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Rome
[TV : HBO - BBC]
(Michael Apted, Allen Coulter, Julian Farino, etc. -
EU-GB, 2005)
(page 1/18)
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Rome, unique objet
de mon assentiment...
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Voici l'été... Comme Rome doit empester
à présent !... Henryk SIENKIEWICZ,
Quo Vadis ? |
Des rues sordides, enfumées, jonchées de détritus.
Des masures lépreuses, aux murs couverts de graffiti obscènes,
entourant des bâtiments officiels et des temples bariolés
de couleurs criardes. On se croirait à Bombay ou à
Mexico, mais la référence est voulue, revendiquée.
Telle est Rome, la série d'HBO-BBC, qui vient d'entamer
sa Deuxième Saison.
«Comme Rome doit empester à présent
!... Et pourtant il faudra y rentrer pour les jeux estivaux»,
se lamente l'empereur urbaniste Néron, qui s'est retiré
dans sa villégiature d'Antium où la brise du large
amène des senteurs salines. Pour qui a connu autre chose,
il ne fait pas bon vivre dans ce cloaque à ciel ouvert
- un million d'habitants - où l'on vide les pots de chambre
directement dans la rue, en les balançant par la fenêtre.
Où l'on se chauffe - à en croire la documentation
promotionnelle - en brûlant des briquettes faites d'excréments
humains ou animaux mélangés avec de la paille (1).
Martial et Juvénal, bien sûr, ont évoqué
cette Rome grouillante, bruyante, où les charrois n'avaient
le droit de circuler que la nuit. Mais toutes les versions cinématographiques
de Quo Vadis etc. s'obstinaient à nous dépeindre
en carton-pâte une Rome patricienne toute de marbre et de
mosaïques, avec parfois des incursions dans le monde humble,
mais digne, et propre, des pauvres chrétiens. En somme,
Rome restait à tourner... HBO l'a fait !
Au terme de sept années de
gestation, Home Box Office (HBO), les studios TV américains
les plus créatifs du moment, ont accouché d'une
nouvelle série intitulée Rome.
La Première Saison (12 épisodes) débute en
52, alors que César vient de soumettre la Gaule, et s'achève
huit ans plus tard sur les fatales Ides de Mars. Les concepteurs,
John Milius (Conan le
Barbare), Bruno Heller et W.J. MacDonald ont choisi de
resituer l'Urbs dans ses contrastes sociologiques : sordide
et magnifique à la fois.
Chose amusante, la diffusion
de la série a démarré aux States sur la chaîne
à péage HBO le 28 août 2005, dans le sillage
d'Empire,
une minisérie produite, elle, par ABC. Nous avons déjà
consacré un dossier
à Empire, dont l'action commence précisément
avec l'assassinat de Jules César (mars 44), et, au long
de six épisodes, suit le futur empereur Auguste dans ses
pérégrinations sur la route du pouvoir, flanqué
de son fidèle garde du corps, le gladiateur Tyrannus !
(WCHS-TV8, 28 juin 2005).
Toutefois, ne confondez point Empire
avec la série italienne de la Lube-R.A.I., Imperium,
plus discrète. Ca marche donc très fort pour les
Romains. Déjà, de l'autre côté de l'Atlantique,
MacDo est oublié pour Apicius. Passe-moi le garum,
Darling ! |
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INTRODUCTION
Dans sa Première Saison, Rome nous conte
la prise du pouvoir puis la chute de Jules César, depuis
la reddition de Vercingétorix à Alésia (automne
52) jusqu'à l'assassinat du dictateur le 15 mars 44 : la
série couvre donc un peu moins de huit années. Nous
y voyons les associés César et Pompée se
brouiller pour d'obscures raisons de préséance -
le décès de Julia en couches ayant rendu caduque
l'alliance des deux leaders populistes. Pompée,
déçu, se laisse gagner par le clan omnipuissant
des optimates tandis que César franchit le Rubicon
avec ses troupes. Une improbable coalition de conservateurs se
retire en Grèce, avec Pompée; elle comprend son
beau-père le plébéien Metellus Scipion, le
radical Caton, le modéré Cicéron et l'hésitant
Brutus. César vainc Pompée à Pharsale (48),
le pourchasse jusqu'en Egypte où il «arbitre»
le conflit opposant Cléopâtre VII à son frère-époux
Ptolémée XIII. Brutus et Cicéron se rendent
à César, qui généreusement leur pardonne.
Les derniers partisans de Pompée - Metellus Scipion et
Caton - se font écraser à Thapsus et se suicident.
César pense alors pouvoir cueillir des lauriers bien mérités
: il Triomphe, à Rome, qu'il s'efforce de rendre plus démocratique
en plaçant des hommes à lui aux postes-clés,
fut-ce par la corruption ou l'assassinat. Mais on ne change pas
facilement les anciennes façons de penser. Las, il est
assassiné par ceux là-même de ses ennemis
vaincus qu'il avait amnistiés.
La Seconde Saison narre les démêlés
d'Antoine et Octave pour la succession de César, leur alliance
contre Cassius et Brutus, et leur victoire à Philippes
(42); enfin, leur conflit final qui aboutit à l'avènement
d'Octave-Auguste empereur.
Tout au long de la grande Histoire, nous suivons
le parcours de deux soldats, le centurion primipilaire L. Vorenus
et le légionnaire T. Pullo, deux personnalités antinomiques
que les circonstances vont rapprocher. La vie n'est pas facile
pour les humiliores démobilisés. C'est le
chômage qui les attend, et comme il n'y a pas de sécurité
sociale... Car tout le travail a été donné
aux esclaves, qui ne coûtent pas grand chose. Ce drame de
l'Antiquité trouve d'étranges résonnances
dans notre propre société livrée à
la mondialisation, avec tout ce que cela entraîne de précarité,
délocalisations etc.(2).
