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Une superprode polonaise...
Quo Vadis ?,
de Jerzy Kawalerowicz (2001)
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Des films...
Des "Quatre Evangiles du Péplum" (Les Derniers
Jours de Pompéi (E.G. Bulwer-Lytton, 1834), Fabiola,
ou L'Eglise des Catacombes (N. Wiseman, 1854), Ben Hur,
Un récit messianique (Lew Wallace, 1880) et Quo Vadis ?
Roman des temps néroniens (1895)) le roman d'H. Sienkiewicz
fut, assurément, celui qui connut le plus d'adaptations cinématographiques.
De Ferdinand Zecca et Lucien Nonguet (FR, 1901) à Jerzy Kawalerowicz
(Pologne, 2001), en passant par André Calmettes (Au temps
des premiers chrétiens : Quo Vadis, FR, 1910), Enrico Guazzoni
(IT, 1912) et Georg Jacoby & Gabriellino D'Annunzio (IT-AL, 1924),
la plus connue reste sans doute celle signée par Mervyn Le Roy
(EU, 1951). On n'oubliera pas la télésuite de Franco Rossi
(IT, 1984 - six épisodes d'une heure et une version cinéma
ramenée à 150'), ni les diverses adaptations de la
pièce de théâtre tirée du roman par Wilson
Barrett, Le Signe de la Croix (1914, 1932 [1]),
dont une signée par le grand Cecil B. DeMille (1932) (cf.
"Filmographie").
... au roman
La Pologne, donc, se devait de porter à l'écran le
chef d'uvre du plus illustre de ses fils. Avec Quo Vadis ?
de Jerzy "Pharaon"
Kawalerowicz, film de cinéma et télésuite en
6 épisodes, c'est maintenant chose faite. La "plus grande
production polonaise de tous les temps" - budget : 12 millions
de dollars - retrace le roman d'Henryk Sienkiewicz (1846-1916) qui,
jamais ne terminait une journée sans lire quelques pages de Tacite,
dans le texte.
En 1896, le romancier polonais stigmatisait à travers le César
romain le Tsar de toutes des Russies, persécuteur des Catholiques
uniates. L'interrogation "Où vas-tu, Pologne ?" renvoyait
à celle que se posaient les nationalistes exilés qui de
longue date (dès avant 1830 [2] [3])
se réunissaient dans cette petite chapelle de Santa Maria delle
Piante, près de la Porte Capène où, selon la légende,
le Christ serait apparu à Pierre. Le 10 décembre
1905, l'Académie suédoise honora d'un Prix Nobel le roman
au moment où, vaincu par le Japon et ébranlé par
des troubles sociaux, vacillait d'Empire des Tsars (4).
Au long de son uvre, Sienkiewicz avait exalté
le sentiment patriotique des Polonais au travers de leurs luttes contre
des oppresseurs : les Cosaques révoltés appuyés
par les Tartares en 1648-1649 (Par le fer et par le feu, 1884 [5]),
la guerre contre Charles X Gustave de Suède (Le Déluge,
1886-1887), la lutte contre les Turcs et l'héroïque défense
de la forteresse Kamieniec (Messire Wolodyowski, 1888-1889) et,
enfin, les Allemands, vaincus en 1410 à la bataille de Tannenberg
par le grand-duc Jagello (plus tard roi, sous le nom de Wladislas II)
(Les Chevaliers Teutoniques, 1901).
Le 10 décembre 1905, le Prix Nobel décerné
à Quo Vadis ? vint donc couronner l'écrivain
et son uvre. Quo Vadis ? était surtout remarquable
pour son idéalisme chrétien d'autant plus affirmé
que son auteur - partisan de l'édification à tout prix
- s'était fait connaître par ses prises de position littéraires
"anti-Zola" (6).
Opposé au réalisme social, Sienkiewicz s'insurgeait contre
la bassesse de sentiments de ces Rougon et de ces Macquart, arrivistes
et profiteurs : comment pouvait-on donner en lecture au bon peuple
de tels romans éclaboussés par le vice et le pragmatisme ?
Néron, certes, se vautrait dans le stupre, mais
non sans quelque grandeur (7)
même si la description sienkiewicziennes de ses orgies anticipait
la pudibonderie des péplums hollywoodiens des '50 (!).
Ce qui poussa quelques beaux esprits comme Montherlant (8)
à reconnaître dans Quo Vadis ? deux niveaux
de lecture possibles : l'orthodoxe et l'hérétique :
"Qu'on songe au saisissement, à la stupéfaction d'un
enfant de huit ans, entouré non de bigoterie, mais d'un catholicisme
indiscuté, lorsqu'il tombe sur des phrases comme : "Laisse-moi
donc la paix avec tes chrétiens [...]. Je te dis
que ce sont des nigauds, que tu le sens toi-même, et que si ta
nature répugne à suivre leur doctrine, c'est justement
parce que tu vois leur imbécillité. Tu es un homme pétri
d'une autre argile; n'y pense plus et ne m'en parle plus" (Pétrone
à Vinicius, p. 283) (9).
Le chantre de la tauromachie glissait un brin d'autobiographie
chez Alban de Bricoule, le héros des Bestiaires (1926) :
"Une course de taureau était annoncée aux arènes
de Bayonne. On décida d'y aller, simplement parce que le mot
arène avait sur Alban un pouvoir électrique. En effet,
alors qu'on le préparait à sa première communion,
Mme de Coantré avait donné à
son petit fils l'édition pour la jeunesse de Quo Vadis, et
depuis ce temps Alban était Romain. Il avait sauté les
pages consacrées à l'apôtre Pierre.
La course de taureaux fut pour l'enfant la seconde des trois grandes
révélations... faut-il dire "de sa jeunesse", ou bien
"de sa vie" ? La première avait été celle
du paganisme par un livre à visées édifiantes"
et, quelques pages plus loin : "(leur) seule énumération
(...) le plongeait dans une détresse, comme les passages concernant
les chrétiens dans Quo Vadis" (10).
