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Rome
[TV : HBO - BBC]
(Michael Apted, Allen Coulter, Julian Farino, etc. -
EU-GB, 2005)
(page 12/18)
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EPISODE 4
Bons augures, mauvais présages (Stealing From Saturn)
(18 septembre 2005, HBO)
Réal. : Julian FARINO
Scén. : Bruno HELLER
César a repris le commandement de la cité. Pompée,
Cicéron, Scipion et Brutus se sentent comme des «réfugiés»
hors des murs de Rome qu'ils ont évacuée. Ils apprennent
que l'or du trésor a été volé, mais
que César ne l'a pas non plus. Quintus Pompée, fils
de Pompée est chargé de le retrouver.
Lucius Vorenus, revenu à la vie civile, offre un banquet,
mais l'attitude de Lydé et de son mari provoque une bagarre
au cours de laquelle la statue de Janus est brisée. |
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4/1.
Le camp de Pompée, près de Capoue, le soir. Quintus
Pompée - arrivé de Brindisi - et son assistant Voluso
sont en train de taillader un prisonnier pendu par les pieds,
qui pousse des hurlements pitoyables. Il s'agit du décurion
Appius, seul survivant de l'escorte de l'or disparu - que les
hommes de Pompée ont retrouvé.
«Ici, nous sommes des réfugiés dans notre
propre pays», se lamente Cicéron, sous la tente.
«Nous ne sommes pas des réfugiés, nous
manuvrons», répond Pompée avec brusquerie.
Rentre Quintus : «Il a parlé. L'or a été
emporté en direction de la via Flamminia, vers le
nord; l'escorte a été massacrée par les Ubiens
de César.» «Pourtant nous savons que César
n'a pas pris possession de ce trésor. Alors où est-il
?» Pompée expose sa stratégie : «Sans
or, César devra recourir à la violence, et une fois
que le sang commencera à couler, le peuple s'agitera. Et
tandis qu'il cherchera à mater les foules dans le Forum,
je rassemblerai une armée comme il n'en a jamais vu !»
«Oui, mais nous non plus n'avons pas l'or, rétorque
Caton, pessimiste. Comment payerons-nous nos troupes ?»
Retrouver le trésor de guerre sera le travail de Quintus
Pompée. Celui-ci part immédiatement avec quelques
compagnons, qui se font passer pour des esclaves scythes. Ils
infiltrent les lignes de César en se faisant passer pour
une compagnie de pompes funèbres venant l'Altinum.
Avant de les laisser entrer, le
légionnaire de faction aux portes de Rome, leur enjoint
- au vu de leurs mines patibulaires - «de respecter les
honnêtes femmes».
4/2. César a investi la ville avec
ses troupes, dont les patrouilles quadrillent le périmètre.
Sur le Forum, le crieur public informe le peuple que la loi martiale
est instaurée : les réunions de plus de trois hommes
sont interdites, le couvre-feu instauré. Le premier objectif
du proconsul est de se gagner l'appui des prêtres; il se
rend au Temple de Jupiter Maximus Optimus et demande que des augures
soient prises. «Tu es entré ici en armes, c'est
rarement un bon présage...», émet le chef
du Collège des Augures, dubitatif.
Déjà apparaissent sur les murs des graffitis obscènes
qui le représentent un pénis dans la bouche, avec
l'inscription CÆSAR TYRANNUS.
4/3. Les affaires se traitent de préférence
devant un bon repas. Chacun de leur côté, Vorenus
et César en organisent un. Vorenus a résisté
aux pressions de Marc Antoine. Convoqué, il est introduit
par l'esclave de ce dernier, le nain «Caton», dans
sa cour. Là, entièrement nu, le légat se
fait débarrasser de l'huile et de la sueur par un esclave
armé d'un strigile. «Je ne te reconnais plus sans
ton glaive ensanglanté. J'aurais pu te faire crucifier,
comme déserteur...» «Je ne suis pas un déserteur.
J'ai fini mon temps. Passé le Rubicon, un légionnaire
n'est plus qu'un simple citoyen.» «Tu es aveugle comme
un prêtre dans sa capuche. Ne vois-tu pas que les temps
changent ? Que vas-tu faire maintenant ?» Vorenus lui
répond : «Monter une affaire. Importer des produits
de Gaule : esclaves, vins, truffes...» «Tu vas compter
des pots, toi, Vorenus ? César et moi nous avons besoin
de toi...» «Pour combattre des Romains ?» «...
Tu seras incorporé comme évocat (1),
avec le grade de préfet, premier échelon (2).
Et une prime d'engagement de 10.000 sesterces.»
Mais Vorenus préfère suivre la voie qu'il s'est
lui-même tracée. Pour démarrer son affaire,
il lui faut d'abord offrir un banquet où seront invités
ses voisins.
Le matin, Vorena-la-Jeune
va consacrer aux dieux du quartier quelques grains de raisin,
et ramène ceux de la veille, que son père distribue
religieusement aux membres de sa famille, en une sorte de communion
(3).
Après une prière au dieu Janus - le dieu qui regarde
le passé et l'avenir, dont l'effigie trône dans l'atrium
- Vorenus et les siens préparent les tables. Niobé,
qui a consulté une voyante, est pleine de foi en l'avenir
: «Ton secret est bien à l'abri. Et ton mari deviendra
riche comme Crésus.» Vorenus s'inquiète.
Ses invités n'arrivent pas, sans doute à cause de
la loi martiale. «N'aboie pas, souris...»,
tente de l'apaiser Niobé. Enfin arrive le premier, l'invité
d'honneur, l'important Erastes Fulmen (constructions, assurances,
huile d'olive), avec son épouse Phyllis. Bientôt
suivis de Lydé - la sur de Niobé - et son
mari le boucher Evander Pulcio (4),
qui a fourni le cochon du repas. Niobé n'a pas osé
ne pas les inviter : ce serait paru bizarre.
En homme d'affaire, Fulmen s'inquiète des capitaux de Vorenus,
réalisés sur son butin de guerre. Vorenus déclare
avoir l'intention de racheter toute l'insula, avec ses
boutiques. Mais il aura ainsi investi tout ce qu'il possédait.
