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CALIGULA (1979)
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2. Quelques personnages du film
Milonia Cæsonia, enceinte jusqu'aux
yeux
danse nue devant les convives de son impérial mari
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1. Macron et Ennia
Puisque, dans le film, c'est lui qui eut le triste privilège
d'étrenner la machine à décapiter dont il vient
d'être question, commençons par Macron - interprété
par l'ancien joueur de football Guido Manari, qui avait donné
la réplique à Elizabeth Taylor dans The Driver's Seat
de Franco Rossellini.
Q. Nævius Sutorius Macro (1)
était un chevalier originaire d'Alba Fucens. Le 18 octobre 31,
sur l'ordre de Tibère, il procéda à l'arrestation
de son supérieur, Publius Ælius Sejanus, et prit sa place
comme préfet du Prétoire. Habillement, cet ancien préfet
des vigiles devenu tribun prétorien s'était fait seconder
dans cette tâche par son ami Græcinius Laco qui, maintenant,
commandait ceux qui constituaient la seconde force de police à
Rome (sept cohortes de vigiles, contre neuf cohortes de prétoriens).
Durant la retraite de Tibère à Capri, Macron fut sans
doute l'il de l'Empereur à Rome, chargé d'épier
Séjan. Aussi, lorsqu'Antonia - grand-mère de Caligula
- dénonça auprès de Tibère les manigances
de Séjan contre son petit-fils, Macron lui apporta-t-il son soutien,
songeant sans doute à se bien placer auprès du futur empereur.
Dans le film, Macron jure sa fidélité à Caligula
la main au feu... comme Mucius Scævola ! Mais cinq cents ans plus
tôt, Scævola n'avait entendu que de se punir de son échec...
Après avoir entendu la chair grésiller au-dessus des braises,
le spectateur de cette séquence sadique quelque peu gratuite
et pas excessivement compréhensible, se demandera comment Macron
a pu conserver l'usage de cette main pour étrangler Tibère
!
Complaisant, Macron engagea sa femme Ennia à consoler Caius Cæsar
après la mort de Junia Claudia, sa première épouse,
et à devenir sa maîtresse (TAC., An., VI, 45). C'était
une manière comme une autre d'avoir barre sur Caius grâce
à ce puissant levier sexuel. C'est sans doute ce qui a amené
Danilo Donati, le costumier, à habiller Ennia (Adriana Asti)
avec des accessoires de sex-shop : la voici donc, dans telle scène,
plus que nue avec seulement quelques voiles rouges accrochés
à ses boucles d'oreilles, dans telle autre affublée d'un
savant laçage de fines lanières de cuir noir. Si éhontément
débauchée fut-elle, jamais noble romaine - retenue par
ce beau sentiment garant de la décence qu'on nomme "hypocrisie"
- n'eut consentit à déambuler dans les couloirs du palais
en semblable tenue digne d'une prostituée de Suburre.
Pour hâter l'accession de Caligula au pouvoir, le
16 mars 37 Macron aurait "aidé" le vieillard à mourir.
Il n'en fut pas moins un des premiers à tomber, à peine
Caius depuis quelques mois assis sur le trône impérial
! Les huit premiers mois du règne de Caligula avaient été
débonnaires, mais la fin 37 l'avait vu tomber gravement malade
- une maladie sur la nature de laquelle on se perd en conjectures -
après quoi sa ligne de conduite bifurqua.
Donc, au printemps 38, Caligula nomma Macron préfet d'Egypte,
la plus riche province de l'Empire, en remplacement d'A. Avilius Flaccus
qui n'avait pas su gérer le conflit communautaire opposant Grecs
et Juifs d'Alexandrie : ces derniers avaient obtenu sa destitution.
Belle promotion pour récompenser celui qui l'avait si bien aidé.
Macron quitte ses fidèles prétoriens et se rend à
Ostie en compagnie de son épouse Ennia et de leurs enfants. C'est
là qu'il est arrêté. Il lui est enjoint, ainsi qu'à
Ennia, de se suicider - ce qu'ils feront après avoir occis leur
progéniture : précaution dictée sans doute par
le souvenir de la mort ignominieuse des enfants de Séjan, sept
ans auparavant.
Dès la fin 37, Caligula avait inauguré sa
sinistre sarabande des exécutions en condamnant à mort
outre son ex beau-père M. Silanus, père de Junia, son
frère par adoption Tibérius Gemellus. Celui-ci reçut
donc l'ordre de se suicider un peu avant la mort de Macron, ce qui obère
la logique historique du scénario
du film qui montre Gemellus - à l'instigation de Caligula
- accusant Macron du meurtre de Tibère.
2. Nerva
Il ne s'agit bien entendu pas de l'intègre M. Cocceius
Nerva, qui à l'âge de 70 ans succéda à Domitien
(en 96) et inaugura le règne des Antonins - mais de son aïeul
tout aussi intègre et appelé, lui-aussi, M. Cocceius Nerva,
célèbre jurisconsulte et ami intime de Tibère,
qu'il suivit dans son exil à Capri. En 33, il se laissa mourir
de faim en refusant d'expliquer ses raisons. On a supposé qu'elles
résidaient dans son désaccord avec les excès de
son ami Tibère (TAC., An., VI, 26). Le M. Cocceius Nerva
qui, en 40, fut consul quelques mois était son fils.
Nerva est incarné par Sir John Gielgud.
Un petit rôle bien peinard, qui permit à la vieille gloire
shakespearienne de faire ses débuts dans la pornographie sans
se compromettre pour autant. Honni soit qui mal y pense & God bless
the Queen.
3. Tiberius Gemellus (19 à
37 de n.E.)
Petit-fils de Tibère, Tiberius Gemellus (incarné par
Bruno Brive) était, comme son surnom l'indique, le frère
jumeau d'un Germanicus Cæsar décédé à
l'âge de quatre ans. Son père était Drusus, l'unique
fils de Tibère, que Séjan, amant de son épouse
Julia Livilla, avait fait périr par le poison avec la complicité
de celle-ci.
Monté sur le trône, Caius Caligula fit décerner
à son "frère" Gemellus le titre de Prince de la Jeunesse,
mais s'arrangea pour faire exécuter dans l'année ce rival
potentiel, maintenant majeur, en invoquant le futile prétexte
qu'il avait pris un "antidote
contre César", crime de lèse-majesté.
L'anecdote est évoquée d'une façon
très lapidaire dans Suétone, à deux endroits "Son
cousin germain Tibère [= Tiberius Gemellus] fut
tué à l'improviste par un tribun militaire qu'il lui envoya
tout-à-coup (...), Tibère avait pris un médicament
pour se prémunir d'une toux opiniâtre qui s'aggravait"
(SUÉT., Cal., 23), et cette réplique un peu plus
loin : "Eh quoi ! un antidote contre César ?" (SUÉT.,
Cal., 29).
On ne saurait s'empêcher de penser qu'à cet endroit le
dialogue du film s'est davantage inspiré du développement
donné par Camus dans sa pièce, que des cinq lignes qu'on
peut lire dans Suétone (il est vrai que chez Camus, qui est encore
moins historique de Guccione (2),
c'est un certain Mereia qui fait les frais de cette tragique anecdote
(Caligula, Acte II, Scène 10)). Ceci précisé
pour répondre à Michel Mardore écrivant, dans le
Nouvel Observateur (19 juillet 1980) : "On lui aurait fait
de la peine [à T. Brass] en lui disant qu'Albert
Camus avait déjà traité le sujet, sous le même
titre. Sauf que la révolte camusienne contre la condition humaine
donne un point de départ : la mort de Drusilla (...). [Dans
le film] la perversité s'installant d'emblée, l'insulte
métaphysique est immédiate. D'où un récit
sans progression, qui n'existe que par la surenchère des «
gags »". Avant de devenir réalisateur Tinto Brass, qui
du reste parle parfaitement le français, avait été
stagiaire à la Cinémathèque française...