"A huit ans je baigne dans Quo Vadis comme la
plaque photographique baigne dans le révélateur chimique :
Quo Vadis fait apparaître la plus grande partie de ce qu'il
y a en moi et qui y sera toujours. (...) II y a dans le paganisme
une séduction, et dans cette époque une beauté
d'horreur auxquelles le romancier était sensible, et Dieu merci.
Pétrone, Vinicius, Néron même l'ont attiré :
c'est pourquoi il a fait un roman humainement vrai, non une uvre
de propagande. Si des esprits chrétiens ont été
touchés par le côté chrétien de son livre,
et des esprits insensibles ou hostiles au christianisme touchés
par ce côté païen, c'est parce qu'il a fait uvre
de bon romancier", se souviendra-t-il un demi-siècle plus
tard, dans Le Treizième César (11).
En Pologne, chaque
chrétien a "son" lion...
Voici trente-cinq ans que Kawalerowicz, qui venait alors
de terminer Pharaon - autre roman d'un patriote polonais, Boleslaw
Prus (12) (1898)
-, rêvait de porter à l'écran Quo Vadis.
Ce projet, il vient de le mener à bien en 2001. Entre-temps,
la Pologne avait une fois de plus recouvré son identité
et - signe des temps ! - c'était maintenant un pape polonais
qui siège sur le trône de Pierre.
"Ainsi passa Néron, comme passent la rafale,
la tempête, l'incendie, la guerre ou la peste; tandis que, des
hauteurs du Vatican, règne désormais sur la ville et sur
le monde la basilique de Pierre.
Non loin de l'antique Porte Capène (13),
s'élève aujourd'hui une chapelle minuscule, avec cette
inscription à demi-effacée : Quo Vadis, Domine ?" (14).
En parfaite concordance avec les deux dernières phrases du roman,
le dernier plan du film montre l'Apôtre, après sa rencontre
avec le Christ, revenant à Rome... mais la Rome moderne, avec
sa circulation automobile, et, au centre de l'écran, le dôme
de Saint-Pierre construit, dit la tradition, sur son tombeau. La première
mondiale de Quo Vadis, le 30 août 2001, eut du reste lieu
au Vatican, dans le hall de Paul VI bâti à l'emplacement
même de ces jardins où Néron transforma les martyrs
en torches humaines pour illuminer ses nuits de débauche (15).
On signalera tout d'abord la fidélité de
Kawalerowicz au texte de Sienkiewicz. Les précédentes
versions avaient été plus réductrices, ou extrapolaient.
Ainsi la version 1984 de Franco Rossi justifia les débordements
de Néron par la perte de son enfant de quatre mois, Claudia Augusta,
à peine évoquée dans le roman, mais le fait historique
est patent. En outre, les décors sont superbes, même s'ils
peuvent parfois sembler étriqués : primo,
les péplums hollywoodiens nous ont habitués à montrer
le Forum, le Colisée etc. plus grands qu'ils n'étaient
en réalité; secundo, si l'on s'en réfère
aux peintures de Jan Styka, toutes les proportions sont bien respectées
- sauf un détail : Styka situait la crucifixion des chrétiens
dans un cirque; le film de Kawalerowicz dans un amphithéâtre !
Ramener un bouquin de 800 p. (dixit) (16)
à un script de cinéma de 120-140 p. implique des
choix, rappelait de réalisateur lors de la présentation
du film à Bruxelles, dans le cadre d'Europalia-Pologne. Pris
au premier degré, c'est Marcus Vinicius et la belle Lygie qui
sont les héros du roman. Toutefois, à y regarder de plus
près, ils n'en sont pas les moteurs profonds. Kawalerowicz s'en
explique : "L'adaptation régissant la dramaturgie de
mon film consiste à déplacer le poids de la narration
des héros du mélodrame (Vinicius et Lygie),
vers les personnages principaux : Pétrone, Néron
et Chilonidès. Une telle modification est fidèle
à l'idée et à la philosophie de l'uvre de
Sienkiewicz qui, à mon avis, est un drame du pouvoir, de la foi
et de l'amour menant à travers des situations extrêmes
jusqu'à la tragédie.
Dans cette perspective, c'est Pétrone qui passe au premier
plan. Il est intelligent et noble, mais en même temps cynique
et débauché. Il est un grand artiste, mais trop égoïste
pour pouvoir se sacrifier pour le bien commun. Il ne croit ni en dieux
ni en hommes. Il prévoit la ruine du grand empire mais il n'a
pas la force de s'opposer à quoi que ce soit; ne voulant pas
être un témoin passif des exploits d'un césar dément,
il choisit une solution égoïste : le suicide. Il croit
le faire pour humilier encore une fois le césar, et à
l'occasion, il le ridiculise.
Le deuxième héros du drame, c'est Néron bouffon
et despote, non dépourvu d'une certaine dose de sagesse et de
talent aux moments de lucidité. C'est un assassin rusé
et égoïste, maladivement jaloux de sa grandeur et de son
autorité d'artiste. Assumant le rôle de césar à
ce grand tournant de l'histoire qu'était la naissance du christianisme,
il n'est pas à même de faire face aux impératifs
de cette époque tourmentée - ni en tant que souverain,
ni en tant qu'artiste, ni en tant qu'homme. En revanche, il est un extraordinaire
exemple de l'efflorescence d'un pouvoir despotique et d'une culture
barbare. Il périt de la même façon qu'il tuait ses
adversaires. Son histoire tragique est un avertissement et en même
temps une amère réflexion sur l'autocratie, la dictature
et le despotisme.
Le troisième héros du film, Chilon Chilonidès,
philosophe et escroc, est le personnage le plus immonde et le plus
tragique. Chilonidès est issu du purin et de la boue de la pègre
de Rome et de l'ambiance servile de cette ville. Vendant tout ce qui
était honnête et noble, il arrive à se faire une
place auprès du trône du césar. Il est le produit
d'un monde régi par l'injustice et la violence. Néanmoins,
ce personnage le plus immonde trouve la force et le courage d'accuser
publiquement le césar des crimes que celui-ci a commis. Le moment
où ce grand pécheur obtient la grâce de la conversion
est un témoignage de la foi et du pardon.