Alors il lui faudra des fonds supplémentaires pour les
faire tourner, ces boutiques. «Compte sur moi, répond
Fulmen. J'ai des amis, de bons amis... Et comment va ton ami
César ?» «Il n'est plus mon ami !»
4/4. Le matin du même jour, Posca, l'intendant
de César, rend visite à son confrère Castor,
l'intendant d'Atia, pour mettre au point les modalités
du banquet où assistera César. «Surtout,
pas de crustacés !» Atia s'affaire, gourmande
sa servante Déméter, oblige son fils Octave à
manger des testicules de bouc («On est viril, dans la
famille. Tu es de plus en plus efféminé, et je n'aime
pas ça.» «Mais maman, c'est mon âge.»).
Pieux mensonge, sur la Pierre de Jupiter; Octave jure à
sa sur que leur mère n'est pas responsable de la
mort de Glabius.
Dans son bureau, César calcule les sommes à allouer
à ceux dont il aura besoin (5),
pour la consternation de l'économe Posca. Chez elle, Atia
choisit ses perruques tandis qu'à l'autre bout de la ville
Servilia s'inquiète : «Comment étais-je
il y a huit ans ?» Lorsqu'elle arrive chez Atia, celle-ci
la complimente perfidement : «Ton maquillage est une
merveille.» «Merci pour ton invitation, Atia.»
«J'ai insisté pour t'avoir, Servilia !»,
répond l'hypocrite qui, en réalité, n'a fait
qu'obéir aux instructions de son oncle (elle redoute l'influence
de l'ancienne maîtresse de César, mais Marc Antoine
- pour avoir la paix - lui a laissé entendre que c'était
par amitié pour Brutus). Les invités se pressent.
Enfin on annonce César, qui arrive précédé
de six licteurs : «Faites place au proconsul Caius Julius
Cæsar, fils de Vénus, imperator des légions
de Gaule. Ecartez-vous. Faites place !»
César s'informe de l'absence de Brutus, son ami, mais rassure
sa mère... et les autres invités, quelles qu'aient
pu être leurs allégeances passées. Le chef
des augures pérore : «Il y a même des hommes
si peu avisés qu'ils vous diront qu'un oiseau blanc dans
le quadrant sud n'est signe ni de bon ni de mauvais augure. Hi,
Hi, Hi ! Voilà les innovations des barbares de notre époque
! On croirait entendre des Syriens !» «Ou des Scythes
!», abonde Marc Antoine, courtisan. L'augure se tourne
vers le proconsul : «Je me suis laissé dire, César,
que tu étais acquis aux idées modernistes ?»
«Mais c'est absolument scandaleux !, répond César.
Non, je suis d'avis que la religion doit rester le domaine
de nos nobles prêtres.»
4/5. Chez Vorenus, Niobé s'irrite de
l'attitude de sa sur Lydé, qui a manifestement trop
bu, et risque à tout moment de se laisser aller à
sa rancur de femme trompée et de rivale. Elle prie
Evander Pulcio de ramener sa femme chez elle. Une bagarre s'ensuit,
au cours de laquelle la tête de Janus est brisée.
«On demandera aux prêtres de nous purifier, mais
ça coûtera cher», fit Niobé en ramassant
les morceaux. «Un présage reste un présage»,
rétorque Vorenus sceptique.
4/6. Revenons au banquet d'Atia. «Comment
s'appelle sa femme ?», demande César en indiquant
du menton le chef des Augures. «Cæcillia»,
répond Marc Antoine. Et César d'entreprendre le
mari : «J'ai oublié le dernier anniversaire de
Cæcillia, ta femme. Mais c'est très difficle de choisir
un cadeau pour une femme... 100.000 sesterces, ça irait
?» Le vieux fourbe négocie, car sa femme - dit-il
- a des goûts très dispendieux... «150.000...
200.000 ?»
4/7. La fête se poursuit, chez Atia...
Mais chez Vorenus, après l'esclandre de Lydé, elle
est terminée. Surgissent alors une bande de nervis conduits
par Quintus Pompée, qui posent leurs lames acérées
sur les gorges de Vorenus et Niobé. «Où
est l'or ? C'est toi qui commandait les éclaireurs qui
ont attaqué le chariot !» Vorenus est bien étonné.
«Nous avons poursuivi des espions, le chariot ne nous
intéressait pas. Nous avions des ordres...» C'est
alors que débarque de sa litière Pullo, nouveau
riche en vêtements luxueux, aux bras d'Eiréné.
«Qui sont ceux-là ?» «Quintus Pompée,
commandant de la flotte tyrrhénienne. La terreur de Neptune»,
se présente le visiteur. «Vraiment ?»,
étonne Pullo, en lançant en l'air une poignée
de pièces d'or. Les acolytes se précipitent pour
ramasser l'argent, et Pullo en profite pour leur faire passer
un mauvais quart d'heure. «Va-t'en, nabot, et emmène
tes charognards...» Mais les deux hommes gardent Quintus
prisonnier. On ne sait jamais.
Vorenus est fou de rage.
Voler l'argent de la République, c'est un péché
! Et s'exhiber en litière en se proclamant voleur ! Sa
vie et celle de sa femme ont été mis en danger à
cause de son irréflexion. «L'or est enterré
à deux milles de la porte Flaminia.» «Rend
cet or à César, et livre lui Quintus»,
exige Vorenus.
4/8. Chez Atia, la maîtresse de maison
câline Servilia : «Une telle beauté...»
Circonspecte, Servilia répond d'un air dégagé
: «C'est gentil, c'est trop gentil. César n'est
pas attiré par moi. Ni moi par lui.» «Mais
tu es très modeste, rétorque narquoise Atia,
qui se tourne vers Calpurnia,
la femme de César. Calpurnia, ne la trouves-tu pas ravissante.
Elle n'a pas la peau ridée et lâche des femmes de
son âge... Elle a une lotion secrète, peut-être
?» «Tes paroles voudraient paraître frivoles.
