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De La Chute de l'Empire romain
à Gladiator
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9. A propos des combats
de gladiateurs (2) :
Les gladiateurs au cinéma (1)
Une des premières apparitions des gladiateurs au cinéma
est dans le Quo Vadis (1912) d'Enrico Guazzoni. L'on y
voyait le mirmillon vainqueur guettant la sentence impériale,
un pied sur la poitrine du rétiaire vaincu qui, implorant
sa grâce, tend le doigt vers le pulvinar, la loge
de l'empereur. C'était, en fait, un tableau vivant, décalqué
sur une toile célèbre de Gérôme, Pollice
Verso. Lequel, comme chacun sait, avait une fascination toute
particulière pour les sujets inspirés de l'amphithéâtre.
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A gauche : Pollice Verso (1874),
de Jean-Léon Gérôme, point de départ
du Gladiator de Ridley Scott.
A droite, une première interprétation filmique
: Quo Vadis (1912) d'Enrico Guazzoni |
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Cette institution du meurtre ludique
et légalisé - la gladiature -, pour nous choquante,
par son sujet scabreux et exotique est un poncif de Rome. On peut
même dire que c'en est «le» poncif par excellence.
Mettant en scène des combattants émérites
ou les martyrs du christianisme, l'amphithéâtre proposait
une leçon de courage et de bravoure qu'affectionneront
à représenter les Peintres du Salon - les Pompiers.
Prétextes à scènes d'action et pompes spectaculaires,
les fastes de l'arène trouveront une large répercussion
dans les fresques cinématographiques.
9.1. Un héros : Spartacus
Le plus célèbre de ces combattants de l'amphithéâtre
est Spartacus. Spartacus
précisément, en qui, depuis Diderot, on a voulu
reconnaître un précurseur de l'abolition de l'esclavage.
Spartacus à qui dramaturges et romanciers auront tôt
fait de prêter des aventures sentimentales... (cf.
Bernard-Joseph Saurin [1760], le garibaldien Raphaël Giovagnoli
[1901], l'anarchiste Urbain Gohier [1905] [2]).
La porte était ouverte à l'affabulation romanesque.
Spartacus,
qui n'était qu'un brigand acculé au désespoir
et à la révolte, a eu le bonne fortune posthume
de séduire certains intellectuels sous la révolution
française (Babeuf, certains Jacobins), puis les premiers
communistes allemands, en 1916 (les Lettres de Spartacus
de Karl Liebknecht). Ce qui n'empêchera pas le plus bourgeois
des monarques, Louis-Philippe, de lui faire ériger par
Foyatier une statue dans le Jardin des Tuilleries. Dans le Pays
de l'Est au temps du communisme, il est officiellement plus populaire
que le Christ (cf. les Spartakiades, etc.). Spartacus est aussi
le nom d'un robot médical (avec tout ce que «robot»
impliquer de connotations), un annuaire «gay», etc.
Dans le film Y a-t-il un pilote dans l'avion ?, un personnage
parfaitement équivoque demande à un jeune garçon
: «Et toi, est-ce que tu aimes les films de gladiateurs
?». Il a fait le bonheur de tout le monde - des petits et
des grands -, de Spartakus le voleur, sorte de Robin-des-Bois
sympathique du dessin animé Les mondes engloutis (3)
au mercenaire Spartacus, membre du commando anti-terroriste des
Loups entre eux (4).
Paradoxe ?
Sa vie et ses amours seront maintes fois portés à
l'écran : |
- Spartacus, o Il gladiatore della Tracia, d'Ernesto
Maria Pasquali, IT, 1911;
- Spartacus, ovérro Il gladiatore della Tracia,
de Giovanni Enrico Vidali (Prod. Pasquali - remake du précédent),
IT, 1913;
- Spartacus, Prod. Cines (avec Anthony Novelli), IT,
1914;
- Spartacus, 1919 [?];
- Spartaco, Il
gladiatore della Tracia, de Riccardo Freda, IT, 1952;
- Spartacus,
de Stanley Kubrick (produit et interprété par
Kirk Douglas), EU, 1960;
- Il figlio di Spartaco, de Sergio Corbucci, IT, 1962;
- La vendetta di Spartacus, de Michele Lupo, IT, 1964;
- Spartacus
e I dieci gladiatori, de Nick Nostro, IT, 1964;
- Hercule défie Spartacus (Il gladiatore che sfido
l'Impero), de Domenico Paolella, IT, 1964;
- Spartacus, de Vadim Derbenev & Yuri Grigorovich,
1975 (5);
- Spartacus,
d'Elie Chouraqui, 2003;
- Spartacus,
de Robert Dornhelm, 2004 [TV];
- «Spartacus», épisode de la série
docufiction Rome : grandeur et décadence d'un Empire,
de Rex Piano, 2008 [TV];
- Morituris,
de Raffaele Picchio (tournage annoncé).
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9.2.
Où deux sensibilités s'opposent...
9.2.1. Hollywood, ou l'édification
Dans un premier temps - jusque vers la fin des années
'50 - le péplum est prétexte à refléter
les bons sentiments du roman historique antico-chrétien
édifiant, d'E.G. Bulwer-Lytton à Frank G. Slaughter,
en passant par le cardinal N.P. Wiseman, Lew Wallace, H. Sienkiewicz,
Mika Waltari et Lloyd C. Douglas (tous portés à
l'écran - sauf Slaughter [6]).
La pure jeune fille est livrée à la lubricité
d'un cynocéphale, dans Le signe de la Croix (1932).
Le martyre de saint Sébastien est consommé, et Rhual,
autre gladiateur repenti, refuse de combattre dans l'arène,
dans Fabiola (1947). Ursus arrache au taureau furieux la
douce Lygie, dans Quo Vadis (1951). La Tunique (1953),
d'après le roman de Lloyd C. Douglas, s'achève sur
les images du héros et de l'héroïne marchant
vers le supplice, dans l'arène. Et la séquelle de
La Tunique : Les gladiateurs (1954), campe Victor
Mature en pittoresque brute oscillant entre l'épée
simplificatrice et les béatitudes de la Foi...
Il y a aussi la figure tragique de Lydon - le jeune gladiateur
qui s'est engagé pour gagner la somme nécessaire
au rachat son père esclave, dans le roman de Bulwer-Lytton
- qui est un protagoniste des Derniers jours de Pompéi
(Peter Hunt, 1984). Lydon avait précédemment inspiré
le personnage de Marcus, le forgeron qui - pour gagner de quoi
soigner son fils malade -, devient gladiateur. L'enfant ayant
succombé sur ces entrefaites, il se muera peu à
peu en champion dur et brutal jusqu'à ce que, parvenu au
faîte de sa gloire, la brute repentie se convertisse au
christianisme (Les derniers jours de Pompéi, Schoedsack,
1935).
a. Hommes de mains...
Beaucoup de gladiateurs deviendront instructeurs, gardes du corps
ou milices privées. Le gladiateur Croton égaye les
banquets, mais sert de garde du corps occasionnel à Vinicius
dans Quo Vadis. C'est au cours d'une tournée nocturne
du patricien qu'il se fera briser le crâne par Ursus.
Verulus (Anthony Quayle), compagnon et confident de Commode,
est aussi son père - le glorieux gladiateur ayant été
l'amant de l'impératrice Faustina [La chute de l'Empire
romain]. Il y a aussi Marcos [Macron ?], l'homme de main de
Caligula [Les gladiateurs]. Dans ce dernier film on voit
Messaline venir observer la libera cena, le dernier repas
des combattants, la veille d'un combat; certains d'entre eux protestent
contre l'arbitraire de combats non prévus par leur contrat
(?) (idem dans le Spartacus de Kubrick). Mais l'une
des plus belle composition gladiatorienne est celle de Jack Palance,
dans Barabbas, où il incarne Thorvald, un essédaire.