Qu'il eut connu la pièce de Camus n'aurait rien d'étonnant.
Avec les portes secrètes, les conspirations mystérieuses
et les amours du "courrier du cur", l'empoisonnement est un des
leitmotifs privilégiés du roman historique. Il ne semble
pas que les Romains aient connu de poison aussi violent que celui montré
ici dans la séquence de la "galerie
des plaisirs" de Tibère. Des toxicologues ont sérieusement
étudié la question à propos de l'"empoisonnement"
de Britannicus et ont conclu à la non-existence dans la pharmacopée
romaine de ce type de poisons à effet foudroyant, dont l'efficacité
rappelle celle du cyanure (3)
4.
Longinus, le trésorier
Etrange apparition que celle du trésorier chauve Longinus,
interprété par John Steiner, au look vaguement
"zen", qui semble s'être trompé de siècle (on l'aurait
mieux vu parmi la faune de la cour orientalisante d'Héliogabale).
Issu d'une très ancienne famille plébéienne,
Lucius Cassius Longinus, vieux compagnon de Tibère, avait été
consul en 30, et donné en mariage à Drusilla par l'empereur
en 33 (TAC., An., VI, 15). Très amoureux, Caligula la
lui reprit. Bien qu'ayant reçu une éducation très
sévère, Longinus - aux dires de Tacite - était
plus connu pour sa souplesse de caractère que pour son énergie.
Toutefois, ce n'est pas de lui que se moque Caligula, au lit avec sa
sur, lorsqu'il lui parle de son gros mari peu gâté
par la nature ainsi qu'il a pu le constater de visu, aux thermes. Caligula
le nomme "Marcellus", ce qui est probablement une confusion du scénariste
avec... Marcus Æmilus Lepidus, second mari de Drusilla,
mais dont il n'est nulle part autrement question dans le film.
5.
Chariclès, le médecin
Ce célèbre médecin (incarné par
Leopoldo Trieste) était contemporain de Tibère,
qui le consulta quelquefois sans qu'il se le soit attaché personnellement
(TAC., An., VI, 50). Dans la villa de Lucullus à Misène,
il prédit que l'empereur n'en avait plus que pour deux jours
à vivre.
6. Cassius Chaerea
Au tribun prétorien Chærea (interprété
par Paolo Bonacelli) qui, de même que le trésorier
Longinus, se tient coi, à quelque distance du bordel impérial,
l'Empereur demande s'il ne préférerait pas - par hasard
- les petits garçons. "Non, César, répond
le prétorien, je préfère les "grands", mes soldats
!"
Dur entre les durs, Cassius Chærea passe pour avoir fait partie
de la poignée de légionnaires qui, après le désastre
de Varus, réussirent à échapper et à la
mort et à l'esclavage chez les Chérusques...
Cassius Chærea - le personnage historique - avait
une voix fluette, que démentaient son apparence virile, sa force
et son courage militaire. Il ne participera au complot contre Caligula
qu'à cause des incessantes moqueries dont l'abreuvait l'Empereur
en raison de sa voix efféminée. Notamment le choix des
mots de passe ("Priape", etc.), lorsqu'il était de garde au palais.
Saturé de sexe, cataloguant complaisamment les déviations
de tout genre, le film ne rend pas très bien ce problème
- sauf au moment de l'assassinat, lorsque McDowell glisse à Chærea
la mot de passe "Scrotum" (4).
Si l'un des premiers soins de Caligula fut de condamner
à mort Macron qui l'avait aidé à monter sur le
trône, celui de Claude, pareillement, fut d'envoyer au bourreau
les deux "régicides" Cornelius Sabinus (qui se suicida) et Cassius
Chærea. A l'homme de l'art, qui devait lui trancher le col, il
tendit son propre glaive bien affûté en disant : "Cette
lame a abattu un tyran, et elle peut encore servir."
Dans la pièce d'Alexandre Dumas, Chærea est
l'amant de Messaline (!), laquelle ainsi espère devenir impératrice
aux côtés de son mari Claude ("A moi l'Empereur... et
l'Empire !"). Le père des Trois Mousquetaires le présente
comme un conspirateur timoré, un pleutre. C'est son complice,
le Gaulois chrétien Aquila, qui tue le tyran. Dans la télésuite
Anno Domini, un groupe de gladiateurs amis de Chærea s'occupe
des gardes germaniques pour laisser le champ libre aux prétoriens
conspirateurs.
Une digression en amenant une autre, glissons deux mots
à propos de la garde germanique de Caligula. Celui-ci avait une
garde de Germains, qu'il considérait comme plus sûrs que
ses prétoriens. Si l'on s'en tient aux textes, il paraît
bien avoir été le premier à en posséder
une, quoique à notre avis ça n'aurait rien eu d'étonnant
que Tibère en eût également possédé
une. Ayant mené plusieurs campagnes en Germanie où il
usa davantage de la force diplomatique que de celle des armes, il n'aurait
pas été impossible qu'il aie songé à recruter
quelques-uns de ces géants roux comme extraordinarii.
Aucun texte ne l'atteste (néanmoins Robert Graves, dans Moi
Claude, attribue à Tibère une garde germanique). Il
y a quelques beaux spécimens de gardes du corps usipètes
entourant un politicien romain qui veut prendre le commandement de la
Xe légion dans Massada (1981). Au rayon des parodies,
citons les savoureux gardes germaniques d'Agrippine (Gloria Swanson)
dans Les Week-Ends de Néron de Steno, avec leur accent
allemand caricatural du style "Ya, Ya, Meine General !" et qui
portent ce curieux casque composé d'un masque facial et d'une
calotte de fer, copiés sur ceux retrouvés dans le marais
de Thorsberg (5).
7. Claude
Parent de Caligula, Claude passait pour être un demeuré,
hésitant entre la débauche et l'érudition, à
qui Auguste avait pris soin de ne confier aucune tâche politique
ou administrative. Si certains tracent de lui un portrait quelque peu
odieux, il se trouva néanmoins un avocat de qualité en
l'essayiste et romancier anglais Robert Graves. Mais dans Caligula
on est assez loin de l'attendrissant portrait de "cet imbécile
de Claude", "Clo-Clo-Clo-Claude..." - qui fit l'idiot pour survivre
dans cette famille julio-claudienne où l'on s'entre-trucidait
si joyeusement - dont Graves avait en 1934, avec quelque succès,
tenté la réhabilitation dans son fameux Moi, Claude
(et dont la télésuite qui en fut tirée en 1976
passait sur les écrans, pendant qu'à Rome Tinto Brass
mettait les images en boîte). Souffre-douleur de Caligula, l'érudit
Claude des Gladiateurs (1954) de Delmer Daves ne dut pas non
plus marquer l'imagination du(des) scénaristes de Guccione.
