M.E.].
Il faut relativiser Homère : on ne peut affirmer que la guerre de Troie a bien eu lieu. Elle n'a pu durer dix ans. Il n'y eut pas d'Agamemnon. Mais le cheval de Troie aurait pu être un de ces vases d'offrande géants montés sur roue, comme le taureau d'un bas-relief représentant une procession retrouvé à Alaca Höyük (19). Toutefois nous avons des éléments qui nous permettent de comprendre comment Homère a construit son poème, un reflet du VIIIe s.
«Cessez de vous combattre entre vous (Achille et Agamemnon)... tel serait le message caché de l'Iliade» (sic).

Liens
FILMS
  • Colère d'Achille (La) (Mario Girolami, 1962) (DVD) :
  • Guerre de Troie (La) (Giorgio Ferroni, 1961) (DVD Fabbri - 11) : notule
  • Helena de Troya (Robert Wise [& Raoul Walsh], 1956) (DVD Impulso Records - 1a) : notule
  • Hélène de Troie (John Kent Harrison, 2003) [TV] : dossier
  • Hélène, reine de Troie (The Lion of Thebes) (Giorgio Ferroni, 1965) : Pack Warriors DVD
  • Hercule et la Princesse de Troie (Hercules and the Princess of Troy) (Albert Band [= Alfredo Antonini], 1965) : Pack Warriors DVD
  • Hercule, Samson et Ulysse (Pietro Francisci, 1963) : dossier
  • Odyssée (L') (Andrei Konchalovski, 1997) :
  • Odyssée (L') ou Aventures d'Ulysse (Les) (Franco Rossi, 1969) : courrier
  • Star Trek : «Elaan of Troyius» : courrier
  • Troie (Troy) (Wolfgang Petersen, 2004) :
  • Ulysse (Mario Camerini, 1953) (DVD Fabbri - 2) : notule
  • Ulysse 31 (Bernard Deyries, Kyosuke Mikuryia, Kazuo Terada & Tadao Nagahana, 1981) [dessin animé] : notule
  • Ulysse contre Hercule (Mario Caiano, 1962) (DVD FIP) :
  • filmographie - Troie (guerre de), Atrides, Electre : page
  • filmographie - Troie : Hercule assiège Troie : dossier
  • filmographie de l'Odyssée
  • téléfilms : courrier
 
THÈMES ET PERSONNAGES
  • Ajax : courrier & courrier
  • armements et combats : courrier
  • format écran DVD Ulysse : courrier
  • Diomède : courrier
  • fortifications : dossier
  • Giraudoux (Jean), La guerre de Troie n'aura pas lieu - idéologie : courrier
  • guerre (la) : courrier
  • Hélène de Troie : courrier
  • Ilos (fondateur d'Ilion) : courrier
  • Le Gendre (Camille), La colère d'Achille, 2006 (BD) : courrier
  • Mangin (Valérie) & Démarez (Thierry), Le dernier Troyen - Chroniques de l'Antiquité galactique/1 : Le cheval de Troie, 2004 (BD) : courrier
  • personnages de la guerre (les) : courrier
  • Shanower (Eric), L'âge du bronze, 2001 (BD) : courrier
  • Simmons (Dan), Ilium (roman SF) : courrier
  • site archéologique (le) : dossier

Mourir pour Troie
Enfin, signalons le livre d'Annie Collognat, Mourir pour Troie - compilant et mettant en perspective les tragiques grecs.

Annie COLLOGNAT, Mourir pour Troie - Euripide, Eschyle, Sophocle, Paris, Omnibus, 2007, XXIV-997 p.
ISBN-10: 2258075270 - ISBN-13: 978-2258075276

Ce volume réunit 14 tragédies grecques mettant en scène les héros et les héroïnes de la guerre de Troie. Il propose également des informations sur les personnages, les noms de lieux ou des repères historiques sur les Atrides ou sur la ville de Troie : Iphigénie à Aulis (Euripide) - Ajax (Sophocle) - Philoctète (Sophocle) - Les Troyennes (Euripide) - Hécube (Euripide) - Andromaque (Euripide) - L'Orestie : Agamemnon, Les Choéphores, Les Euménides (Eschyle) - Électre (Sophocle) - Électre (Euripide) - Oreste (Euripide) - Iphigénie en Tauride (Euripide) - Hélène (Euripide).
Edition établie par Annie Collognat avec les traductions d'Euripide, Eschyle et Sophocle par Leconte de Lisle entièrement revues.