La société antique court au suicide, occupée
qu'elle est à consciencieusement scier la branche sur laquelle
elle s'est installée - comme la nôtre. En portant
au petit écran la fin de la République romaine,
Home Box Office a visé juste et frappé très
fort. La série est la plus coûteuse de toute l'histoire
de la télévision. Vouée à être
regardée par le public choisi des chaînes câblées
et à des heures d'audience tardives, elle frappe par ses
outrances, elle choque par sa violence et sa crudité. Au
point que ses partenaires britanniques et italiens
levèrent les bras au ciel. Ainsi la BBC a diffusé
Rome aux heures normales, mais âprement censurée
au point de n'être plus intelligible. Les trois premiers
épisodes ont été à ce point charcutés,
qu'ils ont été ramenés à deux. Quant
à la RAI, elle s'est fait confectionner des plans... plus
chastes. D'après son porte-parole, les «conceptions
américaines» de l'Antiquité auraient été
incompréhensibles pour le public italien (qui semble en
être resté aux «Histoires de l'Oncle Paul»,
à moins que ce ne soit à Don Camillo ?).
Initialement, Rome était prévue
en cinq saisons, qui furent finalement ramenées à
deux. La première compte douze épisodes, diffusés
aux USA en 2005 et, sur les chaînes à péage
francophones (Canal+, BeTV), en 2006. La seconde (dix épisodes),
devrait sortir chez nous en 2007, toujours sur Canal+ (mars 2007
sur BeTV, pour la Belgique). |
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I. PAVÉS MOUILLÉS, RUELLES INTERLOPES...
1. UNE SAGA HISTORIQUE & DES SÉRIES
NOIRES
Le déclin de la République romaine au Ier s. av.
n.E. est de mieux en mieux connu du grand public, en particulier
grâce à la littérature romanesque. La saga
historique de Colleen
McCullough, les séries noires de Steven
Saylor, John Maddox
Roberts - et, pour le Ier s. après, Anne
de Leseleuc, Danila
Comastri Montanari, Lindsey
Davis, Marie Visconti,
David Wishart - ont
fait d'un grand nombre de lecteurs des familiers de C.
Julius Cæsar, de P.
Clodius Pulcher ou de M.
Tullius Cicero. Cela avec des éclairages divers. Ainsi,
les Cæcilii Metelli ne sont pas en odeur de sainteté
chez Colleen McCullough,
qui ne voit dans les membres de cette célèbre et
puissante famille plébéienne qu'un ramassis de dangereux
incompétents. Contre quoi s'insurge John Maddox Roberts
qui a fait de l'un d'eux, Décius Cécilius Métellus,
le héros de sa série de polars-péplums S.P.Q.R.
Fils de Decius Cecilius Metellus «Nez Coupé»,
il est membre de la commission des vingt-six, ayant en charge
les vigiles de Rome. Notre
magistrat-détective est, bien entendu, un personnage imaginaire,
le prénom «Decius» n'ayant du reste pas cours
chez les Cæcilii Metelli (3),
comme non sans malice le fait remarquer l'auteur dès son
second opus, La République
en péril, qui y revient dans Le
temple des Muses.
Pour peu qu'il ait la mémoire des noms,
le lecteur lamba va donc côtoyer et identifier les
membres des «200 familles» de l'époque, les
maiorum gentium qui à la fin de la république
n'étaient plus que quatorze (4)
- les Ahenobarbi rougeauds, les arrogants Claudii, les Cornelii
de tout poil et plumes..., les dignes Julii Cæsares, les
Livii Drusi, les Servilii Cæpiones, les Aurelii Scauri,
nous en passons et de plus pittoresques. D'un auteur à
l'autre, découvrant toutes les facettes de leurs personnalités,
notre lecteur va devenir leur intime. D'autant qu'à côté
de l'Histoire avec un grand «H» - dont nous sommes
redevables aux calames de Plutarque, Appien, Valère Maxime,
Velleius Paterculus et autre Dion Cassius -, nous sont restés
les lettres et les discours de Cicéron prononcés
à l'occasion de procès criminels ou politiques comme
le Pro Roscio Amerino et le Pro Milone, qui lèvent
un voile sur de sordides affaires comme celle du parricide Sextus
Roscius (5),
ou les règlements de compte entre milices privées
comme l'assassinat de P. Clodius Pulcher (6).
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Le coffret DVD Rome (Première
Saison)
et un CD-Rom de jeu, plus ou moins inspiré de la
série-TV. |
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2. LA SÉRIE-TV DE LA FIN
DE LA RÉPUBLIQUE
2.1. La production
A l'origine du projet, il y a John Milius, dont l'intérêt
pour le paganisme a été révélé
par le frazérien Apocalypse Now et le culto-allemand
Conan le Barbare.
Ne nomma-t-il pas sa société de production «Valkyrie»
? Milius s'était aperçu que sur les huit livres
de ses Commentaires sur la Guerre des Gaules, César
«ne mentionn(ait) que deux de ses soldats : Lucius Vorenus
et Titus Pullo. Milius décide de faire du centurion et
du légionnaire les héros de son incroyable feuilleton»,
rapporte après tant d'autres Muriel Monton (7).
Cette version officielle est un peu réductrice, nous
y reviendrons, mais soit ! Milius élabore un premier
jet de scénario en 1998, mais il lui faudra attendre encore
six années avant de voir son projet se concrétiser.
