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Rome
[TV : HBO - BBC]
(Michael Apted, Allen Coulter, Julian Farino, etc. -
EU-GB, 2005)
(page 13/18)
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EPISODE 7
Vaincre ou mourir (Pharsalus) (9 octobre
2005, HBO)
Réal. : Tim VAN PATTEN
Scén. : David FRANKEL
Poussé par les sénateurs, Pompée se prépare
à attaquer César, qui attend des renforts. Rescapés
du naufrage qui a englouti
la XIIIe légion, Vorenus et Pullo attendent la mort sur
l'île où ils ont échoué. Craignant
la prochaine défaite de César, Atia envoie Octavie
demander la protection de Servilia. Celle-ci accepte, et les deux
femmes s'embrassent passionnément.
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L. Septimius assassine Pompée à
peine celui-ci débarqué sur le sol égyptien |
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7/1. Sur une plage,
les flots viennent mourir charriant cadavres et épaves
- ce qu'il reste de la XIIIe légion. Et deux survivants
: Pullo et Vorenus.
7/2. Dans leur camp, César et Marc
Antoine (qui a échappé au naufrage) échafaudent
des plans. Posca les invite «à ne pas fixer ainsi
la carte : elle ne se redessinera pas !» «C'est ici
qu'il nous faut affronter Pompée, proclame Antoine
avec force. On va les réduire charpie.» «Oui,
en charpie», lui fait écho César, mi-figue
mi-raisin.
Quand Posca met une serviette autour du cou de César et
se saisit d'un rasoir. Le général, avec une bonne
humeur feinte, lui intime : «Tache de m'épargner
une effusion de sang, cette fois-ci.» «Attends encore
un peu, et c'est Pompée lui-même qui te rasera.»
7/3. Dans leur camp, les Pompéiens
préparent leur attaque. En fait, ils se partagent déjà
l'Empire. «Un préture pour Torquatus. Une autre
pour Varron», suggère Scipion. Et pour Labiénus,
la Macédoine ? Non, plutôt la Bithynie, car la Macédoine
est déjà à Libon. «Vous vous réservez
le meilleur», reproche Cicéron. «Ce
n'est pas tout de cuisiner un lapin, il faut d'abord l'attraper»,
grogne Pompée. «Il est cerné et vient de
perdre 2.000 hommes, il est fait, se gargarise Caton. On
peut dire qu'il est déjà dans la marmite.»
«Nous ne pouvions tolérer
un tyran..., dit Brutus, visiblement mal à l'aise.
Mais je ne peux me réjouir. Pour moi César a
été comme un père.» «Je compatis...»,
se modère Caton.
Une fois de plus les chefs républicains sont en désaccord
avec leur général en chef. Pompée, en effet,
est d'avis de tempérer un peu les ardeurs belliqueuses
de ses lieutenants. «Laissons César macérer
encore un mois, et son armée se désagrégera
d'elle-même, sans pertes pour nous.»
Caton et Cicéron
trouvent la solution peu honorable; ils veulent patauger dans
le sang de l'usurpateur, l'égorger devant le dieu Mars.
Pour eux, seule une victoire obtenue à la pointe du glaive
peut donner un sens à leur combat. «Tu es Pompée
le Grand, s'exclame Scipion. Tu conquiers et écrase
tes ennemis comme des insectes. Les gens seront déçus
par moins.»
Ceci fait vibrer la corde sensible du vieux général,
qui fait marcher ses légions contre le camp de César.
7/4. Sur le Forum, à Rome, le crieur
public annonce que Marc Antoine a rejoint César en Grèce,
mais a perdu la
plupart de ses navires et de ses hommes. César se trouve
encerclé et inférieur en nombre.
Toujours réaliste, Atia considère déjà
César comme vaincu, fini. Les gardes du corps que Timon
lui a procurés ne lui suffisent plus. Elle se voit déjà
lynchée par les Pompéiens. Aussi ordonne-t-elle
à Octavie d'aller quémander quelques hommes chez
Servilia, qui garderont sa porte en son nom. «Pourquoi
moi ?», s'étonne Octavie. «Elle peut
bien faire cela pour nous, avec tous les superbes cadeaux que
je lui ai faits. En tout cas, il est hors de question que j'aille
moi-même quémander quelque chose !» Un
esclave bien membré pour se consoler de l'absence de César
- l'indélicatesse d'Atia est sans mesure -, des tortues,
de la glace pour les sorbets...
[Egoïste et candide comme à son habitude, infatuée
de son importante petite personne Atia croit qu'on peut pardonner
ses petites plaisanteries méchantes. Elle semble avoir
déjà oublié les graffitis qu'elle a fait
tracer dans toute la ville, qui ont consommé la rupture
de César avec Servilia. Bien sûr, elle ignore que
Servilia sait parfaitement qui en a été le commanditaire.
- N.d.M.E.]
7/5. Lydé se rend chez sa sur
Niobé, ses récriminations habituelles à la
bouche. L'épouse de Vorenus s'offre à l'aider. «Tu
as misé sur le bon attelage.» «Je ne sais même
pas sir Vorenus est encore vivant...» Lydé mesure
tout l'absurdité de sa haine. Les deux surs se réconcilient.
«Vous êtes tout ce que j'ai... Je suis fatiguée
d'être fâchée.»
Sur leur petite île de l'Adriatique, tout juste un banc
de sable, Vorenus et Pullo réagissent chacun selon son
tempérament. «C'est ici que nous mourrons»,
se désespère Vorenus, qui concentre ce qu'il lui
reste d'énergie pour graver sur une pierre un message d'adieu,
destiné à Niobé. Pullo pour sa part essaye
d'attraper du poisson. «Nous serons morts de soif bien
avant de mourir de faim», grogne Vorenus. Pullo se déclare
prêt à boire le sang des camarades morts, dont les
cadavres rejetés par la mer gisent sur la grève.
Quelques jours plus tard, Pullo pense à l'au-delà.
Il songe à sa mère, morte quand il était
petit. Comment le reconnaîtra-t-elle ? Ils sont sûrement
des millions. C'est alors que Vorenus s'avise que les cadavres
en décomposition, gonflés des gaz de la putréfaction,
feraient d'excellents flotteurs. Quelques planches d'épaves
récupérées, et voilà un radeau improvisé...