L'accent optimiste de cette tragédie dantesque consiste donc
en la victoire de la foi et de l'amour et le présage d'un monde
plus humain.
Le grand drame de la lutte pour l'humanité décrit dans
le roman de Sienkiewicz est aujourd'hui sans aucun doute d'actualité,
tout comme il l'était à l'époque romaine.
Jean-Paul IIa maintes fois fait référence dans ses
énoncés au roman de Sienkiewicz; il est grand admirateur
de cette uvre et conscient de son message universel."
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Ad
bestiam
Couverture d'une édition populaire
de "Quo Vadis ?" par Jan Styka |
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Ad bestiam...
Dans sa volonté d'être respectueux du roman,
le film ne saurait éluder les clichés sulpiciens :
les Romains boivent goulûment leur vin rouge dans des calices
de métal précieux qu'ils empoignent à deux mains;
les chrétiens, eux, ne boivent jamais, mais passent leur temps
à transvaser à la louche d'un modeste récipient
de terre à un autre leur maigre bouillon... Quelle race étrange,
finalement, ces chrétiens, uniquement composée de vieillards
émaciés et de girondes jeunes vierges - surtout dans les
scènes de crucifixion ou de crémation ! Pas étonnant
qu'ils tiennent à embrigader Marcus Vinicius, plutôt beau
gosse. Nous n'avons pas vu une seule matrone chrétienne ni (hors
Ursus, bien entendu) un mâle
dans la force de l'âge, à l'exception peut-être de
ce père qui, dans l'arène, essaie de soustraire son bébé
à la voracité des fauves... "Un autre [lion]
s'approcha d'un chrétien qui tenait dans ses bras un enfant cousu
dans une peau de daim. L'enfant, secoué de sanglots et de cris,
se cramponnait convulsivement à son père qui, voulant
au moins un instant lui conserver la vie, s'efforçait de l'arracher
de son cou, afin de le passer à ceux qui se trouvaient derrière.
Mais ces cris et ces gestes irritèrent le lion; il poussa un
rugissement rauque et bref, écrasa l'enfant d'un coup de patte
et broya dans sa gueule le crâne du père" (p. 421 [17]).
A la réflexion, le cascadeur qui joue cette scène dangereuse
devait être un des dompteurs, ceci expliquant cela !
Pour les amateurs d'action, nous dirons seulement que
les scènes d'amphithéâtre n'ont rien en commun avec
celles de Gladiator - puisqu'il ne s'agit pas de combats, mais
de chrétiens crucifiés ou livrés aux lions - et
que celles-ci sont d'un réalisme qui rappelle L'Arène
Sanglante, la toile fameuse de Jan Styka, l'illustrateur du roman
de Sienkiewicz.
Reprenons le roman : les chiens féroces ont
déjà taillé des coupes claires dans les rangs des
chrétiens. Mais le peuple en veut davantage, il exige que soient
envoyés les fauves réservés pour le spectacle du
lendemain. Les voici qui pénètrent dans l'arène,
ces tigres, panthères, ours, loups. D'abord prudemment, puis
"peu à peu l'odeur du sang et la vue des corps éventrés
et amoncelés sur l'arène agirent sur eux (...) ce
que l'on vit était horrible : des têtes englouties
dans des gueules béantes, des poitrines ouvertes en travers d'un
seul coup de croc (...) des cris inhumains, des acclamations,
des rugissements" (p. 421).
Le spectacle est indescriptible, et parfois les Romains eux-mêmes
ferment les yeux pour les rouvrir aussitôt, leur malsaine curiosité
étant plus forte. Tout ceci est parfaitement rendu par les caméras
de Kawalerowicz, qui va plus loin que les cinéastes d'Hollywood
et de Cinecittà - mais toujours en conformité avec le
texte de Sienkiewicz. Le massacre terminé, "par les vomitoires
ouverts pour aérer l'amphithéâtre, parvenait du
dehors le grincement des tombereaux où l'on déposait les
restes sanglants des chrétiens, des hommes, des femmes et des
enfants, pour les transporter vers les horribles fosses communes"
(p. 424).
Arrivent ensuite, "des centaines d'esclaves armés de bêches,
de pelles, de balais, de brouettes, de paniers pour ramasser, et emporter
les intestins, ainsi que des sacs remplis de sable. Bientôt toute
la piste grouilla de leur activité fiévreuse. En un instant
on eut enlevé les cadavres, nettoyé le sang et les excréments,
hersé, ratissé, et couvert d'arène d'une épaisse
couche de sable sec. Puis des amours vinrent y semer des pétales
de roses et de lis. On ralluma les brûle-parfums et l'on retira
le vélarium, car le soleil était déjà sensiblement
descendu" (p. 423). Alors se lèva Néron, qui
se mit à déclamer son poème sur l'incendie de Troie...
Comment ne pas songer aux horreurs du nazisme et du stalinisme lorsque
l'on voit les cadavres déchiquetés empilés sur
les chariots, reliefs du repas des fauves dans l'amphithéâtre ?
Auschwitz... Katyn... La phrase fameuse du critique Nino Frank, à
propos des péplums des années '10-'20, "En Italie,
chaque lion a son chrétien", devient dérisoire.
La peinture à
fresque romaine
Nous ne pinaillerons pas pour le plaisir les détails
archéologiques. Hors la lorica segmentata, la cuirasse
de simple légionnaire (et quelques autres détails du même
genre [18])
que porte un officier supérieur, Marcus Vinicius lorsqu'il débarque
chez son oncle Pétrone, au début du film, tout sonne juste.