Présentation de l'éditeur
L'Iliade d'Homère est l'épopée de la Guerre par excellence. Elle raconte les batailles qui opposèrent Grecs et Troyens, devant Troie assiégée, de la colère d'Achille, bafoué dans son honneur de «meilleur des guerriers» par Agamemnon, à la mort d'Hector, fils de Priam et champion des Troyens. Mais le poème d'Homère comporte bien des lacunes et c'est dans les pièces d'Eschyle, Sophocle et Euripide qu'il faut retrouver toute l'histoire de la guerre de Troie. Au fil des épisodes dramatiques, ce n'est pas seulement la guerre que l'on découvre, mais aussi ses origines et ses préparatifs et, plus encore, sans doute, ses conséquences à travers le retour des vainqueurs dans leurs patries. Des préquelles, selon l'expression qu'emploie souvent le cinéma aujourd'hui, aux séquelles, se dessine le long cheminement d'un fléau engendré par une querelle divine : de la pomme de Discorde au matricide d'Oreste, le dernier des Atrides, le destin est à l'œuvre et l'incendie de Troie n'en finit pas de resplendir d'un sombre éclat.

Annie Collognat a également préfacé le catalogue de la Bibliothèque Nationale française : Le Héros, d'Achille à Zidane (9 octobre 2007 - 13 avril 2008).
Achille, Héraclès, Roland, Lancelot, Jeanne d'Arc, Condé, Napoléon, Jean Moulin, De Gaulle, Lucie Aubrac, Che Guevara, Jimi Hendrix, Superman, Zidane, le grand livre de l'histoire et de l'actualité est peuplé d'êtres exceptionnels qui tous, à des degrés divers, incarnent des rêves collectifs, où le besoin de gloire, de puissance, voire d'immortalité, trouve à s'exprimer.
Qu'il s'agisse de la cité grecque, de l'Occident chrétien, de la construction de l'Etat-nation ou d'un univers mondialisé, les héros permettent de concentrer sur un personnage un corpus de valeurs abstraites et diversifiées.
Qu'est-ce donc qu'un héros ? D'abord - et c'est ainsi que l'aborde l'exposition - le produit d'un discours. A chaque époque ses héros et un support privilégié de médiatisation. Pour le héros épique, le poète; pour le héros national, l'historien, et pour le héros moderne, composite et mondialisé, le système médiatique. L'exposition s'attache ainsi à montrer que le chant épique comme les jeux vidéo, les manuels scolaires comme les articles de journaux et l'imagerie populaire, produisent des personnages héroïsés, profondément révélateurs de nos civilisations. Certains héros inscrivent leur gloire dans le temps, d'autres seulement dans l'espace mondialisé de la communication...


NOTES :

(1) Hissarlik était en concurrence avec le site de Bunarbashi, sept kilomètres plus au sud. Outre d'être un nichoir à cigognes, Bunarbashi passait avoir pour elle la présence de deux sources, une chaude et une froide, conformément à l'Iliade (Il., XXII, 147-152) : en réalité, elle en comptait 34, ainsi que Schliemann les dénombra; et aucune chaude ! D'autres caractéristiques topographiques mettaient le site de Bunarbashi en contradiction avec le récit homérique : à trois heures de marche, Bunarbashi était trop éloigné de la mer pour concorder avec les mouvements de l'armée achéenne qui était censée faire l'aller et retour plusieurs fois dans la même journée. En outre, il était trop escarpé pour qu'Achille en fisse trois fois le tour en char en tirant le cadavre d'Hector (N.d.M.E.). - Retour texte