Le personnage de Claude est interprété par
Giancarlo Badessi (ou Badese), un spécialiste du
rôle de répugnant faux jeton dans quelques péplums
(Moïse le Législateur [1975], Poppea,
una prostituta al servizio dell'impero [1972] et Satiricosissimo
[1970]), vu également dans le rôle d'un sergent
dans un western italo-ibérique aux côtés d'Eli Wallach,
Lee Van Cleef et Franco Nero (Tepepa... Viva la Revolución,
1968) et, bien sûr, dans l'incontournable Salon Kitty de
Tinto Brass. Ce Claude guccionien est une larve obèse et molle,
qu'en montant sur le trône Caligula a désigné comme
consul. Mais qui le taquine avec une désobligeance rare ("Gili-gili-gili,
mon oncle", dit-il en lui mettant les doigts dans le visage). Mais,
selon nos sources, n'avait-il pas fait pire, à Lyon, en poussant
son oncle dans le Rhône (6)
ou en la mariant à Messaline ? Claude ne pipera pas un mot tout
au long du film, sauf une fois pour faire observer à son méchant
neveu que Rome est une république et, qu'en conséquence,
il ne peut en devenir le roi. Mais qu'importe, puisqu'en fait c'est
un dieu que désire devenir Caligula !
Il faut se replacer dans le contexte politique [séq.
VII] de l'époque. Alors que l'Empire romain hésite
encore entre l'Empire républicain "à la façon d'Auguste",
et le césarisme de Tibère, Caligula eut dû
spécifier l'importance de cette décision. C'est la moindre
des choses, lorsqu'on fait un film "historique".
8. Drusilla
Caligula était le seul mâle encore en vie d'une
famille de neuf enfants dont trois périrent en bas âge
et six survécurent - trois garçons et trois filles nommés,
l'aîné Néron César (6-31 de n.E.), les autres
Drusus César (7-33 de n.E), Caius César Caligula (12-41),
Julia Agrippina Minor (15-59), Julia Drusilla (17-38) et enfin la cadette,
Julia Livilla (7) (18-41).
Ils étaient les enfants du grand Germanicus, l'un
des plus fameux généraux de son temps, et d'Agrippina
Major, fille d'Agrippa, le fidèle lieutenant d'Auguste. Tibère
jalousait ce neveu, Germanicus, qui mourut empoisonné lors d'un
séjour en Syrie (en 19). Son épouse Agrippine ne manqua
pas de le soupçonner ainsi que sa mère Livie, d'en être
les instigateurs : l'empereur l'exila sur l'île déserte
de Pandataria, où elle mourut de faim en 33. Victime des intrigues
de Séjan, son fils aîné, Néron César
avait, lui, été relégué dans l'île
de Pontia où il était mort de misère en 31 (ou,
selon Suétone, il s'était suicidé en apprenant
sa condamnation). Complice de Séjan contre ce frère aîné,
le second fils Drusus César fut, lui, enfermé dans une
pièce du palais et condamné à y mourir de faim,
en 33 (il mit neuf jours à agoniser, tentant de survivre en mangeant
la bourre de son matelas).
Pas évident pour le profane de s'y retrouver dans
cette famille où sans cesse reviennent les mêmes noms,
quand on n'en change pas, où l'on se marie et remarie entre soi
et meurt rarement de mort naturelle ! Néanmoins, on peut se faire
une idée de l'ambiance dans laquelle vécurent Drusilla
et Caligula - constamment espionné par Tibère et contraint
à l'hypocrisie pour rester en vie. "Jamais un si parfait esclave
n'eut d'aussi mauvais maître", dira-t-on du jeune Caius Cæsar.
Cela explique aussi, peut-être, les liens incestueux unissant
le dernier des fils de Germanicus à ses trois surs. Bien
sûr, mesurant à l'aune de Suétone, il faut également
tenir compte de la calomnie toujours possible : accusez, il en restera
toujours quelque chose ! Dans un très beau roman Les Louves
du Palatin (Belles-Lettres, 1988), Jean-Pierre Néraudau choisira
de réhabiliter les femmes des Césars en montrant que malgré
la licence des murs de l'époque, celles-ci étaient
fort éloignées de pouvoir se permettre toutes les turpitudes
qu'on leur a prêtées sans compter.
Ainsi Agrippine n'aurait jamais couché avec son frère...
Julia Drusilla (interprétée par Teresa
Ann Savoy) fut la sur préférée de Caligula
et deux fois mariée - d'abord par Tibère à L. Cassius
Longinus, puis par son frère à M. Æmilius Lepidus.
Entre les deux mariages, Caligula avait arraché sa sur
à son premier mari et affiché sa liaison incestueuse avec
elle. Lors de sa grave maladie de fin 37, Caligula lui léguera
l'Empire. Elle mourut en 38, à l'âge de 23 ans.
Après la mort de Drusilla, les deux surs
restantes - Agrippine la Jeune, mère du futur empereur Néron,
et Livilla - entrèrent dans un complot contre leur frère,
instigué par leur maintenant veuf beau-frère, Marcus Æmilius
Lepidus, et le commandant des quatre légions de Germanie, Cn.
Lentulus Gætulicus. Le procès eut lieu à Lyon, obligeant
Caligula à renoncer à son projet d'invasion de la Grande-Bretagne.
L'affaire était sérieuse, car comme mari de Drusilla,
l'héritière de l'Empire, Æmilius Lepidus était
un prétendant au trône tout à fait crédible.
Les deux conspirateurs furent condamnés à mort, et Agrippine
et Livilla à leur tour exilées à Pontia tandis
que leurs biens étaient vendus aux enchères.
Nécrophilie ?
Au temps du black-out sur le tournage, on a prêté
au film de Bob Guccione d'avoir fait de tableau de toutes les perversions
et jeux sexuels possibles et imaginables : zoophilie, sado-masochisme,
pédophilie... nécrophilie, même. Le montage serré
de la "galerie des plaisirs" nous laisse entrevoir à côté
de nains et d'hermaphrodites, de "felliniens" monstres à quatre
mains, quatre jambes ou trois yeux. Dans une alcôve, l'il
saisit au vol ici des surs siamoises soudées par le crâne
occupées à câliner d'un ou l'autre priape, là
telle jeune femme s'introduisant une anguille dans le vagin, ou encore
des nourrices donnant à téter en guise de biberon des
phallus ailés. Pas évident de suggérer la zoophilie,
la pédophilie de Tibère tout en restant dans certaines
normes du montrable. Mais quand on se souvient que, pour un mètre
de pellicule qui nous est donné à voir, plus de cinquante
sont tombés au montage, notre imagination vagabonde quant à
savoir ce qui avait réellement été filmé.
On a évoqué la nécrophilie etc. : ne jouons pas
sur les mots, la plupart de uvres d'art intéressantes reposent
justement sur le regard qu'un poète a posé sur ces tabous...
La profanation du cadavre des défunts est sans doute un crime
affreux et aberrant, mais qui a amené des uvres poétiques
intéressantes : d'Orphée et Eurydice à La
Morte amoureuse, en passant par Dracula, toute
la littérature gothico-romantique en témoigne, il n'est
de plus belles histoires d'amour que celles qui défient l'abîme
de la tombe. Dans la galerie des plaisirs, quelques momies aux rictus
sardoniques ont été dressées derrière le
trône de Tibère dont l'une porte un écriteau : "Druso".
