Pour compléter les informations sur
les grandes
familles patriciennes et plébéiennes
romaines, publiées en marge de notre dossier
consacré à la série-TV Rome
(HBO), Gricca nous fait encore part des précisions
suivantes.
A propos
des noms gentilices
Le nomen gentilicium : C'est la dénomination
commune par laquelle on désigne tous les membres
de la gens, tous ceux qui en font partie : hommes et
femmes, affranchis et clients. Le gentilicium romain,
celui des vieilles familles patriciennes, se termine
en -ius : Claudius, Fabius, Julius. Celui des
familles venues d'Ombrie ou du Picenum se termine en
-anus ou -enus : Norbanus, Labienus. Les
familles venues d'Etrurie se reconnaissent aux terminaisons
-as : Mæcenas, Mænas, ou à
la désinence -arna (Mastarna), -erna
(Perperna), -inna (Spurinna). Les gentilices
se terminant en -avus ou -acus sont pour
la plupart d'origine gauloise. Ceux en -innes
et en -icus viennent de l'Illyricum et de la
Lusitanie, car toutes les familles ne venaient pas de
Rome.
Nouvelles familles sénatoriales
d'origines italiennes
Je donne ici le nombre de sénateurs originaires
de villes italiennes au IIe s. avant J.-C. :
Le Latium fournit 16
familles de nouveaux sénateurs, l'Etrurie
5, la Sabine 3, la Campanie 2, le Picenum,
l'Ombrie et la Vénétie 1
chacune.
Au cours du Ier s. avant J.-C.
toutes les cités de la péninsule reçurent
la citoyenneté et s'intégrèrent
dans une Italie unifiée. Les pertes des guerres
civiles imposèrent aussi un renouvellement de
la classe politique et favorisèrent l'émergence
de nouveaux venus. Les chiffres augmentèrent,
le Latium fournit 89 familles, le Picenum
24, la Campanie et le Samnium 22 chacune,
la Sabine et l'Etrurie 20 chacune, la
Vénétie et l'Istrie réunies
15, l'Ombrie 13, l'Apulie et la Calabre
réunies 12, l'Emilie 8, la Lucanie
et le Bruttium ensemble 8, la Ligurie
et la Sicile encore aucune.
A la mort de
Trajan en 117, il ne restait que deux membres des familles
patriciennes authentiques. Le dernier descendant des
familles patriciennes de la République, un membre
de la gens Cornelia, mourut sous Hadrien, et les empereurs
durent pratiquer l'adlectio inter patricia :
6 familles sous Hadrien, 6 sous Antonin (138-161), 9
sous Marc Aurèle (161-180); le choix s'effectua
parmi d'anciennes familles sénatoriales plébéiennes
et italiennes. De nombreuses familles sénatoriales
ne purent se perpétuer au sénat. Sous
Trajan, il y avait encore 82 familles dont l'entrée
à l'assemblée remontait au IIe et au Ier
s. avant J.-C.; mais à l'époque de Septime
Sévère (193-211) un très petit
nombre seulement remontait à plus d'une ou deux
générations. Il fallut créer de
nouveaux sénateurs et il y eut une baisse de
pourcentage des sénateurs italiens : de 66 %
sous Trajan (98-117), ils ne représentaient plus
que 56 % sous Hadrien et 50 % environ sous Septime Sévère.
La montée des provinciaux se traduisit par une
baisse des Occident (76 % des provinciaux sous Domitien
(81-96), 56 % sous Trajan, 46 % sous Hadrien et entre
10 à 15 % sous les Sévères) et
une augmentation des Orientaux (16 % des provinciaux
sous Domitien, 35 % sous Trajan, 60 % sous Commode et
les Sévères). A part le fils de Pompeius
Theophanes de Mytilène qui entra au Sénat
sous Augsute (mort en 14), les premiers sénateurs
des provinces orientales, particulièrement d'Asie
et de Lycie-Pamphylie, étaient apparus sous Claude
et Néron (41 à 68). C'est Vespasien (69-79)
qui activa le processus, Hadrien (117-138) en fit, tout
au plus, que de l'accélérer, si bien qu'à
la fin du IIe s. après J.-C., un tiers du Sénat
était des orientaux. Les Africains représentaient
6 % sous Trajan, 16 % sous Hadrien, entre 26 et 32 %
sous Commode et les Sévères (180 à
235). Pour suivre l'évolution d'ensemble indiquons
que les provinciaux qui représentaient sous Caracalla
(211-217), 57,4 % du Sénat, en compteront à
la fin du siècle 65 %. A cette date, il y avait
bien longtemps que l'empire était gouverné
par ces provinciaux, lesquels finirent même par
ne plus résider à Rome.