C'est un «spectatus», une vedette de l'amphithéâtre.
Il faut voir ses mimiques extatiques - la griserie du sang qui
fait palpiter ses narines lorsqu'il pousse son char à faux
dans l'arène, où il va étriper quelque novice
mal armé. Et sa mort misérable, pathétique
même, après sa rencontre avec le rétiaire
Barabbas (Anthony Quinn). Déjà la foule a oublié
celui qu'elle acclamait un instant plus tôt comme son idole.
Thorvald est mort, vive Barabbas !
b. Les infâmes, les oubliés...
Il y a, enfin, le prince juif Judas Ben Hur, fils adoptif du tribun
Quintus Arrius, un chevalier enrichi par le trafic de l'annone
et la spéculation sur la chair humaine.
Q. Arrius déclare en substance au rameur 41 (Ben Hur) :
«Je suis un soldat. Et pendant mes loisirs, je forme
des hommes pour le combat dans l'arène.» Il n'était
pas déshonorant, pour un Romain, de posséder un
ludus privé, à condition que ce ne fusse
point son unique activité. Le gros roman de Wallace, évidemment
plus disert que le film de Wyler, nous apprend sans être
trop prodigue de détails, que Ben Hur ne fut pas seulement
un aurige chanceux à Rome, mais aussi un gladiateur réputé.
Les films de F. Niblo (Ben Hur, 1926) et W. Wyler (1959),
américains et «bien pensants» omettent ce détail
scandaleux, cette tache dans la vie du héros : boucher
de l'amphithéâtre. Le roman se bornait à fonder
sur ce passé gladiatorien l'expérience au combat
corps à corps de Judas Ben Hur, tombé dans un guet-apens.
A l'écran, il sera jugé plus décent de montrer
Ben Hur seulement champion de course de chars. Les pilotes de
courses automobiles, les cameramen de la TV qui risquent leur
vie pour filmer une guérilla urbaine, les cascadeurs de
cinéma qui prennent des risques insensés pour nous
étonner : voilà les gladiateurs de notre XXe s.
Rien n'a changé depuis la Rome antique : la mort reste
un «show» qui se vend bien.
9.2.2. Cinecittà, ou Sept mousquetaires
contre un tyran
Dans la série des films cités plus haut, un seul,
Fabiola (1947) était italien, tous les autres étant
américains. L'on y voyait Rhual refuser de combattre (comme
Démétrius [V. Mature] dans Les gladiateurs)
et briser son trident sur son genoux; une affiche française
en fera son sujet principal. Est-ce à dire que les Italiens
ont de la gladiature une perception toute différente ?
De nombreux péplums italiens graviteront autour du thème
du gladiateur. Les Romains considéraient la gladiature
comme un métier infâme : mais tous les gladiateurs
n'étaient pas des condamnés, il y avait des professionnels.
Aussi les Romains englobaient-ils dans leur mépris le laniste
qui les formait, ravalé au même rang que le «leno»,
le proxénète («lanista» et «leno»
étant deux termes apparentés signifiant, en somme
: «marchands de chair humaine»).
Paradoxalement - et par opposition à l'athlète pacifique
des jeux grecs - ils exaltaient la virilité du gladiateur
recevant la mort sans faiblesse.
En fait de professionnels, «les gladiateurs étaient
des mercenaires intéressants» - pour reprendre l'expression
de Pierre Dupuis, un des dessinateurs de la série «Olac
le gladiateur», commentant l'épisode des gladiateurs
de Marc Antoine.
a. Les gladiateurs de Marc Antoine
Antoine faisait entraîner à Cyzique une «famille
gladiatorienne» en vue d'offrir un combat pour célébrer
la victoire qu'il escomptait remporter à Actium. Vaincu,
Antoine rentra en Egypte cependant que ses alliés le trahissaient
les uns après les autres. Seuls ses gladiateurs lui demeurèrent
fidèles et entreprirent de le rejoindre à Alexandrie.
Pour ce faire ils durent traverser l'Asie Mineure et la Syrie,
livrant plusieurs combats contre les autorités octaviennes.
Finalement encerclés et sans réponse de leur maître
à qui ils avaient envoyé un courrier - le croyant
mort, donc - ils consentirent à déposer les armes
contre promesse de ne plus devoir combattre dans l'arène;
il semble qu'ils furent incorporés dans l'armée
d'Octave et dispersés entre plusieurs unités. Dion
Cassius (Hist. rom., LI, 7) s'est étonné
de trouver tant de loyauté chez des hommes de la condition
la plus vile, alors que tant de princes et d'hommes bien nés
avaient froidement abandonné la cause d'Antoine, dont ils
étaient les débiteurs.
Dans Les légions de Cléopâtre, l'on
rencontre de ces gladiateurs d'Alexandrie. Ils vont prêter
main-forte au tribun Lucillius (Ettore Manni) chargé par
Octave de démasquer un complot égyptien dirigé
contre Marc Antoine et de ramener ce dernier dans l'orbite de
Rome. Peut-être étaient-ils des survivants de cette
troupe des gladiateurs d'Antoine qui avaient traversé l'Asie
Mineure pour retrouver leur «patron» - le film ne
le dit pas.
b. Justiciers
A partir de 1963, dans les péplums italiens, le gladiateur,
à l'exemple de Spartacus, devient facilement un héros
positif qui, comme le centurion vengeur, punit les méchants
empereurs et rétablit l'ordre et la justice, la «Pax
romana». Dans ces bandes d'aventure enlevées à
la manière de Zorro, le gladiateur conférera le
pouvoir à un sénateur éclairé ou a
un général intègre : à Pertinax qui
succède à Commode (La fureur des gladiateurs),
à Claude après que Caligula ait été
assassiné (Hercule contre les mercenaires) (7).
On se gardera bien de spécifier au spectateur quels excès
seront reprochés au nouveau règne. La «suite»
dans un autre film, peut-être ? Dans Spartacus et les
dix gladiateurs (1964), dix gladiateurs sont «bannis»
des arènes de l'Empire et se retrouvent sans emploi - donc,
sans gagne-pain. Dans sa «suite», Le triomphe des
dix mercenaires (1964) (notez le changement de statut attesté
par le titre français, infidèle à l'original)
et dans Maciste contre les géants (1962), nos gladiateurs
sont commandités tantôt par le Sénat, tantôt
par des politiciens véreux, pour des missions «musclées»
à la limite de l'illégalité, comme de rétablir
l'ordre dans un royaume satellite. Dans ce dernier film, Maciste
contre les géants, les gladiateurs seront - pour une
fois - des méchants, des tueurs capables des pires forfaitures
pour prix de leur affranchissement; à eux s'opposera le
généreux Maciste.
Dans Le magnifique gladiateur (1965), le trône de
Gallien sera préservé des entreprises d'un préfet
du prétoire trop ambitieux par «Hercule», un
gladiateur dace; dans Hercule contre les mercenaires (1964),
un autre «Hercule», gladiateur breton cette fois,
aide la faction sénatoriale à liquider les malfaisants
Caligula et Messaline. Enfin, dans La vengeance des gladiateurs,
le fils d'Ætius aidé de six amis gladiateurs tentera
d'empêcher le Vandale Genséric de mettre Rome à
sac !