7/6. Octavie se prépare à aller
trouver Servilia. Atia ne peut pas s'empêcher de lui adresser
quelques compliments de son cru : «Quelle élégance
! En te voyant ainsi, toi qui a toujours l'air d'une souillon,
elle comprendra quelle vieille truite (1)
elle est devenue.»
Servilia a le triomphe modeste. Atia était si orgueilleuse
des victoires de César ! Qu'Eleni, son intendante, «envoie
Ajax et trois ou quatre hommes parmi les meilleurs, garder sa
porte». Octavie sanglote de honte, en voyant le dévouement
et la générosité de Servilia. Les deux femmes
s'étreignent longuement.
7/7. Le camp de César, en Grèce.
Fulvio annonce à son général que Pompée
s'est mis en marche. Sans s'énerver, César lui rappelle
la discipline militaire : «Tu as oublié comment
on salue ?» «Non, César. Je n'ai aucune excuse.»
César ordonne à Gracchus de sonner le rassemblement,
et à Xeno de seller son cheval.
Posca résume la situation : «A pied, nous sommes
un contre trois; à cheval : un contre cinq. Et nos hommes
sont affamés et terrorisés.» «Raison
de plus pour en finir et rentrer chez nous», dit César.
«Je ne savais pas que l'ironie était une arme
militaire», répond l'affranchi. «Nous,
nous devons vaincre ou mourir, assure tranquillement César.
Les hommes de Pompée ont d'autres options !»
Dans leurs camps respectifs
les deux généraux font leurs derniers préparatifs.
César prie et, entaillant la paume de sa main gauche, offre
aux dieux un peu de son sang.
7/8. La bataille de Pharsale (2)
s'engage. Les Pompéiens sont laminés. Des Romains
ont massacré d'autres Romains. Amer, César demande
à Posca : «Fais dire à Rome que... César
a vaincu.»
7/9. Blessé à la main, Pompée
semble se désintéresser de son sort. Que César
s'empare de lui, quelle importance ? Dans son état-major,
l'on discute ferme. Continuer la guerre, bien sûr. Mais
avec quel argent et où ? Tout l'argent récolté
en Grèce a été dépensé. Comment
payer des troupes fraîches ? Caton propose de passer en
Afrique. «Nous n'aurons bientôt plus aucun continent
où aller», constate Cicéron. «Nous
sommes le Sénat de Rome !», vocifère Caton,
obstiné. «Nous sommes surtout des vieillards crottés»,
lui rétorque Cicéron. Celui-ci déclare vouloir
se rendre à César, quitte à ce que celui-ci
le fasse mettre à mort.
Brutus également,
vide son sac. «Comment-ais-je pu me commettre avec cette
bande sénile, manger des choses infectes, et suivre ce
pauvre fou de Pompée. Si j'avais su quel vieil imbécile
c'était, je n'aurais jamais quitté Rome.»
C'est à cet instant précis que le vieux général
entre sous sa tente. «Pardonne ma colère, s'excuse
Brutus. Je ne suis plus moi-même.» Pompée
hausse les épaules, très las. Il invite ses camarades
à faire route vers Amphipolis, et là embarquer pour
l'Egypte où les Ptolémées leur offriront
un abri sûr. Mais Caton et Scipion préfèrent
aller de leur côté, avec leurs derniers soldats,
considérant qu'il serait imprudent de voyager ensemble
(par là-même, ils lui indiquent clairement qu'ils
ne le regardent plus comme leur chef). Brutus et Cicéron,
pour leur part, décident de se rendre à César.
7/10. Pompée prend la route d'Amphipolis,
avec son épouse Cornelia, et ses très jeunes fils
et fille. Au milieu de la nuit, les soldats et plusieurs esclaves
désertent et lui volent chariot et cheval. Il ne lui reste
que quelques esclaves, et un guide local au nez coupé,
Lysandros. Cachant son identité, Pompée désormais
se nommera Eneas Mela, de Pergame, marchand romain en voyage d'affaires.
Non loin d'Amphipolis,
le convoi longeant le littoral découvre Vorenus et Pullo
rejetés sur le plage. Les deux soldats se joignent à
l'escorte de Pompée. Lysandros souhaite les avoir pour
alliés dans le but de piller le vieil homme : les esclaves
pour lui et ses amis; la femme et les enfants pour les deux légionnaires.
Les explications de Pompée contant à ses enfants
comment il avait été l'ami de Ptolémée
Aulète XII, avec qui il avait chassé le lion, mettent
la puce à l'oreille de Vorenus. Pullo reconnaît formellement
Pompée. Alors Vorenus passe son glaive au travers du corps
de Lysandros, et déclare Pompée prisonnier de la
XIIIe légion !
7/11. Son intendante Eleni annonce à
Servilia la nouvelle de la victoire de César en Grèce,
et la défaite de Pompée. «Et mon fils ?»
«On ne sait rien...» Octavie, venue lui tenir
compagnie, la prend dans ses bras pour la consoler, et lui donne
du baiser d'abord chaste, puis plus appuyé. La jeune femme
et son amie plus âgée s'abandonnent dans une étreinte
passionnée.
7/12. César accueille Brutus et Cicéron
à bras ouverts, écartant leurs excuses : «Pas
question de parler de reddition. Nous nous sommes seulement un
peu querellés, mais maintenant tout est en ordre. J'espère
que Pompée est toujours en vie, grâce aux dieux.»
Brutus se jette dans les bras de César comme un enfant
reconnaissant, faisant des excuses pour sa trahison. «C'est
moi suis désolé, répond César. Je
t'ai soumis à un dilemme impossible. Tu as seulement fait
ce que tu as pensé honorable, j'en suis sûr.»
7/13. Pompée prie Vorenus de le laisser
conduire sa famille en Egypte, où elle sera en sûreté.
Les deux hommes ont une conversation de soldats. Pompée
compare Alésia, où a combattu le XIIIe, et Pharsale.
«Et voilà comment Pompée le Grand a été
vaincu. Et que la République s'est éteinte.»
Cette dernière remarque provoque un petit pincement au
cur de Vorenus, qui hésite en son allégeance
à la XIIIe et à César, et ses convictions
républicaines.
Il invite Pompée à continuer son chemin, et à
embarquer pour l'Egypte avec sa famille. Pullo est furieux : «Tu
es malavisé et désobligeant. On le tenait. César
nous aurait donné des monceaux d'or.»