Il s'agirait donc de Drusus, l'unique fils du "bouc de Capri", assassiné
par Séjan ? Que fait donc cette momie, exposée ainsi que
quelques autres, dans la salle de jeux érotiques de Tibère,
sinon adresser un clin d'il à certaine héroïne
de Rider Haggard... A l'autre bout du film, dans les fumigations d'encens,
dans cet éclairage rouge qui donne l'impression que saigne le
porphyre des colonnes de la grande salle hypostyle de l'aula regia,
la caméra saisit Caligula qui s'abandonne à sa douleur,
tenant dans ses bras le corps dénudé et pantelant de Drusilla
défunte...
Délicatement, il la dépose sur la couche où le
frère et la sur ont si souvent fait l'amour. Même
si la caméra ne nous le restitue pas, on peut concevoir qu'ici
Caligula connut une dernière fois sa sur ! Admirons la
discrétion du cinéaste, qui signe ici sans doute la plus
belle séquence du film (avec la danse de Cæsonia enceinte
et nue), admirablement servie par la photographie et la musique.
9. Milonia Caesonia
Milona Cæsonia
(interprétée par Helen Mirren) fut la quatrième
et dernière épouse de Caligula. La première, Junia
Claudia, lui avait été donnée par Tibère.
La seconde, Livia Orestilla, il l'enleva à son mari C. Calpurnius
Pison, le jour même de ses noces (8)
- et il la répudia quelques jours après [on songe
à la séq. XIII
du présent synopsis]. La troisième, qu'Auguet qualifie
de "petite provinciale", fut la fameuse Lollia
Paulina - la plus belle femme de Rome, et la plus riche - qu'il
répudia après quelques mois car elle ne voulait point
souffrir la maternité.
L'accouchement de Cæsonia [séq.
XVIII]
Dans l'aula regia, Cæsonia accouche debout, le visage couvert
d'un masque doré, accrochée à une sorte de cadre.
Dans les fumigations d'encens, et devant l'Empereur et tous ses courtisans
assemblés ! L'on aurait peut-être de la sorte procédé
sous Louis XIV, autre grand symbole de l'absolutisme, auquel le cinéaste
semble adresser ici un clin d'il... (Ainsi lorsque, dans une séquence
précédente Caligula, soulageant sa vessie contre les murs
de sa chambre, paraît nier que les Romains disposaient de lieux
d'aisances plus élaborés que ceux à la disposition
des courtisans de Versailles.)
Mais ce genre d'accouchement à grand spectacle
est peu romain. Le pater familias lui-même n'assistait
jamais aux accouchements. La sage-femme lui apportait le nouveau-né
et le déposait à ses pieds : s'il acceptait de le prendre
dans ses bras, devant ses parents, amis et clients réunis, c'est
qu'il le considérait comme légitime. Il est "de bon ton"
de conspuer les grandes machineries hollywoodiennes, mais rendons ici
hommage au Cléopâtre de Mankiewicz, qui réalisa
une "naissance de Césarion" plus conforme aux murs latines.
(Sur Cæsonia, son exhibition nue aux banquets, son accouchement
qui lui valut d'être ipso facto reconnue comme épouse
légitime et impératrice : SUÉT., Cal., 25.)
Milonia Cæsonia et la petite Julia Drusilla (qui
portait le nom de la sur aimée) partagèrent le sort
de l'Empereur, massacré sous le cryptoportique. On voit très
bien que la fillette porte une petite cuirasse et des petites bottes
de soldat, comme le petit Caius "Caligula", lorsqu'il vivait auprès
des troupiers de Germanicus.
10. Caligula
10.1. Peur du noir
L'orage inspirait une telle frayeur à Caligula qu'il se cachait
sous son lit. Caligula craignait l'orage, mais à l'exemple du
héros mythologique Salmoneus, il aimait à imiter Jupiter
en conduisant un char de bronze, dont les pièces en s'entrechoquant
provoquaient un bruit étourdissant, tandis qu'il jetait des torches
pour imiter les éclairs (9)
On peut supposer qu'au contraire de Ben Hur, Quo Vadis
etc., cette "superproduction" de Guccione n'avait pas prévu de
chars dans son budget ? Oiseaux qui se débattent dans les tentures,
orages... Caligula est un enfant apeuré qui ne se rassure que
sur le maternel sein de sa sur Drusilla. Alors il ose défier
la foudre et la pluie, danser la pyrrhique, prendre une pose guerrière
avantageuse, le pouce dressé... Guccione-Vidal mettent ici le
doigt sur d'obscures connotations sexuelles qui intéresseraient
un psychanalyste, mais dont tireront parti Laurence Webber et Frank
Kramer, auteurs du freudien Les Orgies de Caligula (1983), lorsqu'ils
nous montrent Caligula poursuivi par le souvenir vengeur de son père
dont il a, enfant, osé enfiler les bottes (la métaphore
est lourde de sens) !
10.2. Le turfiste
Caligula adorait les courses de chars. C'était un fautor
(supporteur) de la faction verte. Quelquefois il lui arrivait de dormir
dans les écuries, près des chevaux, comme un vulgaire
valet. Quel amateur de chevaux n'a jamais veillé son cheval préféré
quand il était malade, ou sa jument sur le point de mettre bas
? (SUÉT., Cal., 55).
Fièvre de cheval [séq. XVI]
Or, dans le film, Caligula - malade - dort avec son cheval dans son
lit. Difficile d'éviter le calembour de la "fièvre de
cheval", mais en prenant cette liberté tant avec l'histoire qu'avec
le texte de Suétone, Guccione s'est efforcé de la mériter
! Certes Caligula aimait son cheval (10).
Mais pour imaginer qu'il mettait un de ces quadrupèdes dans son
lit, au palais (même bourrés de sédatifs : l'acteur
McDowell faillit en mourir de peur lors du tournage de la scène),
il faut avoir soi-même l'esprit quelque peu dérangé
!
10.3. Mon cheval comme consul [séq.
15]
A un banquet, Caligula entre chevauchant son étalon arabe Incitatus.
Entre la séquence des signatures de décrets impériaux
et celle du banquet s'intercalait probablement la scène où
Caligula, au Sénat, faisait de son cheval un Consul. Mais Guccione
a fait sauter cette séquence réalisée par Brass
(et sept autres séquences, comme le sacrifice du buf, où
l'Empereur immole... le prêtre (11),
trop politiques ou pas assez érotiques... Comment juger une uvre
réalisée dans un tel esprit ?
10.4. Celui qui se croyait un dieu
Dans Les Gladiateurs (1954), Caligula-Jay Robinson mettait
à mort de sa propre main un esclave, afin d'éprouver son
propre pouvoir divin. Avec l'aide de la Tunique du Christ (que lui avait
livrée Démétrius-Victor Mature), il espérait
en effet être à même d'opérer des résurrections,
comme le faisait le Charpentier de Galilée. Rien de tout cela
dans Suétone, évidemment (!), mais saluons la prouesse
du scénariste qui arrive à transcender une fable "édifiante"
en morceau de bravoure sadomasochiste. Mais en a-t-il jamais été
autrement dans le cinéma hollywoodien ?