Pour la conception définitive de la série, Milius
s'adjoindra Bruno Heller - qui rédigera les scenarii de
neuf épisodes -, puis William J. Macdonald (et sur le set,
le trio sera encore rejoint par Jonathan Stamp, le conseiller
historique). Bref. «Productrice des déjà
audacieuses séries Oz et Band of Brothers, Anna
Thomopoulos reçut un jour de 2003 un scénario sur
son bureau : Rome coécrit par Bruno Heller (scénariste
de l'éphémère série Les Forces
du Mal) et John Milius. Après l'arrêt de Carnivale
et la fin annoncée de Six Feet Under, HBO cherchait
un projet neuf pour perpétuer sa réputation. Anna
Thomopoulos était obsédée depuis quelques
années par l'envie d'un péplum télé»
(8).
L'affaire s'enclenche. En septembre 2003, Canal+ lit le scénario
et l'achète. Gageons que tout l'aspect religieux-superstitieux
des Romains est probablement redevable à Milius. Paradoxalement,
au générique il ne signera l'écriture que
d'un seul scénario sur les 22 des deux saisons confondues
: l'épisode 6,
Egeria, celui qui montre Marc Antoine «régnant»
sur Rome tandis que le jeune Octave est envoyé par sa maman
se faire déniaiser au lupanar.
Le premier coup de manivelle fut donné
début 2004, en Bulgarie. Hélas les dieux n'étaient
pas avec eux : certains désordres climatiques en disposèrent
autrement. Le décor du camp de César fut emporté
par des pluies torrentielles et, deux mois après son arrivée,
l'équipe dut remballer son matériel. Les prises
de vue reprirent trois mois plus tard dans les mythiques studios
de Cinecittà. Retour aux sources du péplum et de
l'Histoire ! Du fait de ce contre-temps, le budget de 75 millions
de dollars initialement prévu connaît une première
hausse; finalement il dépassera la somme pharaonique de
100 millions de dollars.
Cent millions de dollars (77,72 millions EUR)
pour les douze épisodes de la Première Saison, dont
85 décaissés par HBO et 15 à charge de la
BBC. Plus de 350 personnes venant des quatre coins du monde ont
travaillé sur le plateau de tournage. Jamais la télévision
britannique n'avait encore consacré une telle somme en
co-production pour une série américaine, en partenariat
avec la RAI. A telle enseigne que, bien que le plan d'ensemble
était au départ prévu pour cinq saisons,
HBO et la BBC décideront de ne pas aller au-delà
de la deuxième, dont le tournage démarrera à
Rome en mars 2006. La plupart des acteurs sont britanniques ou
irlandais - c'est devenu quasiment une tradition, dans le cinéma
américain. Les accents britanniques régionaux des
acteurs ont été employés à dessein
pour suggérer les clivages sociaux de la société
romaine antique; néanmoins, certains de ces accents trop
appuyés furent refaits au doublage pour le public américain.
Si Band of Brothers (précédente collaboration
entre HBO et la BBC) remporta six Emmy Awards (9),
la Première Saison de Rome fut nominée à
deux reprises aux Golden Globes 2006 dans les catégories
«Meilleure série dramatique» (le trophée
échéant finalement à Lost) et «Meilleure
actrice de série» pour Polly
Walker, interprète d'Atia, la nièce de César.
2.1.1. Réalisateurs et scénaristes
Les trois premiers épisodes de Rome ont été
filmés en Italie par Michael Apted (Coal Miner's Daughter,
et le 007 Le Monde ne suffit pas [The World Is Not Enough]).
Se succéderont ensuite à la mise en scène
les réalisateurs habituels des productions HBO : Allen
Coulter (The Sopranos), Julian Farino (Entourage),
Jeremy Podeswa (Carnivale, Six Feet Under), Alan Poul (prod.
exéc. de Six Feet Under), Mikael Salomon (Band
of Brothers), Steve Shill (The Wire), Alan Taylor (Deadwood)
et Timothy Van Patten (Sex and the City, The Sopranos).
Parmi les scénaristes, outre les initiateurs
du concept - John Milius, Bruno Heller et William J. Macdonald
- on retrouvera Alexandra Cunningham (Desperate Housewives),
David Frankel (Sex and the City) et Adrian Hodges.
2.1.2. H.B.O. et ses séries
Aux Etats-Unis, où elle fit exploser l'audience avec un
audimat de 3.800.000 de téléspectateurs le premier
soir (un record !), Rome, osa présenter l'Antiquité
romaine de manière très réaliste, avec nus
intégraux masculins et féminins et scènes
de violence et de sexe - une véritable volonté de
provocation. La série était produite par la chaîne
américaine HBO, connue pour ses programmes décapants
(Les Sopranos, Sex and the City, Six Feet Under). |
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1997 — Oz
Scén. : Tom Fontana / Avec : J.K. Simmons,
Zeliko Ivanek, Kristin Rohde, B.D. Wong, Kirk Acevedo,
Rita Moreno, Terry Kinney, Ernie Hudson, Adewale Akinnuoye-Agbaje
Oz n'est pas une prison comme les autres. Le maître
des lieux, Tim McManus, croît en une détention
plus humaine. A l'intérieur du pénitencier
a donc été créée Emerald
City, une unité expérimentale où
les prisonniers vivent en autogestion...
Violence, drogue, sexe... Une série coup de
poing parfois très dure, à ranger au
panthéon des séries exceptionnelles
!
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1998 — Sex and
the City (six saisons)
Scén. : Darren Star / Avec : Kim Cattrall, Kristin
Davis, Sarah Jessica Parker, Cynthia Nixon
New-yorkaise pur jus et journaliste brillante, Carrie
écrit une chronique au titre équivoque,
Sex & The City. Etudiant les comportements
sexuels et amoureux de ses contemporains, Carrie s'inspire
dans son entourage. Avec trois amies très différentes,
elle vit des expériences plus ou moins agréables
et intéressantes dont elle tire ses articles.