(2) Qui incarna Auguste dans la série BBC I Claudius, 1976 .- Retour texte

(3) La fameuse porte Dardanienne ou «Porte Scée» (de skaios «à gauche» ou «sinistre»), près de laquelle se dressait le tombeau de Laomédon, aurait ainsi été surnommée parce que c'est par elle que fut introduit le Cheval de Bois. Elle s'ouvrait sur la plaine du Scamandre et le champ de bataille; c'est à son emplacement que s'assemblaient le roi Priam et les Anciens pour observer les combats, et c'est de là-haut qu'Hélène leur nomma les principaux héros achéens.
Enfin, c'est devant cette porte Scée que le brave Hector fit ses adieux à Andromaque (Il., VI, 369-502) et c'est devant elle toujours, «devant l'observatoire et le figuier battu par les vents» que le même Hector se fit tuer par Achille (Il., XXII) (N.d.M.E.) - Retour texte

(4) Des enfants de Léda, Hélène et Pollux avaient Zeus pour père, Castor et Clytemnestre Tyndare. Dans ce contexte-là, le roi Tyndare aurait effectivement adopté la progéniture divine. Mais de tout ceci le docu ne souffle mot (N.d.M.E.). - Retour texte

(5) Réalisateur, aux Pays-Bas, de Het Geheim van de Piramides (1996).- Retour texte

(6) Par Pharamond, père de Mérovée. Ce Franco, ou plutôt Francio, aurait été un fils d'Hector. Cf. par exemple Jean LEMAIRE DE BELGES, Les illustrations de Gaules et singularitez de Troye (1511-1512), édition Stechert, 1882.
De même Paris aurait été fondée par des descendants de Pâris et Reims par Rémus, frère de Romulus (N.d.M.E.). - Retour texte

(7) Brutus, fils d'Enée. Cf. Le Brut des Rois de Bretagne (N.d.M.E.). - Retour texte

(8) Par Partholon, venu de Grèce avec 24 couples de colons selon le Lebor Gabala (Livre des Invasions). Partholon aurait été chassé d'Hellade par le Déluge et sa race fut la première à occuper l'Irlande, qu'elle domina pendant 5.000 ans, luttant contre les Fomorés (ou Fomoires); elle fut finalement décimée par une épidémie, ne laissant qu'un unique survivant, Tuan mac Cairill (N.d.M.E.). - Retour texte

(9) La patrie de Siegfried, le héros des Nibelungen. A noter que son antagoniste Hagen de Tronège passait lui-aussi pour être originaire d'une autre «petite Troie» (N.d.M.E.). - Retour texte

(10) On complétera avec le dossier : «Le Trésor de Priam retrouvé», Dossiers d'Archéologie, n° 206, Faton éd., août-septembre 1995. - Retour texte

(11) F. Calvert étant lui-même d'origine britannique (N.d.M.E.). - Retour texte

(12) Schliemann fit trois campagnes de fouilles à Troie : 1870-1873, 1879 et 1882 (N.d.M.E.). - Retour texte

(13) A en croire l'Iliade, le palais de Priam, avec ses cinquante fils et nombreux gendres, aurait compté 62 pièces (N.d.M.E.). - Retour texte

(14) Cf. L'Atlantide. A la recherche de la cité perdue, documentaire de Martin PAPIROWSKI et Luisa WAGNER-ROOS (ZDF, 41', AL - 2003). Diffusé sur Arte le 30 janvier 2004. - Retour texte

(15) D'autres encore assimilent l'Hellespont à la mer Baltique et vont chercher Troie en Finlande. Le poème de Troie aurait ensuite été transposé en mer Egée par les Doriens (proto-Germains). Voilà ce que je serais tenté d'appeller «chercher midi au soleil de minuit» ! Cette thèse «finnoise» est défendue par l'Italien Felice Vinci, organisateur du Colloque de Toja (10 août 2007), village de Finlande supposé être l'antique Troie (N.d.M.E.). - Retour texte