Pardonne-moi de ne pas prendre part à ce genre de conversation...»,
répond Calpurnia avec sévérité.
4/9. Posca vient informer César de
ce que le légionnaire Pullo l'attend avec des nouvelles
intéressantes. Il lui livre d'abord Quintus, serpent venimeux
que César décide de renvoyer à son père
Pompée, avec une offre de trêve. «J'ai toujours
eu le plus grand respect pour ton père.» On le
met sur un cheval. Marc Antoine récrimine : «Tu
vas regretter de lui laisser la vie sauve. Cet homme incarne le
mal.» «Oh ! Ils sont nombreux ceux que je regretterai
d'avoir épargné, rétorque César.
Va avec Pullo récupérer l'or !» Puis
se tournant vers Pullo : «Légionnaire Pullo !
Tu es un voleur. Un voleur stupide et incompétent. Mais
tu nous a bien servi dans le passé. Alors nous admettrons
ta bêtise comme une forme d'honnêteté. Et nous
n'allons pas te punir. Nous allons même te récompenser.
Je ne cherche jamais querelle à la chance, et en ce qui
te concerne elle t'a visiblement adopté.» Et,
à Marc Antoine : «Dès que tu auras le trésor,
tu lui compteras cent pièces d'or.» «Merci
César», répond Pullo radieux. Et tandis
que s'éloigne le cheval de Quintus Pompée, César
ajoute en confidence à Marc Antoine : «Et à
propos, Antoine : ne critique jamais mes choix devant nos ennemis.»
Puis, César se tourne vers son neveu Octave qui les écoutait
avec passion : «Pourquoi ce regard noir, petit hibou
?» «Marc Antoine a raison. Une trêve maintenant
semble une erreur tactique», riposte Octave. «Oh
! Ca dépend des conditions», répartit
César. «Pompée ne pourra pas accepter ce
que tu lui as proposé. Mais Cicéron et le Sénat
le pourront.» «Quelle vivacité !»,
répond César. Il s'interrompt subitement, l'air
stupide. Accourt Posca, qui a repéré la crise d'épilepsie
de son maître. Il demande à Octave des les emmener
quelque part où on ne pourrait les voir. «L'a-t-on
empoisonné ?», s'inquiète Octave ? «Il
souffre de morbus comitialis. Ca va se passer dans un moment.
Ferme la porte», répond le fidèle affranchi.
«Veux-tu que j'appelle un médecin ?» «Surtout
pas. Personne ne doit savoir. Personne ne suivrait un homme qu'Apollon
a frappé d'épilepsie !» Lorsque César
retrouve ses moyens, il fait jurer Octave, «par Orcus
(6)»,
de ne jamais rien révéler de ce dont il vient d'être
témoin.
4/10. La fête est finie. Atia pleure
dans son coin, ses manigances ayant échoué. César
et Servilia se retrouvent et s'aiment comme avant. Quant à
Pompée, recevant le message apporté par son fils
Quintus («... immunité légale, désarmement
mutuel»), il explose devant Cicéron, Metellus
Scipion et Brutus : «C'est un criminel...»
Tandis que Cicéron, conciliant, plaide : «Mais
il ne demande que l'immunité.» Comme César
l'avait prévu.
Et quand le chef de Augures - le mari de Cæcillia qui n'avait
connu de si bel anniversaire rétroactif - demande à
Jupiter un signe clair, ses assistants libèrent les oiseaux
adéquats dans le bon quadrant. Et le peuple applaudit le
nom du conquérant de la Gaule. Cela aussi, César
l'avait prévu. |
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EPISODE 5
Jeux de dupes (The Ram Has Touched the Wall)
(25 septembre 2005, HBO)
Réal. : Allen COULTER
Scén. : Bruno HELLER
Pompée et les sénateurs s'interrogent sur le
fait de savoir s'ils doivent accepter la trêve proposée
par César. Ils acceptent une cessation des hostilités
pour gagner du temps. Comme Pompée refuse de rencontrer
César en personne, celui-ci s'estime en droit de l'attaquer.
Atia félicite son fils Octave d'avoir réussi à
séduire César, ce qu'Octave dément en expliquant
qu'il n'a fait qu'aider César à se remettre d'un
malaise. Les esclaves de Vorenus, venus de Gaule, ont tous succombé
à la dysenterie, à part un tout jeune garçon
qu'il ramène chez lui en espérant en tirer un bon
prix.
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Cneius Pompée |
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5/1. Retraitant
de ville en ville avec les légions de César sur
les talons, Pompée et les sénateurs discutent de
leur réponse à l'offre de trêve de César.
Ils tombent finalement d'accord («le Sénat et
le Peuple de Rome m'ont autorisé à une cessation
des hostilités») basée sur les termes
qu'il a lui-même fixés. Pompée insiste énergiquement
pour spécifier à ses amis que cet accord n'est pas
une reddition. Il a simplement besoin de temps et d'argent pour
faire venir des troupes fraîches de Grèce et d'Espagne.
5/2. A Rome, César prend ses distances
vis-à-vis de sa nièce Atia; il a pour la seconde
fois dédaigné une invitation de celle-ci, sans un
mot d'explication. Sur le Forum, le crieur public annonce que
«Caius Julius Cæsar a publiquement imploré
le renégat Cn. Pompée, dit «le Grand»,
d'accepter la trêve et de rendre les armes.» Quand
César et Marc Antoine lisent la réponse de Pompée,
ils sont assez partagés. César serait consul, et
Pompée se retirerait en Espagne avec ses légions.
«Encore un peu, et il sucera la queue de Posca»,
ironise Antoine. L'affranchi Posca juge préférable
la paix avec Pompée, qui bénéficie de la
légitimité, mais Antoine préférerait
la guerre à outrance. «Je serais un tyran, si
je refusais», estime César. C'est le subtil Posca
qui lui invente une excuse pour désavouer sa propre offre
: puisque Pompée refuse de le rencontrer en personne pour
sceller l'accord, l'offre ne peut pas être acceptée.
C'est une raison valable, admet César : «Il refuse
de me rencontrer face à face.»