Avec beaucoup plus de vraisemblance historique,
le film de Guccione met en relation les aspirations de Caligula à
être adoré comme un dieu avec le culte d'Isis dont il était
un dévot. C'est à l'exemple des monarques hellénistiques
que voulait régner le quatrième César (ne fit-il
pas enlever ou copier la cuirasse d'or d'Alexandre le Grand, son modèle
?). Qu'on n'oublie pas que nous sommes au sortir du règne de
Tibère, vieux romain traditionaliste qui - aux dires de Flavius
Josèphe et de Suétone (Tib., 36) - interdit le
culte d'Isis et celui de Iahvé, et ne risquait point de confondre
la rigueur de l'étiquette romaine avec la licence de ses fêtes
privées. La dichotomie entre le Tibère économe,
pondéré, brillant soldat mais n'aimant pas la guerre,
et le bouc de Capri ravagé de vices étonnera toujours
les commentateurs. Apulée nous donne toutes une série
de précisions sur le culte d'Isis, mais indique également
qu'il y a des choses qu'en tant qu'initié il n'a pas le droit
de révéler aux profanes. Pour ce que nous en savons, le
culte d'Isis était plutôt austère, mais, aux romanciers
et cinéastes, il est permis d'imaginer les pires excès
: après tout, les Grecs n'assimilaient-ils pas Isis à
Aphrodite ? Pour Bob Guccione, les nobles romaines qui célèbrent
son culte dans la maison de Drusilla s'ébattent dans une piscine
où une statue égyptienne de pierre noire a été
couchée. Elles se caressent, se masturbent, etc. et dansent autour
de la pièce d'eau en répandant des pétales de roses.
Caligula qui, déguisé en femme, s'est introduit parmi
elles en quête d'une épouse, remarque Cæsonia et
la fait venir dans la chapelle attenante où, fantaisie personnelle
ou rite supposé, il lui entaille légèrement le
cou et boit son sang ! Caligula rime donc avec Dracula, autrement le
vampirisme aurait fait défaut au curriculum vitæ
du parfait pervers polymorphe dont Guccione et consorts nous ont tracé
l'esquisse.
Comme sa sur Drusilla, Caius Caligula était
prêtre d'Isis (pourquoi un déguisement, alors ?). Et il
y a une statue d'Isis avec sur son socle l'inscription ISIDI SACR.
dans la chambre de Caligula. Isis revient par ailleurs tout au long
du film. Caligula favorisa le culte de cette déesse égyptienne
qu'il devait associer à ses aspirations de monarque oriental
divin (avec mariage dynastique entre frère et sur; Alexandrie
pour capitale, etc.). Tout ce qui subsistera de son palais sera justement
une chapelle dédiée à Isis, qui sera annexée
au palais de Domitien, sous l'aula regia.
Isis avait ressuscité son époux démembré
Osiris. Comme dieu, Caligula se devait d'avoir une relation privilégiée
avec les autres dieux. Le film nous le montre guettant les divines manifestations
de cette déesse. Vois-tu les dieux, demande-t-il à Nerva
aux portes de la mort ? Vois tu Isis ? De même lorsqu'il décide
la perte de Proculus, dont il avait déjà gâché
les noces. Le jeune officier est suspendu à un harnais, véritable
accessoire de sex-shop qui fait furieusement penser aux harnachements
de Jane Fonda dans Barbarella de Roger Vadim. Il demande à
ses bourreau de le découper vivant, de le frapper pour qu'il
meure le plus lentement possible, pour qu'il se sente mourir (SUÉT.,
Cal., 30). Et toujours la question obsédante : "Vois-tu
Isis, la déesse ?" A la fin, il lui fait trancher le sexe
pour qu'il soit remis à son épouse, mais qui sera mangé
par un chien. Difficile en voyant cette scène de ne pas faire
le parallèle avec Osiris dépecé par Seth, et de
son sexe dévoré par un oxyrhynque (poisson du Nil) - que
son épouse Isis ne retrouvera pas. Du reste, ne sera-t-ce pas
en répétant au théâtre (12)
un "Mystère égyptien" que Caligula-Osiris et Cæsonia-Isis
se feront massacrer par les prétoriens ? On comptera sur son
corps une trentaine de blessures, dont plusieurs dans les parties sexuelles,
mais tant qu'il lui resta un souffle de vie, il hurla à ses assassins
: "Je suis toujours vivant !" La métaphore Caligula-Osiris
offre au film une piste de lecture intéressante, comme aussi
celle du cheval Incitatus que l'on voit galoper tristement pendant qu'on
tue son maître.
Elevé avec ses surs par sa grand-mère
Antonia, fille de Marc Antoine et Octavie - cependant que sa mère
Agrippine croupissait dans son exil à Pandataria dont elle ne
reviendra jamais -, il nous paraît douteux que Caligula ait vécu
entouré d'Egyptiens comme on l'a parfois écrit. Ceux-ci
ne devaient pas être en honneur de sainteté dans la "famille
romaine" d'Antoine, qui leur avait préféré Cléopâtre.
Mais alors, au-delà du fait qu'il était arrière
petit-fils d'Antoine - qui fut pharaon - comment expliquer l'attrait
de Caligula pour la monarchie absolutiste à la mode hellénistique
?
3. L'histoire du film
Le motif récurrent du gorgoneion,
ici dans le stade |
Le producteur : Bob Guccione
Caligula fut le fruit de la collaboration entre Franco
Rossellini (Felix Cinématografica) et Bob Guccione (Penthouse
Films International). Italo-Américain de Brooklyn, Guccione
fut artiste peintre, cuisinier, détective privé et dessinateur
de BD avant de piétiner les plates-bandes en or massif de Hugh
Hefner, le fondateur de Play-Boy. Il crée la revue Penthouse
qu'il a l'idée de lancer en Angleterre à l'aide d'une
petite brochure montrant dix femmes en tenue fort légère.
Scandale. Procès. Publicité. Ainsi le veut, en bonne
démocratie, la fameuse "loi de la vexation universelle" : l'effet
visé par l'esprit grincheux des moralistes, par un effet pervers
du battage médiatique, inéluctablement finit par assurer
la meilleure publicité à ceux-là qu'ils auraient
voulu interdire.
Guccione tira le premier numéro de son magazine
à 120.000 exemplaires, tous vendus. Penthouse fut le premier
du genre à avoir libéré ses modèles, les
"Pets", du cache-sexe trop longtemps imposé aux "Bunnies" de
Playboy - le rival qu'il parvient à battre au bout de
neuf ans. Aujourd'hui installé à New York, Penthouse
est diffusé dans le monde, en différentes éditions,
à 5 millions d'exemplaires (en 1980).
Mais l'Italo-Américain voit grand. Il rêve
de conquérir l'industrie cinématographique et investit
ses dollars dans Chinatown de Roman Polanski et Plein la gueule
de Robert Aldrich. Tout naturellement, il envisage ensuite de produire
son propre film à grand spectacle, "qui révolutionnerait
l'idée que le public se fait du cinéma". C'est alors
qu'il a vent d'un projet de Franco Rossellini, relatif au règne
très controversé de l'empereur Caius Caligula. Il lui
en coûtera 17,5 millions de dollars.
(On lit parfois dans la presse que Caligula aurait coûté
20 millions, voire 22 millions de dollars : la différence entre
ces chiffres parfois mentionnés par Guccione dans ses interviews
inclut le manque à gagner - ce que n'auraient pas manqué
de rapporter ses fonds s'ils avaient été placés
différemment. Il est vrai que les procès en chaîne
en ont fait stagner la productivité. En businessman avisé,
Guccione ne perd jamais le nord !)
Le coproducteur
: F. Rossellini |
[En Bob Guccione],
Franco Rossellini trouve le financier, le mécène
audacieux prêt à ouvrir sa cassette comme Caligula
le trésor de Rome.