Le film de Kawalerowicz dénote un souci historique certain. On
relèvera notamment, dans le palais de Néron, outre la
présence d'une réplique du célèbre groupe
de "Laocoon et ses fils" (19)
la reprise de certains panneaux de la Villa des Mystères à
Pompéi avec ses personnages sur fond rouge cinabre, bel exemple
du "deuxième style pompéien". Notre intérêt
pour la nature des décors du palais de Néron n'est pas
innocent, car il touche au scénario même du film, ou plutôt
à la trame du roman de Sienkiewicz. Historiquement, c'est fort
solliciter Tacite et la chronologie que de voir un lien de cause à
effet entre l'incendie de Rome et la persécution des chrétiens (20) !
Mais dans une fiction édifiante soumise, sinon à la sacro-sainte
règle théâtrale d'unité de temps et de lieu,
tout au moins à celle du cause à effet, ce raccourci,
d'abusif, devient légitime, et permet à Sienkiewicz d'enchaîner
l'incendie de juillet 64 avec la chute de Néron (il
se suicide le 11 juin 68) soit un hiatus de trois ans. Voyons pourquoi.
La Domus Transitoria. Le palais de Néron -
la Domus Transitoria, ainsi nommée parce qu'elle reliait
l'Esquilin au Palatin - ayant brûlé pendant l'incendie
de Rome, l'empereur chargea les architectes Severus et Celer de lui
construire un nouveau palais, la Domus Aurea (21),
aux proportions d'une ville, pour la décoration de laquelle
les uvres d'art de la Grèce et de l'Orient furent mises
au pillage. La "Maison Dorée" fut achevée en un temps
record, tandis que l'Empereur voyageait en Grèce (de fin septembre
66 à décembre 67). Il y emménagea début 68
("Je vais enfin être logé comme un homme !"),
mais n'en profita pas beaucoup puisqu'il mourut en juin de la même
année ! Le roman/le scénario (qui éludent
sournoisement le fait que le palais de l'"infâme" Néron
et ses précieuses collections brûlèrent avec le
restant de ce qui n'était pas encore - et pour cause - la Ville
Eternelle) pose ici un sérieux problème au décorateur-archéologue.
Faut-il, dans la dernière partie du film, continuer à
tourner dans les décors jusqu'alors censés figurer la
Domus Transitoria (qui historiquement n'existe plus)... ou
en créer de nouveaux, ceux de la Domus Aurea construite
en trois ans, nous l'avons dit, et que le scénario a snobée
(et il ne pouvait en être autrement puisque l'incendie, la répression
puis la chute de Néron s'enchaînent précipitamment
pour les besoins du scénario) ?
La question est d'importance, car si l'on n'a rien conservé
de la première, la seconde existe encore et ses vestiges sont
dignes de ceux de Pompéi.
La Domus Aurea. Véritable ville dans la
ville, la Domus Aurea était assez impopulaire aux Romains
que son érection avait délogés. Comparons la
chose avec les travaux d'urbanisme de Mussolini anticomane lorsqu'il
rasa les quartiers populaires issus du village qu'était devenu
la Rome médiévale, pour bâtir la moderne capitale
d'une l'Italie fasciste (22) :
la Terza Roma, la "Troisième Rome"). Ou à ceux
d'Haussmann, traçant les grands boulevards de Paris...
A l'entrée de la Maison Dorée le colosse de Néron-Soleil,
uvre de Zénodore, dominait de ses trente-cinq mètres
la "mer néronienne" ou stagnum neronis qui clapotait
à ses pieds. C'est à l'emplacement de cette "mer" que
les Flaviens bâtiront leur amphithéâtre, douze
ans après la mort de Néron. Mais l'amphitheatrum
flavium restera redevable au "Colosse de Néron" de son
surnom de Colisée (Colosseo) sous lequel il est mieux
connu.
Quelques décennies plus tard encore, à
la suite de l'incendie qui en 104 ravagea partiellement les étages
supérieurs, Trajan rasa ceux-ci pour édifier ses fameux
Thermes (achevés en 109), construits par Apollodore de
Damas. Les étages inférieurs furent en partie remblayés,
ou bouleversés par des travaux de maçonnerie effectués
pour supporter les Thermes nouveaux.
Les quatre styles de la peinture romaine du Haut
Empire. Redécouvertes vers 1480, certaines anciennes salles
de la Maison Dorée restaient encore partiellement accessibles.
On les appelait les "grottes de l'Esquilin", et les artistes de la
Renaissance comme Raphaël et le Pinturrichio s'y faufilaient
avec délices pour copier les fresques antiques - les grottesco,
comme les appelait l'architecte Bramante.
En son temps, Vitruve avait sévèrement critiqué
ces motifs fantastiques de créatures chimériques, hommes
anguipèdes, crapauds etc. - d'où notre adjectif "grotesque"
pour des choses aberrantes ou ridicules.
Depuis les travaux de la Surintendance Archéologique de Rome
et de l'Institut Central de Restauration entrepris à partir
de 1981, trente-deux des 150 salles de la Maison Dorée, restaurées,
sont actuellement accessibles au public sous le parc de la Colle
Oppio (la Colline Oppius, derrière le Colisée).
Tout ceci - fermons la parenthèse ci-dessus ouverte
- pose au décorateur de Quo Vadis le problème suivant :
doit-il s'inspirer de ces authentiques fresques du palais où
Néron vécut seulement les derniers mois de sa vie, ou
lui faut-il imaginer de toute pièce l'ancien palais d'avant 64 ?
Car la Maison Dorée est surtout fameuse pour ses fresques du
"IVe style pompéien" attribuées à Fabullus
(ou Famulus), qui renoue avec les architectures en trompe l'il
enrichies par de multiples ornements empruntés au "IIIe style".
C'est l'art type de l'Epoque "néronienne", visant au grandiose (23)...