Nous sommes très loin de la dénonciation de la
gladiature chère aux films américains (8)
- et à toute la théorie de leurs «péplums
édifiants» où sont racontés les martyrs
du christianisme (9).
Littéralement décalqués sur «les-trois-mousquetaires-qui-étaient-quatre»,
les gladiateurs sont de joyeux compères qui se battent
et s'enivrent dans les «tabernæ», et sont toujours
prêts à mettre leur épée au service
de la veuve et de l'orphelin. Associés à des comédiens
ambulants, les gladiateurs de La révolte de Sparte
vivent des aventures décalquées sur un classique
de la littérature de cape et d'épée, Le
capitaine Fracasse. Les titres ronflants feront état
de leur «révolte», de leur «vengeance»,
«fureur», «invincibilité», «triomphe»
ou «terreur»; de leur «force» superlative
ou de leur «retour»...
Les Italiens, qui n'aiment pas trop se rappeler certains aspects
de Rome, se ménagent ainsi des «happy end»
factices. Leurs gladiateurs, parfois, s'arrangent vraiment très
facilement avec le pouvoir !
Ce qui était, à la rigueur, supportable de la part
d'un nobliau gascon, officier des Mousquetaires du Roy, aurait-il
été tolérable de la part d'un glaive de Subure
ou... d'un rétiaire maure ?
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Partenaire de Russell Crowe,
l'acteur Djimon Hounsou entre dans l'univers de la BD par
le biais de Murena, la série-culte de Dufaux
et Delaby |
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9.2.3. La gladiature
grecque
Contamination ? Les combats de gladiateurs sont allégrement
confondus avec les jeux athlétiques grecs. La plupart des
péplums se rapportant à l'histoire (10)
ou à la mythologie grecques montrent Hercule (11),
Persée (12) ou quelque
«gladiateur spartiate» luttant pour sa vie dans l'arène.
L'hérésie historique est de taille : il n'y eut
jamais d'amphithéâtre en Grèce, sauf dans
la colonie - romaine - de Corinthe ! Contrevérité
regrettable. Et il y en aura encore moins à Rhodes, ville
dont Dion Chrysostome, fin du Ier s. de n.E., nous a conservé
le souvenir de son hostilité à ce genre de pratiques
(DION, Discours rhodien, XXXI, 123) - ce qui n'empêchera
pas Sergio Leone de relancer dans l'amphithéâtre
l'intrigue de son Colosse de Rhodes (1960), dont l'action
se passe au IVe s. av. n.E.
Gladiateurs spartiates
A l'époque romaine, la Grèce avait fini - non sans
de nombreuses réticences - par se mettre «à
la gladiature». Apulée (Ane d'or, IV, 13)
parle de venatio, homme contre bête, en Béotie.
Les combats se déroulaient dans des structures provisoires,
hors de la ville, ou dans des théâtres - ainsi celui
d'Athènes (PLUTARQUE, Moralia, 1099 B) (13).
Le péplum aimera rapprocher la rudesse des murs
spartiates des virils principes de la gladiature romaine. Ayant
entrepris de dissoudre la Ligue achéenne et de soumettre
les cités grecques, Rome n'avait-elle pas trouvé
en les Lacédémoniens le «peuple frère»
?
Plusieurs films auront pour héros des gladiateurs spartiates,
soit à Rome (Maciste et les cent gladiateurs [=
Maciste, il gladiatore di Sparta], sous le règne
de Vitellius ou L'Honneur des Gladiateurs [Held der
Gladiatoren] de Jorgo Papavassiliou), soit à Sparte
même (Les sept gladiateurs, 1962; La révolte
de Sparte, 1963). Les deux derniers titres situent l'action
en -192 et évoquent la lutte de gladiateurs patriotes contre
le dernier tyran de Sparte, Nabis (14).
Les sept invincibles (1963), conte les exploits de sept
brigands qui ressemblent fort à nos gladiateurs, opposés
à Rabirio - tyran spartophile de Sidon (Sidé ?)
- pendant la campagne d'Agésilas II en Asie Mineure, une
péripétie de la guerre du Péloponnèse.
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Heros, le centurion romain
d'origine spartiate, connaîtra la discipline infernale
des gladiateurs, sous la férule d'un instructeur
arabe qui ne jure que «par Allah» ! Ah ! ces
BD... («Heros the Spartan», in Eagle,
vol. 16, n 35, 28 août 1965) |
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9.2.4. La bande dessinée...
Simultanément, la BD devait refléter cette thématique.
Par exemple Frank Bellamy qui, en 1963, crée dans le magazine
britannique Eagle, le personnage de Heros, un centurion
romain d'origine spartiate [«Heros the Spartan»].
En fait, les auteurs ne distinguent plus très bien la
nuance entre les jeux grecs et la gladiature romaine. En 1962,
le Français Pierre Dupuis - qui vient de reprendre la série
anglaise «Olac the Gladiator» -, dessinant les Jeux
isthmiques, campe son héros en discobole, dans un décor
d'amphithéâtre romain (Olac, n 21, 1ère
pl.) (15).
En 1965, un autre continuateur de la même série
- Ruggero Giovannini - allait bien plus loin. Olac, cette fois,
concourrait contre les athlètes spartiates aux Jeux olympiques.
Sparte la guerrière, en effet, s'était révoltée
contre l'occupant romain qu'elle méprisait; il s'agissait
donc de prouver aux Spartiates la valeur physique du combattant
romain.
L'épreuve de course à pied se dispute sur le sommet
étroit d'un mur circulaire orné de statues qui barrent
le passage et qu'il faut contourner. Des concurrents malchanceux
tombent dans le vide; d'autres manquent de s'empaler sur l'épée
tendue du dieu de la guerre... La course de chars à faux
(comme dans Ben Hur, 1959) (16)
! se dispute dans les rues étroites d'Olympie et le «marathon»
(17) - ou plus exactement
la course armée - dans un désert, la vallée
d'Hadès, occasion pour les rivaux de s'étriper joyeusement
au détour d'un sentier; le saut, au-dessus de braises ardentes;
la lutte, dans un enclos garni de pointes acérées
etc. L'imagination sadique du dessinateur s'en donne à
cur joie (Olac, ns 56-59).
Olac le Gladiateur
Pierre Dupuis s'est expliqué (18)
de son travail sur «Olac» : «J'ai repris
Olac au numéro 19. On m'a donné quatre ou cinq
des numéros précédents, dessinés par
Don Lawrence, et on m'a prié de me débrouiller,
de faire mes scénarios, de prolonger le style, etc.
A l'époque je faisais tellement de choses, simultanément...
Cap 7, Kwaï le Trappeur, Mac Gallahan, Erik le Viking...
Je dessinais jusqu'à cent planches par mois (format
poche). J'utilisais et je faisais n'importe quoi.
(...) On allait jusqu'à l'extrême, jusqu'à
l'absurde, à l'époque. La BD, c'était l'imaginaire...
On se défoulait complètement. En plus je m'amusais
à brouiller les pistes. J'avais avec mon éditeur
- Jean Chapelle - des rapports bizarres, parfois bons, parfois
mauvais. Alors quand il m'em... un peu trop, je m'amusais à
lui faire des farces. J'expédiais Olac dans des époques
impossibles, des situations extravagantes. J'ai même envoyé
Olac auprès d'une tribu qui s'appelait les «Bitèles»
(les Beatles !). Je leur avais fait des scarabées sur les
boucliers, et leur chef avec de grandes moustaches... Ringo le
Terrible ! Quelle rigolade. Chapelle ne s'en est jamais aperçu
: les Beatles, il ne connaissait pas. Il était trop bourgeois.