7/14. Lorsque les deux hommes se présentent
devant leur général, celui-ci est interloqué
: «La tempête m'a englouti 5.000 hommes; il n'y
a eu que quatorze survivants - dont vous (3).»
«Nous avons vu Pompée se rendant en Egypte...»
«... Et vous ne l'avez pas appréhendé ?»,
s'étrangle César, furieux. «Je n'en ai
pas vu l'utilité. Je précise que le légionnaire
Pullo n'est pour rien dans ma décision», répond
le préfet des évocats. «Aussi longtemps
qu'il peut tenir sur un cheval, il est dangereux... ! Je devrais
te faire fouetter et crucifier. A l'avenir, sache que seul
César est en mesure d'accorder une grâce.»
Il congédie les deux soldats. Irrité par la légèreté
de son subordonné, Marc Antoine conseille à César
: «Tu devrais faire un exemple.» «Je n'hésiterais
pas avec un autre qu'eux (sic). Mais ce sont eux qui ont
retrouvés l'aigle volé. Ce sont eux qui ont survécus
au naufrage qui a décimé toute une armée,
qui ont retrouvé Pompée sur une plage. De puissants
dieux sont à l'évidence à leurs côtés.
Et moi, je refuse de tuer quiconque peut se prévaloir de
telles amitiés. (...) Nous appareillons pour l'Egypte.»
7/15. Sur une plage à l'embouchure
du Nil, le navire de Pompée jette l'ancre. Le vieil homme
se fait débarquer, patauge dans l'eau. Une patrouille égyptienne
conduite par un mercenaire romain l'accueille. L'officier déclare
: «Je suis Lucius Septimius, ex-centurion à la
IVe légion, troisième cohorte. J'étais avec
toi en Ibérie.» Tandis que les deux soldats se
donnent l'accolade, le mercenaire lui plonge son poignard dans
le flanc, puis le décapite
avec son sabre - sous les yeux horrifiés de Cornelia et
de ses enfants, demeurés dans le bateau (4). |
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EPISODE 8
Un trône pour deux (Cæsarion)
(16 octobre 2005, HBO)
Réal. : Stephen SHILL
Scén. : William J. MacDONALD
Servilia retrouve son fils Brutus rentré à Rome
avec d'autres nobles pardonnés par César, tandis
que ce dernier est reparti pour l'Egypte à la poursuite
de Pompée. Le dictateur y rencontre le jeune roi Ptolémée
XIII (5),
auprès de qui il évoque la disparition de Cléopâtre,
sa sur, avec qui il se dispute le trône. En guise
de cadeau, la cour égyptienne offre au général
romain la tête de Pompée, ce qui déclenche
la fureur de César. Celui-ci envoie Vorenus et Pullo à
la recherche de Cléopâtre.
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Cléopâtre, César et
Césarion |
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8/1. Brutus rentre
chez lui, à Rome. Servilia, sa mère, lui fait l'accolade
sans desserrer les dents. Sur le Forum, après les faits
divers («Perduis Attias offre une prime à qui
lui ramènera son esclave enfui...»), le crieur
public annonce que... «Les nobles qui rentrent de Grèce
ont été pardonnés par César. Il est
interdit de leur faire du mal. Voici leurs noms : P. Servilius
Casca, M. Tullius Cicero, C. Cassius Longinus et M. Junius
Brutus... Pompée, le traître, a fui en Egypte où
César le pourchasse...»
8/2. Pourchassant, donc, Pompeius Magnus,
César et ses hommes débarquent à Alexandrie.
César se dirige immédiatement vers le palais, encadré
par ses légionnaires. Fumigations d'encens. Courtisans
outrageusement maquillés. Il y a là les trois principaux
ministres de Ptolémée : l'eunuque Pothinus, son
«nourricier», Théodote de Chios, son maître
de la rhétorique (6),
et Achillas (7), son stratège...
«Admirez Ptolémée, fils des Deux Femmes.
Maître de la sauge et du laurier. (8).
Admirez Ptolémée, fils de Râ... Le Lion
Majestueux...», proclame Pothinus. Dehors, des gamins
jettent mollement des pierres aux légionnaires.
8/3. Comptes-tu rester longtemps à
Alexandrie ?, s'enquiert le royal porte-parole. Dénégation
de César. «Que pouvons-nous faire pour t'aider
?», demande alors l'eunuque. «Trop aimable,
répond César. Il boit une gorgée de sa coupe.
Où en êtes-vous de votre préparation pour
la guerre ?» «Quelle guerre ?», feint de
s'étonner Pothinus. «On m'a dit que la sur
du... [temps. César ironique :] Lion Majestueux...»
Ptolémée, un enfant de treize ans, bouffi, tatoué,
maquillé, peinturluré, jaillit de dessous les larges
éventails, et interrompt le dictateur : «Ne me
parle pas d'elle. Je pisse sur elle. Je défèque
sur elle.» Et le ministre de renchérir : «Cléopâtre
n'a le soutient de personne, sauf quelques traîtres ou barbares.»
«Deiloghos de Pergamon peut lever dix légions pour
elle», rétorque tranquillement César.
«Où est-elle ?», insiste le Romain.
«Dans le sud, je suppose», répond Pothinus.
«Il ment, ils l'ont capturée», souffle
Posca dans l'oreille de son maître. César martèle
impérieusement : «Cette dispute entre vous doit
prendre fin ! Rome exige que l'Egypte soit en paix. Vos bateaux
de grain doivent continuer à naviguer !»
Espérant apaiser le dictateur romain, les hommes du roi
lui présentent la tête tranchée de Pompée,
«cadeau de surprise». Loin d'exprimer sa gratitude,
César s'exaspère. «Silence !, tonne-t-il.
Honte sur la maison de Ptolémée. Et pour cette
barbarie, honte sur vous ! Cet homme était un consul de
Rome ! Un consul de Rome... mourir ainsi, équarri comme
un vulgaire voleur... Quelle infamie !» César
exige que lui soit livré l'assassin. Le petit roi irritable
n'ose traiter d'«insecte» le chef romain qu'une
fois celui-ci sorti. La nuit, César incinère les
restes de Pompée.