L'examen des nombreuses photos du film de Kawalerowicz, sur le site
officiel - www.quo-vadis.pl
- pourrait laisser croire que le décorateur s'est borné
à une évocation "qui fait romain", plutôt qu'à
une reconstitution scrupuleuse de ces vastes compositions, toujours
hasardeuse. Retenons tout de même le péristyle de Pétrone
avec ses rectangles de marbre jaune, noir et rouge qui sont du Ier style,
imité des Grecs, quand le fresquiste essayait de donner l'illusion
de la pierre et des matériaux bruts. Tandis que la grande salle
rouge du palais - reconstituée en studio à Modlin - où
Néron reçoit ses invités, avec l'impériale
effigie couvrant un panneau, ses colonnes de marbre noir, et ses murs
revêtus de panneaux noirs sur fond d'ensemble vermillon appartiennent
bien au IIIe style (sans effet de trompe l'il,
avec ses candélabres caractéristiques).
Les
quatre styles |
Ier style
pompéien (remonte au style grec du Ve s.
av. n.E.)
imite avec des stucs en relief colorés des
éléments architecturaux |
IIe style
pompéien
ces éléments architecturaux du
Ier style sont traduits en "trompe
l'il" |
IIIe style
pompéien
prenant le contre-pied de cette architecture
illusionniste, le IIIe style s'impose
par une décoration sans profondeur, un espace
imaginaire dans lequel sont disposés des candélabres,
de petits édicules et une végétation
exubérante.
Triomphe du mur plat et refus de l'architecture illusionniste.
Les candélabres prennent la place des colonnes
pour partager les parois |
IVe
style pompéien (époque "néronienne",
vise au grandiose...)
avec le IVe style renaissent les
architectures en trompe l'il enrichies par de
multiples ornements empruntés au IIIe style.
Couleurs de prédilection : rouge, noir,
or. Les scènes mythologiques sont moins austères,
plus libertines. Le style est rétro |
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Le
péristyle de la maison de Pétrone
appartient au 1er style pompéien |
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Pétrone,
l'Arbitre des Elégances
Kawalerowicz a su s'entourer de comédiens excellents
comme Pawel Delag dans le rôle de Marcus Vinicius et Magdalena
Mielcarz dans celui de Lygie. L'ancien champion du monde de judo Rafal
Kubacki est magnifique dans le personnage d'Ursus,
d'une stature impressionnante (pauvre Buddy Baer de la version 1951 !).
Roux comme les Ahenobarbi, le visage tavelé de taches de rousseur,
Michal Bajor est un Néron shakespearien tandis que Boguslaw Linda
incarne un Pétrone athlétique et viril, plus proche du
soldat Petronius Niger Titus dont nous parle Pline (Plin., Hist.
Nat., XXXVII, 20), qui fut consul suffect en 62 (?) et
saura être en Bithynie un proconsul énergique et capable,
autant qu'à la cour de Néron il sut se comporter en épicurien
consommé. Autrement plus convaincant que le gentil Leo Genn de 1951.
On ne sait que peu de choses, en fait, de ce fameux Pétrone.
Le courtisan de Néron - l'ancien proconsul - fut-il le même
personnage que ce Petronius Arbiter auteur du Satiricon ?
On ne sait, mais Sienkiewicz pour les besoins de son roman fondit les
deux personnages en un seul, auteur de cette fameuse lettre à
Néron : "Porte-toi bien, mais laisse là le chant;
tue, mais ne fais plus de vers; empoisonne, mais cesse de danser; incendie
des villes, mais abandonne la cithare. Tel est le dernier souhait et
le très amical conseil que t'envoie l'Arbitre des élégances."
C'est chez Tacite (Tac., An., XVI, 19) que Sienkiewicz
trouva la description de la mort de C. Petronius se faisant ouvrir
puis refermer les veines, s'entretenant avec ses amis, et rédigeant
un codicille où il dénonçait "sous des noms d'emprunts"
les débauches de Néron. On a supposé qu'il s'agissait
du Satiricon, mais on ne voit pas où Pétrone -
s'il s'agit bien du même que Petronius Arbiter - aurait trouvé
le temps de rédiger un ouvrage aussi considérable pendant
que sa vie s'écoulait goutte à goutte. Tacite ne parle
nullement d'une autre personne qui se serait faite ouvrir les veines
pour accompagner Pétrone dans la mort : le suicide d'Eunice
serait donc inspiré de celui de l'épouse de Sénèque
qui se fit saigner en même temps que son mari. Lequel, lui aussi,
meubla ses derniers moments de vie par la composition d'un long discours
(Tac., An., XV, 63). La destruction par Pétrone d'un précieux
vase myrrhin que convoitait Néron est dans l'Histoire Naturelle
de Pline, précité.
Fiche technique
et résumé
Quo Vadis ? [tv
& cin.]
Pologne, 2001
Quo Vadis ?
Prod. : Kredyt Bank (Stanislaw Pacuk) - Telewizja Polska S.A.
(Pawel Rzepka) - HBO Polska - Documentary & Feature Film Production
Agency - Kadr Film Studio (Jerzy Kawalerowicz) - Syrena Entertainment
Group / Distr. : Chronos Film / Coul. / Dolby Stereo / Film
et Mini-série TV, 6 épisodes (24)
/ Film : 4.917 m / 165'
Fiche technique
Réal. : Jerzy Kawalerowicz; Scén. : Jerzy
Kawalerowicz (d'après le roman d'H. Sienkiewicz, Quo
Vadis ?, Prix Nobel de littérature, 1905); Images :
Andrzej J. Jaroszewicz; Prod. : Miroslaw Slowinski; Prod.
exéc. : Jerzy K. Frykowski; Dir. prod. : Józef
Jarosz; Décors : Janusz Sosnowski; Montage : Cezary
Grzesiuk; Cost. : Magda Teslawska & Pawel Grabarczyk; Conseiller
religieux : Père prof. Waldemar Chrostowski; Musique :
Jan A.P. Kaczmarek.