(16) «L'un des problèmes majeurs posés par le site d'Hisarlik (la Troie historique) était sa petite taille (137 m sur 187 m) comparée a la Troie décrite par Homère. Trois cents habitants tout au plus auraient pu vivre dans la Troie VIIa, alors qu'Homère en décrit cinquante mille. Magnification et exagération du poète ?
On aurait pu le croire jusqu'à la découverte lors de nouvelles fouilles en 2001-2002 de la ville basse : ces fouilles, entreprises par le Dr Korfmann de l'Université de Tübingen en Allemagne, ont révélé un mur d'enceinte de type cyclopéen enserrant la ville basse appartenant à la Troie VIIa.
Cette nouvelle découverte assure à la ville une superficie de 350.000 m2, soit treize fois plus grande que celle de la seule acropole que nous connaissions déja. Avec une taille aussi considérable, Troie dépasse en superficie sa rivale et maîtresse (?), Ugarit (200.000 m2) et en fait l'une des plus grandes villes de l'Âge du bronze. Sa population serait alors de 5.000 à 10.000 habitants, ce qui en temps de siège peut tout à fait être suffisant pour abriter les 50.000 habitants de toute la région»
(Wikipedia : Korfmann). - Retour texte

(17) Comme le suggèrent d'autres relations épistolaires du souverain hittite avec l'Achéen Attarassiyas de Zippasla - à rapprocher d'Atreus (Atrée), le père d'Agamemnon et fils de Pélops, donc petit-fils de Tantale que le mythe grec nous dit établi sur le mont Sipylos en Lydie (avant que Pélops ne s'établisse dans le Péloponnèse, en Elide) (N.d.M.E.). - Retour texte

(18) Et il est tout aussi surprenant de constater que les Thébains sont absents du catalogue des vaisseaux. Leur ville, en effet, vient d'être rasée par les Epigones d'Argos, dont quelques uns comme Diomède fils de Tydée participent au siège de Troie !
En revanche, ledit catalogue commence son énuméréation par les vaisseaux béotiens, les plus grands, montés chacun par 120 jeunes hommes, fait le tour d'horloge à reculons pour passer en revue les différentes cités achéennes selon leur situation géographique, pour revenir à son point de départ et conclure par Philoctète dont les Etats jouxtent la Béotie (N.d.M.E.). - Retour texte

(19) Alaca Höyük est au N.-E. d'Hattusa, la capitale hittite. Difficile de ne pas songer au conte égyptien qui raconte comment, prétextant avoir encouru la disgrâce de pharaon, Thoutîyi pénétra dans la ville rebelle de Joppé : en cachant ses soldats dans les jarres censées contenir de l'huile, portées par les ânes (et qui plus tard inspirera peut-être l'histoire d'«Ali-Baba et les Quarante Voleurs»).
Plus prosaïquement, l'hypothèse selon laquelle le Cheval de Troie aurait pu être, tout simplement, un engin de siège genre bélier ou tour d'assaut, ou encore mantelet de sapeurs, a retenu notre faveur : en effet comment expliquer les chicanes des portes de Troie sinon comme une réponse à l'existence de tels engins poliorcétiques ? Sur des bas-reliefs assyriens des IXe-VIIIe s., notamment ceux d'Assurnasirpal II (883-859) à Kalhu, ou de Sennacherib (704-681) à Ninive - donc contemporaines d'Homère -, ne voit-on pas de telles machines, précisément ? Vues sous cet angle, les machines de guerre (tours roulantes, béliers et catapultes) d'Hélène de Troie de Robert Wise, si elles trahissaient Homère carrément, n'étaient peut-être pas aussi stupides qu'il n'y paraît (N.d.M.E.). - Retour texte

 
 

30 janvier 2008

NEWS - FILM : Astérisque aux Jeux Olympix

Petite réaction à chaud sur Astérix aux J.O. que je viens de voir (subir ?) ce soir...
Si l'esprit BD est totalement présent et sans doute plus ressemblant à l'œuvre originale qu'elle transpose à l'écran, par rapport à l'épisode précédent, c'est sans doute en pure apparence...
Ainsi les parallèles et analogies socio-historiques que maîtrisait parfaitement bien Goscinny, procèdent ici du plus grand n'importe quoi ! Une vraie tambouille ce scénario...
On a donc droit à un Brutus crétinoïde avec des projets douteux (il se voit déjà appelé «Brutus Ier» par un monde entièrement soumis, et pire encore dans l'évocation... «Il Commandantore» sic !). En outre si ça ne suffisait pas, il monte un cheval nommé «Bucéphale» ! rien que ça !