Mais entre confidences, mésaventures et rencontres,
Carrie et ses copines, ont bien du mal à cacher
leur solitude... |
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1999 — Les Soprano
(cinq saisons)
Réal. : David Chase, Brad Grey / Avec : Nancy
Marchand, Lorraine Bracco, Michael Imperioli, Edie Falco,
James Gandolfini
Anthony «Tony» Soprano, chef de la mafia
du New Jersey, déprime. Pour résoudre
ses problèmes il décide d'aller consulter
une psychiatre, le docteur Jennifer Melfi. Désormais
il confie à son docteur les problèmes
qu'il rencontre avec ses deux «familles».
D'un côté, il a sa vie stressante de père
de famille avec sa femme, ses deux enfants et sa mère.
D'un autre côté, il a sa vie de gangster
qu'il partage avec son oncle, son neveu et ses copains
de toujours. |
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2001 — Six Feet
Under (cinq saisons)
Réal. : David Janollari, Alan Ball, Robert Greenblatt
/ Avec : Peter Krause, Frances Conroy, Lauren Ambrose,
Rachel Griffiths, Michael C. Hall, Lili Taylor, Richard
Jenkins
L'humour noir domine dans cette série télévisée
originale signée Alan Ball, le scénariste
oscarisé de Beauté Américaine
(American Beauty). La vie et la mort vues par les
Fisher, une famille californienne complètement
désunie qui dirige une entreprise de pompes funèbres.
Lorsque Nathaniel Fisher, le propriétaire de
Fisher & Son Funeral Home à Los Angeles,
se fait tuer dans un accident de bus, la joie du retour
au bercail du fils «perdu» Nate est tragiquement
perturbée. Avec sa mère Ruth, son frère
David et sa sur Claire, Nate doit maintenant faire
face à la mort d'un des siens, sans perdre de
vue les intérêts de l'entreprise familiale.
Six Feet Under offre un regard tragi-comique
sur une famille américaine en deuil... qui travaille
elle-même dans l'industrie de la mort. |
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2001 — Band
of Brothers, frères d'armes (Band of Brothers)
(une saison)
Prod. & Réal. : Stephen Ambrose, Stephen
Spielberg & Tom Hanks / Avec : David Schwimmer,
Damian Lewis, Donnie Wahlberg, Ron Livingston, Matthew
Settle
Le parcours d'un groupe de soldats d'une division aéroportée,
l'Easy company (dix épisodes). Forts du
succès d'Il faut sauver le Soldat Ryan
Tom Hanks et Steven Spielberg se lancèrent dans
la production de cette mini-série, qui suit les
aventures d'une compagnie du 506e régiment de
la fameuse 101th Airborne depuis son parachutage
en Normandie le 6 juin 1944 jusqu'à la prise
du nid d'aigle d'Hitler en mai 1945. Ils découvriront
l'horreur des camps de concentration avant de retourner
à leur vie ordinaire. Un vrai travail de mémoire,
incluant notamment les témoignages de soldats
survivants.. |
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2003 — La caravane
de l'étrange (Carnivàle) (deux
saisons)
Créateur : Daniel Knauf / Avec : Nick Stahl,
Clancy Brown, Patrick Bauchau
L'Amérique de la Grande Dépression. En
1934, Ben Hawkins (18 ans), voit sa mère mourir.
Une mystérieuse caravane lui propose de se joindre
à elle. Sans attaches, il décide d'accompagner
cette troupe peu ordinaire - conduite par un nain, le
charismatique Samson - dont les membres sont des monstres
de foire. Depuis de nombreuses années, Ben a
le don de sauver des vies. Entre Dieu et Diable, Ben
va vivre un étonnant itinéraire spirituel. |
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2004 — Deadwood
(Deadwood) (trois saisons)
Créateur : David Milch / Avec : Timothy Olyphant,
Ian McShane, Jim Beaver, W. Earl Brown, Keith Carradine,
Kim Dickens
La conquête de l'ouest et la ruée vers
l'or. Sur le territoire (10)
du Dakota, Deadwood est un camp qui accueille chercheurs
d'or, aventuriers, hors-la-loi et prostituées.
C'est dans cette enclave que viennent s'installer, parmi
d'autres arrivants, Seth Bullock et son ami Sol Star,
décidés à créer leur business.
Au cours de luttes d'influences pour le pouvoir - qui
passe souvent par l'argent - Deadwood va progressivement
se transformer en une véritable ville... |
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2.1.3. Censure
BBC
Pour sa diffusion en Grande-Bretagne, quelques scènes furent
remontées dans une version plus soft, afin de ne
point choquer le public par certaines outrances - notamment verbales,
comme l'utilisation du mot «chatte» (cunt)).
Cette attitude fut critiquée par d'aucuns, qui firent observer
que d'autres programmes de HBO, tels que Les Sopranos et
Oz, n'avaient pas été censurés par
la télévision britannique. Cependant, la diffusion
de Rome occupait une plage horaire plus avancée
que les deux autres programmes, et que la BBC visait une audience
plus large que celle qu'ambitionnait Channel 4 avec les Sopranos
et Oz.