Fiche artistique
Pawel Delag (Marek Winicjusz [Marcus Vinicius]) - Magdalena
Mielcarz (Lygia) - Boguslaw Linda (Petroniusz [Pétrone])
- Jerzy Trela (Chilon Chilonidès) - Michal Bajor (Néron)
- Agnieszka Wagner (Poppée) - Franciszek Pieczka (Pierre) -
Danuta Stenka (Pomponia Græcina) - Krzysztof Majchrzak (Tigellin)
- Rafal Kubacki (25)
(Ursus) - Malgorzata Foremniak (Chrysothémis) - Dariusz Juzyszyn
(Croton).
Distribution
IT/ |
Première mondiale de Quo Vadis : le
30 août 2001 dans le hall de Paul VI au Vatican |
PL/ |
Première polonaise : le 9 septembre 2001 à
Varsovie |
FR/ |
A Cannes : 12 mai 2001 |
BE/ |
Europalia-Pologne : 4 décembre 2001 |
Notes
Tournage (127 jours) : 8 mai-3 novembre 2000
en Tunisie, France, Rome et Pologne (78 décors différents).
Budget : 18 millions de dollars. En vue sortie : juin 2001.
Le Transtevere (partiellement ?) et Antium furent reconstitués
à Monastir et l'Ostrianum dans les grottes de El Haquaria (Tunisie).
La révolte du peuple a été filmée devant
le Pont du Gard (France) et d'autres scènes à Val Joannis,
en France également.
En Pologne : l'amphithéâtre à Varsovie; le
Transtevere (principalement ?) et le Forum romain à Piaseczno;
les jardins de Néron à Wilanów; le palais de
Néron à Modlin.
11 décors ont été construits au
prix de 16 millions de zlotys (soit 3,8 millions de dollars).
Entre autres : un amphithéâtre romain où
l'on a tourné les scènes avec les lions, le combat entre
Ursus et le taureau, les scènes du martyre et de la crucifixion
des chrétiens; le Transtevère, quartier des pauvres,
avec 6 ruelles, un temple, la maison de Cryspus, l'appartement
de Chilon Chilonides, une huilerie et un débit de vin; la maquette
d'un pont sur le Tibre; un forum impérial; les intérieurs
du palais de Néron, richement décorés, où
l'on a tourné la célèbre orgie chez Néron;
les intérieurs des maisons de Pétrone et de Marcus Vinicius;
et la chambre de Chrysothémis.
Soixante-dix rôles, 1.700 figurants et 50 animaux
ont joué dans le film, dont 15 lions venus de la République
tchèque, 30 chevaux et 3 taureaux.
Cent trente-deux scènes et 470 plans ont été
tournés; 95 kilomètres de pellicule ont été
impressionnés; le montage du film s'est effectué à
partir de 55 heures de rushes et a duré 1.200 heures.
Pour réaliser les costumes, 17.622 m de tissus ont été
utilisés; 1.200 costumes ont été cousus
et 150 ont été loués; 10 costumes différents
ont été préparés pour Néron, 7 pour
Lygie et Marcus Vinicius, 5 pour Poppée; 400 perruques,
100 demi-perruques, 150 tresses et nattes, 60 toupets
de cheveux; 5.000 accessoires ont été utilisés,
au prix de 1 million de zlotys (soit 240.000 dollars); environ
2,7 millions de zlotys (plus de 650.000 dollars) ont été
payés en cachets des comédiens; 10 kg de poudre
cosmétique, 40 boîtes d'ombre à paupières,
1.000 bombes de laque pour les cheveux, 1.000 bâtons de rouge
à lèvres, 500 boîtes de crême protectrice.
Tandis que démarrait le tournage en Tunisie, un monument dédié
à H. Sienkiewicz était inauguré dans le
parc de Lazienki par l'arrière-petite-fille de l'écrivain
(5 mai 2000).
Scénario
Sous le règne de l'empereur Néron, Vinicius, un
jeune patricien, tombe amoureux de la belle Lygia, fille d'un chef
barbare mort au combat. Il veut qu'elle lui appartienne. Pour Lygia,
élevée dans une famille chrétienne, devenir concubine
serait à la fois un péché et une honte. Pétrone,
l'oncle de Vinicius, épicurien et amateur des arts, à
qui même Néron prête une oreille attentive, essaie
d'aider son neveu à enlever la jeune fille.
Mais Ursus, serviteur fidèle de Lygia, colosse à la
force surhumaine, intervient pour libérer la jeune femme. Vinicius,
fait appel aux services d'un voyou, Chilon Chilonidès, afin
de retrouver la demoiselle. Lors d'une tentative d'enlèvement
dans une maison chrétienne, Vinicius est blessé. Il
est secouru par Lygia qui prend soin de lui et ne reste pas indifférente
à ses faveurs. Vinicius est impressionné par le christianisme;
il demande à l'Apôtre Pierre de le préparer au
baptême. Pierre bénit également leur amour.
Poète médiocre mais ambitieux, Néron
se rend avec sa cour à Antium pour s'adonner à la création
artistique. Vinicius et Pétrone l'accompagnent.
Soudain, on l'informe d'un grand incendie à Rome. On peut deviner
qu'il a été provoqué sur ordre de l'empereur.
Vinicius revient à Rome pour retrouver Lygia. Quand il la retrouve,
il reçoit le baptême des mains de l'Apôtre Pierre.
Néron aussi revient à Rome, et à la lueur des
flammes il chante des hymnes inspirés par la catastrophe qui
a embrasé la ville. Dans les rues éclatent des émeutes.
Pour calmer les foules, Néron accuse les chrétiens d'être
à l'origine de l'incendie. Pétrone s'oppose et tombe
en disgrâce. Les Chrétiens sont massacrés ou jetés
en prison. Ils périssent ensuite, brûlés vifs,
crucifiés ou dévorés par des bêtes sauvages.
Parmi les prisonniers se trouve aussi Lygia. Vinicius cherche en vain
un moyen de secourir sa bien-aimée. Lors des jeux suivants
apparaît un taureau portant Lygia nue, attaché sur son
dos. Ursus, condamné également, réussit à
rompre le cou de la bête. Les Romains réclament la grâce
pour Ursus et Lygia. Néron l'accorde bien qu'il le fasse contre
son gré.