Olac ? Il ne savait même pas qui c'était...
(...) Olac, c'était un «Marine» de l'époque.
Mais de temps en temps, il avait une conscience. C'était
un type intelligent. Il n'était pas très intellectuel
- mais il l'était quand même un peu plus que Schwarzenegger
ou Rambo ! De temps à autre, il avait des discussions philosophiques
: avant de zigouiller ses ennemis il discutait avec eux.
(...) Les «Marines» sont des gladiateurs... et
aussi les troupes d'élite de l'Armée rouge, de l'armée
vietnamienne ou les esbolas... On donne dans les camps d'entraînement
palestiniens une formation combattante redoutable, qui vaut bien
celle qu'on inculquait dans les casernes de gladiateurs. A cette
différence près qu'on ne leur demande pas de s'entre-tuer
dans l'arène pour le plaisir de l'empereur et du peuple
- car ces gladiateurs modernes, on a besoin d'eux comme mercenaires...
J'ai fait une autre BD gladiatorienne, Spartacus : plus
sérieuse celle-là. Elle sera même rééditée,
dans Submarine, en 1974. C'est complètement différent
d'Olac, mieux dessiné, plus lyrique. Je m'étais
inspiré du ballet de Khatchatourian (19).
Le personnage de Spartacus est dessiné d'après
le danseur du Bolchoï Vladimir Vassilyev. Ma scénariste,
du reste, était Sylvie de Nussac, critique au Monde.» |
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Spartacus, BD de Pierre-Léon Dupuis |
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Si la violence est omniprésente
dans cette BD, elle n'est en réalité que suggérée
: la loi française de 1949 sur la violence et la moralité
dans la BD veille tout de même un peu ! On imaginera sans
peine les situations impossibles dans lesquelles se mettent les
auteurs chaque fois que leur héros - champion de César
- descend dans l'arène.
Créé par Brian Leigh dans le magazine britannique
Tiger en 1958, Olac the Gladiator fut continué
dans Champion et dans Valiant par le maître
anglais de l'hyperréalisme Don Lawrence et Willie Patterson;
ensuite Carlos Roume, le peintre d'histoire Ron Embleton (qui
en signa au moins un épisode) et Ruggero Giovannini continueront
la saga.
En France, de janvier 1961 à mai 1968, «Olac le Gladiateur»
sortit en petit format chez Chapelle (SFPI) au long de 88 fascicules.
Comme le matériel britannique se faisait rare, les épisodes
dessinés par C. Roume et R. Giovannini seront, à
partir du numéro 19, publiés en alternance avec
d'autres dessinés pour l'édition française
par Pierre Léon Dupuis. Quelques épisodes parurent
également dans un autre petit format français, En
garde !, du numéro 56 au 59; deux épisodes de
Don Lawrence seront également réédités
chez MCL respectivement en avril et juin 1980. A noter que dans
le courant des '80, l'éditeur néerlandais Oberon
publiera une demi-douzaine d'albums Olac en couleur, sur
papier couché.
Olac est un gladiateur Breton d'une absolue dévotion à
Rome. Entre deux combats dans l'amphithéâtre, il
est l'homme des missions spéciales, tour à tour
garde du corps, barbouze ou légionnaire. Les scénaristes
rusent pour conserver au héros-tueur un statut sympathique.
Aucun adolescent n'accepterait une brute pour héros. Olac,
donc, ne tue que des ennemis présentés comme irrémédiablement
mauvais - et dans le feu de l'action, jamais de sang froid. Jamais
il n'aura, donc, à achever un ami vaincu ou un adversaire
loyal : soit il obtiendra la grâce de l'empereur, soit la
survenance d'un événement empêchera l'exécution
de la sentence, soit encore, le pouvoir étant exercé
par un mauvais magistrat, Olac se révolte.
Ce sont à peu près les mêmes
principes qui présideront aux films italiens, sauf que
les héros-gladiateurs descendront de plus en plus rarement
dans l'arène - réservant leur énergie pour
se battre presqu'exclusivement dans les tavernes, contre les sbires
du tyran ou les «méchants» prétoriens.
Rapprochez cette situation de celle, classique, des films de cape
et d'épée : les Mousquetaires du Roy contre les
spadassins du Cardinal !
Moins spécifiquement axé sur la jeunesse - mais
bien sur le grand public -, le cinéma est moins précautionneux
que la BD. Dans Les gladiateurs les plus forts du monde,
les sept gladiateurs aux masques de loup, liquident dans l'arène
les adversaires qui leur sont opposés, sans le honteux
besoin d'une quelconque justification. Les motivations de l'ennemi
importe peu : ce sont des mercenaires, des ennemis qu'il faut
abattre - la survie de nos héros en dépend... |
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9.3.
Les personnages
9.3.1. Les gladiatrices
Les premières furent des patriciennes dévoyées.
Elles apparurent, semble-t-il, sous Néron, en 63 (TACITE,
An., XV, 32). Sous Domitien, elles seront de toutes provenances
et conditions (SUÉTONE, Dom., 4). Devenues facteur
de désordre et de troubles, les gladiatrices seront finalement
proscrites de l'arène par un édit de Septime Sévère,
en 200. Il semblerait qu'elles étaient opposées
aux fauves, dans des venatio.
On les aperçoit très brièvement, amazones
armées de faux, dans Le
signe de la Croix (1932) [séquence tombée
dans la réédition d'après-guerre] et de manière
plus fugace encore dans Barabbas
(1961) : dans ces deux films elles luttent contre des nains.
Notons La révolte
des gladiatrices (1973), ou la révolte à
Brindisium, en 45, de quatre femmes dont une patricienne vendue
comme esclave après le massacre de sa famille par les proscripteurs
syllaniens (erreur chronologique). On retiendra une scène
superbe : une jeune femme est parée et armée par
ses consurs selon un rituel solennel - qui rappelle l'adoubement
chevaleresque -, sur une très belle musique de Francesco
De Masi.
Plus au quotidien, Anno
Domini (1984), fait un bout de conduite à un ménage
gladiatorien sous Néron : il s'agit de professionnels de
condition libre; lui est un ancien sicaire; elle une patricienne
déchue.
Autre variation : Attila, fléau de Dieu (1953).
Des danseuses costumées en gladiatrices égayent
un banquet de Valentinien III. Celle qui mime être vaincue
est... réellement décapitée. Et pendant que
rebondit sa tête ensanglantée, Valentinien - mauvais
plaisant - lâche ses guépards au milieu des convives
! Images de la décadence suprême...
Les gladiatrices (1962) est, en fait, un film d'heroic
fantasy, imaginant une civilisation amazonienne il y a 10.000
ans. Dans les années 70, plusieurs films axés sur
les Amazones de la mythologie seront à mettre en parallèle
avec la gladiature féminine; citons Les Amazones
(Terence Young, 1973)...