Passons aux épreuves et aux athlètes... sur plusieurs plans, on peut clairement apercevoir les noms des «patries» participantes, sur la gauche : Egypte/Grèce/Rome, sur la droite : Gaule/Germanie/Hispanie...
Étrange ! finalement beaucoup moins comme nous le démontre rapidement la suite. Lors de la course de char (comme dans la plupart des autres épreuves d'ailleurs), les Égyptiens et les Grecs sont nuls, les Romains trichent (logique), face à de valeureux et réguliers gaulois, germains et hispaniques... tous en tête de la fameuse course de char, lors de laquelle seul le romain Brutus tire son épingle par la triche.
Mais au fait, me dis-je ? Ce film ne serait-il pas une co-production franco-germano-espagnole ? Ah si !?, un hasard sans doute...

Passons donc sur tous les autres brossages «patriotiques» dans le sens du poil (José Garcia fait le clown pour le public espagnol qui ne connaît de lui que cette face, Schumacher a droit à son «ovation» publique, et les Gaulois se répandent en fanfaronnades sportives (Zidane, Parker, Mauresmo...) lors d'un banquet final interminable et idiot.

Quelques bons points tout de même (goûts personnels évidemment, ça n'engage que moi), la musique à la «Ennio Morricone» sur le plan de grue de Rome et la présentation de César, avec un montage serré au plus près à la «Sergio Leone».

Attendre plus de 2.000 ans pour assister à une telle revanche des barbares sur Rome, je suis sûr que Goscinny n'y eût pas trouver son compte, lui qui le faisait par ailleurs si bien dans ses scenarii. Par contre, très intéressant sur notre époque, à la réflexion...

GWENDAL
(à chaud, et donc peut-être de mauvaise foi...)
 
asterix aux jo

RÉPONSE
Votre remarque sur Brutus est pertinente, mais comment imaginer l'excessif Benoît Poelvoorde dans le rôle d'un torturé existentiel shakespearien ? Il ne pouvait que voler à vedette à Astérix, comme précédemment l'avait fait Djamel Debbouze. Dans la BD, Brutus n'apparaissait que très brièvement sous la tente de César, maniant des stylets pour se curer les ongles. Le film lui a donné un rôle plus important, envahissant même. En fait, je crois que le personnage du petit gaulois homonculesque imaginé par Goscinny et Uderzo est tellement grotesque et caricatural au physique (son gros nez), qu'il est difficile pour un homo sapiens normalement constitué de s'y investir.

 
 

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NEWS : sorties de DVD

[novembre 2006]
Julius Caesar / Jules César

Warner a publié en Zone 1 le Julius Cæsar (1953) de Joseph Mankiewicz avec Marlon Brando, James Mason, Louis Calhern et John Gielgud.

Ce film figure en outre dans un coffret Marlon Brando (contenant également Mutiny on the Bounty (1962), Reflections in a Golden Eye, The Teahouse of the August Moon & The Formula) sorti le 7 novembre 2006. Pour une VF, cliquez DVDBeaver.com.

julius caesar - marlon brando

Sortie du Julius Cæsar aux Etats-Unis : 4 juin 1953
Distribution : Warner Home Video - Régions 1, 2, 3, 4 - NTSC
Durée : 2h 01' 04"
Video : 1.33:1 Aspect Ratio
Average Bitrate : 6.49 mb/s
NTSC 720 x 480 29.97 f/s


[19 février 2008]
Final Inquiry / L'inchiesta (2006)

L'Inchiesta («L'enquête»). En 35 de n.E., l'empereur Tibère envoie un de ses agents, T. Valerius Taurus enquêter sur les circonstances de la mort du Christ. Cela dérange quelque peu la tranquillité de Ponce Pilate, mais sa femme Claudia Procula - disciple du Christ - a des choses à dire...