Tous deux s'accordent donc à produire le film qui reléguerait
Cecil B. DeMille au rang de cinéaste du dimanche. Et l'on
réunit effectivement beaucoup de talents autour de cette
ambition. Le scénario fut confié à Gore Vidal,
une plume très cotée de la littérature américaine.
Les 64 décors et les 3.592 costumes furent dessinés
par Danilo Donati collaborateur attitré de Fellini (Satyricon),
Pasolini (Les Mille et Une Nuits), Antonioni, Visconti
et autres Zeffirelli. Les studios romains revivaient l'âge
d'or du péplum-spaghetti. Plusieurs kilomètres de
rues de la capitale antique furent reconstituées, avec
statues, monuments, édifices publics. Le cirque impérial
était long comme trois terrains de football, avec une "machine
à tuer" ambulante de 13 m de haut sur 40 de large inventée
par Caligula pour faucher les têtes de ses ennemis.
(...) |
Patrice DE NUSSAC,
Le Journal du Dimanche, 29 juin 1980 |
|
Fils du compositeur
Renzo Rossellini, neveu du réalisateur Roberto Rossellini,
Franco Rossellini "est venu au cinéma par l'admiration
qu'il portait aussi à sa tante Ingrid Bergman. Assistant
de Godard, Fritz Lang et Zeffirelli, il devint producteur à
l'âge de 28 ans. Sa spécialité : "Confronter
des personnalités contradictoires pour déclencher
le génie." Jouer les apprentis sorciers peut réussir,
comme le choc Callas-Pasolini dans Médée. Cela
peut aussi friser la catastrophe, comme avec Caligula. |
Patrice DE NUSSAC,
Le Journal du Dimanche, 29 juin 1980 |
|
Interview de Bob
Guccione |
-
"La réaction de la critique française
a été plus clémente à l'égard
de Caligula, que la presse américaine.
B.G. Effectivement, les Français ont été
plus objectifs et plus intelligents. Ici, nous avons assisté
à des réactions émotives et à
des manifestations d'animosité personnelle. Aucune
approche analytique. Mais votre presse a un public, disons,
plus sophistiqué, culturellement parlant...
|
|
|
|
-
Caligula n'a été soumis à
aucune commission de censure
B.G. Mais c'est pour cela que nous avons acheté
le cinéma "Translux East" à New York, et décidé
nous-mêmes de l'interdiction aux moins de 18 ans de
Caligula. Il était hors de question de laisser
Caligula être classé X, et sortir
dans un circuit de films pornographiques. D'autre part, théoriquement,
la censure n'existe pas aux Etats-Unis. Mais, par ailleurs,
chaque Etat possède son propre arsenal de lois. Aucune
ne relève directement de la censure, mais des atteintes
ou offenses à la morale et à la sécurité
publique ou mentale.
|
|
-
Ne pensez-vous pas que la qualité
artistique du film a souffert de ces mésententes entre
les protagonistes de son élaboration ?
B.G. Malheureusement, le film n'a pu que souffrir
de cela. Je suis incapable d'évaluer l'ampleur du dommage.
Mais ce qui compte en dernier ressort, c'est l'aspect expérimental
du film. Le fait, aussi, d'être le premier du genre.
|
|
-
Quand on voit Caligula, on pense
parfois à l'atmosphère d'un film de Fellini.
B.G. Ça, c'est grâce au décorateur
Danilo Donati. Un vrai talent. Il a d'ailleurs apporté
une immense contribution aux travaux de Fellini auxquels il
a participé. A mon avis, Danilo Donati est la vraie
star du film. Pas Malcolm Mac Dowell, pas Peter O'Toole, pas
Tinto Brass, ni moi-même. De plus, nous ne voulions
pas tourner une sorte d'épopée grandiose en
extérieur avec une foule de figurants. Il fallait sentir,
surtout, l'évolution mentale de Caligula vers sa folie,
et cela, palier par palier. Tous les décors que l'on
voit, sont reconstitués dans leurs dimensions réelles.
Ce qui donne parfois cette impression théâtrale...
Surtout, nous voulions produire une uvre exposant les
méfaits corrupteurs du Pouvoir. Il fallait montrer
toute la réalité, même la plus crue.
|
|
|
Propos recueillis à
New York par François-Marie SAMUELSON (15) |
Le scénariste
: Gore Vidal |
Franco Rossellini,
Bob Guccione, Tinto Brass, Gore Vidal... chacun voulait faire
"son" Caligula. |
|
De même qu'il
y avait eu un Fellini's Satyricon, le romancier américain
tenait à son Gore Vidal's Caligula : "Le scénariste,
Gore Vidal, qui devait, sur les affiches donner son nom au film
(Gore Vidal's Caligula) demande à retirer son nom. Il
qualifie le film de "sex-show pour Copenhague... tourné
dans des décors qui ressemblent au hall d'entrée
de l'hôtel Fontainebleau, à Miami". Guccione finit
par accepter que Gore Vidal retire son nom de l'affiche à
condition que celui-ci renonce à son pourcentage sur les
bénéfices ("Après tout, nous avions payé
aussi pour utiliser son nom !")
Vidal empochera néanmoins son cachet de 200.000 dollars. |
Michel CAEN, Video
News, n° 16, janvier 1983 |
|
"La première
escarmouche vint de Gore Vidal, le scénariste. Il avait
obtenu 10 % sur les bénéfices et que le titre soit
tout simplement Gore Vidal's Caligula. Mais estimant que
son scénario était affreusement mutilé, il
attaqua la production. Réponse de Guccione "C'était
trop long, trop cher et trop homosexuel." Plus tard, Gore Vidal
déclara dans une interview que "les metteurs en scène
sont des parasites et que le véritable auteur d'un film
est celui qui l'a écrit" ( 16) .
Le metteur en scène de Caligula était
alors Tinto Brass. Peu encore connu pour l'ensemble de son uvre
mais vindicatif : il "sort" Gore Vidal des studios. Sa vision
lui serait plutôt "la violence et la corruption du Pouvoir".
Se prenant pour Fellini, il recherche aussi des matrones "vieilles,
grosses et laides". Pas plus que l'homosexualité, cela
ne peut faire l'affaire d'un patron propriétaire d'une
revue basée sur le charme féminin.
Guccione crie donc au sabotage et décide de prendre lui-même
les choses en main. C'est alors que Caligula devient
Helzapoppin. Avec ses "pets" - l'équivalent des "bunnies"
de Play-Boy Guccione viendra tourner clandestinement de
nuit les scènes "additionnelles" qu'il désire et
qui doivent, selon lui, "marquer l'histoire du cinéma".
Pour finir, il se retrouve avec 200.000 m de pellicule et le
montage, toujours clandestin et sous la menace d'une saisie, s'effectue
de façon épique et chaotique à Londres, Paris
et New York. Procès en cascade : Brass contre Guccione,
Guccione contre Brass, Brass contre Vidal et Vidal contre tout
le monde.