A l'aube, il décide de renvoyer Antoine à Rome,
avec la moitié de son armée. Il restera, lui, en
Egypte, pour assurer l'approvisionnement de Rome en blé...
et mettre au pas les factions. «Il ne reste qu'un petit
garçon et un eunuque...» «Oui, mais le petit
garçon vaut 100.000 hommes» (9),
répond Posca. «Et la guerre n'est pas finie, il
reste Scipion et Caton», rappelle Antoine, réprobateur.
8/4. César convoque Vorenus pour le
charger de retrouver Cléopâtre. Le préfet
en profite pour présenter ses excuses : «Si j'avais
fait mon devoir, Pompée ne serait pas mort ici.»
Vorenus et Pullo se
mettent en embuscade dans le désert. Le légionnaire
en profite pour blasphémer les dieux égyptiens à
tête de chien, etc., mais le pieux et superstitieux Vorenus
l'incite à la prudence, «car [les dieux de
ce pays] sont des dieux très anciens».
8/5. Le dictateur présente ensuite
l'addition à Pothinus. Ptolémée devait 17.000.000
de drachmes à Rome. A peine quatre millions, proteste l'eunuque.
«Comprends bien, expose Posca. Certains créanciers
sont décédés, tel Pompée. Mais leurs
intérêts post mortem reviennent au consul
en chef, ici présent : C. Julius Cæsar. C'est la
loi !» «La loi romaine ?», soupire Pothinus.
«Existe-t-il pour toi une autre loi, créature
efféminée», demande César, glacial.
Et au petit Ptolémée qui rouspète : «Sa
majesté semble oublier qu'il est le vassal de Rome. Assieds-toi
!» Il finit par transiger avec Pothinus à dix
millions. «Il faudra plusieurs jours pour réunir
cette somme.» «Parfait, ainsi j'aurai le temps de
régler votre différend avec Cléopâtre.»
8/6. Au portes du désert, Vorenus et
Pullo repèrent aisément les trois émissaires
de Pothinus, chargés d'éliminer la reine Cléopâtre,
retenue en un lieu secret. Discrètement, les deux Romains
leur filent le train. Les trois Nubiens les conduisent ainsi au
camp où est détenue Cléopâtre, avec
sa servante Charmian consignées dans sa litière,
véritable palais ambulant où la princesse égyptienne
trompe son ennui en fumant de l'opium. Hutto, un serviteur, demande
à lui parler. «Gifle-moi», demande à
sa servante Cléopâtre, complètement défoncée.
«Sa Majesté doit se préparer pour son grand
voyage dans l'Au-Delà», annonce cérémonieusement
l'esclave. Mais les trois tueurs l'écartent sans ménagement.
C'est à cet instant que Pullo et Vorenus font irruption.
Pullo régle son compte au tueur qui est près de
Cléopâtre, tandis que dehors Vorenus élimine
les deux autres. Cléopâtre se fait porter une nouvelle
pipe d'opium. «C'est de la faiblesse !», la
désapprouve Charmian. «Tu sais frapper tes esclaves,
ça oui !», ajoute-t-elle, après que la
reine lui aie vigoureusement rappelé qui commande, en Egypte.
Toutefois, piquée au vif, Cléopâtre - qui
a une volonté de fer - jette aux sables du désert
la longue pipe d'or. Fini la drogue.
8/7. A l'étape, le soir, Pullo déclare
tout faraud à son ami : «Cette princesse d'Egypte,
je me la ferais bien. Elle a envie de moi. Tu as vu son regard
?... Elle mouille !» «Son aïeul a marché
aux côtés d'Alexandre, respecte-là !»,
lui conseille Vorenus. Exultante, sa liberté retrouvée,
Cléopâtre contemple le profil de César sur
une pièce de monnaie. Son plan est désormais tout
tracé. «Si ce César est un homme, je l'aurai,
annonce-t-elle à son esclave Charmian. C'est une honte
qu'il ne soit pas ici aujourd'hui, avec moi. Tais-toi, truie bornée
: que sais-tu de l'amour et de la séduction ? Mon utérus
est prêt. Mon utérus est fécond !»
Se faire faire un enfant par le dictateur sans héritier
lui permettrait d'avoir barre sur lui. Mais s'il défaillait
? Deux précautions valent mieux qu'une; elle fait appeler
le Romain roux, Vorenus. «Sa Majesté t'ordonne
de la pénétrer», exige la nourrice, sans
ménagement. Mais l'intègre romain est choqué
par cette demande. «Le coït ? C'est uniquement pour
faire des bébés...» «Tu oses repousser
la fille du dieu du soleil ?», s'indigne Charmian. «Je
ne puis faire ce que vous me demandez, répond-il tout
raide. Je ne puis ainsi m'exécuter sur commande... les
hommes romains ne sont pas employés par les femmes de cette
façon.» Usant de son grade, il se fait remplacer
par Pullo, ravi de l'aubaine. «Va voir immédiatement
la princesse Cléopâtre, et fait ce qu'elle te dit.»
8/8. A Alexandrie,
Pothinus et Théodote incitent Achillas a attaquer César,
qui n'a que quelques centaines d'hommes. «Je t'emprunte
ton lieutenant Septimius quelques instants», le prie
Pothinus. Septimius porte à César un messages scellé,
sans avoir que c'est son propre arrêt de mort. Le billet
le désigne en effet comme le meurtrier de Pompée.
César le fait immédiatement exécuter et sa
tête est accrochée aux portes du palais.
8/9. Pullo et Vorenus en franchissent bientôt
le seuil, ramenant la reine cachée dans un sac (10).
Prestement déballée, Cléopâtre tend
gracieusement la main au dictateur pour qu'il l'aide à
se relever. Quelques heures plus tard, elle fait irruption dans
la salle du trône, escortée par César et ses
officiers. «Il y a un problème, mon petit mari
?» «Mes conseillers m'ont fourvoyé»,
balbutie Ptolémée, gêné. Théodote
et Pothinus se rejettent mutuellement la responsabilité.
Leurs têtes vont bientôt rejoindre celle de Septimius.
Cléopâtre annonce les couleurs sans ambages : «Calpurnia,
ta troisième épouse, est-ce qu'elle t'a donné
un fils ? Un homme sans fils est un homme sans futur»,
dit-elle à César, avant de changer le sujet. Elle
lui conseille d'occuper les ports en amont, qui commandent l'Egypte.