9.3.2. Les panoplies
Le cinéma n'est pas excessivement
sérieux en ce qui concerne l'équipement des
gladiateurs. Par exemple la protection du bras. Pour mémoire,
il en existe de deux sortes : |
- |
la manica, qui protège
le bras droit des épéistes (mirmillon, samnite,
secutor, provocator...) et |
- |
e galerus (manica avec
protège épaule plus développé),
qui se porte sur le bras gauche... Particulier au rétiaire,
le galerus tient lieu à la fois de casque et
de bouclier que celui-ci ne possède pas. Souvent, les
films italiens montrent les épéistes avec la
manica à gauche, revêtant le bras qui
tient la parmula (petit bouclier), ce qui constitue
un double emploi. |
La plupart des gladiateurs combattaient torse nu; nous savons
que le crupellarius était entièrement recouvert
d'écailles de fer; nous ignorons si l'hoplomaque (20)
ou hoplite était cuirassé comme le fantassin lourd
hellénique dont il était dérivé. Pourtant,
au cinéma, le gladiateur porte parfois une cuirasse (thorax),
tel Commode dans La fureur des gladiateurs, ou plus souvent
encore, sur la poitrine, le cardiophylax - un disque de
métal, accroché à deux baudriers croisés
(principe des vélites de l'ancienne légion romaine).
Un détail amusant : dans Rêve de singe [Ciao,
maschio] (Marco Ferreri, 1978), une sorte de musée
de cire new yorkais, dédié au monde romain, propose
fort peu pédagogiquement les mêmes approximations
- louées chez Rancati ou Peruzzi, les accessoiristes habituels
de nos péplums -, qu'il exhibe dans ses vitrines.
Mais toujours le cinéma montrera les riches ornementations
du costume de parade, en particulier les casques samnites (avec
plumes d'autruche multicolores et plumes de faisans), qui nous
sont bien connus notamment à travers les exemplaires retrouvés
dans la caserne des gladiateurs de Pompéi. Il s'agissait,
en fait, d'armes de parades (elles ne portent aucune trace de
coups), et il est vraisemblable que les affrontements se pratiquaient
avec des armes plus rustiques...
9.3.3. Les exploits
a. Naumachie
La naumachie pose un sérieux problème de reconstitution,
au cinéma. Il s'agit d'inonder un décor, or - par
définition - l'eau et le carton-pâte ne font pas
bon ménage. Distinguons donc la fausse naumachie de la
«vraie».
Dans Spartacus (1952), nous en avons une «fausse».
Dans l'amphithéâtre de Vérone inondé,
Riccardo Freda avait fait construire une galère trop grande
pour s'y mouvoir, puisqu'elle occupe à peu près
toute la place disponible dans la cavea. C'est, en fait,
un décor pour le ballet d'une Néréide (Amytis,
aimée de Spartacus), qui au terme de sa danse doit être
dévorée, sous les yeux du héros, par les
lions lâchés à l'improviste. Il ne s'agit
donc pas d'une bataille navale.
Retenons tout de même la conception de cette mise en scène
: l'héroïne du pantomime est destinée à
être déchiquetée par un fauve. Si elles constituent,
historiquement, un anachronisme sous la République, de
telles mises en scène seront attestées un siècle
plus tard, sous l'Empire - faut-il rappeler l'exemple fameux du
mime du Laureolus ?
Il y aura toutefois des naumachies en étangs dans Les
derniers jours d'Herculanum (1962) (sur des radeaux !) et
dans Ponce Pilate (des galères de la taille d'une
pirogue s'éperonnent mutuellement dans une mare infestée
de crocodiles).
b. Venatio
Plusieurs films montrent des décors de venatio :
palissades, labyrinthes, échelles, buttes, ponts enjambant
fossés d'eau ou de flammes : Fabiola (1947), Barabbas
(1961) et à moindre échelle Les sept gladiateurs
(titre vidéo : Le duel des Titans). Mais il s'agit
moins de chasses aux fauves que de combats de groupes - notamment
femmes contre nains dans Barabbas - avec le risque pour
les combattants de choir dans une fosse à lions.
Le plus beau combat de bestiaires est sans aucun doute celui
de Victor Mature contre un dans Les gladiateurs (1954);
celui de Steve Reeves contre un seul lion dans Les derniers
jours de Pompéi (1959) est un peu décevant.
9.3.4. L'humour
L'humour est un ingrédient indispensable du film d'action,
et spécialement du péplum. Ainsi Gotharso (Conrado
San Martino), l'un des chefs des gladiateurs d'Alexandrie, a fort
à faire avec sa cabaretière de maîtresse,
une rude matrone égyptienne qui lui donne du gourdin chaque
fois qu'il s'enivre (Les légions de Cléopâtre).
Le grotesque, toutefois, est généralement exclu
des scènes d'amphithéâtre (lieu solennel),
même dans les films italiens. Le berger-gladiateur poltron
de Maciste et les cent gladiateurs est une exception; Maciste
se convertit d'ailleurs au christianisme, ce qu'il faut bien considérer
comme une hérésie par rapport au personnage original.
Dans Caligula et Messaline, Messaline gladiatrice se voit
ordonner de trancher les parties sexuelles du gladiateur vaincu,
humour macabre qui ne relève pas des codes du péplum
mais bien du film-X. |
|
«Jugula ?»
(Je l'égorge ?), demande Messaline. «Non,
coupe-lui les couilles», répond Caligula.
«Fais-ce qu'il te dit...», conseille
le vaincu, manifestement ravi de désormais ne plus
avoir à tourner dans des pornos. (Suit un gros plan
d'une petite main experte fouillant dans le pagne du gladiateur
pour en dévoiler le sexe qu'elle extirpera dans un
gros bouillonnement de sang.)
Sur les conseils de sa maman, Messaline s'était portée
volontaire pour combattre dans l'arène, afin d'attirer
l'attention de l'empereur qui jusqu'alors ne l'avait jamais
remarquée - faut dire que dans le genre «blonde
à grosse poitrine», on a déjà
vu mieux ! |
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Le cinéma comique, par contre,
a fait ses choux gras de l'arène. Ainsi Le Forum en
folie, une comédie musicale où l'entraînement
des gladiateurs est tourné en dérision dans un duel
loufoque. Dans La vie de Brian, l'humour noir des Monty
Pythons ne recule devant rien. Une scène - unique en son
genre, au cinéma - parodie la célèbre toile
sanglante de Gérôme, Les lions dans le cirque
(1902). Le sable est jonché de débris humains :
là un bras coupé, une flaque d'hémoglobine,
ici une jambe (avec un glaive fiché dedans !). En surimpression
apparaît un premier carton : LE COLISÉE, suivi
d'un second : MATINÉE ENFANTINE...
Non moins corrosif, mais dans un autre genre, Deux heures
moins le quart av. J.-C. montrait les gladiateurs refusant
de se battre... pour des raisons syndicales, et revendiquer des
avantages sociaux : la retraite à 60 ans, etc. |
|
9.4.
L'amphithéâtre : un décor
Pour camper les combats de gladiateurs, le cinéma a utilisé
différents décors. Leur nombre est limité,
aussi reviennent-ils régulièrement à l'écran.
C'était un véritable jeu, chez les amateurs de péplums
italiens, de comptabiliser décors et «stock shots»
déjà vus dans d'autres films. Le public se familiarise
rapidement avec eux. Deux au moins sont des sites archéologiques
(les amphithéâtres de Vérone et de Pola);
aux autres, faute de mieux, nous attribuerons un nom d'après
la principale caractéristique.
9.4.1. De l'antique...
a. Vérone
D'époque augustéenne, l'amphithéâtre
de Vérone est le plus vaste après le Colisée
de Rome. Mesurant 152 m x 128 m, et 32 m de hauteur, il pouvait
accueillir 22.000 spectateurs. Du mur extérieur, il subsiste
quatre arcades très élevées. On y tournera
Fabiola (1947), Les derniers jours de Pompéi
(1948), Spartacus (1952) et Barabbas (1961).
b. Pola
La société de production Atlantica (Marco Vicario)
tourna dans l'amphithéâtre romain de Pola (Yougoslavie)
Seul contre Rome (Herbert Wise, 1962) et Les derniers
jours d'un Empire (Anthony Dawson, 1965).