Remake 2006 du film de Damiano Damiani (1986).

L'Inchiesta (IT-SP-EU-Bulgarie, 2006)
Prod. : Italian International / Coul. / 112' (version TV IT : 190')

Réal. Giulio BASE; Scén. : Suso CECCHI D'AMICO & Ennio FLAIANO.

Avec : Daniele LIOTTI (Tito Valerio Tauro) - Dolph LUNDGREN (Brixos) - Mónica CRUZ (Tabitha) - Hristo SHOPOV (Pontius Pilatus) - Christo JIVKOV (Stefano) - Max von SYDOW (Tiberius [Tibère]) - Vincenzo BOCCIARELLI (Caligola [Caligula]) - Fernando Guillén CUERVO (Saul of Tarsus) - F. Murray ABRAHAM (Nathan).

Le DVD Zone 1 propose un sous-titrage français.
Audio : Language : Dubbed : English / Subtitled : English, French, & Spanish
Close Captioned : Yes / Couleur / Durée : 112'

Pour mémoire : L'Inchiesta (1986)
Prod. : Italian International Film - Clesi Cinematografica (en association Rai Uno et SACIS) / Coul. / 35 mm / 110'

Réal. : Damiano DAMIANI; Scén. : Damiano DAMIANI & Vittorio BONICELLI (d'après une histoire d'Ennio FLAJANO & Suso Cecchi D'AMICO); Images : Franco DI GIACOMO; Prod. : Fulvio LUCISANO & Silvio et Anna Maria CLEMENTELLI; Prod. designer : Enrico FIORENTINI; Costume designer : Giulia MAFAI; Assoc. prod. : Fabrizio CASTELLANI; Musique : Riz ORTOLANI.

Avec : Keith CARRADINE (Taurus) - Harvey KEITEL (Pilate) - Phyllis LOGAN (Claudia) - Angelo INFANTI (Tryphon) - Lina SASTRI (Marie Madeleine) - John FORGEHAM (Marcus) - Luciano BARTOLI (Chryside) - Erik SCHUMANN (Flavius) - Philip LOCKE (Zorobad) - SILVAN (Bell) - Paola MOLINA (Lucilla) - Angelo D'ANGELO (Ennius) - Laura DE MARCHI (mère d'Ennius) - Jean-François PORON (Sestilius Lena) - Sal BORGESE (chef zélote) - Stefano DAVANZATI (messager) - Manuel DE BLAS (pêcheur) - Francesco CARNELUTTI (relation de Cléophas) - Lorenzo PIANI (jeune estropié) - Edwin FRANCIS (le guide) - Cirus ELYAS (Thomas).

l'inchiesta - crucifixion

Dans L'Inchiesta (1986), Damiano Damiani a scrupuleusement respecté les détails de la crucifixion que l'on peut déduire du squelette trouvé en 1968 à Jérusalem, à Givat Hamitvar (un ossuaire, près de la Porte de Damas) - les jambes repliées latéralement, le clou enfoncé dans les talons...



[25 mars 2008]
Taras Boulba & Les Rois du Soleil [Zone 1]

M.G.M./Fox éditera trois films avec Yul Brynner :

Salomon et la reine de Saba (Solomon and Sheba) (1959) de King Vidor
Déjà disponible en VF (CLICK, CLICK & CLICK).
   

Tarass Bulba (Taras Bulba) (1962) de Jack Lee Thompson (CLICK & CLICK)
Audio : Language : Dubbed : English & French / Subtitled : English & Spanish
Close Captioned : Yes / Color : n-a / Durée : 122'

La révolte des Cosaques Zaporogues orthodoxes contre les Polonais catholiques, d'après la nouvelle de Nicolas Gogol.