«Oui, si je voulais soumettre l'Egypte.» «Comment,
ton désir n'était pas de soumettre l'Egypte ?»
César nie hypocritement, mais la jeune reine lit en lui
comme dans un livre ouvert : s'il veut assurer l'approvisionnement
de Rome en blé, il doit le faire impérativement.
«Fais de moi ton esclave», dit-elle en s'offrant
à lui. Le restant de l'après-midi est torride.
(Torride aussi, à
Rome, l'après-midi de Servilia et Octavie dont la caméra
nous restitue les ébats en montage alterné.)
Dehors, les Egyptiens attaquent le palais.
8/10. Pendant ce temps, à Rome, Cicéron
et Brutus se rencontrent dans la Curie désertée.
«J'écris de mauvais poèmes»,
maugrée Brutus. «César est assiégé
dans Alexandrie depuis près d'un an. Et Marc Antoine, cette
pourriture, attend son heure...» Brutus lui rappelle
leur serment de fidélité à César,
mais Cicéron est exalté à l'idée que
Caton et Scipion ont réussi à lever une armée
en Numidie. «Nous avons juré fidélité
à César, mais pas à Antoine», grogne
Cicéron.
Surgit Marc Antoine, qui leur tient un discours lourd de sous-entendus.
«J'ai parfois commis des erreurs... Mais rien ne peut
m'échapper. Si un pigeon meurt sur l'Aventin, je l'entends.»
Il se saisit des mains de Cicéron : «Je suis un
homme compatissant. Je te pardonne. Mais si j'entends encore une
fois ton nom associé à la plus petite rumeur de
trahison... je trancherai sans hésiter ces petites mains
douces et je les clouerai moi-même à l'entrée
du Sénat.»
Il s'apprête à sortir. Brutus le relance : «Et
les nouvelles ?» «César est maître de
toute l'Egypte.» (Plan sur le visage de Ptolémée,
noyé dans le Nil.)
8/11. A Alexandrie, César et Cléopâtre
sortent du palais, pour présenter Cæsarion, leur
fils nouveau-né, aux légionnaires alignés
qui hurlent leur joie. Le plus enthousiaste est Titus Pullo, qui
se reprend difficilement lorsque Vorenus lui jette un regard désapprobateur. |
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EPISODE 9
Marchés de dupes (Utica) (30 octobre
2005, HBO)
Réal. : Jeremy PODESWA
Scén. : Alexandra CUNNINGHAM
César triomphe. Vorenus revoit Niobé après
deux ans de guerre et Pullo retrouve Eiréné. Les
deux anciens soldats travaillent à la boucherie que tiennent
Niobé et Lydé. De son côté, Atia organise
un dîner pour célébrer le triomphe de César.
Servilia et Brutus y assistent, ainsi qu'Octave, à qui
César offre une charge de Pontife. Celui-ci hésite,
préférant se consacrer à la poésie.
Ayant appris d'Octavie que César semble atteint d'un mal
mystérieux, Servilia invite celle-ci à arracher
la vérité à son frère Octave. Par
tous les moyens, même le sexe - même l'inceste. Elle
lui apprend également que c'est sa mère, Atia, qui
a fait tuer son mari, Glabius.
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Retour à la vie civile pour Vorenus
et Pullo, garçons bouchers
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9/1. Le champ
de bataille de Thapsus
: une plaine sableuse d'Afrique où agonisent les éléphants
[de Juba]. Caton hébété glose sur ces pachydermes
qui dorment debout et ne se couchent que morts. César a
gagné. Défaits, Caton et Scipion se traînent
jusqu'à la ville la plus proche, Utique, seulement accompagnés
d'une poignée de soldats et d'esclaves. Dans une misérable
masure, les derniers chefs pompéiens doivent considérer
leurs destins. «Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir»,
philosophe Scipion. «J'ai bien peur, mon vieil ami, que
nous ayons tout fait pour prouver le contraire... Tu devrais faire
la paix avec César. Tu as un esprit tolérant»,
répond Caton. «Je n'en sais rien. Je ferai comme
tu feras.» «Et tu aurais bien tort... Excuse moi,
je dois uriner». Le vieux Caton s'éclipse, pour
se plonger un glaive dans le corps.
Le lendemain, les Romains brûlent son corps. Scipion demande
à son affranchi Asprenas de lui trancher la gorge. «Taille
bien profondément», recommande Scipion. «Adieu,
maître», répond l'ancien esclave en obéissant.
9/2. A Rome, une pantomime narre la dernière
bataille des Pompéiens, soulignant ses saillies de mimiques
obscènes. On voit Caton, puis Scipion se suicider. César,
Brutus et Atia se tiennent au premier rang des spectateurs.
Après deux ans passés à la guerre, Vorenus
est lui aussi rentré à Rome, toujours flanqué
de son camarade Pullo. Il retrouve ses enfants, Vorena l'aînée,
Vorena la cadette et le petit Lucius qui a grandi. Niobé
a acheté deux nouveaux esclaves. Elle s'est associée
avec Lydé, dans sa boucherie, qui marche plutôt bien
: cinq cents têtes par semaine. Surtout du porc. Pullo offre
à Eiréné un bracelet, prélevé
sur sa part de butin.
9/3. Sur le Forum, le crieur public annonce
«les parentalies (11)
(qui) débuteront aux Ides. A cette occasion, les temples
seront fermés et aucune union ne sera célébrée.
(...) Le vin sera fourni par la Fraternité capitoline et
le pain par la Guilde des meuniers. La Guilde des meuniers n'utilise
que le meilleur grain et donne aux Romains authentiques du pain
authentique.»
9/4. Dans la campagne, Timon ramène
chez lui le jeune Octave après deux années passées
à l'académie. Le jeune patricien est occupé
à uriner contre une pile de l'aqueduc. «Et revoilà
cette vieille pute de Rome.» «Tu baises toujours ma
mère ?», répond Octave en se rajustant.
«Ah, Ah ! Quand elle veut bien se moi...»,
soupire le maquignon juif.
Retrouvailles d'Octave avec Atia et Octavie. Toujours hautaine,
Atia signifie son congé à Timon : «Je te
verrai plus tard.» Atia décide d'organiser un
banquet pour célébrer le retour de son fils ainsi
que celui de César vainqueur.