Construit sous Auguste, agrandi sous Vespasien, l'amphithéâtre
de Pola est mondialement connu pour les spectacles qui s'y donnaient,
notamment (en été) le Festival du film yougoslave.
Bâti en pierre d'Istrie au flanc d'une colline, il comprend
deux rangs d'arcades superposées du côté le
plus élevé de la colline et trois rangs au pied
de celle-ci. Ce gigantesque anneau est presque intégralement
conservé.
Moins bien conservée par contre, la cavea, de forme
elliptique (133 m x 105 m; hauteur maximum 33 m) pouvait recevoir
23.000 spectateurs.
Autant que la beauté de l'édifice, la proximité
de Pola avec la frontière italienne et la figuration à
meilleur marché furent des arguments qui pesèrent
dans le choix des cinéastes.
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L'amphithéâtre de Pola, en Istrie.
Et une scène de Seul contre Rome, qui y fut
tournée par Marco Vicario |
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9.4.2. ... au
moderne
a. El Escorial, à Madrid
En 1959, une production italienne (Ambrosiana, Rome), tourne en
Espagne un remake de Fabiola : La révolte des
esclaves (Nunzio Malasomma). Une cinquantaine de décors
sont construits aux studios Cea (21)
et pour les scènes d'amphithéâtre, les cinéastes
plantent leurs caméras dans une arène moderne, une
plaza de toros maquillée à l'antique (statues, colonnes,
draperies) : celle d'El Escorial, près de Madrid.
Aisément identifiable à l'écran ou sur
photos par la forme de la colline qui la domine - mais aussi par
certains détails de la construction comme les accès
aux gradins - on la retrouve dans une autre production de la même
année : Les derniers jours de Pompéi (M.
Bonnard et S. Leone, 1959).
Bien sûr, le pulvinar où siègent les
notables semble différent d'un film à l'autre, et
les arcades sommant le pourtour des gradins, bien visibles dans
Les derniers jours... ont été soigneusement
camouflés dans La révolte... : c'est seulement
l'effet du talent des accessoiristes, habiles à maquiller
une structure préexistante.
D'ailleurs... remplacez la colonnade du pulvinar par une
série de caryatides, et vous obtiendrez peut-être
(22),
sûrement même l'amphithéâtre du Colosse
de Rhodes, produit l'année suivante (1960) (23).
En 1961, dans Les Titans (D. Tessari, 1962) (24),
envahie par des cascadeurs emperruqués à la crétoise,
des picadores à cheval (!) et une musique «à
l'espagnole» de Carlo Rustichelli, l'arène de l'Escorial
va devenir «minoenne» le temps d'une parodie tauromachique
- pour enfin, fraîchement repeinte de rouge et de blanc,
revenir à sa «destination originale» en figurant
une arène mexicaine dans un western-«spaghetti»
(Un tueur professionnel (Il mercenario), Sergio Corbucci,
1968) (25).
b. La cour
rectangulaire de l'Atenea
Procédé économique, certains péplums
maquillent approximativement en arène gladiatorienne
une simple grande cour rectangulaire. Les droits sont sans
doute moins élevés que la location d'un authentique
amphithéâtre (ancien ou moderne), ou que la construction
d'un décor en stucage. On retrouve la même cour
carrée - que nous n'avons pu localiser géographiquement
- dans diverses coproductions avec l'Atenea Film de Madrid
: |
- |
La révolte des gladiateurs
(V. Cottafavi, 1958),
production Alexandra Film (Rome)-C.C.F. (Paris) - Atenea Film
(Madrid); |
- |
Les légions de Cléopâtre
(V. Cottafavi, 1959),
production Alexandra Film (Rome)-C.C.F. (Paris) - Atenea Film
(Madrid); |
- |
La fureur d'Hercule [Ursus]
(C. Campogalliani, 1960),
production Cine Italia Film (Rome) - Atenea Film (Madrid); |
- |
- Le gladiateur invincible
(A. Momplet, 1961),
production Columbus (Rome) - Atenea Films (Madrid). |
|
|
La révolte des gladiateurs :
la cour rectangulaire de l'Atenea |
|
|
On va retrouver ce genre d'expédient
dans d'autres péplums italo-espagnols ne relevant cependant
pas de l'Atenea, ainsi dans deux coproductions Balcazar : Spartacus
et les dix gladiateurs et sa «suite», Le triomphe
des dix mercenaires (Nick Nostro, 1964) (26),
etc.
c. L'amphithéâtre
J. Leitienne (Studios De Paolis)
Quant aux coproductions franco-italiennes réalisées
en partenariat avec le distributeur/producteur français
Jacques Leitienne (Le triomphe d'Hercule, Maciste et les cent
gladiateurs, La fureur des gladiateurs, Hercule contre les mercenaires,
Le gladiateur magnifique), elles préféreront
- elles aussi - les facilités du travail en studio. Elles
ont pour commun dénominateur un certain décor en
stucage et carton-pâte, très caractéristique
- réduit à un angle d'amphithéâtre
-, que l'on va retrouver dans au moins une quinzaine d'autres
productions de la période 1964-1965. Le générique
dHercule défie Spartacus (distribué,
mais non coproduit par Leitienne), nous apprend que ce décor
fut construit aux studios Incir DePaolis (remerciements à
Christophe Champclaux pour lidentification).
|
|
Le coin d'amphithéâtre où
les coproductions franco-italiennes avec Jacques Leitienne
tournaient systématiquement leurs scènes de
gladiature
Fotobusta d'Il
Magnifico gladiatore où l'on voit mieux l'amphithéâtre
des Studios DePaolis, un décor plutôt cheap
car - ne nous leurrons pas - ce photomontage, comme souvent,
dédouble la même image de part et d'autre du
couple formé par le héros et l'héroïne
enlacés (remerciements à Christian
Folch).
|
|
|
d. Et cætera...
L'énumération qui précède n'a nulle
prétention d'exhaustivité : il existe bien d'autres
types d'amphithéâtres de péplums, tous plus
ou moins astucieux ou économiques. Sur les photos d'exploitation
espagnoles d'El gladiator mas fuerte del mundo (Maciste contre
les géants), on distingue très bien la paroi
de la carrière à laquelle est adossé le décor
de l'arène.
Ces procédés créent bien entendu des stéréotypes
dans l'imaginaire du public qui, privé de bases de références,
oscille entre l'authentique et le succédané.
Il vaut la peine de signaler comment s'est tiré d'affaire
un navet cinématographique comme Seven Magnificent Gladiators
(Bruno Mattei, 1983) : une course de chars est filmée de
nuit, sous le feu de puissants projecteurs qui cernent seulement
les attelages (économie du décor du cirque et de
la figuration !). Quant aux deux redoutables péplums-X
d'Antonio Passalia, Caligula et Messaline et Les aventures
sexuelles de Néron et Poppée (1982), ils ont
résolu la quadrature du cercle - faire du grand spectacle
sans budget - en inventant l'amphithéâtre «à
géométrie variable». Les scènes à
grand spectacle sont entièrement «bricolées»
avec des stock-shots empruntés à plusieurs autres
films, dont Les derniers jours de Pompéi, etc.,
sans compter les raccords avec les personnages du nouveau film
! Ainsi le spectateur pourra dans la même séquence
admirer des combats dans une arène tantôt circulaire,
tantôt carrée, selon l'origine des images...