Courtes notices sur les familles
concernant César et Auguste
La gens Attia : famille plébéienne,
peu connue sous la République, qui allait devenir
illustre dès le début de l'empire grâce
à la nièce de César, Attia (fille
de sa sur Julia qui avait épousé
M. Attius Balbus), qui devait donner le jour à
Auguste. C'est alors qu'on découvrit à
la gens Attia un ancêtre dans la mythologie romaine.
La gens Claudia
: Une des plus anciennes familles romaines. Elle
se divise en deux branches : patricienne et plébéienne.
Originaire de Régille en Sabine, elle émigra
vers Rome avec une foule de clients peu après
la fondation de la Ville, à l'instigation de
Titus Latius [Titus Tatius - N.d.M.E.],
le collègue de Romulus, ou mieux, environ 5 ans
après l'expulsion des rois. La branche des Pulchri
exerça les charges consulaires pendant deux siècles
de suite jusqu'à la fin de la République.
La branche des Nero donna trois empereurs. Ils furent
des aristocrates orgueilleux, défenseurs implacables
du prestige et de la puissance de l'ordre des patriciens.
La branche plébéienne des Claudii fut
celle des Marcelli (ce cognomen vient de Marcus signifiant
marteau). On ne sait à quelle époque et
dans quelles circonstances se forma cette branche. On
suppose qu'à l'origine il s'agissait de certains
clients de la gens Claudia qui, après l'entrée
en vigueur de la loi autorisant les mariages mixtes,
auraient épousé des filles de leurs patrons.
C'est à partir de M. Claudius Marcellus, héros
de la guerre hannibalique, que cette famille prit de
l'importance et bénéficia d'une grande
considération. Son dernier représentant
fut le neveu d'Auguste mort à l'âge de
18 ans en -23.
La gens Julia
: famille patricienne, originaire d'Albe, venue
s'établir à Rome avec d'autres familles
de leur cité, sous le règne de Tullus
Hostilius. Ils prirent pour cognomen le nom de leur
fondateur légendaire Jules, fils d'Enée
et par lui, petit-fils de la déesse Vénus.
La branche des Julii Cæsares ne fit son apparition
que dans la première moitié du IIIe s.
avant J.-C. à la suite de l'exploit accompli
par un Lucius Julius lors de la première guerre
punique. Il aurait vaincu un éléphant
(Cæsar en punique c'est l'éléphant).
A la suite des affranchissements et de l'octroi du droit
de cité prodigués avec une généreuse
désinvolture par César, la gens Julia
se trouva littéralement envahie par des provinciaux
et des anciens esclaves.
La gens Livia
: Une famille plébéienne, d'origine
latine, qui venue s'établir à Rome et
admise au droit de cité en - 338 seulement, parvint
à se faire passer pour patricienne. Suétone
lui donne 8 consulats (ou 6), 2 censures, 3 triomphes,
1 dictature et 1 maîtrise de la cavalerie. Une
Livie épouse Auguste. Auparavant rares furent
les Livii dont les exploits eurent revêtus un
éclat particulier. On y distinguait deux branches
principales : les Drusi (d'après Suétone
un Livius reçut ce surnom pour avoir tué
dans un combat au corps à corps un chef gaulois
nommé Drausus) et les Salinatores (sauniers peut
être à cause de l'exploitation de salines).
Et la plèbe ?
Enfin un mot sur la plèbe pour dire qu'on considère
celle-ci comme un dérivation de la clientèle,
c'est la rupture du lien de dépendance personnelle
qui aurait fait passer les clients au rang des plébéiens. |