9/5. Déterminée à ne
pas paraître faible, Servilia insiste pour accompagner Brutus,
bien qu'elle soit encore furieuse au sujet des nouvelles fidélités
de son fils. Avec réalisme, Brutus plaide la cause de César
qui le comble de bienfaits. «C'est une question de bon
sens : je ne peux pas demander la pitié de César,
et accepter le rang et la faveur qu'il m'accorde, tout en refusant
son amitié», dit Brutus. «Je ne m'enorgueillis
pas d'avoir éludé un noble suicide... mais vous
devriez être contente de m'avoir retrouvé. Mais toi,
ne viens pas.» «Non, j'irai. Mon opposition
à César est purement politique et n'a rien de personnel»,
ment Servilia.
9/6. On banquette chez Atia. «Quelle
sera ta prochaine conquête ? La Germanie ?», demande
Posca. «Oh, je vais d'abord devoir célébrer
mon Triomphe dans le mois qui vient, et ce n'est pas facile. Mais
le peuple raffole des belles parades, aussi ne pouvons nous le
décevoir.»
Atia accueille Servilia
et Brutus. Retrouvailles de Brutus et Octave. César devise
à propos de son triomphe. Il aimerait y faire figurer des
girafes, mais c'est difficile de leur faire traverser la mer.
«Hier j'ai vu Melchior, un boulanger, se faire promener
en litière, jalouse Atia. Vous vous rendez compte
?» Pendant tout le dîner, Servilia dévore
des yeux l'homme qui l'a rejetée, comme celui-ci évite
de rencontrer son regard. Octavie observe Servilia intensément,
indifférente aux attentions de son propre frère.
La chaîne du désir ardent est interrompue par César
lui-même : «Que ferais-tu, Octave, pour remettre
en ordre la République ? Je suis ouvert à toutes
les suggestions...» «Je commencerais par un vaste
programme de travaux publics, répond le petit-neveu.
Je ferais réparer les aqueducs par des citoyens et des
affranchis, puis endiguer le fleuve. Et... je nommerais au moins
cent nouveaux sénateurs pour faire de tes ennemis secrets
de loyaux serviteurs.» Brutus se redresse : «Que
veux-tu dire ?» «Je ne parlais pas pour toi, Brutus.
Tu es un homme d'honneur», répond Octave, apaisant.
César apprécie le bon sens de son petit-neveu. Il
se tourne vers un autre invité, membre du conseil des augures
: «La fonction de ton pontife Ælius Siculus n'est-elle
pas vacante ?» «Si César. Depuis qu'il est
mort à Thapsus.» «Eh bien ! désormais
tu siégeras à la table des augures, dit César
à Octave. J'étais moi-même très
jeune lorsque j'ai été pontife (12).
J'ai toute autorité pour nommer qui je veux.»
Octave aurait préféré se consacrer à
la poésie. «Ca attendra, poète»,
répond César. «Ca viendra plus vite que
tu ne crois, le rassure Servilia, énigmatique. La
poésie est l'apanage des jeunes gens.» Silence
gêné.
9/7. Chez Vorenus, le préfet démobilisé
traîne ses savates, racontant ses batailles aux enfants.
Niobé lui fait remarquer que cela fait déjà
un mois qu'il est là à ne rien faire. Ne pourrait-il
se rendre utile à la boucherie ? Pullo et Vorenus s'essayent
donc à ce nouveau métier, débitant des carcasses
à longueur de journée, et recevant des ordres de
Lydé. Quand la boutique du commerçant voisin est
menacée, des encaisseurs d'Erastes Fulmen - deux brutes
musclées qui veulent lui couper le nez. Vorenus intervient,
priant les deux bandits de déguerpir. «Je te connais-toi,
tu es le petit soldat qui habite près de la teinturerie.
Ici tu ne donnes plus des ordres. Tu n'es qu'un simple petit employé.»
Vorenus lui met son poing dans la figure, tandis que Pullo empoigne
un hachoir. «Tu es mort. Vous êtes morts tous les
deux», menace la brute en se retirant.
Les petits boutiquiers commencent à apprécier cet
homme honnête et décidé, qui ose s'opposer
aux nervis du puissant Erastes Fulmen.
9/8. Octavie passe son après-midi chez
Servilia. Les deux femmes font du tissage tout en devisant. «Le
dîner ne fut pas trop pénible ?» «Oh,
j'ai l'habitude...» «Si seulement tu ne tenais pas
tant à lui !» «Si seulement je ne tenais pas
tant à toi !», répond Servilia. «Je
t'en prie...», proteste Octavie. Les deux femmes échangent
un long baiser.
«César semble apprécier ton frère
Octave.» «Oui, mère prétend même
qu'ils sont amants, mais lui, il affirme qu'il n'en est rien.
Il dit avoir seulement aidé César, qui souffre d'une
terrible affection.» Servilia arque les sourcils, intéressée.
«Une terrible affection ? Je dois apprendre de
quoi il s'agit. Avec l'aide des dieux, ce peut être l'arme
dont j'ai besoin pour le détruire ?» «Je préférerais
que tu penses à autre chose qu'à détruire
mon oncle», répond Octavie. «Je ne t'ai
jamais menti. Mais ton oncle a une terrible influence sur moi,
et je préférerais qu'il n'en soit rien. Servilia
insiste : Pose la question à ton frère !»
«Seras-tu plus heureuse ?» «Oui.»
9/9. Se préparant - résigné
- à sa nouvelle fonction d'augure, Octave est en train
de lire un guide sur l'interprétation des prodiges. A sa
sur qui vient le taquiner, feignant de s'ennuyer, il lit
une poésie. «Dis-moi un secret. Quelque chose
de choquant ou dangereux que tu n'as jamais dit à personne»,
finit par demander Octavie. «Je ne connais rien dans
ce genre», répond innocemment Octave. «Et
César et sa mystérieuse affection ?»,
suggère Octavie. «Ce n'était rien du tout.»
Malicieusement, elle le pousse dans ses derniers retranchements
: «Donc vous étiez amants ?» Octavie
joue au chat et à la souris, harcèle, flatte. Mais
le jeune Octave tient sa langue, glose sur les dieux qui en réalité
n'existent pas, et finit par lui avouer le seul abominable secret
qui lui appartient en propre : lui, Octave, a torturé et
assassiné l'amant de la femme de Vorenus. Octavie en est
pour sa peine.