Et les acteurs s'en mêlent. Peter O'Toole : "Le film
est si mauvais qu'il ne verra jamais le jour." Contre-attaque
de Guccione : "Je ne l'ai jamais vu sobre et ses retards nous
ont coûté une fortune." |
Patrice DE NUSSAC,
Le Journal du Dimanche, 29 juin 1980 |
"La première
escarmouche vint de Gore Vidal, le scénariste. Il avait
obtenu 10 % sur les bénéfices et que le titre
soit tout simplement Gore Vidal's Caligula. Mais estimant
que son scénario était affreusement mutilé,
il attaqua la production. Réponse de Guccione "C'était
trop long, trop cher et trop homosexuel." Plus tard, Gore
Vidal déclara dans une interview que "les metteurs
en scène sont des parasites et que le véritable
auteur d'un film est celui qui l'a écrit" ( 16) .
Le metteur en scène de Caligula était
alors Tinto Brass. Peu encore connu pour l'ensemble de son uvre
mais vindicatif : il "sort" Gore Vidal des studios. Sa vision
lui serait plutôt "la violence et la corruption du
Pouvoir". Se prenant pour Fellini, il recherche aussi des
matrones "vieilles, grosses et laides". Pas plus que l'homosexualité,
cela ne peut faire l'affaire d'un patron propriétaire
d'une revue basée sur le charme féminin.
Guccione crie donc au sabotage et décide de prendre lui-même
les choses en main. C'est alors que Caligula devient
Helzapoppin. Avec ses "pets" - l'équivalent des "bunnies"
de Play-Boy Guccione viendra tourner clandestinement
de nuit les scènes "additionnelles" qu'il désire
et qui doivent, selon lui, "marquer l'histoire du cinéma".
Pour finir, il se retrouve avec 200.000 m de pellicule et
le montage, toujours clandestin et sous la menace d'une saisie,
s'effectue de façon épique et chaotique à
Londres, Paris et New York. Procès en cascade : Brass
contre Guccione, Guccione contre Brass, Brass contre Vidal et
Vidal contre tout le monde.
Et les acteurs s'en mêlent. Peter O'Toole : "Le film
est si mauvais qu'il ne verra jamais le jour." Contre-attaque
de Guccione : "Je ne l'ai jamais vu sobre et ses retards
nous ont coûté une fortune." |
Patrice DE NUSSAC,
Le Journal du Dimanche, 29 juin 1980 |
|
La logique dans
la folie
Gore Vidal's Caligula - Un scénario trop "homosexuel"
"(...) Un des traits de l'humour caligulesque déborde
d'ailleurs le film, puisque le producteur Bob Guccione, grand
pourvoyeur de l'univers en femmes-objets dénudées
(via sa revue Penthouse), est appliqué à
illustrer un script pour le moins bissexuel, où la plupart
des messieurs, la vedette Malcolm Mc Dowell en tête, sont
tenus d'aller fesse nue et zizi à l'air sous leur minijupe
d'époque...
Tinto Brass, bien sûr, feignait n'avoir rien vu de ces
frivolités. Il prétendait tourner un film sur
le pouvoir. Il voyait en Caligula, jeune loup succédant
à un Tibère aussi parano et féroce que
Staline, mais moins sectaire au plan sexuel, le prototype du
chef qui pousse à l'absurde la logique du pouvoir et
aperçoit qu'il ne rencontre aucune limite jusqu'où
aller trop loin. On lui aurait fait de la peine en lui disant
qu'Albert Camus avait déjà traité le sujet,
sous le même titre. Sauf que la révolte camusienne
contre la condition humaine se donne un point de départ
: la mort de Drusilla, sur et amante bien-aimée
de Caligula. Chez Gore Vidal-Tinto Brass, la perversité
s'installant d'emblée, l'insulte métaphysique
est immédiate. D'où un récit sans progression,
qui existe que par la surenchère des "gags"
Inutile de plaquer une ombre de philosophie sur ce divertissement.
Caligula relève de l'art brut, au sens où l'entend
Dubuffet. Par son désordre, son incohérence, par
l'incapacité mercantile de ses auteurs, il représente
ce que nul artiste de talent ne pourrait inventer : l'uvre
caligulesque même. |
|
Le réalisateur : Tinto Brass
De la "paternité" de Caligula |
T.B. C'est moi qui ai refusé
de signer le film (au contraire de ce qu'affirme Guccione,
qui prétend avoir "viré" Tinto Brass). J'en
ai reconnu la paternité mais je n'ai pas voulu cautionner
l'usage qu'en a fait la production. Exclu de la phase du montage
qui est pourtant pour moi fondamentale, j'ai engagé
un procès contre la production. Je l'ai gagné
mais j'ai perdu mon film. Franco Rossellini affirme aussi
que je souhaitais rajouter des scènes pornographiques.
Cela prouve encore qu'il n'a rien compris à mon
Caligula.
|
-
Quelle différence entre le
Caligula de Tinto Brass et celui de Rossellini-Guccione
?
T.B. L'idée originale n'était
pas de faire un film sur le sexe mais sur le pouvoir, donc
sur la violence. La violence sexuelle, selon ma mise en
scène, ne devait être qu'une parabole de la
violence du pouvoir. L'histoire de Caligula était
un prétexte formidable pour développer cette
idée selon une logique bien précise. La logique
de l'utopie d'abord, qui amène ce jeune Romain à
rêver de s'emparer du pouvoir pour en user selon ses
idéaux moraux. Lorsqu'il atteint son but, il montre
ce que le pouvoir dans sa simple logique peut avoir d'inhumain
et d'immoral. C'est Machiavel et sa théorie :
"La fin justifie les moyens." Lorsque Caligula se rend
compte du piège dans lequel il est tombé,
lorsqu'il s'aperçoit que ce n'est pas lui qui détient
le véritable pouvoir mais que ce sont les institutions
qui se sont servies de lui, le seul moyen qui lui reste,
c'est de s'en remettre à la folie. Une folie au sens
shakespearien du terme. Une folie méthodique. C'est
d'ailleurs dans ce contexte qu'il faut voir l'aspect pornographique
du film, le sexe n'étant pas un élément
de titillation, mais de provocation, d'offense constante.
Seulement voilà. Le sexe a immédiatement porté
à une confusion sémantique. S'il avait été
le sujet du film, l'érotisme était justifié.
Mais le thème de Caligula est celui du pouvoir,
alors que l'érotisme n'est que mystification.
|
|
-
Ce que Rossellini a coupé dans
la version de Brass
T.B. Je dirais qu'il s'agit d'un film porno-idéologico-colossal.
Je voulais décrire la prostitution d'un individu
lorsqu'il se marie avec l'idéologie du pouvoir. Mais
la production a ajouté des scènes érotiques
qui contredisaient cette ambition. Elle a de plus coupé
sept ou huit scènes qui révélaient
la structure idéologique du film. Exemple : l'entrée
de Caligula dans la logique de la folie. L'empereur se lance
dans la provocation contre les institutions à la
fois contre le Sénat (il nomme son cheval sénateur)
et contre les prêtres (au lieu de tuer le bouc émissaire;
il tue le prêtre et distribue sa chair à la
foule). Mon Caligula, avec son discours sur le pouvoir,
se voulait infiniment plus provocateur que celui de Rossellini
avec ses sexes nus.
(...) Je suis licencié en droit, et de ce fait,
plus intransigeant. Je connais la loi sur les droits d'auteur
qui, en Italie comme en France, accorde la priorité
du droit moral sur le droit économique. A présent,
je suis sur un projet exaltant. Faire un film d'après
un très beau roman, érotique cette fois-ci,
et qui de surcroît a reçu le prix Nobel. Mais
je ne veux pas en dire plus...
|
|
Propos recueillis
par Marie-Delphine BONADA ( 17) |
|
Les acteurs :
Malcolm Mac Dowell |
Selon lui, l'empereur
illuminé serait le premier anarchiste de l'histoire.