Pour autant, César a ses raisons de ne pas tout de suite
marcher contre son rival Pompée. «Nous irons quand
le moment sera venu», assure-t-il énigmatique,
à Antoine qui déjà manifeste son impatience
d'en découdre...
5/3. Sous le péristyle, Octave est
en train de... vernir les ongles de pied de sa sur Octavie.
Arrive Atia qui félicite son fils d'avoir réussi
à séduire son grand-oncle. «Tu t'es isolé
avec ton oncle. Bien joué. Je ne suis pas certaine que
ce soit bien décent... mais qui peut dire ce qui est décent
en ces temps troublés.» Elle est enchantée
en songeant à la puissance que va lui conférer cette
nouvelle arme. Octave, amant de Jules César ! «Servilia
ne pourra pas rivaliser avec un garçon aussi doux.»
En vain le jeune homme essaie de détromper sa mère;
il lui dit qu'il a juste aidé César qui souffrait
d'un léger vertige, mais n'en explique pas davantage :
il a juré le secret à César. Atia est furieuse
que son fils connaisse un secret qu'elle ignore.
5/4. T. Pullo a élu domicile sur les
marches de l'escalier qui mène chez Vorenus. Il est amoureux
d'Eiréné, que Vorenus lui rachète en épongeant
ses dettes. Niobé ne veut pas accepter sous son toit la
présence de cette jeune fille qu'elle considère
comme l'espionne de Pullo, qu'elle croit avoir deviné son
infidélité. «Mais non, la rassure son
amie Clarissa. Il a vu Evander chez toi, mais c'est tout naturel
: il fait partie de la famille.»
Ses esclaves étant arrivés de Gaule, Vorenus annonce
à sa famille qu'il aura ce jour assez d'argent pour doter
sa fille Vorena. Et quand Criton reviendra de ses pâturages
- en novembre -, les deux jeunes gens pourront se marier et s'installer
avec leur petit Lucius. Cette perspective fait frémir Vorena-l'aînée
et afflige plus encore Niobé, qui appréhende la
séparation d'avec son bébé illégitime.
5/5. Au marché des esclaves, son intermédiaire
l'accueille avec servilité «Centurion primipile
Vorenus, content de te voir.» Hélas, les douze
hommes ont tous succombés à la dysenterie. Tous
sauf un, un jeune garçon de quatre ans, fort mal en point.
«Tu en tireras de quoi me payer leur pension. Car ils
ne sont pas morts de faim.» Ce coup du sort laisse Vorenus
sans voix. Quand il ramène chez lui le jeune garçon,
ses filles veulent tout de suite l'adopter comme un jeune chiot.
«On le garde, bien sûr ?» «Non, nous
le vendrons quand il aura meilleure mine.» Il espère
ainsi pouvoir apurer certaines de ses dettes. «Quel est
son nom ?» «Il n'en a pas.»
Niobé est catastrophée : «Nous n'avons
pas la moindre économie.» «Je trouverai quelque
chose», s'efforce de la rassurer Vorenus.
5/6. César n'a décliné
les invitations d'Atia que pour pouvoir passer ses soirées
en tête-à-tête avec Servilia, à jouer
aux dés... et à d'autres jeux. «Comment
payeras-tu ta dette ?», lui demande sa maîtresse.
«Tout ce que j'ai t'appartient déjà. Que
puis-je te donner d'autre ?» «Ne me quitte plus !»
«Jamais je ne t'ai quitté.»
Dans le même temps, Marc Antoine a rejoint sa maîtresse
Atia, lui confirmant ses craintes. Inactifs, ses hommes deviennent
intenables et ce par la faute de son oncle qui tarde à
marcher contre Pompée. «Ce matin, j'ai dû
faire couper les mains à un excellent légionnaire
qui avait violé une fille. Et un affranchi plein d'arrogance
est venu se plaindre de ce qu'un autre a séduit sa fille.
Les hommes tournent en rond. C'est à cause de Servilia,
qui le retient ici», grogne Antoine.
Mais Servilia n'est pas l'unique souci d'Atia : son fils Octave
l'inquiète, toujours occupé à potasser les
philosophes. Elle a décidé de lui donner un précepteur,
Pullo, qui lui enseignera «les arts virils : combattre,
copuler, dépecer des animaux...». Pour l'heure,
Pullo tente d'enseigner au jeune homme le maniement du glaive
et du bouclier. «Je n'ai aucun talent pour le combat.
Je n'ai aucune aptitude pour ça. Ca me met de mauvaise
humeur.» «Hummmm, rétorque Pullo. Je
t'ai vu tuer. Tu es doué pour ça.» «Tuer
n'est rien. C'est manier un glaive qui est ennuyeux. (...)
Les cimetières regorgent de combattants moyens. Mieux
vaut ne rien y entendre, plutôt que d'être un combattant
moyen.» Mais lorsque le vétéran lui adresse
une petite tape amicale sur l'épaule, le jeune homme se
rebiffe : «Ne refais jamais ça !»
Mais quelque chose turlupine Pullo. «Jeune maître,
imagine que tu aies vu quelque chose qui te mette en tête
un doute terrible... Est-ce que tu le dirais au mari de celle
que tu soupçonnes ?» «Tu veux parler de Vorenus
et de sa femme ?», répond Octave perspicace.
«Je n'ai pas dit ça», répond
Pullo, décontenancé. «Il me semble qu'un
soupçon à lui seul ne suffit pas, répond
Octave. Une fois formulé, le soupçon d'une quelconque
dépravation fait quasiment office de vérité.
Et si tu fais erreur, Vorenus sera déshonoré pour
rien. Il n'y a que les faits, qui comptent. Sans preuves, tu ferais
mieux de garder le silence.» «J'étais sûr
de ta sagesse», répond Pullo.
5/7. Au bord de la mer
Adriatique, Pompée lit la réponse de César.
A l'esclave messager, il bougonne : «Quel grand bonheur
de n'être rien, d'être esclave, de n'avoir aucune
volonté, de n'avoir aucune décision à prendre.
Comme ça doit être reposant.»