De tels films consacrent la décadence du genre qui nous
intéresse; et l'on peut à bon droit se demander
s'il est encore possible - cinématographiquement parlant
- de les considérer comme des péplums. |
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9.5.
La réhabilitation
L'espèce de réhabilitation du gladiateur, dans
le péplum italien (mais ce terme de «réhabilitation»
est-il bien choisi ?), devait faire tache d'encre.
Nos sympathiques bretteurs reviennent à l'écran,
dans les années '80. Mais le goût est, maintenant,
au héros égoïste et opportuniste : mai 68 et
le western-«spaghetti» sont passés par-là.
Puis la crise économique et le film «post-apocalyptique»,
lequel fera sa délectation du thème de la gladiature.
Voici donc Les gladiateurs de l'an 3000, Le gladiateur du futur,
2020 Texas Gladiators (27).
Si nous ne connaîtrons jamais la teneur de la série-TV
Gladiators, dont Pasquale Squittieri avait commencé
le tournage en 1983, pour Gaumont-Italie (28),
les Seven Magnificent Gladiators de Bruno Mattei ont, eux,
bien déçu. Reste la superbe série-TV Anno
Domini (Stuart Cooper, 1984), qui nous montre un «paisible»
ménage de gladiateurs, faisant son marché le cabas
sous le bras ou langeant ses enfants. Lui, est un ancien zélote;
elle, une patricienne romaine reniée par sa famille. Leurs
préoccupations sont les mêmes que celles de leurs
voisins du quartier chaud de Subure, survivre. Leur métier
violent leur permet de subsister. Ils sont sans haine...
9.6. Romans historiques
Le regain d'intérêt des 70-80 pour l'Histoire antique
- et notamment la fiction romanesque - nous a valu trois romans
savoureux. L'un est appréciable pour son habile imagination
(Richard Ben Sapir, Le dernier gladiateur, Alta, 1980),
les deux autres pour leur documentation (Norbert Rouland, Les
lauriers de cendre, Actes-Sud, 1984, et Hubert Monteilhet,
Neropolis, Julliard-Pauvert, 1984).
Le premier essaie de reconstituer tout l'aspect «show
businness» de la gladiature : le héros est un «juliani»
de Domitien, qui vit très confortablement de ce métier.
Les deux autres romans montrent la relation du meurtre-spectacle
avec le pouvoir. Leurs héros respectifs offrent des jeux
pour inaugurer leur carrière politique; nous les voyons
ensuite dans leurs relations familières avec les membres
de leur familia gladiatorum.
9.7. Et pour conclure
De la nuance historique
Le grand «sport national» des Romains, celui qui depuis
les origines de Rome, au VIIe s., eut toujours la faveur populaire,
c'est la course de chars. (La fondation du Cirque Maxime est attribuée
à Tarquin l'Ancien, vers -600.) Et, malgré la désapprobation
du clergé byzantin, elle survivra à l'Urbs elle-même,
participant aux fastes des empereurs chrétiens d'Orient
jusqu'au XIIe s.
La gladiature, quand à elle, n'apparut que fort timidement,
en -264, lorsque trois paires de gladiateurs s'affrontèrent
sur le Forum aux Bufs, dans des jeux funèbres. Petit
à petit elle entra dans les murs, perdant son caractère
sacré. Mais elle n'atteindra sa pleine extension, à
Rome, qu'au Ier s. de n.E., sous l'Empire. Les combats homme contre
homme seront définitivement abolis en 404 - seules subsistant
les venationes (homme contre bête).
Qu'importe pour les cinéastes comme pour le grand public
: la gladiature est le stéréotype romain par excellence.
Pas de nuance donc : les Romains ont toujours apprécié
les combats de gladiateurs, et ce à toutes les époques
! Et donc le Colisée se doit d'avoir existé depuis
les origines de la ville !
Un épisode de la BD «Olac» - aux péripéties
diachroniques -, cette fois dessiné par Don Lawrence, montre
le gladiateur et ses amis luttant contre les Tarquins à
la bataille du lac Régille, en -491 (Olac, ns 15
et 16). Un roman-SF de Pierre Barbet fait déplorer les
massacres de l'amphithéâtre par une jeune romaine,
en -216 [un combat de 22 paires, en -216, nous est connu historiquement]
(Carthage sera détruite, Fleuve Noir, 1984, p. 117).
Même le scrupuleux auteur de BD Jacques Martin (Alix), dans
Les légions perdues, fera descendre son héros,
contemporain de Jules César, dans un amphithéâtre
de pierre qui ne sera construit que 24 ans plus tard par Statilius
Taurus (en -20). Alix aurait dû normalement combattre dans
un amphithéâtre de bois démontable, comme
celui construit par Curion en -50.
La quête du spectaculaire cinématographique
par les cinéastes, va continuer à distiller dans
le public ces idées fausses ou, plus exactement, confirmer
les idées reçues. On sait la bonne fortune du personnage
de Spartacus, dont René Comoth (29)
a pu dire que ses historiens soviétiques n'étaient
que des romanciers. Pour l'homme de la rue, l'amphithéâtre
et les jeux de gladiateurs constituent peut-être la plus
sûre caractéristique de la civilisation romaine.
Or Spartacus se révolte en Campanie, et non à Rome
où il n'existe pas encore d'amphithéâtres
en pierre.
Le Spartacus (1960) de Kubrick saura
contourner l'écueil en montrant seulement des combats dans
la caserne de Capoue.
Mais avant lui, Riccardo Freda (Spartacus, 1952) avait
filmé la séquence correspondante dans l'amphithéâtre
de Vérone, censé être le Colisée (!).
Ce faisant, le film invitait le spectateur à croire qu'aux
temps des guerres serviles, sous la République, l'institution
de la gladiature avait déjà atteint son plein développement.
Cette version 1952 eut d'ailleurs - pas pour ce détail,
mais pour sa conception générale - de nombreux problèmes
avec la censure italienne, en la personne de Nicola de Pirro,
directeur de la cinématographie. Celui-ci, déjà
en fonction sous le régime fasciste, s'écriera à
la lecture du script : «Tant que j'occuperai ce fauteuil,
jamais je n'accepterai que l'on dise du mal des Romains»
(30).
Mais sans doute avait-elle été
de tout temps à Rome, cette gladiature ! Déjà
même au VIe s., à l'époque de Coriolan, puisqu'un
Coriolano, Eroe senza Patria (G. Ferroni, 1964) s'est vu
bizarrement rebaptiser à sa sortie en France : «La
terreur des gladiateurs».
En fait, il n'y a pas de gladiateurs dans ce film - les cinéastes
italiens nuançant leur vision de la première période
de la république. Mais, tourné en même temps,
par la même équipe et dans les mêmes décors
(pratique courante pour comprimer les frais), le «film jumeau»
du précédent, Muzio Scevola («Le colosse
de Rome», G. Ferroni, 1964), nous montre l'assassin manqué
de Lars Porsenna, devenu gaucher par la terrible punition qu'il
s'était lui-même infligée, s'entraînant
avec les meilleurs gladiateurs romains et (re)devenant un redoutable
escrimeur.
Et si, après tout, les cinéastes n'avaient fait
qu'extrapoler la thèse longtemps accréditée
auprès des spécialistes eux-mêmes, de l'origine
étrusque de la gladiature ?
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NOTES :
(1) Reprise de notre article publié
dans Spectacula - I. Gladiateurs et amphithéâtres,
Editions Imago, Musée archéologique Henri Pradès,
Lattes (Montpellier), 1990. - Retour texte
(2) Sur Urbain Gohier, cf.
l'étude d'André SIMON, Bulletin de l'A.R.E.L.A.P.,
n 16 (Paris III). - Retour texte
(3) Nina Wolmark & Jean Chalopin
- Antenne 2, FR, 1985. - Retour texte
(4) José Giovanni, FR, 1985.