"Depuis If, de Lindsay Anderson, et surtout Orange
mécanique, de Stanley Kubrick, Malcolm Mac Dowell
n'a guère changé d'emploi. Le visage tourmenté,
l'il inquiétant, la bouche vaguement satanique,
l'acteur anglais n'est manifestement à l'aise que dans
la rage, la violence, la révolte, la destruction.
"... Depuis mes débuts en 1968, tout ce que j'ai joué
au cinéma fait comme un cercle. Mes personnages sont
tous sans exception des antisociaux", commente-t-il
(Dans ce film, Mac Dowell-Caligula) trousse les filles
avec une violence et un humour dont il a seul le secret, pervertit
les plus honnêtes avec délectation, pourfend amis
et ennemis sans distinction tout en administrant son royaume
comme un enfant le ferait de ses jouets, et en roucoulant d'amour
pour un cheval, Incitatus, qu'il n'hésite pas à
mettre dans son lit au plus fort de son délire de puissance.
Une folie sourde, souterraine, corrosive, une fragilité
diabolique et quasi désespérée, Mac Dowell-Caligula
donne là toute la mesure de son insondable propension
à l'anormalité. "Caligula, c'est le premier
anarchiste. Le premier qui ait osé défier et détruire
l'empire romain", dit-il fièrement. Heureux, Mac Dowell
de défendre les couleurs de l'insatisfaction, de la démence,
du dégoût, même s'il avoue s'être rendu
compte que la diplomatie payait davantage que l'agressivité.
Est-ce à cette dernière que l'on doit de voir
si peu Mac Dowell au cinéma ?" |
Le Matin,
8 juillet 1980 |
Les
acteurs : Teresa Ann Savoy
"Je suis très contente de mon rôle dans
ce film. J'ai joué pendant trois mois et tout a très
bien marché. Je sais qu'ensuite il s'est passé
beaucoup de choses. La production a rajouté des scènes
d'orgies mais ni Malcolm Mc Dowell ni moi n'étions concernés.
Nos personnages sont restés les mêmes. J'aime énormément
Drusilla. Elle est maternelle. Sans elle tout va mal pour Caligula.
Après sa mort, c'est l'horreur qui s'installe." |
France-Soir,
2 juillet 1980 |
|
Des décors
somptueux mal employés
Quand on songe à la prodigalité de la production,
à ces milliers de costumes, à ces centaines de
statues, aux kilomètres de décors conçus
avec passion pendant un an par le décorateur de Fellini,
Danilo Donati, on reste pantois. De la galère dorée
aux cent vingt rames, longue de soixante mètres, le film
emploie à peine le dixième. Du stade impérial
grand comme trois terrains de football, il utilise un coin.
La machine à décapiter, haute comme une maison
de cinq étages, est elle-même décapitée
par le cadrage. Et tout à l'avenant. Tinto Brass et ses
producteurs, incapables de diriger une action en vue générale,
serrent au plus près les personnages, toujours sous l'angle
le plus plat ou le plus idiot. Tant d'incompétence touche
au prodige.
Comparé aux films de Fritz Lang repris cet été,
Le Tigre du Bengale et Le Tombeau hindou, chefs-d'uvre
de romanesque populaire où le moindre regard, le choix
d'un cadre, les accessoires du décor semblent le reflet
d'une épure, le gâchis visuel de Caligula devrait
servir de repoussoir idéal. Enfin un film capable de
prouver, par antiphrase, que la "mise en scène" existe,
que ce n'est pas une invention de spécialistes barbants
! Or Lang est sublime, mais Caligula existe aussi, avec
son fumet faisandé qui reste dans la narine. Saluons
ici, sans nous voiler la face, deux heures et quelques de ce
qu'on pourrait appeler du cinéma sauvage." |
|
Suite...
NOTES :
Quelques personnages du film
(1) DION CASSIUS (LVIII,
9. 2) orthographie fautivement "Sertorius", mais une inscription
dédicatoire de l'amphithéâtre d'Alba Fucens
nous en renseigne la forme exacte, en même temps qu'elle
nous livre son prénom : Quintus.
Notre notice doit beaucoup à Fernand DE VISSCHER, "La
carrière et le testament d'un préfet du Prétoire
de Tibère", Acad. roy. de Belgique, Bull. Lettres,
XLIII/5, 1957, pp. 168-179. - Retour texte
(2) A propos des
costumes et décors de sa pièce, Camus recommandait
: "Faites n'importe quoi, sauf du romain." - Retour
texte
(3) Cf. GEORGES-ROUX,
Néron, Arthème-Fayard (rééd.
C.A.L., 1963, pp. 105-107). - Retour texte
(4) Quel contraste avec,
au début du film, le mot de passe "Justice", que doit
décliner Macron lorsqu'il vient chercher le jeune Caligula
convoqué par Tibère ! - Retour
texte
(5) Emprunté aux
excubites de Théodora (Riccardo Freda, 1953).
- Retour texte
(6) C'est sans doute
à cette anecdote que fait référence le
film lorsque dans la grotte de Tibère, Caligula d'un
coup de pied envoie son oncle Claude dans la piscine. - Retour
texte
(7) Homonyme de sa tante
- avec laquelle il ne faut pas la confondre - Julia Livilla,
qui était la maîtresse de Séjan et qui empoisonna
son mari Drusus, le fils de Tibère. Sa mère, Antonia,
la contraignit à mourir. - Retour
texte
(8) Correspond, dans
le film, aux noces de Livia et Proculus. Dans la pièce
de Camus, Caligula s'absente un moment avec l'épouse
du sénateur Mucius (Acte II, Scènes V et VII).
- Retour texte
(9) Cf. SUÉT.,
Cal., 22, où le fils de Germanicus parle à
Jupiter et, même, le menace de l'enlever. - Retour
texte
(10) Dans Le Forum
en folie (A Funny Thing Happened on the way to the Forum,
GB, 1966 - d'après PLAUTE, Pseudolus) Richard
Lester avait fait un clin d'il à Caligula et à
son cheval-consul Incitatus lorsque Hero, pour obtenir la sueur
d'une jument (nécessaire la composition d'un philtre
d'amour), fait prendre des bains de vapeur l'un de ces quadrupèdes,
dans les thermes publics ! - Retour texte
(11) Cette scène
figure dans le "Making Of", mais incomplète puisqu'il
semble que la chair du prêtre immolé était
mangée par les assistants. - Retour
texte
(12) En réalité,
d'après Suétone, Caligula revenait d'avoir assisté
à une pièce de théâtre (non de l'avoir
interprétée comme l'aurait fait un Néron,
ô scandale !) lorsqu'il fut assassiné. - Retour
texte
(15) In Première,
n° 42, septembre 1980, p. 10. - Retour
texte
(16) Cf. Screen
International, op. cit. : les réalisateurs sont "just
the musicians - the really talented ones are the people who
write the music" (N.d.M.E.). - Retour
texte
(17) In Le Matin,
8 juillet 1980. - Retour texte
(18) Michel MARDORE,
"La preuve par le gâchis. Et si, par son incohérence
et son absence de talent, "caligula" relevait de l'art brut
?", Le Nouvel Observateur, 19 juillet 1980, p. 65. -
Retour texte
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