D'autre part, la BBC décida également de totalement
remanier les trois premiers épisodes (tous dirigés
par Michael Apted) ramenés à deux, sous prétexte
que le public britannique était plus au fait de l'histoire
romaine que l'américain, ce qui rendait inutiles certaines
précisions complaisantes. Dans une interview publiée
dans le Times, Apted s'étonnera : «Je suis
vraiment outré de voir la BBC désarticuler mes trois
premiers épisodes, réduits à deux et, de
cette manière, évacuer des éléments
politiques essentiels. Ce qui me rend également très
grincheux, c'est d'entendre prétexter par la BBC que ces
coupes se justifiaient par le fait que les téléspectateurs
britanniques connaissaient déjà l'histoire. Le seul
résultat de cette intervention est l'incohérence,
qui rend la série difficile à suivre pour les spectateurs.»
2.1.4. Censure RAI
En Italie, la diffusion de la série fut également
perturbée par cette polémique. Les expressions trop
épicées ont été gommées au
doublage; quant aux scènes plus explicites de violence
ou de sexualité, elles furent remplacées par des
versions alternatives «safe», filmées spécialement
pour le public italien. Parmi les séquences coupées
: les scènes de lutte sanglantes et de sexualité,
celles qui montrent les graffiti obscènes qui barbouillaient
les murs de la Ville Eternelle et surtout les références
aux relations homosexuelles.
Cofinancée par la RAI, la télévision publique
italienne, la diffusion de Rome fut reportée après
le printemps 2006 en raison des travaux de réfection auxquels
se livrèrent les censeurs. Selon le Times, un porte-parole
de la RAI déclara : «On savait que les réalisateurs
américains avaient une conception de la Rome ancienne différente
de la nôtre, celle-ci aurait été incompréhensible
pour le public italien.» La RAI et sa politique de censure,
conjuguées à des contingences politiques et religieuses
s'attaquent, de plus en plus, à tout ce qui concerne le
sexe et l'homosexualité. Et sans doute aussi à l'image
de la Romanité : qu'on songe au Spartacus (1952)
de Freda et au Caligula (1981) de Bob Guccione et Tinto
Brass, qui ne sortirent que dans des versions mutilées.
(Et la Grèce n'est pas logée à meilleure
enseigne, ainsi l'Alexandre
d'Oliver Stone.)
2.1.5. Au fil des épisodes...
La Première Saison dévale allègrement l'échelle
du temps, puisque le premier épisode, The Stolen Eagle,
se passe à l'automne 52, que le second An Owl in a Thornbush
s'achève sur le franchissement du Rubicon (nuit du 11-12
janvier 49, selon le calendrier préjulien), le septième,
Pharsalus, aboutit à la fameuse bataille du 9 août
48, le huitième, Cæsarion, voit naître
un fils à César et Cléopâtre, le 29
août 47, tandis que dans Utique assiégée (neuvième
épisode, Utica), Caton le Jeune se donne la mort
dans la nuit du 12-13 avril 46. Enfin, le douzième et dernier
épisode de la Première Saison voit s'achever le
destin de César sous le poignard de ses assassins, le 15
mars 44 - les Ides de Mars.
Qu'en sera-t-il de la Seconde Saison ? Nous
savons déjà que le treizième opus s'intitule
The Passover,
et traite du passage vers le Monde des Morts qui s'achève
sur les funérailles parallèles de Niobé et
de César. La monnaie dans la bouche pour payer Charon.
Notons une curieuse scène d'allaitement du cadavre de César
par une plantureuse nourrice : ce n'est nullement une coutume
funéraire romaine, mais doit faire référence
à la divinisation de César (né de Zeus et
d'Alcmène - un dieu et une mortelle - Hercule n'était
qu'à moitié divin. Zeus le posa alors sur le sein
d'Héra, la reine des dieux. Celle-ci, se réveillant
en sursaut, repoussa le nourrisson et le lait qui s'échappa
de sa bouche forma dans le firmament la Voie Lactée. Mais
Hercule, désormais, était un demi-dieu à
part entière !).
Tout est prêt, alors, pour l'affrontement d'Octave qui s'affirme
et de la sombre brute Antoine (ce qui était déjà,
nous l'avons dit, le sujet de la minisérie ABC Empire),
puis leur alliance contre Brutus et Cassius. Le dix-huitième,
Philippi,
sera de toute évidence consacré à la bataille
de Philippes où l'on verra Antoine (et Octave, qui avait
la migraine) écraser l'armée de Brutus et de Cassius
(24 octobre 42).
Rome se démarque des autres péplums
par son respect des événements, ce qui ne veut pas
dire que - nécessités scénaristiques obligent
- l'on n'ait pas élagué quelques protagonistes (CLICK
& CLICK), simplifié
(11)
ou rapproché certains faits (12).
En fait, ce qui fait le charme et l'intérêt de Rome
(HBO), c'est la finesse de l'observation de la vie quotidienne,
le respect des mentalités romaines, qu'elles soient politiques
ou religieuses. Nous ne jurerions pas que tout les rituels décrits
soient parfaitement exacts, mais ils sont toujours justifiés.
Ainsi l'obsession de l'observance des rites, qui octroient l'approbation
des dieux (Vorenus
passe sa vie à se mettre en règle avec l'au-delà)
et l'idée que tout a un prix à payer, de préférence
par le versement du sang. Mais au contraire de l'épisode
7 où l'on voit, à Pharsale, César s'entailler
la paume et verser un peu de son sang avant d'engager la bataille,
il est permis de douter que le consul romain se soit ainsi scarifié
dans l'intimité de sa tente. Il serait plus justifié
de penser qu'il ait sacrifié quelque bétail devant
ses troupes. C'est toujours utile, pour le moral, que de se savoir
la faveur des dieux, et que chaque légionnaire en soit
conscient.
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2.2.