5/8. Au thermes, Vorenus rejoint Erastes Fulmen
pour lui expliquer ses problèmes d'argent. «Je
te croyais en fonds ?» «Mes esclaves sont morts de
dysenterie, mais j'ai gardé de bons contacts avec Narbo.
Je retournerai en chercher.» «Je ne veux pas t'entraîner
dans la déchéance, rétorque Erastes.
Le monde de l'argent est un sale milieu.» Le financier,
qu'impressionne beaucoup le grade de centurion primipilaire de
Vorenus, a d'autre projets pour lui. Qu'il l'accompagne dans ses
tournées pour récupérer les fonds perdus,
comme garde du corps en quelque sorte - le terrible Vorenus de
la XIIIe légion...
5/9. Pour sa première tâche,
Vorenus et quelques gardes du corps teutons accompagnent Erastes
dans un quartier interlope. Tanjit doit de l'argent à Erastes,
qui accueille avec des salamalecs : il n'a pas de vin à
lui offrir, seulement du lait. Erastes se moque grossièrement
de lui et réitère sa demande : «Où
est mon argent ?» «Et où sont mes cochons truffiers
?», répond le débiteur indien. «Tu
en a eus cinquante comme convenu.» «Ils étaient
malades, scrofuleux, et incapables de trouver des truffes.»
«Il paraît que les Hindous vivent après leur
mort», menace Erastes, qui ordonne à Vorenus
: «Casse-lui le bras.» Vorenus obéit.
«Je te maudis», hurle vieillard. «Tranche-lui
la gorge», demande le banquier, impitoyable. Cette fois
Vorenus refuse d'obéir. Il s'enfuit hébété.
«Erastes m'a demandé de tuer un homme !, déclare-t-il
à Niobé. Je ne suis pas un assassin.» «Bien
sûr, lui répond sa femme, mais le loyer, comment
le payera-t-on ? Et les enfants, comment les nourrirons-nous ?»
5/10. Pullo espionne Evander, qu'il soupçonne.
Il surprend ainsi une altercation entre le boucher et sa femme,
qui le gifle en disant : «Je te rappelle que tu n'as
qu'une seule femme, et que cette femme : c'est moi !»
5/11. Sur les murs blanchis de la ville,
apparaissent des graffitis sexuels montrant César faisant
l'amour avec Servilia. Les commentaires gravés en regard
ne laissent planer aucun doute : SERVILIA CÆSARIS FELLAT[RIX]
- CÆS[ARI] SERVILIA CINÆD[ATUR] - CÆSARI FUTA[TUR]
SERVILIA... Dans les rues de Rome, César déambule
à pied, entouré de ses gardes du corps, suivi de
la litière de son épouse Calpurnia. La foule s'écarte,
goguenarde. Des moqueries fusent, allusions salaces.
Leur intimité retrouvée, Calpurnia
menace César de divorcer. Et Posca rappelle à César
qu'une telle décision serait de mauvaise politique, vu
l'influence de sa famille.
5/12. Donc César doit faire un choix.
L'amour ou le pouvoir. Il fait ses adieux à Servilia. «Je
vais vers le sud, sur les traces de Pompée.
Nous n'allons plus nous revoir.» «Plus jamais ?»,
s'inquiète Servilia, incrédule. «Jamais.
Je ne plaisante pas», rétorque César,
glacial. Les amants échangent quelques gifles, mais à
ce petit jeu-là César est, bien évidemment,
le plus fort. «Sois assurée que ce n'est pas que
je ne t'aime pas... Mais je dois agir dans l'intérêt
de la République.»
La politique sera désormais l'unique dessein du proconsul.
«Marc Antoine, tu restes ici [à Rome] avec
la XIIIe légion. Je te laisse Posca, pour t'aider.»
5/13. Dans le sud, Cicéron envisage
de déserter, si Brutus voulait bien l'accompagner. Mais
Brutus refuse. Cicéron demeurera avec Pompée.
5/14. Au bout du rouleau, Vorenus retourne
chez Marc Antoine pour lui faire savoir qu'il a reconsidéré
son offre de réintégrer l'armée de César.
«Je t'écoute, citoyen (7)»,
déclare d'un ton glacial le légat de César.
Antoine accepte, mais seulement parce que César l'a laissé
à Rome et qu'il a besoin de bons soldats. «Préfet
des evocati, premier échelon, avec un prime d'engagement
de 10.000 sesterces», annonce Vorenus. Antoine transige
à 9.000 et lui donne l'accolade : «Lucius Vorenus,
je compte sur ta loyauté, jusqu'à la mort. Sois
le bienvenu.» Retour chez lui, Vorenus avoue à
Niobé, amer : «Je me suis vendu à un tyran.
Il le fallait.»
Il se rend au temple
de Mars - le dieu de la guerre - où, au cours d'une cérémonie
propitiatoire, un vieux prêtre le consacre comme evocati,
barrant son visage avec le sang de la victime sacrifiée.
5/15. Ses esclaves amènent à
Servilia un homme de Timon de Juif, l'amant d'Atia, qu'ils ont
surpris à tracer des graffiti injurieux relatifs
à sa liaison avec César. Servilia décide
de se venger. Elle évoque «les dieux des Junii,
et Tyché, Megara et Némésis. Par les esprits
de mes ancêtres, je maudis en cet instant Caius Julius Cæsar.
Que son phallus se flétrisse, que ses os se fissurent,
que ses légions se noient dans leur propre sang... (etc.).»
Elle le voue aux Enfers, ainsi qu'Atia, «qu'elle se fasse
violer par des chiens, que ses enfants meurent...».
Elle consigne sa malédiction sur une mince feuille plomb,
qu'elle plie, replie, lacère et perce avec son stylet,
et en dissimule les fragments dans des fissures de murs en des
endroits fréquentés par ceux qu'elle a voués
à son exécration.
5/16. Sur ces entrefaites, au milieu de la
nuit, le jeune Octave s'échappe de la villa de sa mère
pour rejoindre Pullo dans une expédition secrète.
Tous deux attirent Evander Pulcio dans un guet-apens, hors de
sa boucherie, et l'entraînent dans les égouts de
la ville. D'abord, l'homme nie sa liaison avec Niobé :
«... je m'étais disputé avec ma femme.»