9/10. Dans la cour de la maison de Vorenus,
Niobé fait ses comptes tandis qu'à côté
d'elle, Pullo, entièrement nu, se fait masser et huiler
par l'esclave Eiréné. Surgit Erastes Fulmen entouré
de ses nervis, qui apostrophe vertement Vorenus, lui reprochant
de l'avoir contrarié pour la seconde fois. «Ici,
on n'est pas à l'armée. Ici c'est moi qui commande
! Tu as frappé mon associé Urbo ?» Il
s'empare d'une jarre qu'il fracasse sur le crâne de son
homme de main, qui s'effondre. «Moi seul ait le droit
de faire cela. Moi seul ait le droit de châtier qui je veux.
C'est ainsi. Comprends-tu cela ?» Le malfrat exige de
Vorenus qu'au prochain marché, il vienne au Forum s'excuser
publiquement, lui baiser les pieds. Sinon il le tuera, après
avoir fait violer sa femme et ses enfants, sous ses yeux. Après
quoi, il brûlera sa maison. Déjà le fidèle
Pullo s'avance, un court poignard à la main. Vorenus l'arrête
d'un mouvement des yeux.
9/11. Servilia est déçue par
les information recueillies par son espionne. Elle engage Atia
à séduire son frère. «Il te désire,
et tu le sais. Les jeunes gens se confient à leur maîtresse.»
«Tu veux que je trahisse mon frère, ma famille ?»
«Ta famille ne t'aime pas; moi seule t'aime.» «Tu
appelles ça de l'amour ?, répond outrée
Octavie, en s'en allant. Alors Servilia abat sa dernière
carte : «Ta mère a tué Glabius, ton mari.
Mes serviteurs ont capturé un des hommes de Timon, qui
a parlé... Je suis désolée...»
9/12. Au marché, sur le Forum, Erastes
Fulmen et ses sbires attendent que Vorenus vienne s'humilier sur
le coup de midi. Le temps passe. Vorenus et Pullo sont chez eux,
en train d'affûter dagues et épées. Niobé
fait partir ses filles chez des cousins à la campagne.
Leur père leur fait ses adieux : «Vorenus est
un nom ancien et respecté ! Pars avec elles, Niobé.»
Mais l'idée de fuir ne viendrait pas plus à Niobé,
que de demander à son mari de s'humilier. C'est une vraie
Romaine.
Au Forum, Erastes Fulmen comprend qu'il est temps d'aller trouver
Vorenus - qui ne viendra plus - pour lui régler son compte...
Lui et sa bande s'engouffrent dans le vicus qui conduit
à l'Aventin.
Des coups ébranlent l'huis de Vorenus. Les deux anciens
soldats se dressent, une épée dans chaque main.
Mais c'est César qui se présente à lui, entouré
de ses gardes du corps, précédé par ses licteurs.
Voyant les légionnaires devant la porte, Erastes Fulmen
bat prudemment en retraite.
César accepte
un peu d'eau que lui offre à boire son ancien préfet,
et déclare avoir entendu parler de lui en bien. Il est
aimé et respecté dans son quartier. «Vorenus,
sois mon magistrat dans l'Aventin Mineur. Sous mes ordres.»
«Je suis très honoré, César. Crois-le.
Mais je ne puis aller contre mes convictions politiques...»
«Tu me considères toujours comme un tyran. Je n'en
suis pas un. J'ai instauré la dictature en toute légalité,
et compte rendre la liberté au peuple, dès que possible.
Aucun homme n'aime notre République davantage que moi.
Je ne me reposerai pas, tant qu'elle ne sera redevenue comme elle
était, dans l'âge d'or. (...) Je ne puis réussir
seul. Veux-tu m'aider ?» L'argument est de poids. Mieux
vaut essayer de faire quelque chose avec César, que de
continuer à le critiquer sans rien faire du tout.
Les deux hommes apparaissent au balcon, César tenant la
main de Vorenus - et annonce aux voisins enthousiastes que celui-ci
est désormais leur représentant.
9/13. Octave travaille dans la bibliothèque.
Survient Octavie, qui tourne en rond prétextant chercher
un ouvrage comique. «Il n'y en a pas», répond
son frère, sévère. Alors elle chasse l'esclave
occupé à l'éventer. «Pourquoi, j'ai
chaud ?» «Je ne l'aime pas du tout. Il me regarde.»
«Alors, dit à Castor de le battre. Je vais en chercher
un autre.»
Octavie fait la capricieuse. «Viens t'allonger près
de moi. Petit, tu le faisais souvent.» «Seulement
quand j'avais peur.» «Tu avais peur souvent, alors
? (...) Elle perd contenance : Je me sens tout d'un coup
mal à l'aise. Je croyais que tu avais envie de moi. Tu
es un homme, maintenant. Tu peux me prendre.»
Le frère et la sur font l'amour. «Frère,
dis-moi...» «Ah !, le prix maintenant... Tu es une
femme vertueuse. Tu sais sans doute que ça ne se fait pas
de séduire son frère», répond Octave,
cynique. «Toi et moi, nous sommes au-dessus de ces conventions
mesquines», boude Octavie. «L'inceste n'est
pas seulement mal par convention, mais aussi par essence,
rétorque Octave sentencieux. Sinon, pourquoi l'inceste
engendrerait-il autant d'idiots et de monstres ?» Et
de conclure, sûr de lui : «Sois tranquille, la
lune est en transit et je ne t'ai pas fécondée.»
Et de conclure, toujours aussi froidement : «En tout
cas, tu n'es pas le genre de femme à flirter par simple
désir, alors... tu dois avoir une raison ?...»
Octavie sanglote, perdue. «... Sans doute ton étrange
intérêt pour la santé de César !»,
ajoute le jeune homme, nullement dupe.
9/14. Chez lui, Vorenus essaie sa nouvelle
toge. Dans son âme simple, Pullo ricane : «On dirait
un vrai.» Mais Vorenus, qui prend sa fonction très
au sérieux, lui jette un regard désapprobateur.
9/15. Les galipettes d'Octave et Octavie
ont eu un témoin, l'esclave Merula qui va tout rapporter
à Atia. Celle-ci est folle de rage et menace les coupables
avec un fouet. Octave l'arrête : «Je suis ton fils,
non ton enfant.» «Ah oui ? Tu as baisé ta sur,
espèce de pervers.» [Il est tout de même
rassurant de constater que, dans son amoralité, il y a
encore quelque chose qui puisse choquer Atia - N.d.M.E.]