La reconstitution
La série risque de demeurer dans les annales
du péplum comme la première tentative sérieuse
de restituer le monde romain tel qu'il fut, en l'occurrence la
fin de la république. En restituant assez scrupuleusement
les faits historiques - ce qui n'exclut pas, nous l'avons dit,
quelques raccourcis et aménagements
scénaristiques - mais, surtout, en témoignant d'un
grand souci de respecter la peinture des mentalités
et les faits sociologiques de l'époque,
comme on va le voir.
2.2.1. Raccourcis
C'est un raccourci inévitable que d'élaguer certains
personnages secondaires
comme Scribonius Curio le collègue d'Antoine ou L. Marcius
Philippus le mari d'Atia. C'en est encore un autre de présenter
Marc Antoine comme l'amant d'Atia, nièce de César,
ou s'affichant avec une prostituée comme Cynthia. Son épouse
de l'époque - sa cousine Antonia - n'apparaît pas
non plus dans Rome, si ce n'est à travers le persiflage
d'un de ses compagnons («il a peur de rentrer à
Rome où l'attend sa femme»). Et, de fait, Antoine
n'allait pas tarder à divorcer de celle-ci qui le trompait
avec Dolabella, le gendre de Cicéron - mais cela est une
autre histoire !
Fille de la sur de César,
Julia, Atia Balba Cæsonia
nous est connue comme un matrone honnête et discrète
qui, à en croire Suétone, n'osait paraître
nue aux bains à cause d'une marque
en forme de serpent apparue sur son ventre lorsqu'elle était
enceinte d'Octave. Bonne fille, la nièce de César,
se prodigue si volontiers que d'une séquence à l'autre,
elle n'a guère le temps de rajuster son péplum...,
persifle un journaliste ! De l'aveu même des scénaristes,
c'est le sulfureux personnage de Clodia qui a été
décalqué pour camper ce personnage de «méchante»,
amorale et égocentrique. De Steven
Saylor à John
Maddox Roberts, Clodia - la «Lesbie» de Catulle
- a fait le bonheur des auteurs de polars en péplum.
Atia symbolise un nouveau type de romaine émancipée,
qui apparut parallèlement au déclin de la république
patriarcale, vertueuse et grincheuse, caricaturée à
travers l'austère Caton
le Jeune.
On a également pu noter
que certains événements très importants -
quoique pas vraiment indispensables - n'ont pas même été
mentionnés dans l'exposé, par exemple la campagne
de César contre Pharnace,
le roi du Bosphore cimmérien («Veni, Vidi, Vici»),
ou celle contre les Pompéiens d'Espagne, conclue par la
victoire de Munda.
De même l'échec de César à Dyrrachium,
télescopé avec Pharsale (une conversation fait cependant
allusion à Dyrrachium, mais sans la nommer, en parlant
des «difficultés de César en Grèce»
(ép. 6)).
2.2.2. Aménagements
Lucius Vorenus
et Titus Pullo étaient deux centurions dont
César lui-même a rapporté les exploits dans
sa Guerre des Gaules (V, 44). Des aménagements scénaristiques
étaient indispensables, pour animer ces personnages de
la petite histoire afin de les insérer dans la grande,
dont ils sont les témoins. Certes, ce n'est pas eux mais
l'esclave sicilien Apollodore qui introduisit Cléopâtre
en présence de César.
Au demeurant, Cléopâtre
campe un beau personnage de garce arriviste et intelligente, mais
aussi opiomane -
vice sur lequel nous la verrons brusquement tirer un trait, preuve
d'un caractère bien trempé. L'épisode égyptien,
huitième de la Première Saison, ne nous a déçu
que par la description conventionnelle de l'Egypte
des Ptolémées, plus africaine que grecque alors
que l'inverse eut sans doute été mieux venu.
2.2.3. Mentalités |
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- Politique
Au contraire des précédentes productions chrétiennes-édifiantes
dédaigneuses des valeurs du paganisme - excluons-en tout
de même l'excellent Gladiator -, Rome (HBO)
montre la grande importance de la religion dans la vie des Romains.
Même la politique est un acte religieux : les réunions
du Sénat sont validées par l'observance de rites
sacrés. Aussi Vorenus peut-il crier au sacrilège
en voyant truquer des élections, car celles-ci sont sanctifiées
par la divine autorité de Jupiter Capitolin. Vorenus
est un républicain pur jus, un «mur catonien»
- même s'il sert le déviant César, à
qui il a prêté un serment qui le lie à vie,
mais avec qui il est de plus en plus en désaccord. En
vérité, cet humble plébéien ne voit
pas pourquoi la coutume des ancêtres, le mos maiorum,
devrait changer. Chacun à sa place, dans la société
romaine. Le nobles dirigent le Sénat, le peuple obéit.
Normal. Senatus Populusque romanus : le Sénat
et le Peuple romain. S.P.Q.R., C.Q.F.D. !
Son complice Pullo incarne, lui, les nouvelles valeurs
de ces soldats de fortune davantage attachés à
leur général qu'à Rome, et prêts
à bousculer les «vaches sacrées» de
l'establishment. C'est un homme à femmes, qui
ne crache pas sur l'argent, quitte à se faire tueur à
gages quand les légions sont au chômage. Pris et
jeté en prison, il refuse de dénoncer le chef
de bande qui lui a désigné sa victime. Il a donné
sa parole, et il est prêt à mourir. Il est vrai
qu'une déception amoureuse l'a également rendu
fataliste et indifférent à la vie. Mais Marc Antoine
marque le même mépris de la mort, lorsqu'il est
sommé de trahir son ami César, ou sinon périr
avec lui : «Crois-tu que je tienne à ce point
à la vie ?» Tels sont les Romains, qui veulent
tout et tout de suite, ne reculant devant rien, jouant chaque
instant à quitte ou double !