«Dis-nous la vérité, ou nous te torturons,
insiste Octave, qui lui propose une mort rapide. Pullo, coupe-lui
les pouces.» «Je n'ai jamais torturé personne»,
hésite l'ancien légionnaire. Sans sourciller, Octave
se charge de la besogne. «L'enfant Lucius est de moi»,
hurle Evander lorsque la lame d'acier lui entame la peau. «Le
fils de Vorena ?», s'étonne Octave. «Non,
celui de Niobé. C'est mon fils.» Pullo poignarde
l'amant de Niobé, puis pousse son corps dans le caniveau
qui mène au Tibre. «Vorenus ne doit rien savoir,
jamais !», intime Octave à son complice. Et Pullo
incline la tête dans un accord tacite.
5/17. A Brindisium, César découvre
vide le camp de Pompée qui, avec ses troupes, vient
d'embarquer pour la Grèce... |
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EPISODE 6
Octave devient un homme (Egeria) (2 octobre
2005, HBO)
Réal. : Alan POUL
Scén. : John MILIUS
Pendant que César est en Grèce à la poursuite
de Pompée, à Rome Marc Antoine fait passer des lois
au Sénat. Lydé vit chez Niobé et Vorenus.
Et Pullo lui apprend que son mari, Evander, qui avait disparu
est en fait mort. Lydé ne veut plus jamais que sa sur
lui parle mais elle promet de garder le secret quand à
la paternité de l'enfant. Atia voudrait que son fils Octave
devienne un homme, elle demande à Pullo de l'emmener dans
une maison close. C'est ainsi qu'Octave rencontre Egeria.
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Marc Antoine
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6/1. La vie paraît
paisible chez Vorenus. Vorena-la-cadette joue à cache-cache
avec le jeune esclave gaulois. Le préfet Vorenus souhaiterait
un peu d'intimité avec sa femme. «On pourrait
aller à Baies, après le prochain marché.
Il paraît que c'est bien, là-bas.» «Non,
ma sur Lydé a besoin de moi. Evander, son mari, a
disparu depuis deux mois. Il lui est sans doute arrivé
malheur.» «Oui !, s'énerve Vorenus. Il
est sans doute mort !»
Il est temps d'aller
prendre son service chez Marc Antoine. Le préfet réveille
son acolyte Pullo, à qui l'esclave Eiréné
tend un morceau de pain. «Merci, ma jolie.» «On
ne remercie pas les esclaves, question de discipline.» «Oh,
tu es de bonne humeur, ce matin ! C'est Niobé, hein ?»
«Elle n'arrête pas de parler de sa sur»,
grogne Vorenus.
6/2. «Puissant vice-conquérant
de la Gaule, Mars et Bellone... (etc.)» Baillant d'ennui,
Antoine reçoit ses clients flagorneurs («Cynthia,
ma colombe, une poire s'il te plaît») lorsqu'on
lui annonce l'arrivée du chevalier P. Servilius (8)
et de son épouse Poppée. Il est le plus vieux des
sénateurs demeurés à Rome, quoique partisan
de Pompée. Sans ménagement, Antoine lui offre d'être
consul l'année prochaine (c'est-à-dire en
48)... A condition qu'il l'aide à faire passer deux
lois. Premièrement, le Sénat ratifiera l'élection
de César comme coconsul, pour l'année qui vient
(«Mais il est déjà dictateur»,
bafouille le vieux sénateur. «Ca sonne mieux «consul»,
répond Antoine. C'est plus amical»). Deuxièmement,
dans chaque province, un tiers de ceux qui sont employés
à des travaux d'élevage ou d'agriculture devront
être des hommes libres. Il y a beaucoup trop d'esclaves.
Ils prennent tout le travail. Les plébéiens n'en
ont pas assez. Le vieux sénateur proteste : «Mais
ça va coûter une fortune.» «Seulement
à quelques hommes riches qui possèdent toute la
terre, répond Antoine. Mais ainsi ils auront la
consolation de faire quelque chose d'éminemment patriotique.
Ca m'est bien égal de savoir qui paiera - les riches, les
pauvres, ou les deux. Mais César tient à ce que
cette loi soit approuvée. (...) Préfères-tu
qu'au lieu du Sénat, je passe par l'Assemblée du
Peuple ? Posca, la créature de César, s'occupera
des détails...» Puis il se tourne vers la revêche
Poppée, en lui donnant une petite tape amicale sur les
fesses : «Poppée, ma belle... [menaçant
:] Si ton mari meurt, viens me trouver. On se mariera !»
6/3. Leur service terminé, Pullo et
Vorenus se retrouvent dans la rue. «Alors, ils tiennent
parole !, s'exclame Pullo. Marc Antoine et César
sont pour le peuple. Ils lui donnent du travail ! Toi qui avais
peur...» «Il mène ses négociations avec
une putain (9)
et un nain à côté de lui, grogne Vorenus,
outré par la désinvolture de son général.
Tu crois que Cincinnatus, Marius ou même les Gracques
s'avilissaient de cette manière ? (...) Je ne rentre
pas chez moi, Pullo. J'ai envie de boire.» «Toi, boire
?», s'étonne le légionnaire.
6/4. Chez Vorenus, les femmes sont en grande
discussion. «Tu ne vas pas épouser Criton, un
bouvier, alors que ton père est préfet ! Ce ne serait
pas décent», clame Lydé à Vorena-l'aînée.
«C'est Criton que j'aime», rétorque
la jeune fille, se rebiffant. «Tu va tenir ta langue»,
s'écrie sa mère, alarmée...
6/5. Dans un bouge, Vorenus et Pullo ont déjà
éclusé pas mal de coupes. «Et si je la
battais régulièrement ? Certaines femmes ont besoin
de ça. Je lui ai donné une maison, des esclaves.
Et moi, j'ai quoi en échange ? Rien... Une maison remplie
de gémissements. Elle ne veut même plus faire l'amour
avec moi ! Elle refuse, tant que sa sur est là !