Vinicius et Lygia quittent Rome. Chilon Chilonidès qui dénonçait
les Chrétiens, à la vue de leur châtiment se convertit
et meurt sur la croix. L'Apôtre Pierre tente de quitter la ville,
mais il revient sur ses pas après avoir rencontré le
Christ en chemin. Pétrone dont l'empereur réclame la
tête, se suicide. Néron se déchaîne dans
ses atrocités. Ses soldats et quelques notables se révoltent.
Trop lâche pour se suicider, il périt de la main d'un
de ses affranchis.
Critiques
"Du jamais vu. Les films polonais Par le feu et par le
fer de Jerzy Hoffman et Pan Tadeusz de Andrzej Wajda occupent
les deux premières places au box office en Pologne. Ils ont
attiré l'année dernière 12,6 millions de
spectateurs. Tous les films polonais ont été vus par
15 millions de personnes. En chiffres cela représente
206 millions de zlotys, autrement dit 60 % des recettes.
Plus précisement en 1999 le film Par le feu et par le fer
a été vu par 7,135 millions de personnes, et
Pan Tadeusz, au 31 décembre 1999 : 5,5 millions.
Aujourd'hui le film de Wajda comptabilise 6 millions de spectateurs
et les séances continuent.
(...)
Hollywood polonais. En projet : le film Quo Vadis ?
de Jerzy Kawalerowicz dont le budget s'élève à
12 millions de dollars - 2 fois plus que pour le film
Par le feu et par le fer et 4 fois plus que Pan Tadeusz.
Maciej Dutkiewicz va réaliser le film W pustyni i w
puszczy - le coût : 3.85 millions de dollars. Les
grands succès des films Pan Tadeusz et Par le feu
et par le fer ont aiguisé l'appétit des réalisateurs
polonais et les investisseurs n'ont plus peur des grands budgets.
Ensuite, en projet, il y a la réalisation du film Przedwiosnie
réalisé par Filip Bajon d'après le roman de
Zeromski. Et encore Chopin film de Jerzy Antczak - le film
sera en version anglaise."
Gazeta Beskid, février 2000 - beskid.com
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NOTES :
(1) Sous le signe
de la Croix/Les esclaves de Carthage (Guido Brignone, IT-SP
- 1956) n'a par contre aucun rapport avec Quo Vadis ?
- Retour texte
(2) 1830 fut, on le sait,
une année de révolutions un peu partout en Europe :
la Belgique y gagna son indépendance et la Pologne fut
une fois de plus écrasée. Le Tsar avait offert
au Roi des Pays-Bas l'aide de ses troupes pour mettre au pas
les Belges révoltés, mais fut détourné
dans son dessein par les troubles en Pologne.
Les chevaux des cosaques ne burent donc pas l'eau de la Senne,
mais il s'en fallut de peu que l'auteur de ces lignes ne les
rédige en néerlandais. Comme quoi, le malheur
des uns... - Retour texte
(3) Et, à
partir de 1842, les "Résurrectionnistes" polonais. -
Retour texte
(4) Guerre russo-japonaise,
1904-1905; "Dimanche Rouge" de Saint-Petersbourg, 22 janvier
1905; mutinerie du Potemkine, juin-juillet 1905. - Retour
texte
(5) Par le feu et
par le fer vient d'être porté à l'écran
par le Polonais Jerzy Hoffman. - Retour
texte
(6) Cf. D. Beauvois,
Quo Vadis ?, Garnier-Flammarion, n° 362,
1983, pp. 5-6. - Retour texte
(7) Pour Sienkiewicz,
les vices de Néron sont - bien entendu - le repoussoir
obligé des vertus de son héros Marcus Vinicius
et des chrétiens. Ce qu'il reproche à Zola, c'est
de ne pas avoir de héros exemplaires à opposer
aux humaines turpitudes. - Retour texte
(8) Dans sa préface
au Satiricon de Pétrone, Jean Dutourd s'étonne,
lui aussi, que le catholique Sienkiewicz ait pris pour héros
"un luron de cet acabit, cynique, joyeux, complètement
immoral et aussi leste dans ses écrits..." - Retour
texte
(9) Henri de Montherlant,
Le Treizième César, op. cit., p. 153.
L'auteur fait référence "à une édition
courante Lethielleux, datant sans doute de 1903 ou 1904". -
Retour texte
(10) H. de Montherlant,
Les Bestiaires, Plon, 1926, pp. 12 et 25. - Retour
texte
(11) H. de Montherlant,
Le Treizième César, Gallimard, 1970, pp. 150-152.
- Retour texte
(12) Boleslaw Prus,
pseudonyme d'Alexander Glowacki (1847-1912), avait pris part
à l'insurrection de 1863. - Retour
texte
(13) "Non loin de
la Porte Capène..." écrit Sienkiewicz. En
réalité, il y a près de 2 km entre
les deux. - Retour texte
(14) Trad. Ely Halpérine-Kaminski.
- Retour texte
(15) Paroles du Saint
Père à l'issue de la projection en avant-première
du film Quo Vadis - Jeudi 30 août 2001 :
1. "Je désire exprimer ma plus vive reconnaissance à
ceux qui ont rendu possible ce soir la vision en avant-première
d'une uvre qui, sous de nombreux aspects, est véritablement
significative. Je félicite tout d'abord le metteur en
scène, M. Jerzy Kawalerowicz, et le producteur,
M. Miroslaw Slowinski, d'avoir réalisé un
travail d'une aussi grande envergure, qui révèle
l'actualité du roman de Henryk Sienkiewicz, écrit
il y a plus d'un siècle et qui lui valut le Prix Nobel
en 1905.
Cette nouvelle adaptation cinématographique a été
préparée à l'occasion de l'An 2000. Au
cours du grand Jubilé, le Christ a dans un certain sens
à nouveau traversé les routes de Rome et du monde
entier. Et nous Lui avons répété les paroles
de l'Apôtre Pierre, rapportées par saint Ambroise
(Serm. c. Auxentium, 13) : "Domine quo vadis ?"