- Retour texte
(5) Le film de V. Derbenev et Y. Grigorovich
(1975) est la version cinématographique du ballet d'Aram
Khatchatourian (1954), interprété par le Bolchoï.
Ce spectacle, du reste, sera présenté à
l'Opéra de Paris en mars-avril 1972 (cf. Les saisons
de la danse, n 42, mars 1972).
Le dessinateur de BD Pierre-Léon Dupuis s'en inspirera
pour dessiner un Spartacus sur scénario de Sylvie
de Nussac. - Retour texte
(6) Plusieurs romans de Frank G. Slaughter
ont été portés à l'écran,
mais aucun de ses romans-péplums. - Retour
texte
(7) Exceptionnellement, dans La
révolte des prétoriens (Alfonso Brescia, 1964),
ce seront les prétoriens qui, ayant abattu la tyrannie
de Domitien, permettront l'avènement de Nerva. Ce film
est probablement l'unique péplum où les prétoriens
seront positivement connotés (tandis que les gladiateurs
sont les hommes de main du cruel empereur Domitien). - Retour
texte
(8) Les derniers jours de Pompéi,
1935; Spartacus, 1960; La chute de l'Empire romain,
1964. Ce dernier film en particulier - mettant en scène
les obsequentes (la milice de gladiateurs) de Marc Aurèle
-, exprime sans ambages le mépris des légionnaires
romains pour les gladiateurs, qui ne sauraient être des
soldats. - Retour texte
(9) Quo Vadis; Les gladiateurs;
Barabbas. - Retour texte
(10) Le colosse de Rhodes.
- Retour texte
(11) Hercule et la reine de Lydie
: le roi de Thèbes enferme Hercule dans une fosse pleine
de tigres.
Le triomphe d'Hercule : combat d'essédaires dans
l'amphithéâtre... de Mycènes; épreuve
de force d'Hercule qui doit empêcher une machine infernale
d'empaler l'héroïne. - Retour
texte
(12) Persée l'Invincible
: un tournoi nuptial gladiatorien. Armé d'un tout petit
bouclier, le concurrent doit parer les traits de l'archer; combat
au fouet en équilibre au milieu de pointes acérées.
- Retour texte
(13) Cf. Georges VILLE, La
gladiature en Occident, Ecole française de Rome,
1981; p. 454 - citant LUCIEN, Démonax, 57. - Retour
texte
(14) Mystérieusement, ces
films qui pourtant citent la date de -192, n'ont pas cru devoir
retenir le nom du personnage historique. Nabis devient donc
«Hiarba» dans Les sept gladiateurs et «Milon»
(ou «Sar», dans la V. Angl.), dans La révolte
de Sparte ! - Retour texte
(15) L'action est située
pendant la tentative d'invasion de la Grèce par le Séleucide
Antiochos III - donc en -191. Il s'agit donc bien de la Corinthe
grecque, qui n'a pas encore été rasée (-146).
(La construction de la nouvelle Corinthe, colonie romaine qui,
elle, possédera un amphithéâtre, ne commençant
qu'en -44.) - Retour texte
(16) Ce détail étant
par ailleurs absent tant dans le roman de Lew Wallace, que dans
la version cinématographique muette de Fred Niblo (1926).
(Le dessinateur semble ignorer qu'Olympie n'était pas
une ville, mais un sanctuaire, donc pas d'agglomération,
ni de rues !) - Retour texte
(17) Le marathon - ici télescopé
avec la course d'hoplites - ne deviendra une discipline olympique
qu'en 1894, avec les premiers Jeux modernes. - Retour
texte
(18) Propos de Pierre-Léon
Dupuis, recueillis à Paris par l'auteur (13 mars 1987).
- Retour texte
(19) Porté à l'écran
par V. Derbenev et Y. Grigorovich en 1975. - Retour
texte
(20) Depuis la publication de cet
article (1993), nous avons pu bénéficier des travaux
d'Eric Teyssier et Brice Lopez : l'hoplomaque ne serait pas
un porteur d'hoplon (lourd bouclier rond des hoplites
grecs) mais «celui qui se bat contre un porteur
d'hoplon», une variante du thrace qui a remplacé
la sica par une lance. - Retour texte
(21) Trois grands studios sont en
fonction à Madrid dans les années 60 : Sévilla
Films, Cea et Chamartin (ces derniers rachetés par Samuel
Bronston) - cf. Cinespana, n 6, décembre 1960.
- Retour texte
(22) En l'état de notre documentation,
nous ne sommes pas absolument certains que les scènes
d'arène du Colosse de Rhodes y aient été
tournées. C'est cependant hautement probable; et du reste
l'examen attentif des fiches techniques de ces quatre coproductions
tournées en Espagne, nous révèle qu'ils
ont été tournés par les mêmes hommes
(p. ex. Corbucci et Tessari, respectivement réalisateurs
du Mercenaire et des Titans, ont été
les assistants de Sergio Leone sur ses péplums), ce pour
les mêmes producteurs et dans les mêmes décors.
- Retour texte
(23)
Tous ces films sont des coproductions avec la Procusa de
Madrid : |
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Les derniers jours de
Pompéi (1959),
production : Cineproduzioni Associate (Rome)-Procusa (Madrid)-Transocean
Prod. (Munich).
Selon le manuel publicitaire américain, l'amphithéâtre
de ce film mesurait 465 x 345 pieds, et pouvait contenir
environ 20.000 spectateurs. La séquence avec les
chrétiens aurait nécessité 48 lions
et 24 dompteurs - en réalité on en voit
beaucoup moins dans la fosse, et un seul entrera dans
l'arène pour affronter Steve Reeves qui n'en demandait
pas tant (!); |
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Le colosse de Rhodes
(1960),
production : Cineproduzioni Associate (Rome)-Procusa (Madrid)-C.F.P.C.
& C.T.I. (Paris); |
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Goliath contre les Géants
(1961),
production : Cineproduzioni Associate (Rome)-Procusa (Madrid).-
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(24) Il ne s'agit plus, cette fois,
d'une coproduction de la Procusa, mais d'un film franco-italien
: Vides (Rome)-Les Films Ariane & Filmsonor (Paris). - Retour
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(25) Une production d'Alberto Grimaldi
pour P.E.A. - Retour texte
(26) Cineproduzioni Associate (Rome)-Producciones
Cinematograficas Balcazar (Madrid). - Retour
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(27) Cf. Michel ÉLOY,
«Spartacus - Eléments pour une évaluation
du thème de la gladiature au cinéma et dans les
paralittératures», Kolossal, avril 1986,
pp. 112-116. - Retour texte
(28) Tournage abandonné, le
producteur ayant fait faillite. - Retour
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(29) René COMOTH, «Spartacus,
de l'Histoire au Mythe», Université de Liège,
Fac. philosophie et lettres, série Faculté ouverte,
n B 27, 1985. - Retour texte
(30) Riccardo FREDA, Divoratori
di celluloide - 50 anni di memorie cinematografiche e non,
Milan, Emme edizioni (coll. Il Formichiere, n 2), 1981, p.
16; Interview de R. Freda, «Théodora», Kolossal,
juin 1985, pp. 12-22.
Dans les années 50-60, l'Etat italien subsidiait l'industrie
cinématographique, ce qui lui donnait un droit de regard
sur le contenu des scénarios. - Retour
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