Où est le rapport ?» Pullo le ramène à
la maison, sur son dos. Il ne sait quoi dire à son ami.
«Puisqu'elle te rend malheureux, tu devrais la quitter...»
6/6. Au Sénat, P. Servilius propose
les lois de César, qui sont acceptées sous l'il
goguenard de Marc Antoine.
6/7. Chez Vorenus, Pullo essaie de mettre
Lydé en face des faits. «Je me suis renseigné
à propos d'Evander. Je connais des gens louches, qui sont
au courant de tout. Il avait des dettes de jeu. Il a été
tué. Oublie-le...» Dès qu'elles sont seules,
Lydé maudit Niobé : «Par les Furies ! Je
me tairai pour l'enfant. Mais ne m'adresse plus jamais la parole
!» En vain Niobé essaye de soulager sa sur;
elle réussit seulement à se faire traiter de voleuse
de mari et de putain. Niobé a beau lui représenter
que c'est Evander qui est venu à elle, ce qui n'aurait
pas été le cas si Lydé avait été
une meilleure épouse, c'est-à-dire : si elle avait
donné un enfant à son mari.
6/8. Chez Atia, Pullo est en train de parfaire
l'éducation du jeune Octave. Celui-ci fait des progrès
en escrime. Passant sous le bouclier de l'adversaire, son glaive
de bois «tranche» le jarret de Pullo. Pourtant Atia,
en mère attentive, s'inquiète encore de la virilité
de son trop studieux enfant. «Octave chéri, as-tu
déjà pénétré quelqu'un ?»
De manière pressante, elle rappelle à Pullo qu'il
doit encore emmener Octave se faire déniaiser dans un bordel.
«Merula te fera une toge. Et puis quoi d'autre ?»
«Arrange-toi pour lui faire tuer quelqu'un», persifle
Octavie. «Hmmm, ça viendra bien un jour ou l'autre.
Nous, les Julii (10),
ne manquons pas d'ennemis !»
6/9. Dans une rue de Suburre, une grosse femme
mamelue et peinturlurée en rouge, desservante de Bona Dea,
reçoit les oboles et les vux des passantes. «Pour
avoir un enfant.» «... un fils en bonne santé.»
Niobé se prosterne de tout son long, dans l'espoir que
sa sur retrouve son mari...
6/10. Sa sur étant partie «chez
une amie», Lucius junior et ses surs chez sa confidente
Clarissa, Niobé se maquille soigneusement. «J'ai
pensé qu'on aimerait être un peu seuls. Assieds-toi
et mange», déclare-t-elle à son mari.
«J'ai déjà mangé, hésite
Vorenus. Mais je peux continuer... Assieds-toi près
de moi. Je ne mangerai pas tout cela.» «Le calendrier
convient. Si tu veux me prendre ce soir.» «Avec plaisir.
Je le veux.» Niobé baigne son mari...
6/11. Antoine reçoit un courrier de
César. «J'ai traqué Pompée à
travers toute la Grèce, mais il évite le combat.
Entre-temps, il a reçu dix légions en renforts,
venues de l'Est. Et maintenant, c'est lui qui me pourchasse. Envoie-moi
la XIIIe.»
6/12. Atia et Octavie se choisissent des
bijoux, qu'une commerçante ambulante est venue leur présenter.
«Combien ? 5.000 sesterces ? Voleuse ! 4.500 ? Non, 3.000»,
négocie Merula. «Peut-on se permettre ce genre
de dépense, alors que César essuie des revers en
Grèce ?» Retour à la dure réalité.
Atia menace Octave de brûler tous ses livres de philosophie,
«s'il ne pénètre pas quelqu'un.»
Pullo l'emmène donc dans un bordel de luxe, où pour
mille sesterces est présenté au jeune homme tout
un choix de femmes attirantes et de toutes races, et même
des garçons. Celui-ci choisit une jeune barbare, «Egeria»
qui ne sait même pas de quel pays elle vient : «Moi
pas savoir quel pays. Rome pris moi très jeune. Tuer parents
!» «Allez, à quatre pattes», intime
Octave résigné. Après, elle informera Pullo
que son jeune client s'est exécuté «comme
un taureau».
6/13. Peu après avoir reçu
ces nouvelles de César, Antoine reçoit, en présence
de Vorenus, la visite d'un émissaires de Pompée
qui lui fait une proposition : «Cneius Pompée
te salue, et espère que tu trouves sa maison agréable.
César est perdu. Toi également. Mais un accord unilatéral
est possible. Pompée t'offre la vie sauve, une province
et beaucoup d'argent pour que tu vives dignement.» A
quoi Antoine répond, dédaigneux : «Pourquoi
Pompée croit-il que j'accorde autant de valeur à
ma vie ? (...) Reviens demain.»
6/14. Cette nuit-là, Vorenus a obtenu
de sa femme ce qu'il attendait depuis longtemps. Mais il reste
soucieux. «Qu'est-ce qu'il y a ?», s'enquiert
Niobé. «Marc Antoine n'a pas l'intention d'aller
en Grèce, aider César... J'ai juré fidélité
à un homme qui n'a pas d'honneur.» «Mais alors,
toi non plus tu ne vas pas en Grèce !, répond
Niobé, ravie. N'as-tu pas toujours dit que César
avait tort ?» «La question n'est pas là,
répond le soldat. Dans la vie, il y a des principes
à respecter...» «Tu sais que tu es idiot, toi
?», répond Niobé en lui fermant la bouche
d'un baiser.
6/15. Antoine s'ennuie. Il a armé
en gladiatrices deux prostituées qui se battent mollement,
en ayant peur de se faire mal. «Battez-vous vraiment.
Bravo Cynthia !» Humiliée, Atia désespère
de voir Antoine répondre à son invitation à
souper. Lorsqu'on lui annonce l'arrivée du général,
elle se démaquille en vitesse, enfile un négligé,
et susurre : «A vrai dire, j'avais oublié que
tu venais. Alors, c'est une bonne surprise.» Atia lui
fait servir un petit «en cas». Mais Antoine manque
d'appétit. «Tu n'as pas faim ?» «A
la longue, je me suis habitué aux rations militaires. Je
suis vite rassasié. (...) Pompée a dix fois plus
d'hommes que César. L'arithmétique est sans pitié.»