Les femmes, l'argent.
La sienne est un mystère pour Vorenus, aussi amoureux
et fidèle que maladroit et carré. C'est qu'il
s'en est passé des choses dans la tête de celle-ci,
qui ne l'a plus vu depuis huit ans qu'il est parti à
la guerre et le croyait mort (depuis un an elle n'a plus touché
sa solde. Erreur administrative ? Oui, mais... lourde de conséquences).
C'est l'occasion pour le scénariste d'implicitement rappeler
que, depuis la réforme de Marius, les légionnaires
n'ont plus le droit de se marier (qui, à Rome, s'occuperait
des femmes de ces capite cenci, de ces prolétaires
par définition sans le moindre sesterce vaillant [13]
?). Il avait, donc, fallu au centurion Vorenus une dérogation
spéciale pour pouvoir convoler en justes noces avant
de partir pour la Gaule... Il serait intéressant d'analyser
la bio de Vorenus à la lueur d'une documentation scrupuleuse,
et des contradictions du scénario. En fait, il n'est
pas aisé - faute de notes de bas de page - de distiller
pour le spectateur profane les us et coutumes, les realia
d'une époque révolue, que celui-ci ne maîtrise
pas. La réussite de Rome (HBO) n'en est que plus
méritoire.
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- Religion
A Rome, la religion est tout, et s'apparente largement à
la superstition. Vorenus n'arrête pas de se faire purifier
ou de se faire disculper. Disculper du meurtre de 309 guerriers
gaulois au long de la guerre, par les prêtres de Mars
«qui font des prix à partir du centième».
Se faire pardonner par Janus du bris de l'effigie qui ornait
son «atrium», dans l'insula minable où
il réside avec sa famille. Se purifier encore pour prendre
la fonction de préfet parmi les evocati, etc.
Même l'impie Marc Antoine doit se soumettre bon gré
mal gré aux rites qu'exige son investiture comme tribun
de la plèbe. La série nous fait assister à
quelques rites spectaculaires comme cette defixio
au cours de laquelle Servilia, de la pointe de son stylet lacérant
des feuilles de plomb, voue César aux dieux infernaux
(«que son sexe se dessèche») (ép.
5) ou ce rituel du taurobole,
particulièrement sanguinolent, auquel se soumet Atia
dans le temple de Cybèle (ép.
1), voire les scarifications que s'inflige Octavia lorsqu'elle
trouve refuge chez les Galles, prêtres de la même
déesse... (ép.
10). Les concepteurs ont fait une intéressante recherche
sur les dieux romains. En particulier sont évoquées
des divinités spécifiquement latines, peu connues
des péplums : nous avons déjà mentionné
Cybèle et Janus; ajoutons Forculus (ép.
1), Spes (ép.
2), Dis (ép.
11), Rusina (ép.
12) ou Bona Dea... Peinturlurée de rouge, une femme
obèse, fellinienne, trône dans la rue comme Bona
Dea et reçoit les offrandes de femmes désireuses
d'avoir une enfant; Pullo salue une idole démoniaque
aux mâchoires barbelées de crocs : Rome s'ouvre
tout doucement au cosmopolitisme, on y rencontre même
des Hindous !
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Pullo a une dévotion toute particulière
pour la champêtre déesse Rusina. |
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Sans aller jusqu'à jurer
que les nombreux rituels auxquels nous assistons sont rigoureusement
conformes à ceux de l'Antiquité - pour ce que
nous en savons ! - nous apprécierons le message subliminal
: l'esprit profondément religieux des Romains. On n'a
rien sans rien. Le sacrifice commande tout. Nous doutons un
peu que Vorenus se soit entaillé la paume et, pour retrouver
l'amour de sa femme, ait offert quelque gouttes de son sang
(14)
sur l'autel de Vénus (ép. 3), ou César,
pour obtenir la victoire à Pharsale (ép. 7), ou
encore l'esclave Iras, qui se mord le pouce jusqu'au sang pour
que se réalisent les desseins de sa maîtresse Cléopâtre.
Mais l'esprit est là : on n'obtient rien des dieux sans
contrepartie. L'axiome latin est bien connu : Do, das
(«Je donne, tu donnes»).
Lorsque Vorenus partage
gravement entre les membres de sa famille les grains de raisin
consacrés la veille à son dieu protecteur, Janus,
on a un peu l'impression d'assister à une communion chrétienne
dont le prêtre serait le pater familias. Ce qu'il
était effectivement, de fait. Mais si dans les grandes
circonstances la chair des animaux sacrifiés était
partagée entre les assistants... quoi d'étonnant
- à son humble niveau - si un simple citoyen partage
avec son épouse et ses enfants la grappe de raisins qu'il
a consacrée à son dieu protecteur ?
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- Sociologie
Pourquoi se voiler la face ? La société romaine
est esclavagiste.
Les vaincus d'Alésia sont vendus à des maquignons,
qui en organisent le trafic. La pauvre Eiréné
qui passait par là est saisie par des soudards qui en
font leur esclave (ép. 3). «On ne remercie pas
les esclaves, grogne Vorenus - bougon - à son ami
Pullo, à qui l'esclave Eiréné vient de
remettre un morceau de pain. Question de discipline !»
Rentré de la guerre, Vorenus ne se fait aucun scrupule
de ramener une douzaine de captifs gaulois qu'il escompte vendre
à bon prix. Mais seul un garçonnet survit au typhus
qui a décimé son bien; toutefois le centurion
ne le ramènera chez lui que dans l'espoir de le «retaper»
suffisamment pour qu'il soit vendable...