- "Seigneur, où vas-tu ?" Jésus, comme à
l'époque, nous a répondu : "Venio iterum
crucifigi" - "Je viens pour être à nouveau
crucifié." C'est-à-dire, je viens renouveler mon
don de salut à tous les hommes, à l'aube du troisième
millénaire. Dans cette perspective, l'intention du metteur
en scène de reproposer la question de Pierre comme étant
adressée à l'homme contemporain prend une profonde
signification : "Quo vadis, homo ?" - "Où
vas-tu, homme ?" Vas-tu vers le Christ, ou suis-tu d'autres
voies, qui te mènent loin de Lui et de toi-même ?
Cette interrogation nous touche encore davantage, si l'on considère
que le lieu dans lequel nous nous trouvons en ce moment est
précisément celui où, il y a deux mille
ans, eurent lieu certains faits racontés par le roman
et le film Quo vadis ? Nous nous trouvons, en effet,
dans la zone du cirque de Néron, où de nombreux
chrétiens subirent le martyre, y compris saint Pierre.
Un témoin muet de ces événements tragiques
et glorieux est l'obélisque, ce même obélisque
qui se trouvait alors au milieu du cirque et qui depuis le XVIe s.
se dresse au centre de la Place Saint-Pierre, cur du monde
catholique. Sur cet obélisque trône la Croix, comme
pour rappeler que la terre et le ciel passeront, ainsi que les
empires et les royaumes humains, mais que le Christ demeure.
Il est le même : hier, aujourd'hui et à jamais.
Le Saint-Père poursuit en polonais :
2. Je remercie profondément de cette soirée
particulière toutes les personnes ici présentes,
en particulier les producteurs du film : le metteur en
scène Jerzy Kawalerowicz, les très bons acteurs
et ceux qui, d'une manière ou d'une autre, ont contribué
à la réalisation de cette uvre.
Une évaluation artistique du film sera effectuée
d'ici peu par la critique. Je désire seulement remercier
pour le respect avec lequel le film a été réalisé
- du respect non seulement pour le chef-d'uvre de Sienkiewicz,
mais surtout pour la tradition chrétienne, dont il est
issu. On ne peut pas comprendre la situation actuelle de l'Eglise
et de la spiritualité chrétienne si l'on ne revient
pas aux événements religieux concernant les hommes
qui, enthousiasmés par la "bonne nouvelle" sur Jésus-Christ,
devinrent ses témoins. Il faut revenir à ce drame
qui eut lieu dans leurs âmes, dans lesquelles s'affrontèrent
la crainte humaine et le courage surhumain, le désir
de vivre et la volonté d'être fidèle jusqu'à
la mort, le sentiment de la solitude face à la haine
impassible et, dans le même temps, l'expérience
de la puissance qui naît de la présence proche
et invisible de Dieu et de la foi commune de l'Eglise naissante.
Il faut revenir à ce drame pour que la question suivante
soit posée : Quelque chose de ce drame a-t-il lieu
en moi ? Le film Quo vadis ? offre la possibilité
de revenir à cette tradition d'épreuves émouvantes
et il aide à se retrouver en elles.
Encore une fois, je vous remercie tous.
Le Saint-Père poursuit en italien :
3. Je remercie à nouveau ceux qui ont offert et organisé
l'avant-première de cette soirée, et je donne
de tout cur à vous tous et à vos proches
une Bénédiction apostolique spéciale."
(www.giubileo.va).
- Retour texte
(16) La très
complète édition Garnier-Flammarion n'en compte
que 500. - Retour texte
(17) Toutes nos citations
de Quo Vadis ? sont empruntées à la
traduction d'Ely Halpérine-Kaminski, dans l'édition
Garnier-Flammarion. - Retour texte
(18) Par exemple la
pompa, la parade dans l'amphithéâtre qui
précède les combats de gladiateurs : on voit
à l'écran un défilé militaire, des
porteurs d'enseignes précédés d'un officier
en char (un tribun ou, plus probablement, un centurion) qui
n'avaient vraiment rien à faire en pareil lieu. - Retour
texte
(19) Découvert
à proximité du palais en 1506 : on suppose
qu'il faisait partie de ces statues razziées en Grèce
pour décorer la Maison Dorée (actuellement au
Vatican). - Retour texte
(20) Cizek, Néron,
op. cit., pp. 317 n. 35, 358 et 375-376 n. 9;
p. 434 il donne la bibliographie de cette question controversée.
- Retour texte
(21) Description dans
Suét., Nér., 31. On trouvera une reconstitution
en 3D de la Domus Aurea sur www.acsys.it
(Société Advanced Computer Managing). - Retour
texte
(22) Cf. Françoise
Liffran (sous la dir.), Rome 1920-1945 (Le modèle
fasciste, son Duce, sa mythologie),Autrement, Série
Mémoires, n° 7, 1991; Philippe Foro, "Archéologie
et romanité fasciste. De la Rome des Césars à
la Rome de Mussolini", in Retrouver, imaginer, utiliser l'Antiquité
(Colloque de Carcassonne, mai 2000), Privat, 2001. - Retour
texte
(23) A propos du palais
de Néron, cf. Eva Bensard, "Un Versailles antique
au cur de Rome : La Maison Dorée de Néron",
in Archeologia, n° 362, décembre 1999,
pp. 30-35. Pour la peinture romaine, on se reportera à
Alix Barbet, "La peinture romaine. Le Centre d'étude
des peintures murales romaines à Soissons", in Archeologia,
n° 71, juin 1974; "La peinture romaine. Le métier
du peintre. Evolution des styles", Histoire et Archéologie,
n° 89, décembre 1984; "Le décor romain.
Les méthodes de relevé et de restitution", Dossiers
Histoire et Archéologie, n° 119, septembre
1987. - Retour texte
(24) Au départ,
4 épisodes seulement étaient prévus.
- Retour texte
(25) Champion du monde
de judo. - Retour texte
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