«Que vas tu faire ?» «Je ne sais pas...»
«Tu es l'homme le plus puissant de Rome; le peuple t'aime...»,
assure Atia. «C'est parce qu'il ne me connaît pas...»,
répond Antoine.
Après avoir
fait l'amour, les amants réclament à boire aux esclaves
demeurés autour d'eux, attentifs à leurs moindres
désirs. La vieille et fidèle Merula leur apporte
du vin. «Je pourrais dormir huit jours d'affilée»,
soupire Antoine. «J'ai réfléchi, propose
Atia. On devrait se marier.» «C'est une plaisanterie
?», s'insurge Antoine. Atia expose son deal :
étant «grillée» côté pompéien,
un mariage avec Antoine - s'il embrassait le parti de Pompée,
en ne rejoignant pas César en Grèce - la blanchirait.
En retour, elle apporterait la caution de son lignage aristocratique
au plébéien Antoine.
Atia flatte Antoine sans vergogne, proclamant qu'au delà
des apparences, il y a la réalité. «Mais
tu veux que je trahisse un ami, qui plus est un homme de ton sang
? (...) Je n'avais pas réalisé jusque-là,
que tu n'étais qu'une vieille harpie perverse»,
s'indigne le général. Il la gifle. Merula s'approche
de lui, armée d'un couteau, prête à défendre
sa maîtresse contre son soudard d'amant. Avec une grimace
de dégoût, Antoine ramasse sa tunique et s'en va.
6/16. Le lendemain, il convoque la XIIIe
légion qu'il désire conduire en Grèce. Et
lorsque se présente l'émissaire de Pompée,
le lieutenant de César a le plaisir de lui mettre son poing
dans la figure.
6/17. Dépitée par l'attitude
de son amant, Atia tourne sa rancur vers Servilia, l'amie
de Caton (11)
et des autres républicains. Elle lui envoie - pour se consoler
de César, qui fait la guerre au loin (!) - un esclave nu
et couvert d'or mais, surtout, pourvu d'un gros pénis.
C'est à la pauvre Octavie qu'échoit de triste privilège
de conduire ce «cadeau amical» à la rivale
détestée de sa mère. Servilia la reçoit
fraîchement. Puis : «Pardonne-moi pour ma mauvaise
humeur. Je te connais depuis que tu es enfant. Tu as un bon fond.
(...) Reviens me voir. Bientôt.»
6/18. Octave est envoyé dans une académie
de Mediolanum (Milan). Pullo fixe son paquetage sur une fourche
et s'en va rejoindre son unité. Unie derrière son
emblème, une cigogne, la XIIIe se met en route pour le
sud.
Sur le Forum, le crieur public annonce que la flotte de Marc Antoine
fait voile pour la Grèce.
Et que «ce mois-ci, les bains publics seront offerts
par les boulangers de la confrérie de Capitoli, qui n'utilisent
que la meilleure farine. Un véritable pain romain, pour
les véritables romains».
6/19. Au large du talon de la botte italienne
et malgré une offrande à Triton, les navires qui
portent la XIIIe sont victimes d'un violent
orage. |
Suite… |
NOTES :
(1) Evocat. Légionnaire
qui, son temps terminé, a rempilé. Généralement
un haut gradé ou un spécialiste. Il a droit à
un cheval. - Retour texte
(2) Que faut-il entendre par ce que
la VF nomme «premier échelon» ? Sans doute
centurion primipilaire (primus palus), le centurion
le plus haut gradé, qui commande la première cohorte
(pour un an) et est le patron de tous les centurions de sa légion.
Mais comment concilier cela avec le grade de préfet (de
cavalerie, de camp, de l'artillerie, du génie etc.) ?
- Retour texte
(3) Rite plausible, à défaut
d'être attesté (?). Mais d'ordinaire, la chair
des animaux sacrifiés était partagée entre
les assistants... Donc. - Retour texte
(4) Evander est aussi l'ancien amant
de Niobé, père du petit Lucius qu'on fait passer
pour le fils de Vorena-l'aînée et de Criton. Comme
qui dirait, les femmes ne mentent jamais, mais elles racontent
des histoires pour se tirer d'affaire ! On y reviendra. - Retour
texte
(5) Ici, il y a une allusion anachronique
à la rétribution des prétoriens, qui en
réalité n'existent pas encore. - Retour
texte
(6) La Mort. - Retour
texte
(7) Dans Tacite, cette expression
est particulièrement insultante entre soldats. C'est
ainsi qu'avant la bataille de Crémone un général
vespasianiste qualifie de «civils» (pagani)
les prétoriens qui ont rallié sa cause. - Retour
texte
(8) Il s'agit en fait de Publius Servilius
Vatia Isauricus, consul en 48 et en 41. - Retour
texte
(9) Cynthia, la concubine d'Antoine
dans le feuilleton, est l'avatar télévisuel de
Cythéris. - Retour
texte
(10) Atia est effectivement une
Julii par sa mère Julia, sur de Jules César.
La documentation de la minisérie insiste de manière
quelque peu illogique sur les filiations des femmes : Atia
des Julii et Servilia des Junii. Or si Atia est une
Julii par le sang maternel, Servilia - par le sang paternel
une Servilii - n'est une Junii que par son mariage
avec un C. Junius Brutus, descendant en ligne directe du fondateur
de la République.
De fait, Atia est avant tout une Atii, par son père
Atius. Et, par son mariage avec C. Octavius, une Octavii.
(Sans oublier son remariage - éludé par la minisérie
HBO - avec L. Marcius Philippus, qui fait d'elle, désormais,
une Marcii, apparentée donc aux Marcii Rex
dont le plus célèbre spécimen fut C. Marcius
Coriolanus, le fameux «Coriolan», le héros
de la guerre contre les Volsques). - Retour
texte
(11) La minisérie ne le précise
pas, mais en fait Caton est par sa mère le demi-frère
de Servilia. - Retour texte
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