C'est l'occasion pour Octavie de régler ses comptes avec
sa mère : «Tu as fait assassiner Glabius, mon
mari. Servilia me l'a dit. Ses hommes ont capturé et fait
parler un des tueurs.» Toujours maîtresse d'elle-même,
Atia répond tranquillement : «Ah oui ? Très
bien. Où est-il ? L'as-tu vu ? Servilia essaie de nous
diviser. Je t'assure que je n'ai rien à voir avec tout
cela.»
9/16. Pullo a le cafard. «Ne touche
pas la toge de Vorenus, tu vas la salir», lui intime
Niobé. Le compagnon des bons et mauvais jours se sent un
peu exclu. La nuit est tombée, et l'ancien légionnaire
a déjà éclusé quelques flacons de
vin. Il invite Eiréné à venir boire avec
lui. «Ma mère avait des cheveux comme les tiens.
(...) Elle était esclave dans une ferme du nord. Elle sentait
le pin. Elle travaillait sans doute dans la forêt, d'où
l'odeur... Mon père était sans doute aussi un esclave,
un pauvre salaud sans ambition. Il exhale son ressentiment
: Moi je suis Titus Pullo ! et je ne m'incline devant personne.
(...) Il s'adoucit, et presque tendrement : Je voudrais
que tu souries.» «Que je sourie, maître ?»,
s'étonne Eiréné. On ne lui avait encore jamais
demandé cela. «Je voudrais seulement que tu sois
heureuse... Bois encore un peu. Viens-là, plus près.
Enlève ta robe.» Pullo est ému. L'il
embué, il caresse tendrement la jeune esclave...
9/17. La litière de Servilia traverse
le quartier des carriers et des sculpteurs. «C'est Yom
Kippour» déclare Timon le Juif, en embuscade.
Il lâche sur elle ses nervis, qui attaquent son palanquin,
égorgent ses porteurs et éjectent la patricienne
de son habitacle. Les hommes de mains lui arrachent ses vêtements,
la bastonnent et, après lui avoir coupé ses cheveux
rouges, l'abandonnent nue dans la rue...
Atia sera satisfaite.
|
Suite… |
NOTES :
(1) La VF a traduit littéralement
old trout par «vieille truite» : il eut été
plus judicieux de mettre «vieille rombière»
dans la bouche d'Atia. - Retour texte
(2) Pour des raisons d'économie
du récit, la minisérie a télescopé
deux batailles : celle de Dyrrachium, qui a vu César
assiégeant (12 avril-18 juillet 48), et celle de Pharsale,
l'ultime bataille de Pompée (9 août 48).
De même, on sera indulgent quant à l'incroyable
périple nautique de Vorenus et Pullo, sur leur radeau
de la Méduse confectionné avec des macchabées
en décomposition, embarqués à l'ouest de
la Grèce (mer Adriatique) pour miraculeusement aborder
à l'autre bout de la péninsule, près d'Amphipolis,
dans le nord-ouest de la mer Egée. - Retour
texte
(3) Et aussi Marc Antoine ? (N.d.M.E.).
- Retour texte
(4) De fait, Pompée débarqua
à Péluse près du camp de Ptolémée
qui se préparait à contrer une armée commandée
par sa soeur Cléopâtre - non à Alexandrie
comme César quelques jours plus tard. Steven Saylor a
reconstitué la scène, en y insérant son
personnage - Gordien le Limier - dans Le
jugement de César.
La pittoresque tenue des soldats égyptiens annonce le
pire : l'imagerie folklorique d'Egyptiens qui doivent absolument
ressembler à l'idée anachronique que les spectateurs
se font des Egyptiens, une fois pour toutes figés dans
l'Age du Bronze. La minisérie HBO ne se démarque
pas des autres péplums ou de la bande dessinée
en général, sauf pour en rajouter question maquillages.
Pourtant les Ptolémées étaient des Macédoniens,
et leurs soldats des mercenaires grecs, italiques ou celtes.-
Retour texte
(5) Ptolémée XIII, ou
XII, ou XIV, selon le comput des historiens contemporains. Il
s'agit de Ptolémée
Dionysios. - Retour texte
(6) Ayant dû fuir l'Egypte,
il sera plus tard crucifié par Brutus (ceci n'est pas
dans la minisérie, qui le montre décapité
sur l'ordre de César). - Retour texte
(7) ... qui sera assassiné
et remplacé par un personnage énergique, l'eunuque
Ganymède, le «nourricier» d'Arsinoé,
la jeune sur de Cléopâtre (ceci n'est pas
dans la minisérie). - Retour texte
(8) La VF audio fait dire «Maître
de la sauge et du laurier», alors que le sous-titrage
français indique, plus correctement «... du
carex et de l'abeille» («he of sedge and bee»).
Le carex (sedge) est la leiche, ou laîche, une
cypéracée à feuilles coupantes qui pousse
près de l'eau. Il aurait été judicieux
de mettre ici «roseau».
En fait, «Celui du roseau et de l'abeille»
est le titre qui précède le nom d'intronisation
(ou prénom) de pharaon. L'expression signifie : «Roi
de Haute et de Basse-Egypte», le roseau symbolisant le
sud et l'abeille le nord. - Retour texte
(9) Au début de la Guerre d'Alexandrie,
César possède en Egypte entre 4.000 et 4.600 hommes,
dont environ 800 cavaliers gaulois et germains. En face de lui,
Achillas peut en aligner 24.000 (N.d.M.E.). - Retour
texte
(10) Historiquement parlant, c'était
de sa propre initiative que Cléopâtre s'introduisit
auprès de César, cachée dans un ballot
de couvertures porté par son affranchi Apollodore. -
Retour texte
(11) Parentalia : fête
des morts, du 13 au 21 février. Il existait une seconde
fête des morts, les Lemuria, les 9, 11 et 13 mai.
- Retour texte
(12) César avait 27 ans lorsqu'il
entra dans le collège des pontifes (en 73) et 37 lorsqu'il
fut désigné comme grand pontife (en 63). Il y
a ici manifestement confusion avec sa charge de Flamen Dialis,
qu'il endossa à treize ans (en 87) - Retour
texte
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