   

Les Rois du Soleil (Kings of the Sun) (1963) de Jack Lee Thompson (CLICK & CLICK)
Audio : Language : Dubbed : English & French / Subtitled : English & Spanish
Close Captioned : Yes / Color : n-a / Durée : ?

Le déclin de la civilisation des Mayas, chassés du Yucatan par l'invasion des Toltèques.

   
taras bulba - tarass boulba
kings of the sun - rois du soleil
 
 

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FORUM : Cinéfaniac

Epinglons l'excellent site CINEFANIAC dédié aux films d'aventures en tous genres, fantastique, cape et épée, western et péplum. On y trouve vraiment de fort bonnes choses, notamment au niveau des documents photographiques, affiches etc. que certains intervenants comme «Ali Baba» prodiguent généreusement.

Sans plus attendre, cliquez : http://aventures.movies.free.fr/Forums/

 
 

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OBITUAIRES : Reg Park et Gordon Scott

On apprend le décès de Reg Park et de Gordon Scott.

Né le 7 juin 1928 à Leeds (Angleterre), Reg Park (CLICK & CLICK) est décédé le 22 novembre 2007 à Johannesburg (Afrique du Sud). Eternel rival de Steve Reeves dans les compétitions culturistes, Reginald Park s'était illustré à l'écran par moins d'une demi-douzaine de péplums parmi les meilleurs : son interprétation d'un Hercule bonasse mais sûr de sa force avait transcendé Hercule à la conquête de l'Atlantide et Hercule contre les Vampires. On le retrouva ensuite dans Le défi des géants (deux tiers de l'Atlantide et des Vampires, un tiers nouveau), ainsi que - glabre - dans le banal Maciste dans les Mines du Roi Salomon et le curieux La Terreur des Kirghizes, version péplum du Dr. Jekyll & Mister Hyde. Et bien involontairement dans le coquin La vie érotique d'Ursus (seconde vie de La Terreur des Kirghizes, avec des inserts culs).

Quant à Gordon Scott (Gordon M. Werschkul), après cinq «Tarzan» - dont il fut le onzième interprète - à Hollywood, il était venu à Cinecittà prêter main forte à son camarade Steve Reeves pour incarner son jumeau Rémus dans le film de Sergio Corbucci (Romulus et Rémus).
D'origine polonaise (1), Gordon était né à Portland (Oregon), le 3 août 1927. Il avait suivi des cours d'éducation physique à l'Université de l'Oregon, qu'il abandonna après... trois mois. Avant de reprendre le personnage de Tarzan abandonné par Lex Barker, il avait été garde du corps à l'«Hotel Sahara» à Las Vegas.
Riccardo Freda - qui l'appréciait beaucoup - disait de lui qu'il n'était pas un culturiste mais un haltérophile : avec Reg Park, le seul réellement «fort» de tous les «hercules» avec lesquels il avait tourné.

Gordon Scott s'était illustré dans une bonne demi-douzaine de péplums dont Maciste contre le Fantôme et Le Géant à la cour de Kublaï-Khan/Kublaï-Khan et le Géant de Mongolie, mais aussi un film de cape et d'épée, deux westerns spaghetti (Les forcenés et Buffalo Bill, le héros du Far-West/L'attaque de Fort Adams) et deux james-bonderies transalpines.
Après son dernier film en 1967, l'on perdit sa trace. D'abord garde du corps, il semble qu'il ait terminé sa carrière, alcoolique et bouffi, dans un état proche de la misère, vivant de petits boulots (gardien de nuit, barman, videur). Je vois sur mes fiches que j'avais déjà noté son décès en 1990 à Marina del Rey, où il s'était retiré. Comme quoi les légendes ne meurent jamais !
Gordon Scott, donc, serait décédé entre les mains des chirurgiens d'une complication cardiaque le 30 avril 2007. Nous attendons placidement la prochaine annonce de son décès.


NOTE :

(1) Ou allemande, selon Gordon Mitchell, dans Ciné-Zine-Zone, n° 36-37. - Retour texte