Les Romains boivent
de l'eau plus souvent que du vin. De l'eau, c'est ce que Niobé
propose à Pullo chaque fois qu'il passe à la maison
de Vorenus; de l'eau et du miel pour sa sur Lydé,
avec laquelle elle vient de se réconcilier. Avec la même
simplicité, Servilia offre de l'eau citronnée
à son amie Octavia. César aussi est un buveur
d'eau, tout comme Vorenus qui lui en offre lorsque le consul
débarque chez lui avec ses licteurs. «Elle est
bonne, ton eau», remercie César après
en avoir goûté (ép. 9).
Le jour où Vorenus décide de se saouler, il ne
tient pas la distance aussi bien que son ami Pullo, lequel n'est
guère plus tempérant que Marc Antoine.
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Suite… |
NOTES :
(1) Pour notre part, nous émetterions
quelques réserves à propos d'un tel combustible,
du moins dans Rome-même. Bien sûr à la campagne
(il y avait encore cours dans nos régions il n'y a pas
si longtemps), c'est différent... - Retour
texte
(2) Cf. la lecture du critique
de DVDrama : «Le propos de Bruno Heller est alors peut-être
également de mettre en garde les Américains contre
leurs tendances à laisser les affaires personnelles et
privées régir leur politique, au risque de voir
leur démocratie s'effriter. De nos jours, une série
américaine dont l'un des thèmes est l'impérialisme
peut difficilement ne pas être lue comme un commentaire
sur les Etats-Unis, quand bien même cette série
relate des évènements vieux de plusieurs centaines
de siècles. La série elle-même établit
ce parallèle entre la puissance impérialiste romaine
et les Etats-Unis : lors d'une discussion au Sénat, on
peut notamment entendre : «His illegal war is over.
Gaul is long since on its knees. Why does Caesar keep his brave
soldiers from their families and friends ? / Sa guerre illégale
est terminée. La Gaule est sur les genoux depuis bien
longtemps. Pourquoi César empêche-t-il ses soldats
courageux de rejoindre leurs familles et leurs amis ?»
Un tel discours n'est pas sans rappeler certaines critiques
formulées contre le président George W. Bush à
propos de la deuxième Guerre du Golfe. Mais si on suppose
que Bruno Heller établit un tel parallèle entre
la campagne en Gaule et la guerre d'Irak, on doit également
considérer que César est victorieux en Gaule :
Rome semble alors réaliser le fantasme américain
d'une victoire incontestée qui fait défaut au
conflit irakien. A travers l'évocation de cet empire
en chute, Rome offre incontestablement un commentaire
sur l'impérialisme américain, qui peut peut-être
se résumer par la toute première phrase de la
série : «The Republic of Rome rules many nations,
but cannot rule itself. / La République de Rome contrôle
de nombreuses nations, mais est incapable de se contrôler
elle-même» (Maxime BERTHEMY - DVDrama). - Retour
texte
(3) J. VAN OOTEGHEM, s.j., Les
Cæcilii Metelli de la république, Bruxelles,
Académie royale de Belgique, 1967. - Retour
texte
(4) A Rome, elles avaient été
jusqu'à cinquante, mais l'érosion des guerres...
- Retour texte
(5) Cf. Steven SAYLOR, Du
sang sur Rome (Roman Blood, 1991), Ramsay, 1997,
et le docu-fiction BBC Meurtre
à Rome (David Stewart, GB, 2005). - Retour
texte
(6) Cf. Steven SAYLOR, Meurtre
sur la voie Appia (A Murder on the Appian Way,
1996), Ramsay, 2001 - Rééd. Coll. 10/18, nÆ 3413,
mai 2002. Voir aussi : Florence DUPONT, L'affaire Milon.
Meurtre sur la voie Apienne, Denoël, 1987. - Retour
texte
(7) Muriel MONTON (recherche : Frank
ROUSSEAU), «La série la plus chère de la
télé», Ciné-TéléRevue,
n 1, 4 janvier 2007. - Retour texte
(8) Fernand LETIST, in «Les
séries télé. L'univers des séries
- Le guide DVD - Les productions pionnières - Les nouveautés»,
Télé-Moustique, HS n 1, s.d. (janvier
2007), p. 75. - Retour texte
(9) Pour la télévision,
l'équivalent des Oscars du grand écran. - Retour
texte
(10) A cette époque, le Dakota
n'est pas encore un Etat constitué, mais un «territoire»,
autant dire un no man's land. - Retour
texte
(11) C'est au moment où il
soumet Alésia (automne 52), que César apprend
la mort de sa fille Julia. Dans l'Histoire, Julia était
morte en couches deux ans auparavant, en 54. - Retour
texte
(12) Ainsi, par exemple, Octave ne
se trouvait pas à Rome quand son père adoptif
César fut assassiné sous le portique du théâtre
de Pompée, sur le Champ de Mars, où se réunissait
le Sénat : il se trouvait en voyage, à Apollonia,
en Illyrie. Disons que c'est un raccourci scénaristique.
- Retour texte
(13) Avant la réforme démocratique
- liée à la chute démographique - de Marius,
les légionnaires étaient essentiellement des propriétaires
grands et petits, qui fournissaient eux-même leurs armes
et vivres. On estimait que seuls des propriétaires avaient
la motivation nécessaire pour défendre la république.
A partir de Marius, c'est l'Etat romain qui fournit les armes
aux démunis, lesquels doivent néanmoins les rembourser
sur leur solde. - Retour texte
(14) Encore que ce genre d'ingrédient
puisse toujours être utile dans la composition d'un philtre
pour un retour d'affection. - Retour texte
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